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Vaccination des ados et des enfants : un rapport bénéfice/risque plus que questionnable !

L’Agence européenne du médicament (EMA) a estimé ce vendredi 28 mai 2021 que le rapport bénéfice/risque du vaccin anti-covid de Pfizer/BioNTech était positif chez les enfants de 12 à 15 ans, en particulier chez les enfants présentant des pathologies augmentant le risque de covid-19 sévère. L’Agence s’est dès lors prononcée en faveur d’une extension d’indication du vaccin à cette tranche d’âge, le vaccin étant déjà autorisé à partir de 16 ans. C’est désormais aux États membres de se prononcer sur l’utilisation ou non de ce vaccin chez les adolescents[note]. Dans la foulée, Moderna a également déposé auprès de l’EMA une demande d’autorisation pour son vaccin contre le covid-19 chez les adolescents de 12 à 17 ans[note].

En Belgique, les jeunes de 16 et 17 ans pourront déjà se faire vacciner dès ce 14 juin 2021 avec le vaccin Pfizer « sans que le consentement des parents ne soit nécessaire », titrent plusieurs médias[note], ce qui ne correspond pas exactement à ce que prévoit la loi (voir le point 11 ci-dessous). Ces mêmes médias ont également précisé que la possibilité de permettre aux jeunes dûment informés d’opter pour les vaccins Astra Zeneca ou Janssen serait étudiée[note], ce qui est pour le moins surprenant, les essais cliniques sur les adolescents pour ces deux derniers vaccins ayant à peine débuté (voir le point 2 ci-dessous).

Pourtant, comme le montrent les arguments suivants, excepté situations familiales spécifiques (proches vulnérables) ou cas médicaux particuliers (jeunes souffrant de comorbidités ou de déficits immunitaires) qui devraient être évalués au cas par cas après démonstration que, pour ces jeunes, le risque lié au vaccin ne serait pas supérieur au risque lié au covid-19, la vaccination généralisée des jeunes contre le covid-19 semble au minimum prématurée, à partir du moment où c’est le bénéfice sanitaire individuel et l’intérêt supérieur de l’enfant que l’on prend en compte.

Les risques liés au covid-19 chez les jeunes: les enfants sont souvent asymptomatiques ou paucisymptomatiques et présentent un très faible risque de mortalité[note]. Dans l’hypothèse où la vaccination contre le covid-19 ne comporterait aucun risque (ce qui n’est pas le cas, comme l’expose le point 2), la vaccination généralisée aux mineurs non porteurs de comorbidités n’apporterait à ceux-ci qu’un bénéfice sanitaire individuel très faible, voire quasi nul.Les risques liés au vaccin chez les jeunes: 

Les risques liés à ces vaccins, actuellement en phase d’expérimentation, sont encore largement inconnus. Pour rendre son avis sur le vaccin Pfizer, l’Agence européenne du médicament s’est appuyée sur une étude entamée fin octobre 2020 qui n’a porté que sur un nombre limité de jeunes de plus de 12 ans (2260 jeunes de 12 à 15 ans)[note]. Selon le Comité consultatif national d’éthique français (ce 14 juin 2021) « le nombre d’enfants inclus dans cette étude est insuffisant pour démontrer de façon significative une efficacité sur les formes graves chez l’adolescent»[note]. Moderna a pour sa part annoncé fin mai 2021 les résultats complets de ses essais cliniques débutés en décembre 2020 sur 3.700 participants âgés de 12 à 17 ans[note]. AstraZeneca n’a débuté qu’en février 2021 ses essais cliniques sur 300 enfants de 6 à 17 ans[note], tandis que Janssen n’a annoncé des essais sur des adolescents qu’en avril 2021, des essais qui semblent avoir été interrompus après des cas de thrombose chez des adultes jeunes[note]. Chez les jeunes adultes vaccinés, de même que chez les mineurs vaccinés ailleurs dans le monde, de nombreux effets secondaires et post-vaccinaux[note], ainsi que des décès ont déjà été recensés[note]. Il a fallu un certain temps pour que le lien entre certains cas de thrombose et le vaccin AstraZeneca, puis le vaccin Janssen soit reconnu comme « possible »[note] par l’Agence européenne du médicament, les thromboses devant désormais être considérées comme des effets secondaires très rares causés par les vaccins AstraZeneca[note] et Janssen[note]. C’est maintenant le lien entre des cas de myocardite et de péricardite ayant suivi la vaccination (y compris chez des enfants[note]) qui est à l’étude, notamment au sein de l’EMA[note]. Israël juge pour sa part « probable » le lien entre certains cas de myocardite et de péricardite et le vaccin Pfizer[note]. Nous manquons totalement de recul sur les conséquences à long terme de l’administration de ces vaccins, en particulier des vaccins à ARNm. Par exemple, « nous n’avons pas encore assez de recul en termes de génotoxicité [effets sur le génome] et de carcinogénotoxicité [effets cancérigènes]», prévient la pédiatre Marie Fabre-Grenet[note]. Selon l’équipe scientifique de réinfocovid, les AMM conditionnelles du vaccin Pfizer/BioNtech et Moderna elles-mêmes indiquent que les ARNm vaccinaux se distribuent dans une grande variété d’organes, dont les organes reproducteurs ou gonades[note].

3. La transmission du covid-19 par les enfants: l’argument principal utilisé pour imposer la vaccination aux enfants est que ceux-ci seraient un vecteur de propagation du virus. Or, de plus en plus d’études montrent que le rôle des enfants dans la propagation du covid-19 est faible et suggèrent que les enfants sont plutôt infectés par les adultes que l’inverse, tant à l’école qu’au sein du foyer[note]. Le rôle des adolescents dans la transmission paraît également plus faible que celui des adultes[note].

4. La transmission du covid-19 par les personnes vaccinées: il faudra attendre les données des essais de phase 4 pour évaluer dans quelle mesure les vaccinés restent – ou non – transmetteurs. Mais à ce jour, de nombreux cas de personnes vaccinées testées positives au covid-19 ont été recensés[note].

5. Le rapport bénéfices-risques pour les jeunes: Ce que doivent démontrer les études, c’est que le bénéfice apporté à la population pédiatrique est supérieur aux risques potentiels encourus par cette population. Comment un rapport bénéfice/risque positif global pour ces tranches d’âge (12–15 et 16–18) a‑t-il pu être posé, alors que le risque à moyen et long terme est indéterminé à ce jour et que le bénéfice sanitaire individuel pour les jeunes qui ne souffrent pas de pathologies faisant d’eux des personnes à risque est quasi nul ? Le Comité consultatif national d’éthique français insiste, ce 14 juin 2021 : « Chez les adolescents, entre 12 et 16 ans, le bénéfice individuel en lien avec l’infection est très faible en l’absence de comorbidité et ne semble pas suffisant pour justifier, à lui seul, la vaccination[note]». Par contre, on n’entend pas le Conseil national de bioéthique de Belgique sur cette question…

6. L’immunité naturelle chez les jeunes:

— A ce jour, un certain nombre de jeunes disposent d’anticorps et donc d’une immunité qui s’est avérée suffisante pour les protéger. 

- Il est probable que l’immunité naturelle après infection soit plus solide pour affronter les mutations éventuelles du virus, a expliqué le pédiatre Michel Dechamps à L’Avenir[note].

- Pour permettre le développement de cette immunité collective naturelle chez les jeunes, il est important de les laisser développer sans frein des interactions nombreuses entre eux, leur permettant par là de renforcer leur système immunitaire au lieu de l’affaiblir par un mode de vie sédentaire, en intérieur, privé de sorties, de contacts, de sports, de plaisirs et de loisirs autres que les écrans. 

- Selon l’équipe scientifique de réinfocovid, une étude publiée en mai 2021 dans le journal « Science »[note] démontre que les enfants disposent d’une protection humorale spécifique contre le SARS-CoV‑2, même quand ils ne l’ont pas rencontré. Une autre étude a également rapporté des observations similaires[note]. Cette protection reposerait sur le fait que les enfants sont régulièrement sujets à des atteintes respiratoires bénignes (et des rhumes banals) en hiver dus aux coronavirus « classiques » avec lesquels nous coexistons. Ces infections bénignes entraînent chez les enfants n’ayant jamais croisé le SARS-CoV‑2 une production de nombreux lymphocytes B appelés « mémoires », qui produisent chacun un répertoire particulier d’anticorps qui reconnaissent le SARS-CoV‑2. Plus particulièrement, ces différents clones de lymphocytes B mémoires reconnaissent des motifs (appelés « épitopes ») présents sur les protéines Spike de différents coronavirus, y compris sur les formes mutantes du SRAS COV 2. Les adultes ont également été exposés à ces coronavirus bénins lorsqu’ils étaient enfants. Mais leurs lymphocytes B mémoires ciblant ces coronavirus sembleraient avoir perdu une grande partie de leur efficacité au cours des années, expliquant ainsi (entre autres facteurs liés à l’âge) la plus grande sensibilité au SARS-CoV‑2 lorsque les années passent[note].

7. L’argument pseudo-moral — L’incidence et la morbidité du covid-19 étant très faibles chez les jeunes, leur vaccination n’est en réalité pas entreprise pour leur propre protection, mais pour celle de la population à risque. En d’autres termes, ce n’est pas le bénéfice individuel sanitaire du jeune ni l’intérêt supérieur de l’enfant qui sont pris en compte. Ce qui fait surgir une question : faut-il faire prendre des risques indéterminés aux jeunes pour protéger le reste de la population ? N’est-ce pas l’inverse qui serait conforme à la morale et même à l’instinct le plus naturel ? 

- Dans l’état actuel des connaissances, faire le choix collectif de la vaccination des mineurs contre le covid-19 signifie que les intérêts de cette classe d’individus sont considérés comme secondaires par rapport aux intérêts d’un relativement petit nombre d’adultes à risque. 

- De même, faire, à l’heure actuelle, le choix collectif de la vaccination des mineurs contre le covid-19 dans le but de favoriser le retour à la  »liberté » et à la  »vie d’avant » signifie que ces objectifs seraient jugés prioritaires sur l’intérêt des jeunes. On pourrait objecter que les jeunes ont eu aussi un intérêt à retrouver la liberté. Mais un acte (se vacciner) exercé en échange d’une promesse de liberté n’est pas un acte libre, mais un chantage. Et la « liberté » retrouvée n’en est pas une non plus : un tel chantage en annonce inévitablement d’autres. D’ailleurs, « les membres du Comité (national d’éthique français) préconisent d’informer les adolescents, comme l’ensemble de la population, du risque qu’il y aurait à être à nouveau confinés, alors même qu’ils seront vaccinés, en cas de rebond de l’épidémie dû, par exemple, à l’apparition d’un nouveau variant »[note].

- Vacciner les jeunes pour ne pas fermer les classes et les lieux de rencontres entre jeunes est un argument dépassé. En effet, sur base des arguments 1, 3 et 6 présentés ci-dessus et sur base de nombreux autres arguments (santé physique et mentale, lutte contre le décrochage scolaire et social, etc.), ces lieux n’ont plus à être fermés : des aménagements doivent être organisés. 

- Faire, à l’heure actuelle, le choix individuel de vacciner son enfant contre le covid-19 signifie que les intérêts des parents et grands-parents à risque sont jugés prioritaires sur les intérêts des enfants : un tel raisonnement peut se défendre dans certaines situations (parent proche très vulnérable), mais est difficilement généralisable en tant que principe. Mais si, en plus, les vaccins ne garantissent pas l’absence de contagiosité (voir point 4), l’argument d’une « vaccination altruiste » et d’un « devoir citoyen » (qui ne se justifiait déjà pas au regard du rapport bénéfice/risque sanitaire individuel pour les jeunes non porteurs de co-morbidité) perd toute crédibilité et rend l’éthique de vaccination des jeunes d’autant plus questionnable. 

- Vacciner les jeunes contre le covid-19 (excepté situations familiales ou cas médicaux particuliers) dans le contexte actuel revient donc à les instrumentaliser, c’est à dire à les considérer comme des moyens pour la réalisation d’une stratégie vaccinale reposant sur des prémisses et des modèles questionnables[note]. Ce choix peut être considéré comme un sacrifice des intérêts des jeunes, sacrifice auquel conduisent également toute une série de mesures adoptées depuis mars 2020 : port du masque 8h par jour à l’école, éducation, activités culturelles, artistiques et sportives sacrifiées, ces dernières étant pourtant indispensables pour entretenir et renforcer le système immunitaire et ne pas créer des jeunes porteurs de co-morbidités.

8. L’argument économique D’un point de vue strictement économique, rappelle l’Avenir, deux doses de Pfizer coûtent 31 euros qu’il faudrait multiplier par le nombre de mineurs à vacciner. Tandis que l’immunité naturelle est gratuite et a fait ses preuves chez les mineurs[note].

9. L’avis de scientifiques belges Même Y. Van Laethem (partisan toutefois de la vaccination des 16–18 ans) avoue « À titre personnel — mais je ne suis pas pédiatre — je suis très circonspect. Et quand ce sont les présidents des firmes pharmaceutiques qui affirment qu’il faudra vacciner les enfants, cela m’irrite profondément. Ça sent un peu mauvais…[note] ». Pour Olga Chatzis, pédiatre infectiologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles et membre du groupe pédiatrique au Conseil supérieur de la Santé, la balance bénéfice/risque est plutôt négative. Yves Coppieters, professeur de Santé publique à l’ULB, va dans le même sens : « Ce n’est pas la question de la circulation du virus pour l’instant qui est importante, c’est plus la diminution du nombre de formes graves, et la diminution du nombre d’hospitalisations »[note].

10. Alternatives médicales et politiques à la vaccination généralisée Plutôt que de faire prendre un risque indéterminé et potentiellement vital à nos enfants et à nos adolescents non à risque, ne serait-il pas plus judicieux de chercher d’autres solutions à la crise actuelle? Pourquoi le débat scientifique est-il entravé en Belgique et en Europe sur le renforcement de l’immunité naturelle, les traitements préventifs et les traitements précoces identifiés ? Pourquoi dévaloriser l’immunité collective naturelle au bénéfice de l’immunité vaccinale, moins efficace et dont la mise en place est incertaine, si ce n’est pour des raisons économiques bénéficiant aux entreprises pharmaceutiques ? Et qu’en est-il des investissements belges dans le secteur hospitalier depuis mars 2020, puisque la motivation première des mesures adoptées et de la vaccination est d’éviter la saturation des hôpitaux ?

Pourquoi dévaloriser l’immunité collective naturelle au bénéfice de l’immunité vaccinale, moins efficace et dont la mise en place est incertaine, si ce n’est pour des raisons économiques bénéficiant aux entreprises pharmaceutiques ?

11. Petits arrangements avec la légalité ? Enfin, vacciner les 16–17 ans « sans le consentement des parents », comme le titrent plusieurs médias, ne correspond pas exactement à ce que dit la loi relative au droit des patients de 2002[note]. En effet, selon cette loi, l’accord du mineur est requis pour les soins relatifs à la santé de tous les jours, mais au-delà de cet accord plus ou moins explicite du mineur, ce sont les détenteurs de l’autorité parentale qui prennent l’ultime décision. Il existe néanmoins des domaines où le mineur peut exercer clairement son droit vis‑à vis des soins. Par exemple, s’il s’avère que le choix des parents n’est pas au service de l’intérêt du mineur[note].

Mais on peut craindre qu’en ces temps de frénésie vaccinale et de censure du débat scientifique, les décisions des éventuels arbitrages judiciaires en cas de désaccords n’aient tendance à pencher en faveur de la vaccination, dont on vient pourtant de montrer que, sauf situations particulières à discuter au cas par cas, elle ne rencontre pas l’intérêt sanitaire individuel du jeune, et dont on peut même douter, au vu des arguments 2 à 8, qu’elle rencontre l’intérêt collectif.

Articles recommandés sur le sujet:

« Vacciner les mineurs contre le COVID ? Le Comité consultatif d’éthique est réservé »: https://francais.medscape.com/voirarticle/3607262 (14 juin 2021)

Interview de la pédiatre Marie Fabre-Grenet: https://www.youtube.com/watch?v=3upEtrz7xWU (7 juin 2021)

https://reinfocovid.fr/science/covid-19-vacciner-les-enfants-est-ce-bien-ethique/ (2 juin 2021)

https://www.francesoir.fr/politique-france/devons-nous-vacciner-nos-enfants-contre-le-covid-19 (2 juin 2021)

« Symptomatic Acute Myocarditis in Seven Adolescents Following Pfizer-BioNTech COVID- 19 Vaccination « : peds.2021–052478.full.pdf (aappublications.org) (2 juin 2021)

https://www.lavenir.net/cnt/dmf20210528_01584327/vacciner-les-enfants-quel-interet (29 mai 2021)

https://reinfocovid.fr/science/les-enfants-de-5-a-17-ans-face-a-la-covid-19/ (25 mai 2021)

https://reinfocovid.fr/science/les-enfants-ne-doivent-pas-etre-vaccines-contre-la-covid-19 (24 mai 2021)

https://grappebelgique.org/2021/05/18/cp-nos-enfants-ne-peuvent-pas-etre-les-cobayes-de-lindustrie-pharmaceutique/

https://collectifdesantepediatrique.fr/les-enfants-prochainement-vaccines-il-faut-etre-prudent-tout-est-une-histoire-de-rapport-benefices-risques/ (10 mai 2021)

https://presse.inserm.fr/vacciner-les-enfants-pour-lutter-contre-la-pandemie-de-covid-19-vraiment/42468/ (23 mars 2021)

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2021/revue-medicale-suisse-726/faudra-t-il-vacciner-les-enfants-contre-le-covid-19 (17 février 2021)

« Assessing the age specificity of infection fatality rates for COVID-19: systematic review, meta-analysis, and public policy implications »: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33289900/ (8 décembre 2020)

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Tous ensemble ou l’éloge perdue (la loge perdue ?) du gardien de but(s)

Un des slogans de la campagne contre l’épidémie de COVID-19 était « Tous ensemble contre le coronavirus ». Bref, tout ce slogan est là pour promouvoir l’esprit d’équipe. L’exemple même d’une équipe, c’est l’équipe de foot. La question la plus simple à se poser serait « Qui est le plus important dans une équipe de foot ? Si ce joueur est absent, cela devient un match perdu d’avance »…

Certains vous diront que dans une équipe de football, le plus important est le capitaine, le buteur, etc. À notre humble avis, la réponse est … le gardien de but : parce que si les joueurs marquent 10 goals et le gardien de but en encaisse 20, l’équipe a beau faire, elle perd le match.

Maintenant, revenons à la médecine : qui est le gardien de but(s) dans un système de soins de santé efficace, performant et soucieux de la santé des patients et d’une population ? Qui joue tout le temps à la question « j’hospitalise ou je n’hospitalise pas ? ». De nouveau, à notre humble avis, le gardien dans un tel système de santé est… le médecin généraliste.

Depuis mars 2020, il y a un problème qui cloche dans la gestion de l’épidémie de COVID-19 : les médecins généralistes ont été tout simplement mis de côté. Pourquoi avoir mis sur le banc de touche – en dehors du terrain de foot – le gardien de but (le médecin généraliste) pendant toute la gestion de l’épidémie depuis mars 2020 et encore maintenant ? Pour favoriser le « tout à l’hôpital » ? Bref, l’esprit d’équipe laisse à désirer. Verrait-on un entraîneur demander au gardien de but d’être en dehors du terrain ? Les journalistes sportifs pourraient se poser cette question et commenceraient-ils d’avoir un doute sur la stratégie de l’entraîneur ? A‑t-on affaire à un entraîneur psychopathe en médecine ?

A‑t-on idée de laisser le goal sans son gardien de but(s) pendant une partie de foot ? A‑t-on idée de laisser la population sans son médecin de famille pendant une épidémie ? Et pourtant, c’est ce qui se passe depuis mars 2020… Selon les avis de nos chers experts (sans conflits d’intérêts ou sans prise illégale d’intérêt ?), le traitement en médecine générale se résume aux quatre D : dodo, domicile, Dafalgan et décès.

Selon les avis de nos chers experts, nous devions attendre la solution qui viendra dans un an. Oserions-nous dire à un parent dont l’enfant a une angine : « Bonne nouvelle, votre enfant a une angine, mais nous attendons le traitement qui va arriver dans un an » ? Un parent normalement constitué dirait : « Docteur, ou vous êtes fou, ou bien vous trouvez rapidement un traitement pour mon enfant malade ».

A‑t-on idée de laisser la population sans son médecin de famille pendant une épidémie ? Et pourtant, c’est ce qui se passe depuis mars 2020

Ici, c’est l’option folle qui a été choisie par nos entraîneurs … sans que la plupart des médecins généralistes bronchent et cherchent un traitement … Il est vrai que la Société scientifique de médecine générale (SSMG) et le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) ne prônent pas d’emblée les antibiotiques systématiquement aux patients âgés ou en détresse respiratoire atteints du COVID-19 … Alors que le traitement préventif et curatif existe…

A‑t-on idée de laisser les joueurs courir sur le terrain sans ballon ?

A‑t-on idée de laisser les médecins sans outil thérapeutique ? Pourquoi les traitements efficaces sont-ils passés du terrain de foot vers le banc de touche ou ont-ils été renvoyés aux calendes grecques ? Galilée aurait dit : « Et pourtant, elle tourne ». Il semble que les experts auraient dit : « Et pourtant, il n’y a pas de traitement efficace ».

Tout l’espoir pour contrer cette épidémie a été braqué sur la vaccination. En attendant, pas besoin de médecins généralistes pour soigner les cystites, les crises d’asthme, les infarctus, etc. ou pour traiter les patients atteints du COVID-19… Cela devient assurément de la non-assistance en personnes en danger …

Une bonne fois pour toutes, il faudrait une procédure de désenvoûtement des médecins pour qu’ils retrouvent leur envie de guérir et outrepassent leur peur de mourir… Mais également aux journalistes de revenir à l’esprit de la charte de Munich : vérifier l’information et ne pas être la caisse de résonance du politique ou de la technoscience sans esprit critique.

Par définition, la médecine générale ne cherche pas la meilleure solution dans un temps infini, mais cherche une solution « potable » dans un temps « raisonnable » (souvent dans le temps imparti de la consultation). La solution valable pour prévenir l’épidémie existe : de la vitamine C, D, du zinc et de l’armoise (Artemisia Annua), etc.

La solution acceptable pour traiter l’épidémie existe : l’azithromycine avec de la doxycycline, et bien d’autres. En traitant les malades atteints du COVID-19, on coupe la transmission d’une maladie infectieuse. C’est du bon sens. L’entraîneur le comprend (il n’a jamais pensé mettre son gardien de but hors du terrain), nos experts ne l’intègrent pas dans la stratégie de la gestion de l’épidémie (ils pensent que les médecins généralistes ne sont pas utiles dans la gestion de l’épidémie ?). Pourquoi le bon sens n’est pas la denrée la plus courante en médecine ?

Qu’on arrête une bonne fois pour toutes de dire « Tout à l’hôpital ». Ou alors que l’on cesse de dire « Tout ensemble contre le coronavirus »…

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Alerte au psittacovirus

On ne connaît que trop le coronavirus SARS-COV ‑2 dont on nous rebat les oreilles depuis plus d’un an. On connaît moins le psittacovirus qui fait pourtant des ravages dans l’anonymat. Le psittacovirus est un virus transmis à l’homme par le perroquet. Il contamine beaucoup de monde mais s’attaque en priorité aux représentants de la presse, qui sont des patients à haut risque. Ce virus a été délibérément disséminé par l’OMS, la Commission européenne, la plupart des gouvernements des pays industrialisés et les experts qui les conseillent.

Il provoque une maladie très contagieuse, le psittacisme[note], dont le symptôme essentiel est bien connu et facile à diagnostiquer : le patient atteint répète mécaniquement des phrases toutes faites, présentées comme des évidences, sans nécessairement les comprendre.

Les plus courantes sont les suivantes :

La vaccination généralisée est la seule solution pour mettre fin à la crise du Covid-19 ;Grâce à la vaccination, on va pouvoir revivre pleinement ensemble ;Les effets secondaires (parmi lesquels la mort par thrombose) sont extrêmement rares et ne mettent pas en cause la balance bénéfices-risques favorable à la vaccination.Ceux qui refusent la 5G, le tout numérique, l’assignation à écran et émettent des doutes sur l’utilité, l’innocuité et l’efficacité des vaccins actuellement proposés sont des complotistes ou des peureux ;Ceux qui contestent les mesures de confinement et de distanciation sociale sont des irresponsables ou des égoïstes.

Tout dépistage systématique est inutile, les symptômes évoqués suffisent pour établir un diagnostic fiable.

Mais on peut se prémunir efficacement contre la contamination par le psittacovirus en adoptant des gestes barrière simples :

Cesser de regarder les journaux télévisés et les émissions d’information prétendument objectives ; Cesser d’écouter les experts officiels et les journaux parlés à la radio ; Éviter les commentaires et les analyses des principaux éditorialistes de la presse écrite.

Au-delà, renforcer votre système immunitaire en faisant preuve d’esprit critique et, à cet effet, consulter les sites d’information sérieux comme Reinfo-Covid, Doctors for Covid ethics, Kairos, l’Association internationale pour une médecine scientifique indépendante et bienveillante (l’AIMSIB), Children Health Defense ou encore Pièces et Main‑d’œuvre.

Ainsi, il sera possible de se prémunir et de protéger nos proches en limitant la circulation d’un virus plus dangereux que le SARS-COV‑2.

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PCR INUTILES SI ON EST ASYMPTOMATIQUE

Fact-checking the fact-checkers – La Source (4 Avril 2021)

Prof dr. Martin Zizi, ancien président du Comité d’éthique et de la Commission pour l’éthique médicale au sein du département de la Défense belge, en charge des relations avec l’Ordre des Médecins entre 1997 et 2004, ancien Directeur scientifique et Chef de la Division Épidémiologie et Biostatistiques, chercheur en Biologie moléculaire et Biophysique; il fut conseiller/expert pour les autorités belges, l’UE et l’ONU.

Cet article est une réponse à la publication « Les tests PCR surévaluent-ils les cas de Covid-19 ? » – publié dans la nouvelle rubrique de « fact checking » de la Libre Belgique.

Dans une Démocratie, la presse doit contrôler le pouvoir en place et non les citoyens. La solution : une vraie politique de tests sans exclusive et basée sur la réalité, non sur un « élastique » qui nous maintient tous dans la peur et permet de décider n’importe quoi.

Récemment, un article me mentionnait dans une rubrique de fact-checking (La Source, une nouvelle rubrique de La Libre) à propos des PCR et de leur mauvaise utilisation tout au long de cette crise du SARS2. Je trouve l’intention louable et je partage le désir du Rédacteur-en-Chef et de la journaliste. Cependant à la lecture de l’article, je crois que le résultat est loin d’être assez informatif, la conclusion étant de rassurer sur l’usage de la PCR et de l’opposer à d’autres types de tests. Comme annoncé dans un article précédent, il nous faut travailler aux solutions, et cette publication de fact-check léger me donne l’occasion non seulement d’expliquer le problème pour le grand public, mais également d’esquisser la solution à ce problème. Donc je me dois de revenir sur ce sujet car il est bien trop important pour être dilué même avec brio. Notons que je suis intervenu dans la presse à deux reprises sur ce sujet, et je n’ai jamais dit ou écrit que les PCR n’avaient aucun rôle à jouer comme l’article le décrit ([note], [note], ainsi que de nombreuses échanges entre La Libre et moi-même). Je fais également la différence entre symptomatiques et asymptomatiques à chaque fois.

Quel est le problème des tests PCR dont on a fait la pierre d’angle de cette débâcle sanitaire, sociale et économique ? En fait, il n’y a pas un, mais deux problèmes parfaitement distincts et il faut clairement les distinguer.

Problème #1. PCR ≠ Infections.

Cela veut dire qu’une PCR positive n’équivaut pas automatiquement une infection (une évidence pour tous les biologistes moléculaires). Les germes vivent parmi nous tout simplement. Par exemple, vous et moi, nous avons quasi tous à un moment ou à un autre sur notre peau des germes de type staphylocoques. La fréquence est entre 20 et 30 % à tout moment[note], et 66 % des gens ont ce germe sur leur peau de manière intermittente, mais à répétition[note]. Si nous faisions des PCR sur des milliers de gens demain, nous aurions presque toujours entre 30 % et 66 % des « cas positifs » au sein de toute la population prise au hasard. Combien d’entre nous ont une infection à staphylocoques de la peau ? Quasi personne ! Comprenez-vous le problème maintenant ? Donc une maladie n’est pas la même chose qu’un test PCR positif. En revanche, si nous avons une maladie de peau, alors en ce cas, la PCR peut aider le clinicien à démontrer que c’est du staphylocoque, de savoir s’il est résistant ou non, et de savoir si c’est un autre germe, et dans tous les cas, va aider le médecin à prescrire le traitement adapté. Le contexte du test est donc absolument cardinal.

Pour être malade avec un virus, mesurer une dizaine ou des millions de virus par mesure – et la PCR le fait — ne signifie rien si on ne comprend pas la notion de seuil d’infection. En effet, chaque virus a un seuil différent pour nous rendre malades ; pour l’hépatite B ce seuil est très bas, par contre pour le HIV il est plus haut. Pour le SARS2 nous avons besoin d’environ un million de particules par millilitre dans nos bronches pour nous infecter et tomber malade[note] (références même citées par Sciensano).

Pour rappel, les PCR amplifient le matériel génétique à mesurer par cycle, chaque cycle multipliant par deux la masse de ce qu’on veut mesurer. Mais comme avec tout instrument, que cela soit dans le domaine scientifique ou autre (musique, construction, etc), il faut commencer par la calibration de l’outil à utiliser. Pour le PCR, cela revient à effectuer une détection d’une série de solutions virales avec un nombre connu de particules (10 virus/ml, 100 virus/ml, 1000 virus par ml, et ainsi de suite). Il est ensuite possible de faire correspondre ces différentes concentrations virales à des cycles de multiplication par PCR : 2, 3, 4 … 20, 30, 40 cycles. Ceci permet de définir le nombre de cycles nécessaires (le Ct ou Cycle Treshold) pour atteindre ce fameux seuil d’un million de virus par ml (en dessous, il n’y a pas d’infection). Il est important que cette calibration soit faite pour tous les laboratoires, car il y a des différences entre les machines. Notons cependant, qu’après un nombre très important de cycles, tout instrument sortira inévitablement de la gamme d’emploi du PCR. L’OMS avait initialement publié des protocoles standardisés à 35 cycles – puis plus récemment a signalé en addendum que chaque laboratoire devait effectivement calibrer ses machines (référence donnée dans l’encart). Et en Belgique ? Nous faisions allègrement 35 cycles, là où le million par ml est atteint aux alentours de 23 cycles selon nos propres standards (ce chiffre fluctuant uniquement de quelques unités en fonction de la machine utilisée) !

Rappelons aussi que le PCR est un test qui fonctionne à l’envers – au plus on fait courir la réaction, au moins on mesure ce que l’on cherche. 23 cycles nous donnent le seuil du million de virus par millilitre – qui est nécessaire pour dire que nous avons un risque d’infection – ce qui n’est pas encore une infection car chacun d’entre nous peut être plus ou moins sensible au virus (un autre problème réel mais qui sort du cadre de cet article). 33 cycles nous amènent à mesurer 1000 fois moins de virus (car 2 exposant 10 = 1024, c’est à dire la différence de cycles entre 33 et 23), donc au lieu d’un million de virus, l’échantillon n’en contient que 1000 ! Au-dessus de ce seuil (appelé « Ct » dans les résultats PCR) de 23, on est en droit de conclure que : Ceci n’est pas une infection! Si on répète ces tests avec trop de cycles, les résultats deviennent aléatoires et non spécifiques et ne sont plus du tout fiables : c’est-à-dire que le MÊME échantillon pourrait être une fois positif, une fois négatif… donc le test ne donne aucune information valable.

Figure1.Le problème est là: les PCR sont considérées comme Positives par Sciensano à partir de 100 copies, ce qui est beaucoup plus bas que le seuil nécessaire pour être compté comme un cas (un patient infecté). Quant aux conclusions sur la contagiosité, le terme « potentiel » n’aide pas. Un Médecin qui reçoit ces réponses ne peut les interpréter correctement car il n’est pas spécialiste des PCR — mais il sait si son patient a des symptômes ou non, et c’est CELA qui doit être son critère.Un patient NON-INFECTE peut-il être contagieux ? Bien sûr que non. Ce serait un NON SENS absolu. La dernière colonne (à droite) est ce que j’explique quand je dis que PCR ≠ Infection.Au dessus de 25, il est évident que la personne n’est PAS infectée – donc ne peut pas être un « cas » — en se basant sur ces PCR erronées, la plupart des gouvernements ont fait du grand n’importe quoi… hélas, le coût est énorme pour nos sociétés.[Tableau montrant le nombre de copies virales lors d’une calibration, le nombre de cycles pour un gène X, les recommandations Sciensano et du RAG et surtout la réalité d’une infection selon le seuil].(RAG – Risk assessemnt group)

Allons plus loin encore: si je vous expliquais que dans les USI (Unité de Soins Intensifs) en Belgique, certains de ces patients qui n’ont pas contracté le COVID sont malgré tout étiquetés « COVID » parce que le test est « positif ». Et ceci même en l’absence de tout tableau clinique d’infection respiratoire parfois !!! Cela ne peut pas se passer dans notre bon royaume ? Ne me croyez-pas, parlez aux infirmiers et aux médecins des USI. Donc le problème des PCR s’étend même en partie aux lits d’hôpitaux…

Et quand on sait qu’en France et en Allemagne, les PCR sont faites à 38, voire plus de 40 cycles, en Irlande à 45 cycles (certains protocoles et standards furent partagés donc les comparaisons sont possibles), on ne peut que constater que le problème dépasse nos frontières… Commencez-vous à comprendre pourquoi ce débat sur les cycles et la calibration des PCR est essentiel?

Problème #2. PCR ≠ Contagiosité.

Une PCR positive n’équivaut pas une personne contagieuse. Il s’agit du ‘tail’, c’est à dire « la queue » des infections. L’article de La Source fait un meilleur travail à ce sujet – et je remercie les journalistes pour leur clarté informative, car ils ne sont pas scientifiques.

Fig. 2. Si nous testons des personnes NON-symptomatiques, nous avons donc six fois plus de chances de tomber sur un test PCR positif mais non contagieux, que positif et contagieux. Même en prenant une marge de sécurité d’un facteur deux (la période de contagion possible est de huit jours), nous avons encore quatre fois plus de chances d’avoir un test PCR positif mais non contagieux. Dans ce cas, nous pouvons dire que seulement 25% des tests indiquent correctement un risque de contagion.

Le virus SARS-CoV 2 reste présent dans notre corps des semaines après que la maladie soit terminée – et donc nous ne sommes plus contagieux à ce moment. Il existe de nombreuses publications à ce sujet (ce point n’est plus contentieux du tout). Ce que l’article ne met pas en évidence, c’est que cette période de non contagion est 4 à 6 fois plus longue que la période de contagiosité! Si la « fenêtre » de tir pour pouvoir conclure que quelqu’un est « dangereux pour les autres » est de quelques jours, alors la chance de se tromper – c’est‑à dire d’avoir un test positif en étant non-contagieux, est évidemment bien plus grande.

Par ailleurs, le fact-checking ne mentionne pas que c’est moi-même qui leur ai fourni l’étude du Lancet qui avait servi à introduire le sujet[note], tout comme un autre article[note] du New England Journal of Medicine qui couvre ce sujet et qui tente d’expliquer comment mieux faire – avoir un usage intelligent des tests. Ce qui est mon but également. L’article de La Source mentionne une référence scientifique qui après avoir étudié et expliqué ce problème, conclut qu’entre 50% et 75% des tests PCR sont des faux positifs pour cette raison de ‘queue d’infections’, mais signale — sans données aucunes que le chiffre de 75% est sûrement erroné car et je cite « On ne teste pas au hasard […] les personnes suspectées de COVID parce qu’elles présentent des symptômes ou leurs contacts ». Cette citation est parfaitement fausse, nous y reviendrons. Le scientifique questionné par le journaliste de La Libre Belgique, a‑t-il présenté une table avec des statistiques ? Sur quelles bases les symptômes sont-ils estimés ? Après consultation médicale clinique ou après une déclaration sur l’honneur  — comme cela est permis? Est-ce que la journaliste a seulement contrôlé le nombre de cycles effectués dans les labos belges ?

Si l’on prend le recul nécessaire, il est difficile d’estimer la proportion des tests corrects comparés aux incorrects, car pour cela il aurait fallu systématiquement mettre en corrélation les PCR, les symptômes et les tests sérologiques [qui sont des tests qui mesurent les anticorps dans le sang des personnes réellement infectées] – chose qui n’a pas été faite apparemment. Donc on ne peut qu’avoir une estimation basée sur les connaissances scientifiques actuelles. Mais si la période de résidence du virus dans le corps est 4 à 6 fois moins longue que la période de contagion, nous pourrions en déduire qu’une proportion non négligeable de ces tests ne reflète absolument pas un risque de contagion. Il serait donc grand temps d’arrêter la guerre des chiffres à ce sujet — a fortiori quand on teste massivement des personnes sans symptômes — et reconnaître que l’on ne sait pas… mais alors pourquoi présenter ces tests comme la seule possibilité de mesure ? Ceci pose question.

Il existe un 3ème problème avec ces tests PCR: les enjeux financiers énormes.

Ce fut une des questions que les journalistes m’avaient dit qu’ils allaient aborder dans ce fact-check et qu’ils ne touchent même pas du doigt dans leur opus. Pourquoi pas? Il serait bon que les conflits d’intérêt potentiels de certains des conseillers à ce sujet fassent l’objet d’une enquête. Chercher sur les différents sites universitaires, les start-ups ou sociétés qui fournissent ce service coûteux (les statistiques des tests sont publiées sur le site de La Libre Belgique) et contrôler les liens éventuels avec des experts ou conseillers. Contrôler les pactes d’actionnaires. A raison de 600‑2000 tests par jour en pic pour un petit labo [données contrôlées indépendamment par téléphone], et au prix de 47 Euros, cela fait du chiffre. Combien ? Et pour un grand labo universitaire ou des entreprises privées ? Combien ? Il faudrait analyser bien sûr, mais il ne serait pas étonnant d’atteindre des chiffres avoisinant plusieurs centaines de millions d’euros juste pour la petite Belgique et pour les PCR. Tout cet argent pour des tests qui nous aident si peu et permettent de justifier de manière ad hoc ce suicide médical, social et économique?

De plus, vous ne le savez sans doute pas… mais nous avons déjà vécu cela. Après le 11 septembre, mon téléphone était constamment encombré de compagnies qui voulaient « m’aider à gérer la crise » et donc les pressions pour me faire recommander des achats de machines PCR (entre 80 et 100 machines) et de pousser un vaccin (tiens donc !) contre l’anthrax furent énormes. Et je n’ai jamais recommandé les PCR (ni ce vaccin) en ma qualité de Conseiller du Cabinet Défense mais également du Cabinet du premier Ministre et de la Santé (via les Intercab). Mesurer l’anthrax par PCR était coûteux et inutile car l’anthrax vit parmi nous. En tant qu’experts – et surtout lors des crises – les pressions commerciales et les tentations sont énormes…

Là-dessus se greffe également un problème annexe : les fausses oppositions. En effet, certains opposent tests par PCR aux tests antigéniques et sérologiques – pour des raisons de conflits d’intérêts, et ils les dissimulent bien. Et je crains que la presse ne comprenne pas qu’elle se fait mener en bateau. Mes communications n’attaquent pas la PCR et ne veulent pas favoriser d’autres types de tests. Je n’ai rien à vendre, ni test, ni médicament, et surtout pas – contrairement à certains de nos experts et journalistes — du vent — et je suis hors de ces activités en biotechnologie qui firent mon quotidien pendant près de 40 ans ! Je me borne à expliquer, et ce en parfait accord avec l’OMS, que la PCR est un outil puissant de confirmation diagnostique si on est malade avec des symptômes. Mais – comme l’OMS le signale – il faut être fort prudent dans les conclusions si nous faisons le test auprès des gens non malades ou sans symptômes. Je le dis moins poliment que l’OMS j’en conviens. C’est un cri d’alarme indispensable – pas un susurrement d’inconfort ! J’ai personnellement écrit dans la presse, et expliqué au journaliste qu’il fallait une stratégie de testing et j’invite les lecteurs de tous mes posts sur LinkedIn à contrôler par eux-mêmes en leur donnant des mots-clés pour leur recherche. Je ne donne pas d’opinion, mais tente d’élever les débats.

A propos des autres tests – et cela me rend triste car ils sauveraient des vies — il serait bon que d’autres en parlent. Encore une fois l’article de la Source ne reflète en rien notre conversation. Je n’ai jamais dit à la journaliste que ces tests antigéniques étaient tous calibrés pour cet usage. Au contraire, j’ai expliqué au journaliste que ces tests pouvaient être parfaitement calibrés pour n’être positifs[note] que lors de la période où la personne testée est contagieuse. Ceci est un problème de masse de réactifs chimiques à mettre dans les kits de tests. Donc je déplore le « noyage » de poisson avec ces taux de vrais ou faux positifs et de comparaisons effectuées sur des tests qui ne furent jamais optimisés pour cette période de contagion.

Finalement, si on sait qu’un test donne des résultats erronés pour de multiples raisons ([note] et [note]) et fut imposé dans un flou financier[note], et sert à bloquer tout débat et à tout casser[note], il est non seulement légitime, mais même notre devoir de le dire. Il est un peu léger de constater que le PCR, malgré ses limites, est la seule option de dépistage au vu de tout ce qui fut décidé et des morts NON-COVID que cela a provoqué. Appelons cela pour ce qu’est c’est : les tests à l’élastique, qui permettent de tout justifier. Ce débat autour des PCR est TROP important pour le passer sous l’éteignoir, car c’est sur cette base que l’on a décidé des lockdowns, des zones vertes ou rouges, ou qu’on contrôle les voyages… C’est sur cette même base que l’on calcule les lits COVID en USI (unités de soins intensifs).

Soulignons à ce stade que La Source, en plus des problèmes cités ci-dessus, se contredit. Effectivement, elle signale par la bouche du Dr. L. Cornelissen que « vu que l’on ne teste pas les personnes non-symptomatiques, il n’y a pas de problèmes ». Ceci est une fausse information car on teste bien les asymptomatiques en Belgique et en masse. Nous les avons testés depuis le début, et il fut publiquement dit par les autorités qu’on allait arrêter ces tests pendant les vacances de novembre 2020. On a officiellement repris ces tests fin novembre. La Libre Belgique ainsi que d’autres journaux) ont annoncé ces décisions officielles importantes par des articles importants [voir Édition du 19 Oct. 2020, titre : Retour en arrière : les personnes sans symptômes ne seront plus testées]. La reprise pour le 23 novembre fut annoncée partout [voir site de la RTBF en date du 14 Nov]. Dans cet article, il est bien question des asymptomatiques qui ont eu un contact et je cite [« Et puis, qu’on puisse faire le suivi des contacts et remonter les chaînes d’asymptomatiques. »]. Les chaînes d’asymptomatiques ! Ceci n’est pas une maladie sexuellement transmissible, mais une zoonose ! Donc le tracing ne donne pas une image correcte de la dispersion de ce virus (et un contact en extérieur sera sans danger comparé à un contact en milieu fermé) mais passons.

De plus lors de la reprise des tests PCR à grande échelle [voir La Libre Édition du 25 Nov. 2020], le Commissaire Corona lui-même le dit : «  […] les tests rapides (il parle de la PCR) sont fiables chez les personnes qui restent asymptomatiques avec une charge virale élevée et qui sont donc contagieuses » (sic). Quelle est la proportion de ces gens ? En général les personnes non symptomatiques ont des charges virales faibles ou nulles[note]. En outre, on teste tout le temps les voyageurs (sans symptômes pour la grande majorité) et même les parents des enfants qui ont été en contact avec un cas, donc on teste un patient plus 2 autres personnes. En plus, quand tout un chacun peut demander un test après avoir signé une Déclaration sur l’honneur qu’il/elle a bien les symptômes du COVID, cela devient surréaliste. Comme la journaliste du fact-checking confond le problème du seuil de détection (problème #1) et le problème de la rémanence (présence) du virus dans nos voies respiratoires longtemps après le fait qu’il n’y ait plus de risque contagieux (problème #2). Confondre ces deux problèmes différents est précisément la cause de ce mauvais usage des PCR.

La Source mentionne également un autre sujet que je me dois de développer: les asymptomatiques

Je cite La Source: « Une étude d’avril 2020 de la revue Nature estime même que 44 % des contaminations dans les foyers ont lieu durant la phase de précontamination, avant l’apparition des premiers symptômes. Une tendance suivie par l’OMS qui affirme que “c’est surtout juste avant que les personnes infectées développent des symptômes (à savoir deux jours avant) et au tout début de la maladie qu’elles sont les plus contagieuses” ». Je vais vous surprendre mais je suis entièrement d’accord. Car en effet la grande majorité des contaminations se font au sein des bulles familiales et des milieux clos et non en extérieur.

Nous avons affaire à de potentiels pré-symptomatiques et la PCR a sa place. Cependant il faudrait arrêter de raconter n’importe quoi et de faire des amalgames. La majorité des personnes avec COVID et qui sont asymptomatiques sont dans le reste de la population, pas autour des malades. Il y eut de nombreuses études à ce sujet qui n’ont pas pu mettre en évidence un risque de contagiosité. Une des plus larges études jamais effectuée le fut a Wuhan sur près de 11 millions de personnes[note]. Elle montre – contrairement aux études précédentes — que ces asymptomatiques — même s’ils sont PCR positifs — n’émettent que peu de virus (ce qui est logique car ils ne sont pas malades et donc ne toussent pas !) et que leur taux de contagiosité est quasi nul. Pourquoi cela passe-t-il inaperçu ?

Les problèmes des PCR que j’explique dans cet article ne sont pas nouveaux et il existe des exemples où les PCR échouèrent[note]. La presse (ceci ne concerne pas La Libre belgique) a rapporté qu’il s’agissait de fausses nouvelles donc voici un autre fact–check bien nécessaire. En Colombie Britannique, il eut une pseudo-épidémie de SARS1 en 2003 mesurée par des tests PCR supposés parfaits bien sûr. In fine, cette « épidémie » — qui fit huit morts dont six suites de pneumonie bactérienne – était due à un autre corona parfaitement banal et bénin. Pour mémoire, Il y a sept coronavirus chez l’humain (quatre qui causent un rhume ainsi que SARS1, MERS, et SARS2). A l’époque, les responsables ont eu la présence d’esprit de tester les anticorps, ce qui évita la panique et la peur. En 2006 au New Hampshire (USA), une épidémie de coqueluche (B. Pertussis) s’avéra être une création des PCR. Ce problème de fausse alerte est connu et fut discuté dans le Lancet en 2006[note].

Si les journalistes faisaient leur travail d’esprits curieux, ils n’auraient pas à téléphoner et boire des paroles soit incorrectes soit carrément mensongères de certains de mes ex-collègues. Il leur suffirait de lire les notes de Sciensano – disponibles en ligne. Il est stupéfiant de voir que Sciensano écrit une chose et fait son contraire. Mensonge ou stupidité, la question reste posée en ce qui me concerne, et j’ose espérer que des nombreux citoyens fassent l’effort de se la poser. Ceci est contrôlable par tout un chacun, ne demande pas des connaissances pointues et révèle les faits suivants :

En page 10 de leur SARS2 fact sheet, Sciensano écrit noir sur blanc que le « Viral RNA ≠ infection ». Je le cite : « A test-based strategy is hindered by known prolonged shedding of viral RNA, which does not equate with infectiousness ». La citation est donnée en entier à la référence[note].Le contact tracing est mentionné comme revenant positif dans à peine 1% des cas. 22 malades parmi les 2761 contacts liés à 100 cas démontrés. De qui se moque-t-on ici? 1 % de chance d’être malade si on est un contact?[note]

Et les surprises ne s’arrêtent pas là. Sciensano mentionne dans ses notes sur la PCR[note] que :

Les infections sur Hamster sont corrélées avec les infections de cellules en culture mais pas avec les PCR – et cela ne choque personne ? Hamster ou homme, ceci démontre les limites des conclusions de corrélation via PCR.En France, il fut démontré que les PCR au-dessus d’un Ct de 34 ne sont pas signes d’infection.  ”Patients with samples with Ct values ≥34 did not excrete infectious viral particles.” Donc pourquoi le RAG les considère comme des cas ? Ceci pose question.Une étude Canadienne, nous dit que si le Ct > 24 sur les échantillons humains, ces échantillons n’étaient pas infectieux. Citation (donnée en annexe en intégralité) ”Cell culture growth was significantly reduced when RT-PCR Ct values >24 (primers targeting the E gene”En Allemagne, le seuil d’infection fut démontré être au-dessus du million de virus par ml sur les échantillons d’expectorations bronchiques (crachats) humains. “German group concluded, based on the viral loads of nine hospitalized patients, that little risk of infectivity remained below a viral load of 100,000 viral RNA copies per ml sputum.”

De qui se moque-t-on… D’un côté, Sciensano met les bonnes références avec des informations correctes sur son site, et d’un autre côté, ils n’en tiennent absolument pas compte et instaurent et maintiennent un climat de peur panique aux décideurs et à toutes les populations de l’EU sur base de mesures non correctement interprétées. Je ne sais pas pour vous, chers lecteurs, mais moi tout cela me choque profondément, et n’est-il pas temps que la Presse finalement fasse son métier : Contrôler le Pouvoir, lire, comprendre, s’éduquer afin de pouvoir informer.

Quelle est la solution ?

Il faudrait avoir un ‘chemin de testing’ – un algorithme. Je vais me limiter aux principes de base – un vrai protocole/chemin devra/sera établi par des experts et des collègues :

1. Voir les patients en personne, partir des symptômes et de la clinique – et confirmer le diagnostic potentiel de COVID par PCR. Dans cet usage la PCR sera redoutablement efficace.

2. Pour les contacts – ceux-ci sont soit pré-symptomatiques s’ils finissent par tomber malades, soit ceux qui resteront parfaitement asymptomatiques – focaliser principalement pour les contacts en milieu fermés où les contaminations se produisent (les fameuses bulles, les transports en commun, les immeubles à ventilation centralisée… qui sont les meilleurs foyers de dispersion de tout virus). Les autres non. La manie de faire tout et tout le temps est délétère.

3. Pour les non symptomatiques – le tout venant de la population — la PCR n’étant pas un outil adapté — des tests antigéniques parfaitement calibrés pour faire coïncider le résultat positif avec la période de contagion. Le taux de faux négatifs est défini par le design chimique de tels tests- donc il pourrait être parfaitement fiable. S’il demeure un doute, il faut aller voir son médecin de famille et une PCR peut suivre. Je n’ai en outre pas dit que ces tests étaient déjà calibrés, mais qu’ils devaient l’être et que cela ne prendrait pas beaucoup de temps. Je vous mets une référence pertinente et vous invite à bien regarder la figure du papier ci-dessous. Seul un test moins sensible que la PCR pourrait efficacement matcher la période de contagion et repérer les contagieux.

4. Il faudra aussi utiliser les tests sérologiques (qui mesurent les anticorps dans le sang). Car après plus de 17 mois, il est temps de faire une étude sérologique randomisée et en correspondance à notre population – comme toute crise l’exige – car il s’agira de la seule méthode fiable pour estimer la proportion des personnes infectées mais qui restent porteuses. – donc de calculer un vrai IFR (Infection fatality rate). Ceci permettrait de casser le cycle de la peur, et de rassurer la population en lieu et place de ce CFR (case fatality rate) – qui ne mesure que notre inaptitude à gérer les cas COVID de manière. Ceci fit l’objet de nombreux rapports, en voici un écrit par une quarantaine de personnes sous la houlette du Hoover Institute à Stanford[note]. D’ailleurs, ce rapport fut donné par mes soins à La Libre à deux reprises. Je ne crois donc pas qu’il soit intellectuellement honnête ni un service à la population de me présenter comme un détracteur des PCR, en ayant pratiqué sans arrêt entre 1993 et 2014, en partie sur des germes environnementaux… Pourquoi ? La question est posée.

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La gestion de l’épidémie du COVID-19 ou l’éclipse de l’intelligence

En paraphrasant La Palisse, on pourrait dire : « Le traitement d’une maladie infectieuse est le traitement … anti-infectieux ».

Jamais dans une maladie infectieuse, le traitement curatif n’a été le port du masque, la distanciation sociale, la fermeture des crèches ou des établissements HORECA. A titre de comparaison, la rougeole est 4 à 10 fois plus contagieuse que l’infection au COVID-19 (alias SARS-Cov2). Lors d’une épidémie de rougeole, on n’a jamais fermé les crèches, les restaurants, etc. On a simplement isolé, traité les enfants malades et envoyé à l’hôpital les cas graves. En 1989, il y avait plus de 25.000 rougeoles par an en Belgique : on n’a jamais fait tout ce foin comme pour l’épidémie du COVID-19.

Normalement, pour traiter une maladie infectieuse, il suffit de traiter et isoler les malades. Pour les traiter, il faut les diagnostiquer. Pour les diagnostiquer, il faut les tester.

Donc, les étapes pour gérer une épidémie sont :

tester une population ;diagnostiquer c’est-à-dire trouver, par un examen clinique ou un test, les malades ;isoler les malades ;et finalement traiter les malades.

Au début de l’épidémie du COVID-19, en mars 2020, dans la gestion de cette épidémie, nous avions un manque de réactifs pour tester et diagnostiquer… En mars 2020, des tests rapides existaient mais n’ont pas été rapidement importés et homologués (pour quelle raison ?). Plus tard, lorsque les laboratoires avaient la possibilité de tester, l’État belge n’a pas donné le feu vert à tous les laboratoires pour effectuer des tests (situation de monopole ou ?) … En octobre 2020, le nombre de demande de tests a explosé entraînant un délai de 7 jours pour avoir le résultat, générant un faible impact dans la dynamique et la gestion de l’épidémie.

Également au tout début de l’épidémie (le 18 mars 2020), la ministre fédérale de la santé avait interdit la disponibilité des tests (pour une mauvaise raison scientifique). A‑t-on idée d’interdire à un garagiste de tester un pneu ou de dire à son client que son pneu est dégonflé sans apporter une solution ?

En mars 2020, le traitement potentiellement actif (hydroxychloroquine) a été rendu indisponible dans les pharmacies de ville pour les médecins généralistes alors qu’un traitement précoce dans une épidémie permet de diminuer la transmission d’une maladie infectieuse à d’autres personnes et de diminuer la mortalité de cette maladie. Dans cette gestion, les médecins généralistes ont été oubliés pour « Tout à l’hôpital ».

A‑t-on idée d’interdire à un pompier d’intervenir dans une incendie de forêt ? Va-t-on lui demander qu’il fasse une étude en double aveugle pour savoir s’il faut mettre de l’eau ou de la neige carbonique pour éteindre un incendie ? Faut-il demander aux pompiers de ré-homologuer leur pompe à incendie ou leur camion anti-incendie avant d’intervenir ? Dire qu’un pneu est dégonflé n’a jamais regonflé un pneu… Savoir que son pneu est dégonflé ne suffit pas : traiter le pneu (ou le malade) est une attitude intelligente. Laisser les pompiers ou les médecins faire leur travail sans contraintes stupides aurait été intelligent. A chacun son métier.

Certains diront qu’au début de l’épidémie du COVID-19 le traitement n’était pas connu… Certains experts du gouvernement avaient déjà publié in illo tempore non suspecto des articles montrant l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans les virus du groupe « coronavirus », auquel appartient le COVID-19. Ces mêmes experts l’ont-ils jamais transmis au gouvernement ? Malheureusement, nous ne savons pas comment les experts sont désignés par le gouvernement …

En programmation neuro-linguistique (PNL), on enseigne « Si ce que vous faites ne fonctionne pas, alors essayez autre chose ».

Les masques, la distanciation sociale, la fermeture des écoles ou de l’HORECA, la fermeture de la culture, n’ont jamais eu d’effets sur le décours de l’épidémie. En comparant différentes stratégies de différents pays, le professeur d’épidémiologie, IOANNIDIS, le dit également … La Belgique a dépensé plus de 200 millions d’euros de masques pour n’avoir aucun impact sur l’épidémie. Couper les contacts sociaux avec le stress afférent diminue l’immunité des personnes et du groupe. La fermeture des écoles a déjà un impact négatif sur nos jeunes étudiants (décrochage scolaire, suicides). La fermeture des restaurants a eu un impact négatif (perte financière, suicides). On attend avec impatience les statistiques de suicides en 2020 … Quant à la culture soi-disant non-essentielle, c’est l’art qui marque nos souvenirs, notre temps, pas nos ministres.

Les masques, la distanciation sociale, la fermeture des écoles ou de l’HORECA, la fermeture de la culture, n’ont jamais eu d’effets sur le décours de l’épidémie.

Le traitement d’une maladie infectieuse restera toujours le traitement anti-infectieux.

Le traitement préventif existe : de la vitamine D, de la vitamine C, du zinc et de l’armoise (Artemisia Annua). Le gouvernement et ses experts n’en ont pas parlé en mars 2020 alors que certains médecins l’ont déjà prescrit à cette époque et que la population non médicale était mieux informée que le gouvernement et ses experts (remplis de conflits d’intérêts ?)

Le traitement curatif existe : des traitements efficaces qui peuvent être donnés à domicile (par exemple, deux antibiotiques : l’azithromycine potentialisée par de la doxycycline[note]. Il existe un site (www.c19study.com) qui récapitule les études cliniques sur les différents traitements possibles. A titre d’exemple, le traitement avec ces 2 antibiotiques coûte +/-20 euros. C’est une babiole en comparaison des 47 millions d’euros que l’HORECA perd chaque jour…

Maintenant, cela suffit : si on veut contrôler une épidémie, l’attitude intelligente est de traiter les malades à la maison avant qu’ils n’arrivent à l’hôpital… Avec l’aide des médecins généralistes. Personnellement, j’ai donné ces traitements préventifs et curatifs, sans passer par la case hôpital ou la case décès… Parce que je n’ai pas eu peur de voir et de traiter des malades, parce que la médecine est une révolte contre la maladie et non une soumission.

Il serait temps de passer de la gestion de la crise (en isolant un pays ?) à la gestion du risque (en traitant précocement les malades et non les cas positifs).

*Quirico Blonda est docteur.

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Lettre du Grappe adressée aux eurodéputés concernant le passeport vaccinal

Madame la députée, Monsieur le député, 

Le 28 avril prochain, vous serez appelé (e) à voter en urgence sur le projet de règlement instaurant un certificat vert numérique pour les citoyens européens (COM (2021) 130).

Ce projet n’a pas pour objectif, contrairement à ce qu’il prétend, de faciliter la libre circulation des citoyens dans l’espace européen. Sous prétexte d’harmonisation, il légitime le droit pour chaque État membre d’organiser la ségrégation entre ceux qui acceptent de se soumettre à des contrôles ditssanitaires, arbitraires et inefficaces et ceux qui, même en parfaite santé, et en toute légalité, ne l’acceptent pas.

Nous vous demandons de prendre conscience de l’importance sans précédent du vote qui vous est demandé et de refuser ce projet.A ceux qui croient, certainement de bonne foi, qu’il est possible de l’amender, de le rendre acceptable par l’une ou l’autre amélioration, nous disons qu’ils tombent dans un piège pernicieux.

Car ce règlement met en place une nouvelle société, totalement incompatible avec les valeurs inscrites dans les traités européens et la charte des droits fondamentaux, une société de surveillance, de contrôle social et de discrimination. Ce projet est pernicieux car il joue sur la peur d’une pandémie qu’il est parfaitement possible de juguler par une campagne de prévention visant à renforcer le système immunitaire de chacun et l’apport de moyens thérapeutiques reconnus comme efficaces lors des premiers signes de la maladie. On peut citer à cet égard, l’hydroxychloroquine et l’ivermectine, médicaments connus delongue date, aux effets secondaires mineurs voire négligeables.

Ces médicaments n’ont qu’un défaut : celui de ne plus être protégés par un brevet et donc de ne plus présenter aucun intérêt financier pour des firmes pharmaceutiques motivées avant tout par l’appât du gain. La Commission européenne (avec les experts qui la conseillent), idéologiquement acquise à une vision techno-scientiste du bien commun, a conçu un outil législatif à leur service qui nous enferme tous dans un monde dominé par les multinationales et nous assigne au rôle de consommateurs décérébrés au service de la croissance.

A l’appui de notre réquisitoire contre ce projet de passeport vaccinal déguisé, nous attirons aussi votre attention sur la non-pertinence des critères abusivement présentés comme scientifiquement garants de la santé et de la non contagiosité du détenteur du certificat.

Sur les vaccins anti-covid. L’actualité récente a rappelé un fait habilement passé sous silence pour accélérer le processus de vaccination massive de la population ; il s’agit de vaccins expérimentaux bénéficiant (à tort) d’une autorisation provisoire de mise sur le marché, puisque les essais cliniques de phase 3 sont toujours en cours.Les graves effets secondaires apparus pour deux des quatre vaccins l’ayant obtenu (les vaccins d’Astra Zeneca et de Johnson &Johnson) ont montré que l’AEM avait sous-estimé les risques.Une déclaration signée par un groupe important de médecins et de scientifiques de haut niveau*[note] conteste les affirmations de l’Agence européenne des médicaments laquelle a rejeté les préoccupations du groupe exprimées dans une lettre ouverte envoyée le 1 er mars dernier[note].L’AEM considère en effet les problèmes de coagulation et de saignements comme des évènements mineurs et rares, concluant que le rapport bénéfices/risques de ces vaccins est bien établi. Selon ce Groupe « Doctors for Covid Ethics », les cas enregistrés de thrombose veineuse cérébrale potentiellement mortelle (CSVT) après la vaccination ne représentent probablement que la pointe d’un énorme iceberg. Ceci rend la vaccination et le coronavirus dangereux pour les groupes d’âge jeunes et en bonne santé, pour lesquels, en l’absence de vaccination, le Covid-19 ne présente aucun risque substantiel.Même si on est sceptique face à cette déclaration interpellante, il nous parait évident qu’il faut la prendre au sérieux et analyser la situation sans préjugé plutôt que foncer tête baissée dans une vaccination généralisée et encore moins faire de celle-ci le sésame pour une liberté retrouvée.On ne peut ignorer non plus la problématique bien documentée de l’apparition inévitable de variants plus contagieux voire plus agressifs comme le variant P1 (dit brésilien) face auxquels les vaccins actuels semblent déjà inopérants. Enfin, il est essentiel de rappeler que la vaccination, si elle protège dans un premier temps la personne vaccinée, ne l’empêche pas de propager le virus. A moins d’être aveugles à une réalité d’ores et déjà bien visible, nous risquons de nous voir emprisonnés dans une logique de consommation de vaccins aussi dangereuse qu’inutile, pour le plus grand profit de multinationales de la pharmacie et la satisfaction des fétichistes de la croissanceéconomique.Sur les tests PCR. Certes, en principe, la vaccination n’est pas requise, à condition de se soumettre régulièrement à des tests PCR supposés garantir, en cas de résultat négatif, la non contagiosité de la personne testée. Or, si le test PCR peut permettre de diagnostiquer une personne malade dans un bref laps de temps, sa pertinence est plus que discutable pour les personnes asymptomatiques.Le protocole publié pour la détection et le diagnostic du 2019-nCov actuellement en vigueur a été examiné point par point par un groupe de chercheurs indépendants, lesquels ont abouti à la conclusion selon laquelle, le test RT PCR pour la détection du SRAS-COV2 révèle 10 faillesscientifiques majeures au niveau moléculaire et méthodologique. Il en résulte que le test aboutit à de nombreux résultats faussement positifs[note]. Comment, dans ces conditions, utiliser ce test comme critère de non contagiosité ?parmi lesquels l’ancien vice-président et directeur scientifique de la société Pfizer, Michael Yeadon et le Dr Wolfgang Wodarg, ancien président de la commission santé du Conseil de l’Europe.Sur la preuve de rétablissement. La preuve de rétablissement est le troisième élément du certificat, basé sur la mise en évidence d’anticorps. Le certificat pourrait être renouvelé aussi longtemps que la personne concernée peut faire état d’une analyse montrant la présence de ces anticorps. Il est absurde et scientifiquement non valable d’ignorer le fait que de nombreux immunologistes cliniciens de renommée mondiale ont montré que 30% environ des gens sont au départ déjà immunisés sans présenter nécessairement des anticorps spécifiques. En conclusion, il apparait bien qu’il est proposé de mettre en place un vaste système hygiéniste de contrôle social et de mainmise sur les données personnelles de chaque européen, sans la moindre garantie d’efficacité pour la santé publique. Nous vous adjurons en conséquence de refuser un tel projet qui marquerait une régression démocratique et sociale sans précédent.

Pierre Stein, président de l’ASBL Grappe BelgiquePaul Lannoye, Docteur en Sciences, Ancien vice-président de la Commission Santé du parlement européen, et ancien président du Groupe des Verts, membre fondateur du Grappe.

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Les Morts du covid. Un mensonge d’État?

Christophe De Brouwer scrute depuis un an les chiffres du covid. L’interview publiée ici est une exclusivité. Il est — malheureusement — le seul à faire ce travail. Dites vous toutefois, et surtout, que si ses conclusions avaient été pensées, réfléchies, débattues, nous ne serions pas là où nous en sommes — même si le monde tournait déjà mal bien avant. 

Pendant ce temps, des gens meurent de leurs politiques. C’est cela l’essentiel que nous devons retenir, pensons-nous.Voir les références des études de Christophe De Brouwer ci-dessous

Références des études:

C de Brouwer. Taux de mortalité standardisé en Belgique en 2020. (preprint).https://www.researchgate.net/…/350879459_Taux_de…

Références complémentaires :

L’impact de la crise sur les moins de 65 ans : µ

• C de Brouwer. Taux de mortalité standardisé en Belgique, 2020. Complément. 9 avril 2020. https://www.researchgate.net/…/350879459_Taux_de…

• L Toubiana, L Mucchielli , P Chaillot , J Bouaud. L’épidémie de Covid-19 a eu un impact relativement faible sur la mortalité en France. INSERM UMRS 1142 LIMICS, preprint, 2021. http://recherche.irsan.fr/…/154‑L%E2%80%99%C3%A9pid%C3…

La mortalité par million d’habitants en Belgique par rapport à d’autre pays en 2020 : 

• Worldometers. https://www.worldometers.info/coronavirus/

Le peu d’utilité ou l’inutilité du confinement et semi-confinement. 

• Q de Larochelambert, AMarc, J Antero, ELe Bourg, JF Toussaint. Covid-19 Mortality: A Matter of Vulnerability Among Nations Facing Limited Margins of Adaptation. Frontiers in Public Health. 19 novembre 2020. https://www.frontiersin.org/…/fpubh.2020.604339/full

• E Bendavid, C Oh, J Bhattacharya, JPA Ioannidis. Assessing mandatory stay‐at‐home and business closure effects on the spread of COVID‐19. European Journal of Clinical Investigation. 5 janvier 2021. https://doi.org/10.1111/eci.13484

La résistance au vaccin du sars-cov‑2, notamment des variants anglais, sud-africains et brésiliens. 

• E Andreano et al. SARS-CoV‑2 escape in vitro from a highly neutralizing COVID-19 convalescent plasma. Medrxiv, décembre 2020. https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.12.28.424451v1

• P Wang et al. Antibody Resistance of SARS-CoV‑2 Variants B.1.351 and B.1.1.7. Medrxiv, 2021. https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.01.25.428137v3

• L Müller et al. Age-dependent immune response to the Biontech/Pfizer BNT162b2 COVID-19 vaccination. Medrxiv, 2021. https://www.medrxiv.org/con…/10.1101/2021.03.03.21251066v1

• T Kustin et al (Adi Stern). Evidence for increased breakthrough rates of SARS-CoV‑2 variants of concern in BNT162b2 mRNA vaccinated individuals. Medrxiv, 2021. https://www.medrxiv.org/con…/10.1101/2021.04.06.21254882v1

La place des différents variants dans notre pays. Notamment les variants anglais, sud-africains et brésiliens. 

• Bulletin hebdomadaire de Sciensano. Le dernier ( 9 avril 2021): https://covid-19.sciensano.be/…/COVID-19_Weekly_report…

• Covariants. Overview of variants in Countries. https://covariants.org/per-country Les effets secondaires des vaccins covid (et le cas échéant, ceux du vaccin influenza). 

• Site belge : https://www.afmps.be/fr Opinion concernant la mortalité liée à la canicule du mois d’août 2020. 

• C de Brouwer. Canicule: la mortalité des ainés gravement alourdie par la crise du coronavirus? (carte blanche) https://www.levif.be/…/can…/article-opinion-1334001.html

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Ce sera quand même un complot !

Ils sont bien embêtés les gardiens de l’orthodoxie médiatique qui ont largement participé à faire monter l’anxiété collective face à l’épidémie due au coronavirus. Le film de Bernard Crutzen, Ceci n’est pas un complot (en ligne, gratuit, sur https:// www.youtube.com/watch?v=HH_JWgJXxLM), interviewe des personnes modérées des différents bords, ne se lance pas dans des hypothèses risquées, relaie des faits avérés (ce sont en majorité les productions des grands médias belges). Ceux qui se sont sentis mis en cause ont donc été obligés d’aller chercher la petite bête dans ce que seraient les intentions cachées du réalisateur. Intéressons-nous de près aux réactions parfois surprenantes des médias que l’on a osé questionner sur leur traitement de l’épidémie du SARS-CoV-19. 

DÉRANGEANT, PARCE QUE METTANT LE DOIGT OÙ CELA FAIT MAL ? 

Commençons par le degré zéro de l’analyse politique : Caroline Lallemand, journaliste au Vif réagit à chaud (le 8 février) et commence son article par « un documentaire belge à la sauce Hold-up ». Comment oser mettre sur le même pied le pamphlet réalisé par les libertariens qui font feu de tout bois pour critiquer les États (souhaitant les voir affaiblis pour faire avancer leur rêve : toujours plus de pouvoir cédé à un gouvernement mondial piloté par les multinationales) et le film d’un progressiste qui s’interroge sur le pourquoi de la pensée unique que l’on constate dans la plupart des médias ? Le titre d’un second article, le lendemain, ne cache pas le jugement négatif péremptoire : « Un poison réalisé avec talent »[note]. 

Arnaud Ruyssen, journaliste à la RTBF, que l’on a connu mieux inspiré, dit avoir décrypté le documentaire et juge qu’il présente les médias « comme des manipulateurs complices de l’avènement d’un régime autoritaire. Thèse que reprennent en cœur les complotistes qui avancent que le Covid-19 est un moyen pour mettre en place une société du contrôle, liberticide. » Il considère aussi que la vidéo « minimise complètement le cœur du problème de cette épidémie… à savoir le risque de faire exploser notre système hospitalier. » A‑t-il bien vu le même film que nous ? En effet, ces deux affirmations ne correspondent pas à la réalité du film, mais lui permettent de sortir le mot joker : « complotiste ». On peut penser que, d’une certaine manière, le journaliste traduit ce sentiment de grande responsabilité (« Peut-on balayer 20.000 morts d’un revers de la main… en les ramenant au fait qu’ils ne représentent « que » 0,17% de la population belge ? ») : il fallait que les messages délivrés incitent fortement les auditeurs à observer strictement toutes les règles édictées par les pouvoirs publics. Déçu par la réaction « à fleur de peau » du journaliste de la RTBF, Kairos l’invite à un débat avec Bernard Crutzen.[note] Hélas, le commentateur TV refusera, bien que comme beaucoup d’autres, il insistait sur l’intérêt d’avoir des échanges contradictoires et un large débat sur la manière dont les médias ont agi ces derniers mois autour du Covid. Seule la télévision régionale BX1 a organisé un débat avec Bernard Crutzen[note], mais avec un déséquilibre sur la place donnée aux divers intervenants tel que le réalisateur s’est senti piégé, « tel un taureau entrant dans l’arène d’une corrida ». 

Impossible de lister ici toutes les réactions des médias mainstream, mais elles s’orientaient souvent dans le sens « Ce n’est pas un complot, mais… » (Dorian de Meeus, rédac-chef de La Libre, 12 février). L’Avenir titrera lui, que le documentaire « est un film orienté ». De fait, Crutzen ne s’est pas caché d’avoir été choqué par le traitement médiatique de la pandémie, qu’il a ressenti un « matraquage »[note] (mais c’est un sentiment clairement partagé par la majorité de la population), la vraie question étant : « Est-ce justifié ou non ? ». Ce sont les personnes interrogées par Crutzen qui ont utilisé les mots « propagande », « fabrique du consentement », « sacrifier la liberté de pensée ». 

On ne relèvera que pour l’anecdote les commentaires sur la qualité du documentaire, le choix des interlocuteurs et captures d’écran, le recours aux techniques incontournables pour une bonne vidéo, la position du réalisateur (« la posture de Crutzen n’est pas claire, il n’est pas journaliste, il est auteur. Ce qui me dérange profondément c’est que le public confonde la posture d’un auteur à celui d’un journaliste… »). Toutes ces arguties évitent de devoir répondre à la question centrale : « Mais pourquoi cette unanimité dans l’envoi de messages qui a eu pour effet de distiller une très grande anxiété chez la majorité de la population ? » 

UN PRÉCURSEUR 

Avec un peu de recul, on constate que le film, terminé fin décembre 2020, rendu public le 6 février, a été le premier à poser des constats et à lancer, dans un document étayé par faits et témoignages, des questions qui maintenant sont reprises et développées dans beaucoup de médias. Dans l’interview de Bernard Crutzen que Kairos a publiée sur son site[note] au début mars, le réalisateur sent lui aussi un « frémissement » dans plusieurs rédactions. Certes, ce n’est jamais facile de reconnaître en peu de temps que l’on a fait fausse route, mais depuis la mi-février l’on ressent que la très forte unanimité derrière la pensée unique médiatico-gouvernementale se fissure peu à peu. Ainsi, Le Soir a consacré deux pages à l’analyse du film, mais a eu l’habileté de faire parler des personnes extérieures (pour ne pas se dédire ?) : « Ils sont une dizaine à avoir accepté de nous parler de Ceci n’est pas un complot, le documentaire de Bernard Crutzen. Un film qui les a marqués. » Cela a permis au journal de juxtaposer des opinions défavorables, mais aussi des commentaires qui rejoignent et parfois amplifient les critiques quant à la manière dont le monde des médias a traité l’épidémie. Extrait de l’article du 27 février : « « C’est scandaleux de voir comment Wilmès a remballé le gars du site d’infos Kairos », s’insurge Kris. « Cela me fait penser à la Hongrie d’Orban. » La presse mainstream, la fréquentable, en oublierait l’essentiel : « Il est dommage qu’elle ne relaie plus des problématiques comme la pauvreté ou la solidarité», estime Julie. »[note] 

Le documentaire de Bernard Crutzen a fait remonter à la surface des faits étrangement tus par la plupart des médias. On songe à cette vidéo où Marc Van Ranst explique à un auditoire huppé comment il a manipulé les médias lors de la crise de la grippe à H1N1. La vidéo[note] est parue sur Kairos le 15 décembre 2020, un extrait en a été repris par Ceci n’est pas un complot et, depuis lors, elle remonte dans certaines rédactions. Cette question des conflits d’intérêts a valu l’opprobre quasi généralisée de la profession quand Alexandre Penasse a osé poser la question à Sophie Wilmès. C’est pourtant le b.a.-ba du métier de journaliste et cette inquiétude sur des conflits d’intérêt a été peu relevée quand l’épidémiologiste Yves Coppieters l’a dénoncé clairement lors de son rapport au Parlement.[note] 

TENTATIVES D’EXPLICATIONS 

Les réactions indignées de certains médias face aux questionnements de Ceci n’est pas un complot sont peut-être justifiées par le fait qu’elles se ressentent comme accusées de faire partie d’un « grand complot ». Si de telles théories existent (voir les adeptes de la théorie du « Great Reset »[note]), ce que révèle le film de Crutzen n’est pas de l’ordre de la complicité à une vaste conspiration mais plutôt d’un comportement moutonnier, parfois même « bien intentionné » au départ, mais qui débouche sur un résultat globalement négatif. 

On peut citer comme causes d’un discours unaniment générateur de peurs : 

- Un certain sens de la responsabilité (ou de l’obéissance ?) qui pousse à relayer, sans guère de recul critique, les injonctions des autorités. Cet aspect est fortement corrélé au positionnement très conservateur et proche du pouvoir de la plupart des rédactions des grands médias. 

- Une croyance naïve en la Science, avec une majuscule, sans réaliser que s’il y a une méthode scientifique, s’il y a un corpus scientifique qui s’élabore sur des décennies, il y a aussi beaucoup de scientifiques qui sont des avocats d’intérêts privés et que la stratégie des semeurs de doute a été mise au point sur d’autres dossiers (tabac, amiante, pesticides, changement climatique…). 

- Le biais qu’induit l’entre-soi : dans la plupart des milieux, on échange qu’avec des personnes qui nous ressemblent, qui pensent comme nous. Ce constat est encore plus vrai pour les équipes de virologues qui s’auto-convainquent que la seule priorité doit être l’éradication du virus. 

- L’obnubilation sur les aspects sanitaires de la crise, sans prendre en compte les composantes sociales, économiques, psychologiques et politiques des décisions. 

- L’absence de connaissance de La stratégie du choc[note] qui permet aux puissants de profiter des situations chaotiques pour faire avancer leur agenda néo-conservateur. 

- Beaucoup de journalistes semblent avoir peu conscience des biais qui expliquent leurs lectures univoques, orientées dans un sens hygiéniste et, jusqu’il y a pas longtemps, peu critiques face à des mesures privatives de libertés, voire dérivant vers une logique autoritaire. 

Ceci n’est pas un complot n’est pas certainement conspirationniste dans le sens où il voudrait faire croire que la majorité des journalistes sont complices d’un projet politique vaguement secret. La vidéo ne s’adresse pas seulement au grand public, mais aussi à ceux qui « font l’information » en espérant les convaincre qu’ils auraient intérêt à être moins dociles et à agir dans le sens de la phrase conclusive du film de Bernard Crutzen : « En démocratie, la presse ne devrait-elle pas être le premier rempart contre les abus du pouvoir ? Dans cette crise, au contraire, elle semble accompagner le pouvoir, même dans ses délires ». 

Alain Adriaens 

TENTATIVE DE CENSURE ? 

C’est le 6 février que Bernard Crutzen a rendu public son film, en proposant de le visionner sur le site web communautaire Vimeo[note] qui permet le partage de vidéos réalisées par les utilisateurs. 17 jours plus tard, le 23 février, alors que le film y avait été vu plus de 600.000 fois, Bernard Crutzen recevait le message suivant : « Votre compte a été supprimé par l’équipe de Vimeo pour violation de nos lignes directrices. La raison est que vous ne pouvez pas mettre en ligne des vidéos mettant en scène ou encourageant des actes d’automutilation, prétendant à tort que des catastrophes de grande ampleur sont des canulars et émettant des allégations erronées ou mensongères concernant la sécurité des vaccins ». Aucune réponse aux demandes de savoir où ils avaient trouvé de telles affirmations non autorisées. D’évidence, poser des questions sur ces sujets sensibles n’est pas admis. Vimeo a seulement souhaité « bonne chance pour trouver une plateforme qui héberge vos vidéos ». De fait, Crutzen avait prévu le coup et grâce à des mises en ligne sur Youtube et des copies « pirates » l’on en est à 1.530.000 vues. Mais on peut partager les inquiétudes du réalisateur : « Preuve flagrante que les géants du net s’érigent en censeurs ? Qu’ils décident ce qu’on peut dire ou ne pas dire ? Que questionner la vaccination est interdit ? » 

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« Le masque n’ a rien d’un détail ! »

En Belgique, dès le printemps 2020, vous avez été un des premiers à critiquer la gestion politique de l’épidémie. Aviez-vous d’emblée été étonné de la façon dont les gouvernements belges et français s’y étaient pris ? Un an plus tard, votre analyse a‑telle changé ? 

C’est une question intéressante, à laquelle je réponds pour la première fois publiquement. À partir de décembre 2019, j’étais inquiet, suite aux informations venues de Chine. En janvier, on voyait tous ces gens malades à Wuhan. Ma première impression était donc alarmiste. Puis il y a eu le premier confinement. Au tout début, je trouvais que c’était une bonne idée, ainsi que de fermer les frontières. Il fallait limiter, isoler, traiter. Mais à la mi-avril, je me dis que quelque chose clochait : masques d’abord inutiles puis obligatoires, messages contradictoires, etc. J’ai commencé à douter, me suis posé des questions sur l’origine du virus et ai mené mes investigations, surtout à partir du cas de la France, tout en regardant aussi la Belgique. 

En juillet 2020, vous avez publié sur le site tribunejuive.info un article intitulé « Le masque et la vie ». Pour vous, cette question du masque était cruciale pour comprendre la stratégie biopolitique. L’est-elle toujours ? Autour de moi, certaines de mes connaissances, pourtant indisposées par les mesures sanitaires liberticides, n’y voient qu’un détail, assez bizarrement… 

Cet article qui a fait le buzz marque ma visibilité dans le domaine public. Antipress a été le premier à le publier. Il symbolise l’entrée en action du « canari dans la mine ». En tant que Juif né peu après la Shoah, je suis très sensible aux signes avant-coureurs et aux signaux faibles. J’ai écrit l’article à la fin juillet. En plein été, on nous imposait le masque en extérieur, alors que les indicateurs épidémiologiques étaient au plus bas. Je me suis dit : « Si on en est là, qu’est-ce que ça va donner à la rentrée, quand la grippe et les rhumes vont revenir ? ». Le masque commençait à revêtir une signification plus politique que sanitaire. Ce n’est donc pas du tout un détail pour moi ! 

Quelle est sa symbolique ? 

Le masque est une manière de museler les gens, de les faire taire, obéir, se soumettre, de les déshumaniser. Précisons : je n’y suis pas opposé en milieu clos, mais à l’extérieur aucune étude n’atteste de son efficacité pour ralentir ou combattre une épidémie. L’explication est que les politiques veulent éviter toute recrudescence virale et prendre le minimum de risque, de manière à ce que rien ne leur soit reproché. Et puis, il fallait un signal symbolique fort. 

J’ai remarqué aussi avec étonnement le « stoïcisme » et la résilience de mes concitoyens portant le masque en plein été et en pleine chaleur… 

À l’évidence, il y a plusieurs « catégories » psychosociales. Il y a des gens stoïques, peureux (de l’amende et/ou du virus), conformistes, adhérant au dogme officiel. La docilité et la réceptivité au narratif gouvernemental sont massives, en Belgique comme en France. Il est très affligeant que l’obéissance soit généralisée à ce point. En France, Louis Fouché proposait récemment de donner rendez-vous à quelques centaines de personnes « démasquées » dans une grande surface, comme action de désobéissance civique. Cela aurait un impact, car l’union fait la force. Mais comment fédérer les gens est une question compliquée. Bref, le maître-mot de cette situation est la peur. Et elle empêche l’argumentation rationnelle et inhibe l’action. 

« Liberté » est devenu un gros mot, alors qu’il était sur toutes les lèvres jusqu’à la survenue de l’épidémie… 

Celui qui revendique sa liberté est considéré aujourd’hui comme un criminel. Là aussi, on a basculé ! Depuis mes prises de position, je me suis fait black-lister en de nombreux endroits, y compris sur Facebook, où mes comptes ont été abusivement restreints à trois reprises, sans aucune explication convaincante de la multinationale et sans recours possible. C’est aussi arrivé à mon ami Jean-Dominique Michel. Cela nous a fortement découragés, mais nous avons décidé de résister. J’ai évidemment besoin de ce réseau social pour m’exprimer. 

Qui sont les intellectuels à sortir du lot ? 

Il n’y en a pas beaucoup. Michel Onfray, auteur que j’apprécie par ailleurs, m’a déçu sur la question du vaccin. Son argumentation est classique, mais selon moi ne s’applique pas à ce virus. Se faire vacciner pour partir sous les tropiques, ça n’a rien à voir avec le vaccin anti-covid. La vraie question est « pourquoi cette hystérie vaccinale pour une maladie dont plus de 99% des gens contaminés réchappent » ? Oser la poser c’est risquer la disqualification ! Cela dit, je ne suis pas un opposant à la vaccination. Je suis partisan de la liberté individuelle vaccinale quand elle est justifiée. L’autre question, ce sont les conséquences de l’obligation vaccinale par défaut, qui donnera lieu à un passeport sanitaire numérique, idée-force du « Great Reset ». La nouvelle norme anthropo-sociale arrive par le vaccin. Je m’en doutais déjà il y a huit mois d’ici. Voilà ce qui me révolte, et pas les risques d’effets secondaires du vaccin, qui ne sont pas plus dangereux que ceux d’une foule de médicaments. Rendons-nous compte que le pass sanitaire sera peu à peu obligatoire dans notre pays, et peut-être même un jour pour aller faire ses courses ! Un véritable apartheid sanitaire ! 

Est-ce que tout est déjà fichu ? 

En tant que pessimiste-réaliste-lucide de nature, je pense que c’est plié, la loi « pandémie » va probablement passer comme une lettre à la poste au Parlement. Or, c’est une catastrophe : traçage général de la population, contrôle numérique, applications obligatoires pour vivre selon la nouvelle norme sanitaire, reconnaissance faciale pour surveiller les personnes en quarantaine et même bracelets électroniques ! Le PTB et la N‑VA sont les seuls partis à s’y opposer mais ne sont pas majoritaires. Ma crainte est que la Belgique devienne un pays-pilote, comme Israël. Pourquoi ? Peut-être que parce qu’ici se trouve le siège de l’Union européenne et que nous devons montrer l’exemple. 

Comment s’y opposer ? 

Difficile. Au Parlement règne un quasi-consensus. Les tribunaux ? Je n’y crois pas, trop d’adhésion aux mesures. La peur gouverne et ça marche. Regardez l’affaire du masque en été. Si les autorités étaient capables d’imposer « ça », c’était le début de la fin et tout était envisageable. Aujourd’hui, malgré un faible nombre de décès par jour « du » et « avec » le virus sans que l’on sache la différence, nous sommes toujours dans le même régime sanitaire. La Chine avec son crédit social est le modèle dont semblent s’inspirer nos démocraties. 

À tous les échelons — du gouvernement au citoyen lambda en passant par les experts et les médias dominants ou non —, le complotisme est présenté comme un chancre rongeant le débat, la raison et la démocratie. Certes. Mais l’obsession anti-complotiste sévissant actuellement n’aboutit-elle pas aux mêmes travers, par retournement pervers ? 

Aujourd’hui, le complotisme est surtout devenu une manière de désigner et d’épingler tout esprit dissident au dogme covidiste en le condamnant à la mort sociale et professionnelle, en l’excluant, en le discréditant et en le disqualifiant. C’est une arme de destruction sociale massive utilisée par le pouvoir. Ça rappelle la psychiatrisation en Union soviétique jadis. Or, une personne désignée « complotiste » est souvent un individu de bonne foi qui fait l’hypothèse qu’il y a des gens qui complotent quelque part. Il traque les comploteurs en espérant les démasquer. Et alors ? Où est le crime ? L’histoire est jalonnée de complots historiques, tout le monde le sait ! Mais il y a surtout beaucoup de gens qui se posent de très bonnes questions sans pour autant faire l’hypothèse d’un complot. 

La « Grande Réinitialisation » de l’économie, initiée par le Forum économique mondial, est souvent classée dans la théorie du complot, alors que ses principes sont pourtant visibles et portés à l’attention de tous, sur son site et dans l’ouvrage de Klaus Schwab Covid-19 : the Great Reset. Comme disent Pièces et Main d’œuvre, tout est là, il n’y a qu’à lire… 

Les concepteurs du Great Reset expliquent eux-mêmes dans leur livre que le covid est une opportunité pour mettre en place leur agenda. Il n’y a donc pas de complot. La seule vraie question « complotiste » qui demeure est celle du lien de causalité : où est l’œuf, où est la poule ? Le coronavirus a‑t-il été délibérément « créé » en laboratoire et utilisé comme prétexte à réinitialiser le capitalisme contemporain ? C’est une hypothèse intéressante. Est-elle plausible ? Il faut l’examiner et nous ne possédons aucune preuve jusqu’à présent. Mais il n’est pas permis de poser cette question sous peine de lynchage médiatique. Une seule chose est claire, le Forum économique mondial profite de la pandémie pour implémenter l’agenda de la Grande Réinitialisation ; en effet, c’est écrit, il suffit de le lire. 

Propos recueillis par Bernard Legros en mars 2021. 

* Né à Bruxelles, philosophe (ULB) et psychanalyste. A travaillé dans le domaine des psychotropes (drogues légales et illégales, médicaments), en s’attachant à la dimension anthroposociale des usages de drogues dans une perspective géopolitique. 

Sa formation de philosophe, son expérience clinique et les conclusions de ses recherches l’ont ainsi conduit à étendre ses réflexions et sa pratique au-delà des questions liées aux usages de drogues avec un regard multiple, critique et questionnant. Plus récemment, il a publié des articles d’analyse et de réflexion sur des sujets de société qui le passionnent comme le Covid, pour Tribune Juive, Causeur, Antipress, Nexus, France Soir et Vu du droit. 

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Au nom de la science … quelle science ?

Depuis de longs mois, le coronavirus SARS-Cov19 s’est imposé dans notre vie. À ce jour, on peut dire que nous vivons un véritable bouleversement du vivre ensemble au nom d’un impératif sanitaire martelé sans répit par les responsables politiques et les experts médiatisés.

Les gouvernements européens ont tous, à des degrés divers, adopté des mesures restrictives de nos libertés visant à juguler l’épidémie ou en tout cas à maîtriser son évolution. Ces mesures ont été dans notre pays parmi les plus contraignantes, avec un bilan global qu’il serait pourtant difficile de considérer comme probant. Ce n’est pas faute d’avoir écouté les experts. Toutes ont en effet été décidées non par le gouvernement mais par un Conseil national de sécurité où siègent des médecins experts, épidémiologistes, virologues et autres spécialistes des maladies infectieuses.

Comme le proclame avec assurance notre ministre de la Santé, les décisions reposent donc sur la science. Même si cette affirmation est un raccourci, il est clair que ce sont les avis émis par des scientifiques qui déterminent les mesures dites sanitaires qui s’imposent à nous au fil des mois. Mais de quels scientifiques s’agit-il ? De personnalités qui occupent des positions institutionnelles (Ministère de la Santé) … ou bien placées au sommet dans la hiérarchie universitaire ou encore de spécialistes reconnus et à qui des tâches de gestion de la crise sanitaire ou de communication avec le grand public ont été attribuées? Tous sont supposés partager le point de vue selon lequel les orientations prises depuis l’origine de la pandémie et les perspectives qui s’offrent à nous pour l’après-pandémie sont des acquis indiscutables. Il s’agit en l’occurrence de faire accepter par une population apeurée l’idée que les décisions prises pour maîtriser la situation sont les seules possibles et que de notre soumission inconditionnelle à ces décisions, même les plus incompréhensibles, dépend notre santé et surtout celle des plus vulnérables d’entre nous. Réduire drastiquement la circulation du virus est la seule voie possible.

Au bout du tunnel, le Graal : la disponibilité de vaccins qui terrasseront ce maudit virus. Faisons confiance à la technoscience et nous serons sauvés ! Les médecins, les scientifiques ou les personnes morales qui tentent d’exprimer un autre avis sont au mieux ignorés, au pire discrédités, voire menacés professionnellement. Dans notre pays, certaines personnalités ont contesté le confinement aveugle ou l’assignation à résidence face aux écrans imposée à la jeunesse étudiante ou encore le port obligatoire du masque en milieu ouvert.

Le professeur de l’UCL, Jean-Luc Gala, spécialiste des maladies infectieuses et chef de service à la clinique universitaire Saint-Luc, dont la compétence est reconnue internationalement, s’est vu condamner par son institution pour ses interventions médiatiques jugées contre-productives et « contraires aux valeurs et au positionnement scientifique de l’institution ». JeanLuc Gala avait eu le tort de qualifier d’alarmistes les chiffres diffusés par les autorités belges et de déclarer que « la fermeture de l’Horeca ne repose sur rien ».

Chez nos voisins français, la situation n’est pas meilleure. L’autoritarisme d’État et l’académisme des élites bienpensantes y sont plus prégnants encore. Le cas du docteur Didier Raoult est emblématique du conflit qui oppose deux conceptions du rôle du médecin. Didier Raoult est un scientifique mondialement respecté pour ses travaux sur les maladies infectieuses. Mais il considère que le rôle du médecin est de soigner. Confronté à une situation d’urgence sanitaire, il a choisi de recourir à un protocole de soins qu’il juge efficace pour traiter ses patients atteints par le Covid-19 dès l’apparition des premiers symptômes cliniques. Les résultats obtenus l’ont conduit à se répandre en déclarations optimistes qui ont coalisé contre lui une meute de spécialistes et autres responsables de la santé. En cause, l’hydroxychloroquine, qu’il préconise en couple avec l’antibiotique azithromycine, jugée inefficace voire dangereuse. Une étude internationale frauduleuse et reconnue comme telle par la revue prestigieuse The Lancet qui l’avait publiée, a contribué à discréditer Didier Raoult et pire, à interdire le traitement qu’il préconise dans son pays et, par ricochet, dans certains pays voisins, comme la Belgique.

Mais Didier Raoult, traîné devant l’Ordre des médecins de son pays, n’en démord pas ; il considère en effet qu’un médecin, en conformité avec le serment d’Hippocrate, doit soigner. L’hydroxychloroquine est un médicament utilisé depuis des décennies même s’il n’est pas officiellement autorisé contre un virus nouveau ; il ne présente pas de risque par rapport au traitement de la maladie en phase initiale, tel qu’actuellement recommandé. Celui-ci consiste en effet à ne rien faire sinon à recourir au paracétamol pour faire tomber la fièvre.

On est en complète absurdie. Soit on choisit l’absence de traitement en médecine ambulatoire et on attend des jours meilleurs avec le risque d’aggravation qui s’ensuit et l’hospitalisation soit on traite avec un médicament non officiellement approuvé qui présente le risque d’être efficace et même d’éviter l’hospitalisation et surtout le passage en soins intensifs … alors que les hôpitaux sont submergés ou en voie de l’être.

On est en droit de s’interroger sur les vraies raisons de cette attitude. Elles sont plurielles.

Le professeur Raoult fait de l’ombre aux conformistes, pour lesquels le respect des règles, même lorsqu’elles sont stupides, passe avant tout. Didier Raoult affiche ouvertement son anticonformisme ; donc il déplaît et surtout suscite la jalousie.Le traitement qu’il préconise est peu coûteux. S’il s’avère efficace, c’est un marché potentiel qui s’effondre pour les groupes pharmaceutiques à l’affût.La mise sur le marché d’un médicament passe par des études en double aveugle qui, bien exécutées, permettent de conclure à l’efficacité statistique dudit médicament. Cette méthodologie est bien adaptée à la production industrielle. Mais elle exige de gros moyens financiers et beaucoup de temps. En outre, elle pose un problème éthique fondamental, en ce sens qu’elle compare deux groupes de patients, l’un des deux ne recevant qu’un placebo. Elle implique donc de choisir de laisser volontairement sans traitement des patients malades alors qu’il n’y a pas d’alternative.

Le professeur Luc Montagnier est lauréat du prix Nobel de médecine pour sa découverte du virus du sida. C’est une personnalité attachante, d’une grande ouverture d’esprit. Préoccupé par l’origine de la pandémie et du coronavirus impliqué, il, a osé, sur base d’observations de laboratoire de génome du virus, émettre l’hypothèse d’une origine artificielle de celui-ci. C’en était trop pour affronter la meute des journalistes de révérence et des experts en cours.

Mettre en cause un laboratoire s’apparente à un sacrilège pour l’église technoscientiste qui dit ce qu’il faut penser et surtout ce qu’il est interdit de penser. De chercheur de génie, respecté et même vénéré, Luc Montagnier est devenu un personnage controversé et peu crédible. Son hypothèse n’est pas recevable… surtout qu’elle émane de quelqu’un qui perd la tête… Pensez-vous ! Il a été jusqu’à se prononcer publiquement contre l’extension de l’obligation vaccinale en France pour les jeunes enfants, sous prétexte que leur système immunitaire en formation risque d’être gravement perturbé. Par ailleurs, il se prononce régulièrement en faveur de traitements naturels des populations africaines menacées par le SIDA. Grâce notamment à la nutrithérapie et, plus simplement, à un apport régulier en fruits et légumes frais, il est possible de réduire l’incidence du SIDA. Tout cela ne fait pas très sérieux aux yeux des gardiens du Temple de la médecine orthodoxe, soumis aux lobbies pharmaceutiques.

Luc Montagnier a le courage de tenir, avec l’autorité morale dont il bénéficie, des propos qui dérangent, menacent de gros intérêts financiers et bousculent les certitudes des technoscientifiques. Il ose maintenant mettre en doute la sécurité d’un laboratoire de recherche sur les virus. C’en est trop, surtout pour la hiérarchie française, sachant que le laboratoire P4 de Wuhan a pu s’équiper et démarrer grâce à la coopération française. Je n’ai pas la compétence pour juger de la pertinence de l’hypothèse de Luc Montagnier. J’entends des spécialistes rejeter cette hypothèse sur base d’arguments crédibles. Ce qui est sûr c’est qu’avant même toute analyse sérieuse une hypothèse est rejetée parce que politiquement incorrecte. Son auteur doit donc être discrédité et ses compétences scientifiques mises en cause !

Comme Luc Montagnier, Christian Perronne est un homme respecté comme médecin, scientifique rigoureux et aussi reconnu pour ses qualités humaines. Chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches, il considère que la gestion de la pandémie a été et reste calamiteuse dans son pays. Il dénonce depuis des mois la politique de la peur qui hypnotise ses concitoyens. Il s’est à nouveau exprimé récemment en termes non équivoques sur les mesures sanitaires en vigueur en France. Il considère que « les mesures sanitaires devraient être ciblées pour protéger les personnes à risque, les dépister et les traiter le plus tôt possible dès le début des symptômes par l’hydroxychloroquine et l’azithromycine dont l’efficacité et l’innocuité sont largement confirmées, si on donne le traitement précocement. Beaucoup de décès auraient pu être évités. Or, on a dissuadé les médecins généralistes et les gériatres de traiter. Dans ce contexte, continuer à persécuter nos enfants derrière des masques inutiles reste incompréhensible. Toutes ces mesures sont faites pour que les Français réclament un vaccin. Or quel est l’intérêt d’un vaccin généralisé pour une maladie dont la mortalité est proche de 0.05% ? Aucun. Cette vaccination de masse est inutile. De plus, les risques de la vaccination peuvent être plus importants que les bénéfices ».

Que conclure ? Certainement pas qu’il faut contester a priori toute décision basée sur les connaissances scientifiques. Mais il est essentiel de s’entendre sur le concept de connaissance scientifique. Non seulement la connaissance, dans une discipline donnée, évolue au fil du temps mais, en outre, elle est toujours dépendante de l’esprit du temps et de présupposés ou postulats qui n’ont rien de scientifique. En clair, la connaissance scientifique n’est pas neutre. Elle peut être au service de l’intérêt général mais elle peut être aussi un instrument de pouvoir, capable de faire taire toute velléité de contestation et surtout de soumettre les citoyens. Dans le cas présent, le terme « science », utilisé par le Ministre de la santé doit être plus correctement remplacé par « technoscience ». Il s’agit d’une science au service de la technique et, plus précisément, du développement technologique industrialiste.

On est vraiment dans l’idéologie. Les scientifiques crédibles sont ceux qui adhèrent, même sans en être conscients, à cette vision du monde. Toute solution ne peut venir que de produits industriels à consommer, ce qui est bien le cas des vaccins. La prévention, la prise de compléments alimentaires ou le recours à des médicaments hors brevet sont des voies à ignorer voire à moquer.

Enfin, il est fondamental de rappeler que la médecine n’est pas une science. C’est un ensemble de pratiques, certes basées sur les connaissances scientifiques, visant à soigner. La médecine implique donc la prévention, le soin, l’attention et le traitement après consentement éclairé du patient. Le consentement éclairé ne peut être le résultat d’une propagande unilatérale, masquant les effets indésirables et les inconnues.

Paul Lannoye, membre du bureau du Grappe, docteur en sciences physiques

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L’addiction aux nouvelles technologies n’a rien de naturel

Il est des raisonnements tout faits qui circulent comme un flot d’évidences dans nos sociétés. Qu’ils soient vrais ou faux importe peu à la plupart des gens, l’important étant de se joindre au murmure de fond (d’écran) idéologique sans avoir à s’interroger sur son sens véritable. Depuis plus d’un siècle, il en est ainsi de la confusion fréquente entre progrès technique et progrès humain[note], l’un devant nécessairement entraîner l’autre dans un ballet que beaucoup s’imaginent spontané, naturel et heureux tel un couple enlacé dansant le tango des lendemains qui chantent.

Dans cette fable contemporaine, les jeunes sont souvent pris en exemple pour leur ouverture d’esprit à l’égard des nouvelles technologies,  notamment  pour  leur  engouement  vis-à-vis  du monde digital et ses plus beaux atours numériques : tablettes et smartphones, objets connectés et intelligence artificielle, robots et réseaux sociaux… Incarnation vivante de l’avenir, les jeunes seraient naturellement portés vers les nouvelles technologies, qu’ils apprécieraient et maîtriseraient beaucoup plus facilement que les adultes.

DES JEUNES ÉNAMOURÉS DE NOUVELLES TECHNOLOGIES ?

Mais ce point de vue est erroné : les jeunes n’ont pas une connaissance innée des nouvelles technologies. Souvent, leurs compétences en la matière sont étroitement liées aux applications et logiciels qu’affectionne leur tranche d’âge, mais deviennent faméliques ou nulles dès qu’on les sort des ornières confortables de leurs habitudes. Ainsi, plus d’un parent — prenant son adolescent pour un génie des outils digitaux — a eu la surprise d’un jour monter subitement en grade lorsque son jeune prodige est venu réclamer son aide pour… envoyer un mail ou utiliser un traitement de texte ! Preuve par l’absurde que les jeunes ne sont pas prédisposés au progrès technique : comme tout le monde, ils apprennent à faire avec au contact d’autrui, et leur seul avantage sur les adultes est d’avoir des comportements plus souples et malléables car non encore forgés par des décennies d’habitudes.

Par ailleurs, leur attachement supposé aux outils high-tech est surtout motivé par l’envie d’avoir des contacts sociaux. D’une certaine manière, leur virtuosité à faire usage des réseaux sociaux est comparable à l’apprentissage du langage chez les oiseaux chanteurs (étourneaux, merles, mésanges, pinsons, rouges-gorges…) : c’est en imitant des congénères plus expérimentés que les jeunes apprennent à composer des chants mélodieux et communiquent les uns avec les autres ; privé de tuteur, aucun oiseau n’est capable de chanter correctement ! Qui plus est, les imitations mutuelles de chants sont souvent le signe d’un grand attachement affectif. Ainsi, la capacité des perroquets à imiter parfaitement les voix (pas seulement humaines) tient à leur manière de consolider des liens durables : en s’imitant mutuellement, la femelle et le mâle marquent leur envie conjointe de former un couple monogame pour la vie. De même, chez les singes siamangs d’Indonésie, le mâle et la femelle entonnent des chants en duo tous les matins duos d’autant plus harmonieux que les partenaires tiennent l’un à l’autre depuis longtemps.

DU BESOIN DE VRAIES RELATIONS SOCIALES

Il y a quelque chose de semblable dans « l’amour » des jeunes (et des adultes) pour les nouvelles technologies. Ce qui les intéresse n’est pas tant de faire joujou avec des nouveautés techniques, mais bien de s’insérer socialement par imitation et adoption des comportements en vogue autour d’eux. Évidemment, si certains outils permettent de communiquer intensément — c’està-dire tous les jours, à n’importe quelle heure, qu’on soit à l’école ou chez ses parents —, ils deviendront vite prisés des tribus adolescentes. Un âge où l’on a besoin de s’affirmer, si possible en intégrant une bande d’amis à laquelle on puisse totalement s’identifier. Et si des réseaux sociaux permettent aux jeunes de relever des défis sur TikTok, d’afficher leurs opinons sur Twitter ou de suivre les influenceuses en vogue sur les réseaux sociaux, il est évident qu’être connecté devient un enjeu vital non parce qu’on aime ça en soi, mais bien pour être comme les autres. Pour ne pas se sentir mis de côté.

Prenons à témoin une chanteuse à qui les réseaux sociaux ont plutôt réussi : Angèle. Dans sa chanson La Thune, les réseaux sociaux ne sont pas un lieu de libre-expression désintéressée. Ils sont le miroir dans lequel chacun cherche à exister aux yeux des autres, raison pour laquelle « tout le monde il veut seulement la fame, et seulement ça, ça les fait bouger, bouger leur cul le temps d’un verre, photos sur Insta c’est obligé, sinon au fond à quoi ça sert, si c’est même pas pour leur montrer ? » Par ailleurs, le temps passé en ligne est loin d’être une source d’épanouissement pour tous, et même les chanteuses à la mode disent parfois : « À quoi bon ? T’es tellement seule derrière ton écran. Tu penses à ce que vont penser les gens. Mais tu les laisses tous indifférents. » Dans ce miroir aux illusions, le rituel de la connexion tient autant de l’envie personnelle que de l’obligation sociale (comment ne pas être là où tout le monde est présent ?), même si au fond personne n’est dupe du simulacre de relation sociale qu’offre le monde digital.

En témoigne le long « hiver social » dans lequel nous a plongés le coronavirus (ce petit être invisible qui remet l’humain à sa place de maillon, modeste et fragile, au sein des écosystèmes[note]). Si les pratiques de confinement nous affectent tous, la génération des 15–25 ans est particulièrement touchée car c’est l’âge où la sociabilité repose beaucoup sur de nouvelles rencontres. Or, s’il est une chose qui crève les yeux, c’est l’insatisfaction totale des jeunes à confiner tous leurs échanges quotidiens dans les pixels numérisés de tuyauteries digitales. Il y manque trop de choses : le geste, le regard, le toucher, l’interaction véritable que constitue la présence physique d’autrui pour ressentir ses émotions aux vibrations de sa voix, au mouvement de ses yeux, à ses rires ou aux postures de son corps. Espèce empathique, nous avons besoin de ces ingrédients générés par des rencontres réelles, non distancielles, pour alimenter la richesse de nos relations sociales. Face à cette réalité ancestrale, le monde digital n’est qu’un succédané insatisfaisant par lui-même.

QUI MAÎTRISE VRAIMENT LES OUTILS DIGITAUX ?

Toutefois, cet ersatz de relation humaine n’est pas sans conséquences  sur  le  monde  qui nous  entoure.  À  l’heure du réchauffement climatique, la profusion de réseaux digitaux et d’objets connectés aggrave furieusement les désastres environnementaux — comme en témoignent le livre La face cachée du numérique (de Fabrice Flipo, Marion Michot et Michelle Dobré) — l’émission « Cash Investigation » consacrée aux Secrets inavouables de nos téléphones portables, ou encore les recherches de Babette Porcelijn sur Notre empreinte cachée (tout ce qu’il faut savoir pour vivre d’un pas léger sur la Terre). Mais la pollution numérique est aussi mentale : des arnaques-on-line au revenge porn, on ne compte plus les activités toxiques sur Internet. D’une brutalité extrême, le cyber-harcèlement peut déstabiliser jusqu’aux plus expérimentés utilisateurs, et anéantir des victimes moins solides qui — éprouvées par l’enfer du harcèlement en ligne — ne trouvent qu’une manière de se déconnecter : le suicide[note].

Endiguer de tels drames ne se fait guère en un tour de main. Prenons le harcèlement scolaire : il faut du temps pour prendre conscience du problème. Il en faut également pour imaginer des solutions adaptées que ce soit au niveau familial, scolaire, institutionnel ou politique. Tant d’acteurs sont impliqués : élèves (bourreaux comme victimes), parents, corps enseignant, directions scolaires, ministère de l’éducation, associations d’aide à la jeunesse, institutions judiciaires, partis politiques… Si l’on veut juguler le problème de façon efficace, du temps est nécessaire.

BEAUCOUP DE TEMPS…

Mais le temps manque cruellement. Car sitôt un seuil franchi dans la numérisation du monde, l’étape suivante s’impose en force avec l’introduction de la 5G aujourd’hui, et l’avènement d’un état électronique voulu par l’actuel gouvernement belge. Il est vrai que ce dernier s’inscrit dans le sillage de la stratégie digitale européenne, laquelle est elle-même amarrée aux demandes politiques d’influents lobbies d’affaires comme Digital Europe (porte-voix de l’industrie numérique auprès de l’Union européenne) ou GS1 (gestionnaire mondial du code-barres, et artisan discret de l’Internet des objets). Par leur biais, les empires marchands numériques exigent non seulement de consacrer l’argent public de nos impôts à la construction d’une immense toile d’araignée numérique (infrastructures digitales, 5G, attribution de fréquences radios…), mais aussi d’y emprisonner — de gré ou de force — nos corps biologiques et les moindres instants de notre vie[note]. Amours, amitiés, hobbies, boulot, déplacements, coordonnées privées, affinités sexuelles, produits consommés, livres lus, repas avalés, sites Internet consultés, données de santé ou d’ADN, convictions politiques et religieuses : chez nous, en nous, tout les intéresse ! Car plus nombreuses et précises seront les données captées dans leurs silos électroniques, plus gros seront leurs profits…

Autant dire qu’ils se proposent de transformer l’entièreté de la planète en salle d’interrogatoire high-tech, dans laquelle nous devrons livrer (consciemment ou non) toujours plus de données personnelles. En d’autres temps, en d’autres lieux, on aurait nommé ça le délire inquisiteur d’une quelconque dictature. Dans le cas présent, le bruit de fond idéologique préfère encenser la « liberté d’entreprendre », — souvent en omettant de préciser le soutien actif des gouvernements. Mais pour quels lendemains ?

Peut-être ceux que Jonathan Crary redoute dans son livre Le capitalisme numérique à l’assaut du sommeil ?

En tout cas, ce n’est pas pour nos libertés individuelles : car pourquoi mettre la charrue du « progrès technique » en mode TGV, alors que notre faculté d’adaptation est liée au rythme plus lent, mais courageux, des débats démocratiques ?

Bruno Poncelet

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« Il s’agit de réparer le crime fait à l’humain »

Face aux violences racistes, aux droits niés, aux crimes perpétrés pendant plusieurs siècles dont les conséquences se font encore sentir, les demandes de justice et de réparations sont régulièrement mises en avant. Elles le sont d’autant plus depuis juin et les manifestations liées aux crimes policiers aux Etats-Unis. Dans cette interview, effectuée début février 2020, Mireille Fanon tient des propos concrets face à une réalité niée depuis trop longtemps, alors que ceux-ci pouvaient apparaître radicaux il y a quelques mois encore.

Kairos : Dans le cadre de ses travaux le WGEPAD[note] a‑t-il eu un projet de résolution concernant des réparations ?

Mireille Fanon : À l’heure actuelle, aucune institution multilatérale ne demande des réparations pour les crimes contre l’humanité et de génocide commis lors de la traite transatlantique négrière, de la mise en esclavage et du colonialisme. Les États savent très bien que demander des réparations pour ces crimes ou accepter que des organisations ou des États en demandent, les forceraient à questionner les structures du système dominant, ce qui dans le système capitaliste libéral blanc est impossible. C’est bien pour cela qu’il y a un consensus pour laisser hors de la sphère politique le processus de réparations. On consent à des événements mémoriels, à des plaques et peut-être prochainement à des rues ou des statues. Il y a des initiatives comme la Route de l’esclavage, mais cela ne s’inscrit pas dans une demande de réparations, peut-être que de manière sous-jacente, cette question était dans l’esprit de ceux qui ont travaillé sur un tel projet. Mais on peut s’interroger si à partir de ce projet, il ne s’agit pas plus de situer, à travers l’éducation, géographiquement des faits historiques qui ont façonné la société actuelle ? Ce qui n’est pas rien, mais l’humanité a besoin d’aller beaucoup plus loin si elle veut se réconcilier avec elle-même.

La question des réparations a été portée lors de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance associée (Durban 2001), mais les États anciennement esclavagistes et colonialistes ont cherché tous les moyens possibles, dont la question de la Palestine, pour délégitimer cette demande introduite par des États africains pour que l’ensemble de la conférence soit un échec.

De 2011 à 2017, la question des réparations a été portée par certains membres du WGEPAD, essentiellement par deux d’entre eux, au point qu’elle a fait l’objet d’échanges vifs. Cette demande a fini par être entendue, mais elle est toujours l’enjeu d’une politique politicienne et donc de rapports de force entre certains États. Les plus virulents contre toute discussion sont les Occidentaux et selon le gré du vent les autres pays sont ou pour ou contre.

Au niveau des Caraïbes, n’y a‑t-il pas eu des relances ?

En 2013, les chefs de gouvernement de la CARICOM (Caribbean Community) ont créé la Commission des réparations de la CARICOM (CRC) car c’était pour eux une question de premier plan. Un plan d’action en dix points pour la justice réparatrice a été élaboré et approuvé par les chefs de gouvernement en mars 2014 ; il sert de base aux discussions sur les réparations.

En janvier 2015, le Parlement de la Jamaïque a soutenu une motion présentée à la Chambre pour demander des réparations à la Grande-Bretagne. Rappelons-nous qu’en 2007, le Premier ministre britannique, Tony Blair, a qualifié la traite négrière transatlantique de « commerce honteux » et de « crime contre l’humanité ». Il a reconnu, et cela est à souligner, que nous ne cessons de souligner que les pays anciennement esclavagistes et colonialistes doivent leurs richesses au commerce des mis en esclavage et au pillage systématique des territoires qu’ils ont acquis par le vol et la violence, ce qui en droit est un crime‑, que la « prééminence internationale » de la Grande-Bretagne a été « partiellement dépendante d’un système colonial de travail d’esclaves ».

En 2015, lors d’une visite du successeur de Tony Blair au poste de Premier ministre, la première en 14 ans en Jamaïque, David Cameron, reconnaissant que « slavery was abhorrent in all its forms[note] », a concédé, en termes de réparations, une aide de 25 millions de livres pour construire la nouvelle prison de la Jamaïque. Il avait, peu de temps auparavant, proposé que les Jamaïcains  condamnés  en  Grande-Bretagne  soient renvoyés à la Jamaïque pour y accomplir leur peine de prison. À cette somme, étaient ajoutés 300 millions de livres pour l’ensemble des Caraïbes pour la construction d’infrastructures, tout en soulignant bien qu’ « I hope that, as friends who have gone through so much together since those darkest of times, we can move on from this painful legacy and continue to build for the future.[note]” Selon lui, cette visite avait pour but de « reinvigorate ties between the countries, and that he wanted to concentrate on future relations rather than centuries-old issues[note] ». Mais, évidemment, il n’a prononcé aucune excuse pour les crimes contre l’humanité commis.

Notons au passage, que l’on ne cesse d’entendre des excuses, des regrets pour les crimes de guerre et de génocide commis contre les 6 millions de personnes durant la Seconde Guerre mondiale, mais si peu pour les plus de 10 millions de personnes arrachées à leur continent, tuées, violées, déshumanisées et privées de leur dignité par un système qui n’a jamais, dans ses aspects idéologiques, cessé d’empoisonner les relations à l’Autre, de détruire le sens de l’altérité entre les humains. Nous en sommes toujours là.

Concernant le rapport Savoy-Sarr intitulé Restituer le patrimoine africain, ne pensez-vous pas que cela peut être une façon « douce » d’aborder la question des réparations pour les crimes commis pendant la colonisation ?

Non, car si c’était le cas cela aurait déjà dû avoir lieu. Face à la violence exercée contre les corps noirs, quelle que soit sa forme, il n’y a d’alternative que d’affronter les questions liées aux demandes légitimes de réparations. Bien sûr, on peut rendre les œuvres d’art volées par les pays colonisateurs, mais cela ne rendra jamais la dignité aux corps offensés, déshumanisés et désacralisés de nos ancêtres, cela ne rendra jamais les terres volées et pillées, cela ne mettra jamais fin au mal développement du continent africain et des afro-descendants qui sont considérés comme des non-êtres et vivent dans les zones périphériques que leur concèdent ceux qui n’ont jamais cessé de les oppresser. C’est bien de rendre les œuvres volées, et cela aurait déjà dû être fait, mais cela ne pourra jamais être pour solde de tout compte.

Ce ne sont pas seulement des objets qui ont été volés, c’est bien ce que soulignent les rédacteurs du rapport Restituer le patrimoine africain : vers une éthique relationnelle[note] : « Ce ne sont pas seulement des objets qui ont été pris, mais des réserves d’énergies, des ressources créatives, des gisements de potentiels, des forces d’engendrement de figures et de formes alternatives du réel, des puissances de germination ; et cette perte est incommensurable parce qu’elle entraîne un type de rapport et un mode de participation au monde irrémédiablement obérés ».

En mettant en esclavage, en déshumanisant, en violentant des millions d’Africains, les Européens ont effectivement brisé des « … réserves d’énergies, des ressources créatives (…), des puissances de germination ».

On peut penser que si cela n’a toujours pas été fait c’est tout simplement que l’ancien colonisateur ne veut pas s’avouer colonisateur et ne trouve rien de répréhensible à cette politique de domination sur des êtres; peu importe que le président français se soit élevé, en Algérie, contre le colonialisme en 2017 : « C’est un crime. C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes ». Des excuses oui, des actes décoloniaux fondateurs avec l’objectif de changer les relations à l’Autre, certainement pas.

Pourtant, à travers les arguments juridiques de recel et de blanchiment, n’a‑t-on pas une porte d’entrée pour ouvrir le débat sur les réparations pour les crimes commis pendant la colonisation ?

Pourquoi pas ? Tout cela participe, en tout cas, à mettre à jour les rapports pervers et coloniaux, mais ne touche en rien la question des réparations pour crimes contre l’humanité et de génocide. Cela pourrait être complémentaire, mais il faut être très vigilant à ne pas masquer le processus de réparations. Jusqu’alors, ayant suivi de nombreux débats sur la dette illégale dans différents contextes, je ne peux que constater que les réparations n’ont jamais été abordées. Il ne s’agit pas seulement de réparer les crimes de meurtres, de vol et de pillage, il s’agit essentiellement de réparer le crime fait à l’humain et par conséquent à l’humanité. Cette humanité a basculé dans des politiques mortifères depuis ce qu’il est convenu d’appeler « les grandes découvertes ». Il faut bien en prendre conscience. En fait, plutôt que de parler de « grandes découvertes », il faudrait préciser qu’à partir de 1492, l’humanité a connu une grande catastrophe à la fois métaphysique et démographique. À ce sujet, il faut refuser le storytelling visant à faire de la catastrophe humaine mise en place lors de la Seconde Guerre mondiale, l’unique épreuve dans l’histoire de l’humanité. « La possibilité de l’impossible » avait déjà eu lieu et depuis 5 siècles, aussi bien de nombreux historiens que des philosophes, des intellectuels et des politiques ont fait et continuent de faire tout ce qui est en leur possible pour donner une autre interprétation de ce que fut cette catastrophe, quitte à s’arranger avec les faits. Voire même pour certains[note] à s’inscrire dans un consensus négationniste.

C’est à partir de cette meurtrière épopée coloniale qu’a été entérinée la politique de la race – concept socialement construit – comme moyen de diviser l’humanité, ce qui constitue un crime contre l’humanité elle-même, contre les noirs, contre les peuples indigènes de l’Amérique du Sud et du Nord ; un crime que les blancs sans s’en rendre compte ont aussi commis contre eux-mêmes.

Ce que nous devons par le processus des réparations est de restituer son humaine humanité à une humanité dominante, violente – une inhumaine humanité – qui gouverne les peuples en imposant sa modernité euro-centrée et sa croyance fantasmée en la suprématie blanche. Les blancs ont perdu, en esclavagisant les noirs de l’Afrique et en tuant les indigènes, le sens de l’autre, l’Amour de l’autre, c’est ce que Frantz Fanon appelle de ses vœux : « Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve (…) Supériorité ? Infériorité ? Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l’autre, de sentir l’autre, de me révéler l’autre ? »[note]

Tant que nous ne passerons pas par ce processus, notre humanité sera orpheline d’elle-même, tentera vainement d’inventer de nouveaux droits, alors que le besoin essentiel est d’en finir avec le racisme biologique qui a impacté la structure profonde des États anciennement esclavagistes et colonisateurs.

On peut nous rétorquer que ce type de racisme n’existe pas ou qu’il ne s’agit que de discrimination raciale de type individuel. Prenons la police, si elle s’autorise à commettre des crimes à l’égard des corps noirs (j’inclus aussi les Arabes), c’est bien que ce racisme est profondément ancré dans l’inconscient collectif de nos sociétés. Ce racisme structurel fonctionne comme un système –il n’y a qu’à étudier le nombre d’incarcérations, de personnes sans emploi, mal logées, mal soignées, le nombre de pays dont les richesses sont pillées et dont les peuples vivent dans une grande pauvreté pour voir, si on le veut bien, que c’est bien la présence, dans l’idéologie prônée par le capital et la financiarisation du monde, d’une perception dominante des êtres sur les non-êtres. Ce qui est intéressant à remarquer c’est que ce sont ces 1% du système capitaliste libéral qui maintiennent les 99% dans des zones de non-être. Parmi ces non-êtres, il y a tous ceux qui partagent l’histoire de cette humanité mortifère avec la traite négrière transatlantique, la mise en esclavage, la colonisation et le colonialisme et qui sont, de facto, au bout du bout de l’échelle.

Si l’on veut une humanité humainement soutenable, il faudrait que tous ceux travaillant sur les questions de blanchiment et de corruption lient ce travail à l’incontournabilité du besoin fondamental de réparations. Sinon, une fois encore, on se contentera d’un cautère sur une jambe de bois.

C’est bien ce qu’a souligné le rapport Savoy-Sarr, n’y est-il pas fait mention d’un passage obligé par les réparations ?  Cette étape est humainement indispensable si l’on veut aborder non seulement la question de l’humain – humain et non ennemi – où il n’y a plus aucune raison de penser l’autre en termes de hiérarchisation et si l’on veut que les relations internationales ne soient plus hégémoniques, mais respectueuses d’un droit international qui ne soit ni déstructuré ni délégitimé par ceux qui se considèrent les maîtres du monde parce que blancs. On voit bien, dès lors, que les réparations sont un processus politique qui force à analyser les éléments fondateurs de la racialisation et de son rapport avec le capitalisme, mais aussi les conséquences sur les personnes racialisées. Si ces étapes sont disqualifiées, comme il y a tendance à le faire, il y a fort à parier que ni l’éducation, ni les dates anniversaire ni les balades décoloniales ne suffiront. Le racisme structurel continuera d’irriguer les rapports sociaux, culturels, économiques et environnementaux.

La « clôture » de la séquence de la mise en esclavage, qui ne fournissait plus ce que les États et les esclavagistes espéraient en termes de profit, a ouvert les portes à la colonisation. La clôture de la séquence esclavagiste en raison de la couleur de peau, les indépendances acquises le plus souvent dans le sang et le bruit des armes n’ont pas mis fin au paradigme de la domination à partir de ce que les Nord-Américains nomment the color line. On est passé à la séquence de la colonisation du continent à partir duquel avaient été mis en esclavage des millions d’êtres. L’idéologie n’a que changé d’objet, et encore si peu. On en est toujours là.

Pourrait-on comparer la période de l’abolition de l’esclavage (en sachant qu’il y a eu d’autres formes de servage) à la période coloniale prolongée ensuite par le système-dette et la tutelle des institutions financières internationales ?

Je voudrais d’abord souligner que l’on ne peut/ne doit pas considérer que la mise en esclavage est une forme de servage. Non, on parle de déshumanisation, de déni du droit à la vie, de la perte d’identité au nom d’une supériorité supposée des blancs. On parle d’un corps qui n’appartient plus à celui qui l’habite et le vit, qui est non seulement la propriété du maître, mais une marchandise.

Dans le cas de la colonialité du pouvoir qui s’exerce dans le cadre de relations internationales, on perçoit bien que les corps noirs sont juste tolérés. Il n’y a qu’à regarder comment le continent est considéré. Cela est un affront à une humanité qui prétend œuvrer pour la dignité et l’égalité des droits et plus encore pour l’universalité des droits. Il s’agit d’un énième mensonge !

La dette ne pose pas la même problématique ; elle pose la question d’une dette soi-disant due par des peuples mal développés à ceux qui les dépouillent et les tuent, si cela est nécessaire. Ce type de dettes ayant été mis en place par les anciens colonisateurs pour maintenir leur joug sur les peuples ; mais un joug présenté comme « démocratique », pour le bien des peuples pour la transparence et contre la corruption. La violence du joug colonial a été transformée sous une forme plus acceptable pour les peuples du Nord qui regardent, encore trop souvent, les peuples du Sud d’une manière paternaliste pour ne pas dire plus…

Travailler sur la dette suppose peut-être de s’interroger sur l’origine de ce procédé. On découvrira que les États esclavagistes, au moment des abolitions, dans le courant du XIXe siècle, ont considéré qu’ils avaient une dette uniquement à l’égard des propriétaires des mis en esclavage et non à l’égard de ceux qui ont subi pendant plus de 400 ans cette mise en esclavage. Ainsi la France a payé des compensations[note] aux colons laissant les anciens mis en esclavage, parce qu’ils n’avaient d’autre solution, obligés de travailler sur les plantations de leurs anciens maîtres, pour un salaire de misère. Ils sont devenus les travailleurs précaires de leurs anciens bourreaux. La dette consiste à mettre à genou, et surtout à les laisser dans cette posture, les peuples qui auraient la velléité de demander des comptes sur les terres qui leur sont volées, sur les richesses naturelles qui sont pillées par des transnationales et sur les politiques économiques qui leur sont imposées à coup de programmes d’ajustement structurel ou d’accords iniques. Le cas le plus emblématique est celui d’Haïti. Ce sont les victimes de la mise en esclavage qui sont maintenues dans un statut de précarité immonde et ce sontles pays anciennement colonisés qui doivent payer des dettes à leurs anciens colonisateurs. Rien n’a changé et l’humanité n’a surtout pas changé le paradigme de domination qui s’inscrit dans un rapport de production en faveur de l’esclavagiste et du colon.

Cessons d’être naïfs et comprenons que le système capitaliste dans lequel nous vivons est né de la division de l’humanité imposée par l’idéologie de la race comme marqueur social et plus même comme droit à la vie. Les colons esclavagistes avaient droit de vie et de mort sur les mis en esclavage ; le Code noir élaboré par Jean Baptiste Colbert (1685), dont la statue vient d’être repeinte en rouge par un militant de la BAN[note], précise le lieu épistémologique où devaient être maintenus les mis en esclavage « déclarons les esclaves être meubles[note](…). C’est cela qu’ont permis les dites “Grandes découvertes” ».

En Libye, lorsque des migrants[note] sont vendus comme l’étaient nos ancêtres, cela émeut un temps, mais personne, et surtout pas la France, patrie auto-proclamée des droits de l’homme, ne mène campagne pour que cette ignominie cesse ; au contraire elle vend des armes[note] à l’un des camps. Aux États-Unis, au Brésil, en France, en Europe plus généralement, ce sont les afro-descendants (dans ce terme j’inclus toutes les personnes issues du continent africain, du nord au sud) qui sont les premières victimes des violences policières.

Quand vous annoncez définitivement : « Les noirs sont vus comme inférieurs et ne sont pas considérés comme des êtres humains », vous construisez un inconscient putatif autour de cela.

Ce n’est pas moi qui construis cet inconscient putatif ; il est là de facto depuis plus de 400 ans. Il se traduit par l’invisibilisation des corps noirs, le silence sur leurs revendications pour leur droit à la dignité. Leur alternative : la mort. Et c’est hélas ce que nous sommes obligés de constater en analysant le nombre d’incarcérations, d’abandons scolaires, de personnes victimes ou d’une santé problématique ou de perte d’emploi ou de sous-emploi dans de nombreux pays anciennement esclavagistes et colonialistes.

Nous en avons eu une preuve supplémentaire avec le coronavirus[note] qui touche les plus précaires, et principalement les afro-descendants et les Afro-Américains.

Y a‑t-il eu des tentatives de dialogue entre les différents groupes de travail pour collaborer ensemble ?

On n’en est pas encore à la convergence des luttes. Il faudrait déjà que tous ceux qui se disent anti-racistes définissent exactement ce qu’ils entendent par anti-racistes. Tout le monde se déclare antiraciste. C’est autre chose d’assumer s’inscrire dans un processus dépendant totalement de l’antiracisme politique. C’est-à-dire que je ne dénonce pas seulement les discriminations de classe, mais aussi celles concernant la racialisation touchant les afros-descendants et les Africains qui sont bel et bien des personnes racisées. Ce que ne sont pas et n’ont jamais été les blancs. Lorsque l’on entend des intellectuels affirmer qu’il y a émergence d’une nouvelle forme de racisme : celui touchant les blancs, on croit rêver devant de telles inepties et de telles méconnaissances de ce que signifie être racisé. La particularité du système qui a installé la traite négrière transatlantique, la mise en esclavage et le colonialisme est qu’il s’est construit sur le paradigme de la domination dans lequel les blancs se sont arrogé les fonctions de la domination telles que définies par Robert Kurz.

Propos recueillis par Robin Delobel, retranscription Dounia Dorkenoo

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L’individualiste soumis

« Il est pitoyable d’entendre les autorités politiques et éthiques en appeler à la responsabilité des citoyens après leur avoir inoculé depuis des années une culture individualiste[note] »,Roland Gori

Sacrée modernité tardive, tu ne cesseras de nous étonner ! Depuis l’évangile selon saint Adam Smith prononcé en 1776, nous avions affaire à homo œconomicus, celui qui calcule rationnellement ses intérêts ; à la révolution industrielle, homo technologicus avait confié son destin à la Megamachine, attendant d’elle l’accomplissement du Pro- grès ; il y a une soixantaine d’années, homo consumens avait commencé, tel un zombie des films de George Romero, à hanter les allées des supermarchés, les halls des concessionnaires automobiles et les salons de la construction ; et le nouveau millénaire a vu l’avènement d’homo numericus, dernier avatar d’homo technologicus.  Comme dans le cas des différentes énergies (fossiles, nucléaire, renouvelables) ou des ondes électro-magnétiques (1, 2, 3, 4, 5G), un type d’homo n’a pas chassé le précédent mais s’y est superposé. Est-ce tout ? Non. Le malicieux coronavirus a sécrété l’individualiste soumis[note], oxymore dont notre époque postmoderne a le secret. Robert Nozick doit se retourner dans sa tombe ! « Voyez-vous, Madame, il n’est pas question que je renonce à mes vacances, et pour cela je me plierai à tout ce que les autorités décideront pour ma sécurité, ainsi que celle de mes contemporains, dont je suis solidaire. J’irai même au-devant des mesures gouvernementales, je porterai le masque deux fois plutôt qu’une, dès que je mettrai le nez dehors, et je finirai par le garder aussi à la maison. Ainsi, nos responsables politiques auront les mains libres pour continuer à restreindre nos droits et libertés les uns après les autres, dans l’indifférence générale. J’attends impatiemment septembre pour télécharger l’application de traçage sur mon smartphone. Je suis prêt·e à signer n’importe quel document — de préférence numérique — me demandant où j’ai traîné mes guêtres les quinze derniers jours. Je donnerai spontanément ma carte de visite à tous les restaurateurs et cafetiers. Et puis vivement le vaccin ! ». L’individualiste soumis veut continuer à conduire ses petites affaires et pour cela a choisi : il préfère échapper au Covid-19 dans une démocrature[note] plutôt que de risquer de le contracter dans un pays libre, pour s’inspirer de la récente maxime d’André Comte-Sponville[note].

Par son obéissance, l’individualiste soumis prétend se montrer solidaire [sic] du genre humain — c’est ce que les médias et les politiques lui ont seriné —, mais refuse d’ouvrir la porte du magasin à un·e de ses congénères chargé·e de paquets, car dans ce cas « la distanciation sociale ne serait pas assurée[note] ». Il se déchaîne sur les réseaux asociaux contre les « irresponsables-égoïstes-complotistes » qui renâclent à porter le masque sur ordre. Il pratique aussi la délation, qu’il préfère appeler « témoignage » : « Mes voisins reçoivent très souvent des gens dans leur jardin, m’sieur l’agent, en plus des gens chaque fois différents. J’en ai même vu qui s’embrassaient ! »…

Nous quittons la société de contrôle, décrite jadis par Gilles Deleuze, pour entrer dans la société de contrainte identifiée par Pièces et Main d’œuvre. Cela ne tombe pas du ciel, le terrain ayant été labouré depuis longtemps par le conformisme, l’idéologie hygiéniste et sécuritaire. La restriction des libertés civiles permet d’éteindre l’action collective. Où que l’on regarde, les rues du royaume sont désormais parcourues par des individualistes soumis, auto-complaisants comme tous les individualistes, avec leurs masques-muselières dont certains sont personnalisés — on ne renonce pas pour la cause à la distinction ! Que l’on soit ou non convaincu de l’efficacité protectrice du masque, on peut aussi reconnaître que l’obligation de le porter presque partout, y compris en plein air, est une mesure disproportionnée, humiliante et liberticide, prélude à l’arrivée tant attendue du vaccin : « Vous pourrez enlever votre masque lorsque vous serez vacciné », nous expliquera Sophie Wilmès, avec son maternalisme docte et en détachant chaque syllabe pour que la populace comprenne bien le message.

Ne serions-nous pas en train de vivre « le terrorisme nihiliste de l’action combinée de la technoscience, de la contrainte étatique et du capital[note] » ? Gardons courage et prenons à bras le corps les moyens de défendre nos libertés, qui sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination[note]. Par lequel allez-vous commencer[note] ?

Bernard Legros

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Médias vivant de la pub : affrontements pour les subsides

La logique publicitaire est devenue tellement prégnante qu’aux yeux de certains, les médias ne sont plus considérés comme des moyens de diffuser des informations, mais comme des supports de publicité. Leur financement devrait donc provenir principalement des recettes publicitaires. Les pouvoirs publics sont imprégnés de cette dérive et, en Belgique, les récents débats autour du soutien aux chaînes radiotélévisées ont révélé les conséquences de cette logique perverse.

Tout a commencé avec la volonté de la Fédération Wallonie-Bruxelles de diminuer la publicité sur certaines tranches horaires de la RTBF. Petit cadeau fait aux Écolos lors de négociations pour la formation de la majorité en juin 2019, il a fallu plus d’un an pour qu’une faible partie de l’engagement de modérer la pub à la RTBF se concrétise. La publicité devrait donc être réduite de moitié durant la tranche horaire de la matinale sur La Première (radio) en septembre 2020 et serait ensuite totalement supprimée à partir de juillet 2021. La ministre des Médias, l’écologiste Bénédicte Linard motivait ainsi cette décision : « … éviter que des contenus qui éclairent l’auditeur sur des enjeux de société importants ne soient brouillés par des publicités qui véhiculeraient le message inverse ».

On ne peut qu’approuver cette façon de voir, mais les cerveaux réduits à des bouliers-compteurs des gestionnaires de l’austérité libérale ne partagent pas cette façon de voir. La Première n’est pas la radio la plus importante en termes de revenus publicitaires (c’est Vivacité), mais sa tranche matinale génère tout de même 2,8 millions € de revenus sur une année. Elle représente plus de 60% de l’audience et des rentrées publicitaires. Sur les 4 mois de fin 2020, la RTBF aurait donc un manque à gagner de… 400.000€. Il faut dire que ceux qui basent leurs profits sur les publicités radiotélévisées commencent à paniquer : de plus en plus d’annonceurs se tournent vers la pub sur Internet et le bel argent qu’ils espéraient part vers les GAFAs. Alors, pour le patron de la Régie Média Belge (RMB), 400.000 € de perdus, c’est déjà trop : « Alors qu’on sera en perte d’un million d’euros cette année à cause du Covid-19, que l’on traverse une crise où tout le monde perd de l’argent, que le budget de la Fédération Wallonie Bruxelles va être lourdement impacté par tout ce qui se passe, décider par pur dogmatisme de retirer ces revenus à la RTBF reste pour moi incompréhensible. ». Dogmatisme ? On se demande de quel côté est le dogmatisme ? Quand on sait que les contribuables, via la dotation, soutiennent la radio de la communauté Wallonie-Bruxelles à hauteur de 297 millions € par an, on est terrorisé de voir les recettes de pub diminuer de 0,14%…

Quand on entre en majorité avec le MR, il ne faut pas se faire trop d’illusions. Les Écolos l’on vite appris à leurs dépens : les autres limitations de la pub, interdiction des coupures dans les films, de la pub pour les médicaments, les alcools forts, les jeux et paris…, restent dans les cartons, sans doute pour fort longtemps.

Bien pis, ce tout petit cadeau de restriction au lavage de cerveau constant, s’est payé d’une lourde contrepartie : la « pauvre » télévision privée RTL (Radio Télévision Libérale Luxembourg) qui ne fonctionne que grâce à la pub et est donc un peu impactée par la crise consécutive au Covid-19, s’est vue accorder un petit cadeau de… 20 millions € par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ainsi donc, les Wallons et les Bruxellois vont soutenir une société privée basée au Luxembourg (où elle paie – très peu – ses impôts) et dont les actionnaires sont allemands. En échange, RTL s’est engagée à rapatrier son siège social en Belgique. On verra… ?

Pour ce qui est de la presse écrite, le même déséquilibre est observé. La presse écrite quotidienne qui puise une grande part de ses revenus de la publicité est aidée par les pouvoirs publics : 6,2 millions indexés depuis 2005, soit environ 8,2 millions €, sont partagés entre les quelques groupes de presse qui tirent pourtant leurs revenus de la publicité et en sont dépendants alors que la demi-douzaine de publications sans publicité se partage royalement 262.000€. Pas étonnant que Kairos vous demande de vous abonner pour survivre…

Alain Adriaens

NOUVELLES RÉSISTANCES À L’A GRESSION PUBLICITAIRE

La crise sanitaire vécue suite à l’épidémie due au coronavirus a débouché sur des actes de dénonciation de la publicité. Ainsi, au mois de mai, le collectif Act For Climate Justice a remplacé 800 affiches dans les panneaux publicitaires et les arrêts de bus à Anvers, Bruxelles, Charleroi, Liège, Gand et Louvain-La-Neuve. L’action d’affichage s’est poursuivie et des activistes ont tendu une banderole devant la FEB (Fédération des entreprises belges) et le VOKA (Vlaamse Netwerk Van Ondernemingen) avec le message « La vie avant le profit ». Ils dénonçaient clairement l’attitude honteuse de la publicité en cette période si dure pour beaucoup : « Depuis quelques jours, la coûteuse publicité a fait son retour dans l’espace public, poussant à la consommation alors que des centaines de milliers de personnes ont besoin d’aide alimentaire. Ces choix et les priorités posés dans la gestion de cette crise incarnent bien le système inégalitaire dans lequel nous sommes enlisé·e·s depuis trop longtemps : un système où la croissance économique doit être relancée à tout prix pour un “retour à la normale”, sans prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux. Mais c’est revenir à la “normalité” d’avant la crise sanitaire qui serait anormal ! »[note].

Les militants de la lutte contre le dérèglement climatique ont bien compris que dans le monde de la pub tout tourne autour du fric. Si le but premier de la publicité est de faire acheter des produits et services inutiles à des consommateurs déjà gavés, derrière cet objectif ne se dissimule guère la volonté de faire engranger des profits aux annonceurs.

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Tous sur le même bateau

« …l’état de la planète est un problème et c’est le problème de tous.Nous y avons tous contribué à des degrés différents et il nous entraîne tous dans la même chute.[note] »Sandrine Aumercier

Poursuivons notre critique des lieux communs de la pensée écologiste avec celui-ci : dans ce monde en décomposition, nous ne serions pas « tous sur le même bateau », pour deux raisons. Primo, parce que les responsabilités sont historiquement différenciées, eu égard au Nord, premier émetteur des gaz à effet de serre, par rapport au Sud global qui, bien qu’innocent, paie aujourd’hui l’addition au prix fort. Secundo, parce que les capacités de résilience seraient-elles aussi différentes, le Nord possédant les moyens financiers et matériels de combattre les fléaux, mais pas le Sud. Et pourtant… Dans l’éditorial de Kairos n°43, j’avais déjà avancé l’idée que l’ardoise climatique est partagée de plus en plus « équitablement » entre le centre et la périphérie[note], en prenant l’exemple de l’Australie avec ses méga-feux qui ont provoqué, entre autres, l’empoisonnement de l’air pour tous les habitants de Sydney et de Canberra. Autre exemple en Californie : lors des incendies de 2017, il s’en était fallu de peu que le Getty Museum et le domaine Bel-Air du milliardaire Rupert Murdoch ne partent en fumée. Hasard ou maîtrise ? Tout le monde sait que le réchauffement climatique se moque de la justice sociale et frappe selon une logique étrangère aux sociétés humaines. Il est indiscutable que les premiers pays capitalistes (l’Angleterre, puis le continent, suivi de l’Amérique du Nord) ont une totale responsabilité dans l’affaire, et loin de moi l’idée de les dédouaner : ils doivent payer leur dette climatique. Il est par la suite tentant de franchir un autre pas conceptuel, cependant plus difficile à fonder. Les pays riches, non seulement responsables des désastres écologiques globaux, en seraient également préservés grâce à leurs ressources financières, économiques et technologiques. Et si pas totalement préservés, en tout cas capables d’y faire face efficacement. Cette idée s’entend fréquemment dans la gauche, ou encore chez l’historien Jean-Baptiste Fressoz et le journaliste David Wallace-Wells. Est-ce bien certain ? Les exemples australien et californien, ainsi que la récente pandémie de coronavirus sont là pour l’infirmer : parmi les quatre pays qui ont été les plus infectés, trois font partie du G20, l’Italie, la France et les États-Unis, suivis par la Belgique et l’Espagne, autres nations développées dans une Europe qui fut le continent plus touché dans un premier temps. Les autorités politiques de ces États riches et modernes n’ont pas su prévenir la pandémie, et leurs systèmes sanitaires[note] ont eu toutes les peines du monde à l’endiguer[note]. Durement affectés par les effets du « climat de destruction massive » (méga-feux, tornades), les États-Unis se retrouveraient dans la double contrainte de devoir apurer leur dette pour le bien-être des autres nations et de sauver les meubles chez soi, une situation a priori inextricable, un double front impossible à tenir[note]. S’il leur faut établir une priorité, qui peut croire que ce sera le remboursement de leur dette climatique ? Responsabilité et puissance ne vont plus nécessairement de pair. Sur un plan logique, on ne voit pas pourquoi la dimension diachronique – la responsabilité historique de l’Occident – devrait coïncider avec la dimension synchronique – les capacités inégales des pays d’affronter les catastrophes.

UN CAPITALISME HYPER-RÉSILIENT ?

Méthodologiquement, la pensée marxiste s’est évertuée à tracer partout une ligne de démarcation entre ceux qui souffrent et ceux qui profitent[note], avec en toile de fond une fascination, largement inconsciente, pour les performances de l’adversaire capitaliste[note]. La prospérité pour les bourgeois et l’adversité pour les prolétaires : si ce constat fut exact au XIXe siècle et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, continuer à le soutenir peut le réifier jusqu’à l’aveuglement. Rappelons qu’avec l’arrivée de la société de consommation de masse dans les années 1950, les travailleurs ont profité du bien-être à leur tour[note]. Beaucoup d’observateurs prêtent au capitalisme des facultés de résilience infinies : le pic des énergies fossiles et des minerais, le rendement décroissant des terres agricoles, la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore, la biodiversité qui s’écroule, les pollutions globales, sans oublier les dérèglements climatiques, rien de tout cela ne serait en mesure d’écorner significativement et définitivement sa puissance. Même dans un monde post-apocalyptique, il survivrait. Introduisons ici une distinction entre l’esprit du capitalisme et le système capitaliste globalisé. Si celui-là peut perdurer dans la conscience collective pendant un certain temps[note], celui-ci est dépendant d’une telle interconnexion de sous-systèmes techniques, économiques et financiers qu’un déséquilibre un peu durable peut induire de graves dysfonctionnements. Il suffit de constater l’impact du coronavirus sur l’activité économique mondiale et sur les bourses, quelle qu’ait été sa létalité réelle (entre 0,3 et 1,5% des individus infectés). La persistance d’un ethos capitaliste dans les replis de l’effondrement et la mondialisation néolibérale telle que nous la connaissons depuis 4 décennies, ce n’est pas la même chose. Je serais personnellement déjà heureux de voir celle-ci se casser la figure, quitte à ce que celui-là lui survive encore quelque temps. On peut toujours souhaiter une table rase, mais cela ne se passera pas ainsi dans la réalité. Le géographe marxiste Andreas Malm n’échappe pas à la confusion. Dans son ouvrage L’anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital, il indique que « le capital est un processus spécifique qui se déroule comme une appropriation universelle des ressources biophysiques, car le capital lui-même a une soif unique, inapaisable, de survaleur tirée du travail humain au moyen des substrats matériels[note] ». Cela appelle deux remarques. Primo, ce n’est pas parce qu’un organisme vivant ou un système est gourmand ou inapaisable par nature qu’il est assuré d’avoir toujours quelque chose à se mettre sous la dent ; que l’on me permette cette analogie : il arrive de plus en plus souvent que les ours blancs meurent de faim. Secundo, pour que cette appropriation ait lieu dans des conditions de rentabilité suffisante, toute une chaîne de production et de consommation doit correctement fonctionner pendant un certain laps de temps, généralement long. Jusqu’à présent, cette chaîne a assez bien tenu dans la durée, malgré des soubresauts (1929, 1939–45, 1973, 1979, 2008). Mais rien ne dit qu’il en ira ainsi après celui de 2020. Que nous réserve-t-il ? Relisons Günther Anders : « [Car] aujourd’hui aussi, il est nécessaire d’empêcher qu’on ne se méprenne sur le fait que la catastrophe n’a toujours pas eu lieu et qu’on y voit une preuve établissant son impossibilité réelle, qu’on prenne le pas encore pour un jamais[note] ». A posteriori, la pandémie de Covid-19 lui donne raison. Jusqu’en février, qui aurait pu l’imaginer fondre sur nous, Européens ? Même pas moi le féru de catastrophisme éclairé qui redoutais plutôt un accident nucléaire au vu de la vétusté des réacteurs de Tihange 2 et Doel 3[note].

L’ANTHROPOCÈNE, UN MODÈLE VALABLE

Je voudrais également défendre le concept d’anthropocène. Si celui-ci a été inventé (en 2000) par un technocrate partisan de la géo-ingénierie, le chimiste Paul Crutzen – donc un individu qui ne suscite pas a priori ma sympathie –, il n’empêche que sa portée explicative est convaincante. « L’anthropocène manifeste bien des capacités qui nous appartiennent en tant que genre et espèce[note] », objecte Dominique Bourg à ceux qui resserrent le concept en « capitalocène » pour stigmatiser un système en particulier responsable de cette dérive, et qui oublient que l’Homme a toujours exploité plus ou moins agressivement la nature pour garder son avantage adaptatif sur les autres espèces. « Tout ce que le genre humain entreprend pour améliorer sa condition consiste dans une large mesure à contrarier l’ordre de la nature », observait déjà John Stuart Mill au XIXe siècle. Par exemple, la mégafaune de la préhistoire – avec le célèbre mammouth laineux – n’a pas été exterminée par des capitalistes, mais par les lointaines générations d’homo sapiens. De même, le territoire de l’actuel Liban était, dans l’Antiquité, couvert de cèdres que les Phéniciens ont coupés en masse pour construire leur flotte navale. L’Homo Sapiens semble bien être un prédateur par nature, quel que soit le cadre politique et institutionnel de sa communauté ou société, bien que certaines cultures soient parvenues à juguler plus ou moins efficacement cette inclination à la prédation. Le capitalisme n’aurait fait que renforcer et formaliser cette nature dans un système technique, économique et idéologique adapté à ses intérêts propres, dominant depuis plus de deux siècles. En retour, ce système a conforté la tendance prédatrice en lui donnant une légitimité par le truchement de l’économie (surtout libre-échangiste) et du droit (surtout concernant les titres de propriété).

LE TITANIC GLOBAL

Nous sommes bel et bien tous sur le même bateau, une réplique du Titanic qui a heurté l’iceberg en 1972, au moment du rapport Meadows du Club de Rome, et qui n’en finit pas de sombrer. Reconnaître cela n’est évidemment pas à comprendre comme un appel à s’identifier à l’hyper-classe et à fraterniser avec elle, car elle fera tout pour s’arroger les canots de sauvetage. Au contraire, il s’agira de les lui ravir, sans les partager ! Les hyper-riches sociopathes s’organisent déjà pour se les réserver, par exemple en achetant d’immenses propriétés dans certaines régions du globe géographiquement bien situées comme le Chili, la Patagonie, Hawaï et la Nouvelle-Zélande, où ils croient pouvoir se mettre à l’abri pour longtemps. Patri Friedman pense, lui, bâtir des îles artificielles pour lui et ses copains libertariens. Certains imaginent même (et craignent) que les oligarques parviendront à s’établir sur une autre planète ou satellite du système solaire terraformés, laissant les masses à leur triste sort sur une Terre ravagée[note]. Mais avec quel argent et surtout quelles ressources matérielles ? Avec quelle main‑d’œuvre, formée dans quelles universités financées par quelles institutions ? Dans quel délai ? Quel système industriel, sur une planète surchauffée et délabrée, avec une économie en effondrement, serait capable de produire les vaisseaux spatiaux ? Nous avons trop regardé les films de James Bond, où les méchants disposent toujours, comme par magie, d’incroyables ressources techniques ! Quand bien même certains oligarques réussiraient-ils à survivre dans des colonies de l’espace[note], qui parmi vous, chers lecteurs, voudrait faire partie de l’expédition pour les servir ? Pas moi, en tout cas ! Certains comprenant que le repli dans les meilleurs coins de la Terre ou du cosmos est aléatoire, misent alors sur le dépassement de la condition humaine mortelle au plus vite pour s’adapter au nouvel état produit par l’anthropocène : « Nul doute que le Titanic sur lequel nous sommes tous embarqués commence à prendre l’eau de toute part. Le bateau de l’humanité s’enfonce lentement, mais, aux étages supérieurs où logent les pléonexes, l’orchestre continue de jouer. Ils ont donné pour mission à ceux qui le pilotent de pousser à fond les machines, au risque d’une surchauffe fatale, pour qu’ils atteignent enfin la zone où – grâce aux moyens considérablement amassés – ils pourront tout monnayer pour s’échapper vers le radeau de sauvetage qui doit les emporter vers un nouveau monde, celui de la surhumanité[note] ». Le transhumanisme leur sera réservé, malgré les suppliques naïves de ceux des leurs qui voudraient le démocratiser (dans le monde anglosaxon, James Hughes et David Pearce, en Europe, les Français Miroslav Radman et Marc Roux, les Belges Didier Cœurnelle et Corentin de Salle). Mais à nouveau, parviendront-ils, après une phase transhumaniste, à atteindre le posthumanisme avant que la biosphère, la sociosphère et la technosphère ne décrochent complètement ? On peut en douter. Le destin humain aura la Terre pour cadre. Et celle-ci ne sera bientôt plus du tout belle à voir, que l’on ait des yeux de pauvres ou de riches.

Bernard Legros

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Foutoir et autres joyeusetés

Nous avions donc, en ce début de soirée du deuxième jour du mois d’août 2020 et nous avons peut-être encore, à l’heure où vous entamez la lecture de cette de cette chronique – courage, ça va barder ! – un virus nommé Covid-19, un gouvernement fédéral, une Région flamande, une Région wallonne, une Région de Bruxelles-Capitale ET une Communauté flamande, une Communauté française, une Communauté germanophone, des provinces et des communes. À quoi il est bon et juste d’ajouter un Comité Scientifique Coronavirus, composé d’experts en tous genres – infectiologues, virologues, épidémiologistes et autres spécialistes – chargé d’aider les autorités de santé (ici, nous passons sur les nombreuses cellules de ceci et de cela qui avaient et ont encore pour mission de coordonner l’ensemble des constats et des décisions qui étaient, sont et seront prises) à lutter contre le coronavirus. Ce comité émet des avis scientifiques au sujet de l’évolution du virus et il aide notre pays à se préparer, dans un premier temps et lutter, dans un deuxième temps contre le méchant coronavirus. Bien ; mais ce n’est pas tout. Nous avions aussi – et nous avons encore – de plus ou moins éminents organes de presse, publics et privés télés, radios, journaux-papier et virtuels sans lesquels nous serions bien embêtés et ignorants de surcroît. Merci la presse. Impossible, aussi, de passer sous silence les fameux et indispensables réseaux sociaux, en l’occurrence formidable caisse de résonance du tout et du n’importe quoi. Bref, au final et en considérant l’ensemble de tout ce qui précède : un cocktail plutôt plaisant et même, osons le dire, par moment carrément loufoque et même jubilatoire. Nous allons y venir.

Le gouvernement fédéral et toutes les autres « entités », il faut bien que de braves gens se dévouent pour qu’elles donnent le meilleur d’elles-mêmes, qu’elles rencontrent l’assentiment de celles et ceux – vous, moi, beaucoup d’autres, environ 11 millions de têtes – dont elles ont la lourde charge, n’est-ce pas? Il faut un ou une, à l’occasion, Premier(e) ministre pour le fédéral, des ministres présidents ici et là, des assemblées représentatives du choix des électeurs, des sous-ministres, des conseillers de toutes sortes, des membres de cabinets, des secrétaires, des communicateurs ; enfin, une kyrielle de décideurs plus ou moins qualifiés dans la gestion des affaires qui touchent à la vie de celles et ceux qui composent le bon peuple. Et, en l’occurrence, à savoir l’apparition subite et la propagation du virus qui nous occupe ici, il fallait prendre des mesures et ne pas laisser cette épidémie en prendre trop à son aise.

Sauf que, la chose n’aura échappé à personne, hormis les premiers intéressés, la pléthore voire même le surnombre des ministres, toutes compétences confondues, a eu pour effet que, pour le dire platement, ces gens se marchaient sur les pieds, décidaient une chose ici, en décidaient le contraire un peu plus loin pendant que les experts es-sciences se bousculaient sur les plateaux de télévision, dans les pages des journaux et sur les réseaux sociaux en faisant de grands gestes et prenant à partie les décideurs politiques incapables à leurs yeux de comprendre réellement la situation dans laquelle on se trouvait et qui était rien moins que catastrophique. De confinement en déconfinement à petits pas, d’ouverture de commerce à interdictions diverses, de nombres de personnes à fréquenter ou non dans tel ou tel contexte, de présence et de rigueur policière partout avec, à l’occasion, l’une ou l’autre bavure sans trop de conséquences, de mortalités effarantes dans les hospices de vieux enfermés et abandonnés de tous, du nombre croissant d’infectés ou de suspects de l’être, l’épidémie a finalement pris figure de vaste pantalonnade morbide.

Pour ce qu’il en est de « la presse » il est flagrant, tous médias confondus, qu’elle a joué un rôle de première grandeur dans le torrent ahurissant des informations les plus affolantes, créant de la sorte un climat général de panique disproportionnée dans une bonne part de la population ne sachant plus à quel saint se vouer pour échapper au terrible et inexorable : « On va tous mourir !». Quant aux réfractaires et rebelles aux injonctions des autorités, ils ont eu la part belle sur les réseaux sociaux où se bousculaient les prises de positions radicales, les appels à la désobéissance civile, un je‑m’en-foutisme de bon aloi et les théories les plus loufoques teintées de complotisme.

Mais il faut les comprendre, ces braves gens. Rarement et de longtemps on aura eu à prendre connaissance d’autant de signaux contradictoires autant que farfelus dans tous les domaines relatifs à cette « crise du coronavirus ». Que ce soit dans le port du masque, tour à tour superflu, inadéquat, sans intérêt véritable pour contrarier sa propagation jusqu’à l’obligation pour tous de le porter en tous lieux sous peine d’amende salée, pour ce qui est des déplacements des vacanciers là ou ailleurs à l’étranger, avec des zones orange, vertes et rouges, des lieux inhospitaliers et d’autres prêts à nous accueillir à bras ouverts au gré de supposées zones à risques changeant d’un jour à l’autre, quand ce n’était pas d’une heure à l’autre, selon qui s’exprimait sur la question ; sans compter les alarmes à la deuxième vague : « Elle est là, elle va arriver demain ou dimanche prochain… Non !, ce sera à l’automne… » Quelques mots pour résumer cette lamentable saga : foutoir, gabegie, incompétence… Et cela parce qu’il fallait soulever un couvercle social au risque d’une déflagration malvenue, mais aussi se plier au plus vite aux injonctions des milieux socio-économiques qui demandaient à cor et à cris que la main‑d’œuvre mise au repos forcé retourne gaiement à l’ouvrage dans l’intérêt du commerce et de l’industrie sans lesquels, comme nul ne l’ignore, il n’est pas de vie possible.

Jean-Pierre L. Collignon

PS : Au moment d’expédier cette chronique à qui de droit, ce 10 août, on a donc eu droit à ces bagarres, au littoral ; une jolie fête populaire. À l’heure où vous tiendrez notre excellent journal entre vos mains gracieuses et sous vos yeux attentifs, il s’en sera peut-être encore passé, des choses…

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Un retour des valeurs collectives dans le Nouvel Âge viral ?

« Maintenir l’ordre tout en répandant le chaos, instituer d’un même mouvement l’insécurité globale endémique et l’état d’urgence à perpétuité, produire l’exclusion et l’incarcération de l’exclusion, tel est ce à quoi se résume à présent l’alliance de l’or et du fer : une guerre contre-insurrectionnelle permanente, indifférente aux principes mêmes du libéralisme politique[note]. »,Jacques Luzi

« Peut-on vivre tous comme si la vie était un grand hôpital[note] ? »Sylvie D., habitante de Lyon.

Le Nouvel Âge viral (des ténèbres) charrie son lot de représentations bizarres, ineptes ou naïves. Dès le confinement, on a beaucoup parlé de ce à quoi allait/devait ressembler le « monde d’après » [note], puisqu’il est admis que cet événement politico-sanitaire marque la fin d’une époque et en ouvre une autre. Un de ces clichés, optimiste pour le coup, est d’affirmer qu’il aura eu ceci de bien qu’il signifierait un « retour des valeurs collectives » après des décennies d’individualisme. Certes, en partant de si bas, il n’est pas difficile de dire que l’on a progressé ! Car jusqu’au printemps dernier, il était vrai que nos sociétés occidentales étaient devenues des dissociétés[note], soit un type de société donnant la priorité à l’individu sur le collectif, d’une manière idéologique et systématique. L’individuation prônée par la philosophie des Lumières avait muté en hyper-individualisme depuis la contre-révolution néolibérale des années 1980 et la déclaration provocante de Margaret Thatcher : « La société n’existe pas ». La liberté individuelle était présentée comme la valeur suprême que l’État se devait de préserver, et même de promouvoir[note]. Certains dont je suis souhaitaient que « quelque chose » vienne y mettre un frein, tellement cette voie paraissait sans issue autre que la guerre de tous contre tous et de tous contre la nature. Ce quelque chose ne pouvant pas venir de mandataires politiques trop soucieux de leur réélection, restait alors la survenue d’un quelconque fléau, réel et plus ou moins téléguidé[note]. Comme les réacteurs fissurés de Doel 3 et Tihange 2 avaient tenu le coup jusqu’à présent, ce fut une épidémie qui vint remettre les pendules à l’heure. À l’heure de la ploutocratie transnationale.

CONFINEMENT EN DOUBLE CONTRAINTE

Mars 2020. Dès que l’ordre de confinement fut donné en France et en Belgique, on observa dans les médias dominants le retour d’un discours de certitude(s), après des années d’insignifiance. Si les experts de plateau avouaient, ou feignaient d’avouer, leur ignorance de la nature profonde et des effets à long terme de ce nouveau coronavirus version 2019, ils présentèrent en revanche la mesure du confinement comme indispensable et indiscutable face à un agent pathogène hautement contaminant, meurtrier et imprévisible. Pour faire passer la pilule, l’intoxication politico-médiatique insista sur la dimension « solidaire » de la mesure, pariant qu’il devait en rester une once au fond des consciences. Vraiment ? « Il est pitoyable d’entendre les autorités politiques et éthiques en appeler à la responsabilité des citoyens après leur avoir inoculé depuis des années une culture individualiste[note]», soupire Roland Gori, oubliant provisoirement que l’incohérence et la volte-face sont coutumières des politiques. Emmanuel Macron n’a‑t-il pas odieusement déclaré fin octobre : « Nous sommes en train de réapprendre à être pleinement une Nation. C’est-à-dire qu’on s’était progressivement habitués à être une société d’individus libres. Nous sommes une Nation de citoyens solidaires ». Nous aurions envie de leur répondre, primo qu’il est bien tard pour s’attaquer à cette question, peut-être même trop tard ; secundo, que la compassion ne peut pas constituer à elle seule le ciment d’une société. Mais comment forcer les choses ? Par la collectivisation d’un nouveau sens. Rester chez soi équivalait à « sauver des vies » ailleurs, puisque tout un chacun était potentiellement porteur du virus. Étrange conception de la solidarité que de se couper (in)volontairement de tout contact physique avec ses congénères, de s’isoler, de s’atomiser. Jusque-là, j’aurais dit que l’altruisme — appelé par d’autres le care — passait par la rencontre des corps, rendue dorénavant improbable et compliquée par cette mesure et par cette injonction paradoxale : restez chez vous mais portez secours aux « personnes fragiles »[note]. Comment pouvait-on être à la fois ici (confiné) et là (en mission de secours) ? Si elles sont fragiles, on ne devrait pas les approcher, afin de les protéger ; si on les approche pour leur apporter de l’aide, alors on menace leur santé, peut-être même leur vie. Bigre, comment faire ? Aider par écrans interposés ? L’injonction paradoxale rend fou. Perversité du biopouvoir de la modernité tardive.

INVITATION AUX BULLES, MASQUÉ

Après le confinement vint le port du masque[note], au départ seulement recommandé puis progressivement rendu obligatoire, d’abord dans les commerces et lieux clos, puis dans les rues et places fréquentées, enfin dans l’intégralité de l’espace public, de jour comme de nuit, par exemple à Bruxelles. En octobre, les autorités demandaient aussi de le porter chez soi quand on recevait des personnes étrangères à sa « bulle ». Avez-vous reconnu la traditionnelle stratégie de la grenouille dans la marmite ? Une contrainte ayant remplacé une autre, avons-nous gagné au change ? Le masque était-il une mesure encore plus solidaire [sic] que le confinement, en attendant le vaccin, mesure solidaire entre toutes ? Les experts médiatiques nous ont expliqué que cet accessoire ne nous protégeait pas nous-mêmes mais protégeait les autres de soi. Quelle que soit la véracité de cette affirmation, c’est aussi une rhétorique manipulatrice qui fut reprise en chœur par les politiques et les électeurs-consommateurs phobiques du coronavirus (une majorité, semble-t-il). En d‘autres mots : tout un chacun est maintenant personnellement responsable de la santé de toutes les personnes qu’il/elle rencontre ou simplement croise, et pas seulement les « fragiles ». Dit encore plus précisément : tout un chacun est responsable de l’état éventuellement défaillant du système immunitaire[note] des uns et des autres. Il n’y aura plus de hasard ni d’aléa, un·e responsable-coupable sera nécessairement trouvé·e pour chaque cas de contamination. Les « personnes fragiles » sont instrumentalisées pour discipliner l’ensemble de la société, elles seront invitées à fixer les règles collectives[note]. Une telle extension du régime de la responsabilité — de surcroît sous surveillance numérique — est inédite et fait redouter un renforcement comme jamais de la soumission individualiste[note] : « J’obéis et m’attends à ce que les autres obéissent dans mon intérêt personnel ». Elle apportera son lot de délations, de conflits, de violence, de dépressions, de folie et de suicides. Au nom du droit à la santé et à la vie nous allons vers un monde invivable parce qu’agonistique, d’une part, et iatrogène, d’autre part : les prétendus remèdes (confinement, masque, vaccin) associés à la vague de numérisation génèreront quantité d’autres pathologies, physiologiques et mentales, que le pouvoir politique fera passer par pertes et profits, quand il ne les ignorera pas purement et simplement, comme il a ignoré jadis les dégâts du tabac et de l’amiante. Aucune réflexion sur notre rapport à la mort n’est bien sûr entamée[note]. En Occident, depuis la modernité, la mort est refoulée, est devenue un motif d’indignation, voire de révolte métaphysique. Plus question de mourir, même âgé, ni du covid ni de quoi que ce soit ! Que la science fasse son boulot, et merci aux politiques d’en prendre bonne note ! C’est donc cela qu’est devenu l’humanisme au XXIe siècle ?

UNE CERTAINE ÉTHIQUE IMPOSÉE

Face à cette « crise sanitaire », l’éthique est divisée en deux camps : la déontologie et l’utilitarisme. Issue de Kant, la première postule que la dignité humaine ne souffre aucune exception, que toute vie particulière est sacrée, et à ce titre l’impossible doit être fait pour la préserver, quitte à mettre au pas la collectivité, voire la menacer, telle cette déraisonnable idée de rapatrier d’Afrique en Europe, il y a quelques années, deux malades du virus Ebola pour qu’ils puissent profiter de soins performants, mais au risque de provoquer une épidémie sur le continent (heureusement, ce ne fut pas le cas). Issu de Jeremy Bentham et John Stuart Mill, le second postule que doit prévaloir le plus grand bien pour le plus grand nombre possible, ce qui implique d’éventuellement devoir sacrifier quelques individus. Pour reprendre le cas ci-dessus, il aurait fallu laisser ces malades là où ils étaient — et les soigner, bien sûr — pour éviter des milliers de victimes potentielles en Europe[note]. Avec le covid, nos gouvernements ont opté — du moins en façade — pour la déontologie, qui est ainsi devenue un arrière-fond non questionné, comme l’eau du bocal pour un poisson. L’humaniste idéaliste Francis Wolff salue ce choix alors que l’utilitariste pragmatique André Comte-Sponville le critique. Mais était-ce le choix absolument évident ? Ça se discute ! À y regarder de près, la déontologie est empreinte d’égoïsme : « Je défends le droit absolu pour toute personne malade d’être dûment soignée… car cette personne pourrait être moi » ; ou encore : « Toute vie est sacrée… y compris la mienne ! ». Inversement, l’utilitarisme est altruiste : « Je prends le risque de contracter le covid, et même d’en mourir car je vise d’abord le plus grand bien pour le plus grand nombre (considérant aussi que j’espère en réchapper et faire partie de ce plus grand nombre) ». Mais qui est encore prêt à entendre le mot « sacrifice » en 2020 ? Personne, même si des millions de jeunes gens — élèves, étudiants, travailleurs ou chômeurs —, privés d’études et/ou de revenus, sont littéralement sacrifiés sur l’autel du panmédicalisme[note]. Bien sûr, l’utilitarisme est associé au libéralisme, à la droite, à la réaction, voire au fascisme, souvent d’une manière rhétorique. En choisissant la déontologie, la gauche encourage l’égoïsme à son corps défendant et prend le risque d’attenter au bien pour le plus grand nombre. N’est-il pas temps de réfléchir à une refonte de cette vieille dualité gauche/droite ? Le covid nous y invite.

UNE SOLIDARITÉ FRELATÉE

Il faut comprendre que la solidarité proposée ici en est une version frelatée. Comparons-la avec celle qui prévalait pendant la Seconde Guerre mondiale, une épreuve n’équivalant pas à une autre. Une guerre contre un ennemi visible et clairement identifié — les nazis — n’avait rien à voir avec une « guerre » contre un ennemi invisible à l’œil nu — le sars-coronavirus —, omniprésent dans l’environnement et dans/sur les corps de nos semblables. On avait peur des nazis, nous sommes angoissés par le virus. Sur la ligne de front, les soldats alliés faisaient preuve d’une solidarité réelle et porteuse de sens, de même les résistants dans le maquis. En parlant d’une guerre, Macron a usé d’une analogie spécieuse qui a fait mouche chez la majeure partie de ses compatriotes, dont la propension à l’hygiénisme, déjà évidente depuis longtemps, s’est subitement renforcée. Cela fait quelques temps que le mot « écologie », ce beau mot que je défends depuis des lustres, commence à m’agacer en raison de sa récupération par la technocratie, qui annonce tous les dangers, toutes les barbaries. En sera-t-il de même avec le mot « santé » ? Craignons que oui. Comme condition de la santé publique, rentrons joyeusement dans le transhumanisme, n’est-ce pas ? Mais, juste pour voir, allons dans le sens de ces derniers hommes nietzschéens prêts à tout pour conserver leur vie « nue », c’est-à-dire strictement biologique, faisant fi de toutes les valeurs qui nourrissent une existence digne de ce nom : courage, générosité, bonté, force, tempérance, amitié, amour, liberté, etc. Alors moi j’exige de mes concitoyens qu’ils prennent immédiatement les mesures suivantes pour préserver ma santé et ma vie :

cesser de prendre l’avion ;utiliser le moins possible leur automobile, idéalement plus du tout, et pour le moins renoncer à leurs comportements dangereux ou agressifs sur les routes ;pour certains d’entre eux, cesser de circuler avec leur Harley-Davidson pour leur plaisir et la ruine de mes bronches et de mes oreilles ;cesser de fumer près de moi ;refuser tout emballage en plastique chez les commerçants ;renoncer à leur bidoche quotidienne, à la malbouffe industrielle et à ses pesticides ;cesser d’utiliser inconsidérément leurs tailles-haies, foreuses, scies et autres disqueuses, tout cela électrifié bien sûr, dans mon voisinage ;et surtout éteindre leurs ordiphones, tablettes, PlayStation et réseaux sociaux.

Chiche ?

Bernard Legros

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Un peu de lait tiède dans le thé brûlant ?

Un texte pour s’éloigner un peu de l’actualité brûlante : le tempo de l’information, très intense, mérite que Kairos prenne aussi le temps de la distance. David Tong se propose de prendre un peu de hauteur (en dépit de son mètre 66) sur une image, une citation, un concept… Et d’en questionner la signification.Ce mois-ci, comme il fallait s’y attendre, il nous parle de la « distanciation » dite « sociale ».

DISTANCIA… QUOI ?

L’étymologie est parfois bien utile. Le terme « distanciation » provient – on ne s’en doutait pas du tout – du substantif « distance », lui-même provenant du latin dis (en sens opposés, en tout sens) et stare (se tenir debout, être). La distance serait donc à la base le fait de se trouver soit à des endroits différents, soit d’être de natures différentes. À tel point que le verbe signifie à la fois « être séparé » mais aussi « être différent », parfois dans des textes philosophiques. La distance est donc un état, une caractéristique, pas tellement bien vue si on en juge par l’adjectif « distant·e », qui signifie que l’autre maintient de l’espace, symbolique ou réel, entre lui et nous. Il marque sa différence, il imprime son état autre sur la relation qu’on entretient avec lui. Ainsi que nous renseigne le suffixe « ‑tion », la distanciation consiste en un processus dynamique, de mouvement, qui permet de prendre de l’espace, le large, la distance, et donc de marquer progressivement la distance et le lien comparatif avec l’autre. Fort bien.

Allez donc savoir pourquoi, le terme nous revient dans la tronche. Pourtant, en termes artistiques, par exemple chez Brecht, l’inoubliable auteur de Grandeur et misère du IIIe Reich ou La résistible ascension d’Arturo Ui, le terme est censé permettre au spectateur ou au lecteur de prendre une distance critique : l’autre est différent de moi. Je le vois sur scène, il m’envoie mon propre reflet à travers ses réactions, ses pensées et son caractère et me permet de mieux me positionner. Par là même, il implique un recul critique par rapport tant à soi qu’aux autres[note]. En termes sociologiques, la distanciation est un refus d’instaurer un lien entre les différentes classes sociales[note]. Le terme se suffit donc à lui-même.

DU BON ET DU MAUVAIS USAGE DES MOTS

Sauf que le terme ne semble pas dire grand-chose à nos contemporains, à tel point qu’il nous faut recourir à l’affreux anglicisme social distancing, bien attesté[note]. On le traduit mécaniquement par « distanciation sociale ». Pourtant, si l’on s’en tient au sens premier – mise à distance, pour permettre une meilleure préhension de soi – cela n’a pas de sens. La définition de Cambridge précise d’ailleurs que ce processus consiste en « se tenir loin des autres autant que possible, ou en gardant une certaine distance des autres personnes, dans l’objectif d’empêcher une maladie de se propager à beaucoup de personnes ». Le terme est donc improprement compris : de strictement esthétique ou sociologique, il devient médical. De surcroît, on peut insister sur l’absurdité du suffixe « ‑ing » en anglais, qui indique un processus, un mouvement. Si je suis loin de quelqu’un, je n’ai donc pas besoin de faire un mouvement supplémentaire !

L’emploi des adjectifs est lui aussi significatif de l’impression et de l’impact que, peut-être, les médias et décideurs, en même temps que certains médecins pris au piège[note], peuvent provoquer. La distanciation sociale n’est, clairement, pas du tout pertinente dans le cadre de la prévention contre le coronavirus. Néanmoins, par le biais des autres adjectifs entendus çà et là, un glissement de sens pas forcément positif s’amorce. Si on reprend le sens sociologique de la distanciation, à savoir le refus du mélange des classes sociales, on entend la petite musique du confinement. Je reste chez moi, j’en sors pour le strict nécessaire, et avec le masque s’il vous plaît, en vous remerciant. Les pauvres dans leurs appartements de HLM ou leurs logements insalubres, les riches dans leur maison en plein centre-ville ou à la campagne dans leur villa. La vraie distanciation sociale s’exprime pleinement dans ce climat, puisque plus aucun mélange de population et très peu de liens ne peuvent subsister. Notons toutefois que, à la suite des chiffres épouvantables du premier confinement, on a autorisé les déplacements en Belgique, mais toujours avec un nombre extrêmement réduit de personnes, et on n’hésite pas à verbaliser en France. Pas sûr que ça empêche les réunions et retrouvailles qui sont autant de nécessités tant sociales que psychologiques. La distanciation sociale existe, de fait, et elle se fait voir dans l’espace public par le biais des hôtels (miteux pour les gens à peu de moyens, luxueux pour les personnes pécuniairement bien dotées), des logements (HLM ou appartement en duplex sur les hauteurs de Nice ou de Bruxelles ?), des premières et secondes classes (train ou avion), mais aussi des emplois (cagibi ou beau bureau ?) ou même déjà à l’école (Jeannot, au piquet, puis dehors de la classe, puis dehors de la filière). Ainsi, plus de mélange et tout le troupeau est bien gardé dans les clous. Cette distanciation sociale n’a donc pas du tout de pertinence dans l’époque que nous vivons (certain·e·s la disent troublée, je me demande vraiment où ils et elles ont été chercher ça). Elle n’a pas de sens puisqu’il s’agit de protéger l’autre autant que soi-même.

Notez bien qu’en français une expression existait déjà et était déjà respectée : celle d’« espace vital », ce « rond » autour de nous qui fait, à la grosse cuiller, 1m. Nous n’avions donc pas besoin d’un nouveau terme traduit de l’anglais. Cette distanciation sociale (ou distance, pour ceux à qui les mots composés de trop de lettres provoquent des ulcères) devrait, objectent certain·e·s, s’appeler « physique » ou « sanitaire ». Les deux acceptions n’ont pas beaucoup plus de sens mais comportent l’avantage de ne pas avoir de vision morale. Encore que… la distanciation sanitaire impliquerait que la distance qui nous sépare de quelqu’un peut être un gage de santé et de bon état physique. Bonjour la confiance ! Surtout si l’on y ajoute la pléthore de gestes-barrières qui, dans certains lieux scolaires, voient l’empilement de plusieurs affiches, la plus formidable étant sans doute celle sur le lavage des mains… Posons-nous la question : cela responsabilise-t-il la population aux enjeux de santé et de bien-être ou, au contraire, cela provoque-t-il un sentiment d’oppression et d’angoisse ?

À BAS LA DISTANCIATION, VIVE LA CONSCIENTISATION !

Puisqu’il faut bien conclure ces réflexions teintées de lait tiède dans cette actuali-thé brûlante, il serait sans doute opportun, au lieu de culpabiliser les jeunes, les sorteurs, les travailleurs, les touristes, les tactiles, les enfiévrés des passions humaines, au lieu de les infantiliser à coup d’affiches presque personnalisées et honteusement moralisatrices, il serait plus que temps de favoriser la conscientisation de tout un chacun sur sa place dans la ville, dans le monde, dans l’univers. Tout le problème vient de là : moralement, la situation actuelle est purement anxiogène. J’ai été proche d’un type qui toussait ? Je me suis approché d’une femme qui avait le masque baissé en dessous du nez ? J’ai marché sur le même trottoir qu’un enfant sans masque qui s’est mouché à deux pas de moi ? Faut-il m’en distancier ? Non. Faut-il m’en distancer ? Non plus. Faut-il me sentir responsable, autant de ce qui m’arrive à moi que de ce qui arrive aux autres ? Peut-être. Plutôt qu’une logique d’action-sanction-répression, plutôt qu’un mésusage du vocabulaire approprié, il serait plus que jamais temps de laisser la population être consciente et responsable de ce qu’elle dit, fait et provoque.

En d’autres termes, ce concept de distanciation sociale n’aura de sens que si on le conçoit dans le sens esthétique du terme : faire en sorte de s’améliorer soi en se voyant par le prisme de l’autre, avec un regard critique, dans une perspective magnifique : celle de rendre belle la vie de tout le monde… Et pas que celle de son nombril.

David Tong

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Le leurre de la diversité médiatique

Les divers titres et chaînes donneraient à eux seuls la preuve de la diversité médiatique, sans qu’il faille pousser la réflexion plus loin : « s’il y en a beaucoup, c’est que c’est différent ». CQFD ? Pour ces mêmes médias, la réponse va de soi. Mais pour les politiques ? Aussi. Analyser la présencemédiatique lors des conférences de presse suivant les Conseils nationaux de sécurité révèle pourtant une toute autre réalité : les divers « marques » médias[note] appartiennent à une petite poignée de groupes de presse qui, tous, propagent une seule et même idéologie. Bienvenue dans le règne de la pensée unique, qui ne présage aucun « monde d’après » si on ne met passur pied un contrôle démocratique de l’information.

Entre mars et juin, la liste que nous a remise le gouvernement dans le cadre de notre procès pour entrave à la liberté de la presse (celui-ci refusant notre présence depuis plus de 7 mois), montre que 16 « grands médias » sont présents lors des conférences de presse qui font suite au Conseil national de sécurité. Il s’agit de La Libre, La DH, LN 24, Belga, VTM, RTBF, VRT, Le Soir,Sudpresse, De Standaard, Knack, Het Nieuwsblad, RTL, L’Avenir, L’Echo, Kanaal Z/Canal Z.

16 MÉDIAS DIFFÉRENTS, ISSUS DE 5 GROUPES DE PRESSE

En établissant la propriété de ces différents médias, la diversité s’érode déjà fortement, puisqu’on passe de 16 à 5 :

La Libre et La DH appartiennent au même groupe : IPM[note], ce qui explique que lors des conférences de presse, un même journaliste représentait parfois les deux médias.[note]Le groupe Rossel est , notamment, propriétaire de Sudpresse, Le Soir, Belga.[note]Le groupe Roularta possède Kanaal Z/Canal Z, Knack, VTM. Par ailleurs, ce groupe se partage à part égale avec Rossel (50% chacun) la propriété de Mediafin, et est également détenteur du Vif/L’Express.[note]L’avenir, un peu « à part » puisque les principaux actionnaires sont la province de Liège et 74 communes wallonnes (plus une flamande et une bruxelloise), appartient au groupe Nethys, bien connu en Belgique pour ses scandales.[note]Le Groupe Mediahuis (Corelio) est propriétaire de Het Nieuwsblad, De Standaard (mais aussi de Het Belang Van Limburg notamment) et a des participatons dans de nombreuses entreprises.[note]

Les Groupes IPM, Rossel, Roularta, Nethys et Mediahuis (Corelio) possèdent donc ensemble 13 des médias: La Libre, RTL, La DH (IPM) ; Belga, Le Soir, Sudpresse, L’Écho (Rossel) ; VTM, Knack, Kanaal Z/Canal Z (Roularta) ; De Standaard, Het Nieuwsblad (Mediahuis) ; L’Avenir (Nethys), qui étaient présents lors de la plupart des conférences de presse faisant suite aux conseils nationaux de sécurité.

RTL Belgium, propriété d’IPM, est au cœur de participations croisées et est également indirectement liée à Rossel…, comme Belga est liée à IPM, actionnaire à hauteur de 16% de l’agence et à RTL, via Audiopresse. L’agence Belga qui, présente à chaque conférence de presse suivant le CNS, n’est pas un média à proprement parlé, mais fournit en images et textes les autres médias, et compte parmi ses clients les gouvernements[note].

LES PARTICIPATIONS CROISÉES ET LES MULTIPLES SIÈGES DANS LES CA

Les graphiques laissent à eux seuls voir les jeux de participations croisées des différents médias, dont l’un possède l’autre via une structure intermédiaire qui elle-même est la propriété des différents groupes. Les administrateurs eux-mêmes siègent dans les conseils d’administration des autres groupes ou organisations qui y sont liés. Dans le Conseil d’administration de RTL, on retrouve par exemple Bernard Marchant (CEO de Rossel) et Patrice Le Hodey (propriétaire, avec la famille Le Hodey, du groupe IPM) ; au CA de Belga, on retrouve Philippe Delusinne (administrateur délégué de RTL), Bernard Marchant (Rossel), François Le Hodey (IPM) ; dans le groupe Mediahuis, on retrouve Thomas Leysen (IPM) en tant que président du CA, Bruno de Cartier d’Yves (L’Avenir, RTL, Audiopresse). Etc.

RTBF ET LN24

Demeurent trois médias qui n’appartiennent à aucun groupe de presse[note].

- LN24, lancée le 2 septembre 2019 à 20h00 en direct du Parlement de Bruxelles-Capitale. Après à peine un an d’existence le gouvernement considère déjà la chaîne comme « un grand acteur du paysage médiatique belge ». Peut-être parce que ses co-fondateurs, Joan Condijts et Martin Buxant, ont de bons contacts : le premier est l’ancien rédacteur en chef de L’Écho ; le second est passé par La Libre, ami de l’ancien rédacteur en chef Francis Van de Woestyne, chroniqueur à L’Écho, journaliste pour la matinale de Bel-RTL, en 2014 dans une émission politique de RTL, journaliste au Morgen. L’homme a des relations.

Le coronavirus aura permis à LN24 d’augmenter considérablement son audience[note], ayant été par ailleurs accueilli à toutes les conférences de presse suivant les CNS (contrairement à la RTBF ou la VRT notamment). Pas beaucoup d’informations sur la société LN24 sur le site du CSA[note]. Sur Wikipedia, on trouve que cette dernière a comme partenaires Belfius, Ice-Patrimonials (la société d’investissement de Jean-Pierre Lutgen, le frère de l’autre, qui possède Ice Watch), Besix et Giles Daoust (administrateur délégué de Daoust et Title Media) qui ensemble mettront 4,2 millions € dans le capital de départ ; le reste sera complété à parts égales par les trois fondateurs (dont le dernier s’est retiré) depuis : Joan Condijts, Martin Buxant et Boris Portnoy[note].

- RTBF : on sait les conflits d’intérêt qui traversent la chaîne publique, dont le CA est constitué par les représentants des principaux partis politiques du paysage francophone : MR, PS, Ecolo, cdH…, le PTB faisant exception avec ses deux membres. L’administrateur général, Jean-Paul Philippot, a des amis bien placés et le bras long[note], lui dont avait été révélé le salaire, supérieur depuis 2014 à celui fixé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. La « lanceuse d’alerte » a depuis été renvoyée, la décision ayant été actée par le CA[note]. Le dossier serait toutefois bien plus lourd et les actes reprochés au patron nombreux. Silence pourtant depuis : le licenciement sonnera comme un avertissement pour ceux qui pourraient à l’avenir nourrir de telles velléités…

Par ailleurs, la Régie des Médias Belges, deuxième régie publicitaire au Sud du pays, détenue à 99,98% par la RTBF[note], commercialise les principaux espaces publicitaires, des chaînes TV, radio et des sites internet liés aux médias. Parmi ceux-ci : La Une, La Trois, LN24, AB3, NRJ, Be Tv, RTBF Auvio, RTBF.be, La Première.be, Vivacité, Classic 21, Musiq 3, RTBF.be, Cinebel… Cela crée inévitablement des liens avec ceux qui en sont les propriétaires, j’ai nommé les groupes décrits plus haut.

ET L’AJP DANS TOUT CELA ?

L’Association des Journalistes Professionnels, censée défendre les journalistes, que fait-elle, mais surtout, qui représente-elle ? Il est intéressant d’aller voir les membres qui composent son Conseil de direction : son président représente Belga, sa vice-présidente Le Soir, son secrétaire la RTBF, le Trésorier L’Avenir, les autres sont issus de la RTBF (3), L’Avenir (1), Belga (1), Persgroep (1) No Tele (1), BRF (1), RTC Télé Liège (1), RTL (1), ou sont indépendants (6)… mais dépendent des médias mainstream pour leur rémunération.

Ceux censés nous représenter et nous défendre sont donc majoritairement issus du monde des médias dominants, ceux-là mêmes que les services de presse gouvernementaux nomment « les grands acteurs médiatiques du paysage belge », dont certains qualifient toutes voix dissidentes de « complotistes »[note]… Ce qualifiicatif de « grand » ne sert-il tout simplement pas à occulter le processus de cooptation qui permet à un média de devenir grand, qui une fois qualifié ainsi bénéficiera de certaines prérogatives qui ne le pousseront pas à mordre la main du maître. Une fois entré dans le cercle, on ne crache pas dans la soupe et on ne critique pas celui qui vous a fait entrer. Dans nos sociétés, « grand média » signifie « média du pouvoir ».

« GRANDS MÉDIAS » ET « GRANDES » FAMILLES

De Persgroep, possède 50% de Mediafin, 50% de Medialaan, 100% de De Persgroep Publishing SA. Mediafin SA qui édite De Belegger, De Tijd, L’Echo, L’Investisseur, et lecho.be fait partie du Groupe Roularta. Medialaan SA qui édite Anne, Joe FM, KADET, Q‑Music, Q2, Q2 HD, Vitaliteit, Vitaya, VTM, VTM HD, VTM Kids, VTM Kids Jr., et VTM KZoom fait partie du Groupe Roularta De Persgroep Publishing SA possède 7sur7.be, De Morgen et Het Laatste Nieuws. De persgroep est la propriété de la famille Van Thillo, 15ème fortune belge, avec € 1.629.240.000. Lorsque l’affaire KB Lux a pris fin en 1996, Herman Van Thillo sera identifié par le tribunal comme l’un de ses plus importants clients privés.

De Persgroep, c’est donc un peu Roularta, via Mediafin et Medialaan. Mais Roularta c’est aussi un peu De Persgroep, les deux étant les principaux actionnaires de la chaîne commerciale VTM. Roularta, qui appartient à la Famille Clayes (327ème fortune belge) et De Nolf (112ème fortune belge),

Le Groupe Rossel possède 50% de Mediafin, lequel est donc la propriété à parts égales de De Persgroep et de Rossel. Le Tijd et L’Écho par exemple, c’est donc Rossel mais aussi un peu Roularta. Rossel, c’est aussi Club RTL, RTL Belgium SA, Plug RTL, RTL.be/videos, RTL Belgium SA, RTL à l’infini, RTL Belgium SA, radio contact, radio mint, Cobelfra[note], 7 Dimanche, Les Éditions urbaines SA, De Belegger, Sud Presse (La Capitale, La Meuse, La Nouvelle Gazette, La Province, Nord Eclair, et Sudpresse.be), Les Éditions du Hainaut SA (Les différentes éditions du Vlan. Le groupe Rossel appartient à la famille Hurbain. 136ème fortune belge avec € 169 471 000[note].

Le groupe Mediahuis (ancien Corelio) (De Standaard, Het Nieuwsblad, Nostalgie…) possède avec d’autres groupes, un peu de Belga, un peu de RTL qui, dans un montage digne des entreprises du Bel20 ou du Cac40, rachète, acquière, reprend, en gros : concentre. Mediahuis Partner SA, propriété de Thomas Leysen (373ème fortune belge), possède 50,6% de Mediahuis ; Concentra, qui en détient 32,7% fait partie du groupe Mediahuis.

Reste IPM, détenu entièrement par la famille Le Hodey (438ème fortune belge).

On ne s’étonnera dès lors guère de la façon dont cet été La Libre et Paris Match (IPM), ainsi que Le Soir (Rossel), ont fait l’éloge de l’ancienne Première ministre[note]. On vend des politiques comme on vend un produit.

Alexandre Penasse

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Le vaccin pour les nuls

Ce 11 mars j’ai reçu un courriel m’invitant à prendre « rendez-vous pour votre vaccination COVID-19 »*, de la part d’un docteur de l’« Agence pour une Vie de Qualité » qui est aussi « Inspecteur d’hygiène régional ». Selon ce docteur, « Le vaccin est efficace, sûr et fiable ». Voici quelle a été ma réponse :

Monsieur,

Vous vous faites le relais de la propagande du Big Pharma devant lequel toutes les institutions se sont couchées pour son plus grand bénéfice : non, le vaccin n’est ni efficace, ni sûr, ni fiable. Les essais cliniques des vaccins contre le covid ne sont pas terminés et de loin. On assiste donc à une expérimentation à grande échelle sur une population volontairement désinformée et conditionnée par une politique du mensonge et de la peur : en comparaison avec les années à grippe, le covid de l’année 2020 a été une moindre menace pour la toute grande majorité de la population, l’exception étant constituée par les plus de 80 ans, un âge où il est normal de mourir, mais qui d’autre part ont été mal préparés à faire face au virus et mal soignés.

Bien à vous,

Francis Leboutte, 71 ans

*Sujet: Invitation: prenez rendez-vous pour votre vaccination contre la COVID-19

Agence pour une Vie de Qualité Rue de la Rivelaine 21 6061 Charleroi

Cher/Chère Francis Leboutte, Nous vous invitons à vous faire vacciner contre la COVID-19. Vous trouverez ci-dessous toutes les informations nécessaires au sujet de votre vaccination. Même si vous avez déjà été contacté(e) par courriel ou SMS, il a été prévu que tous les citoyens reçoivent le courrier ci-dessous. Donc, si vous avez déjà un rendez-vous ou si vous êtes déjà vacciné(e), merci de ne pas tenir compte de cet e‑mail. Le vaccin est administré en deux doses à deux moments différents dans le centre de vaccination: Hall Omnisports de Tilff Rue du Chera 9 4130 Esneux Comment prendre rendez-vous ? Utilisez le bouton ci-dessous et précisez la date et l’heure pour votre première vaccination, ainsi que pour votre deuxième vaccination :

Votre code de vaccination personnel: XXXXXXXXXXXXX  Confirmez vos rendez-vous avant le 04-04-2021. Invitation: prenez rendez-vous pour votre vaccination COVID-19

Prendre vos deux rendez-vous

Le bouton ne fonctionne pas? Utilisez alors le lien suivant: https://vaccincovid.doclr.be/vaccin?code=XXXXXXXXXXXX

Et la propagande de Big Pharma: 

Pourquoi est-il important de se faire vacciner ? Le vaccin vous offre la meilleure protection contre la COVID-19. Si plus de 70 % de la population se vaccine, le virus se propagera plus difficilement et le retour à une vie normale en sera facilité. 

Est-ce que je cours un risque en me faisant vacciner ? Le vaccin est efficace, sûr et fiable. Chaque vaccin est soigneusement contrôlé. Les vaccins ont également été testés chez des personnes souffrant de maladies de longue durée. 

Combien la vaccination va-t-elle me coûter ? La vaccination est totalement gratuite. 

Y a‑t-il des contre-indications par rapport à la vaccination ? Il y a extrêmement peu de contre-indications à la vaccination contre la COVID-19. Si à la suite d’une précédente vaccination ou dans d’autres circonstances, vous avez eu une réaction allergique grave ou si vous avez eu, pour les mêmes raisons, besoin de soins médicaux urgents, vous devez contacter votre médecin pour vérifier si votre vaccination est indiquée et s’il faut vous proposer un vaccin particulier. Si vous souffrez actuellement de symptômes d’une maladie qui indiquent une infection (telle qu’une augmentation de la température), reportez votre rendez-vous pour la vaccination jusqu’à ce que vous soyez complètement rétabli. Si au cours des 14 derniers jours, vous avez réalisé un test Corona qui s’est révélé positif, que vous présentiez ou non des symptômes, contactez votre médecin et reportez votre rendez-vous pour la vaccination à 14 jours après votre guérison. Si vous êtes enceinte, vous devez contacter votre médecin pour vérifier si votre vaccination est indiquée. L’allaitement maternel ne nécessite pas de reporter la vaccination. 

Que faire si vous ne pouvez pas vous rendre au centre de vaccination pour une raisonmédicale ? Appelez votre médecin ou le numéro de téléphone 0800/45.019 afin d’envisager une solution. 

Que faire si vous ne souhaitez pas être vacciné ou si vous avez déjà été vacciné ? Indiquez que vous ne souhaitez plus être contacté Via le bouton ci-dessus Ou par téléphone au +32 71 33 78 19 

Que faire le jour de votre vaccination ? Munissez-vous des eTickets que vous recevrez après avoir pris rendez-vous Munissez-vous de votre carte d’identité Portez un masque chirurgical ou en tissu, PAS un bandana ou un foulard Portez un vêtement qui facilite l’accès au haut de votre bras Venez seul(e), sauf si vous avez besoin d’assistance pour vous déplacer Si vous êtes malade, ne venez pas et prenez un nouveau rendez-vous (voir ci-dessus) 

Vous avez d’autres questions ou vous n’êtes pas sûr de vouloir vous faire vacciner ? Contactez votre médecin ou votre pharmacien Surfez sur www.jemevaccine.be Appelez le numéro d’information +32 71 33 78 19  Bien à vous, Dr. Christian Huvelle Inspecteur d’hygiène régional 

Ce courrier est disponible dans près de 40 autres langues à l’adresse https://www.info-coronavirus.be/en/translation-vaccination/  This message is available in nearly 40 other languages at https://www.info-coronavirus.be/en/translation-vaccination/

Cet e‑mail a été généré automatiquement. Merci de ne pas répondre à ce message.

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Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore

Imaginez une société dystopique, où chaque citoyen est contraint à une série de conduites limitant non seulement ses libertés individuelles, mais collectives. Dans cette société règne la présomption de culpabilité : tout le monde est coupable jusqu’à preuve du contraire. De plus, il est impossible de convaincre de son innocence, car aucune preuve n’est recevable, par contre toute démonstration de l’inverse est routinière. L’État, qui répertorie les méfaits, trace également les actes potentiellement nuisibles de ses citoyens. Un comportement de prudence est renforcé sous peine de sanctions et encouragé sous l’étendard d’un devoir moral. Pour ceci, différents outils de communication sont utilisés pour persuader les citoyens, dont un vocabulaire stigmatisant. Et l’élément qui parachève le tout est la reproduction du même fonctionnement par les États avoisinants.

Vous l’aurez compris, il s’agit d’une description dramatisée de la crise que nous vivons depuis déjà une année. Si différentes urgences sociétales peuvent justifier une mise en suspension du fonctionnement habituel d’une démocratie (dont la guerre et les pandémies font partie), ce type de société serait désigné comme totalitaire en absence de puissantes justifications (les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires disait Carl Sagan). La mise en place des lourdes mesures dans notre société était fondée sur la menace (liée à la létalité) du coronavirus et le maintien de ces conditions se base sur le nombre de personnes contaminées (et potentiellement contaminant). Ces deux justifications méritent d’être revisitées.

Au début de la crise, le taux de létalité utilisé pour le SARS-CoV‑2 correspondait au taux apparent (« case fatality rate » en anglais). En d’autres termes, la mortalité due au COVID-19 était calculée en fonction des personnes mortes rapportée aux malades. Ce taux étant élevé, la peur était utilisée pour justifier un confinement généralisé. Même si je ne suis pas convaincu de l’intérêt des mesures prises à l’époque pour lutter contre l’épidémie avec l’information qui était dès lors disponible (j’en ai détaillé les raisons dans un article antérieur Errare humanum est, perseverare diabolicum[note]), l’effet de surprise et le mimétisme des pays voisins pourraient être utilisés pour défendre les décisions prises. Mais ce taux de létalité apparent ne reflète en réalité que l’état de notre système de soins de santé qui était trop débordé pour soigner les patients. Et les mesures drastiques comme la diminution sévère (voir l’arrêt) des activités commerciales, de la culture, des services, des soins de santé (hors COVID), du sport, des activités sociales, etc. ne peuvent être à mon sens que des solutions à court terme. En effet, les dommages collatéraux comprenant plusieurs catégories de victimes: ceux des impacts sanitaires (manque et report de soins), psychologiques (violences domestiques, saturation des admissions pédopsychiatriques, suicides…), économiques (faillites, pertes d’emploi) etc,… augmentent avec le temps jusqu’à l’atteinte d’un point de basculement, où ces dommages deviennent plus importants que la menace que l’on combat. De ce fait, la menace du coronavirus doit être constamment ré-évaluée et le maintien des lourdes mesures n’est justifiable que sur base d’un taux de létalité qui excède clairement celui des victimes collatérales.

Pour ce faire, il est nécessaire de calculer le taux de létalité, cette fois-ci dit réelle (« infection fatality rate » en anglais). Ce nombre est automatiquement plus bas que le taux apparent, car les victimes de la COVID-19 sont non seulement mises en relation avec les malades, mais également avec les porteurs sains du virus. En effet, une personne peut avoir contractée le virus sans pour autant présenter des symptômes (nommé dès lors asymptomatique). Et c’est la considération de ces asymptomatiques qui est à mon sens le vrai nœud du problème.

Lors de la découverte de porteurs sains (phénomène pourtant banal dans les maladies infectieuses), plutôt que de se rassurer d’un taux de létalité moins élevé qu’initialement calculé, le gouvernement s’est braqué. Il en a conclu que dorénavant toutes personnes, malades ou pas, était une menace potentielle. Un article de presse publié par la RTBF le 13 avril 2020 nous informait que l’endigage du virus est d’autant plus complexe, car les [personnes asymptomatiques] ne savent pas qu’elles sont malades (…) Le spécialiste des maladies infectieuses contribuant à l’article parlait de ces malades qui ignorent l’être (…) combien sont-ils ? Pour l’heure c’est impossible de le savoir[note]. Notre société a sauté à pieds joints dans l’expression de Jules Romain : Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore (dans « Knock ou le Triomphe de la médecine »).

C’est ainsi que depuis un an de pandémie déjà, nous sommes toujours dans un fonctionnement en prêt-à-porter : une mesure appliquée à tout le monde. Nous avons accumulé depuis le début de l’épidémie des connaissances considérables et pouvons identifier à présent les profils des personnes vulnérables, l’écrasante majorité étant des personnes âgées et/ou souffrant de comorbidités (telles que l’obésité ou le diabète). Et à la différence à des maladies comme la poliomyélite, la COVID-19 ne touche essentiellement pas les enfants et ne leur laisse pas de séquelles. Les enfants constituent d’ailleurs une fraction considérable des asymptomatiques. Selon le rapport du Centre européen de Prévention et de Contrôle[note], les enfants sont

moins fréquemment malades que les adultes et sont rarement touchés sévèrement etmoins susceptibles à être contaminés et contaminant à leur tour.

De plus, le personnel éducatif n’est pas plus à risque d’être contaminé que les personnes exerçant une autre occupation et la fermeture des écoles devrait être un dernier recours vu l’impact que cela aurait sur l’éducation, la santé mentale et physique ainsi que sur l’économie et la société plus globalement. De ce fait, la question autour de la fermeture des écoles et de l’imposition potentielle des masques chez les enfants à mon sens ne devrait même pas se poser. En analysant les données sur la COVID-19 et la transmission du virus, on aperçoit que la gravité de la maladie augmente avec l’âge à travers la population[note]. Les personnes âgées ayant globalement un système immunitaire moins robuste que les tranches d’âge plus jeunes, elles sont plus vulnérables[note]. Ceci expliquerait, selon la même logique, pourquoi les personnes souffrant d’autres maladies sont plus à risque de développer des formes de la COVID-19 plus dangereux.

Mais la question brûlante se pose sur la transmission du virus par les porteurs sains. Si plusieurs études suggèrent que les asymptomatiques ne contribuent qu’à une petite fraction des contaminations[note], allant ainsi à l’encontre de la présomption de contagiosité de n’importe quelle personne (qui est la position actuelle de notre société), la littérature scientifique reste partagée sur le sujet. Plusieurs facteurs expliquent l’absence de consensus, dont par exemple la confusion entre les termes « asymptomatiques » et « présymptomatiques » ainsi que l’incertitude du moment de l’apparition des symptômes chez les patients malades. À la différence des « asymptomatiques » (les porteurs qui ne deviendront jamais malades), les « pré-symptomatiques » sont constitués de porteurs du virus qui sont sains aujourd’hui, mais malades demain (et qui deviendront dès lors des symptomatiques). La contagiosité de ces deux catégories est liée essentiellement à deux facteurs: d’une part la charge virale dégagée par le porteur du virus (c’est-à-dire le nombre de particules virales exhalées) et d’autre part la capacité qu’a toute personne réceptrice à se défendre contre une infection. Ce deuxième facteur ayant déjà été discuté ci-dessus, qu’en est-il de la charge virale? Il y a étonnamment peu de littérature sur la charge virale liée au coronavirus, information pourtant cardinale pour étudier une épidémie et gérer une crise (ceci n’est pas propre à la Belgique, même si cette dernière se veut être un acteur d’envergure mondiale dans la biotechnologie[note]).

Selon les études examinant la dynamique du SARS-CoV‑2, il apparaît que la charge virale serait probablement la plus haute au tout début de l’apparition des symptômes[note]. Une logique expliquant la transmission du virus par les différentes catégories de personnes peut ainsi être proposée : la charge virale est dépendante de la capacité de notre corps à combattre le virus. Les asymptomatiques n’ont pas de symptômes, car le virus a été neutralisé par leur système immunitaire. Ils ne peuvent transmettre qu’une charge virale très basse. Les présymptomatiques par contre produiront probablement le plus de particules dès l’apparition des premiers symptômes, avant que le système immunitaire ne puisse prendre le dessus (la mobilisation de la défense immunitaire explique par ailleurs les symptômes). Les symptomatiques ont la charge virale la plus élevée (qui est liée à la gravité de leur état de santé[note]) et par ailleurs sont plus susceptibles de transmettre le virus par la toux ou les éternuements, etc. si tant est que leur charge virale atteigne un certain seuil pour que la contamination s’effectue (qui serait probablement de l’ordre d’un million de particules virales dégagées[note]). Notons que ce seuil reste improuvé, ce qui m’est incompréhensible, sachant que cela fait déjà un an que nous sommes confrontés à ce virus.

Si les porteurs du virus ne présentent une menace de contagion la plus grave que lors de l’apparition des premiers symptômes et que les profils cliniques des personnes vulnérables sont connus, reste-t-il encore une raison d’imposer les lourdes mesures à tout le monde? Notre société justifie ce maintien en se basant sur le quantitatif (le nombre de contaminés) plutôt que le qualitatif (la menace que représentent ces contaminés) et l’un des problèmes qui contribue à cette crise sanitaire est attribuable à l’utilisation de la PCR comme moyen unique de dépistage du SRAS-CoV‑2. Cette technique n’informe pas sur la contagiosité du porteur de virus. La PCR détecte la présence du virus à la manière d’une trace de doigt et n’instruit donc pas plus sur le virus que la trace sur le comportement de son propriétaire. Elle ne devrait être utilisée que pour différencier au sein des malades (donc symptomatiques) ceux qui souffrent de la COVID-19 de ceux qui sont atteints d’une autre maladie respiratoire. En règle générale, notons qu’en science tout test doit être confirmé par une méthode complémentaire au risque d’avoir des données biaisées. Dans le cas de la PCR comme outil de dépistage unique, des épidémies « fantômes » ont déjà été décrites dans le passé[note].

L’inertie de notre gouvernement à changer de stratégie préventive me semble être attribuable à un modèle du tout ou rien. L’État fonctionne suivant une éthique déontologiste, c’est à dire que les règles doivent être respectées par principe et en toutes circonstances (ne jamais voler, parjurer, tuer…). De ce fait, toute objection d’ordre pratique, comme le calcul des victimes collatérales en comparaison aux victimes directes de la COVID-19, est considérée immorale. En effet, le questionnement sur le prix à payer du maintien des mesures sanitaires entre plutôt dans un autre domaine d’éthique nommé conséquentialiste qui consiste à peser les pour et les contre de chaque action. Les dérives du conséquentialisme que pointent les déontologistes portent sur le sacrifice d’une minorité pour le bien être d’une majorité. En regard de la crise sanitaire, les défenseurs des mesures dénoncent une négligence des vulnérables (et surtout de la génération âgée) par les personnes qui ne sont pas à risque au nom de supposés loisirs, ce qui mène à une culpabilisation souvent très perverse et abusive des jeunes. Pourtant, l’appel à une révision des mesures n’a pas pour but un sacrifice quelconque, mais consiste plutôt en l’établissement de précautions basées sur la science et dans le but de protéger spécifiquement la population à risque. D’ailleurs, la stratégie de vaccination choisie par nos dirigeants se base sur l’immunité collective. Mais, une immunité collective est également atteignable par la transmission du virus au sein de la population qui n’est pas vulnérable (dont notamment les enfants), les deux stratégies ne sont ainsi pas mutuellement exclusives.

Il est temps d’établir des précautions faites sur mesure (sans mauvais jeux de mots), plutôt que de persister dans des règles sanitaires en prêt-à-porter. Il est important que nous sortions de la pente glissante qui nous mènera vers la dystopie sanitaire, où les droits du citoyen continueront à être bafoués au nom de l’hygiène. C’est ce que réclament les manifestations du type Still standing for culture ou Trace ton cercle et les collectifs citoyens comme Belgium United for Freedom. Le clivage dans notre société entre les divers pro et anti se creuse tous les jours de plus en plus tendant vers un niveau quasi religieux. En effet, j’ai récemment découvert le terme « coronasünde »,mot allemand désignant un péché-corona. Il décrit chez les personnes qui respectent les mesures sanitaires le pas de côté occasionnel par pression sociale. Espérons que ce clivage cesse de s’approfondir, mais pour cela, il serait nécessaire d’adapter notre modèle à notre compréhension de l’épidémie. Pour moi, cela doit absolument passer par la vision que détient notre société sur les porteurs sains du virus.

J’invite les lecteurs de cet article à réexaminer leur vision de cette crise sociétale (même si les fruits de leurs réflexions les conduiraient aux positions qu’ils détenaient déjà). Que les lecteurs soient en accord ou pas avec ma perception de la crise, une chose peut néanmoins nous unir: la nécessité de réviser le budget octroyé aux soins de santé de ce pays. Faisons en sorte que tout homme malade soit un bien-portant qui s’ignore.

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5G, ÉLECTROSMOG ET SANTÉ

Les promoteurs de la 5G, qui sont nombreux dans le monde industriel et le monde politique, proclament que si les limites d’exposition aux CEM (champs électromagnétiques) de l’OMS/ ICNIRP[note] sont suivies, il n’y a pas d’effet sanitaire à craindre. Comment ces limites ont-elles été établies ? Il faut remonter aux années 1980 où des expériences ont été menées pour évaluer « l’effet thermique immédiat » des micro-ondes (MO) et des radiofréquences (RF)[note] sur les êtres vivants, celui-là même qui est utilisé dans le four bien connu. C’est l’observation du comportement de rats de laboratoire exposés à ces radiations qui a servi de critère et au calcul de ces limites, qui n’ont donc été conçues que pour nous protéger de l’échauffement et des brûlures provoqués par ces ondes.

Se satisfaire de ces limites, c’est ignorer des décennies de recherche scientifique montrant les effets biologiques et sanitaires des micro-ondes, à des niveaux très inférieurs de ceux auxquels les effets thermiques sont observés. Ce qui, tout compte fait, ne devrait guère surprendre lorsqu’on sait que les milliards de cellules qui constituent le corps humain sont le champ de microcourants d’électrons, de protons (ions hydrogène H+) et d’autres ions, d’une importance vitale pour son bon fonctionnement. Ces courants,  bien  évidemment,  sont  perturbés  par  les champs  électriques  et  magnétiques  des  ondes  qui nous entourent, d’où les effets mis en évidence par des milliers d’études de tous types publiées dans les meilleures revues scientifiques à comités de lecture : études in vitro sur des cellules cultivées en laboratoire, études in vivo sur des animaux de laboratoire, études  cliniques  auprès  de  volontaires  et  études épidémiologiques (voir par exemple le Rapport BioInitiative dont il sera question plus loin). La liste des conséquences  certaines  ou  probables  donne  froid dans  le  dos  :  cancers  et  tumeurs  divers  (cerveau, nerf acoustique, glandes salivaires, sein…), leucémie infantile, maladie d’Alzheimer et autres maladies neurodégénératives, autisme, réduction de la qualité du sperme, cataracte, ouverture de la barrière hématoencéphalique, réduction de la production de mélatonine, troubles du sommeil, dépression, suicide, électrohypersensibilité (EHS), etc.

Mais le pire est sans doute l’impact démontré sur l’ADN et les conséquences irréversibles pour les générations futures avec la perspective d’une humanité diminuée[note]. Les compagnies d’assurance ne s’y trompent pas : aucune d’entre elles n’assure le risque lié aux CEM artificiels, pas plus que les fabricants de téléphones cellulaires et autres smartphones, qui recommandent de tenir ces appareils à une certaine distance du corps, se protégeant ainsi des poursuites judiciaires dont ils pourraient être l’objet.

Se satisfaire des limites de l’ICNIRP, c’est ignorer les appels des scientifiques et médecins de tous pays qui se multiplient depuis 20 ans. Un des premiers d’entre eux est l’appel de Freiburg de 2002 signé par plus de 1 000 médecins demandant notamment la « réduction massive des valeurs limites, des puissances d’émission et des charges en ondes radio », un appel d’ailleurs renouvelé en 2012 (www.freiburger-appell-2012.info). Le 15 octobre 2019, 252 spécialistes des CEM provenant de 43 pays différents avaient signé un appel adressé à l’ONU, l’OMS et l’UE, appel initié en 2015. Ces scientifiques, qui tous ont publié des travaux de recherche évalués par des pairs sur les effets biologiques et sanitaires des CEM non ionisants (RF), réclament des limites d’exposition plus strictes et demandent que les impacts biologiques potentiels des technologies de télécommunication 4G et 5G sur les plantes, les animaux et les humains soient réexaminés (www.emfscientist.org).

Les limites recommandées par ces experts en termes de prévention pour les RF sont très largement inférieures à celles de l’ICNIRP, d’un facteur 100 000 environ, et donc aussi à celles actuellement en vigueur à Bruxelles (d’un facteur 2 000). Les auteurs du rapport BioInitiative recommandent une limite de l’ordre de 5μW/m² (mi-crowatt/m² soit 0,04V/m) pour l’exposition « cumulée » des ondes RF à l’extérieur des habitations. Pour la 2G, 3G et 4G, l’Académie européenne de médecine environnementale (EUROPAEM) recommande 100μW/m2 (0,2V/m), mais 10 fois moins durant la période de sommeil et 100 fois moins pour les enfants (1μW/m2, soit 0,02V/m). Ces limites peuvent sembler basses, mais ce l’est moins quand on sait que les valeurs retenues par l’ICNIRP représentent un milliard de milliards de fois le niveau du CEM naturel à ces fréquences ; de plus, les CEM utilisés pour la téléphonie sont modulés et pulsés, ce qui n’existe pas dans la nature et représente une composante importante de leur toxicité.

La nouvelle norme de téléphonie 5G utilise les fréquences des normes précédentes, mais fera un saut dans l’inconnu en utilisant de plus les ondes millimétriques de haute énergie qui, jusqu’à présent, n’ont surtout été utilisées que par l’industrie de l’armement et les satellites de météorologie. Ces ondes étant fortement atténuées par les obstacles matériels (murs, feuilles, pluie…), la 5G nécessitera le placement d’antennes en grand nombre émettant à un niveau de puissance élevé, environ une tous les 100 mètres, multipliant ainsi la probabilité de fortes expositions, une probabilité encore renforcée par la prolifération des objets connectés, jusqu’à 1 million par km² (Internet des objets). Malgré ce que nous dit la science sur les effets biologiques et sanitaires de la 2G et la 3G, négligeant le principe de précaution, l’industrie, l’UE et une partie importante du monde politique poussent à l’installation immédiate et aveugle de la 5G, alors que quasiment aucune recherche biomédicale ne lui a été consacrée.

Les discours entendus lors des auditions de la Commission de l’économie de décembre 2019 au Parlement fédéral belge tenaient majoritairement du déni du risque sanitaire, lequel s’appuyait sur l’avis de l’ICNIRP, y compris dans le chef de Test Achats qui semble avoir oublié que le bien le plus précieux de ses abonnés est leur santé et non pas les objets connectés qu’ils devraient consommer en masse. L’ICNIRP est une institution privée de droit allemand qui fonctionne comme un club fermé, ce qui ne semble pas incommoder l’OMS et toutes les instances qui s’y réfèrent : ses membres décident seuls de qui peut y entrer et seuls y sont admis ceux qui défendent l’idée que s’il n’y a pas d’effets thermiques, il ne peut y avoir de conséquences sanitaires. Elle n’applique aucune règle de transparence ou d’indépendance, puisqu’au contraire la plupart de ses membres sont connus pour leurs liens présents ou passés avec l’industrie des télécoms (voir l’excellente enquête des journalistes d’Investigate Europe : www.investigate-europe.eu/publications/how-much-is-safe/).

À titre d’exemple, mentionnons Bernard Veyret (maintenant retraité) et son profil type de chercheur et scientifique proche de l’industrie, chargé de donner des avis en termes de santé publique : membre de l’ICNIRP, membre de la Société française de radioprotection (SFRP, l’équivalent français de l’ICNIRP), directeur d’un laboratoire d’études sur les CEM en France financé par Bouygues Telecom et membre du Conseil scientifique de Bouygues Telecom. Voir une interview instructive de cet éminent personnage : electrosmog.grappe.be/doc/lobby/ICNIRP/ (10 minutes).

La partie du présent article qui précède avait été soumise aux rédactions de Datanews et du Vif pour publication en réaction à une opinion passablement absconse[note] de Christian Vanhuffel, administrateur de FITCE.be[note] (cette opinion publiée dans Datanews le 27 décembre 2019 se voulait avant tout une ode aux thèses de l’ICNIRP). Après qu’elle ait été acceptée dans un premier temps, suite à de nombreuses tergiversations, j’ai finalement reçu une fin de non-recevoir exprimée en ces termes par Kristof Van Der Stadt (courriel du 28 février 2020 avec copie pour d’autres journalistes : Vincent Genot, Marie Gathon, Pieterjan Vanleemputten, Michel X, Els Bellens et Kevin Vander Auwera) : « Il me faut apporter ici une rectification. Nous avons entre-temps entièrement passé en revue l’opinion et avons finalement décidé de ne pas la publier sous cette forme, parce qu’après mûre réflexion, elle ne répond pas aux normes qualitatives que nous préconisons… Ce que nous nous proposons par conséquent de faire, c’est de résumer votre point de vue et de l’ajouter à l’interview d’un expert en rayonnement que nous publierons un de ces prochains jours ». Inutile de préciser que le résumé en question tenait en deux phrases vides de sens. D’autre part, l’expert en question n’était rien moins que Eric van Rongen, le président de l’ICNIRP, considérant sans doute qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même[note]. Je n’ai jamais obtenu de réponse à ma demande d’explications sur ces « normes qualitatives ».

Ce soutien sans faille au lobby de la 5G et aux normes de l’ICNIRP (avalisées par l’OMS) n’est pas un cas isolé dans les médias belges qui font régulièrement passer l’ICNIRP pour un organisme indépendant, en même temps que l’idée selon laquelle les CEM artificiels ne constituent pas de menace pour notre santé. Deux exemples parmi d’autres : La Libre Belgique du 30 avril publiait un article intitulé « 5G : le “vrai du faux”ou comment sortir de la guerre de tranchées », dans lequel on pouvait lire que « [l’ICNIRP] est un organisme indépendant qui fournit des avis et des conseils scientifiques ». Parmi ceux-ci figurait l’avis selon lequel « les recherches menées jusqu’ici montrent que les radiations émises par la 5G étaient inoffensives pour la santé » et de citer Test Achats qui semble être devenu la référence (sic) en la matière, et qui aurait « réalisé un dossier à la fois clair et complet sur le sujet » (Test Achats/Santé titrait en effet « Réseau 5G – Pas de panique » et arguait que « le sentiment d’angoisse [est] injustifié car il n’y a aucune preuve scientifique convaincante de la nocivité des ondes »). La lecture des dossiers de Test Achats sur la 5G est régulièrement recommandée, y compris par l’IBPT (Institut belge des services postaux et des télécommunications) dans ses réponses à des demandes d’information sur la 5G. Dans « Menaces sur la 5G : des associations évoquent des risques pour la santé », publié par Trends-Tendances le 30 avril, le journaliste Gilles Quoistiaux tient le même discours, mais, pire encore, il y fait un amalgame crapuleux entre l’action citoyenne (celle du collectif stop5G. be), la théorie du complot et les actes de vandalisme sur des antennes de téléphonie mobile.

ONDES ET IMMUNITÉ

Après cet interlude sur l’état des médias belges, abordons maintenant des choses très sérieuses : ce que nous dit la science biomédicale des ondes qui nous entourent, en particulier leurs effets sur le système immunitaire. Le système immunitaire a pour fonction d’identifier et d’éliminer les agents étrangers (virus et autres nuisibles) ainsi que les cellules anormales (cancéreuses, par exemple) avant qu’ils n’affectent notre santé. En bref, c’est un des éléments essentiels de défense de l’organisme contre les agressions qui nous permettent de rester en bonne santé[note].

Il ne devrait échapper à personne que, pour n’importe quel individu, un système immunitaire en bonne forme est indispensable pour réagir au mieux en cas de contamination par l’actuel coronavirus SRAS-CoV‑2[note] ; c’est d’autant plus important dans des pays comme la Belgique et la France où les gouvernements actuels n’ont pas été capables de mettre en place une politique de santé efficace pour limiter la propagation de la pandémie. Collectivement, ce n’est pas non plus un facteur à négliger en termes de propagation de la pandémie et de risque de surcharge ou de saturation du système de santé. D’autre part, un système immunitaire pleinement fonctionnel, du fait de sa capacité de mémoire et d’apprentissage, devrait permettre de mieux résister aux 2e et 3e vagues potentielles d’une pandémie, et ce individuellement et collectivement. Dès lors, il est utile de se poser cette question : dans quelle mesure les facteurs environnementaux, et en particulier celui de la pollution électromagnétique, affectent-ils le système immunitaire ?

La section 8 du Rapport BioInitiative 2012 consacre plus de 70 pages aux effets des CEM sur le système immunitaire sur la base d’une centaine d’études scientifiques sur le sujet[note]. Avant de poursuivre, il est utile de présenter plus en détail ce rapport et leurs auteurs. Ce rapport de 1.500 pages, sous-titré « Argumentation pour des normes de protection des rayonnements électromagnétiques de faible intensité fondés sur les effets biologiques », est l’œuvre de 29 scientifiques indépendants de 10 pays, tous experts de la question (21 d’entre eux possèdent un ou plusieurs doctorats et 10, un ou plusieurs titres médicaux) et il dresse un état de la connaissance de l’effet des CEM sur l’homme et les organismes vivants, sur la base de plusieurs milliers d’études scientifiques (EBF et RF)[note]. Parmi les auteurs, relevons la présence de Martin Blank, docteur en chimie physique (Université Columbia) et docteur en science des colloïdes (Université de Cambridge), qui a étudié les effets des CEM sur la santé pendant plus de 30 ans. Et encore, Paul Héroux, l’actuel directeur du Programme de santé au travail de la faculté de médecine de l’université McGill à Montréal, détenteur d’une rare triple expertise, en sciences physiques, génie électrique et sciences de la santé[note].

La première partie de la section 8 du Rapport BioInitiative reprend les conclusions d’un article de Olle Johansson[note], professeur au département de neuroscience du Karolinska Institute (Stockholm), qui tire un bilan d’une petite centaine d’études scientifiques sur les effets des CEM sur le système immunitaire. En introduction, il commence par poser une question que beaucoup posent ou se posent : « La biologie est-elle compatible avec les niveaux toujours croissants des CEM ? Ou, pour le dire en termes plus simples : pouvons-nous, en tant qu’êtres humains, survivre à cette pléthore de rayonnements ? Sommes-nous conçus pour une exposition à ces CEM toute notre vie, 24 heures sur 24 ? Sommes-nous immunisés contre ces signaux ou jouons-nous en fait avec l’avenir de notre planète en mettant toutes les formes de vie sur Terre en jeu ? La réponse semble être : non, nous ne sommes pas conçus pour de telles charges d’exposition aux CEM. Nous ne sommes pas immunisés. Nous jouons avec notre avenir ». Il continue sur le système immunitaire : « Très souvent, on dit que la plus grande menace de l’exposition aux CEM est le cancer. Cependant, ce n’est pas le scénario le plus effrayant. (…) Ou, comme l’indique cet article, imaginez que notre système immunitaire, qui tente de faire face aux signaux électromagnétiques toujours plus nombreux, ne puisse finalement plus le faire ! Le système immunitaire est-il conçu pour faire face à des “allergènes” inexistants auparavant mais maintenant présents en masse ? Serait-il possible que notre système immunitaire par extraordinaire dans le processus d’évolution ait cette capacité ? Est-ce que cela est probable, même au minimum ? Bien sûr que non ».

Les études considérées font état de changements immunologiques importants lors de l’exposition à des niveaux de CEM artificiels, souvent à des niveaux faibles ou très faibles (c’est-à-dire non thermiques), tant chez l’homme que l’animal, avec des changements physiologiques mesurables comme :

l’altération morphologique des cellules immunitaires ;l’augmentation des mastocytes (l’indication d’une réponse allergique) ;une dégranulation accrue des mastocytes ;une modification de la viabilité des lymphocytes ;une diminution du nombre de cellules NK ;une diminution du nombre de lymphocytes T[note].

Il est donc possible qu’une exposition continue aux CEM puisse entraîner un dysfonctionnement du système immunitaire, des réactions allergiques chroniques, des réactions inflammatoires et finalement une détérioration de la santé. D’autre part, l’implication du système immunitaire est évidente dans diverses altérations biologiques présentes chez les personnes atteintes d’électrohypersensibilité ou hypersensibilité électromagnétique (EHS)[note].

La 2e partie de la section 8 du rapport BioInitiative, page 458, est d’un intérêt particulier, car elle traite d’études menées en 1971 et les années suivantes dans l’ex-URSS, spécialement à l’institut de santé publique de Kiev, des études restées méconnues dans le reste du monde, mais qui ont fait que l’URSS a adopté des normes basées sur les effets biologiques, de sorte que les limites d’intensité des CEM y sont nettement plus basses qu’aux États-Unis et qu’en Europe de l’Ouest. Ceci dit, à la même époque, aux États-Unis et sous l’égide de l’armée principalement, d’autres types d’études avaient été menées qui auraient elles aussi dû mener à des normes plus rigoureuses, mais la pression et les intérêts du complexe militaro-industriel ont fait que seul l’effet thermique a finalement été pris en compte pour « protéger » le public.

La conclusion générale des études menées à Kiev de 1971 à 1975 était qu’une exposition prolongée aux CEM-RF de faible intensité entraîne des réactions autoallergiques. Dans une de ces études, des cobayes, des rats et des lapins exposés 7 heures par jour pendant 30 jours à un CEM de 50μW/cm² à 2,45 GHz avaient présenté une réponse auto-immune maximale 15 jours après la fin de la période d’exposition (pour information, la norme de l’ICNIRP à cette fréquence est de 987μW/cm²). Une autre conclusion importante était l’existence d’une relation de type « dose-effet » en termes d’effets biologiques des CEM-RF sur le système immunitaire, un critère essentiel dans la démonstration de l’effet d’un agent en pharmacologie.

Plus récemment, d’autres études sont venues renforcer le constat de l’effet nocif des CEM sur le système immunitaire, par exemple celle d’El-Gohary et Said publiée en 2016 dans la Revue canadienne de physiologie et pharmacologie[note]. Elle portait sur l’effet des CEM émis par un téléphone mobile sur le système immunitaire chez le rat et l’éventuel rôle protecteur de la vitamine D. Après une exposition aux CEM de 1 heure par jour pendant 1 mois, on a observé une diminution significative des niveaux d’immunoglobulines (des protéines dotées d’une fonction d’anticorps), du nombre de leucocytes totaux, de lymphocytes et d’autres cellules immunocompétentes, avec une réduction de l’effet en cas de supplémentation en vitamine D.

Comme pour les autres facettes de l’effet biologique et sanitaire des CEM (les atteintes de l’ADN et du génome humain, le cancer, les maladies neurodégénératives, etc., voir plus haut), l’ICNIRP et l’OMS ignorent volontairement la plupart des études menées sur l’effet des CEM sur le système immunitaire et s’en tiennent à des normes basées sur l’effet thermique, qui ne protègent nullement les populations.

Des nouvelles normes basées sur la biologie, protégeant réellement les humains et les autres espèces vivantes, doivent être établies, ce qui signifie probablement que dans de nombreux contextes, la limite protectrice devra être établie à une intensité de CEM nulle.

Les études sur les effets biologiques de la 5G et en particulier sur l’utilisation qu’elle ferait des ondes millimétriques sont quasiment inexistantes. Son déploiement est néanmoins affligé d’une certitude, dénié par certains malgré l’évidence : il s’accompagnera d’une croissance incontestable de la pollution électromagnétique, comme le prouve la demande insistante des opérateurs[note] pour augmenter la limite de protection à Bruxelles de 6V/m à 14,5V/m dans un premier temps, et à 41,2V/m ensuite. Si la 5G est déployée, cette croissance de la pollution se poursuivra ensuite par la prolifération des objets connectés qui est un des buts ultimes de la 5G, et par la mise en orbite des 50 000 satellites en projet, dont quelques-uns ont déjà été lancés.

Se pourrait-il que, miraculeusement, la 5G n’ait aucun effet biologique et sanitaire sur les êtres vivants, contrairement aux générations précédentes des normes de téléphonie mobile ? Seuls les lobbyistes acharnés de la 5G répondront par l’affirmative, par cynisme, cupidité ou stupidité.

Francis Leboutte, ingénieur civil, membre fondateur du collectif stop5G.be

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EN GUISE DE CONCLUSION : L’ALIBI DE LA SANTÉ

« Personne n’a le droit de posséder ce dont dépend la vie d’autrui — que ce soit d’un point de vue social, moral ou écologique. Et personne n’a le droit de concevoir, d’utiliser ou d’imposer à la société des technologies privées capables de nuire à la santé humaine ou à celle de la planète. »[note]Murray Bookchin

La domestication des masses est une caractéristique des dissociétés libérales de l’après-guerre. Au XXe siècle, les totalitarismes s’en prenaient aux corps par les déportations, la torture et les assassinats de masse. Il s’agissait d’ailleurs là moins de domestiquer que de briser et terroriser. Dans les démocraties techno-libérales, les détenteurs du pouvoir assoient leur domination en appliquant des recettes douces, « démocratiques », manipulatrices et au bout du compte plus efficaces. C’est ce que le journaliste libéral Walter Lippman appelait la « fabrique du consentement ». Cela n’empêche que ces mêmes États peuvent manier le bâton quand il le faut, comme ce fut le cas avec les gilets jaunes éborgnés ou amputés. Cependant, les autorités risquent toujours un retour de flamme au cas où la victime aurait l’idée de porter plainte. Bref, mieux vaut utiliser les ressorts de la psychologie pour arriver à ses fins et faire advenir un soft power indolore, inodore, invisible, une réalité culturelle mainstream déjà accomplie de l’autre côté de l’Atlantique et en passe de se concrétiser en Europe[note].

Quelles cordes les propagandistes ont-ils jusqu’à présent titillées ? À partir des années 1950, quand l’économie était à la reconstruction et que l’individualisme venait de passer à la vitesse supérieure, la liberté individuelle devint cette vache sacrée que tous les gouvernements occidentaux se targuaient de préserver et même de doper au moyen des possibilités sans cesse croissantes de la consommation. Les rares tribulations sanitaires, comme l’épidémie de grippe asiatique H3N2 de la fin des années 1960, ne la bousculèrent pas fondamentalement. Pas touche à ma bagnole, à ma maison quatre façades et à mes vacances, disait aux quatre vents le petit-bourgeois gentilhomme. À côté de la liberté individuelle, la santé se positionne comme une deuxième corde, capable de phagocyter la première. Le bon sens dit qu’elle est la condition de tout le reste (ce qui n’est pas entièrement faux). En son nom, les transhumanistes avancent leurs pions. Au moyen de la convergence NBIC[note], ils promettent à terme l’éradication de toutes les maladies, la prolongation de la vie, voire la « mort de la mort ». C’est la médecine curative portée à ses extrémités. Parallèlement, ils cherchent à « augmenter » toutes les facultés humaines (physiques et mentales). C’est la médecine méliorative. La pandémie de coronavirus a encore fait bouger les lignes. Cette fois-ci, les experts n’en appellent plus seulement à la préservation de la santé, mais de la vie elle-même. Selon le professeur Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique Covid-19 en France, la priorité absolue est de sauver des vies… quitte apparemment à y sacrifier tout le reste. Ainsi assurait-il au journal de France 2 que même après le déconfinement, il s’abstiendrait d’aller rendre visite à ses petits-enfants. André Comte-Sponville lui répondait indirectement sur France-Inter en indiquant, à la suite de Hannah Arendt, qu’« éviter de contracter le Covid-19 ne peut pas devenir le but de notre existence ». Une société qui n’a plus d’autres préoccupations que la simple survie biologique de ses membres, dont la rationalité ne serait plus consacrée qu’à la préservation de soi, serait une société en déclin[note] à laquelle je ne serais pas fier d’appartenir. Et la liberté ? Et les besoins de l’âme ? Et les relations humaines ? Ça ne compte plus ?

Que vient faire la 5G dans tout cela ? Francis Leboutte a montré dans son article qu’elle est potentiellement source de diverses maladies. Le faire remarquer ou simplement (se) poser des questions est de suite taxé de « complotisme »[note] par les représentants du pouvoir qui montent en épingle l’idée fausse, répandue sur la Toile, que la 5G serait la cause de la pandémie de Covid-19. Nonobstant toutes ces inconnues, et au mépris du timide principe de précaution, nos dirigeants embrigadent la 5G dans l’objectif sanitaire, pour l’imposer plus aisément à l’opinion publique. « Ces infrastructures sont critiques pour sauver des vies en cas d’urgence. Il faut éviter de nouveaux incidents », déclarait Paul van Tigchelt, le patron de l’Ocam au Soir (18 mai 2020), à propos du sabotage d’une antenne GSM liée au déploiement de la 5G dans le Limbourg. La « stratégie du choc » (ou « capitalisme du désastre ») s’installe en Belgique. Allons-nous arriver bientôt à « une société super intégrée, une société du spectacle et du super contrôle au nom de la survie collective et individuelle, de l’écologie et de la santé. Bref, le fascisme écologique et ordinaire[note] » ? Si vous n’êtes pas d’accord avec ce programme, « il convient de s’opposer fermement aux promesses de la santé intégrale, instrument pernicieux de normalisation des conduites et de dépossession de toute forme d’autonomie sur nos existences[note] ». Et donc d’estimer que sauver quelques vies grâce à la 5G en en sacrifiant des millions d’autres silencieusement n’est pas une option valable.

Bernard Legros

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QUELLE SANTÉ DEMAIN ? LOGIQUE DE RENTABILITÉ, INDIFFÉRENCE POLITIQUE ET COVID-19…

ENTRETIEN AVEC MOUNA CHOUATEN, INFIRMIÈRE SPÉCIALISÉE, ACTIVE DANS L’ASSOCIATION « LA SANTÉ EN LUTTE[note] »

Alexandre Penasse : Depuis quand l’association existe-t-elle et que fait-elle ? Dans le cadre du Covid-19, qu’est-ce qui est fait particulièrement et que revendiquez-vous ?

Mouna Chouaten : La première assemblée générale de La Santé en lutte s’est tenue en juin 2019. C’est né au départ d’un mouvement de grève qui a eu lieu sur le réseau Iris à Bruxelles. La santé en lutte a comme objectif d’aller chercher la voix du terrain. Nous ne sommes pas du tout associés à des représentations de métiers d’infirmiers, comme la FNIB ou la CN, ni avec les syndicats. Nous sommes des gens de terrain (infirmiers, ouvriers, brancardiers, aide-soignants, kinés, etc.). Nous avions déjà commencé des actions de grève et des manifestations il y a presque un an, mais qui n’ont pas été très médiatisées. On en parlait un peu au journal à la radio, c’était des petits groupes qui manifestaient, mais il n’y a pas eu un large mouvement national qu’on puisse entendre. Depuis, la crise du Covid-19 a exacerbé les difficultés du terrain et elle a également mis à jour le visage assez despotique de nos politiques. On nous a complètement lâchés, on nous a considérés comme de la chair à canon. Tout le système des soins de santé était en colère. Le mouvement, on le suit de très près pour mettre à jour la réalité du terrain tue aux informations. Un exemple concret : nous avons des décès du coronavirus qui sont comptés et relayés dans les médias, et à aucun moment on ne parle du personnel soignant contaminé ou qui est décédé. Nous les recensons pour pouvoir mettre des chiffres, des noms et des visages derrière ce personnel sacrifié. Alors qu’aujourd’hui il n’est pas normal de mourir en tant que soignant du Covid-19.

Paradoxalement, le Covid-19 vous a permis de faire connaître vos combats. Je rappelle quand même, comme vous le dites aussi, que Maggie De Block a reporté un projet de loi de réduction de 48 millions € d’aides aux hôpitaux et, récemment, le 4 mai, il y a eu un projet de loi pour réquisitionner le personnel hospitalier[note]. Tout d’un coup, vous êtes les héros, alors que juste avant on supprimait des budgets de la santé, on réduisait le personnel hospitalier. Maintenant que c’est en train de se calmer, on vous réquisitionne. Vous avez été très obéissants en fin de compte, puisqu’on vous a empêchés de prendre des congés jusque fin juin, vous avez accepté beaucoup de contraintes… Quel est votre point de vue sur cette situation et ces incohérences ?

Pour la plupart, accepter ces contraintes était assez normal. On voyait ce qui se passait en Italie, on a fait notre job. Mais à l’heure actuelle, des services Covid sont en train de fermer dans des institutions de soins, les soins intensifs requièrent donc moins de travail parce qu’il y a moins de patients Covid, sachant que ces prises en charge sont quand même assez lourdes. Et aujourd’hui quand on découvre cet arrêté qui nous parle de réquisition… On est en train de déconfiner anormalement : on ne vérifie pas les paramètres, on n’attend pas 2 à 3 semaines entre chaque étape, on déconfine de semaine en semaine, c’est le bordel dans plein d’enseignes où il y a des files… Je suis désolée, mais nous on voit ça et on se dit « Mon Dieu, mais qu’est-ce qui va nous arriver ? ».

Une 2ème vague va nous tomber dessus. Il n’y a eu aucune concertation, aucune discussion et la ministre De Block nous ment quand elle dit qu’elle a récolté l’avis du terrain. Le « terrain », pour elle, ce sont les organisations d’infirmières reconnues comme la FNIB ou la CN. Pourtant, on a demandé à ces dernières si elles avaient été contactées, mais elles ne l’ont jamais été. C’est quelque chose que De Block a décidé seule. Dans une émission télévisée, elle disait qu’elle ne comprenait pas pourquoi le personnel infirmier était à ce point choqué. On nous ment et en plus on nous prend pour des cons. Donc, vous êtes dans l’obligation d’aller travailler et en plus si vous ne pouvez pas, si vous refusez, vous risquez un emprisonnement et une amende. Mais où on est, là ? C’est juste pas possible ! C’est inadmissible. Alors, la reconnaissance des politiques, on n’en a rien à battre ! Ils ne nous ont jamais reconnus, ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont nous reconnaître. Ils nous remercient, mais c’est manipulateur, c’est pour faire belle image devant le public. C’est dire : « Ah on comprend ce que vous vivez, merci, heureusement que vous êtes là », mais ils n’en ont rien à foutre, on n’a encore jamais vu Madame De Block venir voir ce qui se passait dans un hôpital. On n’a pas vu Madame Wilmès venir voir ce qui se passait sur le terrain, ils s’en foutent[note]. Eux, ils prennent des décisions globales, et dans leur vision globale je pense que ce qui prime surtout c’est l’économie du pays, le pognon. Mais finalement, les vies humaines et ce qui se joue réellement dans les institutions de soins n’est pas du tout pris en compte.

Dans cet arrêté, on parle de la réquisition, mais aussi du fait de pouvoir déléguer des actes infirmiers à du personnel de soin non qualifié. On est en train de brader la profession au détriment de la sécurité des patients. Et tout ça sans cadre, sans règles, on ne sait pas ce qui peut être déchargé ou pas. Les conséquences ? Si un patient porte plainte contre un soignant non qualifié, on ne sait pas sur qui ça va tomber : sur le soignant non qualifié, l’infirmière ou le médecin qui a mandaté ? Il n’y a rien de clair. Et on ne peut pas prodiguer des soins, sans être qualifié. On sent vraiment là un décalage entre eux et nous.

Il y a vraiment une fracture que vous mettez bien en évidence entre les politiques, les médias aussi et les gens qui sont sur le terrain. On dirait qu’ils sont hors-sol. La Première ministre Wilmès a dit que les masques devaient être soumis à la logique de l’offre et de la demande. Les hôpitaux pour le moment achètent-ils les masques au prix du marché ?

Oui, mais les hôpitaux, c’est la débrouille ! Il y a des businessmen qui ont des relations économiques avec la Chine, qui commerçaient dans l’immobilier ou le textile et qui se sont reconvertis aujourd’hui dans les masques. Et donc les institutions de soins essayent de trouver des masques comme ils peuvent. On a fait appel à la population pour la couture, et ces gens essayent de fourguer ces masques à des institutions à des prix incroyables ! Et ce qui nous fout les boules, c’est que maintenant les supermarchés vendent des masques.  D’où ça sort ?!  Parce que depuis le début de cette épidémie, nous étions à la recherche de masques, victimes de l’incompétence de gestion des politiques. On parle de déconfinement, du fait que le masque est de plus en plus recommandé et obligatoire dans les transports en commun, puis quelques jours après on apprend que ces masques vont être vendus au supermarché, à des prix entre 35 et 70€. Aujourd’hui encore à l’hôpital, on n’a pas assez de masques, certains services travaillent sans masques.

Le marché avant tout… Est-ce que cette situation paradoxale permet une conscientisation politique chez vos collèges, est-ce que vous sentez qu’il y a quelque chose qui prend ? Se rendent-ils compte que faire confiance aux politiques et aux médias de masse, cela ne semble plus possible ?

Oui. Les hôpitaux ne vont pas bien depuis un moment, mais cela restait cloisonné au sein de l’institution hospitalière. On peut parler presque d’un régime de dictature et de harcèlement, vous devez suivre le mouvement avec soumission. La logique de rentabilité met une pression sur le personnel soignant. Donc, cette colère, on l’avait surtout vis-à-vis de nos directions. On n’osait pas trop s’exprimer. Aujourd’hui, le Covid est venu, de manière générale, montrer que le problème ne vient pas forcément des directions des institutions de soins, mais de beaucoup plus haut. Les directions de soins sont elles aussi tenues par les politiques d’adopter ce management taylorien, technocratique, basé sur du budget, sur l’argent et non sur le soin lui-même. Même si on nous fait croire que l’humain est avant tout le reste, ce n’est pas vrai. Et c’est devenu vraiment utile de faire ressortir que c’est suite aux décisions des politiques que nous sommes dans l’embarras.

Quid de la santé à deux vitesses avec des hôpitaux privés et semi-privés, pensons par exemple à l’industrie hospitalière qui vient de se créer à Delta ? Comment mobiliser le personnel des hôpitaux privés par exemple ? Quelle est votre vision par rapport à ça ?

C’est très compliqué. On n’a déjà pas la même manière de travailler. Les hôpitaux privés sont tenus à une pression encore beaucoup plus importante, qui est en train d’arriver dans les hôpitaux publics. Mais pour mobiliser du personnel infirmier, il faudrait qu’ils aient le courage de s’afficher. J’ai eu une discussion avec une amie qui travaille à Delta dans un gros service. J’ai essayé de l’amener dans La Santé en lutte, et elle m’a dit : « Non, écoute, je suis sur Facebook, en anonyme parce que j’ai peur. Je sais que nos directions surveillent Facebook ». Mais pour cela, pas besoin d’aller à Delta. Moi-même, dans un hôpital public à Charleroi, j’étais surveillée sur Facebook et on m’a coupée également de mes collègues de l’hôpital. J’ai dû en partir, étant devenue la « tête à couper ». Je disais haut et fort ce que les autres pensaient et j’ai été convoquée à la direction. Je pense qu’il faut encore plus de caractère dans le privé que dans le public si on veut s’afficher. Ce qui est aussi dommage, c’est qu’à côté de La santé en lutte, il y a d’autres groupes, comme Take Care of Care et Oxygène, qui naissent séparément. L’idéal serait d’avoir un seul et unique mouvement qui puisse reprendre l’ensemble du personnel, pour avoir plus de force. Globalement, les divers groupes reprennent plus ou moins les mêmes revendications, mais pas forcément. Donc, l’idéal serait d’avoir un seul mouvement pour faire bloc.

Au-delà des applaudissements, est-ce que vous pensez que la population vous soutiendra, notamment quand vous parlez de manifestations, est-ce que ce ne serait pas le moment d’appeler à une grande manifestation avec des revendications claires, tout ce qu’on est en train de dire là ? Et, sous question, est-ce que vous ne pensez pas que dans ces applaudissements il y a une certaine confusion qui met les médecins et les infirmiers ensemble ? Il faut quand même savoir que 90% des médecins votent MR, que ce sont eux qui ont appuyé le numerus clausus.

Si j’ai un message à faire passer, c’est d’arrêter de nous applaudir et de venir nous soutenir sur le terrain quand on aura besoin de vous. Je pense que c’est surtout pour eux qu’ils le font, c’est eux qui s’applaudissent. Parce qu’ils sont confinés, qu’il y a un virus en train de circuler vous rappelant qu’à tout moment vous pouvez être malades ou mourir. Est-ce que les applaudissements viennent des tripes ou de la peur que tout cela engendre ? Nous, ce qu’on veut aujourd’hui est une grande manifestation, qui aura lieu probablement en septembre, à vérifier. Mais là où nous sommes assez méfiants et très attentifs, c’est qu’ici on déconfine, mais comment nos chers politiques vont-ils autoriser nos regroupements ? Est-ce qu’ils vont permettre les manifestations, après les bars et les discothèques ? Ou bien ils vont dire « pas de manifestations avant novembre, décembre, janvier ? ». Parce qu’ils le savent que ça bouillonne sur le terrain. Donc ils se disent qu’ils vont faire reculer ces assemblées et autoriser les manifestations le plus tard possible pour refroidir la marmite en espérant que ça retombe. Les magasins seront ouverts, les terrasses avec les copains… Du coup, on sera un peu sortis de cette dynamique dans laquelle on est aujourd’hui. Là, maintenant, nous discutons pour savoir quelle position adopter si ça doit arriver. Je pense qu’on va braver l’interdit.

J’allais vous le demander, il y a quand même une question de désobéissance qui va être posée ?

Plusieurs questions se posent. Est-ce qu’on brave l’interdit pour manifester ? Sera-t-on assez nombreux ? Crée-t-on des mouvements par exemple à Bruxelles dans différents lieux avec distanciation pour ne pas se faire arrêter ? À un moment donné il va falloir se décider. Notre objectif est aussi d’être en accord avec d’autres mouvements d’infirmiers européens, en France, Italie, Espagne, etc. Ce que l’on veut faire concerne la Belgique, mais le problème de l’austérité est dans l’Union européenne. On est donc en contact.

Est-ce que vous avez une stratégie médiatique aussi ? Les médias vont jouer le jeu habituel ? Aujourd’hui vous nous consacrez une interview. Est-ce que vous vous êtes dit « à un moment donné, il ne faut plus jouer dans leur jeu » ?

Aujourd’hui, ceux qui nous donnent la parole, on la prend pour dire qui on est et ce qu’on veut. Mais on n’a pas vraiment de stratégie par rapport à ça. Je pense que ce qui nous fait connaître, ce sont les réseaux sociaux, Facebook surtout, Twitter et Instagram aussi. Après, on attend de voir. Je suis assez surprise qu’il n’y ait jamais un infirmier sur les plateaux de C’est pas tous les jours dimanche sur la RTBF, seulement des politiciens et des médecins. Mais alors s’il faut un infirmier, qu’il ne vienne pas de la FNIB, car celle-ci a un discours plus modéré. Nous sommes juste beaucoup plus réalistes, on reflète vraiment ce que l’on vit ! À la FNIB, il y a beaucoup de personnes issues des directions hospitalières. Un directeur infirmier qui descend dans les services pour dire à son personnel : « Ah oui, mais vous savez, le taux d’occupation est d’autant en chirurgie cardiaque, le taux a diminué d’autant… » On n’en a rien à foutre du taux d’occupation des lits ! Nous on veut savoir si vous avez des choses à nous dire sur la qualité des soins, le taux d’infection, les patients se plaignant des soins, etc. Je ne sais pas si vous savez, mais les institutions hospitalières sont rentrées dans une logique de badges de qualité. Ils ont dépensé des milliers d’euros, voire des millions, pour avoir un p… de badge qu’on va mettre à l’entrée de l’hôpital pour dire : « On est reconnu badge d’or ou badge de platine ». Et tout cela a demandé de l’investissement financier au sein des institutions de soins parce qu’il a fallu réexaminer au niveau du management, du matériel, des efforts du personnel soignant. Le Covid arrive donc à un moment où les soignants ont dû s’investir là-dedans pour faire tous ces changements et protocoles. Et s’il y a une 2éme vague, ce n’est pas fini ! Après ça, on va encore subir en devant rentabiliser toutes les pertes. Les salles techniques, comme un bloc opératoire, cela comporte en général 10 salles et cela peut aller jusqu’à 20 salles. Par salle non occupée, on est à 100.000€ par jour. 100.000€ fois 10 salles ou 20 salles, et on est à des millions d’euros de pertes. On va reprendre sur les chapeaux de roues, avec une pression dingue parce qu’il va falloir rentabiliser, encore beaucoup plus qu’avant, pour pouvoir récupérer tous ces déficits. Mais où est l’État ? Où sont les politiques ? Qu’est-ce qu’on va faire pour nous ? Est-ce qu’on va aider les institutions ? On a débloqué 1 milliard € pour aider les institutions, mais elles vont devoir les rembourser ! C’est nous qui allons trimer. On va encore de nouveau en prendre pour notre grade, et en plus de ça, si à un moment donné on a envie de s’arrêter, on est réquisitionné ! Donc pas d’autre choix, tu marches ou tu crèves quoi, sauf si…

Vous allez trimer, « sauf si », et ce « sauf si », ce serait quoi ?

Sauf si l’État décide de soutenir financièrement les institutions de soins, sans remboursement, évidemment. Afin de compenser les pertes, il va falloir débloquer des millions, si pas des milliards, pour aider les institutions à compenser le manque à gagner.

Pourquoi l’État qui, juste avant la crise du Covid s’appliquait minutieusement à privatiser la santé, à lui enlever des moyens, mais aussi comme vous le dites, à mettre dans les hôpitaux tous des systèmes onéreux de reconnaissance d’identité, de vérifications des données, pourquoi tout d’un coup l’État se ferait-il le garant de l’intérêt du public et des hôpitaux ?

Mais parce qu’on voit quand même aujourd’hui que les hôpitaux et le système des soins sont un pilier de notre société. Et que quand notre système de soins de santé n’est pas bon, rien ne va. Comment on aurait fait, si on n’avait pas été là ?

On est encore dans le Covid et ils mettent en place des lois de réquisition, remettent à plus tard un projet de 48 millions… Pourquoi, tout à coup, s’intéresseraient-ils au bien commun ?

Je ne sais pas, peut-être avec un système comme en France où des médecins ont remis leur démission. Peut-être faire du chantage ou être plus agressifs ? Parce qu’on ne peut pas dire qu’eux soient doux, n’est-ce pas ? Peut-être les tenir par le cou et leur dire : « On a besoin de vous, sinon autant de personnel va remettre sa démission ». Et encore, je ne suis même pas sûre que ça fonctionnerait !

J’ai l’impression qu’on demande sans cesse : « S’il vous plaît, chers politiciens, aidez-nous ». N’y a‑t-il pas une perte de temps et une forme de délégation de pouvoir ? Est-ce qu’il ne faudrait pas, si on veut politiser le corps médical, dire qu’il n’y a plus beaucoup à attendre des « représentants politiques » ?

Vous savez, le personnel médical a eu une prise de conscience. En 2020 en Belgique, des médecins anesthésistes ont été travailler dans les unités Covid, aux soins intensifs, pour pas un balle, ils ne sont pas payés ! Donc ils mettent leur vie en danger, peuvent être contaminés et ne sont pas payés. C’est hallucinant. Personne ne travaille gratuitement. Il y a aussi des médecins, des chirurgiens, comme mon mari (il ne vote pas MR !) qui ont été travailler gratuitement en tente Covid. Comme il n’opère plus, eh bien il ne gagne pas sa vie. Il a demandé le droit passerelle comme tout le monde. Et pourtant tous ces gens ont fait des études, ils sont là pour soigner et sauver des vies… et ils ne sont pas reconnus. Des hôpitaux engagent des infirmières bénévoles, des maisons de repos ont été rachetées et sont maintenant en bourse, privatisées et reprises par des actionnaires, qui demandent des bénévoles pour aller travailler ! Et nous, on veut nous réquisitionner pour aller travailler dans ces maisons de repos, là aussi ?

Donc, des maisons de repos privées, parce qu’elles ont un business, engagent des bénévoles ?

Oui, ces réquisitions sont peut-être des réquisitions pour des maisons de repos publiques, mais c’est aussi à l’avantage du privé. On ne fait pas de distinctions… Quand Maggie De Block dit « C’est quand même pas normal que ce soit l’armée qui aille travailler dans ces maisons de repos là »… Oui, mais ce n’est pas normal non plus d’aller chercher du personnel bénévole ou réquisitionné pour des hôpitaux privés, alors qu’on sait que ceux-ci sont des plaques tournantes financières. C’est juste du business, quoi.

Vous disiez justement au début que la crise du Covid a permis de sortir du contexte propre de l’hôpital et d’aller voir plus haut. Est-ce que cela ne pose pas la question de savoir où va notre argent ? On sait qu’en Belgique des milliards partent dans les paradis fiscaux… Et que c’est de nouveau le moyen de dire « Le peuple va payer, les infirmières vont payer au risque de leur santé, c’est pas grave, on s’en fout. Le capital, le business, les hôpitaux privés, on ne va surtout pas les déranger. » Est-ce que ça percole dans les milieux des travailleurs, des infirmières ?

Entendre la réalité de tous ces paradis fiscaux, de l’exil fiscal, eh bien oui, forcément. Au plus vous êtes une grosse société, au moins vous êtes taxés. Vous êtes plus riches parce que vous donnez moins, en fait. On va toujours aller chercher dans les poches des travailleurs. Rien à voir avec ces milliardaires qui sont au-dessus de nous. Donc on a l’impression que c’est encore sur nous, « les petits », qu’on va frapper. Comme si avoir beaucoup d’argent permettait d’acheter nos politiques. Mais nous, nous n’avons pas les moyens d’acheter les politiques. Nous, on voudrait une politique humaine, proche du peuple, des citoyens, qui est à l’écoute et qui prend de justes décisions pour tous, mais on n’en est vraiment pas là aujourd’hui. Il y a ce petit peuple de petits citoyens, puis les politiques, et au-dessus les multinationales, qui exercent un pouvoir sur le politique. Donc, oui, on revendique, oui on va manifester, oui on veut une politique plus juste, citoyenne, démocratique, mais on sait bien que le problème se situe beaucoup plus haut.

La colère monte, je l’entends, c’est justifié. Revenons sur la question des réquisitions. Pour le personnel hospitalier, la procédure de réquisition existait déjà avant, on pouvait dans des cas de force majeure obliger le personnel hospitalier à intervenir. Comment se fait-il que le gouvernement revienne avec cela ?

Quand il y a eu la grippe H5N1, ils avaient déjà voté ça, mais on ne l’avait pas entendu, et cette grippe n’a pas fait tout ce tollé, provoqué ce confinement, cette médiatisation autour du Covid, qui est quand même beaucoup plus virulent et mortel. Avec les pouvoirs spéciaux, ils en profitent pour faire ce qu’ils veulent, sans jamais nous consulter. D’abord, nous ne l’avons pas appris par les médias, mais par un syndicat, quand c’était en discussion. Ils ne sont jamais venus vers nous, peut-être parce que les politiciens doivent savoir que ça grouille sur le terrain, que des mouvements sont en train de se créer. Vous avez vu qu’on existait. Pourquoi, eux, ne le sauraient-ils pas ? Et donc cette réquisition, c’est aussi une occasion détournée de nous empêcher de manifester ou de faire grève. C’est aller complètement à l’encontre de nos droits les plus fondamentaux. Ils ne nous interdisent pas formellement de manifester ou de faire grève, mais par cette réquisition, ils nous en empêchent.

Propos recueillis par Alexandre Penasse, le 11 mai 2020

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ÉCOLE NUMÉRIQUE : LE COVID-19 N’Y CHANGE (PRESQUE) RIEN

« Nous devrions également accélérer la tendance à l’apprentissage à distance, qui est testé aujourd’hui comme jamais auparavant. »[note]Éric Schmidt, PDG de Google, dans le Wall Street Journal

Depuis le début de cette « crise », j’ai entendu de nombreuses personnes dans mon entourage affirmer que « les choses allaient enfin changer » et que « le coronavirus rebattait toutes les cartes », entendant par-là que tout un chacun, d’un bord à l’autre du spectre politique, devait suspendre son jugement et ses tentatives d’explications, faire preuve de modestie, s’interdire les « Je l’avais bien dit ! » et s’en remettre à l’avis des experts, comme si ce fichu virus avait aussi le pouvoir d’invalider la réflexion politique. Dans Le Soir (28 avril 2020), Jean-François Kahn renvoyait tout le monde dos à dos, faisant pleuvoir sur les têtes écologistes, décroissantes, libérales, socialistes, marxistes et souverainistes des nuées de mauvais points lâchés de son hélicoptère critique. Il s’agit maintenant de reconnaître que tout le monde a tort, assénait-il comme un Socrate postmoderne. Non, Monsieur Kahn, c’est le contraire. Hormis l’une ou l’autre exception, chacun détient dans son analyse une parcelle de vérité. Et le coronavirus ne change pas grand-chose à tout ce qu’il faudrait (aurait fallu) entreprendre depuis longtemps pour essayer d’atteindre une société déjà moins indécente.

ÉCRANS, ENCORE ET TOUJOURS

Ainsi de la lutte contre l’addiction aux écrans. Celle-ci avait des conséquences funestes avant l’apparition de l’épidémie (notamment chez les jeunes), elle en a eu pendant et en aura après[note]. Ce qui change, c’est que l’école numérique et l’environnement numérique de travail (ENT) se voient auréolés d’une nouvelle légitimité dans les médias, le monde politique, chez les électeurs-consommateurs et, semble-t-il, chez une part assez importante des enseignants (hélas !). Sont apparus les cours en direct (live) sur les plateformes numériques, apparemment appréciés par les élèves : « J’ai eu cours aujourd’hui [Ndlr : le 25 mai] à l’école avec les deuxièmes années, et la situation est tellement peu agréable que j’ai peur que certains élèves ne préfèrent rester chez eux et suivre les cours live par Internet[note] » explique Sarah[note], une jeune enseignante dans le secondaire général à Bruxelles. « La technologie nous a dépannés dans cette situation, en effet. Toutefois, j’espère qu’elle ne va pas devenir un besoin à l’avenir. J’espère retourner à l’enseignement classique dès septembre, même si je crois que certaines pratiques vont définitivement changer malgré nous », ajoute-t-elle. Du côté de la presse, des journalistes aux ordres appellent déjà à grand fracas à la « réduction de la fracture numérique » et à la « réinvention de l’école » au travers d’un « environnement numérique performant », notamment pour augmenter l’efficacité des classes inversées[note]. Des associations de citoyens, en parfaites idiotes utiles de la « silicolonisation du monde »[note], se démènent pour fournir un ordinateur usagé aux élèves défavorisés qui en sont privés. « En la matière, il y a plus qu’un défi, une obligation de réussite », commande Éric Burgraff dans l’éditorial du Soir (19 mai 2020). Que seraient devenus les pauvres élèves confinés sans cet outil merveilleux, Internet ? Largués dans la grande course capitaliste à l’innovation, devenus potentiellement inemployables, incapables de constituer l’armée de réserve qui relèvera l’économie chancelante de la Belgique après la pandémie… Heureusement, les cours en ligne étaient là ! Pendant le confinement, certains professeurs zélés – que l’on suppose adoubés par leur direction – ne se sont pas gênés d’en user et abuser, rivant à distance leurs élèves aux écrans pour la bonne cause, ne se souciant aucunement des retombées de leurs exigences pédagogiques au sein des familles, à commencer par le sous-équipement informatique de certains ménages[note], mais aussi l’organisation compliquée entre les repas, les loisirs, les petites sorties pour se dérouiller les jambes, les courses, le télétravail… et l’école en ligne. Comme si l’ambiance n’était pas suffisamment anxiogène, ils en ont remis une couche[note] ! Quant aux bénéfices proprement pédagogiques, ils sont loin d’être avérés[note]. Le numérique éducatif ne favorise pas l’autonomie. Ses défenseurs confondent souvent l’apprentissage avec l’entraînement intensif (drill) ou la motivation pour l’outil… quand elle existe. Car les élèves ne sont pas spontanément demandeurs de gadgets technologiques, au départ ce sont les dirigeants des communautés éducatives qui les leur imposent. Et puisque l’époque est à se préoccuper avant tout de la santé, rappelons que l’abus d’écran entraîne chez les jeunes perturbations du sommeil, déficit d’attention, myopie, troubles musculo-squelettiques, surpoids et cyberdépendance… toutes choses à ajouter au risque viral !

ÉCOLE ET NOUVEAU BIOPOUVOIR NUMÉRIQUE

Le Covid-19 ne change fondamentalement rien au lourd dossier de la numérisation de l’enseignement, qui était déjà une réalité vécue par les enseignants et les apprenants depuis quelques temps[note]. Mais aujourd’hui, pour les opportunistes libéraux technolâtres, c’est le Kairos ! Le ministre Pierre-Yves Jeholet, dans la droite ligne de son très technocratique parti le MR, proclame qu’il faut développer l’école numérique « avec une vision ambitieuse et pragmatique » (Le Soir, 25 mai 2020). Côté société civile, l’association Educit est aux avant-postes (voir le storytelling élogieux que lui consacre Jean-François Munster dans le même numéro du Soir). De l’autre côté de l’Atlantique, cette « stratégie du choc » (cf. Naomi Klein) se met en place à New York sous la forme d’un « Screen New Deal », pour les plus grands intérêts des GAFAM. Si heureusement une fraction des parents voit le piège dans lequel eux et leurs rejetons sont tombés[note], l’autre, au comble de l’aliénation, applaudit les enseignants (ir)responsables et en redemande. Que des enfants n’obtiennent pas cette année leur CEB ou leur CE1D, est-ce que cela va changer la face du monde (contaminé) ? Est-ce que cela bouleversera ou empêchera même quoi que ce soit dans leur développement cognitif à long terme ? À moins que l’objectif soit de maintenir la pression sur eux, indûment bénéficiaires d’un « congé » supplémentaire malvenu. Par contre, deux choses se renforcent. D’abord les inégalités scolaires, déjà criantes avant l’épidémie : matériel informatique manquant ou obsolète dans les ménages défavorisés versus leçons particulières dans les familles aisées ; ensuite, les possibilités de fliquer les professeurs, puisque leurs cours et exercices sont maintenant en ligne et consultables par tout un chacun, y compris les conseils des parents procéduriers qui détecteront tous les vices de forme et dérogations à la lettre des programmes, et ainsi parviendront plus facilement à avoir la peau de certains enseignants non conformes, par exemple ceux qui refusent l’injonction au numérique et risquent ainsi une mise au pilori professionnelle pour raison de désobéissance, incapacité de s’adapter, irresponsabilité, trop grande originalité ou voix politique discordante au sein de l’établissement. « Virale » depuis des années, la propagande anti-prof pourrait cesser si les enseignants se convertissent rapidement et massivement au numérique. Cela n’empêchera pas le pouvoir néolibéral de poursuivre son objectif inavoué de dégraisser leurs effectifs à terme et de rebaptiser les heureux (?) rescapés en « personnes-ressources en e‑learning ». Adieu au statut d’enseignant ! Pourtant, rappelons-le, sans les enseignants rien n’aurait jamais eu lieu : pas de cours, pas d’utilité pour les fonctions d’inspecteurs, de directeurs et de préfets, pour les pouvoirs organisateurs, les associations de parents, l’administration et même le ministère. Nous, professeurs, sommes l’alpha et l’oméga de l’École, il suffirait que nous en (re)prenions conscience[note] pour que les choses se mettent vraiment à changer dans un sens salvateur. Pas celui d’être le propre fossoyeur de son métier en obéissant aux sommations à se numériser ou même en l’acceptant de bonne grâce. Volontaire ou non, sus à la servitude !

Bernard Legros

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DETTE ET CRISE SANITAIRE

Mars 2020 éclatement de la crise, quelle crise ? La crise sociale, écologique, économique, de civilisation… qui était déjà bien perceptible ? Ou plutôt la crise sanitaire suite à la pandémie mondiale du coronavirus ? À ces nombreuses crises que l’on ne sait plus comment nommer, comment définir, s’ajoute donc une mise entre parenthèses de l’économie suite à la pandémie du coronavirus, qui engendre une crise économique et une crise de la dette qui couvaient depuis des années.

Dans les débats publics, sur les réseaux dits sociaux, les discussions se multiplient à propos de « l’après-crise ». La plupart des discours laissent imaginer une crise en forme de parenthèse, lors de laquelle on a pu réfléchir à l’après-confinement, se prendre aux mots de Macron qui en appelait à un changement d’imaginaire. Quelques penseurs (le masculin est utilisé expressément) auraient concocté un plan pour un monde meilleur, une transition appliquée à toutes les sauces. Pourtant, comme l’explique Romaric Godin, journaliste à Médiapart, la situation économique et financière depuis la crise mondiale de la décennie précédente était loin d’être améliorée.

« La crise actuelle pourrait bien être plus coriace que prévu. Elle est plus violente que celle de 2008 et, à la différence de cette dernière, l’économie chinoise qui avait supporté l’essentiel de la reprise par des plans de relance très agressifs et écologiquement désastreux (passant par des surproductions de ciment ou d’acier, par exemple) ne semble plus en mesure de jouer ce même rôle. La financiarisation continue par ailleurs à réduire l’impact des politiques sur l’économie réelle en captant une grande partie des bénéfices issus de cette dernière. »[note]

APPELS À L’ANNULATION DES DETTES

Parmi les nombreux éléments imbriqués dans l’économie mondiale, la dette joue un rôle primordial. La forte réduction de l’activité économique pendant plusieurs mois causée par la crise sanitaire du coronavirus a fait réapparaître la question douloureuse de la dette dans les débats publics. Cependant, bien que reposant sur un système très complexe, les décisions quant aux dettes et aux remboursements sont avant tout politiques. Des centaines de collectifs, voire même d’élus, ont appelé ces dernières semaines à l’annulation totale et inconditionnelle des dettes de pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. En Europe, des débats portant sur la mutualisation des dettes et des médias financiers assurent que les dettes ne posent pas de problème car les taux d’intérêt sont bas (politiques encouragées par les banques centrales européennes et étasunienne).

Le 13 mai, une initiative portée par Bernie Sanders et soutenue par 300 parlementaires du monde entier adressait une lettre au FMI et à la Banque mondiale pour demander une remise totale de la dette des pays de l’Association internationale de développement (AID) par toutes les grandes institutions financières internationales (IFI). Les Nations unies prévoient que la crise du coronavirus pourrait accroître la pauvreté mondiale d’un demi-milliard de personnes, soit 8% de la population mondiale. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que le nombre de personnes au bord de la famine à cause de la crise économique mondiale pourrait doubler, passant de 135 millions à 265 millions, en raison de la pandémie. 64 pays paient actuellement davantage pour le service de la dette que pour les soins de santé.

MACRON ET SES INTÉRÊTS AFRICAINS

Le président Emmanuel Macron, après avoir enfilé ses habits de chef de guerre lors de son premier discours de crise, changeait de costume lors d’une autre allocution présidentielle pour annoncer une annulation massive des dettes de l’Afrique. Une annonce qui a fait grand bruit, répétée à longueur de journées dans les médias internationaux.

Le 13 avril, Macron annonçait vouloir « annuler massivement la dette » des pays africains. Pourtant, les pays du G20, dont la France, ont tout juste suspendu quelques remboursements. Alors que 200 organisations du monde entier demandent de véritables annulations des dettes pour permettre aux pays du Sud de faire face à la crise, dans le communiqué final des ministres des finances du G20 et des gouverneurs des Banques centrales du 15 avril, il n’y a aucune trace d’une « annulation massive des dettes africaines » proclamée peu de temps avant par le président français. La suspension décidée n’est que partielle et très provisoire. Partielle parce qu’elle ne porte que sur 12,8 milliards € sur un total de 30 milliards € environ des remboursements attendus en 2020. Provisoire parce que cette suspension ne porte que sur les remboursements prévus cette année. Et ceux-ci ne sont pas annulés mais seulement suspendus : ils devront être payés en 2022, échelonnés sur 3 ans et des intérêts plus élevés pourront être demandés.

L’annonce grandiloquente ne consiste donc nullement en une annulation. Elle risque de s’accompagner d’une aggravation du poids de la dette à moyen terme. Par leurs refus d’annuler purement et simplement tout ou partie de la dette des pays pauvres, les institutions financières internationales et les pays riches sont en train de leur concocter un avenir de dettes et de plans d’ajustements structurels aggravés.

POMPIERS PYROMANES

Entre 2010 et 2018, l’endettement public moyen du continent africain est passé de 35% du PIB à 60%. Au point que le nombre d’États en situation de « surendettement » ou risquant fortement de l’être selon le FMI, s’élève désormais à 33, soit deux fois plus qu’en 2018. C’est notamment le cas du Soudan, de la République Démocratique du Congo ou du Cameroun.

Une hausse de l’endettement en grande partie alimentée par la hausse du prix des matières premières et par les offres de prêts de la Chine qui ont entraîné de très nombreux pays du Sud global à s’endetter massivement au cours de la dernière décennie.

Le FMI agit en pompier alors qu’il a alimenté depuis des décennies les braises de l’affaiblissement de tant de pays du Sud à travers les privatisations, dérégulations et primarisation de leur économie (pour obtenir des devises en vue de rembourser des dettes odieuses et coloniales). Il estimait à la mi-mars « qu’étant donné sa nature sanitaire, la crise actuelle devrait être «plus courte» que celle de 2009 ». Ce FMI qui s’alarmait aussi depuis plusieurs années de l’augmentation des dettes et de l’imminence d’une crise financière se montre à présent rassurant, afin de préserver et faire durer ce système bancal. Quand l’institution prétend qu’il est urgent « de protéger les économies les plus faibles qui dépendent de la croissance mondiale »[note], ce ne sera malheureusement pas une protection qui passerait par une annulation des dettes illégitimes et une sauvegarde des économies locales.

Alors que les appels à l’annulation de dettes se multiplient, la confusion règne dans une grande majorité de médias qui brandissent les annulations comme une menace et dans le même temps évoquent les restructurations de dettes comme étant des annulations. Les restructurations servent pourtant la plupart du temps à préserver les intérêts des créanciers. Une démarche de rupture et de suspension unilatérale avec les créanciers permettrait par contre de l’emporter dans le rapport de force.

Robin Delobel

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RÉVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES : ET SI L’ÉCHEC ÉTAIT LA NORME ?

Celui qui ignore l’Histoire est condamné à reproduire les erreurs du passé. L’adage, si souvent répété mais tout aussi souvent ignoré est d’une pertinence qui devrait inciter à plus d’humilité et de prudence chez les décideurs de toute obédience, même lorsqu’ils communient dans la même célébration des bienfaits de l’innovation technologique.

J’invite les lecteurs de Kairos à s’interroger sur deux grandes innovations technologiques qui ont marqué le vingtième siècle : la découverte des pesticides de synthèse et leur utilisation massive dans le cadre de la fameuse révolution verte des années 1950–1960 et la production d’électricité grâce à la maîtrise de l’énergie nucléaire dès les années 1950. Ces deux grandes innovations technologiques ont été présentées à l’origine comme autant de progrès incontestables pour l’humanité, toutes en mesure de résoudre des problèmes de société majeurs.

La révolution verte, grâce notamment aux produits phytosanitaires (appellation officielle et particulièrement valorisante des pesticides de synthèse) avait pour ambition de résoudre définitivement le problème de la faim dans le monde. L’énergie nucléaire civile (à ne pas confondre avec la militaire) était appelée à répondre à tous les besoins énergétiques partout dans le monde, à un coût dérisoire. Aucune de ces deux merveilleuses innovations n’a répondu aux promesses qu’elles ont annoncées, même si, dans un premier temps, elles ont pu donner l’illusion de leur pertinence.

LES PESTICIDES ET LA FAIM DANS LE MONDE

La révolution verte, portée par l’agronome Norman Borlaug, qui fut récompensé pour cette paternité remarquable en 1959 par le prix Nobel, était basée sur le recours systématique aux engrais chimiques (N, P, K), aux semences sélectionnées et aux pesticides. Elle a permis d’augmenter considérablement les rendements de la production agricole. Mais cela n’a pu avoir lieu qu’au prix de lourds investissements, le plus souvent hors de portée de la paysannerie des pays souffrant d’une insuffisance de la production alimentaire.

On a logiquement assisté au fil des décennies à une dépossession des terres de culture exploitées traditionnellement par des petits paysans au profit d’une classe privilégiée d’exploitants et surtout par les multinationales de l’agro-alimentaire. Les cultures de rente ont supplanté les cultures vivrières ; les paysans se sont reconvertis en salariés sous-payés des exploitations agricoles ou ont quitté les campagnes pour les bidonvilles.

Au fil des décennies, les rapports de la FAO, l’Agence de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation, ont bien dû constater que le nombre de sous-alimentés dans le monde ne diminuait pas.

En 1996, à Rome, les représentants des Nations-Unies au Sommet mondial de l’alimentation se sont engagés à réduire de moitié le nombre de sous-alimentés à l’échéance de 2015. Cet objectif n’a évidemment pas été atteint. Comme ne sera pas atteint l’objectif du millénaire (adopté unanimement en 2000) d’atteindre cet objectif en 2020.

Les rapports publiés successivement par Jean Ziegler, Olivier De Schutter et Mme Hilal Elver en tant que rapporteurs spéciaux des Nations-unies sur le droit à l’alimentation pointent l’inaptitude et l’injustice des politiques en vigueur pour résoudre le lancinant problème de la sous-alimentation de centaines de millions d’êtres humains dans le monde actuel.

La révolution verte et ses technologies à haut rendement sont clairement en cause. Si l’agriculture industrielle s’est perpétuée, c’est au prix du soutien financier permanent et massif des grandes puissances et au détriment des agriculteurs soumis aux injonctions du marché mondial et prisonniers d’un endettement croissant. Mais, ce qui est pire, c’est que cette révolution prétendument verte a entraîné une érosion massive des terres dans le monde, la contamination généralisée des écosystèmes par des pesticides de synthèse dangereux pour le vivant, en particulier pour les êtres humains et, paradoxalement, l’éviction des paysans de leur rôle de fournisseurs d’aliments. Le rapport d’Hilal Elver rappelle en outre que les pesticides tuent 200.000 personnes par intoxication chaque année. Son verdict est sans appel : il faut, partout dans le monde, reconvertir les pratiques agricoles à l’agroécologie, ce qui signifie l’abandon des pesticides. La vision présentée comme géniale de Norman Borlaug, le père de la révolution verte, s’est fracassée sur les contraintes écologiques et sociales du monde réel.

L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE OU LE FARDEAU INSUPPORTABLE LÉGUÉ AUX GÉNÉRATIONS FUTURES

En 1957, le traité Euratom, signé par les six pays fondateurs de la Communauté européenne et toujours en vigueur à ce jour, institue une Communauté européenne de l’énergie atomique. Il précise que cette Communauté a pour mission de contribuer, par l’établissement des conditions nécessaires à la formation et à la croissance rapide des industries nucléaires, à l’élévation du niveau de vie dans les États membres et au développement des échanges avec les autres pays.

La Communauté européenne n’entendait pas être à la traîne des deux grandes puissances, les États-Unis et l’URSS, engagées dans un ambitieux programme de développement d’une industrie nucléaire civile bénéficiant de l’acquis technologique hérité du programme de production des armes atomiques.

Créée quelques années plus tôt par l’ONU, l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) s’était donnée pour mission de promouvoir le développement d’une industrie nucléaire civile tout en garantissant en principe l’étanchéité entre les utilisations civiles et militaires de l’énergie nucléaire.

L’adage à la mode à cette époque était euphorique : « nuclear energy is too cheap to meter » (trop bon marché pour qu’on prenne la peine de chiffrer son coût).

Dix ans plus tard, en 1968, le traité de non-prolifération nucléaire (NPT) était conçu pour stimuler le développement des programmes nucléaires civils partout dans le monde, tout en réservant la capacité d’utilisation de l’arme nucléaire aux cinq États détenteurs historiques d’un arsenal nucléaire.

L’émergence d’une contestation de plus en plus étayée scientifiquement de la pertinence du recours à l’énergie nucléaire n’a pas entamé l’optimisme des économistes et des experts des institutions internationales. En 1974, l’AIEA envisageait pour l’an 2000, une capacité de production d’énergie nucléaire mondiale de 3.500 GW, et dans le meilleur des scénarios, de 5.000 GW. L’OCDE était à peine moins optimiste en 1973 avec sa fourchette 2.900GW4.400GW.

La réalité s’est montrée cruelle avec ces prévisionnistes en cours. En l’an 2000, la capacité de production d’électricité d’origine nucléaire opérationnelle dans le monde a atteint 350GW, soit le dixième de celle considérée en 1974 comme la plus probable par l’AIEA. Il est vrai que deux cygnes noirs étaient apparus entretemps ; le premier en 1979, à Three Mile Island et le second en 1986 à Tchernobyl[note].

Aujourd’hui, cette capacité de production a atteint un pic historique, soit 370 GW en 2019. En 20 ans, l’accroissement annuel moyen a été d’1 GW ![note]. Le troisième cygne noir, apparu en 2011 à Fukushima a sonné le glas des derniers espoirs de renouveau d’une industrie fondamentalement incompatible avec le vivant et incapable de garantir la sécurité qu’elle prétendait assurer[note].

L’acharnement mis par deux États pionniers du développement de l’industrie nucléaire (la France et la Russie) à nier l’évidence et à continuer la recherche de clients pour ses réacteurs ne repose que sur des aides et financements d’État qui s’avéreront tôt ou tard intenables.

Le KWh nucléaire n’est pas, et n’a jamais été, trop bon marché pour justifier de nouveaux investissements dans la filière nucléaire. Il est aujourd’hui nettement plus cher que le KWh éolien ou solaire. Seule l’inconscience scandaleuse de responsables politiques myopes ou aveugles permet la survie d’installations de production vétustes et éminemment dangereuses.

L’industrie nucléaire n’a apporté à l’humanité que la contamination radioactive irréversible de vastes territoires, des millions de victimes humaines et le fardeau insupportable de quantités énormes de déchets qu’il faudra tenter de gérer tant bien que mal pendant des siècles.

La révolution numérique d’aujourd’hui nous enjoint de communier dans la même ferveur avec tous ceux qui veulent l’imposer pour notre bien. Pas plus que la révolution verte ou la révolution nucléaire, elle ne tiendra ses promesses.

Elle est insoutenable pour trois raisons :

elle va contribuer à un énorme accroissement de la demande en énergie, en contradiction totale avec les objectifs affichés de maîtrise des dérèglements climatiques ;

elle va mobiliser en abondance des métaux rares et buter sur des limites physiques de disponibilité incontournables ;

elle va exacerber le problème de la pollution électromagnétique et de son impact sur la santé et les équilibres planétaires.

La pandémie du coronavirus qui paralyse le monde au moment où j’écris ces lignes a au moins un avantage : elle nous permet de mesurer l’importance du lien social et de nous interroger sur la déshumanisation rampante du monde qui se construit.

Paul Lannoye, président du Grappe

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CLAP DE FIN

Impossible de savoir, au jour et à l’heure de la rédaction de cette chronique, si le confinement général aura été levé, si le vilain virus s’en sera allé sous d’autres cieux – le plus loin possible dans l’azur, on ne peut que le souhaiter – et si cette longue période d’incertitudes, de craintes de toutes sortes, fondées ou non, aura pris fin. En tout état de cause, une chose est sûre : ce long moment aura été l’occasion pour beaucoup d’entre nous d’y aller, sur les réseaux sociaux, là où se sont tenus de belles discussions et de réels échanges, de considérations qui vont toutes – exceptions faites des sempiternelles bêtises et futilités qu’on aura encore dû subir – dans le même sens et que l’on trouvera très certainement ici même, sous d’autres plumes que la mienne (qui fait ce qu’elle peut).

On pourrait résumer ces échanges et ces souhaits par cette formule, rude et sans appel, certes, mais qui dit bien ce qu’elle veut dire : « Les conneries, c’est terminé, on passe à autre chose ». On peut aussi se souvenir du fameux An 01 de Gébé dans l’hebdomadaire Pilote, dans la foulée du mois de mai 68, dont on a tiré un film qui a marqué ma génération. On aura vu, en effet, tout au long des semaines passées, les gens contraints de rester sagement cloîtrés chez eux, d’autres obligés d’aller au turbin avec les risques de prolifération de l’épidémie parmi et entre ces travailleurs dont certains, pour ces raisons, se sont mis en grève ou ont simplement déserté leurs postes. Au grand dam des entrepreneurs et des têtes molles de l’économisme à outrance et à n’importe quel prix qui lançaient des cris et voyaient dans ces désertions la mise à mal de leurs profits et de leurs dogmes. Le ralentissement, voire l’arrêt de nombreuses activités, le fait que, pour les confinés à l’insu de leur plein gré mais faisant preuve d’un civisme remarquable, les achats d’habitude compulsifs ne tenaient plus qu’au strict nécessaire, tout cela a effectivement eu pour effet que, généralement, la grande machine de longtemps actionnée par la pseudo-nécessité consumériste s’est trouvée pratiquement mise à l’arrêt. Et, curieusement, personne ne semblait trop s’en plaindre dans le chef des premiers concernés : les consommateurs de tout et du n’importe quoi.

On aura remarqué – les témoignages venus d’un peu partout l’auront confirmé – que, du fait de ce ralentissement général des activités et des déplacements – pratiquement plus d’automobiles dans les rues, de moins en moins d’avions au-dessus de nos têtes – tout à coup l’air était plus respirable dans les villes, que la pollution atmosphérique était partout en baisse, enfin, qu’il semblait bien que, dans les zones habituellement encombrées des mille substances toxiques qui agressaient nos organismes, on pouvait allègrement ouvrir les fenêtres pour laisser entrer un air vivifiant et réparateur. A contrario, bien évidemment, il n’échappe plus qu’à peu de gens que ce constat condamne irrévocablement tout le système, tout un monde qui, jusqu’ici, est la cause des bouleversements de toutes natures dont nous payons aujourd’hui le prix. De nombreuses études montrent, en effet, que les régions les plus touchées par l’extension et l’étendue de la propagation du coronavirus étaient celles où l’activité industrielle était la plus concentrée. C’est le cas du Nord de l’Italie, par exemple, là où l’épidémie s’est développée à une allure telle que nos lointains voisins transalpins sont les plus touchés.

Au passage, on épinglera, pour en rire autant que pour s’en offusquer, la manière désastreuse dont les autorités politiques et sanitaires de l’Hexagone ont mis en place les mesures censées contrarier la menace d’une catastrophe dont elles étaient pourtant prévenues, dès avant le mois de janvier, par la voix de l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui, dans un entretien avec le journal Le Monde a, comme on dit, « lâché le morceau » ; la responsabilité morale et pénale des hautes sphères du pouvoir est, là, clairement établie. De la même manière, là-bas comme ici, les politiques d’austérité des dernières années, dictées par la communauté européenne et appliquées avec enthousiasme par les différents gouvernements qui se sont succédé ont eu pour cible l’ensemble de ce qu’il restait encore de protection sociale en ce compris les domaines de la santé publique. On se souviendra de la manière dont les forces de répression policière, en France, ont traité le personnel soignant lors des manifestations qui dénonçaient, justement, les pertes catastrophiques des moyens en infrastructures et en personnel dans ce domaine pourtant vital pour la collectivité.

Et donc.

Les conneries, c’est terminé ! On doit passer à autre chose ! Il faudrait, dès maintenant, que ce que la société compte comme possibles forces d’opposition se mettre en mouvement. En théorie, d’abord, profitant du temps qui nous est donné de ne pouvoir faire autre chose que penser, toutes et tous, chacune et chacun enfermé·e·s dans leurs appartements, leurs maisons. Mais aussi, bien sûr, les associations, les groupes, les partis, les clubs, comme en 1789, confinés pour l’heure et dispersés. Partout et inlassablement il faut que la pensée domine et pointe le bout de son nez. Que soient publiés et massivement partagés sur les réseaux sociaux – quelle arme, aussi, à disposition de cet objectif ! – les idées, les adresses, les admonestations, les cris de colère, les revendications de toutes natures. Car, oui, de toute évidence, la conscience en vient, à des milliers de gens, que le tristement célèbre néo-libéralisme et son cortège de mesures insensées dans les domaines de la production, de ce qui est produit, de ce qui est nécessaire comme énergies fossiles et autres pour cette production, que le sort fait aux plus faibles que sa propre logique produit est insupportable ; qu’il va falloir absolument et partout inventer et mettre en place toutes les alternatives imaginables et ce, dans tous les domaines qui touchent à la vie de toutes et de tous sur ce qu’est devenue notre malheureuse planète.

Mais il faut, à toute force, que se manifestent au plus vite et quelle qu’en soit la manière, ces exigences et les multiples alternatives qui pourraient, par  exemple, prendre la forme d’une manière « d’adresse  solennelle  à  tous  les partis  politiques et leurs représentants » qui serait rédigée par ce que compte notre pays de personnalités morales, scientifiques et autres – une manière de Comité des Sages – qui, de longue date, sur bon nombre de supports, sont de ceux qui alertent et proposent les idées issues de leurs recherches et leurs conclusions. Bien sûr, il faudrait aussi que notre exemple soit suivi ailleurs, chez nos voisins du nord comme du sud et qu’au sein desquels, pareillement, cet appel puisse être de la même ampleur puisque tout est lié et que ce n’est qu’universellement que le changement de cap doit pouvoir s’opérer. Au surplus, je voudrais, ici, lancer l’idée d’une manifestation – les confinés pourraient enfin se dégourdir les jambes – dans les rues de la capitale – et pourquoi pas simultanément à Paris, Berlin, Rome, Madrid… – dès lors que le dramatique épisode que nous vivons aujourd’hui sera passé et les alarmes apaisées. Une manifestation de grande ampleur qui réunirait les groupes de pression, les associations, les syndicats de travailleurs et la multitude de celles et ceux qui aspirent à tout autre-chose et qui veulent que cet autre chose advienne. J’en appelle à toutes les consciences, à toutes les meilleures volontés pour que ce projet prenne forme et que, dès maintenant, celles et ceux qui en ont le désir et le pouvoir, se parlent et échangent là où cela est possible.

Jean-Pierre L. Collignon

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Appel à la résistance citoyenne face à la tyrannie Covidique !

De plus en plus de collectifs se constituent face aux mesures liberticides, aux aberrations politiques, au carnage en cours. Parmi ceux-ci, le Carnaval des sourires, qui veut lutter contre la dictature sanitaire. Touchés en France par ce que Kairos et son rédac-chef ont fait en conférence de presse, ils nous ont contactés. Le collectif veut revoir les sourires, trop longtemps cachés sous ces muselières que sont les masques.

Comment est né votre collectif ?

Nous sommes un petit collectif composé principalement de trois citoyens d’horizons très différents, de croyances, d’opinions, d’origines et de formations très diverses (Manon, Faustina et Khaled), mais unis pour la même cause : la lutte contre cette dictature sanitaire sévissant en France, en Belgique, et dans le monde, visuellement incarnée dans le port obligatoire du masque.

Pourquoi avez-vous décidé de mener ce combat ?

Depuis un an déjà, ce coronavirus dirige nos viesdétruisant au passage nos libertés, les liens sociaux, notre santé physique et mentale et notre économie. C’est une politique de la terreur qui est mise en place dans nos démocraties, alimentée par des mesures répressives et de propagandes politico-médiatiques.

Différents secteurs économiques sont en train de s’effondrer entraînant dans leurs chutes la culture, l’hébergement, la restauration, le tourisme, le social, avec pour conséquence : chômage, pauvreté, détresse morale et physique, suicide… Des citoyens sont licenciés s’ils osent parler ou émettre une opinion, une interrogation. Nos familles, nos amis souffrent, ne sachant plus comment se comporter en société, les uns avec les autres. Un climat de méfiance et de peur s’installe inexorablement. Des conflits éclatent au sein même de nos proches entraînant de la violence verbale et physique. Le danger est grandissant !

Les personnes âgées sont emprisonnées et ne voient plus personne, n’ont plus le droit de sentir de la chaleur humaine, tellement vitale pourtant pour les maintenir en vie. L’excellent documentaire de Mr Eric Gueret, « Vieillir enfermés », diffusé sur ARTE il y a 1 mois, l’illustre très bien.

Les enfants sont séparés de leurs camarades. Ils n’ont plus accès aux sports, aux loisirs et autres activités extrascolaires. Ils ne peuvent plus profiter du sourire et des multiples expressions faciales de leurs instits, tant primordiale à leur croissance motrice et mentale. Les psychologues, les orthophonistes tirent la sonnette d’alarme !

Masques et Covid, comment vous voyez cela ?

Le coronavirus a, pour majorité, des effets de syndrome grippal, avec des conséquences en général bénignes sur la quasi totalité des gens. En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 0,023% de décès reconnus Covid 19 sur le nombre de gens en contact avec ce virus dans le monde ! (source : statista.com). Au début de la crise, on mettait le masque parce qu’il y avait le Covid 19. Maintenant, à l’inverse, il y a le « Covid 19 » parce qu’on met le masque. Celui-ci est le signe le plus visible de la lutte contre le SARS Cov 2. Il est le symbole ; le fer de lance et la justification de presque toutes les mesures oppressives de nos gouvernements : on porte le masque parce que le virus serait « dangereux », mais inversement le virus est dangereux parce qu’on porte le masque.

Qu’est-ce qui se cache derrière le Covid ?

Ce virus est la représentation visuelle que le monde est malade ! La fin de l’état de droit et la tyrannie sanitaire sont-elles scientifiquement et juridiquement justifiées ? Jusqu’à l’apparition du Covid, les « masques sanitaires » n’étaient employés que dans un bloc aseptisé et pour un seul but : limiter la propagation des bactéries, plus grosses que les virus. Les masques chirurgicaux n’ont jamais été utilisés pour contrer les virus dans le milieu médical ! Il est écrit jusque sur leurs boîtes d’emballage que ces masques ne protègent pas des virus dans un sens ou dans l’autre !

Quel est votre objectif ? Comment comptez-vous passer à l’action ?

Nous voulons faire tomber les masques aussi collectivement que possible . « Tant qu’il y aura le masque, il y aura le covid 19 ! ». Nous avons conceptualisé l’idée d’un « Carnaval des sourires ». Ceci faisant contre-pied au principe de ces fêtes généralement déguisées et masquées. Le jour J resterait à déterminer ensemble, collectivement. Plus on serait nombreux à vouloir répondre à cet appel, plus l’action sera forte, belle et noble !

Un petit message pour susciter chez le plus grand nombre l’envie de vous suivre ?

Aucune tyrannie du passé n’avait encore osé toucher au principe de la respiration même de son peuple et lui faire payer le prix de l’oxygène à coups de contravention et de prison.

Si le masque tombe, c’est toute la manipulation de nos gouvernements qui tombe avec eux.

Citoyens, internautes, alerteurs, réveillez-vous ! Unissons nos forces et choisissons ensemble ce jour J du démasquement général de la population, à partir de l’ouverture symbolique de notre carnaval des sourires.

Faustina, Khaled, et Manon, pour « Le Carnaval des sourires »

Plus d’infos ici :

https://carnaval-des-sourires.over-blog.com/2021/02/manifeste-pour-un-carnaval-des-sourires.html

https://carnaval-des-sourires.over-blog.com/2021/02/rappel-d-outre-tombe-a-la-resistance-des-francais.html

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COVID19: Débunkage du narratif de propagande

Dans cet article, Annes Bouria, qui observe d’un œil attentif ce qu’il se passe depuis le début de la crise sanitaire, nous propose 10 points de débunkage[note] à propos du narratif officiel de la crise sanitaire et des croyances du grand public autour du covid.

1) Le « coronavirus » est un virus extrêmement dangereux

Les coronavirus sont une famille de virus à laquelle appartient le Sars-cov2, agent de la maladie appelée covid19. Cette dernière est une pneumonie atypique potentiellement dangereuse pour certaines catégories de la population, tout comme les autres infections respiratoires par ailleurs… Sinon, pas tant que ça. Du moins, pas autant que ce que l’on a cru au début. Le taux de létalité réel (nombre de morts par personnes infectées) est évalué entre 0,27 et 0,65%[note]. C’est 5 à 15 fois moins que les 3% donnés en début de pandémie. C’est du même ordre de grandeur que le taux de létalité de la grippe saisonnière (0,1- 0,5%) et bien loin des taux de létalité des virus les plus mortels comme Ebola ou la variole qui dépassent largement les 20%.

De plus, la mortalité par tranche d’âge est éloquente[note] : seules les personnes âgées payent, malheureusement, un lourd tribut à cette maladie. Dans les données statistiques belges, il n’y a aucune surmortalité dans les tranches d’âges inférieures à 65 ans pour l’année 2020. En Belgique[note], près de la moitié des décès « covid » ont eu lieu en maison de repos[note].

Le fait est qu’une très grande majorité de « morts covid », 92% selon un rapport Sciensano [note], sont des décès de patients ayant un ou plusieurs facteurs de risques appelés comorbidités. Beaucoup de victimes étaient donc malheureusement déjà très faibles lorsqu’elles ont été contaminées. Aussi, on peut se demander à quel point le virus a joué un rôle dans la mort de ces personnes ?

Les cas graves chez les personnes en dessous de 45 ans et en bonne santé sont pratiquement anecdotiques ! En tout et pour tout, on observe une large proportion d’asymptomatiques ou peu symptomatiques[note] (l’équivalent d’un rhume ou d’un état grippal), moins de 5% des « cas covid » doivent être hospitalisés, avec environ 1 % de cas graves nécessitant un passage en soins intensifs[note] qui sont en grande partie des personnes âgées et/ou fragiles.

Quant aux séquelles du covid, elles sont difficiles à évaluer, mais semblent réversibles et concernent surtout des fatigues ou des pertes de l’odorat. Seuls 20 à 30% des patients hospitalisés (eux même très minoritaires) présenteraient encore des séquelles majeures 60 jours après rémission[note].

Avec jusqu’à 75% d’asymptomatiques, une maladie qui épargne quasi totalement les enfants et une médiane des décès à plus de 80 ans[note]…Sans minimiser la douleur ou la souffrance des victimes et de leurs familles, on peut objectivement trouver pire comme affection.

2) C’est un virus très contagieux

Là encore, il n’a rien d’exceptionnel. La contagiosité du Sars-cov2 est du même ordre que la plupart des infections respiratoires virales, un peu plus contagieuses que la grippe, sans plus.

On peut calculer théoriquement la contagiosité d’une maladie grâce à une formule mathématique appelée R0 ou « taux de reproduction ». Celui du covid19 varie, selon la littérature, entre 2 et 4[note]. Le R0 de la grippe saisonnière est d’environ 2, celui des oreillons est de 4 à 7, la rubéole de 5 à 7, la diphtérie 6 à 7, la varicelle de 10 à 12 la coqueluche de 12 à 17, et la rougeole de 12 à 18…[note]

Donc, contrairement à ce que l’on nous fait croire, le Sars-cov2 n’est pas plus contagieux que ses cousins, les autres coronavirus, responsables des rhumes qui ont des R0 qui se situent aussi aux alentours de 3.

3) Il n’y a pas de traitements

Faux ! L’orthodoxie méthodologique protocolaire des milieux académiques acoquinés au monde de l’industrie pharmaceutique, s’attache aux essais cliniques randomisés en double aveugle comme seule valeur de preuve. Mais ni la science ni la médecine ne peuvent se résumer à ce type de mesures statistiques. La médecine, c’est soigner les gens, quant à la science elle consiste principalement en l’observation… Et dans ce domaine, les observations faites par les praticiens de terrain à travers le monde ont mis en évidence plusieurs thérapeutiques qui donnent de bons résultats[note]. Nous ne reviendrons pas sur la polémique de l’Hydroxychloroquine, mais cette dernière est utilisée dans beaucoup de pays avec des résultats satisfaisants selon leurs autorités sanitaires, le Maroc, la Grèce, l’Inde… Pour ne citer qu’eux[note]. L’Azithromycine, un antibiotique fréquemment utilisé dans les infections respiratoires, est aussi plébiscitée par de nombreux médecins généralistes, car il semble éviter les formes graves, à condition d’être administré tôt dans l’infection. Utilisée en Afrique, l’Artemisia annua semble aussi avoir une efficacité contre la covid[note]. Sans parler de l’Ivermectine, un antiparasitaire dont l’efficacité est aujourd’hui largement démontrée.

En prophylaxie (en prévention), le zinc et la vitamine D pourraient permettre de réduire drastiquement l’incidence des cas graves. Aux stades plus avancés, on peut recourir aux corticoïdes comme la dexaméthasone, les anticoagulants pour éviter les phénomènes de thromboses, ou encore l’oxygénothérapie.

L’intubation des patients en soins intensifs est surtout due au fait qu’ils arrivent à l’hôpital à des stades très avancés de la maladie. Chose qui se produit logiquement lorsqu’on choisit de ne pas soigner les gens en leur disant de rester chez eux et de ne prendre que du paracétamol…

4) Nous avons assisté à une « deuxième vague »

Le concept de « vague » ne repose sur aucun modèle épidémiologique d’infections virales. Il s’agit d’une terminologie de novlangue anxiogène qui ne reflète absolument pas la dynamique des épidémies virales.

Les modèles épidémiologiques viraux observent des constantes[note] : un pic épidémique où l’infection est très virulente, puis s’estompe. Ensuite, soit le pathogène disparaît, soit il mute, s’adapte à son hôte et devient cyclique/saisonnier (comme c’est le cas de la grippe et d’autres virus endémiques). Il semblerait que ce soit le deuxième chemin que le Sars-cov2 ait emprunté.

Aujourd’hui, on nous parle de 3ème vague comme si l’hypothétique pic de covid à venir et l’épisode d’automne étaient issus du même phénomène épidémique que le premier épisode de mars 2020. Il n’en est rien, car ce sont des variants différents du virus qui se sont propagés[note]. La « deuxième vague » était une épidémie différente de la première, et n’était pas un « rebond » de la première voire un phénomène prévisible ou inexorable. Sinon, pourquoi n’y a‑t-il pas eu de « deuxième vague » en extrême orient… ?

Tout ce que nous pouvons faire ce sont des observations, car nous ne savons pas de quoi l’avenir est fait, en revanche, les spéculations catastrophistes vont bon train !

5) Les variants ou mutants sont nécessairement plus dangereux

Encore une fois, c’est une idée reçue largement véhiculée par les médias sensationnalistes. Tous les micro-organismes mutent, surtout les virus. Et la catégorie à laquelle appartient le Sars-cov2, les virus à ARN, mute énormément[note]. Les virus responsables de la grippe mutent également. Chaque année, ce sont des mutants différents de l’an dernier qui donnent les épidémies hivernales. Le but d’un virus n’est pas de tuer ses hôtes, mais de s’y adapter pour survivre et se multiplier. C’est pourquoi, généralement, un virus mutant peut être plus contagieux sans être plus mortel.

Depuis le début de la pandémie, on a recensé 12.000 mutations de ce Sars-cov2, seules quelques-unes ont eu un impact sur la dynamique de la pandémie[note]… de quoi relativiser donc !

6) Il y a une augmentation des « cas » et des « contaminations »

Il ne s’agit pas de « cas » ou de « contaminations » au sens clinique du terme. Ce qu’il se passe c’est que les autorités, ainsi que la presse, recensent des tests PCR protocolaires où l’on détermine si un individu est porteur du virus. Mais cela ne signifie pas nécessairement que la personne soit malade ni contagieuse[note]. D’autant qu’une majorité de positifs sont asymptomatiques, cela signifie, au pire qu’ils sont en période d’incubation, ou au mieux que leur système immunitaire a géré le virus et que le patient est potentiellement immunisé.

Sans compter que les tests PCR sont très sensibles et font sortir des faux positifs. Selon certaines études, jusqu’à 90% des tests PCR positifs n’ont aucune signification clinique lorsqu’ils sont réalisés de manière aussi large au sein d’une population[note].

Seuls des indicateurs comme les hospitalisations, l’occupation en soins intensifs et la mortalité ont une signification quant à la gravité de l’épisode épidémique. Et là encore, tout n’est pas fiable à 100%, car ces indicateurs se basent aussi sur des tests PCR…

7) Il faut imposer des règles à tout le monde pour protéger les personnes vulnérables

Il s’agit du sophisme sur lequel repose toute la politique sanitaire coercitive si l’on tient compte des données épidémiologiques par tranche d’âge.

Oui, les personnes âgées et/ou présentant des facteurs de risque sont invitées à se protéger. Mais le reste de la population n’a pas à maintenir toutes ces règles sanitaires étant donné qu’elle présente peu de risques et est donc potentiellement un vivier pour construire l’immunité collective de la population. Et cette immunité collective, c’est réellement le meilleur moyen de protéger les personnes à risque à moyen terme[note].

Au début de l’épidémie, on a imposé toutes les mesures sanitaires, car on n’avait pas encore d’immunité collective, aujourd’hui les mesures qui sont prises empêchent de l’atteindre. Comme pour l’affaire des masques, déconseillés, puis obligatoires, c’est à n’y rien comprendre !

8) Le vaccin est LA panacée, notre « seule chance » de venir à bout du virus

Tout d’abord, La vaccination est un OUTIL sanitaire, pas une « baguette magique ». Or, on assiste littéralement à un dogmatisme vaccinaliste sans précédent, qui relève davantage de la foi que de la démarche scientifique ! Cette stratégie consiste à miser sur l’immunité collective artificielle obtenue grâce à une vaccination massive. Cette dernière n’étant, en réalité, qu’une « imitation » de l’immunité collective naturelle, mais sans les inconvénients sanitaires comme les cas graves et les décès. Du moins, en théorie…

Pour l’instant, seuls deux (bientôt trois) vaccins sont disponibles en Belgique. Et ces deux premiers vaccins impliquent une nouvelle technologie à ARN messager pour laquelle nous n’avons aucun recul chez l’homme à une si grande échelle.

Les seules données dont nous disposons pour évaluer l’efficacité et la sécurité de ces vaccins sont les publications des firmes pharmaceutiques sur leurs essais cliniques de phase III, réalisés sur un laps de temps inédit. Autrement dit, contrairement à ce qu’affirme péremptoirement cette gigantesque propagande vaccinaliste, on nage dans le flou. Aucune certitude sur les risques réels à long et moyen terme, qui demeurent inconnus. Rien n’indique avec certitude que cette campagne de vaccination sera efficace pour réduire l’incidence des cas graves. Surtout lorsqu’on nous affirme que nous ne savons pas si les personnes vaccinées seront toujours contagieuses ni combien de temps durera l’immunité hypothétique conférée par les vaccins, ou si ces derniers seront efficaces face aux nouveaux variants[note].

Quand bien même, quel intérêt y a‑t-il à vacciner toute une population pour une affection aussi peu létale dans les tranches d’âges qui correspondent à la population active ?

Selon le principe de la balance bénéfice/risque, ces vaccins devraient être réservés aux personnes à risque exclusivement. Mais l’imposer ou le conseiller à l’ensemble de la population, à ce stade, il est légitime de considérer que c’est une ineptie !

9) Le confinement et le port du masque obligatoire sont des solutions efficaces

Le confinement et l’obligation du port du masque sont des mesures politiques et non médicales. Elles ne reposent sur aucune preuve scientifique d’efficacité tant sur la dynamique épidémique que sur la mortalité. ABSOLUMENT RIEN ! C’est d’ailleurs ce à quoi a abouti l’investigation scientifique du plus éminent épidémiologiste au monde, le Professeur Ioannidis de l’université de Stanford, dans une étude minutieuse parue dans la revue European Journal of Clinical Investigation[note].

Par simple observation, les pays n’ayant imposé aucune de ces mesures (la Suède, la Biélorussie, l’Estonie) ou de manière locale ou allégée (Allemagne, Pays-Bas, Croatie) ont peu ou prou les mêmes courbes épidémiques[note], sans surmortalité significative, et s’en sortent même mieux que les pays qui ont imposé ces règles de manière drastique (Belgique, France, Italie, Espagne et Royaume-Uni)[note] !

Souvenez-vous de la raison pour laquelle on a imposé le 1er confinement : aplanir la courbe des hospitalisations afin de ne pas saturer les lits de réanimation. Cet aplanissement de la courbe n’a JAMAIS été scientifiquement démontré, et le narratif officiel s’attache à confondre coïncidence et causalité lorsqu’il prétend que les « lock-down » sont suivis d’une chute de l’incidence des cas. Le confinement aurait soi-disant servi à éviter la saturation d’un système hospitalier déjà sous tension depuis 20 ans et très sont souvent surchargées lors des pics épidémiques de grippes[note].

Que l’on soit clair :

Il y a une différence entre dépister, isoler et traiter des malades contagieux (comme il s’est toujours fait en matière d’épidémie), et confiner aveuglément l’ensemble de la population sans discernement et sans prise en charge de proximité. Certaines études ont même montré l’effet inverse de celui escompté[note], sans parler de la mortalité secondaire (suicides, maladies non dépistées) ainsi que des conséquences sociales et économiques catastrophiques.

Il y a aussi une différence entre porter CORRECTEMENT, de manière hygiénique, un masque de protection type FFP2 ou chirurgical, dans les lieux clos et bondés en phase de pic épidémique, lorsque le risque de contagion est grand surtout, si l’on est une personne à risque, et imposer de porter des bouts de tissus ou des masques chirurgicaux mal utilisés, sans règles d’hygiène préalables, y compris en extérieur et en dehors d’une période de pic épidémique par-dessus le marché. Ça, c’est de la grosse foutaise, pardon !

Non, il est légitime de penser que le confinement aveugle et le port du masque obligatoire entraînent plus d’inconvénients que d’avantages escomptés.

10) Les autorités savent ce qu’elles font

Il est dans certains esprits peu subversifs l’idée que la classe dirigeante a le pouvoir parce qu’elle le mérite ou qu’elle a une capacité à diriger. Il n’y a rien de plus faux. Le système politique et le pouvoir hiérarchique des instances autoritaires en général, fonctionnent par médiocratie et cooptation. C’est-à-dire que les hauts dirigeants choisissent à des postes subalternes des individus médiocres, mais obéissants et reconnaissants.

Dans ce contexte, les personnes qui cherchent à obtenir des postes de pouvoir et de responsabilité sont rarement compétentes, honnêtes ou bienveillantes. Ce sont des gens qui avouent rarement leurs erreurs, persistent dans leurs fourvoiements et n’ont que leur ambition carriériste comme objectif. Sans parler de leurs conseillers technocrates, souvent en conflits d’intérêts, qui ont des visions totalement déconnectées des réalités et agissent plus par idéologie que pragmatisme. Un sacré cocktail !

C’est pourquoi, en conclusion, il est urgent de mettre fin à cette hystérie politico-médiatique ainsi qu’aux mesures sanitaires contre-productives, antidémocratiques et sans fondements médicaux ni scientifiques.

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