Les promoteurs de la 5G, qui sont nombreux dans le monde industriel et le monde politique, proclament que si les limites d’exposition aux CEM (champs électromagnétiques) de l’OMS/ ICNIRP(1) sont suivies, il n’y a pas d’effet sanitaire à craindre. Comment ces limites ont-elles été établies ? Il faut remonter aux années 1980 où des expériences ont été menées pour évaluer « l’effet thermique immédiat » des micro-ondes (MO) et des radiofréquences (RF)(2) sur les êtres vivants, celui-là même qui est utilisé dans le four bien connu. C’est l’observation du comportement de rats de laboratoire exposés à ces radiations qui a servi de critère et au calcul de ces limites, qui n’ont donc été conçues que pour nous protéger de l’échauffement et des brûlures provoqués par ces ondes.
Se satisfaire de ces limites, c’est ignorer des décennies de recherche scientifique montrant les effets biologiques et sanitaires des micro-ondes, à des niveaux très inférieurs de ceux auxquels les effets thermiques sont observés. Ce qui, tout compte fait, ne devrait guère surprendre lorsqu’on sait que les milliards de cellules qui constituent le corps humain sont le champ de microcourants d’électrons, de protons (ions hydrogène H+) et d’autres ions, d’une importance vitale pour son bon fonctionnement. Ces courants, bien évidemment, sont perturbés par les champs électriques et magnétiques des ondes qui nous entourent, d’où les effets mis en évidence par des milliers d’études de tous types publiées dans les meilleures revues scientifiques à comités de lecture : études in vitro sur des cellules cultivées en laboratoire, études in vivo sur des animaux de laboratoire, études cliniques auprès de volontaires et études épidémiologiques (voir par exemple le Rapport BioInitiative dont il sera question plus loin). La liste des conséquences certaines ou probables donne froid dans le dos : cancers et tumeurs divers (cerveau, nerf acoustique, glandes salivaires, sein…), leucémie infantile, maladie d’Alzheimer et autres maladies neurodégénératives, autisme, réduction de la qualité du sperme, cataracte, ouverture de la barrière hématoencéphalique, réduction de la production de mélatonine, troubles du sommeil, dépression, suicide, électrohypersensibilité (EHS), etc.
Mais le pire est sans doute l’impact démontré sur l’ADN et les conséquences irréversibles pour les générations futures avec la perspective d’une humanité diminuée(3). Les compagnies d’assurance ne s’y trompent pas : aucune d’entre elles n’assure le risque lié aux CEM artificiels, pas plus que les fabricants de téléphones cellulaires et autres smartphones, qui recommandent de tenir ces appareils à une certaine distance du corps, se protégeant ainsi des poursuites judiciaires dont ils pourraient être l’objet.
Se satisfaire des limites de l’ICNIRP, c’est ignorer les appels des scientifiques et médecins de tous pays qui se multiplient depuis 20 ans. Un des premiers d’entre eux est l’appel de Freiburg de 2002 signé par plus de 1 000 médecins demandant notamment la « réduction massive des valeurs limites, des puissances d’émission et des charges en ondes radio », un appel d’ailleurs renouvelé en 2012 (www.freiburger-appell-2012.info). Le 15 octobre 2019, 252 spécialistes des CEM provenant de 43 pays différents avaient signé un appel adressé à l’ONU, l’OMS et l’UE, appel initié en 2015. Ces scientifiques, qui tous ont publié des travaux de recherche évalués par des pairs sur les effets biologiques et sanitaires des CEM non ionisants (RF), réclament des limites d’exposition plus strictes et demandent que les impacts biologiques potentiels des technologies de télécommunication 4G et 5G sur les plantes, les animaux et les humains soient réexaminés (www.emfscientist.org).
Les limites recommandées par ces experts en termes de prévention pour les RF sont très largement inférieures à celles de l’ICNIRP, d’un facteur 100 000 environ, et donc aussi à celles actuellement en vigueur à Bruxelles (d’un facteur 2 000). Les auteurs du rapport BioInitiative recommandent une limite de l’ordre de 5μW/m² (mi-crowatt/m² soit 0,04V/m) pour l’exposition « cumulée » des ondes RF à l’extérieur des habitations. Pour la 2G, 3G et 4G, l’Académie européenne de médecine environnementale (EUROPAEM) recommande 100μW/m2 (0,2V/m), mais 10 fois moins durant la période de sommeil et 100 fois moins pour les enfants (1μW/m2, soit 0,02V/m). Ces limites peuvent sembler basses, mais ce l’est moins quand on sait que les valeurs retenues par l’ICNIRP représentent un milliard de milliards de fois le niveau du CEM naturel à ces fréquences ; de plus, les CEM utilisés pour la téléphonie sont modulés et pulsés, ce qui n’existe pas dans la nature et représente une composante importante de leur toxicité.
La nouvelle norme de téléphonie 5G utilise les fréquences des normes précédentes, mais fera un saut dans l’inconnu en utilisant de plus les ondes millimétriques de haute énergie qui, jusqu’à présent, n’ont surtout été utilisées que par l’industrie de l’armement et les satellites de météorologie. Ces ondes étant fortement atténuées par les obstacles matériels (murs, feuilles, pluie…), la 5G nécessitera le placement d’antennes en grand nombre émettant à un niveau de puissance élevé, environ une tous les 100 mètres, multipliant ainsi la probabilité de fortes expositions, une probabilité encore renforcée par la prolifération des objets connectés, jusqu’à 1 million par km² (Internet des objets). Malgré ce que nous dit la science sur les effets biologiques et sanitaires de la 2G et la 3G, négligeant le principe de précaution, l’industrie, l’UE et une partie importante du monde politique poussent à l’installation immédiate et aveugle de la 5G, alors que quasiment aucune recherche biomédicale ne lui a été consacrée.
Les discours entendus lors des auditions de la Commission de l’économie de décembre 2019 au Parlement fédéral belge tenaient majoritairement du déni du risque sanitaire, lequel s’appuyait sur l’avis de l’ICNIRP, y compris dans le chef de Test Achats qui semble avoir oublié que le bien le plus précieux de ses abonnés est leur santé et non pas les objets connectés qu’ils devraient consommer en masse. L’ICNIRP est une institution privée de droit allemand qui fonctionne comme un club fermé, ce qui ne semble pas incommoder l’OMS et toutes les instances qui s’y réfèrent : ses membres décident seuls de qui peut y entrer et seuls y sont admis ceux qui défendent l’idée que s’il n’y a pas d’effets thermiques, il ne peut y avoir de conséquences sanitaires. Elle n’applique aucune règle de transparence ou d’indépendance, puisqu’au contraire la plupart de ses membres sont connus pour leurs liens présents ou passés avec l’industrie des télécoms (voir l’excellente enquête des journalistes d’Investigate Europe : www.investigate-europe.eu/publications/how-much-is-safe/).
À titre d’exemple, mentionnons Bernard Veyret (maintenant retraité) et son profil type de chercheur et scientifique proche de l’industrie, chargé de donner des avis en termes de santé publique : membre de l’ICNIRP, membre de la Société française de radioprotection (SFRP, l’équivalent français de l’ICNIRP), directeur d’un laboratoire d’études sur les CEM en France financé par Bouygues Telecom et membre du Conseil scientifique de Bouygues Telecom. Voir une interview instructive de cet éminent personnage : electrosmog.grappe.be/doc/lobby/ICNIRP/ (10 minutes).
La partie du présent article qui précède avait été soumise aux rédactions de Datanews et du Vif pour publication en réaction à une opinion passablement absconse(4) de Christian Vanhuffel, administrateur de FITCE.be(5) (cette opinion publiée dans Datanews le 27 décembre 2019 se voulait avant tout une ode aux thèses de l’ICNIRP). Après qu’elle ait été acceptée dans un premier temps, suite à de nombreuses tergiversations, j’ai finalement reçu une fin de non-recevoir exprimée en ces termes par Kristof Van Der Stadt (courriel du 28 février 2020 avec copie pour d’autres journalistes : Vincent Genot, Marie Gathon, Pieterjan Vanleemputten, Michel X, Els Bellens et Kevin Vander Auwera) : « Il me faut apporter ici une rectification. Nous avons entre-temps entièrement passé en revue l’opinion et avons finalement décidé de ne pas la publier sous cette forme, parce qu’après mûre réflexion, elle ne répond pas aux normes qualitatives que nous préconisons… Ce que nous nous proposons par conséquent de faire, c’est de résumer votre point de vue et de l’ajouter à l’interview d’un expert en rayonnement que nous publierons un de ces prochains jours ». Inutile de préciser que le résumé en question tenait en deux phrases vides de sens. D’autre part, l’expert en question n’était rien moins que Eric van Rongen, le président de l’ICNIRP, considérant sans doute qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même(6). Je n’ai jamais obtenu de réponse à ma demande d’explications sur ces « normes qualitatives ».
Ce soutien sans faille au lobby de la 5G et aux normes de l’ICNIRP (avalisées par l’OMS) n’est pas un cas isolé dans les médias belges qui font régulièrement passer l’ICNIRP pour un organisme indépendant, en même temps que l’idée selon laquelle les CEM artificiels ne constituent pas de menace pour notre santé. Deux exemples parmi d’autres : La Libre Belgique du 30 avril publiait un article intitulé « 5G : le “vrai du faux”ou comment sortir de la guerre de tranchées », dans lequel on pouvait lire que « [l’ICNIRP] est un organisme indépendant qui fournit des avis et des conseils scientifiques ». Parmi ceux-ci figurait l’avis selon lequel « les recherches menées jusqu’ici montrent que les radiations émises par la 5G étaient inoffensives pour la santé » et de citer Test Achats qui semble être devenu la référence (sic) en la matière, et qui aurait « réalisé un dossier à la fois clair et complet sur le sujet » (Test Achats/Santé titrait en effet « Réseau 5G – Pas de panique » et arguait que « le sentiment d’angoisse [est] injustifié car il n’y a aucune preuve scientifique convaincante de la nocivité des ondes »). La lecture des dossiers de Test Achats sur la 5G est régulièrement recommandée, y compris par l’IBPT (Institut belge des services postaux et des télécommunications) dans ses réponses à des demandes d’information sur la 5G. Dans « Menaces sur la 5G : des associations évoquent des risques pour la santé », publié par Trends-Tendances le 30 avril, le journaliste Gilles Quoistiaux tient le même discours, mais, pire encore, il y fait un amalgame crapuleux entre l’action citoyenne (celle du collectif stop5G. be), la théorie du complot et les actes de vandalisme sur des antennes de téléphonie mobile.
ONDES ET IMMUNITÉ
Après cet interlude sur l’état des médias belges, abordons maintenant des choses très sérieuses : ce que nous dit la science biomédicale des ondes qui nous entourent, en particulier leurs effets sur le système immunitaire. Le système immunitaire a pour fonction d’identifier et d’éliminer les agents étrangers (virus et autres nuisibles) ainsi que les cellules anormales (cancéreuses, par exemple) avant qu’ils n’affectent notre santé. En bref, c’est un des éléments essentiels de défense de l’organisme contre les agressions qui nous permettent de rester en bonne santé(7).
Il ne devrait échapper à personne que, pour n’importe quel individu, un système immunitaire en bonne forme est indispensable pour réagir au mieux en cas de contamination par l’actuel coronavirus SRAS-CoV‑2(8) ; c’est d’autant plus important dans des pays comme la Belgique et la France où les gouvernements actuels n’ont pas été capables de mettre en place une politique de santé efficace pour limiter la propagation de la pandémie. Collectivement, ce n’est pas non plus un facteur à négliger en termes de propagation de la pandémie et de risque de surcharge ou de saturation du système de santé. D’autre part, un système immunitaire pleinement fonctionnel, du fait de sa capacité de mémoire et d’apprentissage, devrait permettre de mieux résister aux 2e et 3e vagues potentielles d’une pandémie, et ce individuellement et collectivement. Dès lors, il est utile de se poser cette question : dans quelle mesure les facteurs environnementaux, et en particulier celui de la pollution électromagnétique, affectent-ils le système immunitaire ?
La section 8 du Rapport BioInitiative 2012 consacre plus de 70 pages aux effets des CEM sur le système immunitaire sur la base d’une centaine d’études scientifiques sur le sujet(9). Avant de poursuivre, il est utile de présenter plus en détail ce rapport et leurs auteurs. Ce rapport de 1.500 pages, sous-titré « Argumentation pour des normes de protection des rayonnements électromagnétiques de faible intensité fondés sur les effets biologiques », est l’œuvre de 29 scientifiques indépendants de 10 pays, tous experts de la question (21 d’entre eux possèdent un ou plusieurs doctorats et 10, un ou plusieurs titres médicaux) et il dresse un état de la connaissance de l’effet des CEM sur l’homme et les organismes vivants, sur la base de plusieurs milliers d’études scientifiques (EBF et RF)(10). Parmi les auteurs, relevons la présence de Martin Blank, docteur en chimie physique (Université Columbia) et docteur en science des colloïdes (Université de Cambridge), qui a étudié les effets des CEM sur la santé pendant plus de 30 ans. Et encore, Paul Héroux, l’actuel directeur du Programme de santé au travail de la faculté de médecine de l’université McGill à Montréal, détenteur d’une rare triple expertise, en sciences physiques, génie électrique et sciences de la santé(11).
La première partie de la section 8 du Rapport BioInitiative reprend les conclusions d’un article de Olle Johansson(12), professeur au département de neuroscience du Karolinska Institute (Stockholm), qui tire un bilan d’une petite centaine d’études scientifiques sur les effets des CEM sur le système immunitaire. En introduction, il commence par poser une question que beaucoup posent ou se posent : « La biologie est-elle compatible avec les niveaux toujours croissants des CEM ? Ou, pour le dire en termes plus simples : pouvons-nous, en tant qu’êtres humains, survivre à cette pléthore de rayonnements ? Sommes-nous conçus pour une exposition à ces CEM toute notre vie, 24 heures sur 24 ? Sommes-nous immunisés contre ces signaux ou jouons-nous en fait avec l’avenir de notre planète en mettant toutes les formes de vie sur Terre en jeu ? La réponse semble être : non, nous ne sommes pas conçus pour de telles charges d’exposition aux CEM. Nous ne sommes pas immunisés. Nous jouons avec notre avenir ». Il continue sur le système immunitaire : « Très souvent, on dit que la plus grande menace de l’exposition aux CEM est le cancer. Cependant, ce n’est pas le scénario le plus effrayant. (…) Ou, comme l’indique cet article, imaginez que notre système immunitaire, qui tente de faire face aux signaux électromagnétiques toujours plus nombreux, ne puisse finalement plus le faire ! Le système immunitaire est-il conçu pour faire face à des “allergènes” inexistants auparavant mais maintenant présents en masse ? Serait-il possible que notre système immunitaire par extraordinaire dans le processus d’évolution ait cette capacité ? Est-ce que cela est probable, même au minimum ? Bien sûr que non ».
Les études considérées font état de changements immunologiques importants lors de l’exposition à des niveaux de CEM artificiels, souvent à des niveaux faibles ou très faibles (c’est-à-dire non thermiques), tant chez l’homme que l’animal, avec des changements physiologiques mesurables comme :
- l’altération morphologique des cellules immunitaires ;
- l’augmentation des mastocytes (l’indication d’une réponse allergique) ;
- une dégranulation accrue des mastocytes ;
- une modification de la viabilité des lymphocytes ;
- une diminution du nombre de cellules NK ;
- une diminution du nombre de lymphocytes T(13).
Il est donc possible qu’une exposition continue aux CEM puisse entraîner un dysfonctionnement du système immunitaire, des réactions allergiques chroniques, des réactions inflammatoires et finalement une détérioration de la santé. D’autre part, l’implication du système immunitaire est évidente dans diverses altérations biologiques présentes chez les personnes atteintes d’électrohypersensibilité ou hypersensibilité électromagnétique (EHS)(14).
La 2e partie de la section 8 du rapport BioInitiative, page 458, est d’un intérêt particulier, car elle traite d’études menées en 1971 et les années suivantes dans l’ex-URSS, spécialement à l’institut de santé publique de Kiev, des études restées méconnues dans le reste du monde, mais qui ont fait que l’URSS a adopté des normes basées sur les effets biologiques, de sorte que les limites d’intensité des CEM y sont nettement plus basses qu’aux États-Unis et qu’en Europe de l’Ouest. Ceci dit, à la même époque, aux États-Unis et sous l’égide de l’armée principalement, d’autres types d’études avaient été menées qui auraient elles aussi dû mener à des normes plus rigoureuses, mais la pression et les intérêts du complexe militaro-industriel ont fait que seul l’effet thermique a finalement été pris en compte pour « protéger » le public.
La conclusion générale des études menées à Kiev de 1971 à 1975 était qu’une exposition prolongée aux CEM-RF de faible intensité entraîne des réactions autoallergiques. Dans une de ces études, des cobayes, des rats et des lapins exposés 7 heures par jour pendant 30 jours à un CEM de 50μW/cm² à 2,45 GHz avaient présenté une réponse auto-immune maximale 15 jours après la fin de la période d’exposition (pour information, la norme de l’ICNIRP à cette fréquence est de 987μW/cm²). Une autre conclusion importante était l’existence d’une relation de type « dose-effet » en termes d’effets biologiques des CEM-RF sur le système immunitaire, un critère essentiel dans la démonstration de l’effet d’un agent en pharmacologie.
Plus récemment, d’autres études sont venues renforcer le constat de l’effet nocif des CEM sur le système immunitaire, par exemple celle d’El-Gohary et Said publiée en 2016 dans la Revue canadienne de physiologie et pharmacologie(15). Elle portait sur l’effet des CEM émis par un téléphone mobile sur le système immunitaire chez le rat et l’éventuel rôle protecteur de la vitamine D. Après une exposition aux CEM de 1 heure par jour pendant 1 mois, on a observé une diminution significative des niveaux d’immunoglobulines (des protéines dotées d’une fonction d’anticorps), du nombre de leucocytes totaux, de lymphocytes et d’autres cellules immunocompétentes, avec une réduction de l’effet en cas de supplémentation en vitamine D.
Comme pour les autres facettes de l’effet biologique et sanitaire des CEM (les atteintes de l’ADN et du génome humain, le cancer, les maladies neurodégénératives, etc., voir plus haut), l’ICNIRP et l’OMS ignorent volontairement la plupart des études menées sur l’effet des CEM sur le système immunitaire et s’en tiennent à des normes basées sur l’effet thermique, qui ne protègent nullement les populations.
Des nouvelles normes basées sur la biologie, protégeant réellement les humains et les autres espèces vivantes, doivent être établies, ce qui signifie probablement que dans de nombreux contextes, la limite protectrice devra être établie à une intensité de CEM nulle.
Les études sur les effets biologiques de la 5G et en particulier sur l’utilisation qu’elle ferait des ondes millimétriques sont quasiment inexistantes. Son déploiement est néanmoins affligé d’une certitude, dénié par certains malgré l’évidence : il s’accompagnera d’une croissance incontestable de la pollution électromagnétique, comme le prouve la demande insistante des opérateurs(16) pour augmenter la limite de protection à Bruxelles de 6V/m à 14,5V/m dans un premier temps, et à 41,2V/m ensuite. Si la 5G est déployée, cette croissance de la pollution se poursuivra ensuite par la prolifération des objets connectés qui est un des buts ultimes de la 5G, et par la mise en orbite des 50 000 satellites en projet, dont quelques-uns ont déjà été lancés.
Se pourrait-il que, miraculeusement, la 5G n’ait aucun effet biologique et sanitaire sur les êtres vivants, contrairement aux générations précédentes des normes de téléphonie mobile ? Seuls les lobbyistes acharnés de la 5G répondront par l’affirmative, par cynisme, cupidité ou stupidité.
Francis Leboutte, ingénieur civil, membre fondateur du collectif stop5G.be
- L’OMS s’appuie sur les recommandations de l’ICNIRP (Commission internationale sur la protection des radiations non ionisantes). La limite de densité de puissance est de 4,5W/m2 (watt/mètre carré) pour une onde dont la fréquence est de 900 MHz (mégahertz), soit 41V/m (volt/mètre) pour l’intensité de son champ électrique. Les limites d’exposition de l’OMS varient de 2 à 10W/m2 (de 27 à 61V/m) selon la fréquence.
- Les micro-ondes (MO) constituent le sous-ensemble des ondes de radiofréquences (RF) dont la fréquence va de 300 MHz (mégahertz) à 300 GHz (gigahertz), les RF allant de 20 kHz à 300 GHz (ce qui, pour les MO, correspond à des longueurs d’onde allant de 1 mètre à 1 millimètre). Elles sont utilisées pour la téléphonie mobile de 700 MHz à 2,6 GHz, le wifi (2,4 et 5 GHz), le four à micro-ondes (2,45 GHz), etc. À côté des CEM-RF, on distingue aussi les champs électromagnétiques d’extrême basse fréquence (EBF) comme ceux générés par le courant électrique domestique (50 Hz). Pour les EBF, le champ électrique (CE) et le champ magnétique (CM) sont souvent considérés indépendamment. La définition de l’intervalle de fréquences dites « extrêmement basses » varie selon le domaine, voire selon les auteurs. Dans le domaine de la santé, il fait le plus souvent référence au courant domestique à 50 ou 60 Hz et, en général, à l’intervalle de 1 à 300 Hz.
- Dans les années 1980 déjà, des chercheurs de la FDA (Food and Drug Administration, USA) avaient publié des documents sur l’absorption des MO par l’ADN et l’apparition de tumeurs du cerveau lors d’expériences sur des animaux de laboratoire (Mays Swicord, Jose-Louis Sagripanti). Entre 1994 et 1998, les études des professeurs Lai et Singh à l’Université de Washington ont montré la rupture des brins de l’ADN cellulaire de rats de laboratoire sous l’effet des MO à des niveaux inférieurs aux recommandations de l’ICNIRP. Depuis, d’autres études ont confirmé ces résultats. En 2009, une métaétude de Hugo Ruediger, professeur à l’Université de ue les CEM (RF) peuvent modifier le matériel génétique des cellules exposées.
- Article du 27 décembre 2019 : datanews.levif.be/ict/actualite/groen-et- ecolo-sont-selectivement-aveugles-aux-preuves-scientifiques/article-opinion-1233039.html
- Extrait de leur site, fitce.be : « FITCE.be is the forum for digital professionals to exchange views and acquire insight in new developments and challenges related to technical, regulatory, societal and economical aspects of ICT & Media technologies and services ».
- Article du 2 mars, 5G : Doit-on se faire du souci à propos du rayonnement?, datanews.levif.be/ict/actualite/5g-doit-on-se-faire-du-souci-a-propos-du- rayonnement/article-longread-1258659.html
- Voir cette vidéo « Your Immune System under a microscope » de 4 minutes conseillée par Magda Havas, experte de l’impact des CEM sur la santé et professeur à la Trent University : electrosmog.grappe.be/doc/sc/immun/
- Covid-19 : abréviation de « coronavirus infectious disease 2019 », la maladie à coronavirus 2019. SARS-CoV‑2 (abréviation de Severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 ») ou SRAS-CoV‑2 (en français) est le nom du virus.
- La section 8 du rapport, page 458, « Evidence for Effects on the Immune System ». Le rapport complet est disponible sur bioinitiative.org ainsi que sur electrosmog.grappe.be/doc/BIR/. Le collectif stop5G.be vient de finaliser une traduction en français du résumé pour le public du rapport (voir le lien ci-dessus ou le site du collectif, www.stop5G.be).
- Voir la note 2.
- Lire la préface de Paul Héroux au livre de Martin Blank, Ces ondes qui nous entourent : stop5g.be/fr/#info. Ce livre est une impressionnante mais lisible compilation d’études scientifiques sur les effets des CEM et aussi une enquête sur l’influence de la finance sur le débat scientifique
- Disturbance of the immune system by electromagnetic fields — A potentially underlying cause for cellular damage and tissue repair reduction which could lead to disease and impairment. Pathophysiology 16 (2009). Disponible dans electrosmog.grappe.be/doc/sc/immun/
- Le mastocyte est un type de globule blanc (leucocyte) et est donc un constituant du système immunitaire, à côté d’autres comme les lymphocytes, les cellules NK (Natural Killer), etc. Au contact d’un allergène, il peut libérer des médiateurs de l’inflammation comme l’histamine (par dégranulation), déclenchant ainsi une réaction allergique.
- En Suède, l’EHS est une maladie reconnue comme un handicap fonctionnel ; elle est incluse dans la liste des maladies professionnelles des autres pays nordiques. Les symptômes sont multiples, varient d’un individu à l’autre, de même que leur intensité (les plus atteints étant dans l’incapacité de travailler et obligés de s’isoler dans des endroits reculés ou de vivre confinés dans une habitation blindée contre les CEM) : symptômes dermatologiques (rougeurs, picotements et sensations de brûlure), symptômes neurasthéniques et végétatifs (trouble du sommeil, fatigue, difficulté de concentration, étourdissements, nausées, palpitations cardiaques et troubles digestifs), etc. Selon une étude récente de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, France), la prévalence de l’EHS est de l’ordre de 5 % (Hypersensibilité électromagnétique ou intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques, mars 2018).
- Effect of electroamagnetic waves from mobile phone on immune status of male rats : possible protective role of vitamin D, nrcresearchpress.com.
- Les opérateurs et bien d’autres : le lobby belge des télécoms et nouvelles technologies institué (AGORIA), une partie non négligeable des médias et des partis politiques, l’IBPT (Institut belge des services postaux et des d’intérêt public), Test Achats (une de défense des consommateurs), etc.