Au nom de la science … quelle science ?

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Depuis de longs mois, le coronavirus SARS-Cov19 s’est imposé dans notre vie. À ce jour, on peut dire que nous vivons un véritable bouleversement du vivre ensemble au nom d’un impératif sanitaire martelé sans répit par les responsables politiques et les experts médiatisés.

Les gouvernements européens ont tous, à des degrés divers, adopté des mesures restrictives de nos libertés visant à juguler l’épidémie ou en tout cas à maîtriser son évolution. Ces mesures ont été dans notre pays parmi les plus contraignantes, avec un bilan global qu’il serait pourtant difficile de considérer comme probant. Ce n’est pas faute d’avoir écouté les experts. Toutes ont en effet été décidées non par le gouvernement mais par un Conseil national de sécurité où siègent des médecins experts, épidémiologistes, virologues et autres spécialistes des maladies infectieuses.

Comme le proclame avec assurance notre ministre de la Santé, les décisions reposent donc sur la science. Même si cette affirmation est un raccourci, il est clair que ce sont les avis émis par des scientifiques qui déterminent les mesures dites sanitaires qui s’imposent à nous au fil des mois. Mais de quels scientifiques s’agit-il ? De personnalités qui occupent des positions institutionnelles (Ministère de la Santé) … ou bien placées au sommet dans la hiérarchie universitaire ou encore de spécialistes reconnus et à qui des tâches de gestion de la crise sanitaire ou de communication avec le grand public ont été attribuées? Tous sont supposés partager le point de vue selon lequel les orientations prises depuis l’origine de la pandémie et les perspectives qui s’offrent à nous pour l’après-pandémie sont des acquis indiscutables. Il s’agit en l’occurrence de faire accepter par une population apeurée l’idée que les décisions prises pour maîtriser la situation sont les seules possibles et que de notre soumission inconditionnelle à ces décisions, même les plus incompréhensibles, dépend notre santé et surtout celle des plus vulnérables d’entre nous. Réduire drastiquement la circulation du virus est la seule voie possible.

Au bout du tunnel, le Graal : la disponibilité de vaccins qui terrasseront ce maudit virus. Faisons confiance à la technoscience et nous serons sauvés ! Les médecins, les scientifiques ou les personnes morales qui tentent d’exprimer un autre avis sont au mieux ignorés, au pire discrédités, voire menacés professionnellement. Dans notre pays, certaines personnalités ont contesté le confinement aveugle ou l’assignation à résidence face aux écrans imposée à la jeunesse étudiante ou encore le port obligatoire du masque en milieu ouvert.

Le professeur de l’UCL, Jean-Luc Gala, spécialiste des maladies infectieuses et chef de service à la clinique universitaire Saint-Luc, dont la compétence est reconnue internationalement, s’est vu condamner par son institution pour ses interventions médiatiques jugées contre-productives et « contraires aux valeurs et au positionnement scientifique de l’institution ». JeanLuc Gala avait eu le tort de qualifier d’alarmistes les chiffres diffusés par les autorités belges et de déclarer que « la fermeture de l’Horeca ne repose sur rien ».

Chez nos voisins français, la situation n’est pas meilleure. L’autoritarisme d’État et l’académisme des élites bienpensantes y sont plus prégnants encore. Le cas du docteur Didier Raoult est emblématique du conflit qui oppose deux conceptions du rôle du médecin. Didier Raoult est un scientifique mondialement respecté pour ses travaux sur les maladies infectieuses. Mais il considère que le rôle du médecin est de soigner. Confronté à une situation d’urgence sanitaire, il a choisi de recourir à un protocole de soins qu’il juge efficace pour traiter ses patients atteints par le Covid-19 dès l’apparition des premiers symptômes cliniques. Les résultats obtenus l’ont conduit à se répandre en déclarations optimistes qui ont coalisé contre lui une meute de spécialistes et autres responsables de la santé. En cause, l’hydroxychloroquine, qu’il préconise en couple avec l’antibiotique azithromycine, jugée inefficace voire dangereuse. Une étude internationale frauduleuse et reconnue comme telle par la revue prestigieuse The Lancet qui l’avait publiée, a contribué à discréditer Didier Raoult et pire, à interdire le traitement qu’il préconise dans son pays et, par ricochet, dans certains pays voisins, comme la Belgique.

Mais Didier Raoult, traîné devant l’Ordre des médecins de son pays, n’en démord pas ; il considère en effet qu’un médecin, en conformité avec le serment d’Hippocrate, doit soigner. L’hydroxychloroquine est un médicament utilisé depuis des décennies même s’il n’est pas officiellement autorisé contre un virus nouveau ; il ne présente pas de risque par rapport au traitement de la maladie en phase initiale, tel qu’actuellement recommandé. Celui-ci consiste en effet à ne rien faire sinon à recourir au paracétamol pour faire tomber la fièvre.

On est en complète absurdie. Soit on choisit l’absence de traitement en médecine ambulatoire et on attend des jours meilleurs avec le risque d’aggravation qui s’ensuit et l’hospitalisation soit on traite avec un médicament non officiellement approuvé qui présente le risque d’être efficace et même d’éviter l’hospitalisation et surtout le passage en soins intensifs … alors que les hôpitaux sont submergés ou en voie de l’être.

On est en droit de s’interroger sur les vraies raisons de cette attitude. Elles sont plurielles.

  1. Le professeur Raoult fait de l’ombre aux conformistes, pour lesquels le respect des règles, même lorsqu’elles sont stupides, passe avant tout. Didier Raoult affiche ouvertement son anticonformisme ; donc il déplaît et surtout suscite la jalousie.
  2. Le traitement qu’il préconise est peu coûteux. S’il s’avère efficace, c’est un marché potentiel qui s’effondre pour les groupes pharmaceutiques à l’affût.
  3. La mise sur le marché d’un médicament passe par des études en double aveugle qui, bien exécutées, permettent de conclure à l’efficacité statistique dudit médicament. Cette méthodologie est bien adaptée à la production industrielle. Mais elle exige de gros moyens financiers et beaucoup de temps. En outre, elle pose un problème éthique fondamental, en ce sens qu’elle compare deux groupes de patients, l’un des deux ne recevant qu’un placebo. Elle implique donc de choisir de laisser volontairement sans traitement des patients malades alors qu’il n’y a pas d’alternative.

Le professeur Luc Montagnier est lauréat du prix Nobel de médecine pour sa découverte du virus du sida. C’est une personnalité attachante, d’une grande ouverture d’esprit. Préoccupé par l’origine de la pandémie et du coronavirus impliqué, il, a osé, sur base d’observations de laboratoire de génome du virus, émettre l’hypothèse d’une origine artificielle de celui-ci. C’en était trop pour affronter la meute des journalistes de révérence et des experts en cours.

Mettre en cause un laboratoire s’apparente à un sacrilège pour l’église technoscientiste qui dit ce qu’il faut penser et surtout ce qu’il est interdit de penser. De chercheur de génie, respecté et même vénéré, Luc Montagnier est devenu un personnage controversé et peu crédible. Son hypothèse n’est pas recevable… surtout qu’elle émane de quelqu’un qui perd la tête… Pensez-vous ! Il a été jusqu’à se prononcer publiquement contre l’extension de l’obligation vaccinale en France pour les jeunes enfants, sous prétexte que leur système immunitaire en formation risque d’être gravement perturbé. Par ailleurs, il se prononce régulièrement en faveur de traitements naturels des populations africaines menacées par le SIDA. Grâce notamment à la nutrithérapie et, plus simplement, à un apport régulier en fruits et légumes frais, il est possible de réduire l’incidence du SIDA. Tout cela ne fait pas très sérieux aux yeux des gardiens du Temple de la médecine orthodoxe, soumis aux lobbies pharmaceutiques.

Luc Montagnier a le courage de tenir, avec l’autorité morale dont il bénéficie, des propos qui dérangent, menacent de gros intérêts financiers et bousculent les certitudes des technoscientifiques. Il ose maintenant mettre en doute la sécurité d’un laboratoire de recherche sur les virus. C’en est trop, surtout pour la hiérarchie française, sachant que le laboratoire P4 de Wuhan a pu s’équiper et démarrer grâce à la coopération française. Je n’ai pas la compétence pour juger de la pertinence de l’hypothèse de Luc Montagnier. J’entends des spécialistes rejeter cette hypothèse sur base d’arguments crédibles. Ce qui est sûr c’est qu’avant même toute analyse sérieuse une hypothèse est rejetée parce que politiquement incorrecte. Son auteur doit donc être discrédité et ses compétences scientifiques mises en cause !

Comme Luc Montagnier, Christian Perronne est un homme respecté comme médecin, scientifique rigoureux et aussi reconnu pour ses qualités humaines. Chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches, il considère que la gestion de la pandémie a été et reste calamiteuse dans son pays. Il dénonce depuis des mois la politique de la peur qui hypnotise ses concitoyens. Il s’est à nouveau exprimé récemment en termes non équivoques sur les mesures sanitaires en vigueur en France. Il considère que « les mesures sanitaires devraient être ciblées pour protéger les personnes à risque, les dépister et les traiter le plus tôt possible dès le début des symptômes par l’hydroxychloroquine et l’azithromycine dont l’efficacité et l’innocuité sont largement confirmées, si on donne le traitement précocement. Beaucoup de décès auraient pu être évités. Or, on a dissuadé les médecins généralistes et les gériatres de traiter. Dans ce contexte, continuer à persécuter nos enfants derrière des masques inutiles reste incompréhensible. Toutes ces mesures sont faites pour que les Français réclament un vaccin. Or quel est l’intérêt d’un vaccin généralisé pour une maladie dont la mortalité est proche de 0.05% ? Aucun. Cette vaccination de masse est inutile. De plus, les risques de la vaccination peuvent être plus importants que les bénéfices ».

Que conclure ? Certainement pas qu’il faut contester a priori toute décision basée sur les connaissances scientifiques. Mais il est essentiel de s’entendre sur le concept de connaissance scientifique. Non seulement la connaissance, dans une discipline donnée, évolue au fil du temps mais, en outre, elle est toujours dépendante de l’esprit du temps et de présupposés ou postulats qui n’ont rien de scientifique. En clair, la connaissance scientifique n’est pas neutre. Elle peut être au service de l’intérêt général mais elle peut être aussi un instrument de pouvoir, capable de faire taire toute velléité de contestation et surtout de soumettre les citoyens. Dans le cas présent, le terme « science », utilisé par le Ministre de la santé doit être plus correctement remplacé par « technoscience ». Il s’agit d’une science au service de la technique et, plus précisément, du développement technologique industrialiste.

On est vraiment dans l’idéologie. Les scientifiques crédibles sont ceux qui adhèrent, même sans en être conscients, à cette vision du monde. Toute solution ne peut venir que de produits industriels à consommer, ce qui est bien le cas des vaccins. La prévention, la prise de compléments alimentaires ou le recours à des médicaments hors brevet sont des voies à ignorer voire à moquer.

Enfin, il est fondamental de rappeler que la médecine n’est pas une science. C’est un ensemble de pratiques, certes basées sur les connaissances scientifiques, visant à soigner. La médecine implique donc la prévention, le soin, l’attention et le traitement après consentement éclairé du patient. Le consentement éclairé ne peut être le résultat d’une propagande unilatérale, masquant les effets indésirables et les inconnues.

Paul Lannoye, membre du bureau du Grappe, docteur en sciences physiques

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