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Il est temps de retrouver la joie de vivre

- Communiqué de presse du GRAPPE — 

Confrontés à l’impasse dans laquelle le gouvernement et ses experts médicaux nous ont conduits dans la gestion de la crise sanitaire, le Grappe attend du monde politique la remise en cause de la stratégie délétère et inefficace actuellement en vigueur et l’adoption d’un objectif de santé globale. Une société sans contact avec des citoyens assignés à résidence derrière des écrans est invivable et inhumaine.

Le Grappe, association d’éducation permanente visant à promouvoir une politique véritablement écologique, lance un appel à une réaction rapide du monde politique et à un retour de la culture du débat et du respect des règles démocratiques. A cet effet :

1.      Le Grappe réclame une évaluation en urgence de la pertinence sanitaire des mesures liberticides en vigueur.

Une vision de la santé, exclusivement centrée sur la lutte contre le coronavirus SARS-COV19, est réductrice, donc erronée. Il est temps de prendre en compte tous les aspects de la santé, qu’il s’agisse de santé mentale, émotionnelle, affective, sociale ou encore spirituelle.

De nombreuses mesures liberticides actuelles peuvent être qualifiées comme infantilisantes, incohérentes ou incompréhensibles, sans que la moindre preuve de leur efficacité sanitaire soit apportée.

Les citoyens ont le droit de disposer de ces preuves, si elles existent.

De toute manière, conformément à son rôle éducatif et à sa conception démocratique du fonctionnement sociétal, le Grappe s’est attelé à une analyse critique des choix effectués depuis un an. Une évaluation des retombées sanitaires mais aussi écologiques, sociales et démocratiques  de ces choix est en cours en coopération avec des spécialistes indépendants et d’autres associations de la société civile.

2.      Dans l’immédiat, le Grappe propose de programmer à bref délai la levée des mesures liberticides.

L’octroi d’aumônes  financières aux secteurs considérés comme les plus en souffrance est utile mais insuffisant. Il faut organiser la réouverture rapide des lieux de socialisation et la reprise des activités culturelles, sportives, politiques ainsi que celles de l’Horeca et des métiers dits de contact. Il y va du bien-être mental, psychologique et social et de l’équilibre de vie de chacun.

3.       Le Grappe considère par ailleurs qu’empêcher à tout prix la circulation du virus est un objectif chimérique.

Il est légitime de penser qu’on peut limiter la propagation du virus ; il est irréaliste et contre-productif de tout miser sur cette stratégie et de conditionner la fin du processus à une vaccination généralisée de la population.

Les raisons de remettre en cause cet objectif de vaccination généralisée sont multiples :

-          L’innocuité des vaccins mis sur le marché à ce jour est douteuse. En particulier les vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna ont échappé à l’obligation légale d’évaluation de leur impact sur le génome humain et l’environnement par dérogation votée à la hussarde par le parlement européen et le Conseil le 15 juillet 2020 pour accélérer le processus d’autorisation.

-          Aucune preuve scientifiquement validée de l’efficacité des vaccins pour la non transmission du virus n’a été apportée ;

-          Les trois vaccins d’ores et déjà autorisés font l’objet de retards de livraison qui fragilisent plus encore la stratégie boiteuse des autorités européennes.

La propagande actuellement déployée en faveur de la vaccination n’est pas compatible avec le principe du consentement éclairé des patients exigé par la loi belge et les conventions internationales.

A ce propos, il faut signaler la piqûre de rappel injectée par l’Assemblée du Conseil de l’Europe le 27 janvier dernier : «  l’Assemblée demande donc instamment aux membres et à l’Union européenne : (…) pour ce qui est d’assurer un niveau d’acceptation élevée des vaccins : (…) de s’assurer que les citoyens et citoyennes soient informés que la vaccination n’est PAS obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s’il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement. »

En ce sens l’adoption d’un projet de loi concernant la création d’une base de données centralisée et le fait que ces données puissent être communiquées à des tiers n’a rien de rassurant. L’Autorité de protection des données elle-même, estime que cela constitue une ingérence considérable dans le droit à la protection des données personnelles.

On sait qui fait partie de la population à risque depuis de nombreux mois. Se focaliser sur cette population et l’informer correctement pour éviter les situations à risque est l’approche qui s’impose. Permettre aux autres, et particulièrement à la jeunesse, de vivre de manière responsable une vie normale moyennant les mesures d’hygiène appropriées est un choix réaliste, intelligent et respectueux, au contraire de celui qui nous est imposé aujourd’hui de manière autoritaire et policière.

4.      Le Grappe déclare que la prévention et des soins ambulatoires appropriés sont les meilleures réponses à privilégier pour réduire les risques liés au Covid et éviter l’hospitalisation.

Outre une bonne hygiène de vie et une alimentation saine à base de produits frais, la supplémentation en vitamine D et en zinc permet de renforcer le système immunitaire et d’éviter la maladie ou d’en réduire les effets négatifs.

Des protocoles pour traitement ambulatoire reconnus comme efficaces et peu coûteux sont proposés par des associations de médecins et des personnalités indépendantes de l’industrie pharmaceutique.

Le Grappe appelle les autorités de santé et tous les médecins généralistes à prendre connaissance de ces protocoles, publiés notamment par les associations AIMSIB et Reinfo covid* et à choisir en toute liberté la meilleure manière de soigner.

Le Grappe appelle à refuser que se perpétue une dictature hygiéniste aussi inefficace que dommageable pour tous.

Pierre Stein, président, Martine Dardenne, sénatrice honoraire et secrétaire, Paul Lannoye, député européen honoraire et membre du Bureau

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*https://reinfocovid.fr/

https://www.aimsib.org/

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OÙ ÉTAIT ALEXANDER DE CROO CE 25 JANVIER 2021?

Le Premier ministre belge, serviteur de l’élite mondiale

Interviewé par le rédacteur en chef du Time, en compagnie (virtuelle) de Klaus Schwab notamment, fondateur et président du Forum économique mondial, qui organise la discussion de ce jour, Alexander De Croo (ADC) a distillé ses bons conseils pour les « parties prenantes du capitalisme »[note], entendez ce gratin de l’élite mondialisée, de ceux qui prescrivent les « remèdes » pour contrer le coronavirus et qui subséquemment voient le cours de leurs actions grimper… Retour sur la plus grande des supercheries : celle d’avoir laissé des dirigeants politiques destituer le pouvoir du peuple en son nom afin de servir les seuls intérêts de leur classe[note].

Le thème de cette « Launch session and discussion » du 25 janvier 2021: « Rejoignez le rédacteur en chef de TIME, Edward Felsenthal, pour cette session spéciale de lancement et de discussion sur le « Capitalisme des parties prenantes », le nouveau livre de Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial. L’année 2021 sera décisive pour l’avenir de l’humanité, de la lutte contre le COVID-19 au changement climatique. Quel rôle le capitalisme des parties prenantes peut-il jouer dans la poursuite d’une économie mondiale plus durable, plus résistante et plus inclusive ? »[note]. Outre Klaus Schwab, Alexander De Croo, on y retrouve Dan Schulman, président de PayPal, ou Mariana Mazzucato, du University College London, et, comme souvent, l’incarnation du bien dans un « ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF », ici en la personne d’Angélique Kidjo.

Le covid, cette « grande opportunité »

Rappelons que pour Klaus Schwab, la « crise » du covid est une opportunité, l’occasion d’une grande « remise à zéro » (« great reset »). Il l’envisage sous trois aspects :

« Un meilleur monde peut survenir de cette crise si nous agissons rapidement et conjointementLes changements que nous avons déjà observés face au COVID-19 prouvent qu’il est possible de repenser nos fondements économiques et sociaux.Ceci est notre meilleure chance d’instaurer le capitalisme des parties prenantes »[note].

En somme, ce sont les mêmes qui ont détruit ce monde qui nous proposent maintenant de le sauver en le reconstruisant « autrement ». Mais derrière ce semblant de bonne volonté et le sentiment toujours renouvelé d’une soudaine prise de conscience, inespérée, ce ne sont que des mots, un subterfuge permettant de pérenniser la domination et les profits qui en découlent[note]. C’est ainsi que les politiques sont devenus des « coachs »[note] visant à susciter en nous l’adhésion et la confiance en une société « plus durable, résiliente et inclusive », soit à nous vendre un produit, propagé par des médias qui partagent la même vision du monde et les mêmes desseins. La réaction politique autour du covid, reléguant toute parole désapprouvant les choix des dirigeants dans le domaine du complotisme, ou la censurant simplement, indique clairement la continuité de la destitution du peuple quant à la capacité de décider de son avenir.

Il est édifiant de constater que ce nouveau concept dominant qu’est celui de « capitalisme des parties prenantes », nouveau concept présenté insidieusement comme « différent »[note] alors qu’il ne sert que la continuité d’un même système-monde, est discuté avec le Premier ministre belge, en conversation avec le patron de PayPal et celui du Forum économique. Cela dénote l’importance que placent les oligarques dans la Belgique pour assurer leur transition « disruptive », la capitale accueillant les Institutions européennes, dont la Commission qui constitue le fer de lance des intérêts privés.

La « remise à zéro » ou la continuité destructrice

À l’instar des esclaves passés et présents du Sud qui furent et sont massacrés sous l’autel de l’économie marchande capitaliste, coloniale dans un premier temps, mondialiste dans un second (continuation néo-colonialiste de la première période), les populations occidentales sont actuellement sacrifiées sur l’autel de la grande remise à zéro. Dans une période qui allait voir survenir inévitablement un effondrement économique inédit (la crise économique de 2008 revenant sous une forme particulièrement amplifiée), alors que les désastres climatiques nourrissaient progressivement la réflexion sur notre modèle de développement et que naissaient des volontés de le changer, les dirigeants ont voulu se donner le contrôle de la « destruction créative » tout en l’attribuant à quelque chose d’autre que le capitalisme et la manière dont ils le servaient : ce fût le covid.

Le discours de Klaus Schwab résonne comme un présage, une mise en réalité des mots: « les confinements dus à la COVID-19 seront peut-être assouplis progressivement, mais l’inquiétude face aux perspectives sociales et économiques du monde ne fait que s’intensifier. Il y a de bonnes raisons de s’inquiéter : une forte récession économique a déjà commencé et nous pourrions être confrontés à la pire dépression depuis les années 1930. Mais, bien que cette conclusion soit probable, elle n’est pas inévitable ». Leurs énoncés ne sont contradictoires qu’en apparence – fortes inquiétudes, mais espoir ; probable, mais pas inévitable ; aggravation et amélioration, … -, escomptant le pire – récession économique, misère, catastrophes climatiques – et proposant l’antidote à ce monde qu’ils ont créé.

(…) « Pour obtenir de meilleurs résultats, le monde doit agir conjointement et rapidement pour repenser tous les aspects de nos sociétés et économies, de l’éducation aux contrats sociaux en passant par les conditions de travail. Chaque pays, des États-Unis à la Chine, doit participer, et chaque industrie, du pétrole et du gaz à la technologie, doit être transformée. Pour faire simple, nous avons besoin d’une « Grande remise à zéro » du capitalisme ».

« De nombreuses raisons justifient de lancer cette grande remise à zéro, mais la plus urgente est la COVID-19 » (…) « Nous sommes loin d’en avoir fini avec cette crise » [NDLR Il écrit ça en juin 2020] « Elle aura de graves conséquences à long terme sur la croissance économique, la dette publique, l’emploi et le bien-être humain » (…) « Tout cela va aggraver les crises climatiques et sociales déjà en cours ».

« Un des points positifs de la pandémie est qu’elle a montré à quelle vitesse nous pouvions apporter des changements radicaux à nos modes de vie ».

« De même, les populations ont massivement montré leur volonté de faire des sacrifices au nom des travailleurs de la santé et autres professions essentielles, ainsi que des populations vulnérables, telles que les personnes âgées ».

Alexander De Croo, l’homme d’affaires

Rappelons qu’Alexander De Croo, présenté comme « entrepreneur, Darts-IP; Project Leader, Boston Consulting Group… » sur la page du Forum économique mondial, est également membre de Friends of Europe, Think tank fondé par Étienne Davignon, où l’on peut retrouver aussi Petra De Sutter et Frank Vandenbroucke, dans le gouvernement De Croo, Isabelle Durant ou Yves Leterme, Thomas Leysen pour représenter les médias (groupe Mediahuis : Nostalgie, NRJ, Het Nieuwsblad, De Standaard, Het Belang Van Limburg[note]…), mais également Jean-Claude Juncker, Pascal Lamy (ancien directeur général de l’OMC), etc[note].

C’est à Friends of Europe que s’était rendu Bill Gattes le 16 février 2017, pour une conférence intitulée : « Façonner le monde — Un moment charnière de la recherche et de l’innovation pour la santé mondiale »… Parmi les intervenants ? Luc Debruyne, président de GSK, Strategic advisor à la «  Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies » : « Derrière l’acronyme CEPI, on trouve des États comme la Norvège ou le Japon, la Fondation Bill & Melinda Gates ou encore le Wellcome Trust, fondation caritative médicale la plus riche après celle de Gates. Du PPP (partenariat public-privé) classique, fortement soutenu par l’OMS pour accélérer le développement d’un vaccin[note] ». Et qui Gates avait rencontré juste avant cette conférence ? Charles Michel et Alexander De Croo…

S’étonnera-t-on dès lors qu’Alexander De Croo ne réponde pas à nos questions en conférence de presse ?

Cela vous suffit-il, ou doit-on encore faire un dessin?

Alexandre Penasse

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L’arbitraire de la définition d’ « essentiel » — Les politiques au-dessus des lois

Nous étions encore présents ce vendredi 22 janvier lors de la conférence de presse suivant le Comité de concertation. Nous avons pu poser deux questions. La première portait sur les critères sur lesquels reposait la définition de service « essentiel », et si la fête de nouvel an de l’Open Vld était à ce titre essentielle[note].

Écoutez la « réponse » du Premier ministre: ils n’ont rien à se reprocher, tout a été fait selon les règles en vigueur. C’est tout simplement un mensonge: pas de masques, pas de distanciation, pas de respect de la bulle, concert dans un lieu fermé… Pour ceux donc qui voudraient organiser un soirée avec concert, sans masque, avec zakouzkis et mousseux, pas de problème. Ce qui est très significatif dans ces passe-droits qu’ils s’octroient, c’est qu’on peut y voir le fait qu’ils ne croient pas eux-mêmes aux dangers dont ils disent vouloir nous protéger: ils n’ont pas peur d’attraper le coronavirus! 

La troisième question sera impossible… « Vous en avez déjà posé deux »…[note]

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D’une pandémie affolante à une syndémie raisonnable

Nous reproduisons avec l’aimable autorisation de l’auteur, Michel Rosenzweig, philosophe, psychanalyste, une tribune qu’il a publiée en décembre sur France Soir. La réflexion demeure, après un mois, percutante, alors que les autorités durcissent l’état d’urgence sanitaire, évoquent la troisième vague et dirigent nos vies comme jamais. 

Le Pr Perronne démis de ses fonctions de chef de service de l’AP-HP de Garches, le Pr Fourtillan embastillé en asile psychiatrique à Uzès, le Pr Raoult menacé de mort et attaqué en justice par ses pairs, disqualifié, discrédité et traité de charlatan, le Pr.Toubiana subissant le même sort, le Dr Pascal Sacré convoqué à la commandantuur sanitaire de l’état covidien belge occupé par une clique de scientifiques malhonnêtes et mentalement atteints, des policiers transformés en auxiliaires de police sanitaire, un régime techno-sanitaire tyrannique régnant par la peur, la répression et même par une certaine forme de terreur hygiéniste, un climat malsain et suffoquant règne en cette fin d’année en France comme en Belgique, sans que personne ne puisse en apercevoir le bout du tunnel.

Des délateurs et des chiens de garde à tous les coins de rue pour vous rappeler à l’Ordre sanitaire, même dans les coins les plus reculés, des amendes dissuasives aux montants astronomiques qui s’abattent comme des fléaux antiques sur les contrevenants, les libertés individuelles réduites aux fonctions biologiques « essentielles » par les autorités publiques ayant basculé dans une pensée totalitaire décomplexée, car la situation est grave nous répètent-elles, se justifiant de déployer des mesures contraignantes et coercitives de plus en plus nombreuses au nom de notre santé et donc au nom de notre bien.

Et cette hystérie collective des vaccins qui vient maintenant s’ajouter aux bouffées délirantes thanatophobiques aigües et à la psychose collective virophobe. Un vrai millefeuille dont on ne voit pas pourquoi il s’arrêterait d’enfler.

Après des mois de travail et quelques dizaines de textes dont certains ont été publiés dans des médias courageux, je dois bien le reconnaître, les jeux sont faits et rien ne va plus, nous ne sortirons pas de cette dystopie qui a définitivement bouleversé les normes sociales et politiques de nos vies, comme je l’annonçais déjà il y a quelques mois, fidèle à la réputation de Cassandre dont certains aiment m’affubler, bien que mes prévisions se soient avérées malheureusement exactes.

Je ne me répéterai donc plus sur les sujets principaux que j’ai tenté de traiter ici à plusieurs reprises, car il s’agit en fait d’une déclinaison infinie et répétitive d’un même thème, le Covid, et qui tourne finalement en boucle dans un entre soi sans aucun effet sur la réalité insupportable qu’une toute petite minorité de personnes perçoit mais qu’une immense majorité approuve, se vautrant dans une servitude volontaire à leurs maîtres sans se poser trop de questions probablement très dérangeantes, toutes étant encore convaincues du bien fondé et de la nécessité de ce régime dont elles sont persuadées qu’il n’est que transitoire, certaines en redemandant même une louche supplémentaire.

Errare humanum est, perseverare diabolicum

La covidie virocratique hygiéniste, ce régime sanitaire abject, obscène, inique et selon moi totalement injustifié et bien plus préjudiciable que le virus lui-même, s’est emparé de toute l’Europe sans aucune opposition et avec la complicité de tous : classe politique, académique, universitaire, administrative, société civile, monde associatif, institutionnel, syndicats, etc.…

Tous complices actifs ou passifs dans un silence généralisé, hormis quelques voix dissidentes que les autorités s’efforcent de faire taire lorsqu’elles parlent un peu trop fort.

Le virus a gagné

Pas parce qu’il tuerait en masse, pas du tout, il est d’ailleurs très peu performant en terme d’ADM (Arme de Destruction Massive), il a gagné parce que des forces que je qualifierais d’obscures se sont emparé de ce brin d’ARN pour réaliser des objectifs très clairement et publiquement énoncés : le basculement de cette planète dans une nouvelle ère qui verra la généralisation de ce que l’on nomme l’identité numérique et ses corollaires, une nouvelle économie assistée par les robots et l’informatique et qui ne s’embarrassera plus d’une main d’œuvre devenue encombrante, trop chère et donc inutile ainsi que le conditionnement de vos vies à la détention d’un passeport covid vert assorti d’un certificat de vaccination dont le port sur ou à l’intérieur du corps nous permettra l’accès aux services, aux déplacements, au travail, aux soins de santé, aux loisirs, etc…

Il faut vraiment être sourd et aveugle pour ne pas prendre conscience de cette mutation anthropologique, technique et ontologique irréversible et inéluctable qui s’opère sous nos yeux jour après jour.

Or, il existe un lien avéré, reconnu et revendiqué par ses auteurs, entre la grande réinitialisation économique numérique, techno-scientifique (Great Reset du WEF et son mentor Klaus Schwab) et la syndémie du coronavirus terme plus approprié et reconnu par le Lancet ce 17 octobre[note] pour décrire « la » Covid-19, une syndémie étant l’agrégation d’au moins deux maladies ou problèmes de santé dans une population pour laquelle il existe un certain niveau d’interface biologique ou comportementale délétère qui exacerbe les effets négatifs de chacune des maladies impliquées.[note]

Est-il encore autorisé de poser la question sans risquer d’être brûlé sur le bûcher médiatique et numérique ?

Oui, il n’y a jamais eu de « pandémie » au sens ou la science épidémiologique l’entend, mais bien plus une syndémie, une rencontre de plusieurs facteurs aggravants les effets d’un virus fondamentalement pas plus dangereux qu’un autre virus respiratoire de type grippal, mais qui fonctionne comme un accélérateur, un catalyseur d’effets toxiques chez certaines catégories de personnes à risques pour des raisons multifactorielles sur lesquelles il faudrait sérieusement se pencher au lieu de croire à l’univocité de la solution vaccinale et aux vertus supposées du confinement à répétition.

Après les mensonges et les affabulations du Lancet gate, voici la prestigieuse revue britannique qui revient enfin à ses fondements. Le lien entre le vaste programme du Great Reset et la « p(l)andémie » devenue « syndémie » existe donc, seule la nature de ce lien demeurant questionnable.

Est-il opportuniste ou structurel ? Le virus est-il un opérateur naturel et occasionnel ou a‑t-il été conçu dans un cerveau malade pour mettre en œuvre la grande réinitialisation ? Est-il encore autorisé de poser la question sans risquer d’être brûlé sur le bûcher médiatique et numérique ?

La question restera encore très longtemps et probablement à jamais sans réponse. Mais elle mérite d’être rationnellement et raisonnablement posée à l’aune de ce bouleversement sociopolitique dont on ne mesure pas encore les conséquences.

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DEUS EX VACCINA

Après une année de gestion de pandémie qui a fait couler beaucoup d’encre, le vaccin tant attendu et annoncé est enfin là. À noter que le terme « vaccin » a été utilisé plus au singulier qu’au pluriel, ce qui n’est pas sans évoquer le deus ex machina des tragédies grecques: une intervention divine qui dénoue soudainement une situation désespérée. Les défenseurs de la technologie (sous l’étendard du progressisme) saluent bien évidemment l’arrivée de la solution miracle qui mettrait un terme à l’épidémie qui secoue la planète. Tout écart à ce cadre de pensée suscite l’usage d’un vocabulaire à relent propagandiste : « conspirationniste », « covidiot » ou « rassuriste » (ce dernier étant particulièrement violent à mon sens, car il sous-entend que le simple fait de rassurer son entourage est déjà éthiquement questionnable; depuis quand est-il déplorable de simplement rassurer des personnes en détresse psychologique ?).

L’industrie pharmaceutique, dans sa globalité, nous propose quatre types de vaccins contre le SRAS-CoV‑2.

Deux sont basés sur des technologies « classiques » utilisées depuis près d’un siècle et sont composés de :

1) virus atténués (ex. d’entreprises : Sinopharm, Sinovac), vaccin polyclonal (c’est-à-dire ciblant plusieurs composantes du SRAS-CoV‑2).

2) fragments de virus (ex. d’entreprises : Novavax), vaccin monoclonal (ne ciblant qu’un seul constituant du virus).

Les deux autres sont construits avec de nouvelles technologies « géniques » et sont composés de :

3) matériel génétique viral sous forme d’ARN, encore jamais appliqué sur les humains (ex. d’entreprises : Pfizer/BioNTech, Moderna), vaccin monoclonal.

4) un vecteur viral qui délivre du matériel génétique (ARN) viral d’intérêt (dans ce cas, celui de SRAS-CoV‑2) (ex. d’entreprises : AstraZeneca/Oxford, Johnson & Johnson), vaccin monoclonal.

Tous ces vaccins ne se valent pas et les rejeter en bloc sans les considérer séparément serait tout aussi étroit d’esprit que de considérer la vaccination contre le COVID-19 comme un deus ex machina à notre pandémie (ou plutôt deus ex vaccina). Bien qu’issus de technologies différentes, ces vaccins présentent des points communs. Leur élaboration a été extrêmement rapide, sachant que le développement d’un nouveau vaccin peut prendre des années (parfois au-delà de 10 ans, selon l’OMS)[note]. En effet, lors de la réalisation de nouveaux vaccins, une partie du temps est perdue dans l’attente de diverses autorisations, régulations et financements et une autre partie est consacrée au développement de la technologie vaccinale. Dans le cas du SRAS-CoV‑2, ces deux phases ont pu être raccourcies, car d’une part les délais administratifs habituels ont été accélérés et d’autre part les études sur ces nouvelles technologies avaient déjà débuté avant l’arrivée de la pandémie. Mais fabriquer des vaccins dans la précipitation n’est jamais idéal, surtout quand il s’agit d’évaluer leur efficacité et l’étendue des effets secondaires de nouvelles technologies. Ceci est d’autant plus vrai pour ce virus qui présente des particularités qui rendent la conception d’un vaccin compliquée.

Deux craintes principales: l’efficacité et les effets secondaires des vaccins

I. L’efficacité

L’efficacité vaccinale ne dépend pas uniquement de la biotechnologie, mais de la nature de la cible : le virus lui-même. S’il n’existe pas de vaccins durables contre les virus responsables des rhumes ou de la grippe, c’est notamment parce que ces virus évoluent rapidement. Ceci est typiquement le cas des virus à ARN (dont les coronavirus font partie). Outre les mutations (c’est-à-dire la transformation du code génétique par « erreur »), ils se recombinent également fréquemment (ce qui est l’équivalent « d’échanges » génétiques entre virus)[note]. Si les coronavirus sont capables d’accomplir des «ping-pong entre espèces animales (y compris l’humain)»[note], c’est bien grâce à cette faculté de transformation.

Un vaccin monoclonal (qui ne cible donc qu’un seul élément du virus) n’aura très probablement qu’une efficacité éphémère, limitée dans le temps par l’apparition d’un variant quelconque du SRAS-CoV‑2. En revanche, un vaccin polyclonal offre aux vaccinés la possibilité de développer des défenses contre différentes parties du virus, permettant de diminuer le risque que le virus échappe (après évolution) à l’immunité collective.

Dans le cas des vaccins monoclonaux contre le SRAS-CoV‑2, la composante visée est la protéine « spike » (ces fameuses protéines de surface en forme de boutons que l’on représente à la surface du virus lorsqu’il est dessiné). Le choix stratégique de cette cible est basé sur sa nature stimulante de notre immunité. Or, cette protéine est utilisée par le virus pour reconnaître son hôte et est sujette aux mutations, dont plusieurs ont déjà été documentées[note]. Ainsi, l’espoir d’éradiquer ce virus néglige les possibilités suivantes :

la protéine spike du virus mute et le vaccin devient inefficace. Le nouveau variant est aussi dangereux que le précédent, voire pire ;la pression de sélection darwinienne favorise la transmission du virus par voie indépendante de la protéine spike (un mécanisme moins fréquent, mais documenté[note]) ;le virus se recombine avec un autre virus et change de manière à échapper au vaccin (un scénario d’autant plus dangereux s’il s’agit d’un autre coronavirus virus épidémique, comme le MERS-CoV[note]) ;le virus disparaît de l’hôte humain (scénario idéal) et se « réfugie » dans les réservoirs animaux, où ils continuent à évoluer. Le retour d’un variant échappant au vaccin ne serait ainsi pas exclu. À noter à ce titre qu’il est impossible d’éradiquer une zoonose (c’est-à-dire une infection partagée entre humain et autres animaux) à moins que tous les animaux-hôtes soit vaccinés ou éliminés.

L’industrie pharmaceutique propose évidemment une solution : celle de renouveler les vaccins et fournir les doses selon une stratégie vaccinale qui consiste à administrer un vaccin contre le SRAS-CoV‑2 plusieurs fois par an. Pour un prix de 20 euros la dose, deux fois par an pour un marché ciblant une grande partie de la population planétaire, cela est effectivement fort intéressant pour l’industrie et pour les fonds d’investissement boursiers. Il s’agit d’un marché renforcé par décision politique de 300 à 500 milliards d’euros par an avec des garanties financières négociées (entre autres avec l’Union Européenne[note]).

II. Les effets secondaires

L’inquiétude des effets secondaires et de la tolérance aux vaccins modernes (ceux à ARN) contre le COVID-19 est fréquemment écartée par les techno-progressistes résolus, qui se réfèrent aux essais cliniques. Tout en admettant qu’un essai clinique (comme celui de la firme Pfizer) effectué sur 38.000 personnes est prometteur et qu’il serait difficile d’exiger plus d’une entreprise, il est extrêmement peu probable que les résultats puissent être aussi encourageants une fois appliqués à des chiffres plus volumineux de plusieurs ordre de grandeur. Si le chiffre de 38.000 personnes peut sembler élevé, celui-ci ne pourra jamais englober une diversité des profils de santé équivalente à la population à qui est destiné le vaccin. L’épidémie étant planétaire et le pourcentage nécessaire pour l’acquisition d’une immunité collective étant situé entre, environ, 60–70% selon l’OMS[note], cela ferait une cible théorique d’environ cinq milliards de personnes, soit une population un million de fois plus nombreuse que dans l’essai de Pfizer (tout en admettant que le nombre réel de personnes vaccinées sera sans doute inférieur). Selon les données de Pfizer[note], 0.6% des sujets vaccinés ont présenté des « événements indésirables graves » (contre 0.5% dans le groupe placebo). Mais 0.1% d’effets secondaires pouvant mettre la vie en danger mis à l’échelle d’un milliard de personnes mettrait un million de vies en danger! Toute mesure préventive se doit de faire moins de mal que la pathologie en question. Or, la létalité de SRAS-CoV‑2 (qui oscille aux alentours de 0.2%[note]) est loin d’être comparable à celle des épidémies de peste ou de l’Ebola. Est-il ainsi justifiable de risquer tous ces événements indésirables graves?

Vu que la technologie de vaccin à ARN est nouvelle, il est impératif de la valider. Les vaccins classiques peuvent être certifiés très rapidement, car leurs technologies sont connues et ne posent ainsi aucun problème (c’est pour cela que deux vaccins anti-grippe peuvent être produits et certifiés par an). Pour les vaccins à ARN, certifier sans appliquer la même rigueur de base serait incorrect. Notons d’ailleurs que ceux qui se revendiquent du principe de précaution avec les gestes barrières et les masques sont soudainement absents du débat !

À la liste des préoccupations déjà citées peuvent également être ajoutées :

l’inefficacité de tels nouveaux vaccins à vecteurs viraux chez les personnes qui auraient une immunité naturelle contre le vecteur lui-même (le vecteur est un virus humain « vide », rempli avec de l’ARN codant pour des antigènes de SRAS-CoV‑2). Ceci est un problème bénin, réel, mais dont personne ne semble se soucier (problème inexistant avec les vaccins classiques)Une éventuelle recombinaison de la construction vecteur/SRAS-CoV‑2 avec un/des virus naturel(s). Ceci est un problème beaucoup plus grave. Dans le milieu scientifique (et ceci devient un peu technique, mais peut intéresser certains lecteurs compétents dans le domaine), deux arguments sont opposés à cette préoccupation (i) des échanges de gènes ne se font qu’entre des virus du même type (entre des virus à ADN d’une part et des virus à ARN d’autre part, mais pas entre ces deux catégories) et (ii) tout événement catastrophique serait peu probable. Le premier argument est correct, mais des exemples d’échanges entre des virus à ARN et ADN existent et ne peuvent être ainsi négligés[note]. La deuxième dialectique qui consiste à balayer les craintes sous prétexte que même si des risques existent, ils sont tellement improbables qu’ils peuvent être écartés, démontre l’insouciance des techno-progressistes face à des calculs de probabilités. Il suffit d’imaginer, par exemple, que seul un centième de la population mondiale serait vacciné au final, et ce, deux fois par an. Cela représenterait toujours des centaines de millions de doses par an, intégrant à des milliers/millions de nos cellules plusieurs particules virales vectrices du vaccin, tous potentiellement capables de se transformer… Il faudrait que l’événement indésirable pouvant donner naissance à un monstre de Frankenstein nanoscopique soit moins élevé qu’une chance sur des centaines de milliards.Ajoutons à cette probabilité une condition supplémentaire plus basique, mais absolument cruciale: le fait que l’on ne puisse pas administrer de vaccin lorsque l‘on est activement infecté. Par exemple, lors de l’injection des vaccins anti-grippe, le médecin doit s’assurer que son patient ne porte pas le virus. Ceci ouvrirait la porte en grand aux recombinaisons sauvages. Les gouvernements ont-ils pensé dans leurs stratégies de vaccination à dépister les personnes pour la présence de SRAS-CoV‑2 (y compris les asymptomatiques) avant de leur administrer le vaccin?

Notons d’ailleurs que ceux qui se revendiquent du principe de précaution avec les gestes barrières et les masques sont soudainement absents du débat !

C’est pour ces raisons qu’en 2016 « the Brighton Collaboration » (un réseau mondial à but non lucratif portant sur la sécurité des vaccins et destiné aux professionnels de la santé) a formulé des lignes directrices suivant les recommandations de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux FDA et l’Agence européenne des Médicaments) pour la conception des vaccins à vecteurs. Ces recommandations comprennent (i) l’examen des connaissances liées aux recombinaisons virales, (ii) l’ampleur de l’opportunité de ces événements, (iii) l’examen des mécanismes conduisant à ces événements et (iv) la mise en place de sécurités ainsi que des méthodes de détection de ces événements indésirables[note]. Ces principes ont-ils été respectés?

On nous rapporte que l’atout des vaccins modernes, comparés aux classiques, serait leur capacité à être modulés afin de les adapter à une situation qui évolue. Ainsi, si un variant particulièrement virulent devait soudainement se répandre, les vaccins modernes auraient un avantage. Si ceci est effectivement correct, ces nouveaux vaccins qui surstimulent et modulent l’immunité ont néanmoins un inconvénient majeur comparés aux vaccins plus classiques : celui d’interférer avec les équilibres immunitaires eux-mêmes. Le principe de ces vaccins géniques consiste à forcer nos propres cellules à produire des fragments viraux (plutôt que de les injecter) contre lesquels le corps va s’immuniser. Lorsque ce sont nos cellules qui produisent des particules étrangères, le risque d’une réaction auto-immune qui déborde en choc anaphylactique ou à un rejet de nos propres cellules est plus élevé. En pratique, nous ignorons ce qui va se passer chez toute une catégorie de patients, à commencer par ceux qui souffrent de pathologies immunitaires ou endocrinologiques (on pensera ici par exemple aux malades d’Alzheimer, aux diabétiques de type I, aux maladies rhumatismales et articulaires, aux maladies de Cushing ou d’Addison, à certaines pathologies thyroïdiennes, etc.). Ceci représente une fraction non négligeable des populations et mérite d’être investigué.

Il reste une dernière préoccupation concernant la science derrière tous ces vaccins (tous types confondus) : celui de la stratégie vaccinale. La Belgique a décidé de vacciner en priorité les personnes à risque, dont les personnes âgées, et le personnel soignant. Si la stratégie est logique concernant cette dernière catégorie de personnes, elle l’est moins concernant les personnes âgées. Le virus n’est dangereux que pour certaines personnes, dont le système immunitaire est faible. Or, le principe de la vaccination est de stimuler le système immunitaire et par conséquent, le vaccin ne sera jamais plus efficace que le système immunitaire sur lequel il se repose… En Amérique, ce sont les enfants qui sont vaccinés contre la grippe saisonnière, car même si cette catégorie de la population ne souffre pas de la maladie causée par ces virus, elle peut le transmettre. Par contre, elle réagit bien au vaccin et par le biais de l’immunité collective elle protège les personnes qui n’y répondent pas bien. Établir une stratégie de vaccination basée sur les personnes fragiles qui sont également les plus exposées aux risques auto-immunitaires semble de ce fait peu efficace et me parait donc être plutôt une décision de communication politique qu’une décision scientifique.

Quant à d’autres raisons qui m’invitent à considérer ces vaccins avec prudence, Paul Lannoye décrit avec clarté dans son article son examen critique sur la mise en place de ces vaccins et leurs liens avec l’UE dans « À propos du vaccin anti-covid. Ni complotisme ni croyance aveugle »[note]. J’invite les lecteurs également à consulter le rapport du Dr Vélot (généticien moléculaire à l’Université Paris-Saclay et Président du Conseil scientifique du CRRIGEN)[note], dont une synthèse est également proposée par Valérie Tilman dans « « Covid-19 : Rapport d’expertise sur les vaccins ayant recours aux technologies OGM » : synthèse de la note du Dr Vélot » »[note]. Cette analyse, indépendante de la mienne, arrive aux mêmes conclusions. À noter également que les premières données de la campagne de vaccination commencent à être disponibles et rejoignent nos préoccupations. En effet, ces dernières ne confirment pas l’efficacité du vaccin Pfizer/BioNTech trois semaines après l’administration de la première dose, suscitant un réexamen du calendrier pour l’administration de la seconde dans plusieurs pays[note].

Ma formation en virologie environnementale m’a permis d’étudier le caractère extrêmement dynamique des virus et de leurs cycles de reproduction. Ils représentent l’entité biologique la plus abondante sur Terre et se reproduisent avec une rapidité et multiplicité redoutable. Ils sont capables tant de nous tuer que de nous sauver. Ainsi, pour protéger ma famille et mes proches, il est évident selon moi que nous devons tous être vaccinés avec les vaccins classiques. Mais comme toujours, il faut savoir faire la différence entre ce qui est efficace et sûr et ce qui l’est moins. Une communication honnête et une approche respectueuse des normes sont nécessaires. Il est curieux que non seulement cette communication n’ait pas été faite, mais qu’en forçant les vaccins comme la seule solution – alors que les vaccins ne sont jamais des thérapies curatives – les autorités en ont oublié que la médecine, c’est d’abord traiter des gens… Que se passe-t-il avec la pratique des médecins généralistes, c’est-à-dire la première ligne de défense? On ne peut pas examiner les patients et mesurer la gravité de leur état seulement par une consultation en ligne et des demandes pour des tests COVID…Où en sommes-nous avec les thérapies curatives?

Kaarle P., PhD en virologie environnementale

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Le médecin généraliste face au vaccin: d’accord ou… d’accord

Nous avons été contacté par un médecin généraliste amené dans le cadre de sa fonction à devoir placer une de ses patientes en maison de repos. Il a accepté de témoigner sur la procédure particulière qu’il doit suivre dans le cadre de la politique de vaccination en maison de repos. Une pratique qui lui inspire celles des « régimes totalitaires ».

« Hier j’ai dû passer voir une patiente que j’ai dû placer dans une maison de repos et de soins. J’ai adapté le traitement pour ma patiente et, avant de partir, l’infirmière m’a remis une feuille pour signaler si m’a patiente devrait prendre le « vaccin anti-Covid » ou pas.

J’ai déjà lu des documents étranges, semblables, où l’on se lavait les mains sur la prise de responsabilité médicale, derrière des mots comme « Standard Operating Procedure », des termes militaires pour dire que le blindé engage son chemin, sans trop se soucier de qui est au volant, et qui est couvert par une assurance de responsabilité professionnelle médicale dans cette affaire. Je ne pense en effet pas que nos assurances professionnelles de responsabilité médicale nous couvrent pour la campagne d’administration de thérapie génique expérimentale qui est en train de se faire avec les produits de chez Pfizer et de Moderna. Nous n’avons aucun recul, donc, bien que le gouvernement et l’EMA (European Medicines Agency) soient entièrement derrière cette campagne d’expérimentation massive sur la population.

Mais le document que cette infirmière m’a remis hier soir, j’ai dû le relire, car il me semblait trop absurde. Le document me demandait d’informer m’a patiente ou sa famille au sujet de la vaccination, et puis de noter si j’avais obtenu le consentement de ma patiente sur le papier. Si je ne le faisais pas, il considérait d’emblée que ma réponse était positive.

Seulement, en dessous, il n’y avait qu’une seule case à remplir :  une case pour dire, d’une manière générale, que je donnais mon accord pour la vaccination anti-SARS-CoV‑2 de mes patients. J’avais l’impression de me trouver dans un choix offert sous une régime totalitaire, où il n’y avait qu’une seule manière de voter. »

Confronté à cette feuille de demande d’autorisation de donner le produit injectable expérimental à sa patiente, le médecin traitant a indiqué dessus : 

« [Que cela soit bien clair], Je soussigné, Dr. XXX  XXX , [N’]« autorise »« PAS » ( où le «Que cela soit bien clair »,  « N’ » et le « PAS » ont dû être ajoutés entre les mots dans la phrase) que la vaccination contre le COVID-19 soit effectuée pour mes patients. Concerne la patiente XXXXX ».

Consterné, le médecin traitant a également indiqué sur la feuille prévue pour l’autorisation de la vaccination : 

« Où est la case pour dire qu’évidemment ma patiente n’est pas candidate pour cette expérimentation ? » 

Pour s’assurer que son indication de ne pas la vacciner soit suivie par l’équipe du home, le médecin a encore mis : « Elle a déjà eu le Covid-19, lui donner ce produit est très dangereux ! » 

« C’est surtout cette dernière phrase qui a suscité discussions et inquiétude chez les infirmiers qui avaient vu le message, car dans ce Home de Repos et de Soins on vaccinait les personnes qui avaient eu le Coronavirus autant que celles qui ne l’avaient pas eu. Il y a en fait très peu de recul expérimental pour affirmer si les patients qui avaient déjà fait le Covid-19 étaient plus à risque ou non de développer des effets secondaires : ce qu’on peut raisonnablement dire, c’est que le ratio-bénéfice /risque et nettement moins en faveur de la vaccination de ces personnes ( car elles ont déjà une immunité naturelle), et qu’il y a plus de risques de créer un état douloureux d’inflammation iatrogène[note] chez les personnes qui ont récemment fait la maladie.

Le danger est de donner des thérapies géniques présentées comme des vaccins contre un Coronavirus, à des personnes âgées, sachant que ces techniques n’ont pas encore passé des épreuves précliniques sur les animaux. Cela relève d’un risque qu’on ne peut pas se permettre. La réalité est que ce virus est surtout dangereux par la réaction inflammatoire qu’il peut provoquer chez certaines personnes à risque :  cela doit être traité au cas par cas, avec les bons traitements qui existent. La solution n’est pas de « faire la guerre contre ce virus », en développant dans un temps record des vaccins expérimentaux contre un Coronavirus peu immunisant, sachant, en médecine vétérinaire, qu’on a déjà essuyé 30 ans d’échecs cuisants, et que les essais sur les animaux pour développer des vaccins contre les SARS-Coronavirus ont donné des réactions bien pires d’inflammation, quand les animaux étaient exposés à de nouveaux SARS-virus après leurs « vaccinations ». Cela relève du bon sens médical Hippocratique, qui malheureusement se perd dans nos universités de nos jours.

En tout cas, le médecin coordinateur du home était tellement outré par mes remarques sur la feuille « d’autorisation de vacciner », qu’il a pris son téléphone immédiatement et a bruyamment exprimé son exaspération contre moi, le médecin traitant récalcitrant, utilisant des adjectifs peu confraternels et exprimant son intention de porter cette attitude « non scientifique » devant l’Ordre des Médecins… »

Un médecin anonyme

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La censure: la réponse de la Commission européenne aux informations « qui ne font pas autorité »

Le 10 juin 2020, les instances européennes publiaient une communication intitulée « Lutter contre la désinformation concernant la COVID-19 – Démêler le vrai du faux »[note]. Sous couvert de « préserver la démocratie » et de « protéger l’intégrité du débat public », et dans la foulée d’autres initiatives européennes[note], cette communication annonce un tournant radical en matière de liberté d’expression, confirmé ce 15 décembre par un document du Conseil de l’UE[note].

À l’heure où certains pays de l’UE déclarent haut et fort ne pas transiger sur la question de la censure, par exemple sur le thème des caricatures religieuses, il semble qu’en réalité une censure d’Etat se mette en place au sein de l’UE. Dans plusieurs passages de cette communication (suivis et précédés de précautions oratoires faisant la promotion de la démocratie, de la liberté d’expression, du journalisme indépendant, etc.), l’UE évoque explicitement le rôle qu’elle attend des médias « professionnels » et des plateformes de médias sociaux en matière de lutte contre la désinformation, et envisage tout aussi explicitement « des mesures publiques », c’est à dire vraisemblablement de légiférer sur cette question. Sous prétexte de lutter contre des « menaces hybrides[note] » visant à « déstabiliser les démocraties » et à « saper les valeurs européennes » (des menaces géopolitiques que le propos de cet article n’est pas de contester), la lutte engagée par l’UE contre la désinformation semble malheureusement prête à étouffer toute forme de discours critique, tant politique que scientifique. En incluant la lutte contre la désinformation en général, et en matière de covid-19 en particulier, dans la lutte contre les menaces hybrides, l’UE est sur le point d’entraver directement le débat public et, ce faisant, la démocratie. Nous présentons ci-dessous quelques extraits de cette communication (en italiques), suivis de nos commentaires.

« Les enseignements tirés de la crise de la COVID-19 montrent qu’il est important de promouvoir les informations provenant de sources faisant autorité et que les décisions doivent être prises sur la base des conseils des scientifiques et des professionnels de la santé. »

Plusieurs remarques s’imposent d’emblée : « Promouvoir les informations de sources faisant autorité » est une conception pour le moins autoritaire du savoir . Quelles sont ces sources qui font autorité ? Qui décide qu’elles font autorité ? Manifestement l’autorité. Et en vertu de quoi font-elles autorité ? Parce que l’autorité en a décidé ainsi .

Dans le domaine politique, il n’y a pas de vérité, seulement des choix politiques. Parmi ces choix, certains privilégient la liberté, d’autres moins ; certains privilégient les intérêts de certaines franges de la population, d’autres les intérêts d’autres groupes sociaux. Aucun de ces choix « ne fait autorité » : ils sont tous susceptibles d’être réévalués démocratiquement et d’évoluer.

Dans le domaine scientifique (et particulièrement médical), s’il y a des vérités scientifiques fondées sur la rigueur du raisonnement et vérifiées par l’expérience, il faut aussi tenir compte du fait que la science est en perpétuelle construction/révision. Promouvoir les informations de sources faisant autorité en science, c’est faire appel à l’argument d’autorité (qui n’est pas un argument scientifique), c’est-à-dire soit à la position de celui qui prétend détenir la Vérité, soit au consensus scientifique qui fait autorité. Or l’histoire des sciences montre qu’un consensus scientifique n’est jamais qu’un consensus historique, susceptible d’évoluer, car la connaissance évolue. Par ailleurs, un consensus de scientifiques ne signifie pas toujours un consensus scientifique si ces scientifiques sont animés, même inconsciemment, d’une certaine vision du monde, ou plus prosaïquement de certains intérêts.

Pourquoi faudrait-il promouvoir uniquement les informations provenant de sources « qui font autorité » quand certains scientifiques qui les soutiennent sont en conflit d’intérêts, que ceux qui les discutent sont censurés, et que d’autres encore s’autocensurent pour ne pas avoir d’ennuis ?

Et pourquoi les décisions devraient-elles être prises uniquement sur la base des conseils de scientifiques et de professionnels de la santé, alors que la vie des hommes ne se résume pas à l’aspect scientifique et sanitaire ? Dans quelle société, sinon dans une dystopie aux allures de dictature sanitaire, les questions sociales sont-elles débattues et les décisions politiques prises uniquement par des scientifiques et des professionnels de la santé ? Dans une démocratie, le débat est public et les décisions sont prises par le peuple par l’intermédiaire de ses représentants tant que ceux-ci le représentent réellement.

« À cette fin, il importe, premièrement, de distinguer les contenus illicites, tels qu’ils sont définis par la loi, des contenus préjudiciables mais non illicites. Deuxièmement, il convient de déterminer s’il existe une intention d’induire en erreur ou de causer un préjudice public, ou encore de réaliser un gain économique. En l’absence d’une telle intention, par exemple lorsque les citoyens partagent à leur insu, de bonne foi, des informations erronées avec leurs amis et leur famille, le contenu en question peut être considéré comme constituant de la mésinformation; en revanche, si une telle intention existe, le contenu peut être qualifié de désinformation, comme la Commission l’a précisé dans sa communication d’avril 2018.»

Cet extrait doit se comprendre comme une proposition d’établir de nouvelles restrictions à la liberté d’expression en cas de désinformation au contenu jugé préjudiciable, comme le confirmera l’extrait suivant. Or introduire « l’intention de nuire », « l’intention d’induire en erreur » ou encore « l’intention de causer un préjudice public » dans les motifs qui permettraient de restreindre la liberté d’expression pourrait avoir pour effet pervers de freiner la contestation politique et sociale, voire le débat scientifique. En effet, les expressions « intention de nuire » et « intention de causer un préjudice public » peuvent être interprétées de façon subjective et partisane (par exemple, contester une mesure politique pourrait être interprété comme une intention de nuire ou de causer un préjudice public puisque cela pourrait nuire au pouvoir en place ; en revanche, cela pourrait s’avérer salutaire pour les citoyens). « L’intention d’induire en erreur » ne constitue pas un motif plus objectif. En effet, comme expliqué plus haut, qui va décréter l’erreur et la vérité ? La discussion d’une mesure politique, d’une hypothèse ou d’une « vérité » scientifique actuelle pour soutenir une hypothèse différente, voire opposée risquerait d’être interprétée comme une intention d’induire en erreur. Or la discussion est intrinsèque tant à la démocratie qu’à la science.

« Une réponse adaptée doit être apportée par tous les groupes qui composent notre société en fonction du degré de nocivité, de l’intention, du mode de diffusion, des acteurs concernés et de l’origine de ceux-ci. La mésinformation peut donc être combattue par des réfutations bien ciblées, des actions de démystification et des initiatives en matière d’éducation aux médias; la désinformation, quant à elle, doit être combattue par d’autres moyens, parmi lesquels des actions menées par les pouvoirs publics, ainsi que cela est exposé notamment dans le plan d’action contre la désinformation. » (…) « Les plateformes doivent limiter les actions de manipulation coordonnées et accroître la transparence autour des opérations d’influence à caractère malveillant. »

La différence établie par la Commission entre mésinformation (traduire « mauvaise » information) et désinformation se situe donc au niveau de l’intention. Or déterminer l’intention de l’auteur d’une information est tout sauf un exercice parfaitement objectif. Et qu’adviendra-t-il par exemple d’un chercheur, d’un enseignant, d’un militant, d’un opposant politique exprimant, seul ou en réseau sur les plateformes, des faits ou des opinions critiques quelquefois « nocifs » pour l’autorité (scientifique ou politique), le coeur de leur mission étant en effet, pour les premiers, de faire progresser la connaissance en discutant celle qui est établie ou, pour les autres, de faire progresser une cause politique ou sociale ? Le risque est de voir des titres tels que celui-ci devenir un jour notre réalité : « Un journaliste/citoyen condamné pour « provocation aux troubles » pour des reportages »[note].

La « désinformation » en matière de vaccins : censurer les positions critiques

« Ainsi, la désinformation et la mésinformation entourant un éventuel vaccin contre la COVID-19 continuent de prospérer et sont susceptibles de compliquer le déploiement des vaccins une fois qu’ils seront disponibles. »

Certes. Et en quoi est-ce problématique si les citoyens estiment de leur propre chef ou s’il est démontré que les nouveaux vaccins ne constituent pas la panacée ? Il est d’ailleurs loin d’exister un consensus scientifique sur la sécurité et l’efficacité des vaccins et candidats vaccins. Chaque citoyen est libre de son opinion. Toute opposition à ces nouveaux vaccins ne découle pas nécessairement d’une mésinformation ou d’une désinformation, contrairement au postulat de cet extrait.

« Dans le cadre de leurs responsabilités respectives, la Commission et le haut représentant travailleront en partenariat avec l’OMS pour renforcer la surveillance épidémiologique de cette dernière grâce à un suivi effectif des médias et pour favoriser la détection des discours de désinformation et des discours nuisibles et la lutte contre ceux-ci (…) »

Chaque citoyen est libre de son opinion. Toute opposition à ces nouveaux vaccins ne découle pas nécessairement d’une mésinformation

Une distinction est faite ici entre « discours de désinformation » et « discours nuisibles ». Un discours sera-t-il jugé nuisible s’il informe sur les limites actuelles des vaccins contre la covid-19 et aboutit à dissuader certains de se faire vacciner, par exemple ? Si l’on se fie à l’intention de cette communication, ce n’est pas impossible. Une telle orientation va-t-elle dans le sens de la démocratie ? Assurément non.

Le rôle des plateformes en ligne : repérer et dénoncer

« Les plateformes en ligne ont indiqué qu’elles avaient adapté leurs politiques pour lutter contre la menace que représente la désinformation au sujet de la COVID-19. Elles ont favorisé les informations exactes et qui font autorité en matière de COVID-19 provenant de l’OMS, des autorités sanitaires nationales et des médias professionnels. »

N’est-il pas un peu précoce, et du coup naïf de parler d’informations « exactes » en matière de covid-19 ? « Les informations exactes et qui font autorité » sont censées provenir exclusivement des sites des organisations internationales, des autorités sanitaires (l’OMS au premier plan, dont l’indépendance a souvent été mise en question, et pas seulement en 2020) et des médias « professionnels » (dont il faut rappeler que nombre d’entre eux sont détenus par des groupes d’intérêt[note]). Quel traitement sera donc réservé aux informations et aux analyses issues, par exemple, d’une association de chercheurs, d’une organisation de lutte en faveur des droits humains, d’un parti politique, d’un groupe de citoyens ? La censure médiatique ? Voire la censure en matière de recherche pour les chercheurs dont les résultats s’éloignent des informations qui font autorité ?

« Il sera demandé aux plateformes de (…) promouvoir les contenus faisant autorité au niveau de l’UE et au niveau des États membres. Les plateformes devraient fournir des données sur les actions menées pour promouvoir les informations des agences sanitaires nationales et internationales, des autorités nationales et de l’UE, ainsi que des médias professionnels. (…) Les plateformes devraient signaler tous les cas de manipulation des médias sociaux, d’opérations d’influence pernicieuses ou de «comportements coordonnés non authentiques» détectés dans les services qu’elles offrent. (…) Il convient aussi que les plateformes coopèrent avec les États membres et les institutions de l’UE afin de faciliter l’évaluation des campagnes de désinformation et des opérations d’influence et d’en identifier les auteurs ».

Qu’est-ce qu’une « opération d’influence pernicieuse » ou un « comportement coordonné non authentique » ? Tout dépend évidemment du point de vue adopté et de celui qui est contesté. Ce qu’il faut retenir de cet extrait, c’est que les médias sociaux sont en tout cas diligentés pour rechercher les auteurs de ce que le pouvoir ou les médias eux-mêmes vont considérer comme des « opérations d’influence pernicieuses ».

« L’observatoire européen des médias numériques (EDMO), qui vient d’être lancé, vise à soutenir la création d’une communauté transfrontière et pluridisciplinaire de vérificateurs de faits indépendants et de chercheurs universitaires (…) à des fins de recherche et de meilleure compréhension des menaces et des tendances en matière de désinformation. »

Cet observatoire sera donc peuplé de « facts checkers » dont la mission sera d’établir ce qu’est la Vérité et l’erreur.

« Comme le projet «Réaction d’urgence en matière de santé dans les réseaux interconnectés» («HERoS»), qui met au point une nouvelle méthode d’extraction d’informations des médias sociaux en ce qui concerne les rumeurs et la mésinformation en matière de COVID-19[note]. (…) L’EDMO pourrait également mettre la recherche au service des autorités publiques et établir des liens utiles avec le système d’alerte rapide. »

Les auteurs coupables de « mésinformation » seront donc dénoncés à leurs pouvoirs publics.

« Des dispositions en matière de désinformation, d’ordre pénal notamment, étaient déjà en place dans plusieurs États membres et un État membre a introduit une nouvelle infraction pénale liée à la propagation de la désinformation durant l’état d’urgence (cf. modification de l’article 337 du code pénal hongrois). Les lois qui définissent ces infractions dans des termes trop généraux et y attachent des sanctions disproportionnées peuvent entraîner une certaine réticence des sources à parler aux journalistes et conduire à l’autocensure, ce qui soulève des préoccupations particulières en ce qui concerne la liberté d’expression. »

Sous couvert de le dénoncer, c’est exactement ce que fait ce texte : définir des infractions en des termes généraux (désinformation, discours nuisibles, intention d’induire en erreur, etc.) qui conduiront soit à l’autocensure prudente, soit à la dénonciation, la censure, voire la répression .

Informations officielles et (ré)informations citoyennes : deux poids, deux mesures

« Dans les menaces hybrides, « On peut citer, à titre d’exemples, (..) les campagnes de désinformation, y compris sur les médias sociaux ». (..) « Afin de travailler de manière cohérente, les conclusions appellent à renforcer la résilience face aux menaces hybrides dans différents domaines d’action, par exemple lors du développement et de l’utilisation de technologies nouvelles et émergentes, y compris l’intelligence artificielle et les techniques de collecte de données, et lors de l’évaluation de l’incidence des investissements directs étrangers ou de futures propositions législatives.[note]» 

La parole dissidente sera-t-elle reléguée du côté du complotisme et de la désinformation, et ceux-ci jugés délictueux ?

En des termes plus clairs, l’UE compte renforcer la lutte contre la désinformation dans ces différents domaines politiques et stratégiques. Mais, de nouveau, qui déterminera s’il s’agit de désinformation ? Qui déterminera ce qu’est la Vérité ? Des experts pointus unanimes uniquement ? Que deviendra la parole des chercheurs dissidents, journalistes, écrivains, citoyens, philosophes, contradicteurs issus d’autres domaines du savoir, etc. qui tenteront de replacer les technologies ou propositions de lois dans un contexte global : sera-t-elle reléguée du côté du complotisme et de la désinformation, et ceux-ci jugés délictueux ?

« Une avalanche d’informations relatives au virus, souvent fausses ou inexactes et se propageant rapidement par l’intermédiaire des médias sociaux, peut – selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – semer la confusion, susciter la méfiance et compromettre une réaction efficace en termes de santé publique. » (…) « Cette «infodémie» nourrit les angoisses les plus fondamentales des citoyens. » (…) «  La désinformation peut avoir des conséquences graves: elle peut conduire des personnes à ignorer les conseils officiels en matière de santé et à adopter des comportements à risque, ou avoir des répercussions négatives pour nos institutions démocratiques, nos sociétés, ainsi que notre situation économique et financière. » (…) « Parmi les informations qui circulent figurent (…) de fausses allégations (comme « Il ne sert à rien de se laver les mains» ou « Le coronavirus n’est dangereux que pour les personnes âgées»). Un tel contenu n’est pas nécessairement illicite, mais il peut directement mettre des vies en danger et compromettre sérieusement les efforts déployés pour contenir la pandémie. » (…) « Les théories conspirationnistes susceptibles de mettre en danger la santé humaine, de nuire à la cohésion de nos sociétés et de mener à des actes de violence collective et à des troubles sociaux (…) requièrent un engagement accru (…). ».

Sans contester le fait que de nombreuses informations fausses circulent sur les réseaux sociaux, des citoyens observent que les injonctions politiques et l’expertise scientifique officielle de ces douze derniers mois diffusent elles aussi une avalanche d’informations très rapidement contredites par la suite, soit par les mêmes intervenants, soit par leurs pairs, et suscitent elles aussi la confusion et la méfiance d’une partie de l’opinion publique. Sans contester le fait que certaines informations circulant sur les réseaux sociaux nourrissent les angoisses de la population, ces citoyens objectent que l’égrenage quotidien des morts et des contaminations par les instances scientifiques, le matraquage médiatique et le mode de vie imposé depuis mars ont été au premier rang de ce processus de création d’angoisse. Sans contester que la désinformation puisse être nocive, ces citoyens constatent que les mesures politiques adoptées ont, elles aussi, des répercussions négatives pour nos institutions démocratiques (désormais muettes), nos sociétés (qui se désagrègent), ainsi que sur notre situation économique et financière (ou du moins sur celle des petits acteurs économiques et sur l’état des ressources publiques, puisqu’il est vrai que certains acteurs semblent pour leur part tirer leur épingle du jeu). Enfin, sans contester que certaines allégations puissent avoir des conséquences négatives en matière de santé, ces citoyens remarquent que l’absence de soins prodigués à de nombreux malades confinés à domicile ou en maison de repos, les entraves à la liberté de prescrire et les économies réalisées ces dernières décennies dans le secteur hospitalier ont également mis en danger la santé des personnes ; certaines mesures telles que l’isolement social, le confinement, les bulles, le couvre-feu, l’école en distanciel ou encore les interdictions de visites ont, elles aussi, nuit à la santé psychique et à la cohésion humaine ; et, bien plus sans doute que les théories conspirationnistes, la poursuite de mesures strictes (par exemple en matière de fermeture de pans entiers de l’économie qui condamnent des milliers de personnes au chômage et favorisent incontestablement certains acteurs économiques de plus grande taille) est susceptible de « mener à des actes de violence collective et des troubles sociaux ». N’est-il pas antidémocratique et contraire à la démarche scientifique de balayer d’autorité et d’un simple revers de la main ces différentes objections au nom du « conspirationnisme » ?

La liberté d’expression : un droit récent et intrinsèque à la démocratie

La censure existe depuis l’Antiquité ; le combat pour la liberté d’expression aussi. Le droit à la liberté d’expression est un droit récent[note] et intrinsèque à la démocratie. Certains ont déploré que les réseaux sociaux accordent autant de place au « 1% de scientifiques dissidents » au lieu de les censurer. Mais sans débats scientifiques, comment la science progresserait-elle? Copernic, Galilée, Darwin, Einstein représentaient moins de 1% des scientifiques. Et pourtant, ils ont ouvert de nouvelles ères scientifiques. Il en va de même des consensus politiques : dans une démocratie, ils peuvent toujours être discutés et remis en question sur base d’aspects du réel non pris en compte jusque là. En incluant la lutte contre la désinformation en matière de covid-19 dans la lutte contre les menaces hybrides, l’UE est sur le point de mettre fin au débat public et, du même coup, à la démocratie. La liberté de penser autrement, de critiquer, de contester, d’amener d’autres visions est au fondement du progrès de la science, au fondement du progrès social et au fondement de la lutte contre la tyrannie politique. La censure et la répression de la parole ne sont une solution que quand celle-ci constitue un délit et il serait fatal pour la liberté d’expression d’ajouter à la liste des délits en matière de liberté d’expression « l’information qui ne fait pas autorité »[note]. Tant du côté du consensus que de la dissidence, la meilleure façon de lutter contre la bêtise, la manipulation, la propagande ou la désinformation est la réponse argumentée. Contrairement à l’optique défendue dans cette communication de la Commission, nous soutenons que la lutte contre ce que l’UE ou un de ses États considère comme de la désinformation ne doit pas justifier des atteintes au droit fondamental à la liberté d’expression. Le citoyen est en droit d’attendre des pouvoirs publics qu’ils lui permettent l’accès à une information transparente, complète, critique et contradictoire. C’est justement par la possibilité d’une réflexion et d’une information libres et plurielles, et non par la censure et la propagande, que passent la lutte contre la désinformation, la construction de l’esprit critique des populations et le rétablissement d’une plus grande confiance des citoyens envers le politique et la science.

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Vaccination de masse contre la covid-19 : fruit de consentements individuels, libres et éclairés ?

Faisant écho à des analyses de scientifiques de plus en plus nombreux à interpeller politiques et citoyens au sujet des risques liés aux nouveaux vaccins anti-covid 19 malgré la vindicte médiatique qu’ils subissent au quotidien, cet article synthétise les zones d’ombre autour de ces vaccins et en tire les conclusions qui s’imposent : des revendications citoyennes parmi lesquelles le droit à l’information et la liberté vaccinale, mais pas seulement…

Alors que la vaccination de masse a commencé dans notre pays (et quelques semaines après l’inoculation des premiers vaccins en Grande-Bretagne), il reste de nombreuses zones d’ombre autour des vaccins. Concernant le vaccin Pfizer : « Avec approximativement 19 000 participants suivis pendant en moyenne 2 mois, des effets indésirables peu fréquents ont pu ne pas être détectés. Aussi, l’efficacité du vaccin contre la maladie Covid-19 asymptomatique n’a pas encore été rapportée. Enfin, la question de l’efficacité du vaccin chez les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées n’a pas été adressée dans cet essai. De nouvelles études sont planifiées pour étudier le rapport bénéfice-risque de la vaccination dans ces populations. (…) D’importantes questions restent toutefois à ce jour sans réponse. Quid de la possible apparition de nouveaux effets secondaires une fois que des millions de personnes auront été vaccinées et sur un plus long terme. Que se passera-t-il si un grand nombre de personnes ne reçoivent pas de seconde injection ? Combien de temps cette vaccination est-elle efficace ? Ce vaccin peut-il prévenir les maladies asymptomatiques et limiter la transmission du virus ? »[note]

On ignore donc encore s’il permettra aux vaccinés de ne pas transmettre le virus : « À ce stade, les essais de phase 3 ne répondront pas à la question de l’action du vaccin contre l’infection/transmission du virus (…) Chez le singe, il a été montré que pour certains des vaccins étudiés, la protection au niveau des voies aériennes supérieures (là où le virus se réplique le plus) était parfois partielle, avec donc un risque de transmission possible après vaccination »[note]. Certains craignent même que les vaccinés puissent se muer en « super-contaminateurs »[note]. Dans le doute, l’OMS a déclaré récemment qu’il faudrait, malgré la vaccination, continuer à respecter le port du masque, la distanciation sociale et l’ensemble des mesures sanitaires.

Par ailleurs, bien que les données disponibles soient pour l’heure insuffisantes, certains vaccins semblent conférer une immunité courte. Une vaccination régulière, voire multiple (plusieurs vaccins différents) semble donc envisagée[note]. Enfin, le virus mute, ce qui pourrait rendre vite obsolètes les vaccins mis au point : « L’infectiologue estime que la problématique se situe désormais au niveau virologique, avec un risque d’apparition de nouvelles souches virales du SARS-CoV2, qui pourraient bien être insensibles à la réponse immunitaire induite par les vaccins actuellement à l’essai. Le SARS-COV‑2 mute 10 fois moins que le virus de la grippe et entre 10 et 100 fois moins que le VIH. De plus, sa capacité de recombinaison est moins importante que celle du virus de la grippe. Ceci dit, le risque de mutation est réel. Avec le SARS-CoV2, on compte déjà sept familles de virus, qui comprennent un très grand nombre de variants. C’est assez préoccupant »[note]. Face à cette éventualité, certains producteurs envisagent d’adapter leur vaccin au fur et à mesure des éventuelles mutations et de rendre la vaccination périodique[note]. Cette vaccination multiple et répétée dans un contexte où chacun des nouveaux vaccins pose encore de nombreuses questions en matière de sécurité et de nombreuses inconnues en matière d’efficacité est-elle une stratégie raisonnable ?

Un devoir d’information du patient

Passer de la phase d’expérimentation de la vaccination sur des dizaines de milliers de personnes à la vaccination de millions de gens implique que des effets secondaires non encore décelés risquent d’apparaître. Au bout de seulement deux jours de vaccination en Grande-Bretagne, de tels effets sont d’ailleurs déjà apparus, et il est désormais recommandé aux personnes ayant un historique de réaction allergique importante de ne pas se faire vacciner[note]. Les effets secondaires des candidats vaccins, justement, n’ont été pris en compte que sur quelques mois. Les personnes les plus à risque, pour lesquelles les risques sont, nous dit-on, « plus acceptables dans une optique de balance risques-bénéfices », vont donc en quelque sorte faire office de sujets d’expérimentation pour l’étude des effets des vaccins à plus long terme[note] : elles doivent en être informées. Dans l’hypothèse où la vaccination des jeunes serait privilégiée[note], cela ferait peser un risque inacceptable sur la jeunesse puisque les risques liés aux effets secondaires des vaccins (inconnus) doivent être mis en balance avec les risques qu’ils encourent face à la covid-19 (faibles) : les jeunes et ceux qui en sont responsables doivent donc également en être informés. Vacciner les jeunes n’aurait même aucun intérêt pour les personnes à risque s’il s’avère que les vaccins n’empêchent pas la diffusion du virus.

Plusieurs initiatives politiques interpellantes ont déjà été portées à la connaissance du citoyen. Le Règlement 2020/1043 adopté cet été par l’UE permet aux producteurs de vaccins et de traitements anti-covid19 contenant des OGM de se passer de produire une étude d’impact environnemental et de biosécurité avant le démarrage d’essais cliniques. Publié le 17 juillet, le texte a été adopté au Parlement européen selon une procédure d’urgence, sans amendements ni débats[note]. L’Agence européenne des médicaments, de son côté, a estimé qu’une autorisation de marché conditionnelle était le mécanisme de régulation le plus approprié pour faire face à l’urgence créée par la pandémie actuelle : « Vu l’urgence de la situation sanitaire, des autorisations dérogatoires de mise sur le marché pourraient être accordées au vaccin qui obtient de bons résultats alors que la phase 3 est toujours en cours… En laissant encore en suspens de nombreuses questions sur le virus »[note]. La Commission européenne veut quant à elle durcir la lutte contre ce qu’elle considère comme de la désinformation, notamment sur la question des vaccins[note]. La conjugaison de ces différentes initiatives résonne comme une tentative (en passe d’être couronnée de succès) de passage en force.

Scientifiques circonspects contre propagande

Des scientifiques qui ne sont pas « anti-vaccins », qui ont écrit ou qui travaillent sur les vaccins[note], partagent d’ailleurs certaines craintes liées à ces nouveaux vaccins. Celles-ci leur sont inspirées par la connaissance de leur sujet et non par l’irrationalité. Face à des considérations telles que celles exposées dans la note d’expertise sur l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux liés à certains vaccins réalisée en septembre 2020 par le Dr Velot, généticien moléculaire et président du conseil scientifique du Comité de recherche et d’informations indépendantes sur le génie génétique (note d’expertise très claire, rédigée spécialement pour le grand public, et accessible via le lien repris dans la note de bas de page ci-dessous[note]), il a paru nécessaire à la Belgique (comme à d’autres pays) de se doter d’une task force « persuasive » comportant une « cellule en charge de la rationalisation et de la coordination de la communication scientifique et publique » pour convaincre la population réticente à se faire vacciner. La plupart des médias, dont beaucoup ont perdu de leur indépendance[note], leur ont emboîté le pas dans une salve quotidienne d’articles et d’émissions pro-vaccins qui ressemblent à s’y méprendre à de la propagande et qui disqualifient d’emblée (comme tout discours de propagande) tout propos critique ou interrogateur issu de la sphère tant scientifique que citoyenne.

Pourtant, les objections exposées ne sont pas systématiquement issues de mouvements hostiles a priori à toute forme de vaccination : nombreux sont ceux qui estiment que certaines vaccinations sont utiles dans certaines conditions, tandis que certaines ne le sont pas. En l’occurrence, comme le montrent les arguments du Dr Velot, les conditions ne paraissent pas remplies à ce jour dans le cas des vaccins proposés. Ces objections ne résultent pas d’une défiance généralisée envers la science ou la médecine puisqu’elles sont aussi le fait de médecins et de scientifiques. Elles proviennent des limites objectives des vaccins actuellement proposés, d’une défiance justifiée envers certaines pratiques irrégulières[note] bien documentées des firmes pharmaceutiques comme le rappelle fort utilement une tribune de P. Lannoye[note], d’une saine défiance par rapport à l’expertise scientifique univoque prise en compte par les politiques et par rapport au pouvoir politique lui-même, les deux étant tout de même parvenus à générer une crise globale à partir d’une « simple » crise sanitaire et se refusant à adopter, dans leur gestion de cette crise, une vision globale et multidisciplinaire et des procédés démocratiques.

Liberté vaccinale et droit à l’information

Si rien ne devrait empêcher quelqu’un qui le souhaite de se faire vacciner, rien ne devrait non plus empêcher un individu de prendre librement, sans pression présentée comme morale, et quel que soit son niveau d’expertise scientifique, une décision qui concerne son corps et sa santé qui sont sa première responsabilité individuelle. Quelle que soit la conception philosophique libérale (et non totalitaire) du corps à laquelle on souscrit, tout traitement de mon corps individuel devrait faire l’objet de mon consentement libre et éclairé : en vertu de la dignité humaine, principe sur lequel reposent les droits humains fondamentaux, ni le pouvoir, ni la collectivité n’ont le droit de considérer mon corps comme un moyen pour leur fin.

Bien sûr, cette façon de voir n’est pas celle qui prévaut chez nous (et encore moins dans d’autres pays développés). Sur base du principe d’autonomie individuelle, la liberté de ne pas se faire vacciner est certes défendable du point de vue éthique lorsque la personne qui décide de ne pas se faire vacciner en supportera seule les conséquences (ex. vaccin contre le tétanos), note le Comité consultatif de bioéthique belge : cette liberté a d’ailleurs reçu un ancrage légal au travers de la loi relative aux droits du patient. Mais lorsque la finalité de la vaccination concerne la protection d’autrui, les justifications politiques de l’obligation vaccinale s’appuient sur des considérations présentées comme éthiques. Bien que seule la vaccination contre la polio soit obligatoire en Belgique, la jurisprudence comporte déjà tous les arguments qui permettraient de rendre d’autres vaccins obligatoires, même si ces vaccins occasionnaient (dans des cas rares) des effets secondaires graves[note]. Bien sûr, l’analyse devrait tenir compte de l’évaluation du risque lié à la vaccination au regard du risque inhérent au développement de la maladie elle-même, et de la gravité du danger de la maladie pour la population. Par ailleurs, ces mesures devraient être prévues par une loi et ne pourraient être laissées à un pouvoir d’exécution. Elles devraient être réexaminées périodiquement selon les données épidémiologiques et les données de la science afin de répondre correctement à la protection de la santé publique. Enfin, l’autorité publique devrait veiller à ce que la vaccination soit exempte de toute influence commerciale.

Le Comité consultatif de bioéthique belge reconnaît qu’il est « plus difficile de statuer » sur les cas de maladies pour lesquelles « la vaccination devrait idéalement couvrir tous les individus pour atteindre une immunité à l’échelle de la population, mais qui ne constituent pas une menace significative pour une partie des personnes vaccinées qui n’ont dès lors pas d’avantage substantiel à se faire vacciner » (ex. de la vaccination des garçons contre la rubéole ou l’infection à papillomavirus et celle des filles contre les oreillons). Mais il conclut qu’un rapport du Conseil de Nuffield établit que, « d’un point de vue éthique, il est justifié d’encourager les individus à prendre part à des programmes de vaccination lorsque l’avantage personnel qui y est lié est minime ou inexistant, mais qu’ils représentent un avantage significatif pour les autres » car « si tout le monde se basait sur son propre intérêt, la prévention n’aurait que peu, voire pas, de chance de réussite »[note]. Il faut bien être conscient que cet argument permettrait de justifier un grand nombre de vaccins ! Or quel est ce Conseil de Nuffield auquel le Comité consultatif de bioéthique fonde son avis, laisse le dernier mot et abandonne finalement le soin de déterminer ce qui sera ou pas considéré comme « éthique » pour la population belge ?

Le Conseil de Nuffield, fondé en 1991 au Royaume-Uni, est une fondation qui examine et explore les problèmes éthiques soulevés par les progrès récents dans la recherche biologique et médicale. Il est financé par la Fondation Nuffield, le Conseil de recherches médicales et le Wellcome Trust. Ce dernier est une association de recherche basée à Londres, créée en 1936 avec l’héritage du magnat pharmaceutique Henry Wellcome pour financer la recherche visant à améliorer la santé humaine et animale. Le Wellcome Trust est l’une des plus riches fondations caritatives au monde, l’un des plus grands fournisseurs au monde de financements pour la recherche biomédicale, qui « soutient la compréhension publique de la science » (entendons l’acceptation sociale des progrès scientifiques). Il soutient le développement de nouveaux vaccins et l’utilisation plus large des vaccins existants là où (dans les pays en développement) « les politiques pourraient ne pas être en mesure de décider quels vaccins sont le plus utiles ou manquer d’expertise pour organiser leur déploiement ». Il finance également le développement de vaccins contre la covid-19 à travers le CEPI, fondé en 2017. Pour rappel, ce dispositif CEPI finance des projets de recherche indépendants pour mettre au point des vaccins contre les épidémies dues à des agents infectieux émergents, dont le coronavirus. En d’autres termes, le Nuffield Council, qui en dernière instance dicte au Comité consultatif de bioéthique belge en quoi consiste l’éthique, est financé par le Wellcome Trust qui lui-même finance la recherche sur les vaccins et le dispositif CEPI (également financé par la fondation Bill et Melinda Gates).

Rien ne devrait obliger la population à accepter sans débat l’idée que la vaccination est justifiée par l’argument de l’altruisme, du civisme, de la responsabilité ou de la solidarité. Cette idée peut bien sûr être partagée par qui le souhaite, mais cela ne doit pas cacher le fait que la vaccination comporte des enjeux économiques tels que certains de ses promoteurs exercent depuis des décennies une influence culturelle jusqu’à façonner notre conception de la bioéthique. Or en vertu de quel principe éthique peut-on justifier que l’État contraigne un individu (et dans de nombreux cas des générations de bébés et d’enfants qui sont ce que nous avons de plus précieux) à endosser un risque vital pour en protéger un ou plusieurs autres ? Car il s’agit ici de risque vital, et d’autant plus dans le cas de vaccins OGM ou à ARN pour lesquels on ne peut exclure, en plus des risques médicaux classiques, des effets génétiques, transmissibles à la descendance et des risques environnementaux. Établir un parallèle entre cet argument et l’argument libertarien de ceux qui ne veulent pas payer l’impôt nécessaire pour mettre en place des services publics et une sécurité sociale, n’est pas pertinent car dans le cas de l’impôt, il s’agit d’une contribution monétaire ; dans le cas de la vaccination, il s’agit d’une atteinte (potentiellement risquée) à l’intégrité physique individuelle. Les bébés à naître sont-ils désormais destinés à être accueillis dans une société qui dispose de leur corps dès leur naissance dans l’intérêt (décrété) du collectif ?

Bien sûr, ce débat éthique serait moins important si les vaccins ne posaient aucun risque. Mais 1) le risque zéro n’existe sans doute pas en matière de vaccination 2) le risque pose la question du contrôle exercé par la société sur ces vaccins pour en garantir la sécurité, un contrôle à ce jour insuffisant puisqu’il est essentiellement fondé sur les informations que consentent à donner les producteurs de vaccins[note]. Seule l’option du consentement individuel libre et éclairé semble donc véritablement justifiée par l’éthique des droits fondamentaux. Et pour pouvoir exprimer un consentement réellement éclairé, le citoyen est en droit d’attendre des pouvoirs publics qu’ils lui donnent et lui permettent l’accès à une information transparente, complète, honnête, critique et contradictoire puisqu’il est question ici de médecine, c’est-à-dire non pas d’une science exacte, mais d’un savoir en construction, en plus d’être une discipline liée à des enjeux économiques et politiques. Plus largement, c’est par une réflexion et une information libres, sérieuses, honnêtes et plurielles, et non par la censure et la propagande, que passent la lutte contre la désinformation, la construction de l’esprit critique des populations et le rétablissement d’une plus grande confiance des citoyens envers le politique et la science.

Vaccination de masse : conséquences et alternatives

En substance : est-il réellement nécessaire de vacciner toute la population ou presque, alors que le « median infection fatality rate » lié à la covid-19 est actuellement estimé par l’OMS à maximum 0,23%[note], s’interrogent certains scientifiques ?[note] Rien n’oblige la population à accepter ce chantage d’une vaccination collective aventureuse en échange de la promesse d’un retour à une vie normale. En effet, la vaccination n’est pas la seule alternative qui s’offre à nous. Pour soigner ou prévenir, il n’y a pas que les vaccins : d’autres choix thérapeutiques existent . D’une part le renforcement du système immunitaire fait partie des moyens scientifiquement reconnus de lutter contre les infections ; d’autre part on dispose d’une multitude de molécules déjà disponibles[note] ou dans le domaine public, même si nos modèles de recherche, basés notamment sur la propriété intellectuelle, conduisent souvent à négliger ces dernières, voire à les rejeter d’office  ; mais on investit beaucoup moins dans la prévention ou encore dans le développement de sérologies valables que dans les vaccins[note]. Ces trois pistes constituent pourtant des alternatives à des vaccins dont l’élaboration en urgence ne semble pas offrir à ce jour de garanties suffisantes en termes de sécurité, d’efficacité et d’utilité. Les citoyens, et particulièrement les personnes à risque, attendent donc des pouvoirs publics la prise en compte de ces alternatives et leur développement.

Accepter que la vaccination de masse soit la solution imposée pour un retour à une vie normale revient à consentir à ce que les choix thérapeutiques soient faits par le secteur privé en fonction de ses perspectives de revenus, c’est-à-dire à renoncer à l’indépendance de la science. Cela revient à accepter que les choix politiques et sociétaux soient réalisés en fonction de ces intérêts privés, c’est-à-dire à renoncer à la démocratie. Cela revient à cautionner que des milliards d’argent public soient déversés vers le secteur privé une première fois pour financer la recherche privée, une seconde fois pour acheter des vaccins dont les firmes détiendront les brevets et pourront fixer les prix. Cela revient enfin à s’exposer à ce que ces milliards déversés ne soient plus disponibles pour d’autres politiques sociales (santé, éducation, sécurité sociale…), c’est-à-dire à renoncer aux ressources qui nous permettraient de construire l’avenir. Le tout dans un contexte opaque puisque les contrats conclus avec les entreprises pharmaceutiques ne sont pas publics[note], et que l’un des négociateurs européens a été identifié comme l’ancien directeur général d’un important lobby pharmaceutique[note] (la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques (EFPIA). Un contexte où un journaliste ne peut pas, sans encourir la censure, interroger le pouvoir en place sur la légitimité démocratique de telles décisions quand une partie des membres qui conduisent à les adopter sont ou ont été liés au cours de leur carrière à des multinationales ou au monde de la finance[note].

Revendications citoyennes en matière de vaccination contre la covid-19

Dès lors :

En tant que citoyens, nous attendons des pouvoirs publics qu’à aucun moment la vaccination contre la covid-19 ne soit rendue obligatoire, pas même indirectement en conditionnant au statut vaccinal l’accès à certaines sphères (crèches, écoles, lieux publics, lieux privés…) ou activités (voyages, loisirs…). Un débat public démocratique doit avoir lieu sur la vaccination.Nous attendons des pouvoirs publics que les personnes ayant des conflits d’intérêts soient exclues des procédures de décision.Nous attendons des pouvoirs publics que les arguments des scientifiques circonspects par rapport aux nouveaux vaccins contre la covid-19 soient entendus et pris en compte au niveau des procédures décisionnelles, des procédures décisionnelles qui doivent urgemment restaurer et accroître le processus démocratique.Nous attendons des pouvoirs publics et des médecins qu’ils informent les patients candidats à la vaccination contre la covid-19 des incertitudes qui persistent au sujet de ces vaccins. Par ailleurs, les notices des vaccins (qui ne devraient pas être des notices de marketing) devraient être portées à la connaissance du public et plus particulièrement des patients avant la vaccination.Les personnes à risque et l’ensemble de la population attendent des pouvoirs publics qu’ils prennent en compte les pistes existantes en matière d’alternative à la vaccination (prévention, traitements) et qu’ils investissent dans la recherche publique sur les alternatives à la vaccination fondées sur l’étude des molécules du domaine public, plutôt que de privilégier le repositionnement thérapeutique de molécules ou traitements protégés par des droits de propriété intellectuelle.Nous rappelons aux pouvoirs publics le caractère irresponsable sur le plan sanitaire et environnemental, tant vis-à-vis des générations présentes que vis-à-vis des générations futures, du Règlement européen 2020/1043 sur les vaccins OGM anti-covid-19 du 15/07/20 pour lequel 6 associations ont introduit un recours en annulation auprès de la Cour de Justice de l’Union européenne. Et nous alertons le lecteur sur l’effet de précédent que pourrait constituer ce règlement sur la question des OGM en général.

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Articles

L’État : censeur, pas sauveur

(suite de l’édito du Kairos 46)

Pendant qu’on légitime un pouvoir en guerre permanente qui occulte l’inégalité structurelle de nos sociétés, caricaturées en une commode dichotomie d’un peuple uni face à un ennemi, celui-ci nous fait avancer dans le sens qu’il veut : concernant le numérique dans l’enseignement par exemple, « Le Covid19 a joué un rôle de catalyseur. On va probablement réaliser en quelques mois ce qui, sans cette crise, aurait nécessité quelques années »[note] ; on sait qu’en plein confinement, l’IBPT proposera, concernant l’introduction de la 5G, « d’octroyer des droits d’utilisation provisoire »[note] ; les avions ont été cloués au sol en quelques jours et pendant plusieurs mois, ce qui semblait impossible avant, le zèle pour les arrêter n’ayant d’équivalent que celui qui s’est déployé pour les remettre en vol. Le principe de précaution est ainsi sélectif : on massacre le secteur culturel, mais pas l’aéronautique et la voiture. 

Si les propos qui précèdent sont des vérités, par principe ils ne pourront être dits à large audience, car ils délégitimeraient automatiquement le pouvoir en place. Dès lors, un débat public dans des conditions favorables d’où pourraient découler certaines vérités et les mesures politiques à mettre en œuvre, est simplement impossible. Dans une société de consommation, où le sujet a troqué sa liberté contre une bien précaire sécurité et un délétère pouvoir d’achat, leitmotiv de l’extrême droite à l’extrême gauche, ce manque criant d’agora où tout se dit n’est pas combattu, ou pire, n’est même pas perçu. L’illusion de rejoindre un jour la classe supérieure en s’enrichissant éteignant chez la plupart toute forme de contestation. 

« Car si tous jouissent de loisirs et de sécurité, les masses ordinairement abruties par la pauvreté vont s’instruire et se  mettre à penser, en conséquence de quoi elles finiront par s’apercevoir que la minorité privilégiée ne sert à rien et elles la balaieront. À terme, une société hiérarchisée doit s’appuyer sur la pauvreté et l’ignorance pour être viable » 

Il n’est en effet pas envisageable, dans un système politique qui a fait reposer l’entièreté de son fonctionnement sur la croissance de la production et de la consommation, utilisant divers mensonges comme la publicité, la propagande médiatique, le spectacle politique[note], de penser hors du cadre, notamment de dire qu’une innovation, qui engrangera des bénéfices pour une élite, n’apportera rien à la majorité, ou pire risque de lui nuire. À cette fin, les politiques occuperont une part importante de leur activité à se justifier et dire ce qu’ils ne font pas, tout en faisant ce qu’ils ne disent pas, promettant emploi, santé et bonheur pour tous, pendant que la réalité montrera implacablement chômage, maladie et misère sociale. 

« Il s’agit donc d’un problème d’éducation : il convient de couler dans le moule la conscience du groupe dirigeant et celle du groupe plus vaste de cadres qui lui sont immédiatement subalternes. Quant aux masses, il suffit d’endormir leur conscience » 

« Tout citoyen, ou du moins tout citoyen assez important pour qu’on le surveille, pouvait être placé vingt-quatre heures sur vingt-quatre sous le regard de la police et à portée de voix de la propagande officielle – à l’exclusion de tout autre canal de communication. Imposer une obéissance complète à la volonté de l’État, mais aussi une parfaite uniformité d’opinion sur tous les sujets, devenait possible pour la première fois » 

LE CONTRÔLE DU RÉEL 

« Les noms des quatre ministères qui nous gouvernent contredisent à dessein leur vraie nature. Le ministère de la Paix s’occupe de la guerre, le ministère de l’Amour s’occupe de la torture, le ministère de la Vérité de la propagande et celui de l’abondance de la disette » 

Maître du « doublepenser », les acteurs politiques seront à la fois capables de nommer la chose et son contraire, Sophie Wilmès de dire un jour au journaliste Jérôme Colin que « La liberté d’expression est sacrée. Le débat aussi », avec « la conviction que la critique est saine », et un autre jour de vous interrompre pour vous dire que les conflits d’intérêts sont affaire de privacy et ne concernent pas le citoyen ; d’indiquer sur son site « je suis à votre écoute pour toute question/suggestion », mais de refuser d’être confrontée à des phrases qui écaillent le vernis de sa représentation travaillée. D’un côté donc, la « liberté d’expression », de l’autre l’interdiction de parler, qui mène à celle de penser. 

« L’orthodoxie, c’est de ne pas penser. De ne pas avoir besoin de penser. L’orthodoxie, c’est l’inconscience ». 

« Le Parti prétend que l’Océanie n’a jamais été alliée avec l’Eurasie. Lui, Winston Smith, sait parfaitement qu’elles étaient encore alliées quatre ans plus tôt, mais où cette information est-elle déposée ? Exclusivement dans sa conscience, vouée à l’anéantissement à court terme. Et si tous les autres acceptent le mensonge imposé par le Parti, si tous les récits concordent avec lui, ce même mensonge passe dans l’histoire et devient vérité. « Qui contrôle le passé contrôle l’avenir », clame un slogan du Parti, « et qui contrôle le présent contrôle le passé ». Or le passé, devenu altérable, n’a pourtant jamais changé. Ce qui est vrai aujourd’hui est vrai depuis les siècles des siècles. C’est simple, il suffit d’une série de victoires ininterrompues sur la mémoire. « Contrôle du réel », comme on dit, et en néoparler, « doublepenser » » 

Dans 1984, Sophie Wilmès aurait été responsable du ministère de l’amour, « qui fait régner la loi et l’ordre ». L’État, qui nous prive de la capacité de régir nos vies s’immisce dans ce qui fait encore notre humanité, et casse la proximité sociale (cf. distanciation physique) pour la transmuer en « proximité » virtuelle, oxymore s’il en est : télétravail, confinement numérisé avec téléchargement de données offert par les opérateurs, école « hybride », traçage… L’omniprésent Marc Van Ranst, dont la propagande officielle ne semble pas trouver matière à critique alors qu’il roule aussi pour GSK pendant qu’il prend des décisions pour 11 millions de Belges, disait : « Nous finirons par nous habituer à cette situation (…) Bien entendu, chaque crise modifie la société, c’est ce qui se produit maintenant aussi : les gens vont davantage faire du télétravail, une attention plus grande sera portée à l’hygiène des mains, nous garderons nos distances et nous ne nous serrerons plus la main (…) Ce sont des choses qui resteront »[note]. S’habituer, la pire des choses ici… La grenouille aussi avait commencé par apprécier l’eau tiède dans laquelle elle baignait. 

« Le plus terrible, c’est que le Parti te persuade que les élans et les sentiments sont nuls et non avenus, alors même qu’il te prive de tout pouvoir sur le monde matériel. Une fois tombé dans ses griffes, ce que tu ressens ou ne ressens pas, ce que tu fais ou te retiens de faire, n’a plus aucune importance. De toute façon, tu disparais, et on n’entendra plus jamais parler de toi ni de tes actes. Tu es soustrait au cours de l’histoire. Et pourtant, il y a seulement deux générations, les hommes auraient tenu la chose pour négligeable dans la mesure où ils ne tentaient pas de changer l’histoire. Ils étaient gouvernés par des allégeances personnelles qu’ils ne remettaient pas en question. Ce qui comptait pour eux, c’était les relations entre les êtres, et un geste d’abandon, une étreinte affectueuse, une larme, une parole à un mourant, pouvaient avoir une valeur en soi » 

POLITICIEN : L’ART DE LA PUB 

Le fait que Sophie Wilmès soit issue du monde de la pub[note] n’est pas un hasard : la sphère politique use depuis longtemps de ses méthodes afin de travestir la réalité et la rendre ainsi favorable au pouvoir tout en évitant la contestation : on vend une décision politique comme on vend une voiture, en la rendant désirable et la faisant passer pour indispensable. L’extinction de toute contestation étant encore impossible, les médias, service de communication des politiques, s’emploieront à l’occulter ou la dénigrer. Comme l’exprimait parfaitement Alain Accardo : « Les médias et leurs personnels ne sont plus que les instruments, plus ou moins consentants et zélés, dont la classe dominante a besoin pour assurer son hégémonie »[note]. Sans eux, ils ne peuvent rien faire. 

Face à la prise de conscience croissante d’une partie de la population quant au rôle néfaste du gouvernement, les serviteurs médiatiques zélés devaient donc publier des papiers qui allaient redorer le blason des politiques et étouffer la contestation. Dans un article qui a autant à voir avec le journalisme que le développement durable avec l’écologie, on peut lire les « états d’âme » de Sophie Wilmès couchés dans La Libre du premier week-end d’août. Véritable éloge dénué de toute pensée critique, Sophie s’épanche et se livre, alors que ce qui la touche le plus dans la vie est « la souffrance des autres » : « La période était dure, pas pour moi (sic), mais je voyais que les gens étaient en souffrance ». Le Soir se joint à la manœuvre avec, comme l’article de La Libre, quatre pages dans le feuilleton « racines élémentaires », titré par ce propos de la Première : « Je ne suis pas victime de ma vie ». On l’avait compris… Le 29 août, Paris Match lance son article lénifiant à son tour, alors que la Première a été élue entre-temps, et par les mêmes, femme de l’année : « Sophie Wilmès : La femme de l’année est une première ministre en baskets ». Ah oui ? Et si elle avait porté des mocassins ? Le chapeau de l’article parle à lui seul : « En pleine crise du Covid, Sophie Wilmès apporte une bouffée d’oxygène à la politique belge. Et beaucoup d’humanité dans un monde en souffrance ». Merci maman Sophie. Des entretiens identiques qui ne nous disent rien sur le réel, pas une question impertinente, profonde, aucune évocation des conflits d’intérêts ou de toutes ces initiatives de contestation de la gestion politique de la crise, mais une litanie sur la famille, les enfants, le mari, « l’ego en politique »… Soit les médias mainstream dans leur rôle traditionnel. 

Ils auraient pourtant pu lui poser quelques-unes des questions que nous envoyons au service de communication de Sophie Wilmès depuis plus de 4 mois et pour lesquelles nous n’obtenons aucune réponse[note]. On mesure l’ineptie et la fonction conformiste de ce genre d’articles à l’aune des thèmes qu’ils auraient pu aborder. Qu’en est-il par exemple de « La Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies » (CEPI), fondée lors du Forum économique mondial en 2018? Derrière l’acronyme, des États comme la Norvège ou le Japon, la Fondation Bill & Melinda Gates ou encore le Wellcome Trust. Du PPP (partenariat public-privé) classique, fortement soutenu par l’OMS (dont Bill Gates et le principal donateur) pour accélérer le développement d’un vaccin. À la manœuvre aussi, des Belges, comme Peter Piot, directeur de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, et Paul Stoffels, directeur scientifique de Johnson & Johnson. Mais aussi Luc Debruyne, qui a dirigé l’activité mondiale des vaccins pour GSK, membre du conseil consultatif institutionnel de l’Institut flamand pour les biotechnologies (VIB), strategic advisor… à la CEPI. La CEPI, outre qu’elle est largement subsidiée par la Fondation Bill & Melinda Gates, a également perçu 5 millions d’euros du gouvernement belge[note]. L’argent public se retrouve finalement par l’intermédiaire du financement de la CEPI transféré à la plateforme GSK/Cover, et donc à subsidier le privé[note]. « Affaire de privacy » ? On aurait également pu demander à Sophie pourquoi Hugues Malonne, DG post-autorisation à l’AFPMS, dans l’équipe de Philippe De Backer dont nous avons dénoncé les conflits d’intérêts, a permis que son agence outrepasse ses droits et mette en place un processus de validation interne, mais surtout s’il n’y a pas conflit d’intérêts et possibles malversations du fait que la femme de l’intéressé, Marie Tré-Hardy, est la directrice adjointe des hôpitaux dont le labo a été choisi dans la liste de ceux à qui était confié la validation.[note] 

OPACITÉ ÉRIGÉE EN SYSTÈME 

Nous n’avons pas plus la certitude que le Covid n’est rien ou celle qu’il serait d’une gravité inédite. Nous constatons seulement des choses étranges et une opacité plus qu’indécente en cette période : centralisation des chiffres liés aux personnes infectées et décédées, statistiques faussées (personnes infectées comptabilisées plusieurs fois) ou présentées de façon orientée (des pourcentages d’augmentation calculés sur de très faibles populations ; nombre de cas asymptomatiques non comptabilisés à part ; croissance des cas non corrélés avec l’augmentation des tests), mélanges incestueux entre le monde politique/scientifique et le monde privé pharmaceutique, notamment GSK, fabrication de l’angoisse à coups de fil-info principalement orientés sur le nombre de cas quotidiens, plusieurs fois par jour ; informations contradictoires (les masques ne sont pas utiles/les masques sont indispensables[note]), crainte de ceux qui ont un avis différent de la version officielle de s’exprimer, sous peine de stigmatisation/criminalisation ; refus politique de prendre des décisions apparemment importantes pour une tranche conséquente de la population, nos vieux, respectant la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande… 

Il semble y avoir trop d’éléments probants qui montrent les faveurs qui ont été faites aux multinationales privées (cf. Philippe De Backer, avec le rejet des labos cliniques pour effectuer les testings au profit d’un consortium d’entreprises, ou, encore lui, avec ses intérêts dans Vesalius Biocapital ; l’affaire Hugues Malonne ; l’affaire Goffin et Avrox, etc.). 

« Car ce n’est qu’en conciliant les contradictions qu’on garde le pouvoir indéfiniment. Le sempiternel cycle ne pouvait être rompu autrement. Si l’égalité entre les hommes doit être proscrite à tout jamais, si la classe supérieure, comme on l’a nommée, veut garder sa suprématie, alors l’état d’esprit ambiant doit se ramener à une démence maîtrisée » 

Au-delà du doute, de ce méli-mélo déroutant d’infos et de contre-infos, nous demandons à savoir. Cela paraît évident. La crise d’aujourd’hui est globale, la suite logique d’un système « défaillant ». Mais impossible d’attendre des médias qu’ils fassent autre chose que ce qu’ils sont programmés à faire, à savoir assurer la pérennité des dominants. En plein Covid-19, alors que des mesures exceptionnelles sont prises qui mettent en péril des millions de personnes en Belgique, demander des comptes à ceux qui sont censés nous servir – mais ne le font plus depuis longtemps – sur les conflits d’intérêts entre les acteurs politiques et scientifiques et le monde des multinationales pharmaceutiques ne peut surtout pas être entendu. 

« Winston laisse tomber les bras le long de son corps et remplit lentement ses poumons. Son esprit vagabonde dans les dédales du doublepenser. Savoir sans savoir, être conscient de la vérité intégrale tout en racontant des mensonges savamment construits. Entretenir en même temps deux opinions antithétiques, avec une égale conviction. Jouer la logique contre la logique, bafouer la morale tout en s’en réclamant, croire la démocratie impossible et désigner le Parti comme son gardien, oublier ce qu’il faut oublier, puis retrouver la mémoire si nécessaire pour oublier aussitôt ensuite. Et surtout, appliquer ce traitement au procédé lui-même : induire l’inconscience sciemment, et refouler l’acte d’autohypnose auquel on vient de se livrer – le comble de la subtilité. Pour comprendre le mot « doublepenser », encore faut-il être capable de « doublepenser » soi-même » 

PLAINTE CONTRE L’ÉTAT 

Nous n’avons pas tout à coup pensé que dans ce grand dysfonctionnement parfaitement fonctionnel (car le chaos profite à certains), la justice allait nous sauver, et que la vérité, grâce à elle, allait vaincre. Nous pensons toutefois que la faire intervenir ne peut, dans la situation qui est la nôtre, n’être qu’à notre avantage : dans le cas où nous devions avoir gain de cause, nous prouverions que l’État est coupable d’avoir entravé la liberté de la presse ; dans le cas contraire, que la vérité ne peut aboutir même lorsque nous convoquons la justice. 

« Appartenir à une minorité, se réduirait-elle à un seul individu, ne fait pas de toi un fou. Il y a la vérité et la contre-vérité, et si tu t’accroches à la vérité envers et contre tout, tu n’es pas fou. » 

Nous avons donc introduit une plainte contre l’État belge, pour entrave à la liberté de la presse, alors que depuis plus de quatre mois, toutes les conférences de presse nous sont refusées[note]. Avant le 27 juillet, ils justifièrent cela par la règle des pools (voir encadré). Aujourd’hui, ils trouvent autre chose. Ils doivent trouver. 

Alexandre Penasse 

LES POOLS, OU L’INVENTIONQUI CRÉE L’ILLUSION DE LA PLURALITÉ 

Après notre première conférence de presse du 15 avril et le « malaise » suscité, selon les termes de la presse dominante, les raisons des refus que l’on assiste aux conférences de presse ultérieures ont varié au gré de celles-ci, le cabinet de Wilmès cherchant sans cesse à expliquer l’inexplicable, à justifier « démocratiquement » notre absence. Tout au long de leur exercice rhétorique, un mot revenait, celui de pool. 

Que vous soyez favorables ou opposés au fait que les multinationales pharmaceutiques aient un pouvoir d’influence sur les décisions politiques qui sont prises au nom du collectif, dépasse au fond le problème qui nous préoccupe ici en premier lieu. En effet, le gouvernement a décidé au nom d’une règle obscure et arbitraire (les pools) qu’il a sortie de son chapeau, de ne pas en faire un débat : « vous introduisez ici une question biaisée politiquement, ce qui n’est pas l’habitude des journalistes », dira Sophie Wilmès le 15 avril. Les journalistes du pouvoir, porte-parole des patrons et des politiciens, ont en effet l’habitude de poser les questions convenues, non « biaisées », et les premiers d’y répondre comme il se doit. Dans ce jeu, les citoyens-spectateurs sont grugés, alors que certains pensent encore que les dés ne sont pas pipés. 

LES POOLS, INVENTIONS DU POUVOIR 

Grâce à leurs décisions arbitraires déguisées en choix démocratique, depuis le 15 avril les questions ineptes et vides ont égrainé les conférences de presse. Compétitions sportives, fêtes des mères, pratique du kayak, reprise du shopping, de l’avion… n’amène pas à vous faire traiter de « complotiste » dans les médias mainstream. Brossés dans le sens du poil, les politiciens rendent la pareille aux journalistes : ils les réinvitent… et ils aiment cela, les journalistes aux ordres, ayant le sentiment qu’une partie du pouvoir qu’ils admirent chez celui qu’ils interrogent se reflète sur leur personne. Tout cela n’a pas de prix : compromissions, mensonges, collusions. 

MAIS C’EST QUOI UN POOL ? 

Selon le dictionnaire : Pool. Déf. En anglais 1. désigne un étang, une piscine, une mare. 2. Un pronostic, un réservoir (de talent, d’expérience), une équipe. 

En français. 1. Groupement (de personnes physiques ou morales) assurant la gestion commune d’une opération, de ressources, de moyens. D coopération ; cartel, entente, groupe. Pool bancaire, Pool financier. 2. Ensemble des personnes effectuant le même travail dans une entreprise. Pool de dactylos. Pool de presse. D équipe. 

Selon le syndicat des journalistes, l’AJP, dans un courrier : « Les pools sont par définition des regroupements limités de jour

nalistes, qui servent ensuite tous les autres médias (partage d’image, de son, d’information). Il y a une rotation parmi ces journalistes/médias au sein des pools. Il n’y a pas de « droit » d’être dans les pools. » 

SELON LE CABINET WILMÈS VIA SON PORTE-PAROLE 

Définition au 30 mars : limitation de l’accès à une conférence de presse « à certaines rédactions en pool, en raison des consignes strictes liées au Coronavirus ».[note] Configuration pouvant être réévaluée lorsque les mesures de social distancing sont levées[note]. Toutefois, par définition, « l’accès physique est autorisé aux rédactions qui sont répertoriées par l’Association générale des journalistes professionnels de Belgique qui s’organisent afin de former des pools entre elles »[note]. En résumé, un journaliste membre de l’AJP et titulaire de sa carte de presse,[note] peut faire partie d’un pool. 

Au 3 avril : Sélection des journalistes sur des critères flous, nécessitant au préalable de s’inscrire sur une liste secrète comme le font les autres organes de presse,[note] le journaliste n’apprenant que juste avant la conférence de presse, en fonction de la configuration de la salle et du nombre de demandes, s’il pourra rentrer. Tout cela en bonne concertation avec ses homologues journalistes. Cette sélection n’empêche nullement au journaliste d’assister au streaming live[note]. 

Au 5 mai : « Clé de répartition d’agences – audiovisuel et presse écrite – répondant à un fonctionnement de pool, permettant à chacun d’avoir une chance (sic) d’accéder à la conférence de presse ». Les sélectionneurs gouvernementaux qui constituent ces listes secrètes de pools n’excluent toutefois pas les demandes en provenance des médias qui bénéficient de moins de moyens et de moins d’audience que les grands acteurs médiatiques du paysage belge, organisant une tournante laissant la place à un média libre chaque fois. « Cette place, votre client en a bénéficié le 15 avril. Le 24 avril, Le Ligueur l’a occupée »[note]. Ceux qui ne sont pas admis à la conférence ont toutefois droit d’avoir accès à une information totale, pouvant assister à la conférence de presse rediffusée en direct sur internet et sans montage[note]. Cette pratique est validée par toute la profession[note]. 

Pure décision autoritaire, le pool, dont la définition varie au gré des intérêts du pouvoir, est constamment légitimé, et jamais donné pour ce qu’il est : une pratique, qui si elle peut parfois se justifier, permet surtout de conserver le monopole médiatique des « grands médias » propriétés des plus grandes fortunes, en concordance idéologique avec le pouvoir politique qui sert ces fortunes. 

LA DÉFINITION QUE KAIROS DONNE DES POOLS 

Suite à notre expérience, nous définissons un pool comme une sélection arbitraire de journalistes issus des « grands acteurs médiatiques du paysage belge », c’est-à-dire la presse dominante, à savoir celle qui pose au pouvoir les questions qu’il veut bien entendre. Cette sélection arbitraire devient parfaitement intelligible quand le consensus est brisé par un « accident », à savoir quand un intrus réussit à poser une question non-reprise dans les thèmes tolérés. Le choix de pool n’étant étayé sur aucun critère démocratique et transparent, les règles changent au gré des circonstances, s’auto-justifiant par la « nécessité », comme le social distancing demandé par le Covid-19, plutôt que par le pouvoir arbitraire… 

Les propos que tient le syndicat des journalistes, l’AJP, à savoir que « les pools sont par définition des regroupements limités de journalistes, qui servent ensuite tous les autres médias », dénotent un déni profond des différences existantes entre les médias qui sont des propriétés privées o(ou instrument politique comme la RTBF), et les « petits » médias, libres. Nous le savions, mais l’expérience nous appuie : aucun média mainstream ne relaiera nos propos, nos questions et nos préoccupations. Ce serait méconnaître leur fonction principale : feindre la description du réel alors qu’ils ne s’attachent qu’à générer son acceptation. 

Le seul moyen de briser les illusions qu’ils créent ? Travailler sur les moyens de faire passer des informations libérées de tout intérêt privé. 

« Tant qu’il n’y aura pas de prise de conscience, il n’y aura pas de révolte, et tant qu’il n’y aura pas de révolte, pas de prise de conscience. » 

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Le Covid dans un centre d’accueil

David* travaille dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, en Belgique. Comprenant plusieurs centaines de personnes, des états grippaux « étranges » apparaissent dès le mois de mars 2020. La direction du centre prévient sa hiérarchie, mais celle-ci recommande de ne rien faire et laisser les occupants continuer à dormir à 8 par chambre. Ce laxisme dénote avec la sévérité des mesures qui seront mises en place quelques semaines plus tard. Il n’y aura aucun mort, mais les effets des mesures politiques ont été redoutables. Le témoignage de David montre deux éléments essentiels : rien n’a été fait quand il aurait fallu agir ; ceux qui sont déjà victimes de nos sociétés iniques, le sont une deuxième fois.

Kairos : Le centre d’accueil pour demandeurs d’asiles dans lequel tu travailles accueille-t-il de nombreuses personnes ?

David : Oui, les chambres vont de 3 à 8 personnes. C’est une ancienne caserne militaire, donc de gros bâtiments, et les gens sont entassés les uns sur les autres. Pour te donner une idée, je pense que lorsqu’il y a 8 personnes dans une pièce, celle-ci doit faire moins de 25m².

Pourquoi tu décides de nous contacter ?

J’avais visionné un de vos teasers que mes potes avaient partagé[note]. J’ai vu qu’il y avait une volonté de penser différemment ce qui est en train de se passer, ces événements auxquels on assiste que je n’arrive pas à comprendre… Je lis pas mal et je m’y intéresse beaucoup, et au départ il me semble qu’il y avait des stratégies pour lutter efficacement contre la covid, au moins enrayer sa propagation. Je parle du mois de mars 2020. Le confinement était une de ces stratégies. À ce moment les masques, les gestes barrières, on ne savait pas trop… On sait maintenant que ça aurait pu être efficace. Et donc en mars, on a vu les gens tomber malades les uns après les autres. Pas des cas graves, plutôt des pertes de goût, perte d’odorat. Au moment de l’été, cela a cessé, on a considéré que c’était grâce aux mesures qu’on avait mises en place, mais c’est entièrement faux. La distanciation, les masques, le gel désinfectant, dans un centre comme le nôtre, c’est juste pas tenable.

Donc à la fois, dans les médias on nous disait qu’il y avait des mesures prises et respectées, mais dans la réalité de certains milieux, notamment celui où tu travailles, il n’y avait factuellement rien qui était fait. Tu expliques aussi dans le courrier que tu nous a envoyé qu’au tout début vous avez pourtant prévenu les autorités ?

Tout début mars, en premier lieu, un jeune gars d’une vingtaine d’années a eu une grippe bizarre. À ce moment on savait déjà qu’il se passait quelque chose, l’Italie avait confiné, la France était à deux doigts de le faire… On a un peu paniqué et on l’a envoyé aux urgences. Vu qu’il était jeune, pas vraiment à risque, ils ont considéré que c’était une grippe normale et nous l’ont renvoyé en bus, sans masque ni aucune protection. On a tenté de l’isoler comme on pouvait, mais c’était compliqué, et on a prévenu toutes les autorités, dont notre Département. Il n’y a pas eu de réaction, le déni a duré presque un mois. On était les derniers à mettre en place des mesures comme la réduction du personnel présent sur le site ou l’adaptation des rythmes. Les deux dernières semaines de mars, la Belgique était confinée et nous, nous étions encore tous à travailler sur place, à faire des réunions à trente autour de la table. On flippait. On voyait à la télévision les gens qui mouraient et les spécialistes qui entraient dans les chambres « suspectées covid » habillés en cosmonautes, alors que chez nous les masques étaient interdits. J’ai un collègue qui est venu un jour avec un masque ; on lui a dit de le retirer pour ne pas provoquer la panique.

La direction interdisait le port du masque ?

Notre Département, oui, en tout cas. Le mot d’ordre était : puisqu’on n’a pas assez de masques pour en fournir à tous les résidents, les membres du personnel n’en porteront pas. On devait cependant continuer à faire des visites de chambre, les gens avaient peur, auraient pu péter les plombs, penser qu’on les laissait mourir. Résultat, un nombre exponentiel de malades, plus que les autres années, mais aucun cas sévère, et ça sur tout le réseau d’accueil! Enfin, cela au moment où on avait des nouvelles. On nous a considérés comme des héros. On n’a eu aucun cas grave, ni aucun mort.

Tu as l’impression que c’est de l’incompétence, que ça a été mal géré, ou que c’est quelque chose qui ressemble plus à une volonté ? Car tu nous disais dans ce courrier qu’on vous a ensuite demandé d’agir en opposition totale avec le laxisme du début. Comment l’interprètes-tu ?

On sort les parapluies. Maintenant on a des masques, donc on nous demande de les mettre, alors qu’au départ nous étions très réticents… La population n’était pas capable de bien les utiliser, et on nous demandait de signer des documents affirmant que c’était pourtant le cas, pour se décharger. On nous donnait des directives qui sont totalement inapplicables. Les dernières mesures, c’est de la folie ! Là nous sommes reconfinés depuis deux semaines[note], un confinement qui n’en est pas vraiment un, et on a demandé si on allait, au centre, repasser au régime du printemps (réduction du personnel présent sur le site). On nous a répondu que non, qu’on n’était pas du tout dans le même cas de figure. On a les masques, le gel, alors on peut continuer à s’entasser. Ils ont encore attendu 15 jours avant de nous envoyer un résumé du Vade Mecum de Fedasil sur les nouvelles mesures gouvernementales, qui conseille notamment de s’organiser de manière à ce que les gens viennent manger chambre par chambre, mais on ne peut pas leur demander ça ! C’est encore une manière de se déculpabiliser : on édicte des mesures, on vous demande de mettre des choses en place, et si vous ne le faites pas, ou n’êtes pas en mesure de le faire, c’est votre responsabilité. Et les demandeurs d’asile ne pourront pas porter plainte plus tard pour absence de protection.

Et maintenant on responsabilise les citoyens, comme si c’était de leur faute. Ça devrait sonner autrement pour toi ?

Oui, totalement. Moi je me suis aussi un peu exposé au centre, parce que je disais « attention, on est en train de leur dire que s’ils tombent malades, c’est de leur faute », alors qu’on ne fait rien pour eux. Là ça fait plus ou moins six mois qu’ils se rendent compte qu’ils ne meurent pas du covid, de toute façon, et que leurs amis et famille, partout en Belgique et dans le monde, n’en meurent pas non plus, ni ne développent de cas graves de la maladie. Mais on les empêche de vivre. En plus l’Office des étrangers a été fermé, les procédures s’allongent encore, on leur interdit de travailler… Ça a repris un peu, notamment avec la saison des pommes, qui est une grosse opportunité pour les demandeurs d’asile. En plus c’était une grosse année, et on n’avait pas les Polonais ou les Roumains pour les récolter, donc les fermiers étaient en demande. Beaucoup de réfugiés profitent de cette occasion pour travailler.

On n’en parle pas beaucoup de ça…

On n’en parle pas. Mais donc oui, beaucoup ont été travailler en août, septembre, octobre. Ils peuvent se faire pas mal d’argent comme ça. Ils peuvent gagner peut-être 1.500, 2.000 euros en un mois alors que d’habitude ils reçoivent 12,90€ par semaine. C’est de l’argent qu’ils envoient au pays, et ça a une réelle incidence. Mais si on leur dit qu’ils ne peuvent pas y aller parce qu’ils ont été en contact covid… et c’est ça qui s’est passé. On a un gars qui est testé positif, mais il n’a rien, il a vingt ans et est en parfaite santé. On l’isole dans une chambre-container, des containers qui sont arrivés à la fin de l’été (avant on avait aucun moyen de faire ça. Tout a toujours été entrepris après le pic épidémique, avec un énorme retard). On l’isole et on dit à toute sa chambre qu’en attendant de se faire tester, ils doivent rester en quarantaine. Ils ne sont pas malades, n’ont aucun symptôme, et on leur interdit d’aller bosser. Mais c’est leur meilleure chance sur l’année, le manque à gagner est énorme et ils n’avaient aucune compensation… donc ils y allaient quand même. Pas que les pommes. Ils sont tous dans des contrats précaires qu’ils ne peuvent pas se permettre de perdre.

Les gens sont entassés dans le centre. Si on venait avec une caméra, quelle serait la réaction ?

Déjà les autorisations pour y entrer vont être très compliquées à obtenir, presque impossibles. Surtout maintenant.

Dans ton courrier, tu nous disais que le risque que tu avais de perdre ta place en parlant de tout ça. Pourtant tu ne décris que la réalité, et ce que tu dis devrait pouvoir être dit. Pourquoi tu as l’impression que tu pourrais perdre ta place ?

Premièrement, dans notre Département ils sont très frileux. La communication est extrêmement cadenassée, le milieu est très hiérarchisé. De plus, quand on se déplace, où qu’on aille, on représente l’institution. Même ce qu’on poste sur Facebook peut être perçu comme une atteinte à son image, certains se sont déjà fait virer pour ça. Il y a vraiment une surveillance et un cadenassage autour de la communication des centres. Je me suis d’ailleurs énervé, car le nôtre avait publié fin septembre que cela faisait des mois que nous respections scrupuleusement les mesures anti-covid, que la distanciation sociale, les gestes barrière, le port du masque, le gel hydroalcoolique faisaient partie de notre quotidien, mais c’est faux ! Mon collègue était chargé de publier ça et j’ai réagi car, pour moi, c’est mentir aux gens. Il m’a répondu qu’il comprenait que cela revenait à mentir, mais que ça nous donnait bonne image. Et c’est vrai qu’on a pas spécialement envie qu’on parle de nous, étant donné qu’il serait très facile pour certains de dire ensuite que c’est la faute des étrangers si le virus se propage.

Il y a une sorte d’omerta. Vous vous protégez et ainsi, indirectement, vous couvrez aussi le gouvernement.

Oui. Et je crois, à titre personnel, que les mesures qui sont prises actuellement ne fonctionnent pas à long terme. C’est pour ça qu’il y a de plus en plus de gens dans les hôpitaux. On ne demande pas à des grands-parents d’arrêter de voir leurs petits-enfants pendant des mois, voire des années ! Si c’est pour trois mois, on se confine tous et on fait un effort. Mais là on se rend compte que ça va durer beaucoup plus longtemps, et que ce ne sera pas tenable. Et je trouve ça fou qu’au centre il n’y ait pas encore eu une révolte ! On a des théories complotistes qui circulent, surtout chez les Africains, parce qu’en Afrique il ne se passe rien, ou du moins les gens ne meurent pas massivement. Pourquoi ? Je ne me l’explique pas précisément. Mais donc ces personnes se posent des questions, se demandent ce qu’on veut leur faire faire en finalité. On a parlé de tester un premier vaccin en Afrique, ça a fait du foin ! C’est tout le temps sur les mêmes qu’on tape, et ces réfugiés, qui sont déjà embarqués dans des démarches à rallonge, qu’on va parquer dans des cités dortoirs à Bruxelles ou Anvers, vont être les premiers à souffrir d’un reconfinement et à se faire taper dessus s’ils dépassent le couvre-feu d’une minute, et ne pourront même pas passer une journée à la mer en cas de déconfinement. Ça fait beaucoup.

Et d’ailleurs, en termes de vaccin, les autorités vous ont-elles fait part de leur politique ? Les réfugiés pourraient-ils être les premiers ?

Pourquoi pas, il y a des chances. D’après ce que j’ai lu, ce serait d’abord les personnes âgées et le personnel soignant. De toute façon, nous on passe toujours à travers les radars ! Au début, on n’a même pas testé les centres comme le nôtre. Ensuite, quand la politique est devenue celle des tests massifs, là ça a changé, et plusieurs centres ont même été confinés. J’avais eu un contact avec un infirmier qui travaille dans un de ces centres… Ah oui d’ailleurs, encore une mesure incompréhensible : pour éviter les va-et-vient, les permissions sont passées de maximum dix jours à minimum un mois ! C’est-à-dire qu’en temps normal, les résidents sont autorisés à quitter le centre pour maximum dix jours, question de rentabilité des places disponibles. Maintenant donc, cette durée est passée à minimum un mois. Mais à un moment ils doivent bien revenir, chercher leurs affaires par exemple… ils ne peuvent pas. On a eu le cas d’un gars qui est revenu alors qu’il était censé être à l’extérieur. Il revenait d’Anvers, donc d’une zone rouge. Test obligatoire pour lui, il est positif, et donc pour tous ses copains; la moitié l’était également, mais asymptomatique. Bref, ils ont testé tout le centre, et bien entendu il y avait une proportion assez importante de cas positifs pour confiner le centre. Ce qui veut dire vigiles, totalement inutiles, autour du centre, centre qui est, avec ou sans vigiles, une vraie passoire. C’est une perte d’argent.

Depuis le deuxième confinement, y a‑t-il de nouvelles contraintes pour vous ?

Malgré le fait qu’ils pourraient théoriquement passer le confinement à l’extérieur, au vu de la règle des quatre semaines, ils préfèrent rester au centre. C’est très risqué pour eux de sortir du réseau. D’autant plus que la plupart ont déjà « abusé » de l’hospitalité de leurs connaissances (souvent précarisées elles aussi) durant le premier confinement. Donc le centre est complet, contrairement au premier confinement. Mais des nouvelles contraintes non, pas vraiment.

Tu évoques aussi la politique vis-à-vis des enfants…

Ce qui est dur concernant les enfants c’est que, déjà, ils n’ont pas été scolarisés depuis le mois de mars, quasiment. Quand il y a eu une sorte de « rentrée », très peu ont été concernés. Un grand nombre va finir en décrochage, et en termes d’intégration c’est désespérant. L’école c’est le meilleur moyen pour eux de s’intégrer, mais on est en train de leur enlever cette possibilité, en plus de celle de s’instruire et d’apprendre la langue. Ils prennent un retard considérable. Ça peut avoir de grosses conséquences sur leur avenir. On leur a aussi expliqué qu’ils pouvaient potentiellement « tuer » leurs parents ou leurs grands-parents. C’est un traumatisme. De plus, personne n’osait les approcher, plus aucune activité n’était organisée pour eux. Toutes les personnes qui leur rendaient visite, comme par exemple les volontaires de l’école des devoirs, ne venaient plus. Maintenant on commence un peu à se déstresser par rapport à eux, mais ça a été très dur.

Au niveau professionnel, considères-tu que les effets négatifs des mesures sont pires que les effets du virus ?

Oui. Et d’ailleurs, les collègues du bureau médical disent qu’elles n’ont jamais vu autant de cas psychiatriques. Les gens ont envie de bouger, de travailler, de faire des rencontres, mais aussi d’oublier leurs soucis. Ceux qui sont là au centre ont souvent un passé difficile, et être confiné, ça signifie ressasser ce passé tout le temps. Il y en a qui ne dorment plus, qui pètent les plombs. Et ça, ça n’est pas l’affaire de cinq mois, ils en souffriront toute leur vie. J’ai envie de casser ma télévision quand je vois une infectiologue tout sourire, cheffe de service et caetera, qui gagne sûrement très bien sa vie, dire « faites un effort de quelque mois, sur toute une vie ce n’est pas énorme, pour que je puisse travailler correctement ». Je suis d’accord qu’il faut protéger le personnel soignant, bien entendu, et ils ne sont pas du tout responsables de l’état des hôpitaux et de la situation dans laquelle on est, mais ce ne sont pas les seuls à souffrir. Alors quand Alexander De Croo dit « notre unique préoccupation, ce sont les hôpitaux et le personnel soignant », c’est pas possible. C’est le premier ministre de tous les Belges, normalement. Toutes les mesures ne peuvent pas être uniquement destinées à secourir les hôpitaux, ça a des conséquences énormes sur la vie des gens et même si ce n’est que pour quelques mois, ça peut leur ruiner la vie. S’ajoute à ça la culpabilisation, partout, tout le temps. Si tu es malade, c’est de ta faute. À la place de nous donner les moyens de pouvoir nous soigner, on nous interdit d’être malades. Pour les gens qui ont tout à construire ici, comme les jeunes ou les réfugiés, c’est lourd de conséquences. Les perspectives, l’espoir d’une vie meilleure… s’envolent quand tu quittes ton pays où c’est la merde et qu’ici, c’est pire. Alors oui, je considère que le remède est bien pire que le mal lui-même. On arrête la vie.

Tu as d’autres collègues qui ont envie de témoigner, de parler, ou tu sens qu’ils ont peur ?

Les gens ont peur de perdre leur boulot. Ils ont peur de la maladie aussi. Mais on se rend bien compte qu’on ne va pas en mourir, du covid ! C’est-à-dire qu’on a compris qu’on n’était pas une population à risque. Si je dis cela à ma collègue, elle me répondra « oui, mais je connais quelqu’un qui… », mais gratte un peu ! Si tu as vécu le pic épidémique de printemps sans aucun problème, pourquoi rester dans l’inquiétude ? On nous dit qu’on va tous crever, et « regardez ces gens, là, qui ne respectent pas les distances de sécurité ! ». Il faut arrêter.

Ce n’est même plus permis d’ailleurs de dédramatiser la maladie. On appelle ça maintenant les « rassuristes »…

Oui, pour ne pas dire complotistes. Je ne sais pas si c’est réellement efficace, ou si on va éradiquer le virus comme ça, je ne pense pas, à vrai dire. Les gens continueront toujours de bouger. Et il faut arrêter de culpabiliser les gens parce qu’ils tombent malades.

Actuellement, on a zéro cas positifs sur plusieurs centaines résidents, et ce depuis plusieurs semaines, alors qu’on est dans un environnement plutôt propice à la propagation. Les malades étaient limite considérés comme des pestiférés, parqués dans des containers, donc peut-être qu’ils se cachent de peur qu’on les teste et les confine. Mais si un d’entre eux avait des symptômes visibles, ça se saurait, et en tout cas nous on n’en voit plus. Et aucun mort !

Dans le camp Moria, là où ils sont 13.000 à la place de 3.000, qui a brûlé à Lesbos?, où ils sont mille pour deux toilettes, ça aurait dû être l’hécatombe ! Pourtant, rien. Maintenant qu’on sait qui développe des cas graves du virus, c’est vers là qu’il faut aller. Investir dans la protection de ces gens-là, mais pas arrêter la vie d’une population entière, qui ne risque rien. Cependant, on explique aux gens que tout le monde est en danger. Un ministre s’insurge en disant qu’il y a été, dans les hôpitaux, et qu’il y a vu des jeunes. L’un avait 28 ans, mais il souffrait d’obésité grave. Alors bien sûr, vu qu’on a une population de plus en plus vieille et de plus en plus obèse, on meurt plus. Mais on n’arrive même à faire croire à des gamins de 15 ans qu’ils peuvent en crever, et devenir des assassins en le propageant. Alors respectez les gestes-barrières, gardez vos distances… arrêtez de vivre. Les résidents auraient eux aussi leur mot à dire. Parfois ils m’en parlent. Certains me disent que c’est une grosse farce, d’autres pointent le fait qu’on leur parle de coronavirus, mais qu’on les empile dans des chambres de 8… À ce moment-là, je ne peux que leur dire que oui, ils ont raison. D’où la dissonance, et le besoin d’en parler ici aussi. Notre métier est presque devenu de la prévention covid. On passe un temps dingue à ça, on les harcèle presque ! Mais ils supportent. Si c’était de si dangereux personnages, comme on aime à le dire, il y aurait déjà eu des émeutes. Mais ils restent tellement calmes. C’est plutôt le personnel qui flippe !

Dans les banlieues c’est pareil, Molenbeek aurait déjà pu s’enflammer ! La police n’arrange rien. Il y a quand même un gosse de 18 ans qui s’est fait buter[note]. Bientôt on ne pourra peut-être plus filmer les policiers, ils vont pouvoir s’en donner à cœur joie, et c’est toujours les mêmes qu’on va contrôler. Ça va donner une raison supplémentaire, sanitaire cette fois, pour taper sur les jeunes Arabes. Leur mettre des amendes de 250 euros parce qu’ils portent leur masque sous le nez. De l’argent qu’ils n’ont pas, donc certains font l’autruche, et ils commencent leur vie avec la justice au cul. On le leur retirera de leur CPAS de 867 euros. C’est eux qui se font contrôler, car ils circulent plus, ils ne sont pas en voiture, ils doivent travailler au black, donc ils n’ont pas d’attestation valable pour sortir après le couvre-feu… De plus, ils ne savent pas bien parler la langue, donc pas bien s’expliquer, pas bien non plus s’informer par rapport à toutes les règles qui changent constamment, et que même nous, nous avons du mal à suivre. Difficile de communiquer avec les flics, et très facile de se retrouver au cachot. Tout ça pour dire qu’encore une fois on tape sur les personnes les plus précarisées. Toujours. Et même nous, les travailleurs, on rentre dans ces comportements-là. On les culpabilise. Mais on est dans l’humanitaire, nous. On est censés les défendre, mais on ne le fait pas.

Interview par Alexandre Penasse

Retranscription : Alice Magos

*Pseudonyme.

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Les questions qu’ils n’aiment pas

Vendredi 18 décembre, Alexandre Penasse était présent à la conférence de presse faisant suite au Comité de concertation. L’occasion de poser quelques questions…

Pour eux, « la seule solution, c’est le vaccin ». Et quand on a la solution, mieux vaut éviter le débat…

https://youtu.be/v4zVxzxPrd4

Selon eux, tout a été fait pour anticiper la « deuxième vague » et soutenir les hôpitaux, des dépenses énormes ont été engagées depuis mars. Intéressant: les mêmes qui s’attellent à détruire les services publics depuis des décennies, à n’envisager aujourd’hui que la solution vaccinale qui coûtera aux belges des centaines de millions € (sans parler des risques sanitaires), qui mettent en place des politiques « pour lutter contre le Coronavirus », avec leur cortège d’effets désastreux, se soucient maintenant du bien commun et de la santé collective.

https://youtu.be/TTx2fc1ufrE

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Quand la démocratie est infectée par le Covid-19

Selon la Commissaire européenne en charge de la santé Stella Kyriakides, la levée des mesures de confinement les plus drastiques au début de l’été a eu l’effet tant redouté : une remontée des cas. Ce qui a conduit d’aucuns à fustiger les mesures d’assouplissement prises en septembre par le gouvernement Wilmès. Or, depuis mars, la Belgique fait partie des pays stricts, s’alignant largement sur les mesures appliquées en France. Des mesures restrictives dont il est, au minimum, permis de discuter l’efficacité, au vu des résultats catastrophiques de la Belgique, dans la gestion de la crise sanitaire. Un large débat public qu’on souhaiterait voir pris en charge par les médias, les partis politiques, avec l’ensemble de la population. Or, on en est loin. 

QUAND L’ÉMOTION FAIT PERDRE LA RAISON 

En premier lieu, on s’interroge sur le rôle joué par les médias officiels dans la crise sanitaire, jouant davantage la carte de la dramatisation, la culpabilisation et l’accusation, au lieu d’endosser le rôle d’honnête courtier dans les débats. Les exemples sont légion. 

Dans son édition du 23 octobre dernier, le journal De Morgen publiait la Tribune « Cher Lieven Annemans. Vous êtes le clown entre les acrobates et les trapézistes ». Au motif qu’il préconisait l’assouplissement des mesures corona, en raison des dommages mentaux occasionnés par la maladie, cet économiste de la santé a été décrit comme l’homme qui minimise le virus. Comprenez : « un rassuriste ». Un scientifique, pour qui les mesures sanitaires liberticides sont disproportionnées et qui refuse d’être gouverné par la peur. Un feu de critiques qui l’a conduit à se retirer du Celeval, l’organe consultatif qui aide le gouvernement à lutter contre la crise corona. Est-il légitime de discréditer violemment un académique ou un scientifique sur la place publique, sous prétexte qu’il nage à contre-courant ? Est-ce que le climat de psychose collective, auto-entretenu par les médias, fait à ce point perdre la raison, que les principes de courtoisie, de respect dans les échanges d’idées soient enterrés au passage ? Au vu de la montée d’une intolérance grandissante à toute opinion qui ne s’inscrit pas dans la doxa dominante, on n’ose imaginer le sort réservé en Belgique au virologue suédois le plus écouté en Suède, Anders Tegnell, qui n’a préconisé ni le confinement ni l’obligation du port du masque par exemple, et dont les conseils ont pourtant été suivis scrupuleusement par son gouvernement, en opposition aux stratégies suivies par la majorité des pays d’Europe. Il ne fait guère de doute que ce virologue, pour qui « On ne pourra pas éradiquer le virus, même avec un vaccin. Il va falloir apprendre à vivre avec »[note], eût été médiatiquement lynché, taxé de darwiniste irresponsable, quand bien même sa stratégie ne se soit pas soldée, dans les faits, par un bilan de morts pire que le nôtre, qui l’aurait obligé à revoir fondamentalement sa copie. C’est que chez nous, les grands-prêtres de l’information anxiogène sont à la barre. Les anathèmes et insultes de tous bords, y compris dans les médias officiels, font florès. Florilège. 

« Il faut d’urgence nous protéger des égarements des complotistes et négationnistes : il y a péril en la demeure humaine »[note]. Les termes sont forts. Le délit du « négationnisme » est punissable par la loi. Faut-il entendre par « négationniste sanitaire » une personne qui nie l’existence même du virus, une simple élucubration de l’esprit, ou une personne qui en appelle, par exemple, à une autre interprétation des chiffres bruts, publiés par Sciensano, en pointant que le chiffre de mortalité reste stable ? Ce qui relativise, de facto, la dangerosité de l’épidémie. Qu’entend-on par « complotiste » ? Un citoyen lambda qui estimerait que le virus a été créé par l’homme pour anéantir la population ou un citoyen qui exerce son sens critique ? 

À ce stade de la crise sanitaire, où l’émotionnel prime sur la raison, tous les amalgames sont permis. La seule vérité scientifique qui vaille, c’est assurément celle des scientifiques dits « alarmistes » (par opposition aux « rassuristes »). « Complotiste » est devenu un mot fourre-tout, utilisé à tort ou à raison, dont l’effet le plus immédiat est de couper court au débat et de cliver la société. Il sonne comme une excommunication du sérail des « bien-pensants ». 

Qui plus est. C’est à une véritable chasse aux sorcières que s’adonnent les tenants de l’orthodoxie du « sanitairement correct », dont l’édito paru dans La Libre Belgique, les 17–18 octobre derniers, en constitue un exemple éclairant. « (…) Ce combat contre le virus n’est pas celui de quelques-uns, il est l’affaire de tous et toutes. Les râleurs, ceux et celles qui savent mieux que tout le monde, vont critiquer, se rebeller. Ces inciviques ont une lourde responsabilité dans la propagation du virus. Car ce n’est pas leur vie qu’ils mettent en danger. Mais celles des autres, surtout des personnes fragiles ». 

Les coupables sont clairement désignés. Les citoyens. Ceux qui auraient l’outrecuidance de s’interroger sur la pertinence et la cohérence des choix politiques, la « proportionnalité » des mesures dans l’État de droit, les dégâts socio-économiques d’un second confinement brutal, la détérioration alarmante de la santé psychique de la population, face à la prolongation sine die de mesures antisociales contre-nature. Quand bien même les dirigeants politiques ont copieusement insulté notre intelligence collective, en édictant des règles totalement incohérentes, à l’instar du protocole à suivre dans les restaurants, on en déduit qu’un « bon citoyen » est celui qui se tait, donne son blanc-seing au gouvernement dans la gestion de la crise. 

Certes, de tels propos n’engagent que leur auteur. Toutefois, ils ne sont pas fortuits. Ils dénotent une dérive médiatique, où la presse devient « muselante ». L’essentiel n’est pas que les mesures soient toujours plus strictes, mais qu’elles suscitent l’adhésion. Ce qui suppose, en premier lieu, qu’elles démontrent leur efficacité. Ce qui présuppose la tenue d’un débat scientifique ouvert et contradictoire, y compris dans la prise en charge médicale, qui ne s’abaisse pas au niveau des invectives et des insultes. Il est sidérant de voir que des scientifiques, académiques, personnel soignant remettant en cause la stratégie sanitaire en vigueur soient discrédités, relégués au rang de « rassuristes », voire « complotistes », autrement dit, de « scientifiques frappés d’hérésie », de parias. 

Stigmatisation. Les médias ont un rôle clé à jouer pour empêcher cette dérive dangereuse. Éviter le piège de la propagande inavouée. Dès lors qu’une personne a peur de s’exprimer, de crainte d’être vouée aux gémonies, car son point de vue ne répond pas à la doxa sanitaire, ce sont autant de lézardes dans l’édifice « démocratie ». 

Le journalisme en tant que contre-pouvoir. Révéler la face cachée des choses. L’essence du journalisme d’enquête et d’investigation. Nourrir le débat démocratique et faire avancer les mentalités, dans le respect de chacun. Un principe cardinal qui doit impérativement retrouver ses lettres de noblesse. 

QUAND LA SCIENCE SE MUE EN IDÉOLOGIE 

Qu’il existe une controverse scientifique à propos de la crise sanitaire n’a pas lieu de surprendre, dans la mesure où le virus est loin d’avoir livré tous ses secrets. Asséner, dans ce contexte, des certitudes scientifiques est d’autant plus hasardeux que la recherche scientifique indépendante est structurellement sous-financée. En l’occurrence, à chaque fois qu’une étude scientifique est brandie pour justifier une mesure politique, il convient de s’interroger tant sur son financement que sur les potentiels conflits d’intérêt. Une précaution que devraient systématiquement prendre les dirigeants politiques. À titre d’exemple, lorsque le Ministre-Président de Bruxelles-Capitale, Rudy Vervoort, justifie le maintien du port du masque généralisé à l’extérieur en s’appuyant sur une étude rapportée par Marc Van Ranst[note] dit « notre expert national », on est en droit de se poser la question : pourquoi faire foi en cette étude en particulier (sans même la citer), préconisée par un expert connu pour ses multiples déclarations tonitruantes en faveur de mesures sanitaires toujours plus répressives ? En quoi cette étude serait-elle plus crédible que d’autres, qui prétendent l’inverse, mais qui sont susceptibles d’être écartées au prétexte que ce serait des agents du complot ? Bref, un tri est opéré, qui relève davantage d’un choix politique assumé, et non d’une preuve scientifique irréfutable. D’ailleurs, tous les pays européens ne se sont pas alignés sur des mesures aussi attentatoires à la liberté individuelle. En Suède, il n’est toujours pas question d’obligation du port du masque. En Hollande, un nombre limité de secteurs est concerné. Doit-on penser que ces pays soient gérés par des dirigeants politiques irresponsables, en prise avec des experts fantaisistes et iconoclastes ? Dans la mesure où la décision politique d’entraver le droit de respirer en plein air serait scientifiquement prouvée, comment explique-t-on que ces pays n’aient pas connu un taux de surmortalité par rapport aux nôtres ? Plus fondamentalement, sachant que les dirigeants politiques ont réussi à dire tout et son contraire sur l’utilité du masque pour freiner la propagation du virus en quelques mois, n’ont-ils pas, eux-mêmes, dévoyé la science, en usant abusivement de cet argument d’autorité ? 

La lecture des documents officiels de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qu’on ne pourrait raisonnablement suspecter de faire partie de la « complosphère », permet de le penser. En effet, dans sa dernière version Orientations provisoires sur le port du masque, réactualisée le 5 juin dernier, on peut lire ce qui suit : « De nombreux pays ont recommandé au grand public de se couvrir le visage, notamment par un masque en tissu. À l’heure actuelle, on ne dispose pas encore de données factuelles directes de qualité attestant de l’efficacité du port généralisé du masque par les personnes en bonne santé dans la communauté et il faut procéder à un bilan des avantages et des inconvénients à cet égard »[note]. Et l’OMS de détailler la liste des avantages potentiels, dont : « l’impression donnée aux gens de contribuer à stopper la propagation du virus », « l’occasion de rappeler à la population les autres mesures (gestes barrières) à respecter ». Quant à la liste des inconvénients, retenons entre autres : « le risque potentiellement accru d’autocontamination dû au fait de manipuler un masque facial », « mal de tête et/ou difficultés respiratoires », « difficulté de communiquer clairement », « difficultés liées au port du masque par les enfants, asthmatiques ou les personnes souffrant d’affections respiratoires chroniques (…) ». 

À la lumière de ces recommandations, on s’étonne que le gouvernement belge, épris de multilatéralisme, ait fait peu de cas des conseils nuancés, formulés par l’OMS. Or, si l’été dernier, l’obligation généralisée du port du masque en extérieur dans certaines villes a suscité de l’opposition, c’est précisément en raison de son caractère arbitraire, disproportionné et non étayé par aucun consensus scientifique. Qu’à cela ne tienne. Revendiquer son droit de respirer à l’air libre en extérieur est désormais (très) mal vu. Un acte d’égoïsme éhonté, une incivilité, voire un crime, la tyrannie de la liberté individuelle ? Du reste, que les enseignants, et plus singulièrement les élèves de secondaire aient le triste privilège de devoir le porter de nombreuses heures durant, sans que la question des risques, notamment pour la scolarité, soit débattue, leurs souffrances entendues, tranche avec la rhétorique de la solidarité collective envers les personnes vulnérables, que les médias et dirigeants politiques nous martèlent au quotidien. Plus généralement, que valent les discours de bienveillance, selon la formule consacrée « Prenez soin de vous et des autres », dès lors que, dans les faits, il n’est même pas permis de débattre sur l’état de nos droits fondamentaux, affectés par la crise sanitaire ? Ce qui suscite pourtant de plus en plus l’inquiétude de nombreux avocats et experts des questions juridiques, pour qui certaines mesures restrictives ont une base juridique trop faible ou qui s’interrogent sur leur « proportionnalité ». 

À une époque où les études scientifiques sont de plus en plus instrumentalisées à des fins politiques, les dirigeants sont tenus d’étayer leurs décisions sur base de preuves scientifiques solides, irréfutables, en citant leurs sources. Sans quoi ils alimenteront la défiance citoyenne vis-à-vis du politique. À ce titre, la citation de la philosophe Hannah Arendt est d’une actualité criante : « Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger ». 

LA STRATÉGIE DE LA COMMUNICATION 

« Le marathon sanitaire durera au minimum jusqu’à l’été 2021. C’est notre comportement qui décidera de la vie ou de la mort de quelqu’un de vulnérable », dixit le Premier ministre Alexander De Croo[note] . L’arme absolue contre le virus : la culpabilité. L’héritage de notre culture judéo-chrétienne, avec laquelle les dirigeants politiques jouent à plein régime. Si on doit resserrer la vis, c’est parce qu’une frange des citoyens (en particulier, les jeunes, dernière catégorie en date à être clairement stigmatisée) ne respecte pas les gestes-barrières. Des citoyens « déviants » en qui sommeillerait un assassin potentiel. C’est de leur faute si, à présent, on doit opérer des choix dans les hôpitaux. 

La culpabilité collective : un moyen commode pour masquer les failles béantes du politique. À leur décharge, il est difficile de naviguer à vue. Ce qui doit nous inspirer de l’indulgence. A fortiori que la mise en place de certaines mesures pour corriger le tir prend désormais du temps. Désengorger les hôpitaux suppose, entre autres, l’investissement dans les soins de première ligne, la formation du personnel soignant, la valorisation du métier d’infirmier, etc. Ce qui ne peut se faire par un simple coup de cuiller à pot. Toutefois, il incombe aux dirigeants politiques de balayer devant leur porte. La crise dans les hôpitaux, c’est le fruit de décisions politiques prises en amont, qui s’enracinent dans un corpus de mesures néolibérales, portant le sceau du Consensus de Washington, ayant foi en la « libéralisation, dérégulation et privatisation » de l’économie. Des recettes largement appliquées en Belgique, avec la bénédiction d’une succession de gouvernements, associant généralement des partis qui se revendiquent d’un ancrage à gauche, dont un des avatars est le Pacte budgétaire européen. Véritable ceinture de chasteté budgétaire, il est le reflet d’une vision de l’économie politique automutilatrice. Entré en vigueur en 2013, il gravait durablement dans le marbre le principe d’austérité budgétaire, dont la collectivité paie à présent le prix douloureux. Celle d’un désinvestissement public chronique dans les soins de santé, malgré une démographie vieillissante, qui prend l’ensemble de la population belge en otage. 

Que des erreurs de communication politique soient commises dans la gestion de la crise est probablement inévitable, voire excusable. La lasagne institutionnelle belge n’y aide pas. Ce qui ne justifie pas d’opérer sur le mode de l’infantilisation. La conférence de presse de Sciensano du 7 octobre dernier, où Yves Van Laethem nous exposait le guide du parfait « hôte », restera dans les annales. Le gouvernement s’invite désormais dans notre cuisine, notre salon, salle à manger, toilette. Bref, notre espace privé, intime. De façon symptomatique, s’il insiste sur l’importance de fournir du gel hydroalcoolique à table et une enveloppe pour le masque, il omet singulièrement de se prononcer sur l’importance d’avoir une alimentation saine, équilibrée, variée, pour fortifier son système immunitaire. Le béaba pour ne pas tomber dans la catégorie des personnes « vulnérables », sachant que les patients atteints d’antécédents cardio-vasculaires, d’obésité, les diabétiques, sont susceptibles de développer des formes graves de la maladie. 

Pourquoi, dans ce contexte, un plan d’action national contre la malbouffe, en réponse à la crise sanitaire, n’est pas à l’agenda des ministres ? Comme le rappelle la Commission européenne, dans sa Stratégie « De la ferme à la table » (mai 2020) : « Plus de 950.000 décès (1 sur 5) et plus de 16 millions d’années de vie en bonne santé perdues dans l’Union en 2017, principalement en raison de maladies cardiovasculaires et de cancers, étaient imputables à des régimes alimentaires peu sains6. Et d’ajouter : « L’obésité gagne du terrain. Plus de la moitié de la population adulte est aujourd’hui en surpoids ce qui contribue à une prévalence élevée des maladies liées à l’alimentation (y compris différents types de cancer) et occasionne des dépenses de santé à l’avenant ». En clair, c’est l’affaiblissement du système immunitaire qui fait exploser, par le principe des vases communicants, la catégorie des « personnes vulnérables » à protéger. Pourquoi donc les médias, qui nous matraquent au quotidien avec les chiffres sur la mortalité du Covid-19, ne le font-ils pas également au sujet du cancer (soit 9 millions de décès par an dans le monde), autre facteur de co-morbidité ? Ce qui apporterait un éclairage nouveau à la population sur les défis majeurs à relever en termes de santé publique, selon une approche holistique, où l’enjeu est d’attaquer le mal à la racine. 

De la même façon, dans la campagne gouvernementale « Une équipe de 11 millions », on est en droit de s’étonner que la pratique d’une activité physique, telle que la marche, le jogging ou le vélo, durant laquelle on peut respirer à pleins poumons, ne figure pas dans les fameuses « règles d’or », quand bien même l’alimentation saine et la pratique d’une activité physique constituent l’alpha et l’oméga d’une approche préventive de la santé. 

Plus globalement, rappelons que l’Agence européenne de l’environnement signalait, dans son rapport du 8 septembre dernier, que la pollution tue des centaines de milliers de personnes chaque année en Europe, soit 13% des décès. Et de souligner que l’émergence de la pandémie de coronavirus doit faire réfléchir à l’impact de la dégradation de l’environnement sur la santé humaine. Logiquement, dès lors que les autorités publiques justifient les mesures draconiennes de privation de liberté au motif que la santé est une priorité absolue, cette question devrait faire la Une de l’actualité politique, dans le souci d’une approche globale et multidisciplinaire de la protection de celle-ci. Or, il n’en est rien. Comme si les dirigeants politiques étaient frappés de cécité, le nez dans le guidon, gérant l’épidémie à la petite semaine, sans vision. 

Les incessants tours de vis : Franck Vandenbroucke, ministre de la Santé, les justifie « pour ne pas avoir de morts sur la conscience ». En mésestimant lourdement l’ampleur des dégâts socio-économiques et psychologiques collatéraux, il contribue à détruire la société. Oubliant, pour paraphraser Renaud Girard, co-auteur du livre Quand la psychose fait dérailler le monde, que l’homme n’est pas qu’un être sanitaire. Il est aussi un être social, un être économique, un être culturel, un être spirituel. 

Inès Trépant,politologue, autrice d’essais sur la politique européenne. 

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Les bons conseils de Marc Van Ranst en cas de pandémie

Le Royal Institute of International Affairs, plus souvent appelé Chatham House, né en 1920, est l’un des think tanks (groupe de pression) les plus influents au monde, avec le groupe Bilderberg ou la Commission Trilatérale. Ces dernières, « Officines du Nouvel Ordre Mondial »* (…), « véritables structures parallèles de réunion, constituant la toile de fond des rencontres annuelles de la Banque Mondiale, du FMI, de l’OMC, de l’OCDE ou encore du G8 (…), participent , en coulisses, de la réglementation de l’agenda politique , économique et militaire »*.

« Véritable institution au service des multinationales »*, c’est là que Marc Van Ranst décidera de donner une conférence le 22/01/2019. Ce dernier a été dès 2007 responsable pour la planification de réponse aux pandémies de l’influenza, épinglé pour des conflits d’intérêts avec des multinationales pharmaceutiques. Depuis le début du coronavirus, il fait partie des groupes qui conseillent le gouvernement pour la gestion de la pandémie; il est donc un personnage clé dans les décisions politiques qui sont prises.

Celui qui est omniprésent dans les médias depuis mars 2020, nous révèle donc lors de cette conférence quel est son véritable « plan pandémie » et au service de qui il le met en œuvre. Pas pour le peuple belge, c’est certain, mais plutôt pour les multinationales et les politiques qui les servent.

* Geoffrey Geuens, Tous pouvoirs confondus. États, capital et médias à l’heure de la mondialisation.

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LE « MONDE D’APRÈS ». LE PIRE DU MONDE D’AVANT ?

En ce début de printemps 2020, alors que se mettait en place ce qui, quelques semaines auparavant, aurait relevé du domaine de l’impossible, les Belges étaient confinés. L’Écho, propriété de Persgroep appartenant à la famille Van Thillo, 15ème fortune belge, publiait en juillet 2020, un dossier « Quand les philosophes imaginent le monde d’après », dont l’introduction révélait bien l’état d’esprit : « Par son caractère tout à fait exceptionnel et son ampleur, la crise du coronavirus a révélé au grand jour les limites de nos modèles de pensée et de nos modes de fonctionnement. Nous avons plus que jamais besoin de perspectives. Aux quatre coins de la planète, les intellectuels tentent de dessiner les contours de ce fameux « monde d’après ». »

Chacun y allait de sa proposition et les philosophes s’en donnaient à cœur joie. La mode était au changement, alors que depuis des décennies nombreux criaient dans le vide lorsqu’ils disaient que tout devait changer. C’est le cas du mouvement de la décroissance. Comme à chaque crise, on se retrouvait face à ces psalmodies médiatico-politiques, mélange de rêve et de délire. Les contradictions habituelles, pourtant, qui à elles seules auraient annoncé la nouvelle supercherie, n’étaient même pas cachées: en médaillon, à droite de l’article de L’Écho, une publicité : « Découvrez les fonds d’investissement qui rencontrent vos attentes. Le Radar des Fonds, l’outil pratique des fonds de L’Écho »[note]. Ces mêmes fonds qui investissaient dans les énergies fossiles, les privatisations dans le secteur de la santé, la déforestation, les armements et divers trafics… Michel Houellebecq avait-il alors raison de dire « Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde; ce sera le même, en un peu pire. »

C’est qu’il faudrait penser cet épisode inédit dans un contexte élargi, notamment celui d’une école qui ne joue plus depuis longtemps son rôle d’émancipation, productrice de sujets horssol qui n’en auront que peu à faire une fois esseulés et lâchés dans un monde laissé au pouvoir des GAFAM (« Confinements de la liberté d’expression », pages 14–15). Penser le « monde d’après », c’est donc avant tout déconstruire celui « d’avant ». Et comment imaginer celui-là si le monopole de la représentation du réel est laissé encore et toujours à des médias, propriétés de grands groupes appartenant à de richissimes familles (« Le leurre de la diversité médiatique », pages 16–17) ; ces mêmes médias qui nous bombardent depuis des mois avec leur fil infos, générateurs de véritables pathologies de la peur, propices à l’immunodéficience.

Mais les médias et les politiques ne souhaitent que notre bien, n’est-ce pas ? Pourquoi alors tout débat hors-discours officiel est-il systématiquement interdit ? Pourquoi des mesures pour améliorer l’immunité des gens n’ont fait l’objet d’aucune communication officielle depuis plus de 6 mois[note] ? Pourquoi a‑t-on laissé en Belgique « les grands-prêtres de l’information anxiogène à la barre », alors que tous ceux qui tentaient de dire autre chose étaient insultés et bannis, situation qui a empêché toute discussion sereine sur les mesures à prendre et leur efficacité. Culpabiliser le citoyen aura eu pour effet de taire les « failles béantes du politique » (« Quand la démocratie est infectée par le Covid-19 », pages 12–13).

Notre « Nouvel Âge viral » s’accompagnerait-il d’un retour des valeurs collectives après des décennies d’hyper-individualisme (« Un retour des valeurs collectives dans le Nouvel Âge viral ? », pages 10–11) ? Ne soyons pas trop optimistes, position-réflexe trop fréquemment adoptée par ceux qui ne veulent pas penser radicalement les changements à venir, ayant trop à perdre (en termes matériel et/ou symbolique). Le Covid-19 allait-il redonner ses lettres de noblesse au collectif, à l’heure de la « ploutocratie transnationale », alors qu’on nous demandait de protéger les autres en s’en éloignant (« Un peu de lait tiède dans le thé brûlant », page 18) ?

Le changement dans la continuité est une arme depuis longtemps déployée par les organes de propagande pour feindre que tout ne sera désormais plus comme avant. Alors que le désastre climatique en cours aurait dû mener les politiques vers des mesures à la hauteur de la situation, comme la réduction drastique du trafic aérien, seul Sars-CoV‑2 aura « réveillé » les esprits politiques. Au-delà des divisions, pourtant, il ne s’agit rien de moins que de penser un monde que l’humain pourrait continuer à habiter sans le détruire.

Alexandre PenasseDossier coordonné par la rédaction

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Mise en perspective des chiffres Covid

Quel bilan pour cet épisode épidémique ? Quelle efficacité peut-on attribuer aux mesures sanitaires ?

Cette analyse est établie sur base du rapport épidémiologique Sciensano en date du 30/11/2020[note]

Ci-dessous, nous allons analyser les graphiques épidémiologiques de la covid publiés par Sciensano, dans l’ordre : 1 le nombre de cas, 2 et 3 les hospitalisations, 4 les patients en soins intensifs, 5 la mortalité.

Le nombre de cas

La diminution du nombre de tests positifs continue et passe sous la barre des 2.400 par jour en moyenne hebdomadaire. Il ne s’agit pas toujours de « cas » au sens clinique du terme et la majorité présente des formes bénignes de la maladie (95%). Ce pic de positifs n’est absolument pas comparable à celui de mars-avril où l’on ne testait que les patients arrivés à l’hôpital à des stades très avancés. Le nombre de tests réalisés se stabilise aux alentours de 200.000 par semaine.

Le pic épidémique touchant à sa fin, nous pourrons évaluer, plus loin dans cette analyse, les différents indicateurs depuis le début de cet épisode automnal.

Nous pouvons cependant d’ores et déjà relativiser l’importance cette épidémie en comparant les nouvelles hospitalisations attribuées au covid avec le nombre de « nouvelles grippes » déclarées par le système sentinelle, basée sur les médecins généralistes. L’une et l’autre sont exprimées par semaine et par 100.000 habitants dans le graphique ci-dessous publié par Christophe de Brouwer, professeur à l’École de santé publique de l’ULB. La visualisation donne immédiatement des ordres de grandeurs du problème lié aux infections respiratoires aigües dont fait partie notamment le sars-cov‑2. Nous prenons les hospitalisations covid comme point de repère et non les « cas » recensés étant donné la fiabilité douteuse de la méthode de détection par PCR, que nous allons aborder au point 3.

Les hospitalisations

La courbe des hospitalisations classées « covid » poursuit également sa descente. Ce que nous pouvons dire en chiffres du sommet de ce pic épidémique :

Les patients covid ont occupé, au paroxysme de cet épisode, 7.500 lits, soit environ 20% de l’ensemble des lits disponibles en clinique sur tout le territoire (37.000) ou 94% des 8.000 lits potentiellement disponibles pour les cas covid[note].Les 880 hospitalisations classées « covid » enregistrées lors du pic des admissions au 3 novembre représentent environ 70% des quelques 1.200 contacts hospitaliers quotidiens habituellement recensés pour plaintes respiratoires, selon les données de 2017 du SPF Santé publique[note].À noter également que la répartition des hospitalisations ne fut pas homogène : Bruxelles et la Wallonie ont supporté les 2/3 des hospitalisations covid.

La menace exposée par les experts ayant conduit les autorités politiques à durcir les mesures sanitaires durant le mois d’octobre est celle de la saturation des hôpitaux. Bien que la situation ait été effectivement très tendue dans les unités covid, on constate que les hôpitaux n’ont manifestement pas été saturés ! Le fait d’attribuer cette inflexion aux mesures sanitaires prises par les autorités est tout à fait fallacieux. En effet, le pic épidémique de cet épisode automnal semble avoir été atteint aux alentours du 23 octobre, comme montré lors de la mise en perspective de la semaine 44[note].

Ceci peut être mis en évidence par le graphique Sciensano ci-dessous où un paramètre majeur de la quantification de l’épisode épidémique, à savoir le taux de positivité des tests covid, atteint son pic aux alentours du 25 octobre.

Graphique du nombre de tests quotidiens effectués ainsi que leur taux de positivité (nbp1)

S’il est communément admis qu’il s’écoule généralement un délai de 10 à 15 jours entre des mesures sanitaires prises pour limiter la propagation du sars-cov2 et ses effets escomptés[note], l’impact de ce nouveau confinement sur l’évolution de l’épidémie est fortement discutable, pour ne pas dire absolument nul. On pourrait tout au plus attribuer un éventuel effet des mesures prises début octobre, mais celui-ci reste à démontrer. Il n’en reste pas moins que les mesures les plus coercitives prises après la seconde moitié d’octobre ne peuvent pas être à l’origine de l’inflexion des indicateurs constatés au cours du mois de novembre. Le plus évident est que ce pic épidémique d’automne s’est exprimé au travers des divers indicateurs sous la forme d’une banale courbe en cloche sur laquelle les restrictions imposées à la population n’eurent vraisemblablement que peu d’effet.

Les caractéristiques de cet épisode épidémique

Cet épisode épidémique d’automne est-il de même ampleur que le premier ? A priori, le pic des hospitalisations dépasse celui du mois de mars, mais la mortalité ainsi que la létalité de cet épisode sont plus faibles. De plus, l’apparition des maladies respiratoires saisonnières (automne-hiver) implique davantage de suspicions de cas cliniques covid. Les tests PCR, dont la sensibilité très élevée et la spécificité non absolue ne sauront pas toujours distinguer la covid des autres infections respiratoires saisonnières.

Il est important de noter qu’en fonction de la sensibilité des tests PCR, les tests positifs à la détection du sars-cov2 peuvent n’avoir aucune signification médicale lorsqu’ils sont systématisés de manière aussi importante. En effet, certaines études montrent une proportion très élevée de positifs non pertinents sur le plan clinique lorsque le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR dépasse 30[note]. Et en Belgique, le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR va de 30 à 35[note].

Récemment, une étude parue dans le journal Clinical Infectious Diseases[note] a montré, par des expériences de cultures virales du sars-cov2 issues de patients testés positifs à la PCR, qu’au-delà de 30 CT il y a 70% des tests positifs pour lesquels on ne peut pas cultiver le virus car les traces détectées sont non viables, et par conséquent non contagieuses. A partir de 35 CT, c’est dans 97% des tests positifs qu’il n’y a aucun virus vivant !

Cela pose d’énormes questions sur la fiabilité des tests RT-PCR pour déterminer si une personne est malade ou même contagieuse.

Si les cycles CT des PCR réalisés sont trop élevés, les tests sont hypersensibles et ne peuvent donc pas déterminer, même en étant positifs, si le patient est bien malade de la covid.

Tous ces malades étiquetés «covid», qu’ils soient réellement atteints ou non de cette maladie, engendreront de fait une saturation rapide du système hospitalier en raison de la lourdeur protocolaire de leur prise en charge.

Ajouter à cela que certains patients admis pour toute autre chose que la covid, subissent des tests PCR, et s’ils sont positifs, ils sont répertoriés “admission hospitalière covid” !

Plus éloquent encore, cet article de Corman-Drosten Review Report[note] qui relèverait 10 failles scientifiques majeures au niveau moléculaire et méthodologique du test RTPCR pour détecter le sars-cov2 !

La conclusion de cet article évoque, je cite, les « énormes défauts et erreurs de conception du protocole de PCR… » De quoi remettre sérieusement en question cet outil diagnostic !

Quelle serait l’origine de cette recrudescence épidémique de covid ?

L’une des hypothèses semblant se confirmer par diverses constatations et études épidémiologiques est qu’un nouveau variant du sars-cov2 originaire d’Espagne se serait diffusée à travers l’Europe occidentale[note][note].Une autre hypothèse pouvant être complémentaire à la première et partagée par Christophe de Brouwer serait une modification de la transmission virale (l’infectiosité) causé par les mesures NPI (non pharmaceutical intervention), tels que le lock-down/confinement, la fermeture des lieux sociaux, etc.[note]. Ces dernières auraient laissé des « zones vierges » en termes de susceptibilité immunitaire ayant fait office de « nœuds de transmission » propice à la diffusion du virus lors de ce deuxième épisode épidémique.Une dernière hypothèse venant compléter les précédentes a été mise en évidence par les travaux de l’IRMES en collaboration avec l’Université de Toulouse qui, dans une étude observationnelle[note], a pu déterminer que la température ambiante extérieure aux alentours des 10°C favorisait, entre autres, une propagation plus rapide du sars-cov2, ce qui pourrait nous amener à penser que ce virus émergeant entrerait dans un phénomène de saisonnalité avec des pics épidémiques en début de printemps et en milieux d’automne.

Les patients en unités de soins intensifs

Le nombre de patients en soins intensifs (USI) est également en train de diminuer. Les patients « covid » en USI ont atteint à leur paroxysme le nombre de 1.475 sur l’ensemble du territoire. C’est à peu près 70% de la capacité en lits de soins intensifs en Belgique (environ 2.000).

Concernant l’état de saturation des unités de soins intensif en Belgique, ce n’est malheureusement pas non plus une situation exceptionnelle. Selon les dires du docteur Philippe Devos, intensiviste au CHC Liège, lors du pic épidémique de grippe du mois de janvier/février 2020, le taux d’occupation des lits en USI était de plus de 90%! Et ce, par des patients ayant développé des complications à la suite d’un état grippal sévère[note].

Il est aussi impératif de mettre en évidence le fait que les tableaux cliniques covid sont nettement moins sombres qu’en mars/avril. La proportion de patients ventilés a clairement diminué, les intubations ne se font qu’en ultime recours et ne constituent plus que 60% de la prise en charge des patients en USI contre plus de 80% en mars/avril. Cette amélioration en termes de « lourdeur » des cas est très certainement dû à une meilleure prise en charge des patients en amont grâce à une connaissance plus approfondie de la maladie ainsi qu’à l’instauration de traitements comme les anti-coagulants, les corticoïdes ou l’oxygénothérapie qui réduisent les passages en USI et leur gravité.[note]

Et ceci se confirme par une plus faible mortalité covid à l’heure actuelle.

La mortalité

La mortalité « covid » est désormais aussi en baisse, l’intensité de ce pic est 34% moins important que le précédent.

On constate donc, fort heureusement, une mortalité covid moins importante que lors de l’épisode précédent, ce qui est une preuve majeure d’une moindre gravité de cet épisode. Je vous renvoie donc au graphique ci-dessous qui concerne les données de mortalité générale pour la Belgique : il y a, jusqu’au 15 novembre, une notable surmortalité générale en ce qui concerne cet épisode épidémique d’automne 2020 par rapport aux années précédentes, mais moins importante qu’en mars/avril.

Graphique des données de mortalité globale en Belgique pour 2020 établi par Statbel[note]

Il est donc indubitable que cet épisode a engendré une surmortalité ponctuelle significative en Belgique. Mais qu’en est-il chez nos voisins où le même sars-cov2 était en circulation ?

Au niveau européen, globalement, en termes d’impact sur la mortalité globale, cet épisode épidémique est nettement moins important que le premier et est de l’ordre d’un épisode de grippe hivernal comme l’on peut le constater sur ce graphique des données de mortalité récoltées parmi 26 pays européens[note].

Mortalité globale européenne, source : Euromomo (nbp 17)

Il est déplorable de constater que parmi tous nos pays voisins, la Belgique affiche le taux de létalité le plus haut après la France, sur qui, par ailleurs, nos dirigeants sont souvent prompts à copier les décisions en matière de politiques sanitaires.

Le taux de létalité apparent (décès sur nombre de cas) de la covid en Belgique est de 2,95%, là où il est de 1,59% pour l’Allemagne, 1,72% pour les Pays-Bas et 0,92% pour le Luxembourg. Seule le France affiche un taux proche de la Belgique avec 2,38%.[note]

À rappeler que le taux de létalité réel de la maladie est estimé entre 0,3 et 0,65% par l’OMS et le CDC américain[note][note].

Ce faisant, il serait réellement temps de s’interroger sur les stratégies de gestion de cette crise sanitaire compte tenu des résultats dramatiquement calamiteux affichés par le Royaume en comparaison avec ses voisins. Ces derniers ayant une sociologie, un niveau de vie ainsi qu’une démographie comparable.

Voici une carte européenne de la mortalité covid par 100.000 habitants.

Et la Belgique apparaît en orange foncé avec le triste record mondial de 144 décès covid par 100 000 habitants !

Carte européenne de la mortalité Covid par 100 000 hab[note]

Que se passe-t-il donc en Belgique concernant la gestion de la covid ?

Des remises en question doivent être amenés sur la politique de gestion sanitaire en Belgique. Tout d’abord, les mesures de confinement drastiques sont-elles vraiment efficaces ?

Comparons les graphiques d’excès de mortalité (nbp17) de pays ayant adopté la stratégie du confinement par rapport à d’autres plus souples en la matière. Les premiers sont des pays ayant appliqué des mesures de confinements strictes et généralisés : la France, l’Espagne, l’Autriche et la Belgique. Les seconds sont des pays voisins et comparables n’ayant pas appliqué de confinement, ou l’ayant appliqué de manière localisée voire assouplie : L’Allemagne, le Portugal, la Hongrie et les Pays-Bas.

Graphiques d’évaluation de l’excès de mortalité (z‑score) pour l’année 2020 publié par le Site Euromomo (nbp17)

Sans tirer de conclusions hâtives, on ne peut pas dire au vu de cette brève comparaison que la politique de confinement ait un impact évident sur la mortalité globale.

En fait, l’efficacité du confinement n’est nullement démontrée : les pays ayant appliqué cette mesure de manière drastique sont parmi ceux qui ont les taux de mortalité par habitant les plus catastrophiques en Europe : Belgique, Espagne, Italie, Royaume-Uni et France. Ajouter à cela qu’une étude de séroprévalence menée par les autorités espagnoles sur plus de 60.000 sujets a montré que les personnes confinées ont été davantage contaminées que les personnes ayant continué leurs activités professionnelles dans les secteurs essentiels. Des données, confirmées par une autre étude italienne, qui peuvent légitimement mettre en doute la stratégie du confinement comme solution pour faire face à l’épidémie[note][note].

De plus, les preuves de l’inefficacité du confinement sur la mortalité globale semblent confirmées par l’étude française de l’IRMES en collaboration avec l’Université de Toulouse. Les chercheurs ayant analysé les données de 188 pays à travers le monde sur 9 mois n’ont pas observé de corrélation entre rudesse des mesures sanitaires et réduction de la mortalité, certains indices penchant même plutôt pour l’inverse (nbp13). Les dégâts collatéraux des stratégies sanitaires les plus restrictives, tel que le confinement, semblent faire pencher la balance du côté des risques plutôt que des bénéfices. Comme le montrent plusieurs études britanniques qui mettent en évidence une recrudescence sans précédent de cancers tardivement diagnostiqués et de conséquences lourdes sur des pathologies non prises en charge comme les accidents cardiovasculaires. Sans compter les suicides, dépressions et la recrudescence des violences intrafamiliales[note].

Résumé des indicateurs clés de cet épisode épidémique du 15/09/2020 au 30/11/2020

Taux d’hospitalisation (nombre d’hospitalisation par cas recensés) : 4,81%

Proportion des patients hospitalisés admis en réanimation : 20% (0,96% des cas)

Proportion des patients en réanimation sous respirateurs : 60% (0,58% des cas)

Taux de létalité apparent de l’épisode automnal (depuis le 15 septembre) : 1,4%

Age médian des décès : 83 ans

En conclusion, Il semble très probable que le sars-cov2 prenne une tendance à la saisonnalité et qu’une variante particulière soit à l’origine de ce pic épidémique d’automne. Contrairement à ce que la doxa politico-médiatique voudrait distiller, cette recrudescence de l’épidémie n’est pas due à un «relâchement des comportements du citoyen» mais à une évolution classique, identifiable et quantifiable de la dynamique de l’épidémie virale dépendante d’une série de variables au sein desquels les comportements humains ne semblent pas être aussi déterminants que ce que voudrait nous faire croire l’expertocratie politico-médiatique.

Si le pic de l’épidémie de sars-cov2 en Belgique a eu lieu durant la semaine 43 (aux alentours du 25 octobre), c’est à dire avant les mesures les plus coercitives prises par les autorités à la fin du mois d’octobre, cela pose un énorme doute sur l’efficacité et la légitimité des mesures sanitaires gouvernementales. Sans parler de l’énorme aveu, recueilli par un journaliste de la VRT, de la part du Ministre de la santé Franck Vandenbroucke, qui évoque, je cite : « une mesure “psychologique” » en parlant de la décision de fermer les commerces non essentiels[note]! De quoi faire grincer des dents les nombreux citoyens ayant fait les frais de cette décision.

Dans une fuite en avant inconsidérée, notre gouvernement, appuyé par cette expertocratie unanime et dogmatique, aura, sans réellement analyser la situation, replongé le peuple dans un nouveau confinement qui aura très certainement de lourdes conséquences. Sans compter le fait que les mesures restrictives prises par le passé ont même peut-être même pu favoriser l’intensité de cet épisode épidémique !

Une chose est sûre : face au même virus, nos voisins hollandais, allemands et luxembourgeois s’en sont bien mieux sortis que nous, ce qui traduit indubitablement un problème de gestion conséquente de la crise. La Belgique faisant figure de très mauvais élève sur le plan de la mortalité et de la létalité au niveau européen, il semble légitime de s’interroger sur le bien-fondé de mesures sanitaires qui ne donnent que peu de résultats. Pour appuyer cette critique, une déclaration fracassante de Richard Horton, rédacteur en chef de la prestigieuse revue médicale The Lancet, qui a déclaré ce lundi 16 novembre, « Ce système typiquement belge n’a rien donné de bon, il a échoué. Nous aurions pu éviter la plupart de ces 14.000 morts. Des gens sont décédés à cause de l’organisation politique » ! Absolument éloquente, cette sortie se passe de commentaires[note] !

Envers et contre tout, l’appareil politico-médiatique, non content de ne pas remettre en cause ces mesures sanitaires, continue éhontément de verser dans une dialectique culpabilisante du citoyen rendant tacitement ce dernier unique responsable des évolutions de l’épidémie ainsi que des tensions hospitalières. Ces dernières qui pourraient, de l’avis de nombreux praticiens, être évités si des protocoles de prise en charges précoces et de prophylaxie étaient mis en place en ambulatoire[note][note].

Quel bilan pour cet épisode épidémique ?

Il semble mitigé sans pour autant être dramatique au niveau européen, mais il est totalement catastrophique pour la Belgique en comparaison avec ses voisins. La faute probable à une gestion politique calamiteuse de la situation.

Que peut-on conclure sur l’efficacité des mesures sanitaires prises par notre gouvernement ?

Au vu des pistes probantes que nous avons pu suivre, force est de constater au minimum une absence de preuve d’efficacité des mesures restrictives telles que le couvre-feu, la fermeture des commerces et le confinement de manière générale. On pourrait même entrevoir en ce qui concerne la balance bénéfice/risque un penchant pour les risques sans, de surcroît, avoir d’impact significatif sur la mortalité générale.

De quoi sérieusement demander des comptes à nos responsables politiques !

Merci pour votre lecture.

Annes Bouria, pharmacien, membre du collectif Transparence-Coronavirus

https://www.transparence-coronavirus.be

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Articles

Mise en perspective au sujet de l’augmentation des  cas » covid et des hospitalisations

Cette analyse est établie sur base du rapport épidémiologique Sciensano en date du 17/11/2020. [note]

Ci-dessous, nous allons analyser en A, les graphiques épidémiologiques de la covid publiés par Sciensano, dans l’ordre : 1 le nombre de cas, 2 et 3 les hospitalisations, 4 les patients en soins intensifs, 5 la mortalité[note][note].

On constate toujours une diminution significative du nombre de tests positifs qui sont passés de 8350 à 4900 par jour en moyenne hebdomadaire. Il ne s’agit pas toujours de « cas » au sens clinique du terme et la majorité présente des formes bénignes de la maladie (95%). Ce pic de positifs n’est absolument pas comparable à celui de mars-avril où l’on ne testait que les patients arrivés à l’hôpital à des stades très avancés. La politique de test se réduit, 250.000 tests ont été réalisés la semaine précédente (semaine 45) contre le double deux semaines auparavant. La décision d’à nouveau tester les asymptomatiques est très discutable en termes de pertinence dans la mesure où cette politique de testing non ciblée détecte majoritairement des porteurs sains dont la contagiosité n’est pas établie[note].

Le pic épidémique étant désormais sur la pente descendante, nous pourrons évaluer, plus loin dans cette analyse, les différents indicateurs depuis le début de cet épisode automnal.

En ce qui concerne la courbe des hospitalisations classées « covid », elle est également clairement en baisse. Ce que nous pouvons dire en chiffres du sommet de ce pic épidémique :

Les patients covid ont occupé, au paroxysme de cet épisode, 7500 lits, soit environ 20 % de l’ensemble des lits disponibles en clinique sur tout le territoire (37 000) ou 94 % des 8000 lits potentiellement disponibles pour les cas covid[note].Les 880 hospitalisations classées « covid » enregistrées lors du pic des admissions au 3 novembre représentent environ 70 % des quelques 1200 contacts hospitaliers quotidiens habituellement recensés pour plaintes respiratoires, selon les données de 2017 du SPF Santé publique[note].À noter également que la répartition des hospitalisations ne fut pas homogène : Bruxelles et la Wallonie ont supporté les 2/3 des hospitalisations « covid ».

La menace, exposée par les experts, ayant conduit les autorités politiques à durcir les mesures sanitaires durant le mois d’octobre, est celle de la saturation des hôpitaux. Bien que la situation a été effectivement très tendue dans les unités covid, on constate que les hôpitaux n’ont manifestement pas été saturés ! Le fait d’attribuer cette inflexion aux mesures sanitaires prises par les autorités est tout à fait fallacieux. En effet, le pic épidémique de cet épisode automnal semble avoir été atteint aux alentours du 23 octobre, comme montré lors de la mise en perspective de la semaine 44 (voir nbp 6).

Ceci peut être mis en évidence par le graphique Sciensano en B où un paramètre majeur de la quantification de l’épisode épidémique, à savoir le taux de positivité des tests covid, atteint son pic aux alentours du 25 octobre.

Graphique du nombre de tests quotidiens effectués ainsi que leur taux de positivité (1)

S’il est communément admis qu’il s’écoule généralement un délai de 10 à 15 jours entre des mesures sanitaires prises pour limiter la propagation du Sars-Cov2 et ses effets escomptés[note], l’impact de ce nouveau confinement sur l’évolution de l’épidémie est fortement discutable pour ne pas dire absolument nul. On pourrait tout au plus attribuer un éventuel effet des mesures prises début octobre, mais celui-ci reste à démontrer. Il n’en reste pas moins que les mesures les plus coercitives prises après la seconde moitié d’octobre ne peuvent pas être à l’origine de l’inflexion des indicateurs constatés à l’heure actuelle. Le plus évident est que ce pic épidémique d’automne s’est exprimé au travers des divers indicateurs sous la forme d’une banale courbe en cloche sur laquelle les restrictions imposées à la population n’eurent vraisemblablement que peu d’effet.

De plus, le phénomène de saturation des hôpitaux en période de recrudescence des affections respiratoires saisonnières n’est malheureusement pas nouveau, il y eut des épisodes de saturations hivernales en 2017 ainsi qu’en 2019 lors des épidémies de grippe[note][note]. Si l’on veut sonder les raisons de cette saturation chronique des hôpitaux, il est important de tenir compte de la nette diminution des lits disponibles pour les affections aiguës dans les hôpitaux depuis 30 ans, ils sont passés de plus de 55 000 à 37 000 malgré l’augmentation de la population et son vieillissement (voir nbp 5) !

Nous avons vraisemblablement dû faire face à un nouvel épisode épidémique de covid. Mais quelle en est son origine ? L’une des hypothèses semblant se confirmer par diverses constatations et études épidémiologiques est qu’un nouveau variant du Sars-Cov2 originaire d’Espagne se serait diffusé à travers l’Europe occidentale[note][note].

Une autre hypothèse pouvant être complémentaire à la première et partagée par Christophe de Brouwer, Professeur à l’École de santé publique de l’ULB, serait une modification de la transmission virale (l’infectiosité) causée par les mesures NPIs (non pharmaceutical intervention), tels que le lock-down/confinement, la fermeture des lieux sociaux, etc..[note]

Ces dernières auraient laissé des « zones vierges » en termes de susceptibilité immunitaire ayant fait office de « nœuds de transmission » propice à la diffusion du virus lors de ce deuxième épisode épidémique.

Mais cet épisode est-il de même ampleur que le premier ? A priori, le pic des hospitalisations dépasse celui du mois de mars, mais la mortalité ainsi que la létalité de cet épisode sont beaucoup plus faibles. De plus, l’apparition des maladies respiratoires saisonnières (automne-hiver) implique davantage de suspicions de cas cliniques covid. Les tests PCR, dont la sensibilité très élevée et la spécificité non absolue ne sauront pas toujours distinguer la covid des autres infections respiratoires saisonnières.

Il est important de noter qu’en fonction de la sensibilité des tests PCR, jusqu’à 90 % des tests positifs à la détection du SARS-COV2 n’ont aucune signification médicale lorsqu’ils sont systématisés de manière aussi importante. En effet, certaines études montrent une proportion très élevée de positifs non pertinents sur le plan clinique lorsque le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR dépasse 30[note]. Et en Belgique, le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR va de 30 à 35[note].

Si les cycles CT des PCR réalisés sont trop élevés, les tests sont hypersensibles et ne peuvent donc pas déterminer, même en étant positifs, si le patient est bien malade de la covid.

Tous ces malades étiquetés « covid », qu’ils soient réellement atteints ou non de cette maladie, engendreront de fait une saturation rapide du système hospitalier en raison de la lourdeur protocolaire de leur prise en charge.

Ajouter à cela que certains patients admis pour toute autre chose que la covid, subissent des tests PCR, et s’ils sont positifs, ils sont répertoriés “admission hospitalière covid” !

Le nombre de patients en soins intensifs (USI) est également en train de s’infléchir. Les patients « covid » en USI ont atteint à leur paroxysme le nombre de 1475 sur l’ensemble du territoire. C’est à peu près 70 % de la capacité en lits de soins intensifs en Belgique (environ 2000) [note]. Concernant l’état de saturation des unités de soins intensifs en Belgique, ce n’est malheureusement pas non plus une situation exceptionnelle. Selon les dires du Docteur Philippe Devos, intensiviste au CHC Liège, lors du pic épidémique de grippe du mois de janvier/février 2020, le taux d’occupation des lits en USI était de plus de 90 % ! Et ce, par des patients ayant développé des complications à la suite d’un état grippal sévère (voir nbp 15).

Il est aussi impératif de mettre en évidence le fait que les tableaux cliniques covid sont nettement moins sombres qu’en mars/avril. La proportion de patients ventilés a clairement diminué, les intubations ne se font qu’en ultime recours et ne constituent plus que 60% de la prise en charge des patients en USI contre plus de 80% en mars/avril. Cette amélioration en termes de « lourdeur » des cas est très certainement due à une meilleure prise en charge des patients en amont grâce à une connaissance plus approfondie de la maladie ainsi qu’à l’instauration de traitements comme les anticoagulants, les corticoïdes ou l’oxygénothérapie qui réduisent les passages en USI et leur gravité (voir nbp 16). Et ceci se confirme par une plus faible mortalité covid à l’heure actuelle.

La mortalité « covid » se stabilise et a atteint le pic de 206 décès le 6 novembre, l’intensité de ce pic est 33% moins importante que le précédent.

On constate donc, fort heureusement, une mortalité covid plutôt faible par rapport à l’épidémie précédente, ce qui est une preuve majeure d’une moindre gravité de cet épisode. Je vous renvoie donc au graphique C qui concerne les données de mortalité générale : il y a, jusqu’au 1er novembre, une notable surmortalité générale par rapport aux trois années précédentes en ce qui concerne cet épisode épidémique d’automne 2020, mais nettement moins importante qu’en mars/avril.

Graphique des données de mortalité globale de 2020 établi par Statbel (2)

Il est donc tout de même indubitable que cet épisode a engendré une surmortalité ponctuelle significative en Belgique. Mais qu’en est-il chez nos voisins où le même Sars-Cov2 était en circulation ? Il est déplorable de constater sur le graphique D, qui représente le « Z‑score » (un indicateur standardisé, mesure de l’excédent de décès) de tous nos pays voisins, que la Belgique affiche le score le plus haut après la France, sur qui, par ailleurs, nos dirigeants sont souvent prompts à copier les décisions en matière de politiques sanitaires.

Graphiques d’évaluation de l’excès de mortalité (z‑score) de la Belgique et de ses voisins pour l’année 2020 publié par le Site Euromomo (3)

Le taux de létalité apparent (décès sur nombre de cas) de la covid en Belgique est de 2,8%, là où il est de 1,6% pour l’Allemagne, 1,9% pour les Pays-Bas et 0,86% pour le Luxembourg. Seule la France affiche un taux proche de la Belgique avec 2,35%[note]. Ce faisant, il serait réellement temps de s’interroger sur les stratégies de gestion de cette crise sanitaire compte tenu des résultats dramatiquement calamiteux affichés par le Royaume en comparaison avec ses voisins. Ces derniers ayant une sociologie, un niveau de vie ainsi qu’une démographie comparable

Résumé des indicateurs clés de cet épisode épidémique* :

Taux d’hospitalisation (nombre d’hospitalisation par cas recensés) : 4,4%Proportion des patients hospitalisés admis en réanimation : 20% (0.88% des cas)Proportion des patients en réanimation sous respirateurs : 60% (0,53% des cas)Taux de létalité apparent de l’épisode automnal (depuis le 15 septembre) : 1,07%Âge médian des décès : 82 ans

*Du 15/09/2020 au 18/11/2020

En conclusion, Il semble très probable que le SARS-Cov2 prenne une tendance à la saisonnalité et qu’une variante particulière du SARS-Cov2 soit à l’origine de ce pic épidémique d’automne. Contrairement à ce que la doxa politico-médiatique voudrait distiller, cette recrudescence de l’épidémie n’est pas due à un « relâchement des comportements du citoyen » mais à une évolution classique, identifiable et quantifiable de la dynamique de l’épidémie virale.

À ce jour, le pic de l’épidémie de Sars-Cov2 en Belgique est clairement dépassé et a probablement eu lieu durant la semaine 43 (aux alentours du 25 octobre), soit avant les mesures les plus coercitives prises par les autorités à la fin du mois d’octobre, ce qui pose un énorme doute sur leur efficacité et leur légitimité.

Dans une fuite en avant inconsidérée, notre gouvernement appuyé par une expertocratie unanime et dogmatique a plongé le peuple dans un nouveau confinement aux lourdes conséquences, sans réellement analyser la situation ni attendre l’évolution de la situation épidémiologique. Sans compter que les mesures restrictives prises par le passé ont même peut-être pu favoriser cette situation !

À rappeler que l’efficacité du confinement n’est nullement démontrée : les pays ayant appliqué cette mesure de manière drastique sont parmi ceux qui ont les taux de mortalité par habitant les plus catastrophiques en Europe : Belgique, Espagne, Italie, Royaume-Uni et France. Ajouter à cela qu’une étude de séroprévalence menée par les autorités espagnoles sur plus de 60 000 sujets a montré que les personnes confinées ont été davantage contaminées que les personnes ayant continué leurs activités professionnelles dans les secteurs essentiels. Des données, confirmées par une autre étude italienne, qui peuvent légitimement mettre en doute la stratégie du confinement comme solution pour faire face à l’épidémie[note][note].

De plus, les preuves de l’inefficacité du confinement sur la mortalité globale semblent confirmées par l’étude française de l’IRMES en collaboration avec l’Université de Toulouse. Les chercheurs ayant analysé les données de 188 pays à travers le monde sur 9 mois n’ont pas observé de corrélation entre rudesse des mesures sanitaires et réduction de la mortalité, certains indices penchant même plutôt pour l’inverse[note]. Les dégâts collatéraux des stratégies sanitaires les plus restrictives, tel que le confinement, semblent faire pencher la balance du côté des risques plutôt que des bénéfices. Comme le montrent plusieurs études britanniques qui mettent en évidence une recrudescence sans précédent de cancers tardivement diagnostiqués et de conséquences lourdes sur des pathologies non prises en charge comme les accidents cardiovasculaires. Sans compter les suicides, dépressions et la recrudescence des violences intrafamiliales[note].

Par ailleurs, le phénomène de saturation des hôpitaux publics semble davantage imputable au manque chronique des ressources hospitalières ainsi qu’aux choix de stratégies sanitaires de nos autorités, comme celle d’une absence de politique de prise en charge des patients en ambulatoire, facteur probable d’aggravation de la pathologie chez nombre de patients. Face au même virus, nos voisins hollandais, allemands et luxembourgeois s’en sont bien mieux sortis que nous, ce qui traduit indubitablement un problème de gestion conséquente de la crise. La Belgique faisant figure de très mauvais élève sur le plan de la mortalité et de la létalité, il semble légitime de s’interroger sur le bien-fondé de mesures sanitaires qui ne donnent que peu de résultats. Cependant, l’appareil politico-médiatique, non content de ne pas remettre en cause ces mesures, continue éhontément de verser dans une dialectique culpabilisante du citoyen, rendant tacitement ce dernier unique responsable des évolutions de l’épidémie ainsi que des tensions hospitalières.

Une des nombreuses questions à poser au sujet de cette crise sanitaire est : pourquoi la Belgique affiche-t-elle un résultat aussi catastrophique en matière de mortalité par rapport à ses voisins ?

Cette question mérite plus que jamais réflexions et réponses !

Voir https://www.transparence-coronavirus.be, dont l’auteur est membre.

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Lettre ouverte à Franck Vandenbroucke

Questions citoyennes concernant la politique de gestion de lutte contre la covid19 et les mesures sanitaires. 

Ce courrier a été envoyé ce 17 novembre par Annes Bouria au ministre de la Santé et également transmis à Éliane Tillieux, présidente de la Chambre des représentants. 

« Monsieur le Ministre fédéral en charge de la santé publique,

Dans le cadre d’une interpellation purement citoyenne, permettez-moi de vous solliciter en vue d’obtenir des réponses aux questions relatives aux articles en annexe à la présente et concernant la mise en perspective des chiffres sur la covid en Belgique[note].

Qu’ont concrètement mis en place les autorités fédérales en ce qui concerne les moyens hospitalierspour faire face à la situation de « 2eme vague » qu’elles redoutaient tant depuis plus de 6 mois ?Pourquoi n’existe-t-il absolument aucune politique de prise en charge des patients atteints de lacovid en ambulatoire (hors hospitalisation) ? Cette politique de non prise en charge ne serait-elle pas,entre autres, à l’origine de la sur-fréquentation hospitalière covid, et à fortiori de la surmortalité covid?Au vu de la fiabilité discutable en terme diagnostic des tests PCR de détection du SARS-Cov2, des patients admis et répertoriés « covid », sont-ils tous malades à cause d’une infection au SARS-COV2, ou certains sont-ils victimes d’autres infections respiratoires tout en étant porteurs du SARS-COV2 sans que ce dernier soit la cause majeure de leur état clinique ? Idem pour les décès classés « covid », peut- on affirmer avec certitude que les décès « covid » ont bien tous pour origine majeure une infection au Sars-Cov2 ?S’il est communément admis qu’il s’écoule généralement un délai de 10 à 15 jours entre des mesures sanitaires prises pour limiter la propagation du Sars-Cov2 et ses effets escomptés, comment prouver l’efficacité de ce nouveau confinement sur l’évolution de l’épidémie sachant que, comme il est démontré dans l’article, le pic de cet épisode épidémique fut atteint aux alentours du 25 octobre ? Quelles sont les preuves scientifiques en terme d’efficacité des mesures de confinement sur la mortalité générale ? Pourquoi n’avoir jamais évalué sérieusement la balance risque/bénéfice de la stratégie de confinement, tant en matière médicale que socio-économique ?S’il semble très probable que le SARS-Cov2 prenne une tendance à la saisonnalité et qu’une variante particulière du SARS-Cov2 (le variant4) soit à l’origine de ce pic épidémique d’automne, pourquoi maintenir une dialectique de culpabilisation du citoyen rendant ce dernier principalement responsable, par ses comportements, de la situation, alors que cet épisode automnal traduit une évolution classique, identifiable et quantifiable de la dynamique d’une épidémie virale ? Pourquoi maintenir la même politique sanitaire pour une infection virale qui a vu son taux de létalité apparent divisé par 5 au cours des 6 derniers mois dans notre pays (15,7% au 31 Mai 2020 contre 2,8% à ce jour) ?Dans le cadre des éventuelles futures campagnes de vaccination que votre législature semble pressée d’engager, pouvez-vous garantir à chaque citoyen le droit au consentement éclairé ainsi qu’au refus de se voir administrer ce vaccin à la technologie inédite, et ce, en vertu de la loi sur les droits des patients du 22 aout 2002, du respect de l’article 23 de la constitution et du code de Nuremberg ?Enfin, quelle est la légitimité constitutionnelle des mesures sanitaires prises récemment? Les membres de votre gouvernement sont-ils conscients des conséquences lourdes sur le plan des libertés fondamentales ainsi que sur la pérennité d’un état de droit démocratique?

Dans l’attente de vous lire, je vous remercie d’avance pour l’attention que vous porterez à cette requête et vous prie d’accepter, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Annes Bouria — PharmacienMembre du Collectif interprofessionnel Transparence-Coronavirus pour l’objectivité de l’information et la liberté thérapeutique. »

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Articles

Vaccins, brevets et biens communs à l’ère du Covid-19

Dans le domaine pharmaceutique, la propriété intellectuelle, et notamment les brevets, font couler beaucoup d’encre depuis des décennies. Tandis que les uns soutiennent que les brevets seraient des incitants indispensables à la recherche pharmaceutique, les autres mettent l’accent sur le fait qu’ils sont responsables des prix exorbitants de certains traitements (cancers, maladies rares, hépatite C) non soutenables pour les systèmes d’assurance santé, ou encore de problèmes d’accès à des traitements essentiels dans certains pays. 20 ans après la lutte pour l’accès aux traitements contre le VIH dans les pays du sud[note], la crise sanitaire actuelle met à nouveau la problématique des brevets sur le devant de la scène[note].

Ces derniers mois, des dizaines d’analyses favorables à un assouplissement du droit de la propriété intellectuelle ont fait l’objet d’articles de presse. Ces publications ont rapporté de nombreuses propositions et initiatives prises à travers le monde et exprimant une demande, provenant tant de la société civile que de certains États, d’aménagements des régimes de protection de la propriété intellectuelle sous des formes diverses[note]. Cette demande d’assouplissement de la propriété intellectuelle existe depuis plusieurs décennies, mais elle émanait auparavant essentiellement d’acteurs dont les intérêts n’étaient pas rencontrés par les régimes de protection de la propriété intellectuelle (pays en développement ou émergents, ONG). Elle a tout de même donné lieu en 2001 à la Déclaration de Doha sur l’Accord des ADPIC et la santé publique qui facilite (dans une certaine mesure, tout relative) l’octroi de licences obligatoires. Or, entre mars et juillet, cette demande d’aménagements a semblé être aussi le fait d’acteurs plus puissants, traditionnellement partisans d’un renforcement de la propriété intellectuelle, comme la France, par exemple, dont le président a évoqué l’idée que le vaccin contre le Covid-19 devrait être un bien public mondial disponible, accessible et abordable pour tous[note], ou comme l’Allemagne et le Canada qui, selon MSF, auraient modifié leurs législations pour faciliter les licences obligatoires[note].

On peut donc légitimement s’interroger : cette demande est-elle réelle de la part des pays traditionnellement partisans de régimes de propriété intellectuelle forts, ou s’agit-il juste de communication ? Cette demande a‑t-elle des chances d’aboutir et de profiter à l’ensemble des pays, communautés, acteurs des secteurs de la recherche et de la santé, et malades ? Aura-t-elle des implications temporaires limitées à la crise du Covid-19 ou des implications à long terme en matière de protection de la propriété intellectuelle qui pourraient bénéficier à d’autres recherches pharmaceutiques ou médicales, ou même à d’autres secteurs ? L’espoir, pour les malades, pour les systèmes d’assurance santé, pour les pays en développement est-il permis ?

Le retour du commun?

Entre mars et août 2020, l’espoir semblait effectivement permis, car on a pu lire également dans la presse un certain nombre de publications présentant le système de santé comme « un commun essentiel », le médicament comme « un bien commun », la philosophie des communs comme « une stratégie de survie à la pandémie », le thème des communs comme « un thème central dans les réflexions sur le monde d’après », la crise du coronavirus comme ayant « remis au premier plan les obligations du commun », etc. Bien au-delà de simples aménagements des régimes de protection de la propriété intellectuelle, les auteurs de ces publications appelaient à construire des biens communs qui échappent à l’appropriation et à l’exploitation privatives, à instituer politiquement des communs mondiaux qui soient gérés démocratiquement, à recréer de véritables services publics solidaires, mais aussi des coopérations citoyennes pour « réveiller » et renforcer l’État social défaillant.

Le point de vue de l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle) diffère toutefois de ces projets « idéalistes ». Le directeur général de l’OMPI estime qu’à ce stade, dans un contexte où, selon lui, près de 70% de la recherche-développement est financée et menée par le secteur privé contre environ 30% par l’État, le principal enjeu politique réside avant tout dans l’obtention de traitements contre le covid-19 plutôt que dans celui de l’accès à des traitements (puisque ces derniers n’existeraient pas encore), dans le soutien aux innovations qui contribuent à la gestion de la crise (par exemple l’élaboration d’applications de traçage) et dans l’amélioration des équipements médicaux vitaux. Dès lors, ce sur quoi les gouvernements devraient se concentrer, ce sont les incitations à l’innovation, parmi lesquelles la propriété intellectuelle[note].

Concernant les obstacles à l’accès aux innovations essentielles à des prix abordables, il en existe, selon lui, de nombreux : manque de moyens de production, entraves à la libre circulation, infrastructures en matière de transport, de santé, de numérique, etc. Mais « rien de tout cela n’a trait à des questions de propriété intellectuelle ». Certes, nuance-t-il, la propriété intellectuelle peut aussi constituer une entrave à l’accès, mais des mécanismes existent déjà pour faire face à cet éventuelle situation : les licences obligatoires et les licences de droit des technologies brevetées incorporées dans des fournitures médicales et des médicaments essentiels, ainsi que le recours à des exceptions concernant les œuvres culturelles et éducatives. Mais le recours éventuel à ces mécanismes, s’il a lieu, doit être ciblé et temporaire pour ne pas porter atteinte à l’innovation. Des initiatives existent déjà en rapport avec le covid-19, poursuit le n°1 de l’OMPI : accords de licence novateurs, publication de données scientifiques en libre accès, publication des spécifications techniques des équipements essentiels (notamment les respirateurs) pour permettre leur fabrication par des tiers, renonciation à l’application de certains brevets. Les gouvernements peuvent aussi prendre des mesures, comme « la réquisition des capacités de production, le recours aux marchés publics ou l’injection de capitaux et l’assouplissement des crédits pour les jeunes entreprises et les petites et moyennes entreprises afin d’assurer la survie de l’innovation ».

Pour l’OMPI, les mesures existantes seraient donc suffisantes, l’essentiel étant de stimuler l’innovation via les droits de propriété intellectuelle. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la voix de l’OMPI est en réalité celle des États qui ont un intérêt à préserver des systèmes de protection de la propriété intellectuelle forts. Ces États introduisent (ou font mine d’introduire) des aménagements, car c’est dans leur intérêt en cette période particulière, mais leur ligne directrice reste bien celle du respect des droits de propriété intellectuelle.

Que peut-on répondre à l’OMPI ? Premièrement que l’affirmation selon laquelle près de 70% de la recherche-développement est financée et menée par le secteur privé contre environ 30% par l’État semble devoir être nuancée au regard de l’argent public reçu, en temps normal, par le secteur privé sous forme de subventions, de garanties sur des prêts, d’incitants fiscaux, de remboursements par la sécurité sociale, ou encore au regard de l’évasion fiscale des géants pharmaceutiques[note]. Et cette affirmation est encore plus discutable dans le contexte de la crise du Covid-19 qui a vu les États financer la recherche pharmaceutique privée à coup de milliards.

Deuxièmement que si les traitements ne sont pas connus, cela ne signifie pas pour autant qu’ils n’existent pas déjà dans l’immense pharmacopée dont dispose l’humanité, dont une partie est dans le domaine public. On a ainsi assisté à un épisode fortement médiatisé où un médicament répandu et bon marché, dont un médecin et chercheur réputé affirmait, sur base de sa pratique, qu’il pouvait, prescrit en début de maladie, accélérer la guérison du Covid-19, a été interdit en vertu de démonstrations parfois fort peu scientifiques. Sans prendre position dans ce débat, on ne peut pas nier que, de façon générale, il est plus intéressant pour le secteur pharmaceutique de bénéficier de soutiens et d’incitants à la R‑D plutôt que de découvrir qu’un remède se trouverait déjà dans le domaine public et serait aisé et peu coûteux à produire.

Statu quo versus bouleversement bénéfique 

Et troisièmement, on pourrait, à l’inverse de l’OMPI, soutenir que les véritables enjeux politiques, sociaux et sanitaires seraient plutôt de financer ou de refinancer (selon les pays) le secteur de la santé (hôpitaux, personnels de santé) et les systèmes d’assurance santé ; de protéger les personnes à risque et de soigner correctement les personnes âgées[note] ; de développer la prévention (renforcement du système immunitaire via un mode alimentaire et un mode de vie propices à un meilleur état de santé et à une meilleure résistance) ; d’apprendre de nos erreurs en remettant en question l’ensemble des pratiques qui se trouvent peut-être à la source de l’émergence de cette épidémie ; et de réinterroger notre rapport à la vie et à la mort, ainsi qu’aux jeunes générations, dont les besoins vitaux sont actuellement niés et sacrifiés et qui vont se retrouver démunies dans un paysage économique, social et culturel dévasté.

Entre ces deux visions antagonistes (celle qui projette de développer des biens communs globaux ou au minimum d’assouplir les normes de propriété intellectuelle, et celle d’un respect strict de ces normes), dans quel sens évoluent concrètement les choses ? Sans surprise, ce que l’on observe aujourd’hui, c’est une situation globale défavorable à un assouplissement de la propriété intellectuelle.

En témoigne, pour commencer, la valse des dépôts de brevets sur des candidats vaccins qui a déjà débuté. En pleine crise sanitaire mondiale, certains n’hésitent d’ailleurs pas à prôner la nécessité d’allonger encore la durée de protection des brevets au-delà des 20 ans prévus par la loi sous prétexte d’encourager la recherche d’un vaccin[note].

Interrogée sur les déclarations d’E. Macron assimilant le vaccin contre le Covid-19 à un bien commun, Nathalie Coutinet[note], économiste de la santé, rappelle que les accords internationaux (et même bilatéraux) vont au contraire dans le sens d’un renforcement permanent des droits de propriété intellectuelle, ce que ne peut ignorer le président français. L’OMC a bien prévu des mécanismes de licences obligatoires, mais ceux-ci se sont révélés être un quasi-échec face aux menaces de certaines entreprises et face au rapport spécial 301 américain qui autorise des mesures de rétorsion en cas d’atteinte à ses droits de propriété intellectuelle.

Comme le notent pertinemment certains analystes[note], pour négocier les prix des vaccins ou des traitements, une obligation de transparence sur les fonds publics qui ont contribué à développer ces vaccins ou traitements devrait être de mise, mais ce n’est pas le cas. Des conditions, par exemple en matière de brevets et de plafonnement du prix de vente, devraient être imposées aux programmes de recherche financés, même en partie, par l’argent public. Il est tout à fait possible avec de la volonté politique d’inscrire dans les contrats public-privé des clauses sur les licences des futurs traitements, des clauses sur la transparence des données des essais, ou encore sur l’accessibilité des médicaments. Mais les programmes lancés par l’Union européenne ne semblent pas faire clairement mention de ces garanties. La Commission européenne soutient l’octroi de licences volontaires liées aux traitements et aux vaccins contre le Covid-19. Mais rien ne permet encore de dire si cet engagement sera suffisant pour garantir un accès universel[note]. Et concernant les licences obligatoires, elles ne sont pas applicables partout : il faut, au pays qui souhaite en bénéficier, des capacités de production[note].

Un article d’Alternatives économiques fait donc le point sur la situation[note]. Entre 7 et 10 ans sont généralement nécessaires pour mettre un vaccin sur le marché (quand on le découvre). Dans la situation actuelle, pour gagner du temps, les différentes étapes de la recherche ont lieu simultanément. La phase de développement se fait elle aussi en parallèle de la recherche : la production est entamée avant les résultats définitifs et l’autorisation de mise sur le marché, dans l’espoir que ceux-ci soient positifs. Cette procédure inédite (et peu orthodoxe) est extrêmement coûteuse, d’autant que les doses produites devront être détruites si les résultats s’avèrent négatifs. Et bien que l’essentiel de l’argent investi (financement et précommandes) soit public, les montants totaux investis ne sont pas précisément connus, même si l’on sait qu’ils se chiffrent en milliards. 

Les pays riches se réservent des millions de doses, tandis que les pays pauvres dépendent du programme Covax qui a pour mission de réserver des doses de vaccin pour les mettre à disposition de ces pays, gratuitement pour certains et à des prix accessibles pour d’autres. Malgré ces subventions publiques, les brevets seront privés, confirme Nathalie Coutinet, bien qu’il n’y ait pas eu de prise de risque privée de la part des entreprises elles-mêmes. En effet, il est de plus en plus évident que les vaccins ne seront pas un bien public mondial, car les droits de propriété intellectuelle ne seront pas abandonnés : les firmes négocient déjà des accords bilatéraux avec d’autres producteurs afin d’augmenter les capacités de production[note].

Le 16 octobre 2020, dans le cadre de l’OMC, les États-Unis, l’UE, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suisse, le Canada, l’Australie ont d’ailleurs rejeté la demande de dérogations à certaines dispositions de l’Accord sur les ADPIC pour la prévention, l’endiguement et le traitement du Covid-19, une demande qui était soumise par l’Afrique du Sud, l’Inde et d’autres pays du « Sud » et soutenue par l’OMS[note]. Et même le tout récent avant-projet de recommandation de l’UNESCO sur une science ouverte[note] admet que si « la science ouverte critique et transforme les limites de la propriété intellectuelle pour améliorer l’accès au savoir pour tous », « l’approche ouverte ne remet pas en question l’utilisation de la propriété intellectuelle comme moyen de tirer profit de l’exploitation et de l’utilisation privées des connaissances pour créer de nouveaux produits ou services compétitifs susceptibles de générer des retombées économiques concrètes » (article 14). Aucun ébranlement, donc, du côté des fondements du droit de la propriété intellectuelle devant lequel la vie, la santé, le savoir semblent devoir se plier, encore et toujours.

Quelques autres constats méritent encore d’être exposés avant de conclure. Rappelons tout d’abord qu’en 1953, Jonas Salk refusa de breveter le vaccin contre la polio qu´il avait découvert : une conduite éthique de ce type ne semble plus envisagée de nos jours. De nombreux observateurs notent que l’incitant des brevets conduit les grandes entreprises pharmaceutiques à se concentrer sur des marchés porteurs et à réduire leurs investissements dans les domaines médicaux essentiels, dont les infections bactériennes ou virales[note].

Avant l’apparition de l’épidémie du Covid-19, les principales analyses prévoyaient un fort ralentissement du taux de croissance de l’industrie du médicament en raison de l’expiration prochaine des périodes d’exclusivité commerciales de nombreux médicaments[note]. Dans ce contexte, le vaccin contre le Covid-19 apparaît comme le nouvel eldorado de l’industrie pharmaceutique.

Enfin, dans un reportage, Marie-Paule Kieny, directrice du Medecines Patent Pool, reconnaît qu’il ne serait peut-être pas prudent de vacciner trop de monde lors des premiers mois de disponibilité du vaccin, car on manque encore de données relatives à la sécurité[note]. Malgré cet aveu, elle insiste sur le fait qu’il va falloir « convaincre » la population de se faire vacciner, et reconnaît qu’en France, elle a contribué au mouvement qui a conduit à rendre la vaccination obligatoire en raison des oppositions croissantes à la vaccination. Elle n’hésite pas à faire de la vaccination future contre le Covid-19 une question d’éthique[note] et de responsabilité individuelle « les urgences saturées pour éviter et les morts en Ehpad », alors que ces deux situations sont manifestement le résultat de politiques sanitaires défaillantes qui pourraient (avec une volonté politique) être rectifiées à l’avenir, indépendamment de la vaccination.

Que pouvons-nous conclure de tout ce qui précède ? De nombreuses demandes favorables à un assouplissement des régimes de propriété intellectuelle ont été formulées ces derniers mois par la société civile et par plusieurs États, certains acteurs revendiquant même de placer dans le domaine public tous les résultats des recherches portant sur le covid-19, y compris les vaccins qui pourraient être découverts. Nous avons vu toutefois que la réalité était toute autre et ne rencontrait en rien ces demandes et ces propositions : les laboratoires ont en effet bel et bien l’intention de revendiquer leur propriété intellectuelle, malgré l’investissement public massif qui leur a été accordé. Ces droits de propriété intellectuelle auront-ils pour conséquences des prix excessifs et/ou des difficultés d’accès aux vaccins pour certaines populations ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer, mais on peut au minimum craindre que les pays qui ont déjà investi des milliards dans la recherche privée aient à nouveau à financer ou à rembourser l’achat de ces vaccins, déversant une fois de plus vers ces acteurs privés un flot d’argent public dont ils devront désormais se passer pour d’autres projets de société. Il est possible aussi que certains pays plus pauvres aient eux aussi à débourser des sommes à hauteur de leurs capacités financières.

Mais le plus inquiétant, outre les milliards d’argent public littéralement siphonnés alors que l’investissement public s’avère plus que jamais indispensable pour renforcer les systèmes de soins de santé et de protection sociale, c’est que la vie sociale, économique, culturelle, scolaire, relationnelle, familiale et démocratique soit mise à l’arrêt manu militari jusqu’à l’arrivée des vaccins. Peut-on considérer comme un bien des vaccins obtenus à un tel prix économique et social, et dont rien, à part des déclarations qui n’engagent personne, ne nous garantit qu’ils seront sûrs et efficaces, vu la rapidité de leur mise au point et la brièveté de leurs phases de test ? En effet, en cas d’effets secondaires délétères, les laboratoires ne seront, dans plusieurs pays, pas tenus pour responsables, ni poursuivis[note].

Par ailleurs, pour reprendre plusieurs questionnements scientifiques, n’y a‑t-il aucun risque à se faire vacciner après avoir contracté la maladie ? Quel est l’intérêt de chercher un vaccin pour une maladie qui n’est pas immunisante, ou très peu longtemps, à moins de se refaire vacciner sans arrêt, ce qui constituerait un vrai jackpot pour la ou les laboratoires qui feraient admettre un tel principe ? Les mutations du virus ne pourraient-elles pas rendre inutiles les vaccins mis au point, voire déjà inoculés ? Interview d’un responsable de Moderna: « Nous espérons qu’avec l’ARN messager, il sera possible d’administrer des doses répétées et de continuer à renforcer la réponse immunitaire au fil du temps, si nécessaire.» Et si le virus mute ? « C’est une possibilité, mais là encore nous aurions les moyens de réagir vite[note]». Propos confirmés par E. André qui ajoute que d’autres vaccins pourraient compléter l’immunité de ceux qui auront reçu les vaccins ARN[note]. Ce n’est donc pas un, mais plusieurs vaccins (dont certains, comme les vaccins à ARN, d’un type jamais expérimenté auparavant) que nous devrions nous faire inoculer.

Malgré les objections liées à l’intérêt réel et à la sécurité de ces vaccins conçus à la va-vite, il faut s’attendre à ce que les pays riches aient bien trop investi dans les recherches et les précommandes (1,4 milliard de doses commandées à ce jour par l’UE pour 446 millions de citoyens européens)[note] pour nous laisser la liberté de vaccination[note]. Une publication française rappelle d’ailleurs déjà « que si chaque personne a le droit de refuser les soins qui lui sont proposés au nom du respect de la vie privée et de l’intégrité physique, l’obligation vaccinale constitue une des exceptions, et ce parce qu’elle poursuit un objectif de santé publique (…) Une 12ème vaccination avant 18 mois ? C’est dans ce contexte que se situera la possibilité d’une vaccination contre le covid-19 ».

Or, à quoi bon vacciner les populations qui ne sont pas à risque (sinon à engranger plus de profits) si les personnes à risque, responsables de leur santé, se protègent ou prennent, si elles le souhaitent, la décision de se faire vacciner, ou acceptent le risque de contracter un jour le virus (tout comme elles ont vécu jusqu’ici avec le risque de contracter une grippe) ? Car ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une fois le principe du vaccin obligatoire admis, la porte sera grande ouverte pour la répétition du même scénario (masques, distanciation, confinement… ou vaccination périodique obligatoire) pour la grippe par exemple, puis pour la panoplie des vaccins disponibles sur le marché (et qui, vu les perspectives de profits, ne manqueront pas de se multiplier à toute vitesse). Avec pour justification propagandiste un idéal chimérique d’éradication des virus pathogènes.

Face à cette course au profit sans précédent dont on ne soupçonne même pas l’ensemble des tenants et aboutissants, face à l’engloutissement et la privatisation d’investissements publics faramineux dont on n’ose pas encore imaginer les impacts sur l’avenir, face aux conflits d’intérêts manifestes de certains experts nationaux, de certains politiciens et des médias mainstream dans de nombreux pays[note], face à la censure alarmante exercée par voie de discrédit public sur des personnes avisées qui tentent d’apporter d’autres éclairages[note], face aux soupçons d’inexactitudes dans le dénombrement des cas positifs et des décès réellement imputables au Covid-19 et face aux bouleversements et impacts sociétaux inédits et déjà irréparables qu’une majorité de gens ne semblent pas encore réaliser[note], chacun de nous, jeunes et moins jeunes, devrait se demander si la recherche de vaccins pour le Covid-19, dans les conditions actuelles de leur élaboration, vaut vraiment de tels dégâts qui équivalent à un suicide sociétal, et peut-être même civilisationnel.

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Mise en perspective au sujet de l’augmentation des « cas » covid et des hospitalisations

Recensés par Sciensano, relayés sans filtre par les médias et utilisés par notre gouvernement à des fins politiques, les chiffres nous font quotidiennement tourner la tête. Annès Bouria nous en donne pourtant de façon hebdomadaire une toute autre interprétation.

Analyse est établie sur base du rapport épidémiologique Sciensano en date du 09/11/2020.[note]

Ci-dessous, nous allons analyser en A, les graphiques épidémiologiques de la covid publiés par Sciensano, dans l’ordre : 1 le nombre de cas, 2 et 3 les hospitalisations, 4 les patients en soins intensifs, 5 la mortalité.

Également, en annexe, nous avons : en B, Un graphique publié par Christophe de Brouwer, Professeur à l’Ecole de Santé Publique de l’ULB, représentant l’évolution au cours du temps de l’Indice de gravité reprenant 4 variables (les nouvelles hospitalisations, les hospitalisations, les patients en USI et la mortalité Covid) exprimés en logarithme népérien. En C, Un graphique du taux de positivité des tests PCR issu du rapport Sciensano du 09/11/2020 (voir note de bas de page 1). En D Un graphique des données de mortalité globale de 2016 à 2020 établi par Statbel[note]. Et enfin en E, un graphique de la fréquence de l’identification du variant « espagnol » du Sars-Cov2 au sein d’échantillons prélevés chez des malades dans divers pays Européens issus de l’étude de Hodcroft et Al.[note]

On constate désormais une diminution significative du nombre de tests positifs qui sont passés à 10500 par jour en moyenne hebdomadaire. Il est toujours bon de rappeler qu’il ne s’agit pas toujours de « cas » au sens clinique du terme et que la majorité présente des formes bénignes de la maladie.

Pour connaître a priori la proportion de cas jugés sérieux, l’indice consiste à rapporter le nombre moyen d’admission journalière de 620 patients aux 10500 positifs, cela fait 5,9 % des positifs nécessitant une hospitalisation. Un chiffre en augmentation relative, qui est due au fait d’avoir atteint le pic de cet épisode épidémique, comme nous allons le démontrer plus loin.

Il faut rappeler également que ce pic de positifs n’est absolument pas comparable à celui de mars-avril où l’on ne testait que les patients arrivés à l’hôpital à des stades très avancés. Aujourd’hui, la politique de test reste encore très large, plus de 400 000 tests ont été réalisés la semaine précédente (semaine 44). Le nombre de tests PCR avoisine les 60 000 par jour et près d’un million et demi de tests ont été réalisés durant le mois d’octobre. Au cours de cette campagne de testing massive, la décision de ne plus tester les asymptomatiques fut de bon aloi, car depuis cet été, la politique de testing n’était pas ciblée et l’on détectait majoritairement des porteurs sains dont la contagiosité n’est pas établie[note].

En ce qui concerne la courbe des hospitalisations classées « covid », elle commence clairement à montrer des signes d’inflexion. Ceux-ci sont plus nets sur les graphiques dynamiques du monitoring sciensano[note].

Faisons le point avec quelques chiffres : les patients covid occupent actuellement 6900 lits, soit environ 19% de l’ensemble des lits disponibles en clinique sur tout le territoire (37 000) ou 86% des 8000 lits potentiellement disponibles pour les cas covid[note]. Les 620 hospitalisations quotidiennes moyennes classées « covid » pour la semaine du 1 au 8 novembre représentent moins de 52% des quelques 1200 contact hospitaliers quotidiens pour plaintes respiratoires selon les données de 2017 du SPF Santé publique[note]. Pour 620 admissions quotidiennes moyennes environ 550 sorties sont recensées. Le chiffre des sorties rejoint celui des admissions, ce qui est un signe d’inflexion de la courbe des hospitalisations.

A noter également que la répartition des hospitalisations n’est pas homogène : Bruxelles et la Wallonie supportent près de 70% des nouvelles admissions.

La menace, exposée par les experts, ayant conduit les autorités politiques à durcir les mesures sanitaires, est celle de la saturation des hôpitaux. Bien que la situation soit effectivement très tendue dans les unités covid, le phénomène de saturation des hôpitaux en période de recrudescence des affections respiratoires saisonnières n’est malheureusement pas nouveau, il y eut des épisodes de saturations hivernales en 2017 ainsi qu’en 2019 lors des épidémies de grippe[note][note]. Si l’on veut sonder les raisons de cette saturation chronique des hôpitaux, il est important de tenir compte de la nette diminution des lits disponibles pour les affections aigües dans les hôpitaux depuis 30 ans, ils sont passés de plus de 55 000 à 37 000 malgré l’augmentation de la population et son vieillissement ! Il serait par ailleurs intéressant d’interroger les autorités pour savoir ce qu’elles ont concrètement mis en place en ce qui concerne les moyens hospitaliers pour faire face à la situation qu’elles redoutaient tant depuis plus de 6 mois.

Outre le fait que la situation en milieu hospitalier et même en ambulatoire est fortement alourdie par des protocoles « covid » empêchant le personnel médical se concentrer sur sa fonction première qui est de soigner[note][note][note], le point essentiel à mettre en évidence est qu’il n’existe absolument aucune politique de prise en charge des patients atteints de la covid en ambulatoire (hors hospitalisation). Dans cette épidémie, les médecins généralistes censés être en première ligne sont mis hors course. Selon les recommandations officielles, ils n’ont qu’une seule tenue de route à suivre en ce qui concerne les cas positifs symptomatiques : isolement, prise de paracétamol et, in extremis, orientation vers un centre hospitalier en cas de détérioration de l’état du patient[note]. De l’histoire de la médecine, c’est du jamais vu ! Cette politique de non prise en charge ne serait-elle pas, entre autres, à l’origine de la sur-fréquentation hospitalière covid ?

Enfin, d’autres points importants sont à ajouter à ce manque manifeste de gestion conséquente en matière de santé publique. Il est à noter que depuis une semaine de confinement, certains services hospitaliers sont anormalement sous-fréquentés pour cette période, notamment les services de pédiatrie[note]. Le SPF santé publique a même publié ce 6 novembre un avis sur les réseaux sociaux qui incitait les patients à ne pas hésiter à prendre contact avec leur médecins traitant ou spécialiste en milieu hospitalier car ces derniers voyaient moins de patients que d’habitude[note]. En outre, ces situations de confinement répétés font que la télémédecine, bien qu’extrêmement discutable en termes de fiabilité et de déontologie, est en passe de devenir la norme[note].

Nous avons vraisemblablement dû faire face à un nouvel épisode épidémique de covid. Cependant, mis à part les tensions hospitalières manifestes, cet épisode est-il de même ampleur que le premier ? A priori, les courbes d’hospitalisation actuelles dépassent celle du mois de mars, mais Il faut surtout tenir compte du fait que l’apparition des maladies respiratoires saisonnières (automne-hiver) implique davantage de suspicions de cas cliniques covid. Les test PCR, dont la sensibilité très élevée et la spécificité non absolue, ne sauront pas toujours distinguer la covid des autres infections respiratoires saisonnières. C’est le problème des faux positifs.[note]

J’insiste sur le fait qu’il s’agit de faux positifs au sens diagnostique du terme et non pas au sens technique. Le test détecte bien une trace du virus, mais sans que cela ne nous renseigne pertinemment sur l’étiologie de l’état clinique du malade.

La difficulté réside donc dans le fait de distinguer clairement les affections respiratoires saisonnières du covid, chose qui n’est absolument pas possible d’établir avec certitude.

Les patients admis et répertoriés « covid » sont-ils tous malades à cause d’une infection au SARS-COV2, ou sont-ils victimes d’autres infections respiratoires tout en étant porteurs du SARS-COV2 sans que ce dernier soit la cause majeure de leur état clinique ?[note]

Il est important de noter que selon certaines études, en fonction de la sensibilité des tests PCR, jusqu’à 90% des tests positifs à la détection du SARS-COV2 n’ont aucune signification médicale lorsqu’ils sont systématisés de manière aussi importante. En effet, un article du New York Times fait état de cette proportion très élevée de positifs non pertinents sur le plan clinique lorsque le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR dépasse 30[note]. Et en Belgique, le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR va de 30 à 35 (voir nbp 17).

Si les cycles CT des PCR réalisés sont trop élevés, les tests sont hypersensibles et ne peuvent donc pas déterminer, même en étant positifs, si le patient est bien malade de la covid.

Tous ces malades étiquetés « covid » qu’ils soient réellement atteint ou non de cette maladie, engendreront de fait une saturation rapide du système hospitalier en raison de la lourdeur protocolaire de leur prise en charge.

Ajouter à cela que certains patients admis pour tout autre chose que la covid, subissent des tests PCR, et s’ils sont positifs, ils sont répertoriés « admission hospitalières covid »!

Le nombre de patients en soins intensifs (USI) qui suivait également de manière exponentielle les hospitalisations, ne va probablement pas tarder à s’infléchir, ceci se voit également sur les graphiques dynamiques du monitoring Sciensano. Les patients en USI ont atteint à ce jour le nombre de 1464 sur l’ensemble du territoire. C’est à peu près 70 % de la capacité en lits de soins intensifs en Belgique (environ 2000)[note].

Concernant l’état de saturation des unités de soins intensif en Belgique, ce n’est malheureusement pas non plus une situation exceptionnelle. Selon les dires du Docteur Philippe Devos, intensiviste au CHC Liège, lors du pic épidémique de grippe du mois de janvier/février 2020, le taux d’occupation des lits en USI était de plus de 90% ! Et ce, par des patients ayant développé des complications à la suite d’un état grippal sévère[note].

La capacité des USI est bien entamée par les cas répertoriés covid. Mais ce qu’il est impératif de mettre en évidence, c’est que les tableaux cliniques covid sont nettement moins sombres qu’en mars/avril. La proportion des patients ventilés a diminué depuis le dernier épisode du mois de mars, et ce sont bien les patients sous respirateurs qui ont les pronostics vitaux les moins bons et qui « encombrent » les USI car leur prise en charge s’échelonne sur plusieurs semaines, ce qui réduit les capacités de « turn-over » des passages en réanimation. En effet, cette amélioration en termes de « lourdeur » des cas est probablement dû à une meilleure prise en charge des patients en amont grâce à une connaissance plus approfondie de la maladie ainsi qu’à l’instauration de traitements comme les anti-coagulants, les corticoïdes ou l’oxygénothérapie qui réduisent les passages en USI et leur gravité.[note]

Il est évident que les protocoles de prise en charge ont changé et que les intubations ne se font qu’en ultime recours. Cette technique médicale très invasive constituait plus de 80% de la prise en charge des patients covid en USI lors du pic épidémique d’avril, contre environ 55% aujourd’hui. Et ceci se confirme par une plus faible mortalité covid à l’heure actuelle.

La mortalité « covid » a augmenté de manière significative : 173 décès par jour en moyenne pour toute la Belgique, mais semble également être en passe d’atteindre un pic. Actuellement, la mortalité covid quotidienne se stabilise et est redescendue sous la barre des 160 décès ce 9 novembre. Pour rappel, il y a près de 300 morts par jour en moyenne en Belgique toutes causes confondues, et ce chiffre peut monter jusqu’à 400 en période hivernale. Il y avait près de 300 décès par jour au pic de mortalité du mois d’avril. La mortalité est pour l’instant environ 2 fois moins importante que lors du pic précédent.

En ce qui concerne le taux de létalité « instantanée », nous sommes à 1,65 %. Un chiffre en augmentation relative qui, à l’instar de la relative augmentation du taux d’hospitalisation, est dû au fait d’avoir atteint un pic épidémique avec un décalage de deux semaines environ entre le sommet de la détection des cas et celui de la mortalité. Pour avoir une idée plus précise du taux de létalité apparent de cet épisode, l’on peut reporter le nombre de décès au nombre de cas répertoriés depuis la mi-septembre. Environ 375 000 personnes ont été testés positives durant cette période pour un décompte total de 2600 décès, ce qui porte le taux de létalité apparent de cet épisode automnal à 0,7%. Un taux de létalité conforme au taux de létalité réel de la covid retrouvé dans la littérature selon les estimations de l’OMS.[note]

On constate donc, fort heureusement, une augmentation de la mortalité covid plutôt faible par rapport aux autres indicateurs, ce qui est un indice majeur d’une moindre gravité de cet épisode par rapport au pic de mars/avril. Je vous renvoie donc au graphique D qui concerne les données de mortalité générale : il n’y a, jusqu’au 25 octobre, qu’une notable mais relativement faible surmortalité générale par rapport aux trois années précédentes en ce qui concerne cet épisode épidémique d’automne 2020. Bien que la mortalité de cet épisode risque sans doute d’encore se démarquer dans les jours suivant le 26 octobre, elle sera sans commune mesure avec le pic de mars /avril.

Le pic épidémique de cet épisode automnal semble avoir été atteint aux alentours du 23 octobre, comme on peut le constater sur le graphique B publié par Christophe de Brouwer, Professeur à l’Ecole de santé publique de l’ULB, qui représente l’indice de gravité covid reprenant 4 variables (les nouvelles admissions, les hospitalisations, les patients en USI et la mortalité covid) en fonction du temps. L’inflexion de cet indice de gravité, rendant compte de plusieurs paramètres souvent décalés au cours du temps, a bien lieu durant la fin de la semaine 43 (du 19 au 25 octobre).

Ceci est tout à fait corroboré par le graphique Sciensano en C où un paramètre majeur de la quantification d’un épisode épidémique, à savoir le taux de positivité des tests covid, atteint son pic peu après le 23 octobre.

S’il est communément admis qu’il s’écoule généralement un délai de 10 à 15 jours entre des mesures sanitaires prises pour limiter la propagation du Sars-Cov2 et ses effets escomptés[note], l’impact de ce nouveau confinement sur l’évolution de l’épidémie est fortement discutable pour ne pas dire absolument nul. On pourrait tout au plus attribuer un éventuel effet des mesures prises début octobre, mais celui-ci reste à démontrer. Il n’en reste pas moins que les mesures les plus coercitives prises après la seconde moitié d’octobre ne peuvent pas être à l’origine de l’inflexion des indicateurs constatés à l’heure actuelle. Le plus évident est que ce pic épidémique d’automne s’est exprimé au travers des divers indicateurs sous la forme d’une banale courbe en cloche sur laquelle les restrictions imposées à la population n’eurent vraisemblablement que peu d’effet.

S’il est communément admis qu’il s’écoule généralement un délai de 10 à 15 jours entre des mesures sanitaires prises pour limiter la propagation du Sars-Cov2 et ses effets escomptés, l’impact de ce nouveau confinement sur l’évolution de l’épidémie est fortement discutable pour ne pas dire absolument nul

Quelle serait donc l’origine de cette recrudescence épidémique ? L’une des hypothèses semblant se confirmer par diverses constatations et études épidémiologiques est que l’Europe occidentale aurait été frappée par une variante du Sars-Cov2 originaire d’Espagne, puis diffusée à travers les autres pays vers la fin de l’été[note] (voir aussi nbp 3).

Ci-dessous, pour bien illustrer le phénomène, un graphique de la fréquence de l’identification du variant en question au sein des échantillons prélevés chez des malades dans divers pays Européens.

Résumé des indicateurs clés* :

Taux d’hospitalisation (nombre d’hospitalisation par cas recensés) : 5,9%

Proportion des patients hospitalisés en réanimation : 21% (1,3% des cas)

Proportion des patients en réanimation sous respirateurs : 57% (0,74% des cas)

Taux de létalité instantanée (nombre de décès par cas recensés) : 1,65%

Taux de létalité apparent de l’épisode automnal (depuis le 15 septembre) : 0,7%

Age médian des décès : 79 ans

*Moyennes sur la semaine du 01/11 au 08/11. Les 4 premiers chiffres sont en augmentation relative dû au décalage dans le temps entre le pic de détection des cas et les pics des hospitalisations, des patients en USI et de la mortalité.

En conclusion

On peut à présent constater un début d’inflexion des indicateurs d’hospitalisations et de mortalité dans la foulée d’un pic de détections de « cas » (positifs PCR). Les prémices de cette inflexion et à fortiori ce pic épidémique ont eu lieu durant la semaine 43 (du 19 au 25 octobre) soit bien avant les effets escomptés des mesures les plus coercitives prises par les autorités à la fin du mois d’octobre.

Il semble très probable que le SARS-Cov2 prenne une tendance à la saisonnalité et qu’une variante particulière du SARS-Cov2 soit à l’origine de ce pic épidémique d’automne. Contrairement à ce que la doxa politico-médiatique voudrait distiller, cette recrudescence de l’épidémie n’est pas due à un « relâchement des comportements du citoyen » mais à une évolution classique, identifiable et quantifiable de la dynamique de l’épidémie virale.

En tout cas, force est d’admettre que l’efficacité des mesures prises depuis la mi-octobre sont extrêmement discutables sur le plan scientifique. Sans parler de leurs conséquences médicales et socio-économiques, ainsi que leur illégitimité en matière démocratique et constitutionnelle . Dans une fuite en avant inconsidérée, notre gouvernement appuyé par une expertocratie unanime et dogmatique a plongé le peuple dans un nouveau confinement aux lourdes conséquences, sans réellement analyser la situation ni attendre l’évolution de la situation épidémiologique.

Contrairement à ce que la doxa politico-médiatique voudrait distiller, cette recrudescence de l’épidémie n’est pas due à un « relâchement des comportements du citoyen » mais à une évolution classique, identifiable et quantifiable de la dynamique de l’épidémie virale

A rappeler que, primo, l’efficacité du confinement n’est nullement démontrée. Les pays ayant appliqué cette mesure de manière drastique sont parmi ceux qui ont les taux de mortalité par habitant les plus catastrophiques en Europe : Belgique, Espagne, Italie, Royaume Uni et France. Ajouter à cela qu’une étude de séroprévalence menée par les autorités Espagnoles sur plus de 60 000 sujets a montré que les personnes confinées ont été d’avantage contaminées que les personnes ayant continué leurs activités professionnelles dans les secteurs essentiels. Des données, confirmées par une autre étude italienne, qui peuvent légitimement mettre en doute la stratégie du confinement comme solution pour faire face à l’épidémie[note][note].

Et secundo, les dégâts collatéraux en terme sanitaire d’une telle stratégie semblent faire pencher la balance du côté des risques plutôt que des bénéfices. Comme le montrent plusieurs études britanniques qui mettent en évidence une recrudescence sans précédent de cancers tardivement diagnostiqués et de conséquences lourdes sur des pathologies non prises en charge comme les accidents cardiovasculaires. Sans compter les suicides, dépressions et la recrudescence des violences intra-familiales[note].

Par ailleurs, le phénomène de saturation des hôpitaux publics semble d’avantage imputable au manque chronique des ressources hospitalières qu’à la gravité intrinsèque de la covid (au vu de la proportion des cas graves ainsi que de la faible létalité actuelle). Néanmoins, les autorités persistent dans une dialectique culpabilisante du citoyen rendant ce dernier unique responsable des évolutions de l’épidémie ainsi que des tensions hospitalières. Ce qui constitue une stratégie politique extrêmement fallacieuse et malhonnête en termes de transparence quant à la complexité des tenants et aboutissants de cette crise sanitaire.

Quelle est la légitimité ainsi que l’impact réel des mesures gouvernementales appliquées récemment compte tenu de l’évolution favorable de cet épisode épidémique ? 

Nous persistons dans l’opinion qu’il est d’une impérative nécessité de mettre en place une stratégie sanitaire proactive et réfléchie au regard de la balance risques/bénéfices (d’un point de vue non seulement sanitaire, mais également économique et social).

Il faudrait:

remettre sur le devant de la scène les médecins généralistes en première ligne. A la condition préalable et sine quo non d’alléger leurs charges protocolaires administratives afin de leur permettre une autonomie quant à la prise en charge des patients covid en ambulatoire. Promouvoir leur capacité à soigner les formes moyennement graves par des associations d’antibiotiques (azithromycine/cefuroxime), d’hydroxychloroquine si tel est leur choix, par l’administration de corticoïdes, d’anticoagulants de manière préventive, voire pour les formes plus avancées d’avoir recours à l’oxygénothérapie à domicile. Le tout sous un suivi de proximité attentif et avisé ;diriger une prophylaxie ciblée vers les personnes à risques et ne réserver les tests et les hospitalisations qu’aux cas où cela est jugé nécessaire par le médecin traitant. Favoriser la supplémentation en vitamine D, en Zinc, en magnésium, en sélénium et en vitamine B12 souvent en déficit chez les personnes âgées et dont l’apport permettrait de réduire les formes graves de covid selon plusieurs études cliniques[note][note].

Enfin, la remarque la plus importante : Quelle est la légitimité ainsi que l’impact réel des mesures gouvernementales appliquées récemment compte tenu de l’évolution favorable de cet épisode épidémique ? 

Cette question mérite d’être portée aux divers ministères ayant la gestion de la crise sanitaire comme prérogative tant son implication revêt une importance majeure pour le quotidien et l’avenir des citoyens.

Merci pour votre lecture.

Annes Bouria

Pharmacien — Membre du collectif Transparence-Coronavirus

https://www.transparence-coronavirus.be/

Graphique publié par Christophe de Brouwer, Professeur à l’Ecole de Santé Publique de l’ULB, représentant l’évolution au cours du temps de l’Indice de gravité reprenant 4 variables (les nouvelles hospitalisations, les hospitalisations, les patients en USI et la mortalité Covid) exprimés en logarithme népérien.

Graphique du taux de positivité des tests PCR issu du rapport Sciensano du 09/11/2020

Graphique des données de mortalité globale de 2016 à 2020 établi par Statbel

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Mise en perspective au sujet de l’augmentation des « cas » covid et des hospitalisations

Recensés par Sciensano, relayés sans filtre par les médias et utilisés par notre gouvernement à des fins politiques, les chiffres nous font quotidiennement tourner la tête. Annès Bouria nous en donne pourtant de façon hebdomadaire une toute autre interprétation.

Cette analyse est établie sur base du rapport épidémiologique Sciensano en date du 31/10/2020. [1]

Ci-dessous, nous avons en A, les graphiques épidémiologiques de la covid publiés par Sciensano, dans l’ordre : 1 le nombre de cas, 2 et 3 les hospitalisations, 4 les patients en soins intensifs, 5 et 6 la mortalité. En B, les graphiques épidémiologiques de l’OMS concernant les cas de grippes en Belgique [2]. En C, les graphiques épidémiologiques du recensement des cas de divers pathogènes respiratoires saisonniers issus de Sciensano et publiés par Christophe de Brouwer, Professeur à l’école de santé publique de l’ULB.  En D Un graphique des données de mortalité globale de 2016 à 2020 établi par Statbel [3]. Et enfin en E, le graphique de la mortalité au cours du temps en Belgique de 2016 à 2019 issu du Belgian Mortality Monitoring [4]

1. On constate toujours une augmentation très hautement significative du nombre de tests positifs qui sont passés à 15850 par jour en moyenne hebdomadaire. Il est toujours bon de rappeler qu’il ne s’agit pas toujours de « cas » au sens clinique du terme et que la majorité présente des formes bégnines de la maladie. Pour connaitre à priori la proportion de cas jugés sérieux, l’indice consiste à rapporter le nombre moyen d’admission journalière de 640 patients aux 15850 positifs cela fait 4 % des positifs nécessitant une hospitalisation. Un chiffre en très légère augmentation qui peut être due à la nouvelle directive de ne plus tester les asymptomatiques. Il faut rappeler également que ce pic de positifs n’est absolument pas comparable à celui de mars-avril où l’on ne testait que les patients arrivés à l’hôpital à des stades très avancés. Aujourd’hui la politique de test reste encore très large, plus de 450 000 tests ont été réalisés la semaine précédente. Le nombre de tests PCR est proche des 80 000 par jour, près d’un million et demi de tests ont été réalisés en un mois ! Cela s’apparente à une campagne de testing massive. La décision récente de ne plus tester les asymptomatiques est d’ailleurs plutôt bienvenue. Car en effet, depuis cet été, la politique de testing n’était pas ciblée et l’on détectait majoritairement des porteurs sains dont la contagiosité n’est pas établie [5]. 

2. En ce qui concerne l’augmentations des hospitalisations classées « covid », elles sont en hausse exponentielle. 

Voici néanmoins quelques chiffres théoriques, mais factuels : les patients covid occupent environ 6500 lits, soit environ 18% de l’ensemble des lits disponibles en clinique sur tout le territoire (37 000) ou 81% des 8000 lits potentiellement disponibles pour les cas covid [6]. Les 650 hospitalisations quotidiennes moyennes classées « covid » pour la semaine du 25 au 31 octobre représentent moins de 54% des quelques 1200 contact hospitaliers quotidiens pour plaintes respiratoires selon les données de 2017 du SPF Santé publique [7]. Pour 650 admissions quotidiennes moyennes environ 450 sorties sont recensées.

A noter également que la répartition des hospitalisations n’est pas homogène : la région de Bruxelles Capitale, les provinces du Hainaut et de Liège concentrent à elles seules près de la moitié des nouvelles admissions. 

La menace imminente exposée par les experts ainsi que les autorités politiques est celle de la saturation des hôpitaux. Bien que la situation soit effectivement très tendue, le phénomène de saturation des hôpitaux en période de recrudescence des affections saisonnières n’est malheureusement pas nouveau, il y eut des épisodes de saturations hivernales en 2017 ainsi qu’en 2019 lors des épidémies de grippe [8,9]. Si l’on veut sonder les raisons de cette saturation chronique des hôpitaux, il est important de tenir compte de la nette diminution des lits disponibles pour les affections aigües dans les hôpitaux depuis 30 ans, ils sont passés de plus de 55 000 à 37 000 malgré l’augmentation de la population et son vieillissement ! [7] 

Il serait par ailleurs intéressant d’interroger les autorités pour savoir ce qu’elles ont concrètement mis en place en ce qui concerne les moyens hospitaliers pour faire face à la situation qu’elles redoutaient tant depuis plus de 6 mois. D’autant que certaines sources évoquent un taux d’absentéisme problématique parmi le personnel soignant imputable à la gestion de la crise sanitaire ainsi qu’aux conséquences de cette dernière : maladies (burn out ?), quarantaines, congés parentaux corona, prises des jours de vacances accumulés ou de jours de récupération pour les heures supplémentaires prestées… [10] Il est important d’interpeller les pouvoirs publics par rapport à cette situation : n’était-elle pas prévisible ? Il est difficile de contrôler les dynamiques épidémiques, mais gérer les ressources humaines en milieu hospitalier au sein du secteur public, n’est-ce pas non seulement possible, mais surtout dans vos prérogatives et vos responsabilités ?

D’autant plus que la situation en milieu hospitalier et même en ambulatoire est fortement alourdie par des protocoles « covid », non seulement en matière de prise en charge clinique mais également au niveau administratif empêchant le personnel médical se concentrer sur sa fonction première qui est de soigner. Ces protocoles qui représentent un fardeau énorme pour le personnel hospitalier et les médecins de première ligne est-il de bon sens et absolument nécessaire [11,12,13] ?

Enfin, le point à mon sens le plus important, c’est qu’il n’existe absolument aucune politique de prise en charge des patients atteints de la covid en ambulatoire (hors hospitalisation). Dans cette épidémie, les médecins généralistes censés être en première ligne sont mis hors course.  Selon les recommandations officielles, ils n’ont pour l’instant qu’une seule tenue de route à suivre en ce qui concerne les cas positifs symptomatiques : isolement, prise de paracétamol et, in extremis, orientation vers un centre hospitalier en cas de détérioration de l’état du patient [14]. De l’histoire de la médecine, c’est du jamais vu ! Cette politique de non prise en charge ne serait-elle pas, entre autres, à l’origine de la sur-fréquentation hospitalière covid ?

3. Nous devons vraisemblablement faire face à un nouvel épisode épidémique de covid. Cependant, mis à part les tensions hospitalières manifestes, cet épisode est-il de même ampleur que le premier ? A priori, la courbe actuelle semble dépasser celle du mois de mars, mais Il faut surtout tenir compte du fait que l’apparition des maladies respiratoires saisonnières (automne-hiver) fait qu’il y a davantage de suspicions de cas cliniques covid, que les test PCR, dont la sensibilité est très élevée et la spécificité non absolue, ne sauront pas toujours distinguer des autres virus respiratoires saisonnier. C’est le problème des faux positifs. [15] J’insiste sur le fait qu’il s’agit de faux positifs au sens diagnostique du terme et non pas au sens technique. Le test détecte bien une trace du virus, mais sans que cela ne nous renseigne pertinemment sur l’étiologie de l’état clinique du malade. 

La difficulté réside donc dans le fait de distinguer clairement les affections respiratoires saisonnières du covid, chose qui n’est absolument pas possible d’établir avec certitude. 

Les patients admis et répertoriés « covid » sont-ils tous malades à cause d’une infection au SARS-COV2, ou sont-ils victimes d’autres infections respiratoires tout en étant porteurs du SARS-COV2 sans que ce dernier soit la cause majeure de leur état clinique ? [16]

Sur ce point important, je vous renvoie vers les graphiques B C : 

Sur les graphiques B : le premier montre les modifications du virus influenza à chaque pic saisonnier de grippe en Belgique depuis 2016. Le second concerne uniquement la dernière saison de grippe influenza, et l’on voit que le pic s’arrête abruptement à la 10e semaine qui va du 2 au 8 mars. C’est une anomalie intrigante qui correspond très exactement à la semaine du début de l’épidémie de sars-cov‑2 chez nous à la fin de l’hiver. La seule explication cohérente selon Christophe de Brouwer, Professeur à l’Ecole de santé publique de l’ULB, serait que les grippes influenza, sur la fin du pic épidémique, auraient été prises pour des covid ! Qu’en est-il aujourd’hui ? Faisons-nous bien rigoureusement la distinction entre la covid et les autres infections respiratoires saisonnières ? 

Sur les graphiques C : ceux-ci représentent les courbes épidémiques de divers pathogènes respiratoires saisonniers. Mis à part une recrudescence précoce de la grippe A (souvent confondue avec la covid) 4 autres maladies respiratoires saisonnières ont littéralement disparues des radars. Cette anomalie assez inhabituelle pourrait-elle suggérer qu’une certaine proportion de patients étiquetés « covid » souffriraient en fait d’autres affections tout en étant positif à une PCR ou seraient répertoriés « covid » par simple principe de précaution ? 

Il est important de noter que selon certaines études, en fonction de la sensibilité des tests PCR, jusqu’à 90% des tests positifs à la détection du SARS-COV2 n’ont aucune signification médicale lorsqu’ils sont systématisés de manière aussi importante. En effet, un article du New York Times fait état de cette proportion très élevée de positifs non pertinents sur le plan clinique lorsque le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR dépasse 30 [17]. Et en Belgique, le nombre de cycles d’amplification (CT) de la PCR va de 30 à 35 [15].

Si les cycles CT des PCR réalisés sont trop élevés, les tests sont hypersensibles et ne peuvent donc pas déterminer, même en étant positifs, si le patient est bien malade de la covid.

Tout ces malades étiquetés « covid » qu’ils soient réellement atteint ou non de cette maladie, engendreront de fait une saturation rapide du système hospitalier en raison de la lourdeur protocolaire de leur prise en charge. 

Ajouter à cela que certains patients admis pour tout autre chose que la covid, subissent des tests PCR, et s’ils sont positifs, ils sont répertoriés « admission hospitalières covid »!

4. Le nombre de patients en soins intensifs (USI) suit également de manière exponentielle les hospitalisations. Les patients en USI sont au nombre de 1150 sur l’ensemble du territoire. C’est 57 % de la capacité en lits de soins intensifs (environ 2000) [18]. 

Concernant l’état de saturation des unités de soins intensif en Belgique, ce n’est malheureusement pas non plus une situation exceptionnelle. Selon les dires du Docteur Philippe Devos, intensiviste au CHC Liège, lors du pic épidémique de grippe du mois de janvier/février 2020, le taux d’occupation des lits en USI était de plus de 90% ! Et ce, par des patients ayant développé des complications à la suite d’un état grippal sévère [19].

La capacité des USI est bien entamée par les cas répertoriés covid. Mais ce qu’il est impératif de mettre en évidence, c’est que les tableaux cliniques covid sont nettement moins sombres qu’en mars/avril. La proportion des patients ventilés a diminué depuis le dernier épisode du mois de mars, et ce sont bien les patients sous respirateurs qui ont les pronostics vitaux les moins bons et qui « encombrent » les USI car leur prise en charge s’échelonne sur plusieurs semaines, ce qui réduit les capacités de « turn-over » des passages en réanimation. En effet, cette amélioration en termes de « lourdeur » des cas peut être due à une mutation du virus vers une forme moins létale, ou alors à une meilleure prise en charge des patients en amont grâce à une connaissance plus approfondie de la maladie ainsi qu’à l’instauration de traitements comme les anti-coagulants, les corticoïdes ou l’oxygénothérapie qui réduisent les passages en USI et leur gravité. [20]

Il est évident que les protocoles de prise en charge ont changé et que les intubations ne se font qu’en ultime recours. Cette technique médicale très invasive constituait plus de 80% de la prise en charge des patients covid en USI lors du pic épidémique d’avril, contre environ 50% aujourd’hui. Et ceci se confirme par une plus faible mortalité covid à l’heure actuelle. 

5. La mortalité « covid » augmente de manière significative : 91 décès par jour en moyenne pour toute la Belgique. Pour rappel, il y a près de 300 morts par jour en moyenne en Belgique toutes causes confondues, et ce chiffre peut monter jusqu’à 400 en période hivernale. En taux de létalité « instantanée » nous sommes à 0,57%. Un chiffre en légère augmentation due également au fait de ne plus tester les asymptomatiques. Il y avait près de 300 décès par jour au pic de mortalité du mois d’avril. La mortalité est pour l’instant 3 fois moins importante que lors du pic précédent.

On constate, fort heureusement, une augmentation moins importante de la mortalité par rapport aux autres indicateurs, ce qui est un indice majeur d’une moindre gravité de cet épisode par rapport au pic de mars/avril. Je vous renvoie donc au graphique D qui concerne les données de mortalité générale, il n’y a, jusqu’au 18 octobre, aucune surmortalité générale par rapport aux trois années précédentes en ce qui concerne cet épisode épidémique d’automne 2020. La mortalité va sans doute se démarquer dans les prochaines semaines, mais l’on peut espérer qu’il soit sans commune mesure avec le pic de mars /avril.

6. Le petit pic de mortalité en 6 est dû à la canicule du mois d’aout (voir graphique B également), mais se voit tout de même apparaître sur le graphique de la mortalité covid, preuve que l’étiquette « covid » qu’elle soit en termes de mortalité, et à fortiori de cas clinique, n’est pas toujours rigoureusement fiable. 

Pour appuyer ce fait je cite la note concernant les décès en page 17 du rapport épidémiologique de Sciensano : « Depuis le 5 mai 2020, les décès des cas possibles en hôpital sont également pris en compte. Les décès des cas possibles concernent des patients qui n’ont pas bénéficié d’un test diagnostique pour le COVID-19, mais qui répondaient aux critères cliniques de la maladie selon le médecin. Les décès extrahospitaliers (maisons de repos, autres collectivités résidentielles, domicile, autres lieux) sont notifiés par les autorités régionales et représentent les décès des cas confirmés et possibles. »

A noter aussi que chaque année la mortalité augmente en hiver notamment à cause des infections saisonnières (grippe entre autres). Ceci s’illustre très bien sur le graphique D.

Les augmentations de la mortalité « covid », et à fortiori des hospitalisations, ne sont-elles imputables qu’à cette maladie précisément, étant donné la difficulté du diagnostic différentiel entre la covid et les autres infections respiratoires ? [21] 

Résumé des indicateurs clés* :

Taux d’hospitalisation (nombre d’hospitalisation par cas recensés) : 4%Proportion des patients hospitalisés en réanimation : 17% (0,7% des cas)Proportion des patients en réanimation sous respirateurs : 54% (0,38% des cas)Taux de létalité instantanée (nombre de décès par cas recensés) : 0,57%Age médian des décès : 84 ans

*Moyennes sur la semaine du 25/10 au 31/10

En conclusion, On peut à présent noter des augmentations très hautement significatives des hospitalisations rattrapant les niveaux de l’épisode de mars/avril. Néanmoins, la situation n’est pas comparable au pic printanier en ce qui concerne les tableaux cliniques plutôt favorables ainsi que la létalité qui reste relativement faible. 

Il semble très probable que le SARS-Cov2 prend une tendance à la saisonnalité et que ce virus, qui jusqu’ici circulait à bas bruit comme nombre de virus endémiques, fait un pic épidémique en ce début d’automne. Celui-ci est n’est-il pas mis en évidence de manière exagérée par une focalisation excessive autour de lui ? Si nous traquions avec la même obsession d’autres virus endémiques comme la grippe A ou le VRS, n’aurions-nous pas, peu ou prou, les mêmes valeurs d’indicateurs épidémiologiques ? Ou mieux, ne serions-nous pas en réalité sur le point d’atteindre un seuil d’immunité collective salvatrice ? Auquel cas, les mesures gouvernementales seraient l’exacte opposé de ce qu’il faudrait faire. [22]

En tout cas, force est de constater à ce jour l’inefficacité totale des mesures prises depuis un mois pour faire infléchir les indicateurs. Dans une fuite en avant inconsidérée de notre gouvernement appuyé par une expertocratie unanime et dogmatique, nous voilà à nouveau soumis à une stratégie de confinement extrêmement discutable sur tous les plans, tant médical que socio-économique et constitutionnel.

A rappeler que, primo, l’efficacité du confinement n’est nullement démontrée. Les pays ayant appliqué cette mesure de manière drastique sont parmi ceux qui ont les taux de mortalité par habitant les plus catastrophiques en Europe : Belgique, Espagne, Italie, Royaume Uni et France. Ajouter à cela qu’une étude de séroprévalence menée par les autorités Espagnoles sur plus de 60 000 sujets a conclu que les personnes confinées ont été d’avantage contaminées que les personnes ayant continué leurs activités professionnelles dans les secteurs essentiels. Des données confirmées par une autre étude italienne qui peuvent légitimement mettre en doute la stratégie du confinement comme solution pour faire face à l’épidémie. [23,24] 

Et secundo, les dégâts collatéraux en terme sanitaire d’une telle stratégie semblent faire pencher la balance du côté des risque plutôt que des bénéfices. Comme le montrent plusieurs études britanniques qui mettent en évidence une recrudescence sans précédents de cancers tardivement diagnostiqués et de conséquences lourdes sur des pathologies non prises en charge comme les accidents cardiovasculaires. Sans compter les suicides, dépressions et la recrudescence des violences intra-familiales [25]. 

Pourquoi ne pas avoir mesuré les effets de cette stratégie totalement inédite, voire moyenâgeuse, avant de se relancer tête baissée pour la reconduire ?

Par ailleurs, le phénomène tant redouté de saturation des hôpitaux publics semble très imputable au manque chronique des ressources hospitalières. Si tel est l’écueil à éviter, il semble très hasardeux de persister dans la poursuite crescendo de mesures coercitives qui, empiriquement, ne semblent pas montrer leur efficacité.  Ces mesures anticonstitutionnelles sont, de surcroit, couplées à une dialectique consistant uniquement à culpabiliser le citoyen, en lui imposant ces mesures restrictives sans remettre en cause la responsabilité des autorités. Il s’agit manifestement d’une stratégie politique extrêmement fallacieuse et malhonnête en termes de transparence quant à la complexité des tenants et aboutissants de cette crise sanitaire. 

Une stratégie réfléchie au regard de la balance risque/bénéfice (d’un point de vue non seulement sanitaire, mais également économique et social) serait de remettre sur le devant de la scène les médecins généralistes en première ligne. A la condition préalable et sine quo non d’alléger leurs charges protocolaires administratives afin de leur permettre une autonomie quant à la prise en charge des patients covid en ambulatoire. Il s’agit de diriger une prophylaxie vers les personnes à risques et ne réserver les tests et les hospitalisations qu’aux cas où cela est jugé nécessaire par le médecin traitant. Ces derniers ont tout aussi bien la capacité de soigner les formes moyennement graves par des associations d’antibiotiques (azithromycine/cefuroxime), de prescrire du Plaquenil® si tel est leur choix, d’administrer des corticoïdes, des anticoagulants de manière préventive, voire pour les formes plus avancées d’avoir recours à l’oxygénothérapie à domicile. Le tout sous un suivi de proximité attentif et avisé. 

Enfin, les remarques les plus importantes : l’augmentation des hospitalisations classées « covid » est-elle « noyée » dans un phénomène normal de recrudescence des maladies respiratoires hivernales pour lesquels un diagnostic différentiel avec la covid n’est pas déterminable de manière absolue ? A quelle intensité le Sars-Cov2 circule-t-il réellement ? Sa forme actuelle est-elle aussi létale qu’au printemps dernier ? Avons-nous affaire à un épisode épidémique de même ampleur que le premier ou est-ce la mise en exergue d’un pic saisonnier du virus par une politique de testing massive ? 

Ces questions méritent des investigations profondes tant leurs implications sont importantes pour le quotidien des citoyens.

Merci pour votre lecture.

Annès Bouria Pharmacien — Membre du collectif Transparence-Coronavirus https://www.transparence-coronavirus.be/

A. Graphiques épidémiologiques de la covid publiés par Sciensano, dans l’ordre : 1 le nombre de cas, 2 et 3 les hospitalisations, 4 les patients en soins intensifs, 5 et 6 la mortalité.

B. Graphiques épidémiologiques de l’OMS concernant les cas de grippes en Belgique

C. Graphiques épidémiologiques du recensement des cas de divers pathogènes respiratoires saisonniers issus de Sciensano et publiés par Christophe de Brouwer, Professeur à l’école de santé publique de l’ULB.

D. Graphique des données de mortalité globale de 2016 à 2020 établi par Statbel

E. Graphique de la mortalité au cours du temps en Belgique de 2016 à 2019 issu du Belgian Mortality Monitoring

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Lettre ouverte au Chirec

Alors que nous nous rendions la semaine dernière dans un des hôpitaux du Groupe Chirec afin de rencontrer un responsable pour nous expliquer la situation liée au Covid, nous avons été gentiment éconduits et invités à envoyer une demande par mail, ce que nous avons fait directement. La responsable de la communication de l’hôpital qui accueille Sophie Wilmès, nous dira le lendemain par courriel qu’elle ne pouvait malheureusement répondre positivement à notre demande. Nous aurions pourtant trouvé intéressant de savoir ce qu’il se passe à Delta, hôpital-usine situé à Bruxelles, structure, ce n’est pas un secret, dont la vocation est de faire de l’argent avec la santé.

Bonjour,

Ayant refusé de nous recevoir pour une interview, car votre « institution a d’autres priorités à gérer pour le moment », pourriez-vous toutefois, et ce dans l’intérêt général de la population à être informée, répondre aux questions suivantes:

- Quelles sont les capacités d’accueil de votre hôpital en termes de Covid-19?

- Combien de malades sont actuellement hospitalisés pour cause de Coronavirus?

- Combien sont en soins intensifs?

- Concernant ces derniers, quel est leur état?

- Combien de morts peuvent être attribués avec certitude au Covid dans votre hôpital ces derniers jours? 

- Les patients qui sont en unité Covid-19 sont-ils systématiquement testés?

- Comment distinguez-vous les patients Covid de ceux dans un autre état (grippal, troubles respiratoires, etc.)?

- Si votre unité n’est pas remplie, avez-vous respecté l’accord pour recevoir des patients transférés des autres hôpitaux saturés?

- Acceptez-vous des patients Covid-19 non solvables?

Dans l’attente de votre réponse.

Cordialement,

Alexandre Penasse

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Témoignage de Manu et Sandrine en zone libre : Stockholm, Suède

Réalisateurs partis en Suède pour traverser le rideau de fumée médiatique et voir de leurs yeux ce qu’il s’y passe, nous ramener des images et témoigner, Manuel Poutte nous a écrit leurs premières impressions à leur arrivée à Stockholm. Ce qui frappe ici, c’est que rien ne filtre sur ce qui se passe ailleurs. Cette omerta en dit long.

Lyriques…

Nous arrivons à l’aéroport de Stockholm et nous constatons immédiatement que les gens, déjà ici, ne portent pas de masque. Sans nous concerter, les larmes nous montent aux yeux, à tous les deux. Les larmes viennent de voir, de redécouvrir des visages libres, de voir des femmes et des hommes sans cet horrible morceau de tissu, lange de nos bouches, de nos paroles et de notre humanité.

Gourmands…

Peu après, dans une galerie commerçante, je vois un magasin de gâteaux… J’adore les gâteaux… je veux y rentrer, mais j’ai déjà le réflexe d’attendre à l’extérieur. Plusieurs personnes passent devant moi et je me rends compte alors que c’est déjà entré en moi… cette mauvaise habitude. Ici, pas de files, pas d’infantilisation des êtres obligés de se ranger l’un derrière l’autre, comme des gamins au collège. Ici on rentre quand on veut.

Bêtes…

On marche dans la rue, on sourit à tout le monde et les Suédois ne comprennent pas, ils nous regardent comme deux benêts ahuris, mais on s’en fout, on a envie de manger leurs visages et de leur dire et de leur crier : vous ne vous rendez pas compte d’où on vient !

Émerveillés…

On monte dans le bus, on descend dans le métro, on monte dans le train, on rentre dans un grand magasin, personne ne porte le masque. Tout est comme avant et comme ça doit le rester. Je filme tout ça avec passion. Jamais je n’aurais pensé dans ma vie que des choses aussi banales pourraient un jour devenir exceptionnelles.

Ça y est, chacun fait partie du film catastrophe qu’on lui a tant annoncé. Et il sauve le monde en restant chez lui devant sa TV ! Héros du canapé

Tout d’un coup, dans une allée de fruits et légumes, on a peur de rentrer chez nous, dans la dictature de la règle absurde où le peuple rendu masochiste a appris à prendre goût aux sévices qu’il subit… Et il en redemande même… Ça y est, chacun fait partie du film catastrophe qu’on lui a tant annoncé. Et il sauve le monde en restant chez lui devant sa TV ! Héros du canapé.

Interdits…

Le dernier soir en Belgique, je suis rentré du bureau à 1h du matin, et j’ai traversé une partie de Boitsfort dans un silence absolu, plus impressionnant encore que celui du confinement, car au loin même il n’y avait plus un bruit de voitures, plus un bruit humain, plus rien. Un bruit blanc. Mais j’avais, en plus, en craignant la police, ce sentiment, à la fois excitant et terrible d’être dans l’illégalité…en marchant seul dans la rue.

Le couvre-feu… quel esprit malade et fasciste a pensé que ce serait efficace contre le coronavirus ? 

Quel esprit psychopathe a créé cette somme d’interdits qui n’ont pas lieu d’être ? Des punitions qui n’ont aucun pouvoir sur un virus qui ne se propage certainement pas plus au cœur de la nuit, dans les rues déjà vidées depuis longtemps de ses habitants sous sédatifs, exténués et apeurés par la propagande mortifère des médias pyromanes. Nous, le peuple, coupables, tous coupables, d’avoir baissé ce masque un jour, à un moment donné, pour une parole, pour un sourire, pour un baiser.

Souriants…

Fin de journée, j’ai beau savoir que je suis en mission pour sauver le monde, je dois avouer, que plus d’une fois je craque pour des petits gâteaux que je vois en vitrines… ils en ont plein ces Suédois… Avec de la cannelle, de la fleur d’oranger, des framboises, des myrtilles, et de la crème fouettée.

Je me dis : soignons nos bouches, tout passe par elles : les saveurs du monde et les baisers de l’amour.

Et en plus, elles sourient, nos bouches ! Elles sourient et nous ne savions pas combien c’était important.

Et lyriques à nouveau… Ainsi est venu le temps, où nous devons nous battre pour ce sourire.

Manuel Poutte

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La course aux milliards du Covid-19

Alors que l’on tente de nous faire croire qu’un futur vaccin serait le Graal, la panacée qui sauvera l’humanité d’une extinction par le Covid-19, les médias qualifient de complotistes ceux qui dévoilent les conflits d’intérêts qui font douter des beaux discours sur la priorité donnée à notre santé. S’interroger sur la décence de profits énormes attendus suite au malheur collectif semble insupportable pour les sphères proches du pouvoir. Pourtant, ces liens qui unissent les gouvernements avec les multinationales pharmaceutiques sont au cœur du problème. Il demeure donc plus que jamais essentiel de savoir qui parle et qui décide de notre avenir. Car nous ne pouvons raisonnablement écouter et croire ceux qui œuvrent pour un intérêt privé maquillé en bien commun.

C’est en 2017, lors du Forum économique mondial, dit Forum de Davos, que l’organisation de la gestion à venir de futures pandémies prit naissance sous le nom de « Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies ». Derrière l’acronyme CEPI, on trouve des États comme la Norvège ou le Japon, la Fondation Bill & Melinda Gates ou encore le Wellcome Trust, fondation caritative médicale la plus riche après celle de Gates. Du PPP (partenariat public-privé) classique, fortement soutenu par l’OMS pour accélérer le développement d’un vaccin. Bill Gates, principal mécène de l’OMS, dira à propos des vaccins qu’ils sont « le meilleur investissement qu’il n’avait jamais fait[note] ». Il ne pouvait dès lors pas mieux faire que de s’allier à l’organisation onusienne.

Les Belges Peter Piot, directeur de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, et Paul Stoffels, directeur scientifique de Johnson & Johnson, sont deux des instigateurs de la CEPI. Le premier, grand bienfaiteur de l’humanité, est un développeur zélé du vaccin : « Aujourd’hui, on s’active dans le monde entier pour développer au plus vite un vaccin sûr et efficace contre le Covid-19. À ce moment seulement, nous pourrons dire que nous avons vraiment vaincu le virus. La CEPI joue à cet égard un rôle central en tant que coalition internationale de partenaires publics et privés. La contribution de la Belgique va accélérer la recherche d’un vaccin ». Nommé conseiller spécial de la Commission européenne sur le nouveau Coronavirus par Ursula Von Der Leyen[note], le microbiologiste belge a également les faveurs de Bill Gates : « Il y a peu de gens dont j’ai plus appris au cours des années – spécialement sur les virus – que Peter Piot. »[note]

La CEPI, c’est quoi ?

Quand on s’arrête un instant sur le profil de la CEPI, on découvre qu’elle est étroitement liée à des organismes comme Gavi, Inovio, la Fondation Bill & Melinda Gates ou encore Moderna.

Inovio, entreprise spécialisée dans les biotechnologies, qui travaile sur l’ADN, et a notamment comme partenaires : AstraZeneca, Beijing Advaccine Biotechnology, International Vaccine Institute, Regeneron, Genentech, le Département de la Défense américain, ou encore la CEPI et la Fondation Gates. Selon Inovio, en décembre 2019, ses experts du Coronavirus apprennent l’existence d’un nouveau Coronavirus à Wuhan. Inovio reçoit :

- le 23 janvier 2020, 9 millions $ de la CEPI : cet argent permet de lancer la première phase d’expérimentation d’INO-4800, le nouveau vaccin d’Inovio, lequel injecte un code génétique ADN dans l’organisme de la personne dans le but de déclencher une réponse immunitaire spécifique contre le coronavirus SARS-CoV‑2 ;

- le 12 mars, 5 millions $ de la Fondation Gates ;

- le 26 mars et en juin/juillet 2020, respectivement 11.9 millions $ et 71 millions $ de la Défense américaine[note] ;

- la phase 2 du Vaccin d’Inovio INO-4800 se fera en collaboration avec Advaccine en Chine ainsi qu’avec IVI en Corée; pour cette phase lancée en juin 2020, la CEPI fera un don de 7,3 millions $ à Inovio.

Gavi, The Vaccine Alliance, dont les membres fondateurs sont l’OMS, l’Unicef, la Banque mondiale et… la Fondation Bill & Melinda Gates. Pour lancer Gavi, la Fondation lui a donné 750 millions $. Depuis cette date, ce sont plus de 4 milliards $ au total qu’elle recevra[note]. Le 4 juin 2020, la fondation annonçait faire un don de 1,6 milliard $ à Gavi, The Vaccine Alliance, « pour protéger les générations futures avec des vaccins vitaux »[note]. Gavi vise « le façonnage du marché des vaccins » et la Fondation Gates y contribue par un rôle « à la fois technique et financier. Elle contribue à recueillir des données servant à guider nos prises de décision et apporte des fonds. La Fondation investit dans des activités allant de la découverte à la fourniture de vaccins en passant par leur mise au point, tout en encourageant l’innovation de produits et de nouveaux entrants à se lancer sur le marché »[note]. On leur dirait merci si ce n’était que leur fortune provenait d’un premier pillage : « l’accumulation de richesse nourrit le « philanthrocapitalisme » ».[note]

Moderna, entreprise cotée en bourse qui, en mars 2019, a perçu 1,05 milliard $ de la fondation Bill & Melinda Gates. Le directeur de Moderna, Stéphane Bancel, est un homme d’affaires et milliardaire français, PDG et propriétaire de 9% de Moderna, une société américaine de biotechnologie, comme l’indique sa page Wikipedia. Le Covid-19 l’a amplement aidé à accroître sa fortune : « En 2020, alors que le cours de l’action Moderna augmentait à la nouvelle de l’imminence d’essais humains de phase 2 pour son potentiel vaccin Covid-19, ses parts dans Moderna en ont fait un milliardaire en dollars. Le 18 mai 2020, lorsque le cours de l’action plafonnait à 80 $, sa part de Moderna valait 2,5 milliards $ »[note]. Ça a du bon, les épidémies… pour certains. Stéphane Bancel fait également partie du fonds de capital Flagship Ventureset[note] et a été, notamment, président de BG Medicine[note]. Il a également occupé le poste de Managing director de Eli Lilly Belgium[note], connue pour le célèbre et décrié antidépresseur Prozac, firme dont une succursale belge était située, avant qu’elle ne ferme, dans le zoning industriel de l’UCL.

Ce 21 octobre, on apprend sur le site de Boursorama, que « le directeur général de Moderna, a indiqué que le gouvernement américain pourrait autoriser l’autorisation d’urgence de son vaccin expérimental contre le Covid-19 en décembre si la biotech obtenait des résultats intermédiaires positifs en novembre d’un vaste essai clinique »[note]. Dans la « course au vaccin », où celui qui arrivera premier s’assurera une manne inédite, Pfizer concourt aussi. Les deux sont pressés et solliciteront une autorisation d’urgence pour une commercialisation tout aussi urgente. L’argent n’attend pas. Face à cela, les autorités publiques prendront-elles en compte que « la technologie de Moderna, fondée sur l’ARN messager, n’a jamais prouvé son efficacité contre d’autres virus », et que « de précédents travaux utilisant cette technologie ont eu un effet contraire à celui désiré, en rendant les receveurs davantage susceptibles d’être infectés[note] » ? Pas grave, Bigpharma a déjà oeuvré en coulisse pour éviter toutes poursuites dans le cas où le vaccin contre le Covid-19 devait avoir des effets secondaires nocifs[note].

« En 2020, alors que le cours de l’action Moderna augmentait à la nouvelle de l’imminence d’essais humains de phase 2 pour son potentiel vaccin Covid-19, ses parts dans Moderna en ont fait un milliardaire en dollars. Le 18 mai 2020, lorsque le cours de l’action plafonnait à 80 $, sa part de Moderna valait 2,5 milliards $ »

CEPI(re) que vous pensez

Revenons à la CEPI. On y trouve également Luc Debruyne, où il est strategic advisor. Sur sa page Linkedin, on le présente comme un « business leader » avec plus de 30 ans d’expérience dans l’industrie des sciences de la vie, il a « ces 5 dernières années dirigé l’activité mondiale des vaccins pour GSK et a été membre de l’équipe GSK Corporate Exec, augmentant les revenus de plus de 7 milliards $ en 2018 et faisant de GSK le numéro un mondial des vaccins ». Il a développé des liens étroits avec les gouvernements, les ONG et les institutions académiques.

Luc Debruyne est, comme Peter Piot, membre du conseil consultatif institutionnel de l’Institut flamand pour les biotechnologies (VIB), une société qui considère « la science comme un moteur pour la croissance économique » dont 51% des revenus proviennent du gouvernement flamand et 49% d’autres sources, notamment privées. En lien avec plusieurs universités (Gent, Hasselt, KU Leuven, Université Libre de Bruxelles, Anvers), elle est à l’origine de plusieurs spin-off, c’est-à-dire des structures qui établissent des ponts entre la recherche publique universitaire et l’innovation privée, pour en faire des business model selon la logique bien connue de la socialisation des coûts et la privatisation des bénéfices. Comme Le VIB l’exprime sur son site internet, « le transfert de technologie est fermement ancré dans la mission du VIB. La recherche du VIB permet d’acquérir des connaissances nouvelles et innovantes sur les processus de la vie, ce qui profite à la société dans son ensemble [sic]. Notre équipe Innovation & Business se concentre sur la traduction des résultats de la recherche en divers nouveaux produits, innovations agricoles, médicaments et thérapies qui améliorent la vie ». La vie de qui ? Il faudra préciser. C’est le même organisme qui recevra l’autorisation d’expérimenter la culture d’un maïs OGM et qui en mars 2020 annoncera avoir développé un anticorps capable de neutraliser le virus Covid-19.

« Pas de temps à perdre »

Si Moderna et Stéphane Bancel sont pressés, Alexander De Croo aussi, tous ceux-là courant sans doute après la même chose. Ce dernier exprimera : « Ce coronavirus mortel se propage à toute vitesse. Si nous voulons sauver des vies humaines, nous devons aussi accélérer le développement de vaccins. La CEPI voudrait procéder à des essais cliniques dans un délai de 4 mois. C’est nettement moins que le délai habituel. Nous n’avons pas de temps à perdre »[note]. La diplomatie belge ne pouvant être plus claire : « La Belgique a adhéré à la CEPI sous l’impulsion du ministre De Croo en 2017. Cette coalition mondiale se fixe pour objectif de faciliter la mise à disposition de nouveaux vaccins contre des maladies infectieuses émergentes et d’ainsi réduire le risque de pandémies à l’avenir ». Quelle clairvoyance, n’est-ce pas ? Bill Gates doit être fier de son poulain[note].

Photo Belga

Pour certains, faire de l’argent dispense de tout principe moral, développer son entreprise et rétribuer ses actionnaires avec l’argent public ne constitue donc pas une limite. La coalition lancée à Davos qui finance la recherche pour le vaccin Covid-19, Bill Gates en maître de cérémonie, compte donc parmi ses membres Luc Debruyne, strategic advisor, mais aussi ancien président de Global Vaccines chez GSK. Il y en a des choses qui se passent au Forum économique mondial, n’est-ce pas ? Alexander De Croo en sait quelque chose, lui qui en 2013 fut nommé Vice-président du Conseil de l’agenda mondial du Forum économique mondial sur le vieillissement, et fera partie de la promotion 2015 des jeunes leaders mondiaux du même Forum[note]. Dans un article sur le site de ce dernier, « Ce que vous devez savoir à propos de la pandémie de Coronavirus le 20 octobre », le mensonge du Premier ministre lors de la conférence de presse du 15 octobre est pris comme preuve du réel[note] : « La situation est sérieuse. Elle est pire que le 18 mars lorsque le confinement a été décidé ». À quoi nous prépare-t-il ?

La Belgique donne 5 millions € à un organisme, le CEPI, composé d’entreprises côtées en bourse qui font des millions sur le Covid

Revenons à la CEPI, car cela ne s’arrête pas là. Outre qu’elle est largement subsidiée par la Fondation Bill & Melinda Gates, elle a également perçu 5 millions € du gouvernement belge[note]. L’argent public se retrouve finalement, par l’intermédiaire du financement de la CEPI, transféré à la plateforme GSK/Cover, et en vient donc à subsidier le privé[note]. Cela nous rappelle le cas de Pascal Lizin, « à la fois Président de la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI), organisme belge, et directeur chez GSK comme principal responsable du lobbying (…) SFPI [qui] élargit ses « priorités stratégiques », en 2012. Parmi les « opportunités d’investissement que recherche la SFPI », Vesalius Biocapital I (fonds d’investissement – innovations médicales) où a travaillé Philippe de Backer »[note]. Tout est à l’avenant… Sophie Wilmès parlera à ce sujet de privacy, les médias à la solde du pouvoir politique et financier, de « théories complotistes »[note]. Nous nommons ces mélanges incestueux et indécents « conflits d’intérêts », à la lumière desquels aucune des mesures prises par le gouvernement belge contre le Covid-19 ne peut avoir de crédibilité, qu’elle soit bonne ou mauvaise.

GSK, la Chine et la CEPI

En juin 2020, GSK et Clover Biopharmaceuticals, cette dernière basée en Chine, annoncent que la phase 1 des essais cliniques humains pour un vaccin contre le Covid-19 débute, alors que la collaboration entre les deux avait été annoncée dès février 2020[note]. Thomas Breuer, Vice-président principal et médecin-chef de GSK Vaccines, compte sur la production d’un vaccin à grande échelle. Qui finance ce programme ? La CEPI.

À la lumière des multiples conflits d’intérêts des politiciens, aucune des mesures prises par le gouvernement belge contre le Covid-19 ne peut avoir de crédibilité, qu’elle soit bonne ou mauvaise

Autre membre de la CEPI, auprès du comité scientifique : Michel De Wilde[note]. Membre également du comité scientifique de Curevag, de VBI Vaccines, ancien vice-président de Smithkline Bilogicales (maintenant GSK Vaccines), passé par Sanofi, il est le propriétaire de MDWConsultant, LLC. Curevag « aligné sur les intérêts de nos actionnaires », financé largement par la Fondation Bill & Melinda Gates[note], a dans son conseil de surveillance deux Belges dont les noms reviennent souvent. Son président n’est autre que Jean Stéphenne, anobli par l’État belge et désormais baron, ancien président de GSK Biologicals, mais aussi président de l’Union wallonne des entreprises. Lequel il y a quelques mois « avait l’indécence de demander aux citoyens de soutenir financièrement l’UCL »[note]. Il a également été président de Besix, Bone Therapeutics, Vaxxilon, Bepharbel, Nanocyl. Y aurait-il un excès langagier à parler de parasites ?[note]

Les médias n’en diront rien, ou très peu, tant les groupes auxquels ils appartiennent sont liés à des investissements dans le secteur médical. Le Soir par exemple, est entré dans le capital de la société belge Redpharma qui conseille notamment GSK, Sanofi, Roche, Nestlé, Johnson & Johnson, Merck, etc.

Vous avez la nausée ? Ce n’est pas le Covid, rassurez-vous.

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Errare humanum est, perseverare diabolicum*

Par Kaarle Parikka, PhD en microbiologie virale et Nina Wauters, PhD en écologie environnementale

Nous présentons ici trois erreurs scientifiques majeures commises lors de la prise de mesures pour endiguer l’épidémie de coronavirus, qui permettent à tout un chacun de comprendre les emballements médiatique, citoyen et politique auxquels nous faisons face aujourd’hui. Les données scientifiques exposées ici se basent sur un rapport rédigé par un groupe pluridisciplinaire comprenant des scientifiques, des gestionnaires de santé publique, des journalistes, etc.[note]. Ce rapport ayant été publié en juin 2020, une vérification et une mise à jour en fonction de la littérature scientifique publiée depuis lors ont été effectuées.

1. Il ne faut pas oublier la littérature scientifique existante, ce virus n’est pas si inconnu que ça

La première démarche, que tout étudiant connaît, est celle de la recherche bibliographique, c’est-à-dire, dans ce cas, la lecture des rapports et des publications scientifiques existants. Dès le début, on a parlé du « nouveau coronavirus » comme provoquant des symptômes « nouveaux et inconnus ». Or, le nom de ce virus, «SARS-CoV‑2 » (signifiant en anglais « severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 » ou « syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus 2» en français) aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Il ne s’agit pas du premier coronavirus infectant l’humain qui cause des complications respiratoires aiguës.

Négliger la recherche bibliographique, c’est commencer une série de films d’horreur en plein milieu. Comment faire face aux monstres de la série Alien si l’héroïne, Ellen Ripley, ne découvrait qu’au 2ème épisode que ces derniers pondent dans les corps humains et que leur sang est constitué d’acide ? Les premiers épisodes montreraient que la famille des coronaviridae comprend plusieurs virus qui infectent non seulement les animaux, mais dont au moins 7 infectent également les humains. Parmi ces derniers, il y en a 4 qui causent des infections respiratoires supérieures se manifestant sous forme de « rhume » et 3 autres qui induisent chez certains individus des syndromes respiratoires aigus : le SRAS-CoV‑1 (le SRAS ayant sévi de 2002 à 2004 en Asie du Sud-est), le MERS (épidémie au Moyen-Orient en 2012) et maintenant le SRAS-CoV‑2.

Les nombreux articles déjà publiés sur les autres coronavirus nous apportent de précieuses informations quant au fonctionnement très probable du virus : son mode de transmission (qui se fait non seulement par gouttelettes, mais également par l’air en grande partie), son origine (les « réservoirs animaux » : le virus circule donc actuellement également aussi via les animaux sauvages et domestiques) et ainsi son aspect moléculaire (sa taille de l’ordre de 100 nanomètres, c’est à dire un dixième de millionième de mètre, son génome et son mode de réplication dans les cellules). Les publications scientifiques publiées depuis lors sur le SARS-CoV‑2 confirment ces hypothèses de travail. Cela signifie que dès le début, comprendre que le virus circule quoiqu’il arrive par l’air et les réservoirs animaux aurait permis d’éviter l’erreur majeure de tenter de « bloquer » la transmission du virus, notamment en contrôlant les déplacements des gens.

2. Connaître la mortalité réelle du SARS-CoV‑2, c’est-à-dire le danger qu’il constitue pour la population, est une nécessité pour pouvoir gérer la crise. Après 10 mois, il est plus que temps !

La deuxième démarche est celle de l’observation des données. La méthode scientifique est surtout basée sur l’observation, l’émission d’hypothèses puis la prédiction et enfin la vérification desdites hypothèses. Nous arrivons ici à la deuxième erreur majeure faite par beaucoup de gouvernements. Pour décider quelles mesures prendre contre une épidémie, il nous semble logique d’en connaître son origine (par la bibliographie), mais surtout son comportement (par observation épidémiologique).

Pour ceci, il faut connaître et différencier :

le nombre de personnes qui portent (et donc peuvent potentiellement transmettre) le virus ;parmi ces dernières, le nombre de personnes qui sont malades (c’est-à-dire celles qui présentent des symptômes, mineurs ou majeurs) ;parmi les malades, ceux qui en meurent. Il s’agit également de déterminer de quoi exactement décèdent ces patients. Avec le temps, on peut également déterminer les catégories de personnes présentant le plus de risques. Il s’agit en d’autres termes de définir la « prévalence » de la maladie, le nombre de « cas » malades dans la population pendant une période donnée. Or depuis le début de cette crise, les statistiques ont, de toute évidence, non seulement été mal présentées et basées sur des données incomplètes, parfois totalement fausses, mais elles ont surtout été abusivement médiatisées sans donner de grille de lecture au grand public, et toujours sous une perspective catastrophiste.

Depuis le début, il y a une confusion entre le taux de mortalité par personne infectée (testée positive) et la mortalité des personnes qui sont en état grave ou en Unité des Soins Intensifs. Le premier chiffre est relativement bas (de l’ordre de 0,2–0,4%) si l’on se donne la peine de faire le calcul en se basant sur les données publiques existantes, mais apparemment non utilisées. Tout étudiant en médecine et personne de bon sens peut comprendre cela. Le taux de mortalité des personnes sévèrement atteintes est fort logiquement plus élevé (au moins 10 fois). Est-il donc logique que ce raisonnement fallacieux ait été publié par la prestigieuse revue scientifique The New England Journal of Medicine le 28 février 2020[note] ? À partir de là, tous les modèles de mortalité calculés sur une donnée incorrecte ont mené à des scénarios absolument catastrophiques et ont conduit les États à confiner leur population et à prendre des mesures antidémocratiques, injustifiées si on se base sur les pratiques scientifiques.

Que cette erreur fondamentale n’ait jamais été corrigée ou même admise pose question. Encore aujourd’hui, on compare les testés positifs du pic de l’épidémie de mars-avril, lorsqu’on ne testait que les personnes gravement malades, et les testés positifs actuellement, majoritairement asymptomatiques, et bien sûr très nombreux puisque l’on teste beaucoup plus. C’est un peu comme comparer des pommes et des poires pour compter des bananes ! Les statistiques sont facilement manipulables : on pourrait même de manière fort perverse démontrer qu’il y a 100% de mortalité chez des personnes décédées ! L’outil de diagnostic actuel (le PCR) est limité à la confirmation d’un diagnostic du SRAS-CoV‑2 parmi ceux qui souffrent d’un rhume ou d’une grippe causés par un autre virus. Par contre, les tests basés sur l’immunologie (comme, par exemple, les tests sérologiques) permettent de détecter la présence du virus dans le corps même des personnes, y compris donc des asymptomatiques.

Tous les modèles de mortalité calculés sur une donnée incorrecte ont mené à des scénarios absolument catastrophiques et ont conduit les États à confiner leur population et à prendre des mesures antidémocratiques, injustifiées si on se base sur les pratiques scientifiques

D’autre part, l’observation du virus a aussi permis de comprendre qu’il présente des spécificités : il agit très vite et peut descendre profondément dans les bronches. En revanche, il ne tue pas seul. La plupart des morts du coronavirus ont été victimes d’une pneumonie bactérienne (donc guérissable par des antibiotiques) traitée trop tard. Le report des soins pour les personnes malades et la quarantaine chez soi jusqu’à ce qu’on soit finalement admis aux soins intensifs alors qu’il est trop tard est un non-sens.

3. Il faut passer de l’impossible gestion de la peur à une gestion du risque qui est, elle, parfaitement possible et souhaitable

Nous arrivons ainsi à la troisième erreur: les mesures disproportionnées. En réagissant par un confinement strict de la population, la volonté était d’« aplatir » la courbe de l’épidémie. Cela fait sens uniquement si le virus se limite à infecter des hôtes humains. La Suède a, dès les premiers cas qui ne pouvaient pas être expliqués par des contacts directs, choisi la seule politique scientifiquement logique : se focaliser sur les personnes et non sur la contention du virus. Un confinement court aurait pu se justifier pour pouvoir organiser notre système de santé, mais créer la panique et de facto paralyser la médecine de première ligne n’était pas réellement justifié. Une fois cette machine infernale enclenchée, toute la litanie des mesures n’a servi qu’à engendrer une peur panique qui finira par tuer plus que le virus lui-même.

La Suède a, dès les premiers cas qui ne pouvaient pas être expliqués par des contacts directs, choisi la seule politique scientifiquement logique : se focaliser sur les personnes et non sur la contention du virus

Dans toutes mesures prises en santé publique, il est toujours essentiel de faire un calcul « coût-bénéfice » (ce qu’on appelle une analyse de risques). Concernant le bénéfice, étant donnée la faible mortalité de cette épidémie et l’efficacité très variable de ces mesures, celui-ci sera vraisemblablement faible. Il est évident que lors d’une épidémie d’Ebola, toutes ces mesures permettraient de faire une différence. Mais prendrions-nous celles-ci contre épidémie de rhume? Le SRAS-CoV‑2 n’est certes ni l’un ni l’autre, mais pourquoi ne pas plutôt se focaliser sur des soins adéquats, qui permettraient de diminuer le vrai danger de mortalité, par exemple, par un usage plus généralisé des antibiotiques pour éviter les infections bactériennes secondaires.

Le coût sociétal de ces mesures, par contre, a été d’abord ignoré puis systématiquement sous-estimé. Les impacts sanitaires (dus aux nombreuses personnes non traitées ou non dépistées), économique, social, psychologique, éducatif promettent d’être gigantesques. Les vagues de faillites, de mortalité infantile (l’Unicef estime que 6.000 enfants meurent chaque jour de causes évitables par manque de soins dus en partie à la paupérisation de leur famille), de malnutrition (l’activité des nombreux fermiers s’est arrêtée net), de cancers trop avancés, car non dépistés, de violences conjugales, de burn-out, de dépressions et de suicides, commencent seulement à arriver.

Le « principe de précaution » ne peut être sans arrêt utilisé pour tout justifier, surtout qu’il est mal compris. Ce principe recommande de prendre des mesures anticipatives de gestion des risques. Quand des experts exposent des hypothèses plus alarmantes les unes que les autres, ils prennent les autorités en otage en jouant sur la peur des citoyens. Il ne s’agit plus de science. Par précaution, il aurait plutôt fallu évaluer le coût et le bénéfice de chaque mesure, y compris donc des mesures de confinement, des restrictions des libertés individuelles et du port du masque ! Porter le masque « au cas où cela sauverait quelqu’un » n’est pas une bonne raison scientifique. Depuis le début de la crise, de nombreuses autorités (y compris notre ministre de la santé), avaient à raison expliqué qu’ils n’étaient utiles que contre les contaminations humides, c’est-à-dire des gouttes émises lorsque l’on tousse, et aucunement contre la contamination par aérosols. Pourquoi ce changement d’opinion si ce n’est parce qu’il s’agit d’une gestion de la Peur et pas d’une gestion des risques ?

Ce sujet extrêmement clivant et actuel des masques, comme signalent de nombreuses cartes blanches et lettres ouvertes de centaines de médecins et scientifiques[note], ne résiste pas à une lecture extensive de la bibliographie scientifique. La science nous rapporte que l’imposition de ceux-ci n’est utile qu’en milieu hospitalier (qui est, par définition, un lieu de concentration de personnes malades), lorsqu’il est porté par des professionnels en suivant un protocole strict, ce qui n’est pas le cas du grand public. Les particules virales ont approximativement la taille des particules de tabac aérosolisées. Tout comme la fumée du tabac, le virus circulera quoiqu’il arrive, à travers le masque et sur les côtés, en suspension dans l’air parfois plusieurs heures… Par contre, le port du masque généralisé, proposé en dépit des preuves scientifiques, a eu deux effets destructeurs majeurs: le renforcement de la panique au sein des populations (corps médical inclus) et la politisation de cet outil qui est devenu un symbole.

La science nous rapporte que l’imposition des masques n’est utile qu’en milieu hospitalier, lorsqu’il est porté par des professionnels en suivant un protocole strict, ce qui n’est pas le cas du grand public

Les vaccins seront sans doute bientôt l’objet d’une lutte similaire. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la vaccination, mais, comme pour les autres mesures, d’établir un rapport coût/bénéfice. Tous les vaccins ne se valent pas. Certaines maladies virales comme la polio et la variole ont pu être contrôlées par des vaccins, car elles sont uniquement transmises par les humains et par contact direct. Le SRAS-CoV‑2 est un virus qui est non seulement véhiculé par l’air et par les animaux, mais qui mute à un taux très élevé. Dans ce cas, trouver un vaccin qui fonctionne réellement est une gageure. Il est très probable qu’un vaccin contre le SARS-CoV‑2, comme les vaccins contre les grippes saisonnières (dont l’efficacité dépasse rarement 50%), montre une faible efficacité, et de surcroît doive être continuellement mis à jour au fur et à mesure que le virus mute.

Nous remettons donc en question les mesures prises par notre gouvernement, sachant que les informations sur lesquelles s’appuie cette gestion de crise sont incorrectes et incomplètes, et ont mené à des conclusions qui le sont tout autant. Nous réclamons donc, tout comme nombre de médecins et de personnel soignant ayant signé des cartes blanches et manifestes (Docs 4 open debate, Belgium Beyond Covid, Corona Manifest, Transparence Coronavirus, voir note 3), des mesures correctes et proportionnées, qui prennent en compte les impacts négatifs que cette crise a déjà causés.

* L’erreur est humaine, persévérer est diabolique

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À propos de la 5G, Sciensano désinforme les citoyens

Lettre ouverte de Paul Lannoye, Président du Grappe ASBL, Docteur en Sciences physiques et Député européen honoraire pour www.stop5G.be

On attend d’une institution publique chargée d’informer les citoyens de notre pays sur les problèmes de santé publique qu’elle se base sur des faits et utilise des arguments scientifiquement valides pour étayer ses propos. Dans le communiqué de presse, publié le 8 juin dernier, sous la responsabilité de Mme Ledent, il est facile de vérifier que ce n’est pas le cas. Au lieu d’informer correctement, ce texte constitue un plaidoyer unilatéral et totalement biaisé en faveur du déploiement de la 5G, présentée en conclusion comme un indispensable outil sans lequel l’accès aux services de secours par le réseau mobile de télécommunications serait mis en danger ! 

Ce texte est d’une telle indigence que l’ignorer m’a paru, dans un premier temps, être l’attitude la plus raisonnable. C’était une erreur. Depuis lors, les porte-parole des opérateurs de télécommunications, relayés largement par les médias, l’ont brandi comme garantie de la pertinence de leur projet. En outre, une parlementaire bruxelloise l’a utilisé comme base d’une intervention publique diffamatoire et caricaturale de l’opposition à la 5G. 

Passons en revue certaines affirmations prétendument basées sur la science qui constituent l’essentiel du texte de Sciensano. 

1. Les risques pour la santé peuvent être évalués sur base de recherches existantes effectuées sur des fréquences comparables à celles de la technologie 5G. Je rappelle que la bande de fréquences attribuée par l’IBPT ce 18 juillet dernier à 5 opérateurs est de 3600 à 3800 MHz. Cette bande de fréquences n’a, à ce jour, fait l’objet que de très rares études, comme l’admet d’ailleurs l’ANSES, l’organisme public français en charge de cette problématique, dans un rapport préliminaire[note]. Comme la fréquence est un paramètre important dans la qualification et la quantification des effets biologiques d’un rayonnement électromagnétique, il est imprudent et scientifiquement mal fondé de considérer a priori qu’on en sait assez pour accepter leur utilisation sans risque. 

2. Beaucoup plus grave : il est incorrect d’affirmer que les limites d’exposition appliquées en Belgique pour les radiofréquences nous protègent déjà des effets nocifs sur notre santé. Ces limites nous protègent bien contre les effets thermiques, mais en aucun cas contre les effets biologiques qui se manifestent à des niveaux d’exposition nettement plus faibles (de mille à cent mille fois). Ces effets biologiques, en cas d’exposition régulière, ou pire encore, permanente, peuvent entrainer des dommages à la santé particulièrement pour les enfants et les embryons. L’abondante littérature scientifique révélant ces graves problèmes de santé a fait l’objet d’une méta-analyse exhaustive dès 2007 par un groupe de scientifiques, spécialistes parmi les plus respectés en matière de bioélectromagnétisme[note]. Cette méta-analyse a été actualisée par ce groupe en 2012 et régulièrement mise à jour[note]. Plusieurs milliers de publications se sont ajoutées à charge des rayonnements de hautes fréquences ; il est confirmé que le caractère pulsé des rayonnements de la téléphonie mobile est un facteur aggravant des nuisances provoquées sur le vivant. Les dommages à la santé bien identifiés et répertoriés dans la littérature scientifique sont : 

Les lésions de l’ADN cellulaire ; Le stress cellulaire ; L’altération de l’expression des gènes ; L’infertilité et l’altération de la qualité du sperme ; La perturbation du sommeil ; Les troubles cardiaques, incluant la tachycardie, l’arythmie et l’arrêt cardiaque ; Les troubles neurologiques, en ce compris la dépression et l’autisme ; Le cancer. 

Les processus essentiels de l’organisme humain sont altérés par le stress permanent provoqué par une exposition chronique aux rayonnements électromagnétiques, avec pour conséquence des troubles des fonctions métaboliques, immunitaires et reproductives. Le mécanisme biologique expliquant ces problèmes de santé a été proposé par Martin Pall dès 2013[note] et cautionné par la communauté scientifique au fil du temps. Le rapport du Conseil Supérieur de la Santé de Belgique de 2019 reprend à son compte cette explication lorsqu’il dit que « les rayonnements non ionisants de micro-ondes pulsées agissent via activation des canaux calciques dépendants du voltage, induisant des impacts biologiques à des niveaux non thermiques »[note]. Il importe d’attirer l’attention sur le fait qu’avec la 5G, on entre dans une ère où la pollution électromagnétique n’épargnera personne, sachant que la multiplication des antennes, stations de base (leur nombre serait augmenté d’un facteur 5) et mini-antennes à balayage électronique seront capables de cibler partout les smartphones et les objets connectés. 

3. Sciensano admet que « les fréquences plus élevées sont considérées comme indispensables au fonctionnement optimal du réseau 5G (par exemple 26 et 66 GHz) ». L’insistance mise sur la faible profondeur de pénétration des ondes de hautes fréquences et dont les longueurs d’onde vont du centimètre au millimètre laisse entendre que l’organisme humain ne serait guère menacé, seules les couches superficielles de la peau et des yeux pouvant subir quelques effets éventuels. Cette présentation abusivement rassurante fait l’impasse sur la sensibilité particulière de certains organes superficiels et sur les mécanismes biologiques qui impliquent les cellules superficielles dans le fonctionnement global de l’être humain, mécanismes qu’on ne connaît pas encore parfaitement à ce jour.

Une étude récente (2018) publiée par Betzalal et al. a montré que les glandes sudoripares des couches supérieures de la peau jouent un rôle d’antenne, ce qui augmente significativement l’absorption spécifique des ondes millimétriques[note]. Une autre, toujours en 2018, révèle l’apparition de pics de température dans la peau des personnes exposées du fait des salves de quelques millisecondes transmises par les dispositifs sans fil[note]. Les experts de Sciensano admettent qu’on en est actuellement au stade des premières recherches, lesquelles sont encore en cours. Ils déclarent qu’en cas d’incertitude sur la sécurité pour notre santé, le principe de précaution doit être appliqué. Cette déclaration est pertinente, mais laisse sous-entendre qu’on n’est pas du tout confronté à une telle incertitude, ce qui est incorrect. 

4. Enfin, l’affirmation selon laquelle « il n’existerait aucune explication scientifique au fait que le rayonnement 5G aurait un effet quelconque sur la propagation du coronavirus » et qu’il s’agirait d’une fausse nouvelle est une contre-vérité grossière. Plusieurs études scientifiques montrent que si une exposition de courte durée aux rayonnements de radiofréquences renforce le système immunitaire, une exposition prolongée, au contraire, l’affaiblit. Le mécanisme en cause est bien compris et a fait l’objet de plusieurs publications : les rayonnements de micro-ondes ouvrent les canaux calciques des membranes cellulaires (voir réf 4 et 5) et augmentent la concentration en radicaux libres. Le terrain est en fait rendu très favorable à la réplication des virus. Il est donc scientifiquement plausible que la propagation des infections virales soit accélérée par l’exposition aux rayonnements de micro-ondes.

Au même titre que la pollution atmosphérique, la pollution électromagnétique devrait être considérée comme un co-facteur potentiel dans la pandémie actuelle, comme l’ont suggéré plusieurs scientifiques aussi compétents que respectés[note], ainsi que plusieurs députés européens dans une question prioritaire posée à la Commission en avril 2020[note]. En conclusion, je voudrais insister sur la nature de la controverse scientifique qui voit s’affronter les partisans du paradigme « thermique », les anciens, et les défenseurs du paradigme « biologique » que j’appellerai les modernes. Le paradigme « thermique » est celui adopté à l’origine par les scientifiques et les ingénieurs impliqués dans le développement des technologies des télécommunications à des fins militaires ou civiles. Ce paradigme est basé sur le postulat implicite de la nécessité de ce développement, sachant que les nuisances éventuellement provoquées doivent être limitées et être aussi faibles que possible sans toutefois entraver ce développement.

L’ICNIRP (Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants) est une commission d’experts issus de ce monde des ingénieurs et des physiciens acquis à ce paradigme « thermique » et proche des milieux industriels. Ses recommandations sont à la base de toutes les législations en vigueur depuis 30 ans et sont la source unique des recommandations de l’OMS et de l’UE, malgré l’accumulation de données scientifiques confirmant le caractère obsolète du paradigme « thermique » et l’existence de dommages à la santé à des niveaux d’exposition bien en dessous du seuil thermique. L’ICNIRP est un comité d’experts parmi d’autres. Il n’est pas indépendant, mais lié à l’industrie. En aucun cas, il n’est une autorité scientifique incontestable, comme l’ont montré dans un rapport récent les députés européens Michèle Rivasi (biologiste) et Klaus Buchner (Physicien)[note].

Le communiqué de presse publié par l’ICNIRP le 11 mars dernier et consacré à la présentation des nouvelles lignes directrices pour la protection contre les rayonnements non ionisants a permis à son président, le docteur Van Rongen, de déclarer que l’application de ces lignes directrices permettra un déploiement de la 5G sans aucun dommage à la santé ! En plein débat sur la problématique de la 5G, cette déclaration a manifestement pour seul objectif de clore rapidement et définitivement ce débat en faveur des intérêts industriels et d’un choix de société imposé aux populations aux dépens de la santé. En fondant son analyse sur les seules recommandations de l’ICNIRP, Sciensano se fourvoie dangereusement et ce qui est beaucoup plus grave désinforme la population. C’est ce qu’a déjà fait Test Achats, cité en référence par Sciensano, on se demande bien pourquoi.

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L’État « répond » à nos questions

Après plus de 4 mois et demi d’attente, alors que l’État promettait que d’autres journalistes relaieraient mes questions en conférence de presse, ce qui n’a jamais — évidemment — eu lieu, celui-ci, via ses avocats, a répondu à certaines de celles-ci par courrier, le 4 septembre. Enfin, si on peut appeler cela « réponse », car cette dernière implique de tenir compte de la question, qu’on y soit favorable ou opposé. Logique toutefois, la langue de bois n’est pas une langue, mais une rhétorique. Il est d’ailleurs étonnant de constater la façon dont chaque « réponse » de l’État est presque systématiquement précédée de cet avertissement: « La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse », alors que Wikipedia donne comme définition de « langue de bois», une expression « qui désigne un cliché rhétorique péjoratif, visant à disqualifier un discours adverse en affirmant que son argumentation est tissée de formules stéréotypées ». N’est-ce pas clairement ce que cette formule qui sert d’introduction à leur réponse signifie? 

Vous trouverez ci-dessous le courrier complet de l’État, avec mes questions, précédées d’un tiret, et leurs « réponses », en gras. 

- Lors d’une conférence de presse tenue début août, le décès tragique d’une fille de trois ans a été évoqué en l’attribuant au Covid. Son père a témoigné dans la presse, expliquant que le 16 juillet, sa fille « avait été placée en soins intensifs où l’infection au Covid-19 a ensuite été diagnostiquée. Les tests de dépistage se sont également révélés positifs pour les parents » : « “C’est le coronavirus qui l’a accompagnée, mais pas le coronavirus qui l’a tuée. Il ne faut pas effrayer le monde pour rien. C’est beaucoup de show tout ça”, regrette-t-il ». Ce type de communication qui a des effets politiques, à savoir le durcissement des mesures, mais aussi génère angoisse et inquiétude chez des parents et grands-parents, alors que la rentrée des classes approche, est selon nous la preuve d’un amateurisme, ou d’une volonté d’instiller la peur. Comment le gouvernement collecte-t-il ces informations relatives au Covid et les vérifie-t-il ?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Cette histoire, relayée dans la presse, a marqué de nombreux Belges, dont les représentants politiques. Dans de telles circonstances, les autorités ont présenté leurs condoléances.

Les décisions politiques sont prises sur base de rapports contenant à la fois des données sanitaires et des recommandations exprimées par les experts.

- Pouvez-vous nous parler des tractations du gouvernement avec les multinationales pharmaceutiques, notamment GSK ? Quel est l’état de votre collaboration actuelle avec cette dernière ? Sachant notamment que Pascal Lizin est à la fois Président de la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI) et directeur chez GSK comme principal responsable du lobbying. C’est également la SFPI qui a mis Vesalius Biocapital, où travaillait Philippe De Backer, dans ses « priorités stratégiques » (voir https://www.kairospresse.be/article/155505

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Le gouvernement a des contacts avec le secteur pharmaceutique dans son ensemble, comme il en a avec tous les secteurs de notre tissu économique et social. Il n’entretient pas de relation privilégiée avec une entreprise, au détriment d’autres. Sur des dossiers importants comme l’élaboration d’un vaccin contre le Covid-19, l’Union européenne a mis en place une procédure de passation de marché centralisée qui ne permet pas aux États membres de mener distinctement leurs propres négociations, et ce, afin de garantir la solidarité entre les États membres.

Le procès d’intention qui est fait aux personnes citées dans la question doit être adressé aux principaux concernés.

- Depuis le début du coronavirus en Belgique, plus rien ne se dit et plus rien n’est fait par rapport au risque majeur et bien plus grand qu’une épidémie et qui concerne le changement climatique et les dangers majeurs pour l’humanité qui lui sont associés. Or, alors que le covid-19 aurait permis de repenser entièrement notre modèle de société, vous vous empressez en phase de « déconfinement », de soutenir financièrement Brussel Airlines, laquelle participe à la destruction de notre écosystème ; rien n’est fait pour juguler la pollution atmosphérique, dont l’automobile est largement responsable. Dans le monde, ce sont 7 millions de personnes qui meurent chaque année d’une mauvaise qualité de l’air ; en Belgique, ce sont plus de 10.000 personnes qui meurent prématurément à cause de la pollution de l’air. Comptez-vous pérenniser cette politique de croissance, qui nous a conduits où nous en sommes, et dont le Covid-19 est également la résultante ?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Il est erroné de prétendre qu’aucune action n’est entreprise au niveau de la lutte du réchauffement climatique depuis le début de la crise sanitaire. Le Green Deal a, par exemple, été au cœur des discussions européennes auxquelles la Belgique a participé activement, dans le cadre du MFF (Multi annual. Financial Framework)

La politique environnementale, dont l’amélioration de la qualité de l’air fait partie, est largement régionalisée en Belgique. Les différents ministres régionaux compétents pourront vous faire le bilan de leur action.

Lors des négociations avec Brussels Airlines, le gouvernement a fait savoir qu’il demandait « des garanties (…) en vue d’une mise en œuvre correcte d’un business plan réaliste et tourné sur l’avenir pour Brussels Airlines, axé sur une croissance rentable, responsable du point de vue écologique et offrant des perspectives d’emploi. »

- Pourriez-vous nous détailler les chiffres parmi les personnes testées positives : quelles sont celles qui sont asymptomatiques, celles qui nécessitent de se soigner, mais peuvent rester à la maison, et celles qui nécessitent une hospitalisation ?

Tout est disponible dans les rapports de Sciensano. Les porte-paroles interfédéraux ainsi que l’administration sont en mesure de fournir des informations complémentaires.

- Jamais en plus de 5 mois vous n’avez évoqué précisément le fait que la mortalité attribuée au Covid touchait en fait des personnes en état de comorbidité (obésité, diabète, troubles cardio-vasculaires) ou des personnes très âgées. Vous n’avez pas non plus tenu compte des remèdes éventuels et des pratiques qui pouvaient, à moindre prix, augmenter l’immunité. Alors que les conflits d’intérêts des groupes d’experts et de membres du gouvernement, que vous nommez sans honte « privacy », sont patents, nous pouvons légitimement nous demander ce qui dicte les choix du gouvernement : l’argent ou le bien commun. Au vu de vos décisions antérieures, notamment comme ministre du Budget, mais aussi comme membre d’un parti, le MR, qui a toujours œuvré en faveur des plus riches (cf. notamment les « intérêts notionnels » mis en place par Didier Reynders), vous reconnaîtrez que le doute est permis. Pouvez-vous nous assurer qu’aucun groupe privé ne tire profit du Covid-19 et des décisions qui sont prises par votre gouvernement ?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Ces données ont été publiées dans les rapports hebdomadaires qui figurent sur le site de Sciensano.

Le RAG (Risk Assement Group)ne remet pas d’avis de type thérapeutique, une telle mission est de la responsabilité de cliniciens. Un groupe de cliniciens s’est réuni et a émis un avis public sur les traitements COVID, avis basé sur une revue d’articles peer-reviewed, sur des évidences scientifiques et sur leur expérience clinique.

Aucune décision prise ne vise à favoriser le profit d’un particulier.

- Lors de la conférence de presse du 27 juillet, Elio Di Rupo, que j’ai interpellé, ne semblait pas être au courant qu’un seul homme soit derrière les mesures de traçage, un certain Frank Robben. Pourriez-vous nous en dire plus ?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Les mesures relatives au contact tracing ont fait l’objet d’un accord de coopération entre les entités fédérées et le fédéral. Cet accord a été discuté en Conférence Interministérielle Santé et en Comité de concertation. Par ailleurs, l’opérationnalité du Testing & Contact tracing est assurée par une Plateforme interfédérale testing and tracing qui comprend les représentants des entités fédérées et de l’état fédéral, présidée par Karine Moykens.

- Les professionnels de la santé mentale indiquent que de nombreuses personnes les consultent pour des troubles liés à la situation présente, dont la dépression, la perte de sens, les idées suicidaires font largement partie. Mettez-vous en balance les dégâts collatéraux de vos mesures avec leurs bénéfices quand vous les décidez, dans une sorte de calcul coût/bénéfice pour la population ? Avez-vous des chiffres des effets sociaux/individuels de vos décisions ?

La santé mentale est une compétence partagée entre les différents niveaux de pouvoir.

Dès mars 2020, la Conférence interministérielle Santé a abordé ce point. La corrélation entre les mesures de confinement et  la santé mentale a aussi été discutée dans le GT Santé mentale du GEES durant les mois avril / mai / juin.

Au fédéral, certaines mesures ont été prises comme la mise en place des vidéoconsultations, l’élargissement du public cible au remboursement psychologique ou encore le renforcement de l’accompagnement dans les hôpitaux. Les premiers chiffres de l’INAMI concernant la vidéoconsultation, par exemple, indiquent qu’il n’ y a pas un pic fortement marqué. 

- Pensez-vous qu’il soit possible d’éviter totalement les contaminations au covid-19? Dans ce domaine, le risque zéro n’existe pas, pourtant on a l’impression que c’est ce que vous voulez tendre à faire croire. Quid de l’immunité collective, qui sera essentielle selon certains virologues pour réduire les contaminations si un retour du virus a lieu de façon saisonnière, immunité collective dont vous ne prenez nullement compte?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

L’objectif a toujours été le contrôle de l’épidémie, ce qui est différent de l’objectif « zéro contamination ».

- La Suède qui a pris des mesures tout à fait différentes de celles de la Belgique, refusant le confinement généralisé, et montre des résultats qui ne sont pas alarmants, alors que certains leur promettaient des dizaines de milliers de morts. Quelles conséquences en tirez-vous ?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Si l’approche de la Suède est différente d’une grande partie des autres États européens, des mesures similaires à celles instaurées en Europe (fermeture des établissements scolaires, limitation des rassemblements, restrictions de voyage, etc.) ont été prises, parfois bien plus tard. Le pays décompte par ailleurs un nombre de victimes beaucoup plus importants que ses pays voisins dont les caractéristiques (densité, etc.) sont assez semblables. La stratégie suédoise est sujette à débat. Il est trop tôt pour tirer un bilan alors que l’épidémie n’est pas terminée.

- Comment expliquez-vous qu’au moment le plus crucial de l’épidémie, un seul laboratoire a été désigné pour tout le territoire ? Cela a totalement déterminé le nombre de tests et les critères pour les réaliser.

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Lors de la première vague, les experts scientifiques ont clairement insisté sur l’indispensable nécessité pour réussir la stratégie de déconfinement de l’associer à une politique de testing. Cette politique de testing a tenu compte de la pénurie mondiale de réactifs qui frappait les labos cliniques, ne leur permettant pas plus de 7000 tests journaliers. Grâce à un protocole de l’Université de Namur, une alternative de testing moins consommatrice de réactifs a finalement pu être mise sur pied. Une plateforme nationale permettant d’accroitre les capacités grâce à une mise en commun du matériel a été aussi mise en place.

Le Cabinet du Ministre De Backer peut fournir d’avantage d’information.

- Pouvez-vous nous confirmer à cette date, alors que vous durcissez les mesures, notamment à Bruxelles avec l’imposition du masque dans tous les lieux publics, que le taux de létalité du au Covid ne fait que diminuer ?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Le Conseil National de Sécurité n’a jamais imposé le port du masque dans l’ensemble de l’espace public.

Le port du masque obligatoire dans l’espace public à Bruxelles est une décision du gouvernement régional bruxellois auquel il convient donc de s’adresser.

- Il n’y a aucune base scientifique à imposer le port du masque partout. Sur quels critères vous appuyez-vous dès lors ?

La question comprend des insinuations incorrectes qui ne correspondent pas à la réalité. Il en est fait abstraction pour apporter des éléments de réponse.

Le rôle joué par les asymptomatiques dans la contamination au virus Covid 19 est prouvé scientifiquement. Par définition, ces asymptomatiques ne peuvent pas être identifiés. Le port du masque permet donc de limiter la contamination par ceux-ci. Il permet également de réduire le risque de contamination.

La littérature scientifique et les rapports d’institutions comme l’OMS démontrent très largement l’intérêt de porter un masque.

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De quoi devrions-nous avoir peur ?

« […] il arrive à l’homme d’aimer mieux croupir dans la peur que d’affronter l’angoisse d’être lui-même[note]. »Cioran, 1957.

Depuis longtemps j’ai de l’intérêt pour la notion d’heuristique de la peur proposée par Hans Jonas : moyennant un effort d’imagination, l’homme peut entrevoir les conséquences catastrophiques futures de son pouvoir technoscientifique sur lui-même et sur la nature. Cette peur prospective, mâtinée de culpabilité, est à son tour un moteur pour l’action destinée à éviter le chaos ou l’apocalypse. Il en allait, disait Jonas, du maintien des possibilités de vie biologique des lointaines générations, cela prenant la forme d’un nouvel impératif catégorique adapté aux temps présents et futurs. Ces dernières années, en jonassien, j’ai porté un jugement sévère sur mes contemporains pour leur insouciance irresponsable, leur indifférence provocante, leur nonchalance apolitique, leur scepticisme inapproprié (« Sur la réalité du réchauffement climatique, tous les scientifiques ne tombent pas d’accord, tu sais »), leur cynisme (« Profitons de tout tant que c’est encore possible ») et même leur nihilisme chic. Ces individus de la classe moyenne qui se prennent pour des dandies, je les ai exhortés, généralement en vain, à ressentir une peur salutaire. Pas plus d’effet chez mes camarades de lutte : « La peur paralyse l’action, elle est donc à éviter ». Non, elle la stimule, et en plus elle est censée nous mener à la « raison lucide », rétorquais-je en pensant encore à Karl Jaspers, ainsi qu’à la philosophe Chantal Guillaume qui, elle, parle de peur écologique ou peur responsable[note].

Tout cela fait partie de l’ancien temps. Il y a des moments de l’histoire où les choses basculent rapidement. Il était déjà étonnant de voir comment la doxa néolibérale avait pu contaminer les consciences en un temps record, dans le courant des années 1980, des consciences adultes qui pourtant avaient été élevées dans les promesses marxistes (politiquement parlant), soixante-huitardes (sociétalement parlant) et post-soixante-huitardes (écologiquement parlant)[note]. Avec l’épidémie de coronavirus, le phénomène d’accélération a été bien plus fulgurant : en six mois à peine, l’ensemble du corps social s’est converti à la peur, se retrouvant dans un état de sidération, de détresse existentielle pour certains, soumis à la pression du groupe et aux décisions liberticides autant qu’incohérentes et absurdes des gouvernements belges et français. Nous assistons à une « expérience morale », telle que l’avait analysée le sociologue Erving Goffman : « Le sujet s’adapte à son milieu, est influencé par celui-ci, il se crée une nouvelle identité, se transforme lui-même, tout cela en rapport avec des formes de pouvoir qui se déploient autour de lui[note] ». Avais-je enfin réussi mon coup ? Que nenni ! Car cette peur-ci n’est pas le fruit goûteux de l’usage de la raison appliquée aux événements, elle est le fruit pourri de la propagande médico-politico-médiatique. Donc, une mauvaise conseillère. Derrière leurs masques-muselière, les électeurs-consommateurs ont peur[note]. Leurs raisonnements, leurs paroles, leurs gestes, parfois leur démarche lasse et leur tête baissée expriment la peur du coronavirus. Là se trouve le nœud : l’objet de leur peur. « Le vrai courage sait ce dont il doit avoir peur[note] », écrit Cynthia Fleury. Ne serait-il pas plus sage, plus courageux et mieux avisé de s’inquiéter de la dérive autoritaire et biopolitique des gouvernements, ou encore plus globalement l’évolution totalitaire de l’Occident[note] ? Pourtant cela ne semble pas tracasser la majorité de la population en demande pressante de sécurité, de protection, de survie ou de vie « nue », c’est-à-dire réduite au simple fait d’un organisme d’être en vie, plus encore que de santé. La peur du virus conjure celle que nous devrions éprouver face à la détérioration préoccupante tant de ce qui reste de démocratique dans nos institutions que des écosystèmes dont nous dépendons. Car « le reste » n’a évidemment pas disparu. Pour ne considérer que trois exemples, les mégafeux viennent de reprendre sur la côte ouest des États-Unis et en Amazonie, alors que nous ne sommes qu’au début de la saison sèche ; la pollution par le plastique est démultipliée depuis six mois[note] ; comme la population, nos centrales nucléaires continuent de vieillir et font aussi montre de « comorbidité ». Mais on se presse moins à leur chevet !

Les gouvernements et les médias auraient-ils cessé d’être « rassuristes » à l’occasion de cette épidémie ? Là aussi nous percevons un changement. Jusqu’ici le pouvoir politico-médiatique évitait d’apeurer inutilement les individus pour qu’ils continuent leur vie au rabais d’électeurs-consommateurs. Il leur assurait qu’il n’y avait pas à s’affoler, puisque la technoscience et ses experts trouveraient les solutions à tous les problèmes. Mais voilà qu’avec le Covid-19, il sonne le tocsin depuis des mois en énumérant quotidiennement les chiffres des contaminations, des hospitalisations, des morts. Peur, angoisse et même terreur à tous les étages ! Dans le Léviathan (1651), Thomas Hobbes remarquait déjà que la peur de la mort et le goût du confort étaient les passions principales qui disposent le mieux les hommes à obéir. Cela n’a pas changé trois siècles et demi plus tard. Pour le confort, pas de problème, la vie sous cloche du confinement (ou semi-confinement) y est très favorable puisqu’il ne restera bientôt plus que « ça » pour se consoler. Le divertissement numérique et les plateformes de vente en ligne y pourvoiront. La peur de la mort joue aussi sa pleine partition en cette époque où les projets du transhumanisme semblent séduire (réduire ?) de plus en plus de monde. Avec Olivier Rey, on peut se poser la question : « Sur quelles libertés [en effet] les populations ne sont-elles pas disposées à transiger, quelles sujétions ne sont-elles pas prêtes à accepter, pour fuir devant cette terreur [Ndlr : la mort], avec laquelle plus aucun rite ne permet de composer ?[note] ». Mais la peur est à géométrie variable. Quand les électeurs-consommateurs s’envolent pour des destinations touristiques (plus ou moins) lointaines, ils n’ont toujours pas peur d’accélérer les dérèglements climatiques ; quand ils participent à la gabegie de plastique, ils n’ont toujours pas peur de transformer l’océan en poubelle ; quand, crédules, ils obéissent au gouvernement et aux experts, ils n’ont bizarrement pas peur de basculer dans une nouvelle version 2.0 de la société faite de méfiance systématique du corps de l’autre, d’idéologie du « sans contact », de surveillance ubiquitaire (du pouvoir vers les citoyens et les citoyens entre eux), d’évaporation de la vie collective autre que celle du travail et de la communion consumériste en grandes surfaces. Ils n’ont bizarrement pas peur de cette perspective de simple survie contrôlée par la machinerie algorithmique d’un État à la main droite régalienne de plus en plus lourde[note]. Et nous retrouvons ici le rôle salutaire d’une peur rationnelle et à bon escient. Mais ne nous limitons pas à elle, soyons aussi l’oasis dans le désert de la société hygiéniste[note].

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Le Covid-19 et son (im)monde

Si la situation actuelle devait nous enseigner une vérité, c’est sans doute celle que c’est à la mesure d’une modification obligée de nos « habitudes » que nous pouvons prendre le temps de nous arrêter et de penser. Mais a‑t-on vraiment modifié toutes nos habitudes, sachant que celle qui consiste à s’informer, par le biais des mêmes médias qu’avant, a crû davantage ? Il est donc également probable que des chocs comme celui que nous vivons, puissent avoir l’effet inverse. 

Le coronavirus n’est-il pas une forme d’apothéose de tout ce qu’il se passe depuis longtemps, qui s’inscrit cyniquement et « normalement » dans les productions d’une société qui a fait primer l’hybris (la démesure) sur le bien commun. Selon d’où l’on se situe, on pourra donc dire que rien ne va dans notre société, mais d’un autre point de vue, que tout fonctionne très bien. Dans le premier cas, on nommera les écarts indécents entre riches et pauvres qui se creusent irrémédiablement, les catastrophes naturelles qui augmentent de par leur nombre et leur ampleur, la disparition de la flore, la dramatique sujétion de la vie humaine aux algorithmes et aux écrans, la sixième crise d’extinction des espèces, etc. Dans le second, on constatera que les multinationales n’ont jamais été aussi puissantes, les médias concentrés aux mains des élites financières et autres grosses fortunes, que les dividendes pleuvent sur des riches de plus en plus riches, que la destruction est créative de richesses, concentrées, avant tout. Et que malgré tout cela, nombreux croient encore en la théorie du ruissellement. 

De cette situation, ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change tireront profit. La réussite de leurs affaires dépendra de la réaction de la classe moyenne prise en étau entre les « premiers de cordée » et ce qu’il reste des classes populaires. Quel en sera l’épilogue, nous n’en savons rien. Mais l’apathie générale et l’ambivalence d’une petite bourgeoisie qui se contente de ce qu’on lui propose, troquant toute velléité de révolte contre un city-trip ou le dernier gadget made-inFoxconn, ne présage rien de bon. Pessimiste vous direz ? Il est trop tard pour penser en ces termes, établissant seulement que tout n’a mené à rien ; que les exigences étaient trop pauvres ; que l’espoir était trop présent et opportun. À l’heure qu’il est, on fait fi de l’espoir, prétexte à ne rien faire. On agit. 

Il est dont utile ici de procéder à une forme de synthèse, qui fera grincer les thuriféraires de « l’appel aux gouvernants », qui ne gouvernent plus rien du bien commun depuis des décennies, mais se contentent juste d’assurer leur plan de carrière, et donc de façon subséquente et logique, de garantir la pérennité du capitalisme, dont la fin n’est qu’une accumulation, qui ne peut prendre fin, si nous y participons, que sur la dévastation de la Terre qui nous accueille. 

Les propos raviront toutefois ceux qui luttent bien seuls depuis longtemps pour faire entendre autre chose que les psaumes de l’église de la croissance, relayés par leurs diocèses médiatiques. Ces derniers ont tous les âges, mais la tendance à considérer les pensées hétérodoxes comme désuètes leur accole fréquemment l’épithète de « vieux ». Certes, il peut y avoir quelque chose de valorisant à se voir qualifier de la sorte par des fidèles qui assurent la fin de l’humanité par leurs certitudes quotidiennes. 

Il faudra donc débuter par la fin qui éclaire le commencement : si Coronavirus il y a et si réactions médiatisées de ce type se font jour, elles ne sont que l’aboutissement de ce que nous sommes, de ce que nous avons fait, et de où nous en sommes. Rien de plus, et c’est même assez simple en fin de compte. Les élites occidentales ont toujours pu compter sur une classe moyenne qui ne voulait en rien perdre de ses prérogatives. Celle-ci a donc toujours fulminé de manière affectée, laissant l’illusion de la confrontation tout en assurant en off sa propre perpétuation. Les syndicats, l’aide au développement, les ONG et associations diverses, les Parlements, ne sont que les reliquats d’une lutte qui a perdu de sa radicalité, devenus même iindispensables tant ils servaient de faire-valoir au système dominant. Il fallait feindre l’opposition, en ne s’opposant toutefois plus aucunement aux fondements du système qui leur permettait même d’exister. Les autres, révoltés, avaient prouvé, dans les zones qui constituaient nos réservoirs de matières premières et de mains‑d’œuvre, que la réelle opposition n’avait qu’une seule issue : létale. Biko, Allende, Sankara, Lumumba…, en sont le témoignage. Pendant ce temps, la généralisation du vote illusionnait le peuple qu’il participait du collectif, surtout dupe de ce tour de prestidigitation qui avait fait accepter cet oxymore d’une « démocratie participative », parce qu’il pouvait désormais jouir des fruits de la consommation marchande. 

Soit, les révolutions abouties n’ont toujours été que bourgeoises. Pourquoi en changerait-il ? Nous débuterons par là, en commençant par un préliminaire toutefois, qui tentera de montrer que quelle qu’ait été la volonté d’aboutir à la crise coronovarienne présente, l’intention importe au fond peu, et c’est peut-être cela le pire : l’orgiaque est ce qui nous organise depuis longtemps, peu importe qu’il soit voulu ou non, il fait partie intrinsèque d’un mode d’organisation sociale, il en est donc sa création, toujours sa forme aboutie. L’occasion fait le larron, et tout choc fait stratégie. Le seul problème présent est que la conflagration touche ceux qui, habituellement, sont à l’abri. Avant, hier, il ne nous gênait pas trop de consommer les objets et les vêtements montés et cousus par des esclaves asiatiques, ou d’envoyer nos restes électroniques en Afrique. On le savait, l’important n’était et n’est toujours pas l’information, mais la volonté d’être libre, qui implique celle de penser. Elle se meurt, et la génération « smartphone » en signe peut-être la fin. 

La suite sera une tentative d’explication non-exhaustive de ce fait pérenne que, toujours et encore, rien ne change vraiment, donc que tout s’aggrave, et que se perpétue sans fin, et c’est là sa pure logique, le « changement dans la continuité ». Nous nous arrêterons sur cette pratique à l’innocuité estampillée pour l’ordre en place, que sont ces applaudissements quotidiens pour le corps médical. Cela nous offrira une transition idéale, nous permettant de questionner la médecine bureaucratique que ne peut interroger un simple claquement de mains, fourre-tout bruyant bien sympathique « positif » dans la novlangue. Donc inoffensif. 

Il faudra terminer en rappelant que le neuf n’a rien de nouveau et que l’inédit ne se pare de ces habits que pour nous faire oublier qui nous sommes et pourquoi nous y sommes. Aujourd’hui, « nous sommes tous Covid-19 ». Saurons-nous en tirer les conclusions, ou, comme le disait le lucide Jaime Semprun, s’évertuer encore et toujours à « ne pas conclure » ?

CORONAVIRUS : UN CHOC OPPORTUN 

« J’appelle “capitalisme du désastre” ce type d’opération consistant à lancer des raids systématiques contre la sphère publique au lendemain de cataclysmes et à traiter ces derniers comme des occasions d’engranger des profits »[note]. 
Naomi Klein, La stratégie du choc. 

Ce qui semble relever de l’inattendu possède ses bienfaits dans un système capitaliste. C’est-à-dire qu’on peut être assuré que là où le choc risquerait de faire vaciller les fondements de la société en place, les élites feraient tout pour l’éviter, que parfois ils y parviennent, d’autres fois non, mais que chaque fois ils en tirent profit. Dès lors, le plus important maintenant n’est sans doute pas de savoir si le Coronavirus est le résultat d’un complot, forme d’organisation secrète du désastre, mais que le désastre est consubstantiel à nos sociétés et est donc inscrit en son cœur-même. Se référant aux allégations fréquentes, et justifiées, de complot dans toutes les régions sinistrées par les USA, Naomi Klein explique pertinemment que « la vérité est à la fois moins sinistre et plus dangereuse. Car un système économique qui exige une croissance constante tout en refusant presque toutes les tentatives de réglementation environnementales génère de lui-même un flot ininterrompu de désastres militaires, écologiques ou financiers. La soif de profits faciles et rapides que procurent les placements purement spéculatifs a transformé les marchés boursiers, financiers et immobiliers en machines à fabriquer des crises, ainsi que le montrent la crise asiatique, la crise du peso mexicain et l’effondrement des «point com». Notre dépendance commune à l’égard des sources d’énergie polluante et non renouvelable engendre d’autres crises : les catastrophes naturelles (en hausse de 430 % depuis 1975) et les guerres livrées pour le contrôle de ressources rares (on songe à l’Afghanistan et à l’Irak, bien sûr, mais on ne doit pas non plus oublier des conflits de moindre intensité comme ceux du Nigeria, de la Colombie et du Soudan), lesquelles entraînent à leur tour des ripostes terroristes (les auteurs d’une étude réalisée en 2007 en sont venus à la conclusion que, depuis le début de la guerre en Irak, le nombre d’attentats a été multiplié par 7). Comme la planète se réchauffe, sur le double plan climatique et politique, il n’est plus nécessaire de provoquer les désastres au moyen de sombres complots. Tout indique au contraire qu’il suffit de maintenir le cap pour qu’ils continuent de se produire avec une intensité de plus en plus grande. On peut donc laisser la fabrication des cataclysmes à la main invisible du marché. C’est l’un des rares domaines où il tient ses promesses. Si le complexe du capitalisme du désastre ne déclenche pas délibérément les cataclysmes dont il se nourrit (à l’exception notable de l’Irak, peut-être), de nombreuses preuves montrent que les industries qui le composent font des pieds et des mains pour que les désastreuses tendances actuelles se poursuivent sans qu’on y change quoi que ce soit »[note]. 

C’est bien là une vérité dont la théorie du complot qu’alimentent surtout des médias aux ordres, débusqueurs officiels de fake news, risque de nous détourner, à savoir que les politiques « normales » s’efforcent à rendre ce monde invivable, et que le désastre doit durer et s’aggraver pour assurer les profits. Cela étant dit, on voit d’un autre œil tous leurs appels au changement, à leur lutte « contre » (la pauvreté, le sous-développement, l’obésité et autres « excès » en tous genres), qui ne sont qu’une forme d’organisation de la nuisance. On pourrait s’étonner que pendant que rien n’est censé fonctionner « normalement », certains domaines ne semblent nullement impactés par la situation. Ce n’est pas une contradiction au fond, car il en est de certains secteurs qui fonctionnent mieux en situation de bouleversement. Lors de l’ouragan Katrina par exemple, on aurait pu penser que les espaces dévastés allaient susciter une reconstruction rapide du bien commun, mais « les écoles, les maisons, les hôpitaux, le réseau de transport en commun, les quartiers encore privés d’eau potable… En fait, on ne s’employait pas à reconstruire le secteur public de la Nouvelle-Orléans. Au contraire, on utilisait la tempête comme prétexte pour l’oblitérer »[note]. À l’instar du gars qui vole le portefeuille de celui qui vient de faire une crise cardiaque, on profite donc de la situation pour détruire ce qu’il reste de protection sociale contre la tyrannie marchande. On reste toutefois encore stupéfait de voir le zèle à prendre des mesures totalement antinomiques avec un bon sens que devrait nous inspirer la situation. Évoquant le témoignage demandant au gouvernement d’intervenir, Naomi Klein dit : « Ces questionnements introspectifs n’étaient pas de mise à la Heritage Foundation, repaire des véritables apôtres du friedmanisme. Katrina était une tragédie, mais, ainsi que Milton Friedman l’écrivit dans la page d’opinion du Wall Street Journal, c’était “aussi une occasion”. Le 13 septembre 2005 – quatorze jours après l’écroulement des digues –, la Heritage Foundation organisa une réunion d’idéologues et de législateurs républicains aux idéaux convergents. Ils mirent au point une liste “d’idées favorables au libre marché pour répondre à l’ouragan Katrina et à la hausse du prix de l’essence” – 32 propositions en tout, tirées tout droit du manuel de l’école de Chicago et présentées comme une forme d’“aide aux sinistrés”. Voici les trois premières solutions proposées : “suspendre automatiquement les lois David-Bacon sur les salaires dans les régions touchées” (allusion à l’obligation faite aux entrepreneurs fédéraux de verser un salaire suffisant), “faire de tout le secteur une zone de libre entreprise assujettie à un impôt uniforme” et “faire de tout le secteur une zone de compétitivité économique” (avantages fiscaux complets et suspension des règlements). On revendiquait aussi l’octroi aux parents de bons d’études ouvrant droit aux écoles à charte. Dans la semaine, le Président Bush annonça l’adoption de toutes ces mesures »[note]. Ce qu’il se passe en France et l’application des «pouvoirs spéciaux» en Belgique, sont les mêmes types d’exploitation d’une situation de crise. Les timides et floues propositions, – stratégie de percée idéologique lente et progressive – , du président du patronat belge, Pieter Timmermans, de la Fédération des Entreprises de Belgique, indiquent cette stratégie du choc : « Ensemble, nos entreprises sont capables de relever de grands défis. Elles l’ont déjà prouvé lors de la crise financière de 2008 et après les attentats terroristes de 2016. Mais nos entreprises, de tous les secteurs, devront cette fois faire preuve d’une plus grande résilience encore (…) Mais le monde aura changé après la crise du coronavirus. Nous devons donc anticiper l’avenir. Nous devrons reconstruire et renforcer notre tissu économique », il faudra « de nouvelles idées, une nouvelle approche, un nouveau Plan Marshall pour retrouver des entreprises plus fortes »[note]. Pieter Timmermans, patron des patrons, ami des milliardaires et des capitaines d’industrie, qui était présent le 11 septembre 2018 pour le lancement officiel du Pacte national [« public-privé »] pour les investissements stratégiques, avec à ces côtés : « Michel Delbaere, CEO de Crop’s (production et vente de légumes, fruits et repas surgelés) et ancien patron du Voka, mais aussi, parmi d’autres multiples fonctions, président de Sioen Industries ; Dominique Leroy, CEO de Proximus ; Marc Raisière, CEO de Belfius ; Michèle Sioen, CEO de Sioen Industries (leader mondial du marché des textiles techniques enduits et des vêtements de protection de haute qualité.), ancienne présidente de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), manager néerlandophone de l’année 2017, accessoirement impliquée dans le Luxleak ; le baron Jean Stéphenne, bien implanté dans les milieux universitaires et politiques, comme ses autres acolytes, ancien vice-président et manager général de la multinationale pharmaceutique GlaxoSmithKline Biologicals, mais aussi président du CA de Nanocyl, spin off des universités de Liège et Namur, spécialisée dans les nanotubes de carbone (batteries, voitures, électronique…) »[note]. Soyons sûrs que ces derniers ne veulent qu’assurer le bien commun. 

Mais l’opportunisme de la situation ne consiste pas seulement à accentuer la logique libérale en détruisant ce qui s’y oppose encore, mais aussi à déployer des « innovations » que la propagande médiatique n’avait pas suffi à rendre acceptable, et qu’un confinement par exemple, réduisant le pouvoir de contestation, permettra de déployer à point nommé. Ce fut le cas à La Nouvelle-Orléans, où les apôtres de Friedman virent dans l’ouragan l’aubaine pour la privatisation de l’enseignement : « Katrina a accompli en un jour […] ce que les réformateurs du système d’éducation ont été impuissants à faire malgré des années de travail »[note]. C’est le cas en Europe avec la 5G. Certains avaient pu croire que l’absence de gouvernement fédéral en Belgique constituerait un moratoire pour l’invasion technologique, notamment celui de la 5G, que les appels et lettres ouvertes de milliers de scientifiques seraient entendus, c’était ignorer qu’on ne les écoute – comme les infirmiers et les médecins dans les hôpitaux en période de Coronavirus – que quand ils servent leurs intérêts. C’était donc sans compter sur leur détermination et l’opportunité de la situation qui leur était offerte : en Belgique, en plein confinement, l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT) a annoncé l’octroi de droits d’utilisation provisoires visant à permettre l’introduction de la 5G. Une consultation publique, alors que nous sommes coincés chez nous et ne pouvons pas nous rassembler, a lieu jusqu’au 21 avril… En un seul jour, le 1er avril 2020, la corporation État-industrie rendait publiques les décisions qu’elle avait prises via leurs porte-paroles, les médias : « Proximus lance la 5G dans plus de 30 communes ». L’annonce indique qui décide : ce n’est pas un pouvoir politique (inféodé quoi qu’il en soit à la logique entrepreneuriale), ou mieux une force démocratique, mais une entreprise. 

En matière sanitaire, il a été dit et convenu qu’il n’existait plus de groupes témoins[note] et que désormais, nécessité de produire et consommer toujours plus oblige, nous étions des cobayes en phase d’expérimentation : « Puisque l’usage du GSM est actuellement généralisé, disait un médecin membre du Comité Frémault[note] , une alternative aux études de type cas-témoins est l’analyse de l’évolution avec le temps de la prévalence des tumeurs cérébrales ». Soit : « laissons faire, on ne peut pas lutter contre, ensuite on verra ». Pris dans la boucle des intérêts bien compris, le traitement de tumeurs et divers troubles sera profitable aux hôpitaux privatisés. Du win win. 

L’OPPORTUNITÉ FANTASTIQUE DU COVID-19 

Covid-19 tombe à point nommé face à un capitalisme en phase de disruption, qui doit faire l’économie d’une possible contestation populaire de grande ampleur. Les marches pour le climat et l’émergence de mouvements contestataires, même s’ils ne constituaient pas un risque subversif en eux-mêmes, auraient pu avec l’aggravation de la situation et l’information alternative accessible sur internet, mener à une forme de sédition d’ une partie significative de la population. Et c’est cela qu’il leur faut à tous prix éviter, empêchant le déploiement technologique, et, pire, pouvant conduire à une improbable, mais possible, conscientisation des foules couplée à une reprise en main démocratique de nos vies. « On va devoir informer, éduquer et donner confiance dans la 5G », nous dit dès lors le CEO de Proximus[note], entendez « accentuer la propagande et le lobbying ». 

À un moment, comme disait Friedman, inspirateur des régimes de terreur des dictatures néo-libérales d’Amérique du sud notamment, « seule une crise – réelle ou supposée – peut produire des changements. Lorsqu’elle se produit, les mesures à prendre dépendent des idées alors en vigueur. Telle est, me semble-t-il, notre véritable fonction : trouver des solutions de rechange aux politiques existantes et les entretenir jusqu’à ce que des notions politiquement impossibles deviennent politiquement inévitables »[note]. Ou, pour le dire autrement : « Pour que le traitement de choc économique soit appliqué sans contrainte […], on doit compter sur un traumatisme collectif majeur, lequel entrave ou suspend provisoirement l’application des principes démocratiques ». Appliqué à la situation présente : il faut un Covid19 « pour aider l’entreprise privée à réaliser ses objectifs : profiter des traumatismes collectifs pour opérer de grandes réformes économiques et sociales »[note], « La peur et le désordre sont les moteurs du progrès »[note]. Bill Gates, architecte du désordre mondial, en sait quelque chose, lui qui prodigue actuellement ses bons conseils aux États et attend leur implication financière – donc celle des contribuables – pour constituer des milliards de doses de vaccin, « les compagnies privées ne pouvant pas prendre ce genre de risque, mais le gouvernement fédéral le peut »[note]… « C’est pendant les moments de grande malléabilité – ceux où nous sommes psychologiquement sans amarres et physiquement déplacés – que ces artistes du réel retroussent leurs manches et entreprennent de refaire le monde »[note]. Comme le disait Michael Bruno, économiste en chef à la Banque mondiale, devant un parterre de 500 économistes : « L’économie politique des crises graves tend à déboucher sur des réformes radicales aux résultats positifs »[note]. 

Ainsi, complice idéologique belge de Milton Friedman, Étienne Davignon, ancien Vice-Président de la Commission européenne, qui « “officialisera” la fusion de la communauté avec le monde des affaires », « Président de la Table Ronde des Industriels européens (ERT), de la Société générale de Belgique, de L’Union Minière, Vice-Président d’Accor, d’Arbed, de Tractebel, de Fortis Belgique, administrateur ou membre du conseil de surveillance d’Anglo American Mining, Gilead, ICL, Penichey, Foamex, Kissinger Associates, Fiat, Suez, BASF, Solvay, Sofina, Recticel ou encore de la CMB-Compagnie Maritime Belge. Président de l’AUME (Association pour l’Union Monétaire en Europe) dès 1991, et de la Fondation Paul-Henri Spaak, il est aujourd’hui membre de la Commission Trilatérale et gouverneur de la Fondation Ditchley »[note], soit, l’architecte du désastre, nous prodiguait ses bons conseils dans un quotidien belge : « un plan européen pour la survie du secteur aérien qui a été un moteur de croissance économique ces dernières années ; des mesures concrètes de soutien aux PME ; plan d’urgence pour le secteur médical ; accélération de l’investissement requis pour le «Green Deal» » ; développement de la recherche scientifique, notamment dans le domaine de la santé »[note]. « Marshall », « Green New Deal » ou « société de transition », entendez toujours subventions publiques vers le privé, privatisation de la santé, accélération de la numérisation totale de nos vies, socialisation des coûts de la recherche publique et privatisation des bénéfices, sous une forme accrue. Soit, le mantra de l’école de Chicago : privatisation, réduction des dépenses publiques, dérégulation. 

La peur est saine pour le capitalisme. Elle doit donc durer : compter les morts, les patients en soins intensifs, donner des statistiques sans tenir compte de critères essentiels (comme le pourcentage de personnes testées dans la population), annoncer un « pic » à venir, dans deux jours, deux semaines… et confiner. La situation en cours donne l’ampleur de l’indigence médiatique et de la capacité mimétique des journalistes à tous bégayer en même temps les mêmes inepties. 

Cela dit, cette misère médiatique ne peut s’appréhender qu’à l’aune d’un système global où le choc est une aubaine pour ceux qui tirent les manettes dans les hautes sphères, une secousse accélérant la mise en œuvre d’un programme déjà fixé qui se met en place trop doucement en période « normale ». On ne voit pas comment et pourquoi des médias à la solde du capital, qui quotidiennement nous aidaient déjà à ne pas comprendre, outil de désinformation des masses, encourageant les instincts les plus vils : convoitise, jalousie, affects, viles pulsions, entretenant sciemment la niaiserie, « c’est-à-dire, au regard de l’économie de marché, tout ce qui est de nature à entretenir la frénésie de consommation »[note], en viendraient tout à coup à se métamorphoser en chantre de l’anticapitalisme. 

LE CHANGEMENT, C’EST POUR QUAND ? 

« Et c’est là, dit sentencieusement le Directeur, en guise de contribution à cet exposé, qu’est le secret du bonheur et de la vertu, aimer ce qu’on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper »[note]. 
Aldous Huxley, Le meilleur des mondes. 

« Les prétendues démocraties occidentales sont à cet égard tout à fait assimilables à des sociétés féodales dont les sujets seraient appelés à renouveler solennellement, de temps à autre, leur approbation aux princes, ducs, comtes et autres patriciens apanagés qui se sont emparés depuis longtemps du pouvoir et ont seulement le souci de faire légitimer leur coups de force »[note]. 
Alain Accardo, Le petit-bourgeois gentilhomme 

Les crises précédentes se sont toutes soldées par une victoire du capitalisme, préconisant des remèdes néo-libéraux plus forts, qui nous ont menés à la situation actuelle. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? Qu’est-ce qui aurait tout à coup changé ? Certes, les inégalités ont formidablement crû, grâce à des mesures politiques favorables, le climat se dérègle, la biodiversité se meurt et nos enfants sont pris dans une spirale de crétinisation par les écrans d’un côté. De l’autre, les vols en avion ne cessent d’augmenter, les ventes de voitures, de smartphones, les achats en ligne… Or, on ne voit pas bien comment on changera de paradigme si on continue à jouer le jeu du système, si on veut le beurre et l’argent du beurre, un air pur mais conduire les enfants en voiture dans l’école qu’on aura choisie, des arbres mais de la viande tous les jours ; l’authenticité mais aller au bout du monde et quand on veut… 

Le système pour se maintenir en place a absolument besoin de notre consentement, de « ces membres des différentes fractions de ces classes moyennes dont nous faisons partie et qui constituent aujourd’hui la composante essentielle de la population des démocraties occidentales, c’est-à-dire celle dont l’adhésion importe le plus pour le soutien du système. Je pense que, faute du consentement de ces millions de salariés-citoyens à l’ordre existant, celui-ci ne pourrait se soutenir, sauf à jeter bas les masques de la démocratie et à se transformer en tyrannie avérée gouvernant par la terreur »[note]. C’est à vrai dire ce qu’il a fait et fait toujours – la tyrannie – dans les dictatures de ces pays qui nous fournissent main‑d’œuvre et matières premières. 

Nous aurions beaucoup de choses à dire ici, retenons une chose importante qui est que « pour la longévité d’un système, il faut impérativement que ceux qui le font fonctionner soient disposés à le faire de leur plein gré, au moins pour ce qui touche à l’essentiel. Et plus leur adhésion gagne en spontanéité, moins ils ont besoin de réfléchir pour obéir, mieux le système se porte »[note]. Nous avons délégué notre responsabilité à un pouvoir central et nous sommes bercés de l’illusion qu’une démocratie représentative ne représentait pas un vice rédhibitoire. Nous leur avons laissé faire ce qu’ils voulaient, et qu’au fond, ayant la liberté de consommer en échange, nous voulions aussi. La résignation n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Des institutions, à l’exemple des médias censés jouer un rôle de quatrième pouvoir, sont devenues « appareils à organiser l’inconscience »[note]. Les mouvements de gauche ont identifié un ennemi extérieur pour mieux délaisser l’ennemi en eux, c’est-à-dire toutes les structures introjectées qui participent à l’acceptation du monde tel qu’il est. Steve Biko l’a le mieux exprimé, par cet aphorisme : « L’arme la plus puissante de l’oppresseur se trouve dans l’esprit de l’opprimé ». Les médias, propriétés des plus grosses fortunes, ont été une arme essentielle dans l’organisation du « consensus de la cécité »[note]. Ils continuent leurs œuvres dans l’épisode Covid-19. 

Pour mesurer la pauvreté du collectif dans nos sociétés, certains événements symbolisent plus que d’autre cette réalité d’une classe moyenne aveugle à la réalité de ce monde. 

LES APPLAUDISSEMENTS COMME SYMBOLE DE L’ABSENCE D’UN COMMUN 

Loin de moi l’idée de dénigrer le sujet pris comme personne dans son acte d’applaudissements. Mais quelles que soient ses intentions, et qu’il le veuille ou non, celui-ci participe d’une dimension publique : personne n’applaudit dans son salon, les murs comme seuls témoins… Il faut dès lors tenter une sociologie de ces applaudissements, qui heurtera certains, c’est évident. Mais il s’agit de conjurer la perpétuelle continuité du déluge qui, à chaque fois, se reproduit irrémédiablement, s’appuyant constamment sur l’idée que, cette fois-ci, c’est la bonne. D’aucuns penseront donc que cette fois-ci, c’est peut-être, enfin, « la bonne ». Tenons donc quelques précautions d’usage, dont l’une d’elles, d’apparence paradoxale, semble essentielle : à toujours croire que cette-fois-ci‑c’est-la-bonne, on délègue notre responsabilité à d’autres, comme toujours, qui se feront les garants du chemin à suivre, celui qu’ils ont tracé avant à coup de buldozzer et de Progrès, et qui nous conduit là où nous sommes. Or, gageons que sans une participation massive du peuple, le chemin sera identique et les balises placées par les mêmes. Si le krach financier majeur n’est pas pour cette fois-ci, dans les jours ou mois prochains entendons – car krach il y aura un moment ou l’autre –, il est assurément certain que les politiciens continueront dans la même voie. 

Il ne faudrait donc pas déceler dans ces applaudissements le signe d’une soudaine solidarité retrouvée, qui présagerait le meilleur pour les jours à venir. Ce serait aller en peu vite en besogne et faire preuve d’ignorance quant à la volonté conservatrice de ceux qui tirent les ficelles, de leur formidable puissance, mais aussi de la servitude profonde d’une majorité d’entre nous. Les manifestations tardives d’une « solidarité » médiatiquement organisée et politiquement tolérée sont typiques de nos sociétés, il nous faut « tous être » quelque chose (Charlie, Bruxelles, …) pour édifier cette unité illusoire, qui participe de la grande confusion et empêche de penser ce monde. Les applaudissements de 20h00 tous les soirs pour remercier le personnel médical en font partie. Ceux-ci, malgré les bonnes volontés, restent sagement circonscrits dans le cadre des gestuelles acceptables et acceptées. Si ces dernières sont des plus sympathiques et bon-enfant, elles demeurent encore et toujours signes d’un réflexe individuel. 

Car pour certains, il s’agit de conjurer une peur, forme d’exutoire public d’une angoisse passée désormais muée en démonstration d’un ravissement d’être – encore – en vie. C’est là le réflexe de l’atterrissage après vol agité qui, plutôt que de révéler la force d’une collectivité, fait preuve d’un instinct de survie individuelle bien vite imité par toutes les individualités présentes – on concédera que la réaction est moins noble dans la catégorie du « solidaire », démontrant l’implacable faiblesse du collectif dans nos sociétés, s’il ne nous reste plus que cela pour être « ensemble ». On réalise tout à coup que quelque chose pourrait nous tuer, vite, d’autant mieux qu’on ne voit pas que quelque chose tuait la vie, et l’humanité, plus lentement, mais sûrement, tous les jours, hier, aujourd’hui. Et demain ? 

Malheureusement, on oublie le pilote aussi vite qu’a cessé la peur de l’atterrissage, à l’instar de l’amnésie pour les rescapés du 11 septembre aux États-Unis, inversement proportionnelle aux hommages politico-médiatiques de l’époque. Délaissés après le show, c’est là l’attitude classique qui, suite au spectacle, donne la mesure de toute la vérité spectaculaire. Après les attentats de Bruxelles, il atteint son comble, avec podium et concerts en hommage aux victimes. Les projecteurs éteints et la place balayée, la suite fut plus âpre : certains attendent encore l’argent de l’État et des assurances, qu’ils ont dû débourser eux-mêmes pour payer les multiples opérations, revalidations, matériel adapté… Fini le scoop, on tourne la page. Les médias passent également, ce n’est plus économiquement porteur de parler de ceux qui ne savent pas payer leur chaise roulante, et puis il faudrait déborder sur l’explication du système qui engendre cela ; ce qui risque de ne pas plaire aux propriétaires de la « marque » Le Soir®, La Libre®, Le Vif l’Express® et autres. 

Il faut préciser certaines choses ici. Un, que l’effet de contamination, mauvais jeu de mots, n’est pas absent. À l’instar du phobique qui, ayant surpassé son angoisse de l’avion pour rejoindre un ailleurs-même et décompresse à l’atterrissage en applaudissant malgré un vol sans problèmes, voit son comportement imité par le reste des passagers, la vue du voisin applaudissant le lundi soir, suivi de deux de plus le mardi, de cinq le mercredi, pour terminer avec tout le pâté de maisons, vous laisse dans une situation, comment dire ? dont les patients minoritaires des expériences de Asch ont montré les effets[note]… Deux. Admettons que les applaudissements puissent, dans un mouvement de subversion collective, amener d’un même geste à utiliser ses mains pour ne plus les claquer, s’en servir activement et prendre la rue, et pourquoi pas ses pavés, ou pour, par exemple, et non des moindres, refuser la privatisation des soins de santé, des hôpitaux (ah, tiens, les hôpitaux !), de la Poste…, pour, enfin, ne plus admettre que l’on puisse continuer à nous gouverner, antithèse de la démocratie – dans laquelle, c’est encore un pas intellectuel à franchir, il faudra bien se rendre compte que nous ne sommes plus –, nous ne voyons pas bien l’étape intermédiaire entre la phase « applaudir » et la phase « révolution ». 

Car, disons-le encore, au risque de paraître rabat-joie (terme stratégique que la bien-pensance dégaine, au même titre que celui de « théorie du complot », dès qu’elle peut pour nous empêcher de réfléchir), la moindre petite modification du cadre de vie bourgeois suscite une vague de révolte sans précédent, bien plus radicale que les applaudissements, qui exsude la « fête » bien plus que la rébellion. Il me revient à la mémoire cette tentative – non révolutionnaire a priori selon moi, révolutionnaire a posteriori vu les réactions des voisins –, à l’idée d’enlever une place de parking dans la rue pour en faire autre chose qu’un emplacement d’amas de ferraille moche et encombrant. Il y avait ceux qui, se disant de gauche, ne disaient rien, tant la dissonance entre certaines de leurs idées et la volonté de ne rien changer aurait été trop grande. Leur silence laissait la voix libre au statu quo, évidemment. Puis, il y avait ceux qui voyaient dans cet acte atroce une forme politique liberticide, qui en dit long sur ce que Cornelius Castoriadis appelait l’hétéronomie – le contraire donc de l’autonomie. Celle-ci, plus que le fait d’être dominé par un groupe, exprime la certitude ancrée dans l’individu que les institutions ne sont pas le fait des hommes, mais nous ont été données une fois pour toutes et que nous n’y pouvons rien. L’arme de l’oppresseur dans l’esprit de l’opprimé… nous y sommes. Ainsi, celui qui se retranchait derrière l’argument de sa liberté, affichait cette forme de pensée anhistorique, incapable d’imaginer que le monde ait pu être un jour sans voiture[note], qu’un mouvement volontaire des industries (dont Ford notamment) ait pu participé à la destruction des transports en commun, instillé dans les têtes à coup de propagande massive le réflexe pavlovien d’assimilation de bagnole et de liberté, au point qu’aux USA être piéton deviendra suspect. Suspect d’être humain ? La voie vers la mécanisation de l’homme… 

Quel rapport me direz-vous ? C’est que la société dans laquelle nous sommes n’est aucunement la résultante de décisions d’une population informée et libre, mais celle de choix pris par le monde de l’industrie et de la politique institutionnelle, les deux étant intrinsèquement liés, l’un ayant besoin de l’autre. Quand nous prenons nos désirs, façonnés par des décennies publicitaires, pour des libertés, nous faisons le jeu d’un système qui est le même que celui qui vide les hôpitaux et les écoles de son personnel, tout en les remplissant des technologies de la Silicon Valley. La bagnole a tué nos villes, et nos vies. Comme le notait l’excellent Jaime Semprun en 1997 déjà, quand les ravages de la voiture avaient déjà commencé, mais n’avaient pas atteint la perfection actuelle qu’on leur connaît : « Rien ne donne mieux le sentiment du milieu criminogène et du désert de l’âme que cet entassement d’enveloppes métalliques habitées de grimaces humaines, de condamnés au bagne de la peine, qu’est devenu ce qui portait le nom de rue. Chaque voiture est un projectile qu’on a tiré, c’est donc une guerre permanente, stupide, sans finalité »[note]. 

Il est de ce fait déplorable mais non surprenant – au vu de l’apathie d’une partie des applaudisseurs en période « normale » – de constater que c’est encore et seulement au moment où l’on risque de se faire bouffer par les asticots ou brûler par les flammes un peu plus tôt que prévu, qu’on manifeste une soudain « souci de l’autre » – quand on sait qu’étymologiquement « solidaire » se « dit d’un bien commun à plusieurs personnes , chacune étant responsable du tout, et par extension des personnes liées par un acte solidaire »[note]. Les hystéries collectives dans les magasins et les rayons vidés sont pourtant là pour nous rappeler où en est le curseur de la coopération, dans une société où depuis quatre décennies au moins, les balises concurrentielles et du chacun pour soi ont été les seules à donner le cap. Les événements loin de la frénésie de 20h00 – heure du JT de TF1 s’il en est – donnent à voir des actes isolés qui indiquent que c’est avant tout la peur et le chacun pour soi qui dominent, les infirmiers étant sympathiques quand ils sont loin en train de soigner les intubés, dont on n’espère que le suivant ne sera pas nous-mêmes ou un de nos proches ; de là à partager le couvert avec eux, il y a quelques pas qu’on ne fera pas.[note] 

Désolé d’y revenir donc, mais on applaudit d’abord pour soi, comme on s’exposait de façon ostentatoire aux terrasses des cafés parisiens après les attentats : on tape des mains d’être encore en vie, un peu comme on peut parfois être soulagé de l’être à la sortie d’un enterrement : « Cette fois-ci, c’est pas moi ». Ce qui fait redouter que la sortie de cette période monacale se manifestera par les exultations conformistes et les festivités de circonstance. On craint le pire, dans un monde où vivre est devenu synonyme de produire et consommer. Un Nouvel an avant l’heure… on devine déjà les titres de presse et les ouvertures de JT, niaiserie et crétinisme en apothéose. 

RETOUR À L’ANORMALE 

Macron, intrépide fanfaron annonçait le 11 mars, avant de revenir sur cette effusion libertaire et menacer les récalcitrants du confinement : « Nous ne renoncerons à rien, surtout pas à rire, à chanter, à penser, à aimer, surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soir d’été, surtout pas à la liberté ». Ce réflexe atavique d’exaltation de la fête n’est pas sans signification. Il ressort de la logique du pain et des jeux, ce que ce serviteur de l’oligarchie qu’est Macron a bien compris[note], donnant à entendre les sons qui font vibrer la classe moyenne. Avec la prochaine crise financière, que lui et ses copains banquiers ont notamment concoctée, on risque pourtant de ne plus beaucoup rire et chanter. Le retour à la normale s’il y a, sera donc et surtout, un retour à l’anormal. Anormal que des médias à la solde du pouvoir politique et financier ont depuis des décennies œuvré à ce qu’il nous paraisse naturel, ou du moins comme « sans alternative ». Désolé pour ceux qui nous lisent avec constance, mais il faut revenir sur ce que deux personnages haut placés dans la rédaction de quotidiens belges, nous disaient à l’époque, alors que nous subissions les effets du néolibéralisme sauvage et que l’appât sans fin du gain nous conduisait vers une abîme dont on sent de plus en plus la profonde proximité. Béatrice Delvaux, actuelle éditorialiste en chef du Soir, ancienne rédactrice en chef, écrivait, en décembre 1999, au moment des révoltes de Seattle : « Le “non” radical à la mondialisation est intenable dans un monde où le consommateur pose tous les jours des gestes qui font sortir les entreprises des frontières […] « Le marché reste le mode d’organisation le plus efficace de la vie économique – notamment parce que tous les autres ont montré leurs limites ». C’était le 2 décembre 1999. Pas étonnant que plus de 20 ans après, le quotidien demande encore aux architectes du désastre comment s’en sortir[note]. Plus tard, Francis Van de Woestyne, rédacteur en chef du quotidien La Libre à l’époque, écrira : « À la veille du week-end, les responsables syndicaux ont réalisé un “safari” dans Bruxelles, un mini-trip destiné à pointer du doigt les “espèces fiscales protégées” de Bruxelles. Amusant ? Plutôt navrant…(…) la stigmatisation systématique des “riches”, telle que la pratiquent les syndicats, est déplorable. Alors quoi, il suffit d’être pauvre pour être honnête… ? Un pays a besoin de riches. Pour investir, pour prendre des risques (sic). Le système devrait d’ailleurs faire en sorte que les grosses fortunes, et les autres, trouvent un intérêt à placer leur argent dans l’économie réelle du pays plutôt qu’à chercher des rendements élevés ailleurs. Ce ne sont pas les riches qui sont responsables de la crise, mais bien ces apprentis sorciers qui ont profité des failles d’un système pour le faire déraper » (…) La France pratique depuis deux ans une politique anti-riches : on en voit les résultats. Les riches s’en vont, l’économie bat de l’aile et les pauvres sont plus pauvres. Une riche idée, vraiment »[note]. Rappelez-vous que ce sont eux qui vous « informent » encore aujourd’hui. 

« Pertes et sacrifices » ? Il n’a pas dû lire Majid Rahnema, qui aura magistralement démontré comment la misère est propre à nos sociétés modernes et à leur délire productiviste, cause et effet de la valorisation de la richesse pécuniaire[note]. Mais savent-ils même qui il est ? : ces précepteurs gouvernementaux ne cherchent pas à comprendre, apôtres du libre-marché, ils sont là pour nous convaincre. Béatrice Delvaux dans une discussion ultérieure à un débat, m’avait révélé ignorer le mouvement de critique des médias en France, donc « Les nouveaux chiens de garde » et le film éponyme, tout comme Acrimed, Alain Accardo… peu croyable pour une directrice de rédaction. Il est plus facile d’être aveugle quand on s’écarte de la lumière. 

Gageons que les pilotes de la situation (les gouvernants), encensés par le pouvoir, seront applaudis après le vol. Certains seront remerciés, pour avoir « mal géré la crise », mais ils se verront vite substitués par de nouveaux pilotes, qui prendront place dans le même type d’appareil et choisiront les mêmes voies. À moins que… 

ON A LA SOLIDARITÉ QU’ON PEUT 

Certes, il y a derrière les claquements de mains une volonté de retrouver du lien, de la chaleur, de la convivialité, mais si celle-ci s’est réduite à une forme de démonstration individuelle dans un système qui l’a constamment bafouée, y préférant les monades consommatrices, elle ne peut qu’être ce qu’on lui permet d’être. Elle se réduit alors à un un acte ordonné et subordonné dont on sait de façon subconsciente qu’il n’aura aucune répercussion sur notre vie ; à l’instar de cette auto-censure du journaliste qui « sait » ce qu’il peut, ajoutant, pour rétablir un certain équilibre mental, qu’il fait ce qu’il veut : il faut bien « aimer ce qu’on est obligé de faire ». Ce « vouloir » dans une société dirigée par des ploutocrates qui ont avec eux les outils de propagande les plus avancés et des serviteurs journalistiques plus que zélés, n’a donc pas grande valeur. Vous comprendrez donc que la logique du « 1 % responsable » et du système « extérieur » leur sied à merveille. On ne peut donc qu’être solidaire en superficialité dans une société qui a fait de ses seules valeurs celles de produire et consommer toujours plus. Dans ce monde, on travaille toujours contre quelqu’un, nécessairement, inscrit malgré soi dans des catégories binaires. On ne peut pas respecter l’Autre, quand on vit dans une société qui dépend du pétrole, a fait naître des Ikea et réduit l’espace à la bagnole ; on ne le peut pas plus quand on bosse dans une boîte d’intérim qui exploite et humilie des troupes de bétail humain en attente de quelques heures d’un « boulot de merde » ; quand on mange dans un fast-food où les toilettes sont tenues par une pensionnée incapable de vivre avec sa seule retraite, sans parler de la provenance des aliments ingurgités; quand on croise dans la rue, avant de rentrer chez soi, un type qui y dormira cette nuit ; qu’on travaille la journée dans des bureaux que des esclaves nettoient dès que le jour se couche… Ne faire qu’applaudir, c’est donc rechercher quelques avantages provisoires sans les inconvénients et, qu’on le veuille ou non, faire le jeu du système. Système qui a su valoriser et mettre en première ligne ces pratiques déculpabilisantes, où la charité occupe la première place. 

Même les plus récalcitrants n’ont pas vu que sous leurs invitations, douce ou sévère, à se rabattre sur le refus individuel, ils admettaient implicitement que le collectif n’était plus possible, et valorisaient ainsi un repli sur soi propre au système qu’ils désiraient pourtant voir disparaître. Peut-on leur en vouloir ? N’ayant pas vu leurs années de lutte aboutir à un mouvement collectif, le temps qui passe ayant au contraire approfondi l’aliénation technologique et la destruction de l’imagination, ils se sont retranchés vers le lieu où ils croyaient encore qu’un changement pouvait se faire : celui de l’individuel. Pourtant « quoi que nous fassions ou que nous nous abstenions de faire, notre grève privée n’y change rien, parce que nous vivons désormais dans une humanité pour laquelle le “monde” et l’expérience du monde ont perdu toute valeur: rien désormais n’a d’intérêt, si ce n’est le fantôme du monde ou la consommation de ce fantôme. Cette humanité est désormais le monde commun avec lequel il nous fait réellement compter, et contre cela, il est impossible[note] de faire grève » . Les dirigeants s’accommodent parfaitement de nos initiatives individuelles, tant qu’elles ne touchent pas au cœur du problème. Faut-il rappeler que si « à aucun moment dans l’histoire les classes possédantes et dirigeantes n’ont été spontanément disposées à renoncer à leur domination et qu’elles n’ont jamais cédé qu’à la force (celle du nombre pour le moins), elles le sont aujourd’hui moins que jamais, vu la multiplicité et l’efficacité des dispositifs protecteurs qu’elles ont mis en place (l’Union européenne, par exemple, pour ne citer qu’elle) ».[note] Voilà où nous en sommes arrivés dans la dépossession démocratique: à signer des pétitions sur internet en pensant que cela pourrait changer quelque chose. 

Dans cet ensemble, le secteur médical ne fait pas exception, et il ne faudrait pas devenir sourd à force d’applaudissements répétés qui nous empêchent d’entendre et voir. 

LE BUSINESS DE LA MÉDECINE 

« Au moment de la reconstruction de l’Europe après la Deuxième Guerre mondiale, les puissances occidentales adoptèrent les principes suivants : les économies de marché devaient garantir une dignité élémentaire suffisante pour dissuader des citoyens désillusionnés de se tourner de nouveau vers une idéologie plus attrayante, qu’elle fût fasciste ou communiste. C’est cet impératif pragmatique qui présida à la création de la quasi-totalité des mesures que nous associons aujourd’hui au capitalisme «humain» – la sécurité sociale aux États-Unis, le régime public d’assurance-maladie au Canada, l’assistance publique en Grande-Bretagne et les mesures de protections des travailleurs en France et en Allemagne ». En somme, toutes ces mesures naissent « du besoin pragmatique de faire des concessions majeures à une gauche puissante » (…) « Tant que planait la menace du communisme, le keynésianisme, en vertu d’une sorte d’accord tacite, avait la vie sauve. Une fois ce système en perte de terrain, on put enfin éliminer tous les compromis et, du même souffle, poursuivre l’objectif épuré que Friedman avait fixé à son mouvement un demi siècle plus tôt »[note].

Identifier un groupe – « le corps médical » –, c’est d’emblée réduire celui-ci à une forme plus ou moins figée. Et c’est risquer d’oublier certains critères essentiels qui pourraient diviser celui-ci en deux groupes ou plus si nous établissions d’autres critères de distinction. C’est, sciemment ou pas, ce que les remerciements au corps médical et son indistinction provoquent. Car si ce dernier est indispensable pour « nous » sauver, quelle que soit l’idéologie qui anime les membres individuellement, il faut préciser que les médecins, majoritairement libéraux, sont à l’origine du numerus clausus, comme nous le rappelaient deux d’entre eux : 

- « Ce sont les médecins qui ont réclamé le numerus clausus ! Ils ne vont jamais se bouger. » 

- « À part quelques fadas, mais sinon on est complètement minoritaires : 90 % des médecins votent MR. » 

- « Ils veulent rester une caste : ce qui est rare est cher… »[note]. 

Privilégiés de nos sociétés, nombre d’entre eux sont ainsi rentrés dans une logique de maximalisation de leurs gains, ouvrant la voie à la logique d’une médecine à deux vitesses, cause de la construction hâtive d’hôpitaux privés concomitamment à la destruction de la santé publique, dont les premiers constituent majoritairement à la fois la cause, et plus tard, la conséquence : 

- « Les médecins sont quand même bien payés, mais quand tu les entends ils n’arrêtent pas de se plaindre. Certains médecins pensent qu’ils devraient être mieux payés qu’un premier ministre, parce qu’ils auraient des responsabilités plus importantes. Pour eux, 10.000 euros nets par mois, ce n’est rien du tout. […] Dans les hôpitaux privés [par contre], c’est l’individualisme forcené, qui conduit à des excès inhumains : je me souviens d’un gynécologue qui faisait 400 accouchements à lui tout seul chaque année et qui en était fier ». 

Applaudir indistinctement alors que dans le groupe applaudi se trouvent à la fois ceux qui veulent maximiser leur profit grâce à la médecine et ceux qui veulent utiliser leur connaissance pour participer au bien commun qu’est la santé, n’a pas beaucoup de sens. Certes, on sait qu’un pompier pyromane pourra éteindre le feu chez vous, comme un médecin libéral ne vous laissera sans doute pas agoniser au bord de la route parce que vous n’avez pas de carte de crédit[note], mais il aura été en partie responsable, peu ou prou, de vos malheurs, ou en tous cas de la façon dont maintenant ils sont pris en charge. 

Un peu partout des méga-centres commerciaux hospitaliers sortent de terre, avec actionnaires et dividendes, dont l’objectif est en premier lieu de faire du profit, soutenus par des financements publics sous le prétexte, refrain lénifiant, de la « création d’emploi ». Leur objectif est donc de traiter du malade et pas de réduire la maladie dans nos sociétés, au même titre qu’une pompe à essence doit maximiser la fourniture de carburant et pas pousser les automobilistes à faire usage de leurs jambes avec une plus grande fréquence. L’objectif de l’hôpital privé, ce n’est pas la santé, celle-ci est juste un moyen de faire du profit. Ces hôpitaux privés payant mieux, ils contribuent par ailleurs à siphonner le personnel des hôpitaux publics, dont le personnel manquant s’était déjà vu compensé par de la main‑d’œuvre médicale étrangère, cette dernière vidant à son tour les services médicaux de pays souvent plus pauvres. Le déménagement de l’hôpital privé Cavell à Bruxelles a par exemple « vidé le service de cardiologie »[note] de l’hôpital public Saint-Pierre. Pour « remédier » à cela ? On place dans les services publics des « managers » dont le seul but n’est plus que de jouer le jeu de la concurrence avec le privé, pour un seul résultat à moyen terme : tuer définitivement le service public[note]. 

Par ailleurs, les médecins des hôpitaux publics se « servent » des consultations qu’ils donnent dans ces derniers pour réorienter leur patient vers leur cabinet privé : « “Vous savez, vous attendrez beaucoup moins dans mon cabinet privé”, c’est une pratique courante. Il y a un hôpital dans la région de Liège qui proposait un rendez-vous dans un délai raisonnable pour deux fois le prix Inami ». Pas étonnant dès lors que « à Cavell par exemple, la majorité des médecins ont refusé de voter que le prix soit limité à 10 fois celui de l’Inami ! ». 10 fois, vous avez bien lu. 

QU’EST-CE QUE LA SANTÉ DANS UN MONDE MALADE ? 

« Les écoles produisent de l’éducation et les véhicules motorisés produisent de la locomotion de la même manière que la médecine produit des soins. Chaque entreprise arrive à dominer son secteur et à faire accepter ses outputs comme des produits de première nécessité qui ont toutes les caractéristiques de marchandises industrielles ». 
Ivan Illich, Némésis médicale[note]. 

Il serait erroné de situer le système médical comme zone d’exception au monde dans lequel il est. À ce niveau de réflexion, nous n’établissons plus de distinction entre le privé et le public, mais percevons la santé comme domaine particulier dans un système malade, où de fait l’entreprise médicale est un paradigme de l’institution industrielle : « La médicalisation pernicieuse de la santé n’est qu’un aspect d’un phénomène généralisé : la paralysie de la production des valeurs d’usage par l’homme, comme conséquence de l’encombrement par des marchandises produites par lui »[note]. 

La médicalisation institutionnelle de nos vies, l’attente démesurée à l’égard de la sainte-église hospitalière, fait partie des pratiques de déresponsabilisation qui accentuent notre hétéronomie, nous privant de penser les conditions modernes de vie qui nous rendent malades et les moyens de les éradiquer[note], l’organisation sanitaire devenant en elle-même l’entreprise qui, comme d’autres, occultent le monde qui produit ses ravages : « L’organisation nécessaire pour soutenir cette intervention [la médicalisation de la vie] devient le masque sanitaire d’une société destructrice[note] » ; mais aussi privatise la santé, dans ce sens qu’elle délègue à un autre la fonction de prendre soin de nous : « L’entreprise médicale menace la santé. La colonisation médicale de la vie quotidienne aliène les moyens de soins. Le monopole professionnel sur le savoir scientifique empêche son partage »[note], comme si cette évolution était normale et souhaitable : « Les citoyens ont une conscience accrue de leur dépendance vis-à-vis de l’entreprise médicale, mais ils pensent que c’est un phénomène irréversible. Ils identifient cette dépendance au progrès[note] » 

Il y a dès lors de formidables leçons à tirer des exultations présentes en faveur de la santé, venant d’une société où la malbouffe est généralisée, et où personne ne daignerait laisser sa voiture individuelle et ses voyages en avion pour faire sa part de contribution à rendre notre air respirable, et en fin de compte pérenniser un mode de vie durable. L’homme moderne semble avoir plus facile à rester confiné chez lui qu’à bannir Amazon de sa liste de service de consommation en ligne. 

Il est donc plus qu’étonnant de prendre constat du fait que des États : 

- qui ont laissé le secteur de l’agroalimentaire faire ce qu’il veut, se contentant de feindre de réguler les intentions des « consom’acteurs » en apposant une apostille en bas de l’écran d’une publicité télévisuelle qui nous vendait de la merde, en nous prévenant quand même que l’abus de matière fécale était nocif et qu’il fallait faire de l’exercice physique tous les jours – en regardant la télévision ?; 

- dont l’agriculture a peu à peu été colonisée par les logiques de profit et a participé de la programmation létale des petits paysans, tué les sols, organisant la disparition massive des abeilles, des insectes de façon générale, des vers de terre et de la vie ; 

- qui ont encouragé l’élevage intensif, les fermes des mille vaches, les élevages de cochons de Bretagne dont les millions de tonnes de lisier tuent les chevaux et empoisonnent les promeneurs, les poulets dont on coupe le bec, dont on broie les petits pour en faire des nuggets… Soit, qui ont fait de l’animal une vulgaire valeur d’échange ; 

- qui ont accepté d’encore commercer avec un pays qui détruit la forêt amazonienne ; qui coupent des arbres pour construire des immeubles inutiles, des routes, des zones libres pour laisser voyager les ondes 5G meurtrières ; 

- qui ont accompagné la privatisation des soins de santé, conduisant en partie à la situation où nous sommes ; 

- qui ont encouragé le trafic automobile et n’ont jamais initié le moindre geste en faveur de sa diminution, (sauf dans les grandes villes depuis peu, très doucement, au rythme des désagréments que les embouteillages causaient au secteur patronal), viciant notre air, dont les particules fines et autres scories de la liberté individuelle de rouler colonisaient nos poumons ;

- qui ont favorisé le secteur des multinationales, au détriment des remèdes alternatifs peu coûteux et autant, si pas plus efficaces ;

- qui ont exploité le « Sud » et continuent à le piller de façon intempestive, pour notre confort au Nord ; ont assassiné tous les dirigeants qui tentaient de donner à leur peuple une autonomie, mal vue ici car elle aurait bafoué « l’autonomie » technologique du peuple, qui veut sa bagnole, son four à micro-ondes et son smartphone ; mettant en place des mécanismes d’aide qui avaient plus une valeur symbolique que réelle, confortant l’Occidental dans cette image de notre innocence dans la situation du Sud ;

- qui ont participé ou toléré la concentration médiatique au sein de structures propriétés des plus grosses fortunes nationales, alors qu’une information libérée, si tant est qu’elle ait existé à grande échelle un jour, restait le garant contre l’aliénation de la population, une nourriture à l’esprit critique, et donc l’assurance qu’elle n’aurait pas accepté toutes les « innovations » qu’on lui impose. ;

- qui laissent les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) prendre le contrôle de nos vies et de nos esprits et participer de la crétinisation des masses, leur ouvrant les portes des établissements scolaires…

- qui n’arrivent même pas à abolir le plastique, le glyphosate, les 4x4, les paradis fiscaux, ou plutôt les encouragent.

 — …

Il est effarant donc que ces États qui ont participé à ce dépérissement collectif, se souviennent désormais de nous, de notre santé et de nos vies, comme si celles-ci prenaient maintenant le dessus sur l’économie et la croissance, et on ne peut qu’y voir, au-delà du spectacle[note], non pas un grand complot, mais la continuité morbide d’un mode d’organisation qu’ils ne sont pas prêts à remettre en cause après l’épisode du Covid-19, au contraire. Certes, ce rôle d’empoisonneur-apothicaire est propre à un État qui a cru devoir servir prioritairement les entreprises et leurs patrons avant le bien commun et qui a, en outre, rendu les aménagements qu’ils avaient mis en place pour nous protéger quelque peu des affres du capitalisme (sécurité sociale, assurance-maladie, congés payés, services publics) dépendants d’un système économique de croissance. Il faudra évidemment aussi souligner que, hiérarchisation habituelle dans les morts oblige, c’est en raison du fait que le Coronavirus attaque toutes classes sociales confondues[note] que les élites s’y intéressent aujourd’hui. Ici, les morts sont importants, parce que l’épidémie touche aussi les patrons d’industries du Bel20.

Revenons‑y donc : « C’est la société qui multiplie les causes d’inadaptation physique, mentale et sociale et qui rend nécessaire ensuite la dépense de sommes fantastiques pour soigner, réinsérer ou maintenir en vie les inadaptés[note] ». « The idiot cycle »[note]… « L’analyse de la tendance de la morbidité montre que l’environnement général (notion qui inclut le mode de vie) est le premier déterminant de l’état de santé global de toute population. Ce sont l’alimentation, les conditions de logement et de travail, la cohésion du tissu social et les mécanismes culturels permettant de stabiliser la population qui jouent le rôle décisif dans la détermination de l’état de santé des adultes et de l’âge auquel ils ont tendance à mourir. Alors que, avec les transformations de l’âge industriel, les anciennes forme pathologiques tendent à disparaître, de nouvelles formes de morbidité apparaissent. C’est de nouveau au régime alimentaire que revient la priorité dans la détermination du type de maladies courantes, particulièrement si l’on y inclut les consommations de tabac, d’alcool et de sucre. Un nouveau type de malnutrition est en passe de devenir une forme d’épidémie moderne au taux d’expansion particulièrement rapide. Un tiers de l’humanité survit à un niveau de sous-alimentation qui aurait été jadis létal, tandis que de plus en plus d’individus absorbent des poisons et des mutagènes dans leurs aliments[note]. » 

C’est avec l’ère industrielle qu’apparaissent de nouvelles maladies. Aux États-Unis, le progrès de l’industrialisation s’accompagne du déclin de la qualité de l’alimentation et donc de la dégradation de l’État de santé des populations. « L’intervention destructrice de l’homme sur le milieu s’est intensifiée parallèlement aux prétendus progrès de la médecine ; l’empoisonnement de la nature par l’industrie chimique est allée de pair avec la prétendue efficacité croissante des médicaments ; la malnutrition moderne, avec le progrès de la science diététique »[note]. Alors que la santé se dégrade, la prise en charge des problèmes de santé est perçue comme une possibilité de profit énorme. Ainsi, si le tabac et la malbouffe rapportent énormément aux entreprises – et à l’État via les taxes –, les conséquences sanitaires qu’ils provoquent amènent des gains financiers aux entreprises pharmaceutiques et aux secteurs privatisés de la santé. Éliminer la cause reviendrait de fait à produire deux effets impensables pour des États imbriqués dans une logique pernicieuse d’un système public financé par des activités destructrices, et qui ne veulent pas modifier leur fonctionnement : 

- se priver des revenus issus des taxations des produits nocifs ; 

- se priver des revenus issus des médicaments et des services de santé. 

Cela réduirait les maladies, mais aussi les profits, ce qui faisait dire à Ruth Mulvey Harmer « que l’Organisation mondiale de la santé trouve un intérêt dans la continuation de l’utilisation des pesticides toxiques du fait de ses programmes de santé publique »[note]. À l’évidence, si ce qui nous nuit de façon structurelle (la pollution de l’air, de l’eau, des sols, la déforestation, le stress systémique, la surconsommation d’écrans, …) ne disparaît pas, c’est que cela participe de la croissance économique. Mais si nous ne luttons pas pour les voir disparaître, c’est aussi parce que nous trouvons dans l’usage des objets qui produisent ces nuisances plus d’avantages que de défauts, gardant à l’esprit que les nuisances sont surtout subies par des personnes dont nous tentons le plus souvent d’oublier l’existence, comme l’indiquait sans ambages Véronique de Viguerie quand elle nommait son reportage « Les pétrolières tuent pour satisfaire leurs clients… nous! »[note] 

On vénère la science, on dénigre la conscience de soi et les remèdes des grands-mères qui ont fait leur preuve séculaire. Les effets de groupe consensuels contiennent toujours un sens caché, qui est évidemment difficilement audible, puisqu’il révèle le mythe de cette nouvelle unité autour d’un thème commun. Paradoxalement donc, l’unanimité autour de la défense des soins de santé indique une survalorisation des hôpitaux qui révèle un mode de pensée qui perpétuera la domination bureaucratique de nos vies. 

CONCLUSION 

Il faudrait rappeler l’horreur que génère et nécessite notre système en période « normale ». Il est devenu « populiste » et malvenu de dire qu’un enfant meurt de faim dans le monde tous les cinq secondes, conséquence directe de notre modèle de développement. C’est que cette réalité dérange profondément car elle ne tolère qu’une seule réponse : un changement radical. Il est donc une leçon à tirer, dont nous avons partiellement évoqué la raison dans ce texte, mais qui semble difficile à arriver à la conscience : il ne faut plus rien attendre des politiques, et c’est bien cette croyance qui nous a fait perdre un temps précieux et participer à cette délégation pérenne de notre pouvoir collectif à une caste ploutocrate. Si l’on ne subit pas une crise financière d’ampleur inédite lors de cette épreuve du Corona, il est assuré que les politiques en reviendront à leur premier amour, à savoir un démantèlement de ce qui fait encore société. Médecins, infirmières et autres personnels hospitaliers, dont ceux aussi qui ramassent les poubelles et nettoient les hôpitaux, caissières, éboueurs, postiers, etc., seront à nouveau bien seuls quand il faudra trouver du monde pour empêcher qu’ils ne soient avalés par la spirale du profit. Les contestations acceptables seront alors insuffisantes, les manifestations joyeuses de solidarité désengagées, empathiques. 

La thèse complotiste sera tirée du chapeau dès que nous voudrons dire que le Covid-19 et sa gestion sont un produit de ce monde. Un schisme, déjà entamé, s’établira entre ceux qui, même « de gauche »– ou surtout de gauche, parfois… – sont intimement persuadés d’être dans un monde moderne, avancé, et pris en main par un État plein de sollicitude, pour qui les événements de crise ne sont que des « accidents », évitables, d’un système qui une fois débarrassés de ceux-ci, aura atteint la perfection, un schisme s’établira donc entre ces derniers et ceux qui ne croient plus en un État protecteur garant du bien commun. Malheur, misère, maladies et morts ne sont pourtant pas que les affres de l’existence, mais également bien la condition intrinsèque d’un désastreux système qui a fait de la production-consommation une valeur. . 

En ce sens, la panique tombe à point nommé pour un système capitaliste en pleine désagrégation. Elle est notamment l’occasion : 

- de tester la capacité de soumission des populations à grande échelle ; 

- d’augmenter de façon faramineuse le profit des multinationales pharmaceutiques, les États endossant la charge de la recherche et le privé les bénéfices, dans la logique habituelle de socialisation des coûts et privatisation des bénéfices ; 

- que les multinationales, comme elles le font toujours, instrumentalisent les États dans des dimensions inédites. Sans ceux-ci en effet, impossible de coordonner un dépistage et une vaccination mondiaux ; 

- de se passer définitivement de l’avis d’une population confinée, les gouvernements s’alliant comme jamais avec le milieu pharmaceutique privé, mais constituant aussi des comités d’experts provenant du secteur des entreprises et des banques. 

- de rendre possible ce saut par l’instigation massive dans la population d’une peur collective qui autorisera un « après ». Comme l’a dit la première Ministre belge : « C’est un long processus de reconstruction qui nous attend. Il est évident qu’il y aura un avant et un après Covid-19 ; que ce soit dans la manière d’envisager notre rapport aux autres ou que ce soit dans le fonctionnement de notre société, de manière plus générale. Nous devons faire en sorte de sortir de cette épreuve renforcés »[note]. 

Nous devons changer radicalement notre rapport au monde et aux autres, changer de société, pourfendre le capitalisme. Nous nous en sortirons, collectivement, et nous sortirons de leur condition ceux qui meurent du fait de nos modes de vie, si, enfin, nous comprenons cela. 

Alexandre Penasse 

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Covid-19(84) ou La vérité (politique) du mensonge sanitaire

« Le monde est une mascarade : visage, costume et voix, tout est faux.Tous veulent paraître ce qu’ils ne sont pas, tous trompent et personne ne se connaît. »Goya, Los Caprichos, sixième eau-forte « Nadie se conoce », 1799.

L’événement Covid-19 a déjà fait couler beaucoup d’encre. Tout et son contraire ont été affirmés, parfois par les mêmes personnes, et au même moment. Démêler l’écheveau nécessite donc de simplifier le récit. Il y a bien sûr un prix à payer pour ce faire ; il est double. D’une part, il faut ignorer ce qui semble accessoire ; d’autre part, il importe de remettre l’événement dans son contexte historique, à la fois au sens perspectif (la crise culturelle qui remonte à 1968) et projectif (les conséquences politiques immédiates).

Pour l’essentiel, on trouvera ici une thèse — la crise de la Covid-19 n’est pas sanitaire, mais politique, et aucune des mesures liberticides n’est fondée scientifiquement — soutenue par trois arguments :

1. La Covid-19 rend évidente la corruption complète du corps politique et de ses appendices médiatiques et scientifiques. Ils ont définitivement perdu toute légitimité et toute autorité.

2. Cette corruption reflète la crise du capitalisme financier, et la volonté des oligarques de détruire la démocratie représentative.

3. Le système politique qui se met en place est totalitaire, c’est-à-dire que toutes les facettes de la vie des citoyens seront pilotées par une structure idéologique mortifère ne différenciant plus les sphères privées et publiques. Ce totalitarisme sera fasciste et numérique.

Le grand récit qui nous est officiellement proposé est bien synthétisé par Wikipédia : la maladie à coronavirus 2019, ou Covid-19, est une pandémie d’une maladie infectieuse émergente provoquée par le coronavirus SARS-CoV‑2. Elle apparaît le 17 novembre 2019 dans la ville de Wuhan, puis se propage dans le monde entier. Pour l’expliquer, on incrimine le pangolin et la barbarie diététique locale. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prononce l’état d’urgence de santé publique internationale le 30 janvier 2020. Elle déclare l’épidémie de Covid-19 « pandémique » le 11 mars 2020, et demande des mesures exceptionnelles (l’état d’urgence sanitaire) pour prévenir la saturation des services de soins intensifs et renforcer l’hygiène préventive (suppression des contacts physiques, des attroupements et des manifestations, ainsi que des déplacements et voyages non indispensables, promotion du lavage des mains, mise en application de quarantaine, etc.).

Il faudrait prendre le temps de (re)définir ce que sont une épidémie, une pandémie, un virus émergent, les conditions d’une zoonose (de transmission d’un pathogène entre espèces), un virus augmenté (ou « Frankenvirus »), les « gains de fonction », les présupposés des modèles d’analyse de risque (à commencer par la distribution d’âge rectangulaire et stationnaire, et le mélange homogène de la population), etc. Et de rappeler qu’un virus ne peut jamais être à la fois très dangereux et très contagieux. Discussion compliquée par le fait que les experts peinent à argumenter entre eux et avec le grand public. Par contre, on peut facilement constater la faillite complète de la gestion politique de la crise. Il existe des variations par pays, mais — la Chine mise à part —, ce sont les similitudes qui sont frappantes. Il pourra suffire d’explorer ici les trois facettes annoncées : la corruption des corps politique, médiatique et scientifique ; la crise du capitalisme biocidaire ; et le totalitarisme fasciste numérique.

1. La corruption des corps politique, médiatique et scientifique

« Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin. » Proust, 1913

La gestion politique ubuesque de l’épidémie peut se définir par cinq traits.

1.1. L’impréparation : le gouvernement a été complètement pris au dépourvu, alors que la réaction de la Chine, connue de tous dès janvier, avait été prompte et radicale. En bref : les autorités chinoises ont réagi comme s’il s’agissait d’une attaque bactériologique, pas d’une épidémie saisonnière (et personne n’a jusqu’ici apprécié toutes les implications de cette réaction). De plus, les scénarios de pandémie sont très répandus depuis une douzaine d’années, surtout après la crise de 2009 (H1N1), et ce tout spécialement chez les militaires et dans les fondations privées, grâce au zèle de B. Gates, qui en a fait son unique cheval de bataille philanthropique depuis 2007. Cette impréparation est sans nul doute possible le résultat de cinquante ans de néo-libéralisme. Mais pas que.

1.2. L’incompétence des uns et l’expertise des autres : alors que la chose politique est abandonnée aux universitaires, ceux-ci ne sont que très rarement à la hauteur de la tâche qui leur est dévolue, et ils se contentent de travailler à la prolongation de leur mandat. Du reste, dans une technocratie qui ne dit pas son nom, on comprend la nécessité de s’en remettre aux experts, dont l’objectivité est proverbiale. En fait, l’incompétence, c’est-à-dire l’absence d’expertise adéquate, ne devrait être aucunement problématique en politique : seul le sens commun devrait importer. S’il faut être un expert pour gouverner, nous ne sommes plus en démocratie (représentative), ou même en particratie (pas représentative), mais en technocratie. Le recours aux experts est donc intrinsèquement problématique. Il l’est d’autant plus qu’il suffit de connaître l’employeur de l’expert, ou son bailleur de fonds, pour déduire par avance la nature de ses conclusions.

1.3. La corruption : le niveau de corruption des acteurs politiques est un secret de polichinelle. On se permet même, dans notre monarchie bananière, de rire sous cape des malversations qui finissent par être médiatisées dans d’autres pays, de préférence situés plus au Sud. (Et cela vaut bien sûr pour le regard que la Flandre porte sur la Wallonie). On le sait depuis Platon (ce sont les Grecs qui ont créé la démocratie participative) et, plus particulièrement, depuis Machiavel (1532), le pouvoir est recherché par les corrompus en puissance, et exercé par des corrompus de fait. Du reste, répétons-le, les conclusions de l’expert se trouvent en germe dans la source de financement de ses études.

1.4. La coercition en toute illégalité. L’imbroglio gouvernemental et institutionnel belge a donné naissance à un fort curieux proto-totalitarisme : un gouvernement en affaire courante s’est octroyé les pouvoirs spéciaux pour euthanasier le législatif, instrumentaliser le judiciaire, et instaurer un État d’urgence (sanitaire) qui ne dit pas son nom. Les mesures et règlements liberticides ne se comptent plus — à commencer par le confinement dans les maisons de repos, la généralisation du confinement à domicile, la distanciation « sociale », le port du masque, etc.

Avec ce cortège de mesures liberticides, illégitimes, inefficaces et illégales, on obtient, de fait, la fin de l’État de droit. Le bien public est devenu privé, c’est-à-dire source de profit. Et l’intimité de la sphère privée est exposée au regard (parfois à la vindicte) de tous.

1.5. La communication, et particulièrement sa composante absurde, constitue la vraie signature de cette crise, durant laquelle les responsables politiques ont épuisé toutes les formes pathologiques du langage. Épinglons les suivantes :

— l’évitement : ignorer les objections, refuser le dialogue sous quelque forme que ce soit ;

— l’indignation : faire l’innocent, plaider la bonne foi, le dévouement au bien commun ;

— le mensonge pur et simple : le masque protège des virus et pas seulement des infections bactériennes ; le vaccin est efficace contre une maladie qui n’est pas immunisante ;

— la censure : refuser l’accès à une information ou à une conférence de presse ;

— la propagande : gonfler de vraies informations ;

— la désinformation : propager de fausses informations ;

— la sur-information : inonder d’informations (vraies, fausses, vraiment fausses, faussement vraies, etc.) ;

— l’usage de la contradiction : soutenir deux propositions contradictoires (le masque est inutile ; vous devez porter un masque) ;

— l’usage du paradoxe : utiliser des énoncés indécidables tels que : l’épidémie progresse sans empirer ; le monde d’après sera, et ne sera pas, différent ; seuls, ensemble ; soyez solidaires (dans la solitude) ; faites confiance aux responsables (!) ; informez-vous (dans les médias) ; vaccinons tout le monde pour contrôler la démographie ; imposons la monnaie digitale pour permettre aux pauvres d’épargner ; instaurons un gouvernement mondial démocratique ; ce que je vous dis est faux… Tout ceci ressort de l’effort pour rendre l’autre fou (Searles, 1959).

En somme, la communication gouvernementale, servilement relayée par les médias et aiguillée (et endossée) par les experts en sciences médicales, a entretenu la peur et, surtout, l’angoisse. La peur est un sentiment naturel positif, car mobilisateur : face à une menace palpable, l’individu réagit par la fuite ou le combat. Au contraire, l’angoisse est paralysante : on pressent une menace invisible, sans savoir comment réagir… La communication absurde vise à stupéfier par l’angoisse, pas à perdre par la peur. Le dispositif est beaucoup plus efficace : la peur demande à être orientée afin qu’elle ne nuise pas au statu quo social ; l’angoisse paralyse les citoyens qui acceptent passivement tout ce qui leur est imposé.

La banqueroute politique signale en outre deux faillites supplémentaires : celle des médias et celle des experts scientifiques, et tout particulièrement des médecins. Les médias ont donné une ampleur inouïe à la communication absurde des politiques et des scientifiques. Il y a eu cooptation des uns par les autres. On peine à trouver un dissident dans la classe politique ; il en existe peu dans le monde scientifique et, s’ils s’expriment dans les médias, c’est généralement de manière très pondérée ; rares sont les journalistes qui ont fait leur travail, Alexandre Penasse constituant une notable exception. Tous se sont couverts d’ignominie en participant, activement ou passivement, à cette mascarade ; tous devraient se voir sévèrement sanctionner.

2. La crise du capitalisme biocidaire

« C’est le commencement qui est le pire, puis le milieu, puis la fin ; à la fin, c’est la fin qui est le pire. » (Thomas Beckett, 1953)

En amont de cette sclérose politique, médiatique et scientifique, on trouve l’influence des mondes bancaire et pharmaceutique, qui sont mus par deux perspectives : d’une part, la maximisation de leur emprise sur la société (et donc de leur chiffre d’affaires) ; d’autre part, la gestion de la crise globale systémique annoncée clairement dès 1968, et dont la chronologie a été esquissée en 1972 par Meadows et Kukla (l’épuisement des ressources, le dérèglement climatique, et la progression de la pollution finiront par avoir raison de la société de consommation et de la démocratie représentative).

2.1. De ce point de vue, l’utilisation de la stratégie du choc, identifiée par Klein en 2007 — instrumentaliser une crise réelle ou ressentie, naturelle ou culturelle, afin de modifier profondément l’espace social, tandis que celui-ci est paralysé — s’impose comme une évidence si on veut anticiper le chaos. Que la crise soit réelle, ou simplement mise en scène, que son origine soit naturelle, ou le produit d’une machination, ne change finalement pas grand-chose au traumatisme et à la possibilité de son usage.

2.2. Par contre, il faut comprendre, une fois pour toutes, que les élus ne représentent pas le peuple, mais les oligarques et leurs multinationales. Le programme néolibéral est en effet très simple : dissoudre les États afin de privatiser toutes leurs fonctions. Tant qu’un gouvernement mondial (privatisé) n’est pas implémentable, on peut se contenter de transformer les États en coquilles vides. Ce programme ne constitue qu’une réappropriation du fascisme tel que Mussolini l’a défini, et mis en pratique, dès 1922–1925, à l’aide de la vision économique de Vilfredo Pareto : l’entreprise privée est, par définition, beaucoup plus efficace que l’État. Puis vinrent les politiques similaires des Nazis en 1934–1937, qui subirent une légère obsolescence de 1944 à 1972 (les « trente glorieuses »). En fait, Hayek, le chantre du néolibéralisme, stipule très clairement, et ce dès 1944, la stratégie à adopter : seule une infiltration progressive des institutions civiles et politiques permettra la destruction de la menace communiste et de sa cinquième colonne. Vingt ans plus tard, le 30 septembre 1965, il arriva à ses fins avec le coup d’État de Suharto, qui coûta la vie à plus d’un million de communistes (certains parlent de 3 millions d’exécutions arbitraires), et permit une première mise en place du dispositif néolibéral. C’était en quelque sorte la répétition du renversement d’Allende par Pinochet, perpétré le 11 septembre 1973. Le remplacement des gouvernements par des multinationales a été quantifié très tôt, e. a., par Stephen Hymer (1960) et David C. Korten (1995). Il est devenu évident avec la politique d’intégration européenne et, surtout, la multiplication des traités et autres partenariats transatlantiques de commerce et d’investissement (comme le « Transatlantic Trade and Investment Partnership », TTIP). C’est du reste le fil rouge de la littérature « cyberpunk » dont le représentant le plus fameux est sans doute Phillip K. Dick (1955), qui a offert les scénarios de Blade Runner (1982), Total Recall (1990), Minority Report (2002), etc.

2.3. Tout se joue donc en 1968–1973 : le dévoilement des enjeux civilisationnels comme leur effacement, c’est-à-dire, d’une part, la prise de conscience de la crise globale qui ne pourrait être conjurée qu’en renonçant au capitalisme industriel et financier ; et, d’autre part, la reprise en main de l’agenda politique par ce dernier avec des figures telles que Suharto et Pinochet, puis Margaret Thatcher (1979), Ronald Reagan (1981) et Helmut Kohl (1982). (Il faudrait également mentionner le travail de sape de Pompidou, élu à la présidence française en 1969, et le bref espoir instillé par Sicco Mansholt à la Commission européenne en 1972–1973.)

3. Le totalitarisme fasciste numérique

« Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain… éternellement. » (George Orwell, 1949)

En amont de la corruption complète du corps politique et de ses appendices médiatiques et scientifiques, nous avons trouvé la crise du capitalisme financier et la volonté des oligarques de remodeler en profondeur la démocratie (représentative) de marché. En aval, nous découvrons, sans surprise, un nouveau totalitarisme fasciste, bien plus pernicieux que ses ancêtres du XXe siècle, car numérique.

3.1. « Totalitarisme » désigne le système politique qui prétend gérer toutes les dimensions de la vie citoyenne, publiques comme privées. Rien ne doit lui échapper, en droit comme en fait. Le « fascisme » est un totalitarisme de droite, c’est-à-dire conçu par, et pour, les oligarques.

3.2. L’histoire du totalitarisme fasciste est supposée connue ; elle se résume à la prise de pouvoir des oligarques industriels et financiers par l’intermédiaire d’un lampiste plus ou moins allumé (ce qui permet aux commanditaires de tirer leur épingle du jeu si l’affaire tourne mal). À partir de 1921, la droite extrême progresse partout en Europe : en Italie (Mussolini accède au pouvoir en 1922), en France (avec la création en 1922 de la Synarchie, suivie plus tard par la Cagoule), en Allemagne (le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, en gestation depuis 1918, s’organise en 1920 ; Hitler écrit Mein Kampf en 1924, publié en 1925), Salazar assied sa dictature en 1932–1933, et Franco pilote la guerre civile déjà en 1934. De 1967 à 1974, il y aura aussi la dictature des colonels en Grèce. (Voir, par exemple, Lacroix-Riz, 2006).

3.3. Nous sommes dans une configuration totalitaire depuis déjà de longues années, c’est-à-dire qu’un système, qu’une idéologie, prétend gérer tous les aspects de la vie : la technoscience constitue un tel système ; le capitalisme, renommé néolibéralisme, est un tel système ; la globalisation est un tel système ; l’État d’urgence permanent qui s’enracine dans la guerre contre la terreur datant de 2001 en est la dernière péripétie. La vraie-fausse crise sanitaire de 2020 est le prétexte (au sens de Naomi Klein) utilisé pour dépouiller définitivement les peuples des acquis sociaux et politiques concédés après 1945. Elle touche donc différemment les pays selon qu’ils sont développés ou pas. Dans les pays riches, il s’agit de détruire les acquis sociaux et de mettre la population au pas ; dans les pays pauvres, c’est une logique néocoloniale qui est à l’œuvre. C’est ainsi, alors que l’épidémie saisonnière est finie, que des règlements (de plus en plus) absurdes prolongent la terreur sécuritaire.

3.4. Au nombre des outils pour comprendre les enjeux du totalitarisme numérique, on trouve les concepts de conformisme et d’atomisme, qui s’imposent dès les débuts de la révolution industrielle et de la démocratie représentative, et sont esquissés chez Saint-Simon (1803) et Tocqueville (1835). L’ère thermo-industrielle est celle du machinisme, c’est-à-dire de la standardisation des produits et de l’organisation scientifique du travail. Alors que l’outil dépend de la morphologie humaine, la machine demande à l’ouvrier de s’adapter à son mécanisme. Le pouvoir de la machine est ainsi le pouvoir du conformisme : en amont, l’ouvrier doit être calibré, dompté, géré comme une ressource ; et, en aval, le consommateur doit accepter l’uniformisation de ses habitudes de vie, de ses goûts alimentaires, de ses vêtements, de ses idées, de ses désirs, etc. Les rendements d’échelle sont à la mesure des espérances de quelques-uns, et du désespoir de tous les autres. Le conformisme se manifeste donc par l’infantilisation et l’indifférenciation des personnes, la dépolitisation des citoyens, et la standardisation des consommateurs, qui constituent autant de précieuses muselières pour paralyser les corps et amnésier les esprits.

D’autre part, l’atomisme constitue le fondement du libéralisme (Mandeville, 1714, avant Smith, 1776) ; il équivaut à briser toutes les solidarités, et à entretenir la guerre de tous contre tous, parfois appelée compétitivité. En scellant l’alliance entre capitalisme et technoscience, la révolution industrielle établit les deux principes fondamentaux du capitalisme mondialisé, l’atomisation des individus sous prétexte de les libérer, et leur conformisation afin de machiner le meilleur des mondes possibles. En d’autres termes, les conditions de possibilité de la culture, qui sont celles de la vie authentique, sont deux fois niées. D’une part, le conformisme se substitue à l’individuation (à ne pas confondre avec l’individualisme) ; d’autre part, l’atomisme remplace la solidarité. Or, sans solidarité, il est impossible de s’individuer, d’endosser son destin, de dépasser les contingences de sa naissance ; et, sans individuation, la solidarité reste lettre morte. Cette double négation est toutefois rendue acceptable par une inversion spectaculaire (aussi au sens de Guy Debord) des pôles privé et public : on prend l’atomisme (c’est-à-dire l’absence de solidarité) pour de la liberté, et le conformisme (c’est-à-dire l’absence de projet personnel) pour de la solidarité (tout le monde désire la même chose). On obtient, en somme, la guerre des clones, de ceux qui montrent leurs derrières (calibrés) en public, et parlent de politique (néolibérale) en privé. Les conséquences sont radicales : infantilisation, déculturation, dépolitisation, dissociété, Terreur (1792, très précisément au moment où Sade écrit), c’est-à-dire la paralysie par l’angoisse.

3.5. Le passage au totalitarisme numérique peut se comprendre comme la transformation des sociétés disciplinaires (Foucault, 1976) en sociétés du contrôle (Deleuze, 1990). L’ère thermo-industrielle est celle du machinisme et des institutions disciplinaires qui lui sont propres : famille, école, église, caserne, usine, hôpital, asile d’aliénés, prison, maison de repos. Tous (ou la plupart de) ces lieux d’enfermement physique (mais aussi mental) peuvent être avantageusement remplacés par un dispositif plus souple de contrôle mental (mais aussi physique) : le numérique. La technologie — et tout particulièrement les dispositifs associés à la 5G — permet maintenant une surveillance panoptique totale : traçage de tout le trafic internet (« big data ») et des déplacements physiques (géolocalisation), disparition des transactions en liquide, assignation à résidence (télétravail, cyber-enseignement, achats en ligne, téléconsultations) etc. Le totalitarisme numérique pousse encore plus loin la synergie entre conformisme et atomisme en remplaçant tout ce qui restait d’humain — et donc de corporel, d’immédiat, de qualitatif et d’aléatoire — dans le machinisme par le virtuel, le médiat, le quantitatif et l’algorithmiquement nécessaire. Il n’y a pas plus conforme que celui qui dépend entièrement du numérique pour vivre ; il n’y a pas plus atomisé non plus. Du reste, la psychose hygiéniste institue un nouveau puritanisme qui exige une vie sans contact. Après avoir disposé de la chair du monde, le technocapitalisme entend exploiter sans complexes la chair humaine (Weber, 2017 & 2018).

4. En conclusion, il faut bien comprendre que la crise de la Covid-19 n’est pas sanitaire, mais politique, et qu’aucune des mesures liberticides n’est fondée scientifiquement. Par contre, elle met en évidence la corruption complète du corps politique et de ses factotums médiatiques et scientifiques, et, plus particulièrement, leurs allégeances envers les puissances de l’argent et leur projet totalitaire. La crise constitue à la fois le symptôme de la faillite de la démocratie représentative, et le prodrome du retour d’une gouvernance uniquement respectueuse des droits du capital. Plus encore qu’Orwell (1949), c’est Terry Gilliam (1985) qui vient à l’esprit de celui qui chercherait à contraster le cauchemar politique avec l’absurdité fictionnelle. Ces évidences se retrouvent très précisément dans l’intervention d’A. Penasse (qui a fait, après tout, preuve d’une grande retenue), lui qui demandait, 15 avril 2020, « quelle légitimité démocratique il y a à prendre certaines décisions quand la plupart des membres qui décident et réfléchissent font partie des multinationales et du monde de la finance ? »

Le capitalisme est kleptocrate et totalitaire par essence. L’évolution qui se dessine dans la gestion de la crise Covid-19 dévoile la corruption de tous les acteurs médiatisés et laisse entrevoir ceux qui, jusqu’ici, restaient dans l’ombre. Si la population reste confinée dans la terreur, rien ne viendra s’opposer au régime le plus barbare de tous les temps. Si elle se réveille, non seulement le règne de l’angoisse sera révoqué, mais il ne sera plus possible d’agir par la force non plus (les « gardiens de l’ordre » sont toujours issus du peuple, et leur servilité n’est jamais acquise une fois pour toutes). La dernière option des oligarques sera alors, comme d’habitude, le génocide. Toutes les guerres du XXe siècle étaient d’abord des guerres menées par l’aristocratie et la haute bourgeoisie contre le bas peuple. Mais l’irruption d’une vraie pandémie ne serait bien sûr pas à exclure…

Reste la question de savoir pourquoi les citoyens acceptent de se faire maltraiter par les « responsables politiques ». Pourquoi acceptent-ils de subir un pouvoir pervers ? La réponse se trouve dans l’analyse de la relation que le prédateur impose à sa proie. Précisons en deux mots les modalités qui ont été identifiées dans le cadre de l’inceste, de la logique concentrationnaire, ou de ce qui a été appelé tardivement (1973) le syndrome de Stockholm. Il existe un lien vital entre le prédateur et sa proie : c’est le prédateur qui nourrit la proie, c’est lui qui lui offre un récit pour cadrer son malheur, c’est encore lui qui, parfois, fait un geste qui semble bienveillant. La proie refuse donc instinctivement d’ouvrir les yeux sur le mécanisme prédateur. Ferenczi (1932) l’a bien compris : l’enfant traumatisé, physiquement et psychiquement plus faible, se trouvant sans défense, n’a d’autre recours que de s’identifier à l’agresseur, de se soumettre à ses attentes ou à ses lubies, voire de les prévenir, et finalement y trouver même une certaine satisfaction. Aimer son bourreau, dont on dépend physiquement, symboliquement, et affectivement, devient une condition de survie, mais aussi un piège psychotique. Dans le cas qui nous occupe : comme cette servitude volontaire offre les avantages que l’on peut se payer, et les espoirs que l’on veut bien conserver, la plupart des citoyens croient pouvoir continuer, après le « confinement », à confondre rêve et réalité. Il leur faudra plutôt choisir entre rêve et cauchemar.

À chacun sa conclusion, la mienne est empruntée à Gramsci : je suis pessimiste avec l’intelligence, mais optimiste par la volonté. Pessimiste, car, dans le cas qui nous occupe, on assiste simplement à une accélération de la tendance totalitaire d’une société technocratique dans le cadre d’une crise globale systémique identifiée dès 1968. Si on se demande dans quelle direction ce mouvement va se faire, il suffit de questionner le pilote : le bref interlude soviétique mis à part, la technique a toujours été pilotée par les capitalistes (la « grande bourgeoisie »). Historiquement, un totalitarisme capitaliste s’appelle fasciste ou, mieux, nazi. (Hitler n’était pas Mussolini.) Optimiste, car, comme l’écrivait Victor Hugo avant Che Guevara : « Rien n’est plus imminent que l’impossible » (1862).

Références

Beckett, Samuel, L’Innommable, Paris, Les Éditions de Minuit, 1953.

Delaunay, Janine ; Meadows, Donella H. ; Meadows, Dennis ; Randers, Jorgen ; Behrens, William W. III, Halte à la croissance ? Enquête sur le Club de Rome & Rapport sur les limites de la croissance. Préface de Robert Lattes, Paris, Librairie Arthème Fayard, Écologie, 1972.

Deleuze, Gilles, « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle », in L’Autre journal, n°1, mai 1990.

Dick, Philip Kindred, Solar Lottery, New York, Ace Books, 1955

Ferenczi, Sándor, « Die Leidenschaften der Erwachsenen und deren Einfluss auf Character- und Sexualentwicklung der Kinder. Gehalten im September 1932 auf dem XII. Internationalen Psychoanalytischen Kongress, der vom 4. bis 7. September in Wiesbaden stattfand », Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse 19, 1933, pp. 5–15.

Foucault, Michel, Histoire de la sexualité. I, La Volonté de savoir ; II, L’Usage des plaisirs ; III, Le Souci de soi [1976], Paris, NRF Éditions Gallimard, 1984.

Harold F. Searles, « The Effort to Drive the Other Person Crazy—An Element in the Aetiology and Psychotherapy of Schizophrenia », in British Journal of Medical Psychology, XXXII/1, 1959, pp. 1–18.

Hugo, Victor, Les Misérables, Paris, Albert Lacroix et Cie, 1862.

Hymer, Stephen, The International Operations of National Firms: A Study of Direct Foreign Investment. PhD Dissertation [1960], published posthumously. Cambridge, Mass., The MIT Press, 1976.

Korten, David C., When Corporations Rule the World [1995]. 20th anniversary edition, Oakland, Berrett-Koehler Publishers, Inc., 2015.

Lacroix-Riz, Annie, Le Choix de la défaite. Les élites françaises dans les années 1930, Paris, Éditions Armand Colin, 2006.

Machiavel, Nicolas, Le Prince. Traduction française [1532], Paris, Éditions Gallimard, 1980.

Mandeville, Bernard de, The Fable of the Bees or Private Vices, Public Benefits [1714], Oxford, At the Clarendon Press, 1924.

Orwell, George, Nineteen Eighty-Four [1949]. Introduction by Thomas Pynchon, London, Penguin Books, 2003.

Proust, Marcel, À la recherche du temps perdu. T. I. Du côté de chez Swann [1913]. Édition présentée et annotée par Antoine Compagnon, Paris, Gallimard, 1988.

Saint-Simon, Henri de Rouvroy, comte de, Lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains [1803], Paris, Presses Universitaires de France, 2012

Smith, Adam, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations [1776], Paris, Gallimard, Folio essais, 1976.

Tocqueville, Alexis de, De la démocratie en Amérique [1835], Paris, Robert Laffont, 1986.

Weber, Michel, Pouvoir, sexe et climat. Biopolitique et création littéraire chez G. R. R. Martin, Avion, Éditions du Cénacle de France, 2017.

Weber, Michel, Contre le totalitarisme transhumaniste : les enseignements philosophiques du sens commun, Limoges, FYP Éditions, 2018.

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137 jours interdit de conférences de presse… « Penasse c. État belge »

« Le langage politique – et avec quelques variantes, cela s’applique à tous les partis politiques, des conservateurs aux anarchistes – a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner à ce qui n’est que du vent une apparence de consistance ».George Orwell[note]

Ce n’est pas que la chose m’excitait spécialement, trouvant particulièrement fades et sans intérêt ces conférences de presse du gouvernement, un peu comme un JT de la RTBF ou de RTL-TVI, un édito du Soir ou de La Libre. Poussé dans le dos par des proches qui me glissaient « On ne peut quand même pas laisser dire ça ! Vas‑y et pose d’autres questions », j’ai décidé de m’y rendre. C’était le 15 avril, avec cette extraordinaire banale question sur la légitimité d’un gouvernement et de groupes d’experts qui mangent à tous les râteliers et nous invitent à prendre soin de nous pendant qu’eux prennent surtout soin de leurs intérêts et de ceux des multinationales pharmaceutiques[note]. Et si tout l’art de la politique n’était que de travestir les mots, de construire une réalité qui n’existe pas, d’occulter tout ce qu’ils font et ne disent pas ? Là réside le véritable enseignement de ma question et de la réaction politique du 15 avril. Ils feront ainsi tout pour que plus jamais je ne revienne et ne leur demande des comptes devant des centaines de milliers de Belges.

Avant la conférence de presse du 15 avril

Ma première prise de contact avec le service de communication de la ministre eut lieu le 30 mars, par un email envoyé au porte-parole francophone de la ministre, Steve Detry :

« Bonjour, en tant que journaliste, je souhaiterais assister aux prochaines conférences de presse du gouvernement qui auront lieu. Pourriez-vous m’indiquer les dispositions à suivre s’il vous plaît? En vous remerciant d’avance. Cordialement, Alexandre Penasse, journaliste accrédité (F08882) »

Ils feront ainsi tout pour que plus jamais je ne revienne et ne leur demande des comptes devant des centaines de milliers de Belges.

Réponse de Steve Detry (30 mars)[note] :

« Bonjour, en raison des consignes strictes liées au Coronavirus, l’accès à la salle de presse est strictement limité à certaines rédactions en pool. Vous pouvez néanmoins suivre en streaming les conférences de presse sur nos sites officiels. Cette configuration sera réévaluée lorsque les mesures de social distancing seront levées. Merci de votre compréhension »

Je renvoie un mail (30 mars) :

« Que voulez-vous dire par « certaines rédactions en pool ». Pourrions-nous les connaître pour faire savoir aux personnes qui nous suivent quelles sont les rédactions autorisées ? Faisant partie d’un autre type de média que ceux de type conventionnel, il serait intéressant de pouvoir nous rendre à ces conférences de presse. D’autant plus que le social distancing ne justifie nullement que certains médias aient des laissez-passer et pas d’autres. Sur quels critères établissez-vous la distinction ? »

Réponse de Steve Detry (31 mars) :

« Bonjour, L’accès physique est autorisé aux rédactions qui sont répertoriées par l’Association Générale des Journalistes Professionnels de Belgique. Celles-ci s’organisent afin de former des pools entre elles. Cela se passe sans encombre. Ceci étant dit, toutes les conférences de presse et leur contenu sont accessibles à tout un chacun, dans leur entièreté, en streaming live ».

31 mars, je réponds :

« Je suis reconnu comme journaliste professionnel (F07882) et le journal dont je suis rédacteur en chef (Kairos) enregistré comme presse périodique auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Je ne vois pas ce qui nous empêcherait d’envoyer un de nos journalistes à une conférence de presse du gouvernement? Je viens de prendre contact avec l’AJP[note], dont je suis bien évidemment membre, afin de connaître mes droits. »

Le 2 avril, n’ayant pas de réponse du service de communication de la ministre, je renvoie un mail :

« Pourriez-vous répondre aux questions du mail précédent, mais également me signaler les rédactions autorisées, ce pool dont vous parlez ? »

Le lendemain, j’obtiens la réponse :

« Je pense vous avoir déjà répondu quant aux rédactions. Lors des prochaines conférences de presse, il vous sera demandé de vous inscrire comme c’est le cas pour n’importe quel organe de presse. Nous aviserons à ce moment-là en fonction de la configuration de la salle et le nombre de demandes ; le tout en bonne concertation avec vos homologues journalistes. »

À partir du 3 avril, je n’aurai plus aucune nouvelle du service de communication de la ministre. Le 15 avril, jour de la conférence de presse, à 12h53, je reçois toutefois étrangement un mail de Louise Ringuet, qui était toujours en copie des mails de Steve Detry, mais avec qui je ne communiquais jamais directement :

« Monsieur Penasse, une conférence de presse aura lieu après le CNS cet après-midi au 16 rue de la Loi. Comptez-vous venir ? Le cas échéant, un lien peut vous être envoyé afin que vous suiviez la conférence à distance en direct. Merci d’avance pour votre réponse rapide. »

Je lui répondrai et confirmerai ma présence.

« Comptez-vous venir ? Le cas échéant, un lien peut vous être envoyé afin que vous suiviez la conférence à distance en direct ». Service de communication de la ministre

On peut trouver curieux, alors que le dernier mail de Steve Detry indiquait qu’ils allaient prendre leur décision le jour de la conférence de presse en fonction « de la configuration de la salle et du nombre de demandes », et qu’ils savaient parfaitement que je voulais assister à la conférence de presse et poser mes questions, qu’une autre responsable du service de communication de la ministre m’invite à m’envoyer un lien pour « suivre la conférence à distance en direct ». De même, peu avant 15h00, le 15 avril, après avoir pourtant signalé au porte-parole de Sophie Wilmès que je désirais assister à la conférence de presse, une personne, liée au service de communication de la ministre, m’envoyait un SMS avec le lien YouTube, alors que je n’avais rien demandé :

« Voici le lien YouTube pour suivre la conférence de presse. Je n’ai toujours pas plus d’infos sur l’heure de la conférence de presse ».

À 14h45, je renvoyais un SMS :

« Je voudrais y assister, pas comme spectateur sur YouTube, merci ».

À 14h48, on me répondait :

« It’s up you [traduction : « cela dépend de toi »], à voir alors détails pratiques avec la chancellerie ».

… c’est justement ce que j’étais en train de faire…

Le 15 avril, j’avais avant cet échange appelé le service de presse de la chancellerie pour obtenir plus d’informations concernant le lieu et l’heure de la conférence de presse de Sophie Wilmès. Suite à mon appel, le service de presse de la ministre Wilmès ne pouvant m’informer sur l’heure et le lieu, il me rappelait un peu plus tard :

« Concernant « la conférence de presse de cet après-midi ou soirée, je peux vous dire déjà où c’est, ce sera au palais d’Egmont où la conférence de presse aura lieu, donc vous voyez où c’est le Palais d’Egmont, c’est derrière le Sablon. Alors pour toute question pratique liée à cette conférence de presse, vous pouvez appeler la chancellerie, là le numéro, mais je pense que vous l’avez, c’est le 02/301.02.11. »

- « Donc, l’heure on ne sait pas ».

- « Non, l’heure on ne sait pas, nous-mêmes on fait des paris. On verra bien quand ils auront décidé ».

Ceci était une fausse information, car la conférence de presse eut lieu au « bunker », rue Ducale. Il est étonnant que le service de communication de la ministre, le premier informé, se trompe à ce sujet.

Le jour de la conférence de presse

Le 15 avril, j’entre donc dans le « bunker » et pose ma question à une ministre désarçonnée : « Vous venez d’introduire dans cette salle de presse la question biaisée politiquement, ce qui en général n’est pas l’habitude des journalistes  »[note]. La ministre refusera ma deuxième question, évoquant le timing serré et le fait que les questions peuvent être posées après la conférence de presse. Ce sera le premier mensonge laissant croire que la liberté d’expression des journalistes est tolérée : on ne sort pas du cadre !

Ce jour-là, des dizaines de milliers de personnes entendent une question qui contraste avec la banalité des propos des journalistes révérencieux qui ne cherchent pas à révéler la vérité, mais plutôt à demeurer en bon terme avec le pouvoir. Suite à la conférence de presse, des centaines de personnes s’abonneront à Kairos, plus de 8.000 à la page Facebook du journal.

Fort d’avoir brisé leur spectacle et introduit « la question biaisée politiquement », c’est-à-dire la bonne question, j’envoie un mail le 20 avril à Steve Detry :

« Je serai présent à la conférence de presse de Sophie Wilmès de ce vendredi 24 avril. Pourriez-vous en prendre note et me tenir informé des horaires et du lieu ? »

Il me répondra le même jour :

«Comme annoncé la dernière fois, nous procédons en pool au vu de l’accès limité à la salle de la conférence de presse au regard des mesures de social distancing. Vos confrères doivent pouvoir avoir accès également à la salle de presse. Les équipes tournent. Comme déjà indiqué, le contenu est disponible, en direct, sur internet. Si vous avez une question, je vous invite à vous organiser avec vos confrères journalistes. Il est de coutume que certains journalistes posent également une question pour une autre rédaction. Il est possible aussi de nous la transmettre ultérieurement. »

Ces assertions se sont révélées fausses. Aucune question envoyée au cabinet par la suite n’a obtenu de réponses et aucun journaliste, évidemment, n’a relayé nos questions. Pourquoi « évidemment » ? Car c’est ce fonctionnement même des médias de masse, que nous dénonçons depuis des années, qui explique que des questions « dérangeantes » ne peuvent être posées. Il existe, pour plusieurs raisons, une proximité indécente entre médias et politiques qui font que les premiers ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir et ne demeurent qu’une caisse de résonance des décisions politiques, service de communication du pouvoir qui lui assure que ses décisions seront acceptées et sa pérennité assurée.

L’association des journalistes

Vu la difficulté à se faire inviter aux conférences de presse du gouvernement, le 31 mars nous avions préventivement informé le syndicat des journalistes, l’AJP. Celui-ci s’avérera par la suite au service du statu quo médiatique, et donc du pouvoir politique, conclusion logique quand ceux qui le dirigent sont issus des médias de masse dont nous dénonçons le rôle néfaste[note].

Nous écrivions à l’AJP :

« J’ai contacté le porte-parole de la ministre Wilmès pour avoir un accès direct à l’une des conférences de presse à venir. Celui-ci me répond: « L’accès physique est autorisé aux rédactions qui sont répertoriées par l’Association Générale des Journalistes professionnels de Belgique. Celles-ci s’organisent afin de former des pools entre elles. Cela se passe sans encombre ». Pourrais-je avoir accès également, en tant que journaliste professionnel et rédacteur en chef d’un journal reconnu par la FWB en tant que presse périodique? Merci de votre aide. »

Le mail aurait été transmis au service juridique, dont nous n’avons plus eu aucune nouvelle, jusqu’au 20 avril, où nous écrivions : « Vous ne m’aviez plus informé de la suite quant à ma demande d’aide juridique relative au refus de pouvoir assister à la conférence de presse de Sophie Wilmès. Ils refusent que j’assiste à la prochaine. Quels sont mes droits ? C’est urgent ».

Martine Simonis, secrétaire générale de l’AJP, y répondra[note] : « Suite à votre précédent message, j’étais en effet personnellement intervenue auprès de l’organisateur des pools (la cabinet de la Première ministre) pour que vous ayez l’occasion d’y participer. Ce qui a été le cas. Les pools sont par définition des regroupements limités de journalistes, qui servent ensuite tous les autres médias (partage d’image, de son, d’information). Il y a une rotation parmi ces journalistes/médias au sein des pools. Il n’y a pas de « droit » d’être dans les pools. Votre participation au pool semble par ailleurs avoir causé certains problèmes (de comportement vis-à-vis d’autres journalistes notamment). Ceci, et ce qui précède, explique probablement que l’organisateur des pools [le cabinet de la ministre] ne donne pas de suite favorable à votre demande (sic). Nous n’avons pas d’autre moyen d’intervenir pour vous ».

« Votre participation au pool semble par ailleurs avoir causé certains problèmes (de comportement vis-à-vis d’autres journalistes notamment). Ceci, et ce qui précède, explique probablement que l’organisateur des pools [le cabinet de la ministre] ne donne pas de suite favorable à votre demande ». Martine Simonis, secrétaire générale de l’Association des journalistes professionnels

Qui le syndicat des journalistes sert-il ?

Cette réponse lève plusieurs interrogations. En premier lieu, outre qu’il est étonnant qu’un syndicat réponde à notre demande et nous soutienne sans même nous en informer, il est encore plus surprenant qu’il tolère que le cabinet de la Première ministre s’arroge le droit d’organiser les pools, alors que nous constaterons par la suite que cela se fait dans la plus grande opacité.

Mais le plus significatif, c’est que la suite des événements montrera que le syndicat lui-même était en train de préparer la défense des médias de masse et d’anticiper la posture que prendra le gouvernement. Lorsque j’attaquerai en effet l’État pour entrave à la liberté de la presse (voir ci-dessous), ce dernier justifiera, via son avocat, mon interdiction d’assister aux conférences de presse par mon attitude présumée du 27 juillet (voir courrier avocat), alors qu’avant il ne pouvait l’appuyer sur aucune règle, sauf celle des « pools », création arbitraire et faussement démocratique sur laquelle s’accordent médias et politiques. À certains moments, les « pools » sont des habitudes journalistiques anciennes, à d’autres des mesures prises en raison du Covid-19[note]. Soit, une mesure dont le flou sémantique laisse place à l’arbitraire et à la censure.

Le 23 avril, je répondrai à Madame Simonis de l’AJP :

« Je vous remercie d’emblée pour votre première intervention auprès du service de presse de la ministre Wilmès. Sachez toutefois que, malgré celle-ci, de nombreux éléments m’amènent à penser qu’ils ont agi pour que je ne sois pas présent le 15 avril. Les réactions de nombreux citoyens belges à ma question ce jour-là, indiquent clairement que ces derniers attendent des journalistes qu’ils posent certaines questions qui leur paraissent importantes. Force est de constater que ce n’est que très rarement le cas, pour des raisons que nous avions déjà à de multiples reprises analysées dans le journal Kairos. Il s’ensuit donc, assez logiquement, que quand des journalistes tiennent un autre discours, cela dérange.

« Mon comportement vis-à-vis des autres journalistes » ? Ce que vous relayez là sans preuve, constitue de graves accusations. Ne pensez-vous pas que ce soit plutôt l’objet de ma question qui a provoqué la recherche de prétextes, pour désormais tenter de justifier leur refus que je me rende à nouveau à une conférence de presse ? Votre formulation (« notamment ») indique également qu’il y aurait eu d’autres problèmes. Puis-je savoir lesquels ?

Vous m’annoncez dans votre courrier du 20 avril que vous ne pouvez plus me soutenir – quid de votre soutien pour la diffamation dont je fais l’objet dans les médias de masse ? Vous représentez pourtant le syndicat des journalistes : n’êtes-vous pas censés me défendre dès lors que l’on bafoue clairement le droit de la presse et la liberté d’expression ?

Pourriez-vous me donner par ailleurs des textes de loi relatifs aux conférences de presse et au droit du journaliste. Il semble que, représentant un seul média et disposant de ma carte de presse, ils ne puissent me refuser l’accès à la conférence de presse. »

« Ne pensez-vous pas que ce soit plutôt l’objet de ma question qui a provoqué la recherche de prétextes, pour désormais tenter de justifier leur refus que je me rende à nouveau à une conférence de presse »Courrier à l’AJP

Sans réponse, je relance le 29 avril et reçois une réponse le jour même :

« Je vous ai écrit le 20 avril que « j’étais en effet personnellement intervenue ». Ce mail précisait également : « Les pools sont par définition des regroupements limités de journalistes, qui servent ensuite tous les autres médias (partage d’image, de son, d’information). Il y a une rotation parmi ces journalistes/médias au sein des pools. Il n’y a pas de « droit » d’être dans les pools ».

Vous nous demandez « des textes de loi relatifs aux conférences de presse et au droit du journaliste ». Les conférences de presse ne sont pas réglementées. En l’espèce, les règles de distance sanitaire ne permettent pas d’ouvrir à tous les journalistes les conférences de presse du CNS. C’est la raison de l’organisation de pools de journalistes. Les pools visent (je réexplique) à mettre l’information donnée en conférence de presse (au-delà du streaming que tout le monde peut visionner) à disposition des journalistes qui ne peuvent, pour des raisons de place ou de sécurité, être présents. Les pools sont fréquents dans des lieux comme les Cours d’Assises par exemple. Le principe du pool est la rotation. Il y a 5.000 journalistes professionnels en Belgique. Ils sont soit salariés soit free-lances, pour de grands ou petits médias, mainstream ou non. Ils sont titulaires d’une carte de presse. Il n’y a pas de « droit » individuel à faire partie des pools. Ni pour vous, ni pour quelqu’un d’autre. L’autorité publique doit veiller à l’accès à l’information (diffusion publique) et à la possibilité de poser des questions (présence de journalistes). Ensuite, le travail journalistique commence. L’investigation ne se mène pas en conférence de presse, tous les professionnels vous le diront et vous le savez également.

Quant à votre comportement vis-à-vis d’autres journalistes : le Conseil de direction de l’AJP a été informé de votre attitude à l’extérieur du CNS de vendredi dernier. Vous avez volontairement gêné des journalistes dans leur travail de prise d’interview au moment de la sortie des ministres. Le Conseil tient à vous rappeler les règles de confraternité qui régissent la profession et qui impliquent de respecter le travail des autres journalistes[note], quoi que vous en pensiez par ailleurs. Nous vous remercions d’y veiller à l’avenir.

Enfin, si, comme vous l’écrivez, vous pensez faire l’objet de « diffamation »» dans les « médias de masse », ou que votre liberté d’expression et le droit de la presse sont « bafoués », il faut sérieusement constituer un dossier (avec preuves à l’appui). Le service juridique de l’AJP examine les demandes de ses membres dès lors qu’elles sont étayées.

Recevez, Monsieur Penasse, l’assurance de notre parfaite considération ».

« L’investigation ne se mène pas en conférence de presse, tous les professionnels vous le diront et vous le savez également »Martine Simonis, secrétaire général de l’Association des journalistes professionnels

Le 8 mai, je lui répondais:

« Madame Simonis,

Le 23 avril, je vous disais que vous relayiez sans preuve de graves accusations sur des comportements que j’aurais eus à l’encontre de collègues lors de la conférence de presse du 15 avril. Outre que de ne pas répondre à mes interrogations dans votre courrier du 29 avril, vous persistez dans une attitude partiale et m’accusez à nouveau, sans aucune preuve, d’une attitude inadéquate que j’aurais eue le vendredi 24 avril. Cette fois-ci, l’inexactitude relative aux faits s’ajoute à l’accusation sans preuves.

Je vous cite : « Quant à votre comportement vis-à-vis d’autres journalistes : le Conseil de direction de l’AJP a été informé de votre attitude à l’extérieur du CNS de vendredi dernier »… Je ne me suis à aucune reprise rendu à l’extérieur du CNS, mais ai été uniquement présent au lieu de la conférence de presse, rue Ducale. Il n’y a donc pas eu de « comportement vis-à-vis d’autres journalistes à l’extérieur du CNS ».

« Vous avez volontairement gêné des journalistes dans leur travail de prise d’interview au moment de la sortie des ministres… » Alors que le ministre Jeholet arrivait à la conférence de presse, j’ai été le premier à l’interviewer. Un confrère de RTL-Tvi s’est alors interposé et placé devant moi pour poser ses questions. Alors que j’étais empêché de poser les miennes, le cameraman de RTL a frappé sur ma caméra délibérément, dans l’intention manifeste de m’empêcher de continuer à filmer. Nous avons toutes les preuves en images et ne manquerons pas de les utiliser pour notre défense.

« …Le Conseil tient à vous rappeler les règles de confraternité qui régissent la profession et qui impliquent de respecter le travail des autres journalistes, quoi que vous en pensiez par ailleurs. Nous vous remercions d’y veiller à l’avenir ». Vous devez connaître, Madame Simonis, la présomption d’innocence ? Comment expliquer que vous accordiez plus de crédibilité à certains médias ? Je rappelle : vous m’accusez une première fois sans preuve, par rapport à la journée du 15 avril, tout en ne répondant pas à mes questions contenues dans mon courrier du 23 avril[note]. Au lieu de cela, vous portez à nouveau des accusations relatives à mon attitude supposée le 24 avril, sans nullement me consulter ou chercher à savoir ce qu’il s’est passé. Vous me demandez de veiller à respecter le travail des autres journalistes comme si leur parole avait valeur de vérité. N’y a‑t-il pas enquête à faire avant de condamner des actes pour lesquelles vous n’avez aucune preuve ?

« …respecter le travail des autres journalistes, quoi que vous en pensiez par ailleurs ». « Quoi que j’en pense par ailleurs » ?… Que voulez-vous dire par là ? N’est-ce pas là un procès d’intention ?

Je vous joins un passage de la vidéo qui vous permettra de juger par vous-même. Vous y verrez notamment que mes collègues de RTL ne respectent pas les règles de confraternité. Avez-vous pareillement admonesté ceux-ci ? Je vous invite donc à regarder cette vidéo, à partir du début, et particulièrement la seconde 59[note] où le cameraman de RTL tente de faire tomber ma caméra. Je vous signale en même temps que j’ai approché le ministre Jeholet avant l’équipe de RTL, mais que cette dernière est passée devant moi. D’autres images en cours de séquençage vous prouveront par ailleurs le manque criant de solidarité de la part de mes confrères journalistes, contrairement donc à ce que stipulait le porte-parole de Sophie Wilmès, Steve Detry, avant la conférence de presse du 24 avril, me recommandant de demander à d’autres journalistes qu’ils posent mes questions.

Pendant des heures, je suis resté devant l’entrée de la rue Ducale, ai approché plusieurs confrères. Tous ont refusé de poser mes questions, certains arguant même qu’ils n’allaient pas assister à la conférence de presse, alors qu’ils s’y rendirent pour la plupart.

Pour revenir au début de votre mail, vous évoquez qu’il n’y a aucun droit pour un journaliste d’être dans les pools. Représentant un seul média, Kairos, à l’instar des journalistes de RTL quireprésentent un seul média, RTL, pouvez-vous m’assurer que notre média n’a pas le droit d’être représenté à la conférence de presse, et sur quelle règle relative au droit des médias, ce refus s’impose ? Étant par ailleurs le seul journaliste de Kairos avec une carte de presse, je suis le seul à pouvoir entrer. Ma question est donc : chaque média a‑t-il le droit d’être représenté lors d’une conférence de presse ?

Nous préparons un dossier de plainte en bonne et due forme.

Cordialement,

Alexandre Penasse

« Représentant un seul média, Kairos, à l’instar des journalistes de RTL quireprésentent un seul média, RTL, pouvez-vous m’assurer que notre média n’a pas le droit d’être représenté à la conférence de presse, et sur quelle règle relative au droit des médias, ce refus s’impose ? » Courrier à l’AJP

L’intervention de l’avocate

Suite au courrier de Steve Detry m’interdisant l’accès à la conférence de presse du 24 avril, une avocate mettra en demeure le cabinet de fournir dans les 24h00 :

« — l’adresse et l’horaire de la conférence de presse à venir ;

- la confirmation de votre accord sur la participation de mon client à la prochaine conférence ;

sans quoi, je serai mandatée pour entreprendre d’autres actions (judiciaires et en référé au besoin), à moins que vous ne puissiez justifier votre position de manière plus circonstanciée, et ce, sur une base légale, produite sans équivoque ? »

L’avocate ne recevra aucune réponse à cette mise en demeure. Depuis la réponse de Steve Detry du 20 avril, alors qu’il était déjà impossible de le joindre lui ou ses collègues par téléphone, nous n’aurons plus aucune réponse de la part du service de presse du cabinet de la Première ministre.

Le 29 avril, 12h42, j’enverrai un courrier au service de communication de la ministre :

« Ce courrier pour faire part que:

- N’ayant pas répondu à la mise en demeure de mon avocate, nous ayant interdit l’entrée à la conférence de presse ce 24 avril, sous prétexte que nous devions nous organiser par pool, « obligation » nécessaire afin notamment de respecter la distanciation sociale et la rotation des journalistes dans la salle de conférence de presse, distanciation sociale qui d’ailleurs n’a jamais été respectée par les ministres lors de toutes les conférences de presse.

- L’  »obligation » de se regrouper en pool ne relève que d’un protocole arbitraire édicté par les services de la Première ministre, soi-disant mis en place par votre ministère pour garantir la liberté de presse et assurer une rotation démocratique des médias.

- Du fait qu’aucune obligation légale ne stipule que d’autres confrères seraient dans l’obligation de prendre en charge nos questions et de les relayer, n’offrant dès lors aucune garantie que cela se fasse effectivement, ces dernières laissées à leur seul bon vouloir, les journalistes « accrédités » ont refusé de relayer nos questions[note] comme vous le supposiez (sous le prétexte fallacieux qu’ils n’assistaient pas à la conférence de presse, à laquelle ils ont tous finalement assisté, ou que cela ne les regardait pas); nous vous transmettons donc celles-ci (comme vous l’aviez stipulé dans votre courrier précédent), qui auraient dû être posées lors de la conférence de presse, particulièrement à Madame Sophie Wilmès. Ces questions ont toutefois toute leur pertinence dès lors que l’ensemble des citoyens belges entendent les réponses qui y sont apportées, et non pas pour que nous seuls recevions « en privé » ces dernières. Soumettre celles-ci à la ministre et son équipe a posteriori ne pallie pas la perte que représente leur non-médiatisation du 24 avril;

- Étant donné tous les points précédents, notre média, Kairos, aurait dû être présent, même en cas de pool, et notre stagiaire journaliste (qui dispose d’une carte de presse) aurait dû pouvoir assister à la conférence de presse. N’êtes-vous pas censés garantir la liberté de la presse?

Par la présente, nous vous informons que nous serons présents lors de la prochaine conférence de presse. Veuillez dès lors nous tenir informés du lieu et de la date de celle-ci.

Cordialement,

Alexandre Penasse »

Devant leur silence, le 4 mai, l’avocate envoyait une mise en demeure ultime qui « à défaut de réponse convaincante, confirmait être mandatée pour intenter une action en référé (avec demande de dommages et intérêts de l’ordre de 100.000€) si cette situation devait perdurer ». La mise en demeure portait sur :

« — l’adresse et l’horaire de la conférence de presse à venir,

- la confirmation de votre accord sur la participation d’un journaliste du média Kairos lors la prochaine conférence, et idéalement l’inscription de mon client sur votre liste. Pour rappel, M. Penasse est gravement préjudicié par certaines mesures expressément prises à son égard. »

Le 5 mai, Steve Detry répondait :

« Madame,

Les informations concernant l’organisation des conférences de presse sont connues depuis le départ par votre client.

La prudence vis-à-vis de la situation sanitaire en Belgique nous obligent à prendre des mesures afin de limiter les risques de contamination au sein de la salle de conférence de presse du Seize, Rue de la Loi. Il aurait été possible de procéder à une méthode similaire à la conférence de presse biquotidienne du Centre de Crise (questions par voie numérique) ou prendre exemple sur d’autres pays européens qui restreignent l’accès de la salle à un voire deux journalistes (se faisant donc « porte-parole » de l’ensemble de la profession). Ce que nous avons refusé jusqu’ici par souci de transparence. Cela démontre bien notre attachement à la liberté de la presse également.

Au vu de sa superficie et du nombre de places disponibles dans le public (75), nous avons prévu un accès limité à vingt personnes (1–2‑1x5) afin qu’il soit possible et « facile » de respecter les distances, sachant que nous devons aussi compter les équipes techniques sur place.

Cinq places sont prévues pour les collaborateurs des Ministres-présidents.

Le reste est donc prévu pour la presse, selon une clé de répartition agences – audiovisuel – presse écrite ; sur la base d’un fonctionnement de « pool ». Ce système permet à chacun d’avoir une chance d’accéder à la conférence de presse. Nous gardons bien entendu une place pour les demandes en provenance des médias qui bénéficient de moins de moyens et de moins d’audience que les grands acteurs médiatiques du paysage belge. Cette place, votre client en a bénéficié le 15 avril. Le 24 avril, Le Ligueur l’a occupée. Pour cette conférence-ci, nous l’attribuons à DaarDaar[note].

Cette manière de procéder est validée et soutenue par l’ensemble des participants et l’union professionnelle des journalistes.

Par ailleurs, je tiens à signaler que l’accès à l’information est totale : la conférence de presse est rediffusée en direct sur internet, sans montage.

Votre client est libre de faire poser sa question par un confrère ou, même, de nous l’envoyer par e‑mail pour que nous y répondions. Je constate qu’aucune question ne nous a jamais été adressée avant ou après une conférence de presse (sic).

Salutations distinguées, »

« La prudence vis-à-vis de la situation sanitaire en Belgique nous obligent à prendre des mesures afin de limiter les risques de contamination au sein de la salle de conférence de presse du Seize, Rue de la Loi »Réponse du service de communication de la Première ministre

L’avocate répondait le 6 mai :

« Mesdames, Messieurs, 

Je fais suite à votre missive d’hier, pour laquelle je vous remercie.

Tout d’abord, il est inadéquat de prétendre que mon client était au courant des règles concernant l’organisation de vos conférences (fonctionnement en pool) dans la mesure où la situation est inédite, en sus d’être relativement confuse.

Je pense que Mr Penasse n’a pas fait appel à un conseil par pur plaisir et je vous ai moi-même interpellé en date du 22 avril pour obtenir quelques éclaircissements, de manière vaine.

Quelques éléments de réponse me sont enfin apportés après deux semaines d’attente.

Ceci étant, il me semble, d’une part, inapproprié de considérer que vos pratiques sont validées et soutenues par l’ensemble des participants sans quoi je ne me serais pas permise de vous mettre en demeure à deux reprises.

D’autre part, je constate également que certains de vos critères de sélection semblent discriminatoires puisqu’à titre d’exemple, le média LN24 a été représenté par le même journaliste lors des deux dernières conférences (il en va de même pour d’autres journalistes !).

Sur quelques acteurs autorisés, je remarque aussi que plusieurs photographes ont accès à la conférence, ce qui m’interroge sur vos ordres de priorités, ainsi que votre réel attachement à la liberté de presse, eu égard aux circonstances.

Je m’étonne, par ailleurs, de votre choix quant au « bunker » alors que d’autres lieux, plus accessibles, auraient sans doute pu être privilégiés.

Vu votre souci de transparence, j’aimerais disposer de vos listes pour pouvoir m’assurer du bien fondé de votre argumentation, d’autant plus que les confrères de Daardaar ne seront pas en mesure de relayer la question de Kairos car selon leurs dires, ils ne seront pas présents tout à l’heure… Afin de ne pas tergiverser davantage, je vous rappelle que mon client vous a adressé les questions suivantes par email en date du 29 avril : 

- « Vous dites souvent que les citoyens devront se serrer la ceinture et qu’il va falloir faire des efforts, or il existe des alternatives aux politiques d’austérité imposées aux populations. Il est notamment possible de suspendre le remboursement de la dette en utilisant l’argument d’état de nécessité. Allez-vous mettre en place cette solution ? »

- « Comptez-vous mettre des moyens humains et techniques pour stopper l’évasion fiscale ? Car empêcher la fuite fiscale permettrait de ramener l’argent des paradis fiscaux et, notamment, de réinvestir dans le secteur de la santé ? ».

Il est donc tout à fait faux de prétendre que le média Kairos ne vous aurait jamais adressé de questions et par conséquent, je vous saurai gré de les mettre à l’ordre de ce jour, afin de joindre la parole aux actes. 

(…) ».

Le 6 mai, j’envoyais ce mail à Steve Detry, puisqu’il nous invitait à remettre nos questions à la ministre :

« Monsieur Detry,

suite à vos invitations reprises dans différents mails, dans lesquels vous nous proposiez de vous transmettre les questions que nous ne pourrons pas poser nous-mêmes lors de cette conférence de presse du 6 mai, et que d’autres journalistes présents refusent de poser pour nous, nous nous sommes exécutés et attendons les réponses de la ministre, outre les deux questions qu’on vous a déjà envoyées le 29 avril et auxquelles vous n’avez donné aucune suite:

- Comment le gouvernement justifie-t-il la disponibilité soudaine de masques, alors que les soignants en ont manqué pendant si longtemps ?

- Pourquoi le gouvernement ne réglemente-t-il pas le prix de vente de ces masques, comme cela se fait dans d’autres pays ?

- Que fera l’État belge avec l’argent récolté lors des infractions aux règles de confinement? Sera-t-il versé à des associations, servira-t-il à l’achat de matériel sanitaire ? Servira-t-il à combler le manque de matériel dans les hôpitaux ? Ou sera-t-il destiné à d’autres fins n’ayant rien à voir avec la situation de crise sanitaire actuelle ?

- Est-il opportun de maintenir l’achat de F35 ? »

Sans aucune réponse, le 11 mai, l’avocate envoyait :

« Mesdames, Messieurs, 

Je vous reviens afin de faire suite à mon courriel du 6 mai, demeurant à nouveau sans réponse.

La prochaine conférence de presse devrait avoir lieu ce mercredi 13 mai et mon client aimerait savoir ce qu’il en est de sa prochaine inscription ?

Ci-joint, vous trouverez par ailleurs une publication fortement interpellante pour ce qui le concerne… Diffusion d’un média mainstream qui est proprement scandaleuse[note]. Dans la mesure où certains confrères ont eu accès à la conférence, sans tournante (!), et que les confrères de DaarDaar ne se seraient pas rendus à la précédente conférence comme indiqué, je vous saurai gré de me confirmer une prochaine date qui permettra à mon client de pouvoir à nouveau jouir de ses droits.

A défaut, merci de m’indiquer quel petit média aurait le privilège de figurer sur votre sélection cette semaine et surtout de m’assurer qu’à défaut d’inscription sur la liste, la question du média Kairos puisse cette fois être posée lors de la prochaine conférence. »

Nous avons, à ce jour, plus aucune réponse du service de communication de Sophie Wilmès. La supposée solidarité de nos collègues journalistes, défendue tant par Steve Detry que par l’AJP, n’a jamais été constatée. Leur fameux pools ont vu défiler les mêmes rédactions et aucune question sur concernant la légitimité du pouvoir en place, de ses décisions, ses conflits d’intérêts patents et de l’impact de toutes ces réalités sur les décisions liberticides qui sont prises par un État soi-disant agissant pour notre bien ».

« Nous n’avons, à ce jour, plus aucune réponse du service de communication de Sophie Wilmès. La supposée solidarité de nos collègues journalistes, défendue tant par Steve Detry que par l’AJP, n’a jamais été constatée. Leurs fameux pools ont vu défiler les mêmes rédactions et aucune question sur concernant la légitimité du pouvoir en place, de ses décisions, ses conflits d’intérêts patents et de l’impact de toutes ces réalités sur les décisions liberticides qui sont prises par un État soi-disant agissant pour notre bien » Courrier de l’avocate d’Alexandre Penasse au gouvernement

Penasse c. État belge

Le 22 juin, en réponse au dépôt d’une plainte de l’avocate devant l’AJP pour atteinte à la liberté de la presse, le Conseil de direction de l’AJP[note] nous répondait, que « l’AJP n’a pas pour vocation, ni pour objet social, d’arbitrer les querelles entre journalistes ». Il ajoutait que « plus généralement, il nous semble que la population belge en souffre d’aucun déficit démocratique dans la mesure où ses conférences de presse suivant les CNS sont retransmises intégralement et accessibles à qui veut, y compris votre client. Libre à vous de juger que le silence apporté aux demandes de votre client d’assister à nouveau à une conférence de presse suivant le CNS constitue un « traitement dégradant », mais nous ne le pensons pas ».

« Vous êtes libres de juger, penser… », mais ils sont libres de nous empêcher de poser nos questions en direct… L’AJP ne prend pas parti, mais l’AJP prend parti lorsqu’il m’accuse d’avoir eu un comportement inapproprié vis-à-vis d’autres journalistes… « La liberté c’est l’oppression », « la guerre c’est la paix ». Nous vivons eux et nous dans d’autres mondes, alors qu’ils sont persuadés qu’en raison d’une retranscription intégrale des conférences de presse à la télévision et sur internet, nous vivons en démocratie. Que ma question du 15 avril ait gêné ? Ils n’en parleront pas.

Il ne fallait donc rien attendre de l’AJP dans cette affaire. Devant les prétextes, subterfuges, langues de bois, inventions de toutes sortes du gouvernement pour ne pas évoquer l’essentiel, à savoir que les médias de masse forment un système avec le pouvoir politique permettant de ne jamais saisir les problèmes à leur racine, nous allions tenter le recours en justice.

Alors que l’État via son avocat ne répondait pas aux demandes insistantes que je puisse assister à une conférence de presse et que le gouvernement inventait toutes sortes de règles malléables et opaques pour justifier leur refus, ma dernière tentative le 27 juillet, 3 mois après celle du 25 avril, allait leur donner le prétexte qu’ils recherchaient. À peine quelques heures après avoir montré à ceux qui nous suivaient sur notre site et les réseaux sociaux, le refus[note] répété de me laisser entrer à la conférence de presse, les avocats de l’État belge envoyaient :

« Je suis contrainte de vous adresser le présent mail qui est officiel. Votre client, M. Alexandre Penasse, se trouvait en cette fin de matinée sur le trottoir du 4, rue Ducale à 1000 Bruxelles, i.e. devant le SPF Chancellerie du Premier ministre, en présence d’autres journalistes (…) Vers 12h15, M. Penasse a profité de la sortie d’un membre du personnel pour pénétrer subrepticement dans le bâtiment, alors qu’il n’avait été ni annoncé ni invité. Cette intrusion est intervenue au mépris des règles de sécurité, lesquelles sont applicables à tout visiteur, en ce compris les journalistes, et que tous respectent (sauf votre client, manifestement). M. Penasse s’est cependant retrouvé coincé dans le sas d’entrée, en sorte qu’il n’a pas pu poursuivre dans ses intentions. Il a été invité à quitter les lieux immédiatement, d’autant plus que l’heure de la conférence de presse n’était à ce moment pas encore connue et qu’il pourra la suivre en streaming ».

Ils en concluent que « l’État belge ne souhaite pas que M. Penasse assiste aux conférences de presse faisant suite aux réunions du Conseil National de Sécurité. En effet, le comportement dont a récemment fait preuve M. Penasse confirme que, à tout le moins à titre temporaire, l’accès à ces conférences de presse ne peut lui être consenti ». Ils ajoutent, que « malgré les affiches à l’entrée indiquant que, pour des raisons de sécurité, il est interdit de filmer, M. Penasse a filmé son comportement et l’a diffusé en live sur le Facebook de Kairos (…) Ce comportement, inadmissible, ne témoigne aucunement d’un journalisme responsable et confirme que la présence de M. Penasse lors d’une conférence de presse risquerait de gravement perturber le bon déroulement de celle-ci. Une conférence de presse n’est pas un lieu d’investigation, même si des questions peuvent y être posées ». La suite ressemble à copié-collé du discours de l’AJP cité ci-dessus : le nombre de participants est limité en raison des mesures sanitaires ; d’autres journalistes ont auparavant été importunés par ma présence ; dans le cadre du système de pool, je peux demander à des collègues de relayer mes questions, mais « l’État n’est cependant pas responsable des refus qui seraient opposés à M. Penasse »[note].

Dans la suite du courrier, l’État belge s’engage à répondre aux questions que j’ai posées précédemment ainsi qu’aux nouvelles questions. On peut donc poser des questions loin des caméras, et l’État prendre le temps de répondre ce qu’il veut. Imaginez la différence : ma question du 15 avril devant des centaines de milliers de personnes en direct ou cette même question par mail ? Ils ont bien compris ce qui constituait un risque pour eux…

Nos questions, qui ne seront pas entendues…

Voici certaines questions que nous aurions pu poser à la dernière conférence, et que nous sommes contraints d’envoyer par mail au service de presse de la ministre :

- Lors d’une conférence de presse tenue début août, le décès tragique d’une fille de 3 ans a été évoqué en l’attribuant au Covid. Son père a témoigné dans la presse, expliquant que le 16 juillet, sa fille « avait été placée en soins intensifs où l’infection au Covid-19 a ensuite été diagnostiquée. Les tests de dépistage se sont également révélés positifs pour les parents. « C’est le coronavirus qui l’a accompagnée, mais pas le coronavirus qui l’a tuée. Il ne faut pas effrayer le monde pour rien. C’est beaucoup de show tout ça », regrette-t-il ». Ce type de communication qui a des effets politiques, à savoir le durcissement des mesures, mais aussi génère angoisse et inquiétude chez des parents et grands-parents, alors que la rentrée des classes approche, est selon nous la preuve d’un amateurisme, ou d’une volonté d’instiller la peur. Comment le gouvernement collecte-t-il ces informations relatives au Covid et les vérifie-t-il ?

Imaginez la différence : ma question du 15 avril devant des centaines de milliers de personnes en direct ou cette même question par mail ? Ils ont bien compris ce qui constituait un risque pour eux…

- Pouvez-vous nous parler des tractations du gouvernement avec les multinationales pharmaceutiques, notamment GSK ? Quel est l’état de votre collaboration actuelle avec cette dernière ? Sachant notamment que Pascal Lizin est à la fois Président de la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI) et directeur chez GSK comme principal responsable du lobbying. C’est également la SFP I qui a mis Vesalius Biocapital, où travaillait Philippe De Backer, dans ses « priorités stratégiques ».

- Depuis le début du coronavirus en Belgique, plus rien ne se dit et plus rien n’est fait par rapport au risque majeur et bien plus grand qu’une épidémie et qui concerne le changement climatique et les dangers majeurs pour l’humanité qui lui sont associés. Or, alors que le Covid-19 aurait permis de repenser entièrement notre modèle de société, vous vous empressez en phase de « déconfinement », de soutenir financièrement Brussel Airlines, laquelle participe à la destruction de notre écosystème ; rien n’est fait pour juguler la pollution atmosphérique, dont l’automobile est largement responsable. Dans le monde, ce sont 7 millions de personnes qui meurent chaque année d’une mauvaise qualité de l’air ; en Belgique, ce sont plus de 10.000 personnes qui meurent prématurément à cause de la pollution de l’air. Comptez-vous pérenniser cette politique de croissance, qui nous a conduits où nous en sommes, et dont le Covid-19 est également la résultante ?

- Pourriez-vous nous détailler les chiffres parmi les personnes testées positives : quelles sont celles qui sont asymptomatiques, celles qui nécessitent de se soigner, mais peuvent rester à la maison, et celles qui nécessitent une hospitalisation ?

- Jamais en plus de 5 mois vous n’avez évoqué précisément et à plusieurs reprises le fait que la mortalité attribuée au Covid touchait en fait des personnes en état de comorbidité (obésité, diabète, troubles cardio-vasculaires) ou des personnes très âgées. Vous n’avez pas non plus tenu compte des remèdes éventuels et des pratiques qui pouvaient, à moindre prix, augmenter l’immunité. Alors que les conflits d’intérêts des groupes d’experts et de membres du gouvernement, que vous nommez sans honte privacy, sont patents, nous pouvons légitimement nous demander ce qui dicte les choix du gouvernement : l’argent ou le bien commun. Au vu de vos décisions antérieures, notamment comme ministre du Budget, mais aussi comme membre d’un parti, le MR, qui a toujours œuvré en faveur des plus riches (cf. notamment les « intérêts notionnels » mis en place par Didier Reynders), vous reconnaîtrez que le doute est permis. Pouvez-vous nous assurer qu’aucun groupe privé ne tire profit du Covid-19 et des décisions qui sont prises par votre gouvernement ?

- Lors de la conférence de presse du 27 juillet, Elio Di Rupo, que j’ai interpellé, ne semblait pas être au courant qu’un seul homme soit derrière les mesures de traçage, un certain Frank Robben. Pourriez-vous nous en dire plus ?

- Les professionnels de la santé mentale indiquent que de nombreuses personnes les consultent pour des troubles liés à la situation présente, dont la dépression, la perte de sens, les idées suicidaires… font largement partie. Mettez-vous en balance les dégâts collatéraux de vos mesures avec leurs bénéfices quand vous les décidez, dans une sorte de calcul coût/bénéfice pour la population ? Avez-vous des chiffres des effets sociaux/individuels de vos décisions ?

- Pensez-vous qu’il soit possible d’éviter totalement les contaminations au covid-19 ? Dans ce domaine, le risque zéro n’existe pas, pourtant on a l’impression que c’est ce que vous voulez tendre à faire croire. Quid de l’immunité collective, qui sera essentielle selon certains virologues pour réduire les contaminations si un retour du virus a lieu de façon saisonnière, immunité collective dont vous ne prenez nullement compte ?

- La Suède qui a pris des mesures tout à fait différentes de celles de la Belgique, refusant le confinement généralisé, et montre des résultats qui ne sont pas alarmants, alors que certains leur promettaient des dizaines de milliers de morts. Quelles conséquences en tirez-vous ?

- Comment expliquez-vous qu’au moment le plus crucial de l’épidémie, un seul laboratoire a été désigné pour tout le territoire ? Cela a totalement déterminé le nombre de tests et les critères pour les réaliser.

- Pouvez-vous nous confirmer à cette date, alors que vous durcissez les mesures, notamment à Bruxelles avec l’imposition du masque dans tous les lieux publics, que le taux de létalité dû au Covid ne fait que diminuer ?

- Il n’y a aucune base scientifique à imposer le port du masque partout. Sur quels critères vous appuyez-vous dès lors ?

Sortant du chapeau leurs « pools » pour justifier auparavant leur refus que j’assiste à une conférence de presse, mon « comportement inapproprié » qui « risque de gravement perturber le déroulement de celle-ci » désormais, aucun débat n’aura lieu. C’est sûr, ce n’est pas du tout le fond de mes questions qui les dérange et met à mal leur travail de représentation…

Combien de temps pourrons-nous encore supporter cela ?

La police de la pensée veille rue Ducale… Photo: AP
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