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Deux ans de Sars-Cov2: quelle situation politique est née de la pandémie ?

L’évolution des mesures étatiques et de leur contestation de mi-mars 2020 à fin janvier 2022

[NDLR — Le Covid-19 étant « parti » aussi vite qu’il est arrivé – ce qui nous confirme qu’il était politique avant d’être sanitaire –, entre l’écriture de cette contribution externe et sa parution, les médias du pouvoir ont basculé dans le narratif « Ukraine ». On savait que bombardeurs et bombardés n’étaient définis comme tels que dans l’intérêt de l’Occident, et que le statut de « victime » n’était donné qu’à ceux qui étaient tués par ses ennemis. Tout cela ne doit pas nous faire oublier ce qu’ils nous vendaient quotidiennement il y a encore quelques jours, pas plus que les effets collatéraux de leur « balance bénéfices-risques » qu’ils n’ont jamais jaugés, mais dont on sait qu’ils furent bien plus nombreux; leurs politiques tuant davantage que le Covid. Nous ne stopperons donc pas subitement nos tentatives de comprendre et d’expliquer parce que le pouvoir politico-médiatique en a décidé ainsi. Quant à l’Ukraine, nous nous nourrissons de ceux qui en parlent sans être empêtrés mentalement dans la propagande occidentale et publierons très bientôt du contenu sur le sujet (article, interview, vidéo…)]. 

Cette fois, nous y sommes : depuis deux ans, la pandémie s’est installée sur notre monde. Les médias et les États en ont fait leur thème principal de propagande quotidienne. La situation qui en résulte est largement nouvelle, même si nous avons pu démontrer que la possibilité d’une pandémie était pensée selon une logique de contre-insurrection depuis au moins le début des années 2010[note]. Il s’agit ici d’examiner les principales réponses apportées depuis deux ans à cette situation sanitaire nouvelle, qui a très vite débouché sur une évolution politique inédite. Beaucoup de choses ont changé, et nous ne nous intéresserons ici qu’aux aspects proprement politiques de la pandémie. Il est difficile d’établir une hiérarchie entre l’importance de ces changements ; aussi commencerons-nous par ce qui nous semble le plus évident : la montée du complotisme.

Le complotisme et la catastrophe annoncée

Dès mars 2020, la discussion se centre sur l’origine du coronavirus : un laboratoire, un marché aux animaux, un pangolin, une chauve-souris ? Ou encore les Chinois – Donald Trump évoque « le virus chinois »… Des centaines et des milliers d’internautes se mettent – comme d’habitude pourrait-on dire – à propager des nouvelles dans tous les sens.

Face à eux, les médias traditionnels, journaux, revues, radios et chaînes de télévision, en appellent aux « experts ». Mais les experts affirment eux aussi des points de vue différents et même contradictoires, sans que cela amène qui que ce soit à réfléchir au sens de l’expertise en matière médicale : n’existe-t-il qu’une seule vérité médicale ? La médecine est-elle une science aussi exacte que les mathématiques ? En matière de médecine, un dicton affirme que si l’explication est simple, elle est fausse, et que la réalité est toujours trop complexe pour qu’on parvienne à l’expliquer dans sa totalité… Le corps humain et la vie elle-même sont en effet d’une telle complexité qu’on ne peut qu’approcher d’une vérité, et jamais la détenir totalement. Mais voilà une évidence bien trop subtile, et le complotisme se nourrit de la simplicité, voire du simplisme absolu !

Les États, eux, se sont lancés pour la plupart dans une politique de peur[note] : ils ont fait peur à leurs populations, tout en prenant des mesures contradictoires, comme en France où le gouvernement a d’abord déclaré que le masque ne servait à rien – car il n’y en avait pas assez en réserve – avant de le rendre obligatoire et de multiplier les incohérences à chaque nouveau train de mesures sanitaires. Tous les ingrédients se trouvaient donc réunis pour qu’une immense vague de complotisme se développe : tout d’abord, le principal moteur, la peur, et la pire de toutes; la peur de mourir. Ensuite, la complexité extrême de la réalité, autant celle du corps humain que celle de la propagation d’une maladie à l’échelle du monde ; la répression de ceux qui n’acceptaient pas des mesures qu’ils jugeaient incohérentes ou inefficaces. Enfin, les insultes parfois très graves propagées en toute impunité, ce qui revient à jeter de l’huile sur le feu.

Au fil du temps, un véritable bouc émissaire est créé de toutes pièces par les médias et le gouvernement : le « groupe » des non-vaccinés, ces derniers étant rendus responsables de la propagation de l’épidémie ou des mesures contraires aux libertés qui sont prises par l’État. La création d’un bouc émissaire aboutit toujours au moins à deux conséquences : diviser la population et augmenter le niveau de violence. Malheureusement, c’est ce qu’il s’est produit en France, où le vocabulaire employé par certains vaccinés comme non-vaccinés est devenu de plus en plus outrancier au fil des mois, y compris à l’Élysée.

Le jusqu’au-boutisme de l’État français se mesure dans le déluge incessant d’interventions du président de la République, de ses ministres, des experts du comité scientifique et du comité de défense sanitaire, deux organismes dépourvus de toute légitimité « démocratique », qui noient les médias et les citoyens sous une avalanche de propos alarmistes. Les dirigeants n’ont fait que créer de la peur, laquelle entraîne l’incapacité de raisonner simplement, et, par exemple, de demander au gouvernement pourquoi il continue de fermer des lits d’hôpitaux, pourquoi le budget de la santé n’est que de 1,8 % du budget national, alors que celui de l’armée est de 6,65 % et celui de la police de 3,3 % ?

Mentir ou déformer la vérité aboutit à ce qu’un groupe de réflexion américain, la Rand Corporation, appelle cela « le déclin de la vérité » (the truth decay) [note]. Lorsqu’un gouvernement ou les médias changent constamment d’avis et propagent des nouvelles qui veulent orienter l’opinion publique dans une seule direction, il se produit selon la Rand Corporation un phénomène de « décrédibilisation » des discours tenus par l’État ou les médias : une partie de l’opinion publique refuse de se laisser manipuler, et va aller chercher l’information ailleurs. C’est-à-dire sur le web ! Pour la Rand Corporation, ce sont davantage les médias qui ont perdu leur crédibilité que les réseaux sociaux qui la leur aurait ôtée. Les demi-vérités ou les mensonges purs des médias, le fait qu’ils relaient sans esprit critique la propagande de l’État a suffi à leur faire perdre leur crédibilité. Le problème est que, dans le même temps, des milliers de sites web plus ou moins farfelus en ont, quant à eux, gagné. Comme s’il s’avérait impossible de mener une réflexion sérieuse et aboutie sur ce qui nous opprime, et comme si nous devions tomber d’une oppression à une autre… Sans fin ?

Au début de 2020, devant la situation inédite causée à la fois par la pandémie, par la peur qui s’emparait de la population et par le déferlement de théories complotistes, des groupes de réflexion (think tanks) se sont aussitôt lancés dans l’élaboration de scénarios sur le nombre de morts, sur les décisions sanitaires les plus efficaces, sur la probabilité ou pas d’un vaccin, sur la sortie de la crise. Par exemple, un groupe de réflexion français, Futuribles, pouvait, dès le mois d’avril 2020, soit six semaines seulement après le début « officiel » de la pandémie et des mesures de confinement, fournir trois scénarios en fonction du nombre de morts et de la politique suivie par le gouvernement en matière de confinement, de restrictions de déplacement, etc. Ce qui est étonnant sur le plan politique est que ce type de dérive est largement connu et documenté, notamment dans les milieux révolutionnaires. Mais ceux-ci ont été plus ou moins incapables de répondre au déferlement de scénarios catastrophes, de prévisions apocalyptiques, et se sont laissé enfermer dans une dérive de surenchère que nous allons examiner. Plutôt que de chercher « ce qu’il va se passer », il aurait mieux valu analyser pourquoi donc nous étions à ce point happés par un phénomène au demeurant largement prévisible, que des films avaient anticipé, que des think tanks avaient annoncé, que les penseurs de Google ou les experts de la Banque mondiale avaient, eux, quasiment modélisé.

L’incohérence qui infuse dans la société

Il n’est plus nécessaire, deux ans après le début officiel de la pandémie, de rappeler les contradictions de l’État et des décisions de ses deux comités covid-19. Remarquons cependant que l’incohérence est devenue une forme politique à part entière, comme si elle avait infusé dans la société elle-même, à tous les niveaux. Il faudra voir plus loin qui parvient à y résister.

Ainsi, des militants révolutionnaires, opposés depuis longtemps à la mainmise des trusts sur notre vie et notamment aux gigantesques entreprises pharmaceutiques qui déversent des tonnes – littéralement – d’antidépresseurs, d’anxiolytiques, de neuroleptiques et d’antipsychotiques chaque jour dans nos corps, vont sans barguigner se faire vacciner par Pfizer sur la simple injonction de l’État. Ils oublient notamment qu’il est peut-être possible de ne pas être vacciné contre une maladie qui n’a tué, depuis son apparition il y a deux ans et selon les chiffres officiels, chaque année, que 0,04 % de la population mondiale, soit 3 millions de personnes sur les 7,8 milliards que nous sommes ; il meurt chaque année environ 60 millions de personnes dans le monde, dont un quart de maladie cardiaque ou d’AVC, un dixième de maladie respiratoires ou pulmonaires ; certaines années, selon la FAO, il peut y avoir 10 millions de morts dues à des famines. Or, ce ne sont bien que 0,04 % des humains qui sont morts de la covid-19 en 2020 puis autant en 2021 – y compris en comptant les morts « avec covid » (et non « du covid »), comme le reconnaît Santé Publique France dans une note d’avril 2020[note], ainsi que l’Insee[note]. Est-il politiquement raisonnable d’enrichir Pfizer à milliards pour un danger aussi peu évident ?

La première incohérence politique majeure, ici, n’est pas d’avoir peur, car chacun a le droit d’avoir peur pour sa vie – même s’il est plus dangereux de ne pas arrêter de fumer que de contracter la covid-19. L’incohérence politique majeure est de ne pas regarder ailleurs s’il n’existe pas des alternatives pour se soigner, et de ne pas choisir de boycotter Pfizer. Ainsi, nous ne buvons pas de Coca-Cola car des alternatives existent à cette boisson symbole d’un capitalisme toxique ; nous ne mangeons pas de produits Nestlé car cette société exploite sans vergogne les paysans du Sud ; nous ne changeons pas de téléphone intelligent chaque année ou nous choisissons le Fairphone car nous ne voulons pas être complices de l’esclavage des enfants congolais dans les mines de cobalt. Et quand des révolutionnaires affirment qu’après tout, nous tolérons bien les prisons dans nos sociétés, les migrants qui sont traités en sous-hommes, l’invasion du plastique, les déplacements en voiture ou nos lampes qui sont alimentées à l’énergie nucléaire, l’évidence est alors que l’incohérence n’est pas superficielle; elle est au contraire profondément ancrée, désormais, dans nos raisonnements.

Il est en effet facile de répondre à ces arguments tant de fois entendus depuis deux ans : les prisons, la situation des migrants ou la structure du réseau électrique et beaucoup d’autres réalités de notre quotidien constituent des problèmes de fond que nous ne résoudrons que par la fin de ce système productif et oppressif, et pas par des décisions individuelles. En revanche, il existe d’autres situations contre lesquelles nous avons d’ores et déjà des moyens d’agir, y compris au niveau personnel. Ainsi, nous ne sommes pas obligés d’acquérir des objets en plastique ou le dernier Iphone ou Samsung, puisque des alternatives existent ; nous pouvons décider de nous chauffer au bois plutôt qu’à l’électricité, ou voyager en train quand le réseau n’a pas été détruit par l’État. Quant au vaccin, l’alternative est encore plus évidente : nous pouvons nous soigner préventivement[note].

Il apparaît donc que l’incohérence sanitaire et politique de l’État finit par déteindre, en quelque sorte, sur celles et ceux qui ont fait profession de changer le monde et qui ne parviennent plus à raisonner par-delà leur propre peur. De plus, depuis le reflux du mouvement émancipateur, à partir des années 1975–1985 en France, nous avons « tenu » les places que nous occupions dans des entreprises ou dans le secteur étatique ou hospitalier, entre autres ; nous avons lutté pour les défendre contre la normalisation dite néolibérale et contre ces politiques destructrices du lien social, de l’éducation, du système de santé, etc., que les États ont mises en œuvre. Nous avons tenu ces positions pour éviter que chaque avancée réalisée de 1945 jusque dans les années 1960 soit grignotée par l’État et les capitalistes. Nous avions là, avec le refus du vaccin, une belle occasion – offerte par la pandémie – de ne pas céder, et même de contre-attaquer au moins sur un point très précis : nous voulons davantage de lits d’hôpitaux et une reconnaissance et (re)valorisation réelle des métiers du soin à autrui.

Contrer le contrôle social aggravé

D’autant que le plus grave et le plus incohérent ne réside pas dans l’éventuel refus du vaccin, mais bien dans la nécessité politique qu’il y avait et qu’il y a toujours de refuser la nouvelle étape d’intensification du contrôle social que représente le QR-code pour tous. Depuis le premier plan Vigipirate, en effet, la société française est constamment en état d’alerte. Depuis 2020, cette alerte ne relève plus du terrorisme mais de la pandémie. Or, l’État a choisi, pour lutter contre la pandémie, d’imposer un système de contrôle par téléphone intelligent et QR-code, d’abord dénommé passe sanitaire, puis intensifié par la nécessité du vaccin, ce qui a transformé ce passe sanitaire en passe vaccinal. 

Le laissez-passer vaccinal[note] est une atteinte fondamentale à nos libertés, qui relègue une partie de la population à une position de quasi-parias ; il instaure une véritable frontière intérieure. Les non-QR-codisés ne disposant pas du passeport intérieur, se retrouvent en effet, tels des citoyens de seconde zone, dans une situation en partie comparable à celle des migrants sans papier, par exemple – en partie seulement, mais le glissement vers cette situation est une évidence – ou comme les Noirs Américains avant l’abolition des lois sur la ségrégation. Cette fois, la ségrégation n’est pas due à une idéologie raciste, mais à une idéologie hygiéniste propagée par les États et les méga-entreprises, dont Pfizer, Sanofi et leurs consœurs ; la différence est certes évidente, mais le résultat est à peu près identique puisque certains lieux sont d’ores et déjà interdits aux non-QR-codisés.

En matière d’incohérence, citons là encore un argument étonnant de la part de personnes qui se disent partisanes de l’émancipation : le QR-code ne serait pas une atteinte à la vie des citoyens vaccinés. C’est l’inverse qui est vrai : le QR-code est une atteinte à la vie de toutes les citoyennes et de tous les citoyens, puisque nous sommes toutes et tous membres de la même « cité », et que notre « citoyenneté » n’a de sens que collective, et même collectivisée, et surtout pas divisée ou soumise à des conditions quelles qu’elles soient – y compris la privation de liberté pour les personnes incarcérées, qui ne devrait pas leur ôter leur qualité de citoyens. Un citoyen ne peut que regretter et devrait même combattre toute situation qui discrimine des personnes qui, au contraire, devraient avoir les mêmes droits que lui, tels que les migrants sans-papier et, désormais, les non-QR-codisés. L’incohérence a donc un bel avenir devant elle.

Bilan politique

Ces incohérences diverses, dont nous n’avons retracé ici que les principales, aboutissent, deux ans après le début de la pandémie, à quatre grandes positions politiques, que nous n’esquissons ici qu’à grands traits.

Tout d’abord, une bonne part de la population française, sans doute quasiment la majorité, a adhéré aux discours de l’État et des médias. Cette part très importante est tout à fait favorable au vaccin ainsi qu’au QR-code, et ne s’intéresse pas aux non-vaccinés ou à ceux qui refusent le contrôle qu’établit le QR-code. Dans le pire des cas, les « opposants » doivent même subir, selon la partie la plus intégriste de ce groupe, une discrimination plus forte que celle qu’ils subissent aujourd’hui : suspension de leurs droits (allocations ou droit de vote, par exemple), suspension de leur accès aux soins, amendes, voire incarcération puisque plusieurs fois, cette éventualité a été exprimée dans certains médias. Cette part de la population est sans nul doute représentative de ce qu’Erich Fromm dénonçait dans La Peur de la liberté : il est plus confortable de suivre le troupeau, où l’on se sent moins seul, que de risquer d’assumer sa propre liberté.

Une deuxième part de la population est vaccinée, mais à contrecœur, contrainte et forcée par des réalités extérieures. Ce peut être la peur de mourir, que nous considérons comme un élément extérieur à la personne, dans la mesure où nous savons tous que nous allons mourir et que cette pandémie laisse survivre 99,92 % de la population ; il faut donc que l’incohérence se soit emparée de certaines personnes pour les « contraindre » à se faire vacciner en dehors de toute logique, puisque la mort est, quoi que nous en pensions, la porte de sortie que nous devrons tous emprunter… La majorité des contraintes qui poussent à la vaccination sont cependant beaucoup plus évidentes, puisqu’il s’agit, tout simplement, de la nécessité d’être vacciné pour conserver son emploi ou pour pouvoir visiter un parent malade ou en maison de retraite. Cette fois, la contrainte est telle qu’il est très difficile d’y résister. Parmi cette large frange de la population vaccinée, certaines personnes refusent cependant de se servir du QR-code qu’elles ont obtenu, tandis que d’autres, finalement, se rallient, parfois à regrets, à la position selon laquelle, « après tout, il faut bien vivre et on ne peut pas se priver de tout ».

Une troisième part de la population est totalement complotiste, en ce sens qu’elle adhère parfaitement aux discours les plus extrêmes sur le complot : ce vaccin n’est destiné qu’à tuer une part de l’espèce humaine (certains annoncent qu’il s’agit de ne conserver que 500 millions d’êtres humains au total, soit plus de 90 % d’humains éliminés… par le vaccin) ; il renferme des substances qui permettent le contrôle total (parfois même à distance) des individus. Il existe d’autres variantes des théories complotistes autour du vaccin, et cette part sans doute peu importante de la population est très utile à l’État, aux médias et aux citoyens qui adhèrent à la vaccination et à l’instauration de QR-code ; elle leur permet en effet de critiquer sans nuance l’ensemble des citoyens qui ont adopté une position politique critique à l’égard du QR-code, voire du vaccin.

Enfin, une autre part de la population refuse le vaccin et le QR-code, lequel instaure, selon elle, un contrôle social accru. Ce refus vise à défendre les libertés que nous possédons encore, ou la « liberté » en tant que telle, en tant que possibilité existentielle et collective. Cette part de la population est actuellement la moins bien représentée dans les médias, qu’ils soient traditionnels ou issus du web ; sa position est assimilée aux « antivax », alors qu’il s’agit d’un refus politique de voir le contrôle social augmenter encore – et non d’un refus du vaccin seul, soit pour des raisons a priori non politiques. Très souvent cependant, lorsque des représentants de cette position politique anti-QR-code expliquent leur ligne de conduite devant des militants de l’émancipation, ils sont là encore assimilés aux antivax, voire aux fascistes. L’incohérence s’est ainsi insinuée dans les relations entre les individus à tous les niveaux, y compris chez les partisans de l’émancipation humaine, par la fausse évaluation des positions politiques précises défendues par les individus. Pourtant, cette position cohérente de refus absolu du QR-code implique des discriminations subies dans la vie quotidienne, ce qui donne du poids à cette position puisque les non-QR-codisés vivent désormais une existence réduite. De même, des migrants sans-papier, parce qu’ils vivent leur situation de discrimination, nous apparaissent comme des personnes extrêmement volontaires et qui prennent d’énormes risques pour eux-mêmes et le plus souvent aussi pour leur famille restée au loin. Il est donc étonnant que le refus du passeport intérieur ne soit pas mieux considéré par certains vaccinés « critiques », car cela pourrait constituer un véritable axe commun dans la lutte pour nos libertés.

Dans cette lutte, les non-QR-codisés ne sont pas « l’avant-garde » de quoi que ce soit ; ils sont juste des individus qui ont choisi une cohérence totale, ou qui ont pu « construire » ce choix, parce qu’en dernière analyse, ils n’avaient pas besoin du QR-code pour travailler, ou étaient parvenus à organiser leur vie en dehors d’un travail nécessitant ce laissez-passer vaccinal. Vaccinés contraints et personnes refusant le QR-code ont donc à l’évidence un intérêt commun à critiquer le QR-code et à demander son abolition.

Il est tout à fait dommageable que certains individus, conscients du danger que fait peser le laissez-passer sanitaire puis vaccinal sur les libertés, aient néanmoins pris la peine de défendre bec et ongles leur position sur le vaccin alors que la véritable question politique est en réalité, depuis maintenant deux ans, la restriction avancée des libertés qui découle des confinements puis des laissez-passer. Cette question politique est collective, alors que le choix du vaccin est individuel. Pourtant, certains militants de l’émancipation ont asséné un point de vue rigoureusement apolitique en affirmant que la seule position valable était de protéger ses semblables en acceptant le vaccin. Cela alors que ces personnes ne sont pas des experts, ni en médecine ni en pandémie, et tout en critiquant par ailleurs à juste titre les experts, sans oublier que certains de ces militants de l’émancipation prétendent même être opposés au pouvoir de l’État et des méga-entreprises telles que Pfizer – en toute incohérence.

Refuser toute forme de contention

Nous avons donc perdu beaucoup de temps et accumulé beaucoup de désillusions et de défaites depuis le printemps 2020. De même qu’à d’autres époques récentes, il est temps de tirer un bilan politique de ces errements et de nous recentrer sur ce qui fait sens. Il nous semble que la situation peut être ainsi résumée :

Depuis le début de la pandémie, le nombre officiel de morts de covid-19 n’étant que de 0,08 % de la population mondiale, il apparaît désormais que les États et les méga- entreprises qui tirent parti de la situation[note] poursuivent un autre but que notre protection. Ce but est une évidence : le contrôle politique et social de l’humanité, sans oublier un contrôle plus diffus à travers la restriction des possibilités culturelles offertes à la population. Enfin, la politique hospitalière suivie dans la plupart des État (restriction du nombre de lits, aucune revalorisation du métier de soignant, etc.) indique assez que la santé des citoyens n’est pas le souci principal des États.

La question politique fondamentale aujourd’hui est ainsi : sommes-nous d’accord sur ce programme minimum ? Si nous ne le sommes pas, il est à craindre que le silence et la faible implication de certains vaccinés « contraints » ne débouchent sur une discrimination toujours plus forte des non-QR-codisés. Cette discrimination aboutirait très vite à l’utilisation de ce nouveau bouc émissaire par les tenants du pouvoir, ouvrant ainsi la voie à des politiques toujours plus dictatoriales. 

Cette organisation de la société fondée sur le profit accaparé par quelques-uns au détriment du plus grand nombre (ce qu’on appelle le capitalisme) est en crise. Cette crise que le capitalisme traverse est telle que l’ennemi n’a plus guère d’issues de secours. Nous pouvons estimer que les principaux instruments grâce auxquels il espère survivre et continuer à nous oppresser sont tout d’abord le recours à la distribution d’argent sous la forme d’allocations diverses, y compris un revenu minimum, afin de faire taire les contestations (puisque nous aurions alors toujours trop à perdre face à l’incertitude grandissante concernant le futur). Ensuite, le recours à la contention médicamenteuse et « vaccinale » de la population. Ainsi, aux États-Unis, ce sont d’ores et déjà 55 % des Américains qui sont dépendants des antidépresseurs, anxiolytiques et neuroleptiques, et l’objectif de l’Association Américaine de Psychiatrie est que ce taux passe à 75 % dans les années qui viennent, tout cela pour la « bonne santé » des Américains. En France, il semble que nous en soyons d’ores et déjà à 50 % de la population qui, à un moment ou à un autre de sa vie, sera sous antidépresseur, anxiolytique ou antispychotique.

Par le biais du vaccin anti-covid, l’industrie pharmaceutique, soutenue par les obligations imposées par l’État à ses citoyens, atteint deux objectifs, qui sont liés. Tout d’abord, elle réussit à s’assurer une manne de « pharmadollars » pour de longues années (si le vaccin nécessite des doses régulières de rappels pour rester efficace), à peu près de la même manière que, depuis les années 1970, les pays réunis dans l’OPEP se sont assurés une manne durable de pétrodollars en maintenant le cours du baril ni trop haut ni trop bas (afin que les pays non producteurs ne cherchent pas à dépasser trop vite le stade « pétrole » de leur économie, tout en payant le baril suffisamment cher pour assurer à l’OPEP des gains substantiels). Ensuite, par le biais du QR-code permettant de contrôler le statut vaccinal, les trusts pharmaceutiques s’inscrivent dans le paysage mental de nos sociétés de manière prégnante et durable, de même que la voiture et le pétrole à partir des années 1950.

Comme l’écrivait Simone Weil en 1932 à propos de la crise globale qui a suivi le krach de 1929, « la classe dominante [se trouve] contrainte par la crise à aggraver sans cesse l’oppression qu’elle exerce[note] ». Ainsi, nos sociétés évoluent vers ce que Weil appelait, dans ce même article, « un fascisme absolu, c’est-à-dire une emprise étouffante sur toutes les formes de la vie sociale d’un pouvoir d’État servant lui-même d’instrument au capital financier ». Et, pourrions-nous ajouter, au capital industriel représenté en l’occurrence par des méga-entreprises de taille mondiale, telles que Google, Facebook, Pfizer, Sanofi ou Amazon.

Le résultat n’est pas acquis, dans la mesure où « l’emprise » n’est « étouffante » que pour les non-vaccinés et celles et ceux qui, bien que vaccinés, refusent d’utiliser leur QR-code et se trouvent donc contraints de créer presque à partir de rien une nouvelle vie sociale et culturelle.

La lutte désormais se situe nettement à ce niveau : refus du QR-code et des produits pharmaceutiques de contention ; création d’une autre vie sociale et politique, dans le but de contrer et de renverser même ce « fascisme absolu » que nos maîtres entrevoient comme l’une des rares issues de secours à la crise que traverse leur système – l’autre étant sans doute la guerre, civile ou étrangère.

Il serait utile de proposer une pétition à peu près rédigée de cette façon :

Nous qui refusons le QR-code et qui ne sommes pas vacciné.e.sNous qui sommes vaccinés mais qui refusons de nous servir du QR-code par solidarité avec les non-vaccinés et par opposition aux mesures de contention en général,

Nous demandons l’abolition immédiate du laissez-passer vaccinal ou sanitaire, la renonciation à tout confinement éventuel et le transfert massif des budgets consacrés à la répression (armée et police) vers les postes de la santé publique et de l’éducation des citoyens.

Le moment politique actuel est, en réalité, tendu et très important. De la capacité à nous rejoindre sur le refus absolu du QR-code – donc sa non-utilisation par les vaccinés contraints – dépend la possibilité d’un reflux des mesures dictatoriales, ou au minimum leur atténuation. Si nous ne parvenons pas à nous rejoindre, à l’inverse, la voie est libre pour l’imposition d’un ordre toujours plus autoritaire, musclé, voire pire.

Groupe HUKO (Huxley, Ubu, Kafka, Orwell) 

Contact : groupe.huko@autistici.org

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La fin de la pandémie ne sera pas télévisée

14 décembre 2021

Traduction de l’article : http://dx.doi.org/10.1136/bmj-2021–068094

Les tableaux de chiffres portant sur la pandémie ont dominé les écrans et ont aidé à suivre l’évolution de la COVID-19, mais David Robertson et Peter Doshi expliquent pourquoi ils pourraient ne pas être suffisants pour déterminer le moment de sa fin.

Alors que l’année 2021 débutait, la pandémie de COVID-19 semblait en recul. Des discussions et des prévisions au sujet d’une « réouverture », d’un retour à la « normale », et de l’acquisition d’une immunité collective étaient dans l’air [note] [note] [note] [note]. Mais pour beaucoup, l’optimisme est retombé à mesure que les cas et les décès surgissaient en Inde, au Brésil et ailleurs. L’attention se tourna vers les variants du virus du SARS-CoV‑2 — et plus récemment, avec l’émergence du variant Omicron. Juste au moment où l’issue semblait poindre à l’horizon, ce sentiment a été remplacé par l’idée que la pandémie était loin d’être terminée [note] [note].

Contrairement à n’importe quelle pandémie précédente, la COVID-19 a été suivie de près au moyen de tableaux visant à rapporter en temps réel l’évolution et les effets du coronavirus ; ces tableaux reprennent les indicateurs des tests en laboratoire, des admissions à l’hôpital et aux soins intensifs, des taux de transmission, ainsi que, plus récemment, les doses de vaccin qui ont été administrées. Ces tableaux — avec leurs grilles de chiffres, leurs statistiques, leurs courbes épidémiques et leurs cartes de fréquentation – ont envahi nos écrans de télévisions, d’ordinateurs et de smartphones. En leur cœur, on trouve l’attrait de l’objectivation et de données auxquelles on peut se raccrocher, alors que l’on est en proie à l’incertitude et à la peur. Ces éléments ont aidé les populations à se figurer le besoin d’endiguement rapide et de contrôle, à orienter le sentiment général, à alimenter la pression dans l’adoption de mesures, et à maintenir un climat d’urgence [note]. Ils procurent une impression de contrôle lorsque les cas diminuent suite à certaines mesures mais peuvent aussi conduire à un sentiment d’impuissance et de catastrophe imminente lorsque les cas augmentent.

La problématique de la définition de la fin d’une pandémie

Il n’existe pas de définition universelle de paramètres épidémiologiques marquant la fin d’une pandémie. Dès lors, quels indicateurs nous permettront de savoir qu’elle est vraiment terminée? L’Organisme Mondial de la Santé a déclaré l’existence de la pandémie de COVID-19. Mais qui nous dira quand elle aura pris fin ?

L’omniprésence de ces graphiques a contribué à créer le sentiment que la pandémie serait terminée lorsque tous les indicateurs atteindraient le niveau zéro (zéro infections, zéro cas, zéro décès) ou alors le chiffre 100 (en pourcentage de vaccination). Or, les pandémies respiratoires du XXème siècle montrent que la fin d’une épidémie n’est jamais clairement établie, et qu’elle est davantage comprise avec la reprise de la vie sociale, et non pas dans la réalisation de cibles épidémiologiques [note] [note].

Les pandémies respiratoires des 130 dernières années ont été suivies par des vagues saisonnières annuelles nourries par une endémicité virale qui se poursuit généralement jusqu’à la pandémie suivante [note]. Ce qui croît décroît à nouveau, et la difficulté de dater la fin d’une pandémie est reflétée dans la littérature historique et épidémiologique.

Bien que de nombreux chercheurs décrivent ladite « grippe espagnole » comme survenant en trois vagues, de « 1918 à 1919 », des références à une pandémie allant de « 1918 à 1920 » sont également abondantes, englobant habituellement ce que certains appellent une « quatrième vague » [note]. De la même manière, la pandémie de « grippe asiatique » du milieu du siècle est en général décrite comme un événement comportant deux vagues, de 1957 à 1958, alors que d’autres y incluent une troisième vague, situant la fin de la pandémie fin 1959 [note].

Cette variabilité dans la datation des pandémies historiques souligne le caractère imprécis de l’utilisation des taux de mortalité pour déterminer, même rétrospectivement, la « fin » d’une pandémie et le début de la période inter-pandémique. Par exemple, le CDC (Center for Desease Control) déclare aujourd’hui qu’environ 100.000 Américains sont morts au cours de chacune des pandémies de la grippe de 1957 et de 1968 [note] [note]. Mais ces estimations comprennent les décès ayant lieu en des moments que beaucoup considéreraient comme étant des périodes intermédiaires situées entre deux pandémies (respectivement en 1957–1960 et en 1968–1972) [note] [note].

La notion, renforcée par les tableaux de bord épidémiques, qu’une pandémie prend fin lorsque le nombre de cas ou de décès tombent à zéro, entre en contradiction avec la preuve historique qu’une substantielle morbidité et mortalité liées à la grippe se poursuivent, saison après saison, entre les pandémies. Au cours de la saison inter-pandémique de 1928–1929, par exemple, 100.000 décès supplémentaires liés à la grippe A/H1N1 (virus pandémique de 1918) sont estimés être survenus aux États-Unis dans une population d’un tiers moins élevée qu’aujourd’hui [note]. En outre, il peut être difficile de déterminer quels décès peuvent être imputés à la pandémie et lesquels se situent dans la phase inter-pandémique. Ces distinctions ne sont pas sans importance, car la surmortalité est la mesure classique pour l’évaluation de la gravité [note]. Les années inter-pandémiques ont parfois connu un nombre de décès plus élevé que pendant les saisons pandémiques qui ont suivi : il en va ainsi de la saison 1946–1947 qui a précédé la pandémie de 1957–1958 (fig. 1)[note]. Par conséquent, la fin d’une pandémie ne peut pas être définie en fonction de l’absence de surmortalité associée au pathogène pandémique.

(fig. 1) Taux mensuel de décès toutes causes confondues aux États-Unis, les flèches et les dates en gras indiquant le début des pandémies, de janvier 1900 à septembre 2021. La ligne rouge indique la moyenne chaque 12 mois. Notez que de 1905 à 1909, le Bureau of the Census des États-Unis a fourni seulement des données annuelles (non mensuelles). 

Interruption et reprise de la vie sociale

Une autre manière de déclarer la fin d’une pandémie est de prendre en considération l’imposition et la levée de mesures de santé publique ou des restrictions. Les mesures utilisées lors des pandémies précédentes ont été plus passagères et moins intrusives que celles qui ont été mises en œuvre dans le cadre de la COVID-19. Même pour la terrible grippe espagnole, qui a tué aux États-Unis une part d’habitants trois fois plus élevée que dans le cas de la COVID-19, avec une moyenne d’âge de décès de 28 ans [note] — la vie est revenue à la normale en peu de temps, peut-être seulement du fait qu’il n’y avait pas d’autre option. Avant Internet et ses applications de livraison de nourriture et ses vidéo-conférences, la distanciation sociale généralisée et prolongée n’était tout simplement pas possible, et c’est d’ailleurs une situation qui reste d’actualité pour de nombreux travailleurs appartenant au secteur jugé « essentiel ». En effet, un bref regard sur les pandémies passées aux États-Unis montre qu’il n’existe pas de relation fixe ou déterminante entre le caractère pathogène d’un virus et l’intensité et la longévité des interventions sanitaires publiques.

En comparaison avec les pandémies précédentes, la pandémie de COVID-19 a causé des perturbations sans précédent dans la vie sociale. Les populations ont depuis toujours été en proie aux tragiques maladies ou aux morts inopinées, tout au long des périodes de pandémie et de non-pandémie. Mais la pandémie de COVID-19 est sans précédent dans l’histoire, dans la mesure où l’interruption et la reprise de la vie sociale ont été si étroitement liées aux indicateurs épidémiologiques.

Box 1 : Approches historiques contrastées des virus respiratoires pandémiques- 1918 : La grippe espagnoleEn 1918, la première vague de la pandémie était douce et « attirait relativement peu l’attention » [cf. note 11]. En réponse à la deuxième vague, qui « s’est faufilée dans le monde entier », certaines villes des États-Unis ont mis en œuvre des interventions non pharmaceutiques telles que les fermetures d’écoles et les restrictions de rassemblements publics. La plupart des contre-mesures ont été assouplies dans un délai de deux à huit semaines, et la perturbation de la vie sociale a été relativement de courte durée [note]. John Barry, un éminent historien étudiant la pandémie de 1918, explique : « tout s’est passé très vite ». Contrairement à la covid-19, a‑t-il dit, « le stress n’était pas continu », notant que de nombreux endroits ont connu « plusieurs mois de relative normalité » entre les vagues [note]. New York et Chicago, les deux plus grandes villes du pays, n’ont jamais officiellement fermé leurs écoles bien que les écoles de Chicago aient atteint un taux d’absentéisme de près de 50 %. Lorsque les écoles ont fermé, elles sont restées fermées pendant une durée médiane de quatre semaines (fourchette : 1–10 semaines) [note].- 1957 : La grippe asiatiqueLa pandémie de « grippe asiatique » de 1957 a atteint les côtes américaines vers le milieu de l’année.Au cours des neuf mois suivants, qui comprenaient deux vagues fin de l’année 1957 et début de l’année 1958, on estime que « 80 millions d’Américains étaient alités à cause de maladies respiratoires  » [note]. Dans la première vague, à peu près 60% des écoliers étaient malades, et les taux d’absentéisme atteignaient 20 à 30 % [note]. Pourtant, même lorsqu’il a été estimé que 40 % des élèves de certaines écoles de New York étaient absents à cause de la grippe, le surintendant des écoles de la ville a déclaré qu’il n’y avait « aucune raison de s’alarmer et, sur les conseils du département de la santé, nous n’avons réduit aucune activité. » [note] Fin octobre, des matchs de football universitaires étaient annulés dans tout le pays car de nombreux joueurs étaient malades. Les directeurs d’équipe se sont démenés pour trouver des remplaçants de dernière minute et finalement aucune compétition majeure n’a été annulée. [note] Comme pour la grippe espagnole, les effets du nouveau virus H2N2 sur la santé n’ont pas pris fin lorsque la pandémie de 1957 était « terminée ». En 1960, Newsweek rapporte que  » sans la fanfare d’il y a deux ans, [le] virus de la grippe asiatique touchait tranquillement presque toutes les personnes qu’il n’avait pas touchées la première fois  » [note]. Début de cette année-là, on estimait que 20 % des écoliers de Los Angeles, soit environ 120.000 enfants, et plus de 15 % des travailleurs industriels étaient absents pour cause de la grippe. Malgré leur ampleur, ces impacts épidémiologiques n’ont pas donné l’impression que la société était retombée dans une pandémie.- 1968 : La grippe d’Hong KongDix ans plus tard, un autre virus pandémique est arrivé, dont les responsables ont estimé plus tard qu’il avait tué un million de personnes dans le monde. Mais son impact sur la santé publique et la vie sociale a été minime. L’historien John Barry écrit que pour les États-Unis, « l’épisode n’a pas été significativement plus meurtrier qu’un épisode typique de grippe saisonnière », notant que « certaines personnes qui l’avaient vécue ne savaient même pas que cela s’était produit » [note]. L’historien Mark Honigsbaum souligne que  » pendant l’apogée de l’épidémie en décembre 1968, le New York Times décrivait la pandémie comme « l’une des pires de l’histoire de la nation », alors qu’il y a eu peu de fermetures d’écoles et que les entreprises, pour la plupart, ont continué d’opérer de manière normale.  » [note]

Des tableaux épidémiques: pour combattre ou pour alimenter la pandémie?

Bien que les représentations visuelles des épidémies existent depuis des siècles [note], avec la COVID-19 c’est la première fois que des tableaux de chiffres diffusés en temps réel ont ainsi saturé et structuré l’expérience de la population.

Certains historiens ont observé que les pandémies ne cessent pas lorsque la transmission de la maladie prend fin « mais plutôt lorsque, dans l’attention du grand public et de l’avis de certains médias et des élites politiques qui orientent cette attention, la maladie cesse d’être considérée comme un sujet médiatique [cf. note 8]». Ces tableaux de chiffres épidémiques fournissent un carburant sans fin, assurant l’actualité constante de la pandémie de COVID-19, même lorsque la menace est faible. Et ce faisant, ils peuvent prolonger l’état de pandémie en inhibant le sentiment d’une issue ou de retour à la vie d’avant.

Désactiver ou nous déconnecter nous-mêmes de ces tableaux de bord pourrait être l’action la plus efficace pour mettre fin à la pandémie. Il ne s’agit pas de faire l’autruche. Mais plutôt de reconnaître qu’aucun indicateur, isolé ou conjoint, de ces tableaux de bord n’est propre à nous renseigner sur l’arrêt de l’épidémie.

La fin de la pandémie ne nous parviendra pas d’elle-même

L’histoire nous fait comprendre que la fin de la pandémie ne résultera pas simplement de l’obtention de l’immunité collective ou d’une déclaration officielle, mais qu’elle se produira progressivement et de façon inégale, à mesure que les sociétés cesseront d’être mobilisées par les indicateurs-chocs de la pandémie. Une fin de pandémie relève principalement de l’expérience vécue, et consiste donc plus en un phénomène sociologique qu’en un phénomène biologique. Et ainsi les tableaux épidémiologiques – qui ne mesurent ni la santé mentale ni l’impact sur l’éducation, et nient l’importance des liens sociaux – ne fournissent pas l’outil qui nous informera de la fin de la pandémie. En effet, si l’on prend en compte la façon dont les sociétés en sont venues à faire usage des tableaux épidémiologiques, ces derniers peuvent s’avérer être un outil qui empêche un retour à la normale. Les pandémies — du moins celles de virus respiratoires — ne se terminent tout simplement pas d’une manière qui puisse être traduite grâce à un tableau. Loin d’une « fin » théâtrale, les pandémies s’estompent progressivement, à mesure que la société s’adapte à un nouvel agent infectieux et que la vie sociale revient à la normale.

Inscrite dans une période extraordinaire, au cours de laquelle la vie sociale a été bouleversée, la pandémie de COVID-19 prendra fin lorsque nous éteindrons nos écrans et que nous déciderons que d’autres questions méritent à leur tour notre attention. Contrairement à son début, la fin de la pandémie ne sera pas télévisée.

Auteurs et sources : DR est doctorant en histoire des sciences à l’Université de Princeton. Il a publié dans le domaine de l’histoire de la médecine et de l’épidémiologie des maladies infectieuses. PD étudie la science et la politique des épidémies de maladies infectieuses depuis près de deux décennies, se concentrant principalement sur la grippe. Les deux auteurs ont contribué à la fois à la recherche et aux aspects analytiques de l’article et tous deux se sont chargés de rassembler les sources secondaires relatives à la COVID-19 et à l’histoire des pandémies de grippe. Les sources de première main ainsi que les sources de médias grand public provenant de la presse et d’ailleurs ont été en grande partie traitées par DR, tandis que PD a traité les données sur la mortalité toutes causes confondues. Les données et le mode de calcul sont disponibles sur le site suivant : https://doi.org/10.5281/zenodo.5764277. DR et PD en sont tous deux garants.

Conflits d’intérêts : Nous avons lu et compris la charte du BMJ (British Medical Journal) sur la déclaration d’intérêts et déclarons que : PD a reçu des fonds de voyage de la European Respiratory Society (2012) et Uppsala Monitoring Center (2018); des subventions de la FDA (par l’intermédiaire de l’Université du Maryland M‑CERSI; 2020), Laura and John Arnold Foundation (2017–2022), American Association of Colleges of Pharmacy (2015), Patient-Centered Outcomes Research Institute (2014–2016), Cochrane Methods Innovations Fund (2016–18), et UK National Institute for Health Research (2011–14); et il est rédacteur au BMJ. Les opinions exprimées ici sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de leurs employeurs.

par David Robertson (Princeton University, Princeton, NJ, USA) et Peter Doshi (University of Maryland School of Pharmacy, Baltimore, MD, USA) 

Traduction par Vera

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Florilège nauséabond contre témoignages vivants

Marina Phillipart

L’idée première de cet article était de proposer un florilège de citations incitant à la haine contre les non-vaccinés. On aurait dû commencer, hélas, par les propos d’Emmanuel Macron, lesquels tournent en boucle, ad nauseam, depuis qu’ils ont été proférés un triste jour de janvier, au moment où la France venait de prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne : « emmerder jusqu’au bout » les non-vaccinés. Ces propos sont non seulement vulgaires, mais aussi répugnants d’un point de vue éthique et parfaitement obscènes dans la logique de la société du spectacle, car l’on sait qu’ils furent soigneusement calculés pour produire leur effet de souffle médiatique. Pire encore, dans le même entretien, le « Pinocchio psychopathe qui nous tient lieu de président » — selon la formule de Mehdi Belhaj Kacem — a osé affirmer que, « quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen ». En bref, une incitation à la haine doublée d’une déchéance de citoyenneté du bouc émissaire des temps moderna. 

On aurait continué en rapportant la fine analyse de son ministre de la santé. Olivier Véran a en effet expliqué aux députés français invités à voter le « passe vaccinal » qu’il convenait de distinguer entre trois catégories de non-vaccinés : 1) ceux qui sont « loin de tout », n’ayant pas accès aux « clés de lecture et de compréhension » de la pandémie et des vaccins ; 2) les « méfiants » vis-à-vis des vaccins, sensibles aux thèses complotistes ; 3) les « indifférents », qui pensent pouvoir continuer à « passer entre les gouttes ». C’est à cette dernière catégorie que s’adresserait la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal. En effet, selon la grille de lecture du brillant ministre, dont on ignorait jusqu’alors les talents de sociologue, si tu n’es pas vacciné, cher Lecteur, tu ne peux donc être qu’un imbécile, un complotiste ou un petit malin qui veut « passer entre les gouttes » (on se demande bien pourquoi, à croire que la pluie mouille !). Afin d’avancer sur la voie radieuse du tout-vaccinal, il conviendrait donc de maintenir soigneusement à l’écart de la société les deux premières catégories, considérées comme irrécupérables car rétives au progrès et donc asociales. Quant au menu fretin des petits malins, on les récupérera tout simplement en resserrant autour d’eux les mailles du filet dérivant en les soumettant au « passe vaccinal ». 

Outre ces deux exemples tout aussi odieux qu’emblématiques, on pourrait multiplier les citations de politiciens et de journalistes acharnés à stigmatiser et ostraciser les citoyens non-vaccinés. Depuis quelques mois, on assiste en effet à une fuite en avant de la plupart des appareils d’État qui rivalisent des mesures qui en viennent à constituer un régime d’apartheid, comme on le voit déjà en Italie et en France. Et ce, au moment même où la vague omicron démontre chaque jour davantage l’inefficacité de la stratégie du tout-vaccinal. 

À rebours de ces propos haineux et mortifères, nous avons préféré donner la parole à des citoyens qui, chacun à leur manière, analysent la situation actuelle et résistent avec les seules armes de leur bon sens et de leurs valeurs. En raison de la véritable chasse aux sorcières dont le personnel soignant et les éducateurs font l’objet, leurs témoignages sont recueillis de manière anonyme. 

1 Entretien avec Monsieur G., éducateur spécialisé dans une école primaire, 40 ans. 

Âgé de 40 ans, Monsieur G. a près de vingt ans d’expérience en tant qu’éducateur. Spécialisé dans le soutien aux élèves du primaire en difficulté, lesquels sont souvent en situation de handicap « dys » —dyslexique, dysorthographique, dyspraxique ou dyscalculique —, il nous fait part de la détérioration de l’atmosphère dans son environnement professionnel, tant au sein de l’école que dans ses relations avec certains intervenants pédagogiques extérieurs. Alors que l’école a pour vocation d’offrir un environnement sûr et serein qui permette à l’enfant d’avoir confiance, de se sentir bien, et donc d’être en condition d’apprendre, les pressions énormes poussant à la vaccination et l’introduction du Covid Safe Ticket ont créé un climat de méfiance : « On dirait une prison ». 

Un palier a été franchi lors de la rentrée scolaire de septembre 2021, lorsque plusieurs enseignants se sont inquiétés de savoir si les familles avaient bien respecté les règles de quarantaine à leur retour de vacances : « Soupçonneux des réponses de parents, certains instituteurs confrontaient les enfants en suggérant lourdement que leurs parents avaient menti ! » L’anxiété de ces enseignants a créé une ambiance très lourde. Malheureusement, ce climat anxiogène perdure : « Dès qu’un enfant tousse, il est harcelé de questions, et on presse les parents d’effectuer des tests ». Parfois, les mêmes parents reçoivent des appels de deux voire trois membres du personnel, qui ne se satisfont pas des réponses rassurantes. Leur soupçon systématique est insupportable et peut s’apparenter à du harcèlement — involontaire certes, car ces enseignants sont eux-mêmes mus par la peur, mais harcèlement quand même. 

Très attaché à sa mission pédagogique, G. est en colère car il sent que l’institution scolaire a tendance à remplacer le souci du bien-être des enfants par la paperasse et, surtout, un contrôle permanent exercé sur les enfants et leurs parents. « On n’est pas des flics !», s’indigne-t-il. Heureusement, le directeur tente de préserver, autant que faire se peut, son école de l’ambiance délétère créée par la batterie de mesures anti-covid et leur impact terriblement négatif sur certains enseignants. Mais il s’agit là d’un combat permanent, épuisant. C’est ainsi qu’une association officielle de soutien scolaire à domicile refuse d’aider les enfants dont les parents ne sont pas complètement vaccinés ! G. s’insurge aussi contre la dernière mesure en date, qui impose le port du masque aux enfants dès l’âge de six ans. Tout d’abord, de manière générale, parce que cette mesure relance le phénomène de harcèlement de la part de certains éducateurs anxieux, qui pressent les petits qui n’ont pas leur masque : « Eh quoi, va-t-on les renvoyer chez eux si les parents ont oublié de leur donner un masque ?! Plutôt que de leur imposer ce masque, le devoir premier de l’école n’est-il pas de les rassurer, d’offrir un environnement de bien-être, et de créer une relation de confiance, propice à l’apprentissage ?! ». G. estime aussi qu’une telle mesure est particulièrement scandaleuse et discriminante envers les enfants « dys » : ceux-ci ont en effet besoin de voir le visage de l’instituteur et des autres élèves, de bien regarder leurs expressions faciales et de lire sur leurs lèvres. Il en va de même pour l’instituteur, qui a aussi besoin de lire sur les lèvres de l’enfant afin de l’aider à mieux prononcer. « Avec ce masque, jamais ils ne pourront apprendre à lire ! » 

2 Témoignage du Docteur L., médecin généraliste, 58 ans. 

À 58 ans, le docteur L. a une carrière de médecin généraliste bien remplie et, jusqu’à présent, gratifiante : spécialiste en diététique, passionné par une approche holistique de la santé et prônant une médecine axée sur la prévention, mais sans exclusive aucune, le docteur L. s’est attiré au fil des ans une patientèle fidèle, avec laquelle il prend toujours le temps d’écouter, de dialoguer et d’expliquer pourquoi il propose tel ou tel traitement, ou pas. Aujourd’hui pourtant, L. est inquiet, fatigué, désabusé et prêt à jeter l’éponge, « alors même que je suis un bon médecin et que je ne me vois pas exercer une autre profession ». En effet, L. craint de connaître le sort d’une jeune consœur qui a été suspendue deux ans par l’Ordre belge des médecins pour avoir partagé avec certains de ses patients ses doutes quant aux thérapies géniques anti-coronavirus improprement appelées « vaccins ». Ce cas n’est pas isolé. Un autre confrère a été rappelé trois fois à l’ordre par ledit Ordre et risque aussi une suspension. Lui n’a pas été dénoncé par des patients mais par certains membres de leur famille ! Le docteur L. craint de connaître le même sort : « Cette épée de Damoclès m’est insupportable. Je suis de nature paisible et je ne veux pas me battre. Si l’on me menace, plutôt que de me défendre, je pense que je partirai, loin, pourquoi pas dans un village de montagne isolé ». 

3 Témoignage de Monsieur F., technicien internet, 34 ans. 

Italien d’origine dont la famille s’est installée en Belgique lorsqu’il avait douze ans, Monsieur F. suit de près la manière dont les deux pays traitent la crise covid. En Belgique comme en Italie, on constate de très graves atteintes aux principes les plus fondamentaux : « La prof de religion de mon fils de huit ans s’est permise de demander : “Qui est vacciné ? qui va se faire vacciner ?”. Sur 20 gamins, malheureusement, 4 ont levé la main, et elle a enchaîné “Ah, c’est bien, moi j’ai fait ma troisième dose”. Je trouve ça i‑na-dmissible, une prof qui parle ainsi de ce qui reste un secret médical ! Et en disant ça à l’école, ça va discriminer – on connaît la méchanceté des enfants : “Toi t’es vacciné ! toi t’es pas vacciné !”. Je vais aller voir la directrice, je ne vais pas lâcher l’affaire ! Quand mon fils est venu me raconter ça, j’ai été scandalisé. Moi, ce que j’apprends à mes enfants, c’est le contraire, c’est qu’ils doivent accepter le choix de chacun et traiter chacun sans discrimination. Malheureusement, c’est le contraire qu’on voit un peu partout. En Italie, un chien peut rentrer dans un supermarché et pas un non-vacciné ! » « Ils n’ont qu’une seule idée : vacciner, vacciner, vacciner ! Dis-moi dans quel travail on n’a qu’une seule idée ! C’est pas possible, c’est pas logique ! C’est quoi cette pensée unique ?! » 

Cela dit, F. est optimiste car il constate que, dans son entourage, les gens commencent à se rendre compte qu’on les a menés en bateau : « De plus en plus de gens viennent me voir pour me dire : “Dis donc F., on a fait la troisième dose, on a eu le covid il y a deux mois, on l’a eu encore il y a un mois, là on l’a encore !”. Ils attrapent trois fois le covid en trois mois de temps. Incroyable ! » 

Bref, il estime que le vent est en train de tourner et que, comme on le voit en Espagne et en Angleterre, « tout ça c’est en train de se terminer ». 

S. Kimo 

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POURQUOI NOUS DEVRIONS RÉELLEMENT « ÊTRE EN GUERRE »

Au printemps 2020, face à ce qui était alors le « coronavirus », le président d’un pays voisin nous avait asséné cette formule qui a beaucoup fait parler : « Nous sommes en guerre ». Dans cette veine, on a imposé des « couvre-feux » aux populations, ce qui, de mémoire d’Européens, nous ramenait aux années 1940. Dans certains pays, on a mis en place une « task force » pour combattre un fléau censé décimer une grande partie de l’humanité. Bien que le terme se soit généralisé au monde de l’entreprise, l’origine de la « task force » remonte à la 2ème guerre mondiale pour définir des troupes et autres navires de guerre formés temporairement et en attente d’une mission. 

Pour boucler la boucle, l’OMS vient d’annoncer que « le variant Omicron est un cessez-le-feu qui pouvait mettre fin à la pandémie ». Toujours le parallèle belliciste, même si un « cessez-le-feu » est une note d’espoir, comme si un virus était un ennemi tangible avec ses forces vives et son contingent armé. Dans la bouche des dirigeants, le Covid et ses interminables variants (une logique naturelle oubliée par ces va‑t’en-guerre) est un ennemi finalement « visible » alors que, depuis le début, on nous prétend le contraire. Mais il est vrai que dans cette crise, nous avons, depuis longtemps, dépassé toutes les contradictions. Quand on observe les mesures mises en place dans des pays limitrophes, on constate que le virus, à l’instar du nuage radioactif de Tchernobyl, suivrait le tracé des frontières et respecterait la géopolitique. « Nous sommes en guerre » ? Pas au sens où on nous l’impose mais bien dans celui du quotidien où on nous a plongé. En instituant un environnement sécuritaire où la délation, l’obéissance et le contrôle deviennent les mamelles du monde de demain, les autorités en place (qui portent bien leur nom) nous ramènent à d’autres temps. Mais s’il est question d’abdication, de suivisme ou de pleutrerie, il est aussi question de refus et de « résistance ». Le mot est lâché. Sur celui-ci, on peut faire le comparatif avec le passé. Il est moins évident de l’appliquer sur le nazisme et le sujet polémique du port de l’étoile jaune lors de manifestations contre les mesures sanitaires. Mais ce n’est pas la question traitée ici. « Contentons-nous » de la résistance et pour une fois, approuvons le narratif d’un président sous contrôle, à l’image de ses homologues de Belgique et d’ailleurs qui, manifestement, agissent pour des intérêts qui n’ont rien à voir avec celui du peuple. 

En résumé, si « nous sommes en guerre », utilisons ce « nous » à bon escient et appliquons le vocabulaire inhérent à cette affirmation, entrons réellement en résistance comme aux heures les plus sombres de l’Histoire. En se référant à un contexte qui a plus de 70 ans, agissons comme si nous y étions. Ça paraît ridicule, ça n’a pas lieu d’être, surtout si l’on pense à la technologie et au mode de vie actuel ? Et pourtant, si c’était l’une des clés pour esquiver les nouvelles heures sombres que l’on nous réserve ? Si c’était un « secret » aussi simple qu’efficace puisque nous reviendrions à des fondamentaux, à du concret, sans l’immatériel du numérique, sans la moindre trace dans l’inquiétant et gigantesque« cloud ». 

Il suffit pour cela d’avoir des horaires et des points de ralliement réguliers où les ondes de toutes sortes passent difficilement, où chacun prendra soin de laisser son téléphone portable chez lui, où l’on partage un repas en mode auberge espagnole, où l’on échange, où l’on parle, bref, où l’on n’oublie pas de vivre. Dans ces endroits, on crée une énergie, un réseau qui n’a rien de virtuel. On liste des adresses dans des périmètres définis où l’on peut se rendre chez d’autres sympathisants à tout moment, en cas de besoin. Où l’on peut partager et profiter du savoir-faire et des moyens mis à disposition par chacun. Où l’on peut préparer des plans pour être ensemble et auto-suffisants s’il le faut. De même, on peut recenser les lieux publics, en particulier les bars et les restaurants où l’on est accueillis comme dans « le monde d’avant ». A savoir par un simple bonjour non suivi d’une demande de QR code. Et pour organiser tout ça, quoi de mieux que le courrier postal qui actuellement fonctionne encore bien ! Avec des mots de passe, des phrases types, des rendez-vous. Une fois enregistrées dans nos têtes qui ne demandent qu’à fonctionner par elles-mêmes, il ne reste plus qu’à brûler les « preuves ». Une façon de faire folklorique peut-être, mais efficace assurément. Il y a encore bien d’autres possibilités, soyons inventifs. 

Ces idées vous semblent amusantes ? Désuètes ? Utopiques ? Sachez que ce réseautage digne d’un autre temps, puisque hors de contrôle dans le bon sens du terme, se met déjà en place. Dans des pays pas très éloignés et peut-être même pas loin de chez vous. Cherchez, essayez, vous pourriez être surpris du résultat. Notamment dans un quotidien où les systèmes de communication sont altérés ou inexistants sur de plus ou moins longues périodes ou encore avec des ruptures des chaînes d’approvisionnement. Des situations qui pourraient survenir plus tôt qu’on ne l’imagine. Vous pouvez aussi penser, avec raison, que nous arrivons au bout de la séquence sanitaire. Mais ce n’est que la première étape. Les suivantes se profilent, également plus vite qu’on ne pourrait le penser. Plus vite que le retour des beaux jours et cette « pause dans l’agenda » où la plupart vont s’engouffrer avec euphorie alors que ce serait le moment idéal pour poser d’autres jalons, des grains de sable dans la mécanique mondialiste. 

Nous pouvons donc penser « guerre » au sens résistant, voire dissident tant qu’à faire puisque l’on attire en ce moment notre attention sur des bruits de botte à la frontière ukrainienne. Une autre manière de jouer avec le feu, attendu que les vrais maîtres du monde sont aussi des apprentis-sorciers, et d’embarquer dans un conflit potentiellement global. En apparence seulement. Pour attiser les peurs, pour cacher un effondrement social et économique que l’on veut garder sous contrôle. Dans cette hypothèse, il ne sera révélé que lorsque le plus grand nombre aura accepté sans broncher son statut d’humain en esclavage numérisé, après avoir été lessivé par toutes les phases du calendrier (climat, terrorisme, guerre globale et/ou civile, virus,…). 

Avec l’Ukraine et la Russie, comme avec la Chine et Taïwan (puisqu’au « jeu des vilaines familles » nous avons « les Russes et leur soif de conquête » comme nous avons « les Chinois et leurs marchés aux chauve-souris et autres pangolins ») on pourrait faire craindre une guerre mondiale, on pourrait jouer cette carte. De la même façon que l’on pourrait faire croire qu’une pandémie mondiale va éliminer 95% de l’humanité. C’est un scénario parmi les quelques autres qui garnissent l’escarcelle des véritables ennemis du genre humain. Pour l’heure, à défaut d’une vraie guerre, organisons une vraie résistance. « C’est toujours ça de pris sur l’ennemi », l’expression est plus que jamais de circonstance.

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Agrippa: fin de pandémie et menace d’une « double épidémie »

Dès la fin de l’été 2020, les médias de différents pays relayaient la crainte d’une « double épidémie » coronavirus et grippe, les experts insistant sur l’importance de la vaccination contre la grippe[note]. En effet, le New York Times informait notamment que le Centers for Disease Control and Prevention (l’agence fédérale de la santé publique des Etats-Unis) avait commandé 9,3 millions de doses supplémentaires aux 500.000 doses annuelles de vaccins contre la grippe en 2020[note]. Si l’inquiétude généralisée d’une double épidémie, portant le néologisme de « twindemic », s’est estompée avec l’absence totale de la grippe pendant la pandémie du COVID-19 (non seulement en Belgique et en Europe, mais partout dans le monde[note], la sonnette d’alarme a été tirée à nouveau en cette début d’année 2022. Effectivement, l’agence de presse Reuters a annoncé le retour de la grippe qui pourrait menacer l’Union Européenne selon les experts du Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC), entraînant une épidémie prolongée avec le SARS-CoV‑2, ce qui résulterait, on pouvait le deviner, en une pression dangereuse sur notre système de soins de santé[note]. Avec 650.000 morts annuels attribués à la grippe dans le monde (dont 72.000 en Europe)[note], les effets synergiques avec l’épidémie du coronavirus à craindre seraient de deux natures:

Une mortalité plus élevée liée à une co-infection coronavirus + grippe, ainsi qu’à la nature virulente de la souche de la grippe (H3 de la Grippe A)[note] [note]Un décalage de la période grippale saisonnière entraînant un prolongement inhabituel de la circulation du virus de la grippe au-delà du printemps et un allongement des épidémies respiratoires[note]

L’énoncé de la peur d’une « twindemic » est donc accompagné par un appel à la vaccination ainsi que par le maintien implicite des mesures sanitaires[note]. Rappelons que l’efficacité des vaccins contre la grippe, estimée à environ 30–60% selon les années[note], est surtout basée sur la capacité de prédiction de la souche virale qui arrivera sur notre territoire, déduite en fonction des observations effectuées dans d’autres pays. De fait, il serait actuellement très difficile d’élaborer ces vaccins, car la grippe a été absente pendant la pandémie. Malgré cela, cela n’empêcherait pas les autorités sanitaires d’inviter la population à se faire vacciner contre la grippe, tout en respectant les mesures sanitaires pour une protection plus solide.

Mais qu’en est-il de la science derrière l’appréhension d’un double épidémie?

Comme bien souvent, il y a des éléments de vérité dans les énoncés à partir desquels sont ensuite extrapolés des prédictions apocalyptiques (Neil Ferguson, épidémiologiste de l’Imperial College en Angleterre, est un spécialiste de ce domaine sinistre et est responsable, de par ses modélisations, entre autres des lockdown de la pandémie actuelle[note]. Il convient toutefois d’accorder qu’effectivement il est tout à fait possible de contracter simultanément le COVID-19 et la grippe[note], tout comme il est possible d’être co-infecté par le SARS-CoV‑2 et un autre virus respiratoire (des cas cliniques en début 2020 ont été documentés sur ces infections multiples)[note]. Seulement, ces données sont à mettre dans leur contexte en prenant plusieurs facteurs en compte:

L’épidémiologie des co-infections virales (des maladies respiratoires) est un domaine peu étudié[note]Les données disponibles ne permettent pas de conclure sur la dangerosité des maladies causées par ces infections multiples, plusieurs études n’observant pas de différence de mortalité et/ou morbidité entre ces dernières et les infections simples[note]Le phénomène « d’interférence virale » pourrait avoir l’effet inverse: un virus pourrait en écarter un autre

Le concept de l’interférence virale est le suivant: les virus provoquant des symptômes similaires peuvent se retrouver en compétition l’un avec l’autre, ce qui entraîne l’exclusion d’un ou plusieurs virus par un virus dominant. En biologie, ce type de phénomène a été bien décrit et théorisé dans le concept de la « niche écologique ». Selon ce dernier, les organismes vivants occuperaient une niche écologique qui leur est propre (sources de nourriture, prédateurs, lieux de reproduction, etc.). Cependant, lors d’un changement d’environnement, des organismes peuvent entrer en compétition l’un avec l’autre si leurs habitats ont été bouleversés. Par exemple, si une espèce se retrouve sur un nouveau territoire, celle-ci peut se retrouver en lutte avec l’organisme qui occupe la même niche écologique menant à un écartement de l’envahisseur ou du natif. Ceci est notamment le cas des espèces invasives en général (souvent observé chez les insectes) qui colonisent des territoires entiers. Un autre exemple bien connu est celui de l’écureuil gris américain qui a été introduit en Angleterre et XIXème siècle et qui a colonisé le pays en poussant l’écureuil roux vers la quasi extinction[note].

L’arrivée de l’épidémie du COVID-19 a perturbé la circulation de plusieurs virus respiratoires, souvent attribuée aux mesures sanitaires qui auraient influencé/écarté la circulation des autres virus[note], mais également au phénomène d’interférence virale [note]. L’interférence virale a été décrite dans quelques publications avec fréquemment le rhinovirus (un des nombreux virus responsables du rhume) excluant les autres virus, dont le virus de la grippe [note], et plus spécifiquement celui responsable de l’épidémie de 2009, le H1N1 [note], les coronavirus en général[note][note] et probablement le SARS-CoV‑2[note]. Mais il existe naturellement moins de données entre la grippe et le SARS-CoV‑2…Les quelques observations à disposition concernent l’arrivée de la pandémie en début 2020, lorsque la grippe de la saison 2019–2020 était présente. Une publication qui étudie les co-infections grippe + coronavirus a également observé une diminution de 68% du risque de contracter le SARS-CoV‑2 si on était déjà infecté par la grippe[note]. D’autres études observationnelles[note] et menées au laboratoire[note] ont également conclu que les coronavirus (dont le SARS-CoV‑2) et les virus de la grippe entretiennent une relation antagoniste.

Le SARS-CoV‑2 étant en compétition avec la grippe et ayant probablement été responsable de la disparition de cette dernière par interférence virale, la réapparition récente de la grippe en Belgique[note] (fin 2021-début 2022) serait donc plutôt une bonne nouvelle. Cela voudrait dire que les variants actuels du SARS-CoV‑2 ne présentent plus la même menace que les précédents, n’arrivant pas à écarter les virus de la grippe…Ce qui, à son tour, signifierait que la pandémie du COVID-19 serait terminée. Ceci rejoint également les observations sur la mortalité causée par les variants successifs, de moins en moins virulents[note]. D’ailleurs, l’historien des sciences David Robertson et l’éditeur de la revue scientifique prestigieuse British Medical Journal, Peter Doshi, nous ont récemment rappelé que la fin des pandémies passées n’a pas été liée à la transmission des maladies ou leur pathogénicité, mais plutôt à des aspects sociologiques et plus précisément à l’attention que prête le grand public, les médias et les décideurs politiques à l’épidémie en cours[note]. En effet, il s’agit de s’interroger sur les arguments qui permettraient de déclarer la fin d’une pandémie: la circulation du virus? La mortalité? Les variants successifs ont été de moins en moins létaux… Et le virus pourrait devenir endémique (naturel chez l’homme). Si c’est au grand public de se désintéresser de cette maladie, dont la menace perd de son importance tous le jours, il en revient donc à nous de décider de la fin de la pandémie…

Mais annoncer la fin de la pandémie aurait de fortes conséquences économiques sur les entreprises pharmaceutiques qui fournissent les vaccins. S’agrippant à la stratégie vaccinale, la société Moderna (dont les chiffres d’affaires avaient augmenté de 4708,44 % en 2021 comparé à 2020[note] a annoncé le 09 septembre 2021 qu’elle était en cours de développement d’un vaccin polyvalent combinant 6 ARNm différents[note] contre le COVID-19, la grippe et le virus respiratoire syncytial (RSV, un virus causant des bronchiolites dont la circulation a également été perturbée par le SARS-CoV‑2[note]. De plus, Novavax a également initié le développement d’un double vaccin contre le SARS-CoV‑2 et la grippe[note]. Il est aisément possible d’imaginer la promotion de ces vaccins par les autorités sanitaires. D’une part, appelant à éviter une future épidémie d’un variant hypothétique du SARS-CoV‑2 et d’autre part, à bénéficier simultanément d’une protection contre la grippe saisonnière et le RSV. Seulement, plusieurs problèmes dans l’efficacité de ces vaccins peuvent d’ores et déjà être soulevés:

La mise à jour des vaccins contre la grippe saisonnière se base sur des souches virales circulant ailleurs sur la planète (constituant une des raisons de leur inefficacité), or la grippe a été absente pendant la pandémie. Même les vaccins administrés pour le COVID-19 se basent encore sur la souche originale « wuhan » malgré tous les variants qui ont émergé depuis le début de l’épidémie, ce qui témoigne de la difficulté des mises à jourLes vaccins à ARNm sont encore à un stade précoce de leur utilisation (et en phase d’étude[note]) et leurs effets secondaires toujours en cours de recensementLa grippe peut causer des problèmes cardiaques[note], comme des myocardites[note], probablement liés à la nature des ses protéines de surface[note] (leur équivalent de la protéine « spike »). Rappelons que similairement à la grippe, la nocivité de la protéine spike du SARS-CoV‑2 a été démontrée et les effets secondaires des vaccins observés sont très probablement liés à celle-ci[note]. Il n’est donc pas déraisonnable de se poser la question de la toxicité de nouveaux vaccins à ARNm s’ils se basent sur les protéines de surface de ces virus. La vaccination généralisée risquerait de provoquer des problèmes auprès des personnes qui ne sont pas à risque. Il convient dans ce contexte de rappeler les effets secondaires des vaccins contre la grippe H1N1, qui incluait la narcolepsie (pour le vaccin Pandemrix)[note]. Ceci témoigne de l’importance cruciale d’effectuer des études cliniques robustes en prenant le temps nécessaire pour obtenir des vaccins efficaces et inoffensifs (autant que faire se peut) et d’administrer ces derniers à des personnes à risque.

Agrippa est un nom d’origine romaine signifiant « naître les pieds en avant ». Dans l’Antiquité Romaine, ce type de naissance était considéré comme un signe funeste pour l’avenir. Annoncer une double épidémie à la fin d’une pandémie, qui serait celle du COVID-19 et la grippe (A?) me paraît être un signe bien funeste d’une volonté de maintenir les mesures sanitaires (y compris la vaccination), alors que toutes les données scientifiques indiquent qu’il est temps de siffler la fin de la pandémie.

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Débats à la Chambre sur la vaccination obligatoire et choix des experts : un simulacre de démocratie !

Dans un contexte où omicron domine les contaminations, où ce variant est encore moins létal que ses prédécesseurs (le variant omicron est 100 fois moins dangereux que la grippe H1N1[note]), où il ne sature plus les soins intensifs[note] et où il semble échapper largement à l’immunité conférée par les vaccins actuels, on ne voit pas le moins du monde quels pourraient être la pertinence et le fondement du débat sur l’obligation vaccinale qui se prépare au Parlement. Certes, on sent bien la volonté du gouvernement de contraindre la population et en particulier la minorité qui refuse la vaccination, mais la rationalité de cette volonté semble totalement inexistante.

Cette minorité, qui représente tout de même un dixième de la population[note] soit un million de personnes, auquel il faut ajouter toutes celles qui se sont vaccinées sous la pression sociale, familiale ou professionnelle, a pourtant des motifs plus rationnels de refuser la vaccination que ce que les médias mainstream veulent bien admettre. En effet, de nombreux experts de haut niveau, issus de différentes disciplines, ont exprimé des divergences de vue profondes avec les positions officielles sur base de faits vérifiables et d’arguments rationnels, scientifiques, éthiques et juridiques. Quoi qu’en disent les médias, un consensus scientifique n’existe pas sur l’efficacité, l’innocuité et la balance bénéfice-risque des vaccins anti-covid actuels. Un consensus éthique n’existe pas davantage sur la pertinence de l’obligation vaccinale. Un débat réellement démocratique nécessite que les experts critiques par rapport à l’obligation vaccinale et/ou au pass vaccinal reçoivent, au Parlement, une audience équivalente (en temps de parole) à celle des experts a priori favorables à ces projets. La liste des experts provisoirement constituée à ce jour ne garantit pas cette exigence démocratique.

En effet, le choix des experts sélectionnés pour être auditionnés par les députés à la Chambre ne reflète pas de façon équilibrée la diversité des positions scientifiques sur la vaccination, et encore moins la dualité (favorable ou défavorable) des positionnements sur l’obligation vaccinale et/ou le pass vaccinal. On en est même très loin. Non seulement la plupart des noms proposés par les associations citoyennes qui contestent la pertinence de la vaccination obligatoire et du pass vaccinal n’ont pas été retenus, mais en outre la plupart des experts retenus se sont déjà prononcés par le passé en faveur de la vaccination, de l’obligation vaccinale et/ou du pass vaccinal. Enfin, l’indépendance de certains experts retenus est une question qui mérite d’être posée.

Le débat est donc biaisé et n’a que l’apparence d’un débat démocratique. Sur les 32 experts retenus, maximum un ou deux s’est officiellement prononcé contre l’obligation vaccinale et/ou le passeport vaccinal et aucune association citoyenne critique vis-à-vis de ces projets, telle que CovidRationnel par exemple, pourtant constituée de professeurs d’universités belges, n’est représentée. Citons, parmi de nombreux autres experts possibles qui se sont à maintes reprises exprimés sur le sujet et dont les candidatures ont été écartées alors qu’elles font largement le poids face aux candidatures retenues : Christian Perronne, le prix Nobel Luc Montagnier, Alexandra Henrion-Caude, l’épidémiologiste Martin Zizi, le virologue et ancien recteur Bernard Rentier, le microbiologiste Kaarle Parikka, Aryan Afzalian (pour l’aspect scientifique), le philosophe Jean-Michel Longneaux (pour l’aspect éthique), le professeur et ancien recteur Yves Poullet ou encore le collectif Lawyers for Democracy (pour l’aspect juridique), etc.

Ce débat n’a dès lors rien d’un débat…

1.Heidi Larson : directrice du Vaccine Confidence Project, anthropologue favorable à la vaccination : Peter Piot et Heidi Larson, virologues: « Le coronavirus restera longtemps parmi nous » | L’Echo (lecho.be)

2.Marius Gilbert : plutôt favorable à l’obligation vaccinale (et en tout état de cause à la vaccination), malgré quelques précautions oratoires : Marius Gilbert, derrière les larmes (rtbf.be)

3.Emmanuel André : favorable à la vaccination obligatoire : Emmanuel André: «Rendre la vaccination obligatoire est une nécessité de santé publique» — Le Soir

4.Wouter Arrazola De Onate 

5.Virginie Pirard (Comité consultatif de bioéthique) : cet organisme n’est pas défavorable à l’obligation vaccinale « à certaines conditions » ; Avis n° 80 — vaccination obligatoire en période de pandémie | SPF Santé publique (belgium.be)

6.un membre de l’IFDH (Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains) : cet organisme est favorable à l’obligation vaccinale : lire-l-avis-sur-la-vaccination-obligatoire.pdf (institutfederaldroitshumains.be)

7.un membre du Conseil supérieur de la santé : cet organisme est favorable à l’obligation vaccinale : Avis 9671 — Vaccination obligatoire pour le personnel de santé | SPF Santé publique (belgium.be)

8.Maarten Vansteenkiste (psychologue) : favorable à l’obligation vaccinale : Les psychologues belges se disent en faveur de l’obligation vaccinale: « Nous sommes à un tournant » — La Libre

9.Tom Goffin (Président de la Commission fédérale des droits du patient) : : cet organisme est favorable à l’obligation vaccinale : 20211220_cfddp_avis_vaccination_obligatoire.pdf (belgique.be)

10.Vincent Yzerbit (psychologue) : favorable à l’obligation vaccinale : %22Une%20obligation%20de%20vaccination%20pr%C3%A9sente%20plus%20d%E2%80%99avantages%20que%20d%E2%80%99inconv%C3%A9nients%22,%20selon%20le%20groupe%20d%E2%80%99experts%20Psychologie%20et%20Corona (rtbf.be)

11.Vanessa De Greef (vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme) : cet organisme n’est pas défavorable à l’obligation vaccinale « dans le respect du droit » : Vaccination obligatoire, Covid Safe Ticket et droits humains | IFDH (institutfederaldroitshumains.be)

12.Els Keytsman (Unia) : cet organisme n’est pas défavorable à l’obligation vaccinale « pour certaines catégories de populations » (soignants, personnes vulnérables) : L’obligation vaccinale doit être « l’ultime recours, limité dans le temps et couplé à d’autres mesures », selon Unia — La Libre 

13.Leila Belkhir (infectiologue) : favorable à la vaccination ; estime que le débat sur l’obligation vaccinale doit être scientifique et non politique (alors qu’une contrainte légale est une question d’ordre strictement politique!) : Obligation%20vaccinale%C2%A0:%20Le%C3%AFla%20Belkhir%20apprend%20sur%20Twitter%20sa%20participation%20aux%20auditions%20de%20la%20Chambre (rtbf.be)

14.Johan Neyts (virologue) : travaille sur un vaccin contre le covid : Johan Neyts (virologue): « Ce virus continuera à poser des problèmes pendant très longtemps » — Politique Economique — Trends-Tendances (levif.be)

15.Tijl De Bie (scientifique data) : Tijl De Bie (@TijlDeBie) / Twitter

16.Mathias Dewatripont (économiste) : membre du Gems, favorable à la vaccination : La campagne de vaccination contre le Covid-19 pour guider la reprise économique européenne | Euronews

17.Hendrik Vuye (constitutionnaliste)

18.Luc Herry (président de l’Absym) : cet organisme est favorable à la vaccination obligatoire dès 6 ans : L’Absym veut une vaccination obligatoire dès 6 ans: « les jeunes sont les plus contaminants » — Santé — LeVif

19.Carla Nagels (criminologue) : pas opposée à l’obligation vaccinale :  Arrêtons de stigmatiser les non-vaccinés — La Libre

20.Herman Goossens (microbiologiste) : favorable à la vaccination des adultes : Le microbiologiste Herman Goossens explique ce qui le dérange avec la vaccination des enfants de 5 à 12 ans | Coronavirus en Belgique | 7sur7.be

21.Geert Molenberghs (biostatisticien) : favorable à la vaccination : Covid: Geert Molenberghs estime qu’il y aura une 4e dose de vaccin (Bruxelles) (lavenir.net)

24.Geert Vanden Bossche (virologue) : défavorable à la vaccination de masse:  Home | Voice for Science and Solidarity

(…)

Nous investiguons au sujet des quelques experts restants… La liste sera mise à jour. 

Une collaboration Grappe-Kairos

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Essai épistémique

COVID 20

L’impératif catégorique : LA RELIANCE

Plaidoyer pour un renouvellement épistémologique des études médicales

Ouvrage en ligne écrit & coordonné par

Florence PARENT et Fabienne GOOSET

LA CRUCIFIXION Ethel Coppieters

Avec la participation deManoé REYNAERTS, Helyett WARDARVOIR, Isabelle FRANCOIS,Benoit NICOLAY, Emmanuelle CARLIER, Véronique BAUDOUX, Jean-Marie DE KETELE

Édition KAIROSPRESSE. 2022

Henry Joly affirmait : « Que Socrate ait été ledernier des chamans et le premier des philosophesfait partie désormais des véritésanthropologiquement admises ». Pour ajouterimmédiatement : « mais cette vérité, qui jette unelumière étrange sur l’apparition même de laphilosophie, n’est pas claire pour autant, ni pour laphilosophie, ni pour l’épistémologie. »

Roustang, F, Le secret de Socrate pour changer la vie, Paris : OdileJacob, 2011.

Table des matières

Autrices

Cosignataires

Remerciements

Préface

Introduction

Lecture, clarifications terminologiques et index

Cartes blanches : Sur le fil épistémique de cette crise de la Covid 19

CARTE BLANCHE 1 : Le rôle de la formation des médecins et de l’épistémologie médicale dans la crise de la Covid 19CARTE BLANCHE 2 : Covid 19 : Principe de précaution ou « risque du blâme » ?CARTE BLANCHE 3 : Globalité, partenariat, autonomie en santé. Quand l’urgence balaie tout, mais révèle l’essentiel !CARTE BLANCHE 4 : Crise de la Covid et intelligence émotionnelle : le maillon manquantCARTE BLANCHE 5 : De l’âme végétative par temps de CovidCARTE BLANCHE 6 : Danser avec la CovidCARTE BLANCHE 7 : Spiritualité, individuation et médecine : le Kairos covidien

Discussion

Conclusion

Notes et bibliographie

Autrices

Autrice, Florence

J’ai sans doute commencé à écrire ce texte dès le début du premier confinement. Son mouvement a certainement été initié par ma nécessité d’exprimer artistiquement ce qui se jouait, selon mon ressenti émotionnel, partagé sur une page d’artiste sur FB, au fil de chacune de ces journées de ciel bleu solidaires et ensoleillées. La plume, par le biais de mon clavier, s’est imposée à moi, sans que je ne le sache, début décembre en plein milieu du second confinement, il faisait plus froid et plus gris. J’étais occupée à rédiger, avec des amies et collègues d’écriture, un guide pratique sur l’intégration des compétences émotionnelles dans la formation des médecins, quand un détour s’est opéré au moment de questionner l’enjeu de l’incertitude et des émotions dans la décision médicale. De l’écriture d’une tribune de deux pages, celle-ci s’est étoffée en vue d’un article et, finalement, il a fallu à un moment cesser d’écrire et dire : ce texte est en mémoire de ceux qui m’ont fait pleurer et qui m’ont amenée à écrire, et je vous en remercie, car de vos départs plus de compréhension m’est apparue, que j’ai maintenant partagée. Car il est aujourd’hui, et plus encore qu’hier, urgent de sortir de ce que je nommerai une « pédagogie de la crucifixion » …

Florence Parent est médecin, docteure en santé publique et autrice d’ouvrages dans le champ de la pédagogie et de l’ingénierie de la professionnalisation dans les organisations de santé. Membre fondateur de l’ASBL « Are@Santé » (Association pour le renforcement de l’enseignement et de l’apprentissage en santé) et longtemps enseignante de l’Ecole de santé publique (ULB) et consultante internationale, elle est actuellement experte indépendante et coordinatrice d’un groupe de recherche sur l’éthique des curriculums en santé. Chargée de cours à l’Université libre de Bruxelles, elle poursuit ses activités pédagogiques et de recherches en maintenant comme principe fondateur, au-delà de toutes antinomies, une perspective systémique centrée sur la reliance. Également artiste, elle maintient un rapport essentiel entre l’art, l’esthétique et l’éthique qu’elle conçoit avant tout comme processus complexe d’individuation, de responsabilisation, de créativité et de liberté.

Co-autrice, Fabienne

La première vague de la pandémie a mis en exergue les corps malades, anonymisés par la position ventrale, reliés à la machine pour respirer, se nourrir, vivre. Douleur physique mais aussi souffrance morale. C’est cette dernière qui m’a le plus interpellée en raison de ses multiples visages : terreur de la contamination, cruauté de l’absence de relations sociales, mise à l’arrêt des élans artistiques, des projets professionnels, isolement cruel de nos aînés au sein de leur maison de retraite, des patients dans les services autres que ceux dédiés à la Covid…. Liste désespérément longue qui, à force de se réitérer au quotidien, m’a touchée au plus profond jusqu’à en éroder mon fil de vie …Urgence de le remailler, de restaurer ce que la gestion de ce virus ronge, dans une boucle sans fin telle Pénélope tissant son voile…Évidence de la réflexion et de l’écriture pour y tendre, cet ouvrage en porte la trace…

Fabienne Gooset est docteure en lettres et titulaire d’un certificat interuniversitaire en éthique du soin. À travers sa thèse, elle a analysé les rapports que nouent littérature et médecine ainsi que ceux, plus singuliers, unissant patient et soignant. Cette démarche l’a menée vers différents champs de recherche dont la médecine narrative. Elle est l’autrice d’articles ayant comme dénominateur commun la mise en évidence de la parole du corps souffrant.

Cosignataires

L’expérience et l’expertise de l’autrice et de la co-autrice se sont élargies aux différents regards et relectures de philosophe, médecin, psychologue, kinésithérapeute, expert en éducation et en santé publique, permettant, outre des apports ponctuels précisant ou ouvrant, une validation pluridisciplinaire d’un texte singulier, car inhabituel ou ‘inactuel’, à contre sens de la modernité, usage en référence à Nietzsche.

Entre l’investigation journalistique et médicale, l’article scientifique et démonstratif, l’argumentaire philosophique ou la reliance poétique, artistique et littéraire, aucune possibilité pour qui le voudrait, de classer ce texte original, représentant d’un maillage catégoriel propre à une pensée complexe et émancipée. Il est à prendre comme il se donne.

Cosignataire, Isabelle

Parfois, les chemins se croisent de manière inopinée et se rejoignent d’emblée presque sans mot dire. Se propose alors tout simplement un bout de chemin ensemble. Une envie commune et quasi inéluctable de réfléchir, de se positionner au-delà de dichotomies pesantes, de mieux comprendre le chaos, de trouver un fil d’Ariane. Se laisser désaltérer d’autres regards et expertises, pour tenter d’aborder la complexité du moment. Je remercie les autrices pour avoir été cet aiguillage qui rassemble. Je reste ébahie par leur curiosité insatiable, leur talent de reliances, leur érudition en perpétuel mouvement, leur compétence de jugement réfléchissant qu’elles incarnent avant de le promouvoir. Cette opportunité incroyable qu’elles nous offrent, par cet essai, de pouvoir se nourrir de leur analyse et leur vision. Les pavés sont lancés, parfois presque férocement car les mares sont si profondes. Bien sûr, le doute est permis (voire prescrit quand il ouvre plutôt qu’il ne ferme), le débat est ardemment souhaité. C’est précisément ce qu’il importe in fine de conserver précieusement. Le défi est de le mener au bon niveau, de ne pas se perdre dans des rhétoriques de contenus mais bien de questionner le contenant, soit les fondations même de nos cadres de référence habituels. Et c’est bien là, exactement là, que nous mènent Florence et Fabienne. Nos échanges m’ont permis de mettre des mots sur cette sensation floue d’un monde médical qui dysfonctionne, pris au piège d’enjeux multiples qui le dépassent. Je les rejoins quant à leur visée de nous ouvrir les yeux à nous soignants, soignés, accompagnants, individus, société et leur invitation à nous remettre fondamentalement en question (soit jusqu’aux fondations épistémologiques et ontologiques de notre rapport au monde, à la maladie, à la santé). Je rejoins leur motivation à échanger, partager, écrire. Secouer par ce biais nos certitudes est à mes yeux un acte éthique, une responsabilité qui nous incombe à tous, individuellement et collectivement. Car nous sommes aussi les acteurs de ce qui nous façonnent.

Isabelle François est médecin psychothérapeute. Elle pratique à Bruxelles depuis une dizaine d’années après avoir mené une autre vie aux quatre coins du monde, dans l’humanitaire et la recherche en santé publique. Elle est membre du groupe thématique « Éthique des curriculums en santé » de la Société internationale francophone d’éducation médicale (SIFEM) et travaille sur le développement des compétences émotionnelles dans les curriculums des professions de santé (avec Florence Parent, Helyett Wardarvoir et Fabienne Gooset).

Cosignataire, Helyett

Fleurissent les coquelicots !

En hommage à tous ceux tombés au combat, souvent isolés des leurs, peut-être apaisés par la main du soignant et s’évanouissant dans la profondeur de son regard. Soigner, accompagner c’est avant tout une rencontre, une relation qui s’instaure. Elle passe par le toucher, le regard, l’expérience de l’altérité, une expérience en 3D. Se laisser saisir ou dessaisir par l’autre, accepter d’être ému, perdu, chercher un chemin à emprunter pour avancer et arriver là où la vie nous amène. Le développement des compétences émotionnelles chez les professionnels de santé ne m’est pas venue de la crise covid19 mais déjà bien avant, car les signes d’une médecine qui se déshumanise et fragilise les soignants n’est pas nouvelle et la question de la gestion de la crise de covid19 n’est que le révélateur de la nécessité d’un changement de paradigme dans les curriculums en santé. Quels professionnels de santé formons-nous par écran interposé à l’heure où toutes les décisions dans la gestion de la crise covid19 ne revient pas aux professionnels de la santé. Que devient le diagnostic clinique, comme celui de l’observation palpatoire par exemple ?

Ce qui m’a motivé c’est le bouleversement radical de société par le développement d’une vie en confinement qui s’inscrit dans nos réalités et nos mémoires par écrans interposés : une vie en 2D. Le 12 mars, annonce du confinement pour le vendredi 13 mars 2020, je donne cours arts de la scène. Nous sommes bouleversés, que vont devenir nos co-présences, nos respirations, nos entrelacements de corps ? Comme par crainte d’oublier, nous dansons bien plus longtemps que prévu, nous nous disons au revoir. Fleurissent les coquelicots qui tiendront notre âme en mouvement.

Quels dégâts collatéraux, puisqu’en pleine répétition d’une pièce de théâtre avec une jeune metteuse en scène, tout se fige jusqu’à …. Quand ? Alors vient le moment de l’incompréhension : pourquoi c’est Ok d’être les uns sur les autres dans un métro pas vraiment aéré, et pourquoi ce n’est pas ok d’être à 6 dans une salle de répétition plus grande qu’un demi-wagon ! Que veut dire confinement ? Les médiations culturelles et artistiques avec les jeunes en institutions s’arrêtent pour raison d’Etat : confinement ! Pourquoi les dimensions psychosociales de la santé ont-elles aujourd’hui si peu de prégnance ? Comment un modèle humaniste en santé a‑t-il pu être si radicalement balayé ? Et quel coup de balai de l’approche par l’art, pourtant forme de connaissance et d’expérience de soi, des autres et d’un monde à un moment où l’humain est en mode « survie » ?

J’ai traversé ces cartes blanches comme on embarque sur un radeau en pleine tempête. J’y ai trouvé un espace de réflexion, d’expression, d’énonciation, comme un atelier artistique pourrait le faire, avec ses propres langages. Animée par la volonté que l’humain ne peut être réduit à la vie derrière une vitre, qu’il ne peut être enseveli sous les couches d’une pensée réifiante. Que l’approche de la complexité par une réflexivité collective animée par une diversité de personnes ayant toute pour cœur de réflexion : l’humain. Convaincue que les coquelicots refleurissent toujours plus beaux et plus nombreux malgré leur fragilité et l’aridité de la terre.

Helyett Wardavoir, de formation initiale en kinésithérapie et en danse contemporaine, a un parcours de Master en Santé Publique et de Master en Art du spectacle. Alliant « Art, Santé et Société » elle conçoit des programmes de Santé Publique utilisant l’approche par l’art et mène des projets artistiques essentiellement avec des jeunes en difficulté. Elle est membre du groupe thématique « Éthique des curriculums en santé » de la Société internationale francophone d’éducation médicale (SIFEM) et travaille sur le développement des compétences émotionnelles dans les curriculums des professions de santé (avec Florence Parent, Isabelle François et Fabienne Gooset)

Cosignataire, Benoit

« Pourquoi en est-on arrivé là ? » Cette question résume mon incompréhension, ma colère, ma tristesse, mon besoin d’humanité dont beaucoup ont été privés dans la gestion de cette crise. Devait-on oublier les bases de ce que nous avions appris voici de nombreuses années ?

Les piliers de nos métiers que sont l’éthique et la déontologie ont été bien malmenés… « Ceux qui savaient » ont imposé leurs règles avec la vision étroite de leur domaine de compétence. Est-ce cela la santé publique ? Est-ce cela la définition voulue de la santé ?

Je n’ai pu faire autrementque de soutenir les quelques professeurs et autres académiques courageux qui ont su garder leur liberté d’expression et leur honnêteté en réclamant sans cesse le débat scientifique.

Les auteurs de ces cartes blanches m’ont offert la possibilité de réfléchir en profondeur à la lueur de leurs expériences et pensées philosophiques. Tout n’est pas à prendre ou à laisser, mais en tant qu’être réfléchissant, voilà de quoi nourrir nos réflexions. Et chacun a compris que la covid avait joué le rôle de révélateur des dysfonctionnements de nos sociétés.

Quelle médecine souhaitons-nous ? Par quels soignants et médecins voulons-nous être pris en charge ? Les auteurs et leur équipe se posent ces questions depuis des années et essayent tant bien que mal d’attirer l’attention sur les déviances des choix qui sont faits. Cette crise nous a montré les limites d’une démarche scientiste, réductrice, et la nécessité d’une approche plus globale, plus ouverte et plus intégrative. Voici ce que nous proposent les auteurs de ce travail. Merci.

Benoit Nicolay est médecin, Anesthésiste-Réanimateur. Formé en micronutrition et management hospitalier. Ancien chef de service et responsable de bloc opératoire. Membre du comité d’éthique de l’hôpital où il exerce depuis début 2021. Médecin de terrain bien conscient du sous financement et de l’évolution technique et numérique des soins de santé au détriment de l’humanité nécessaire aux patients et aux soignants.

Cosignataire, Emmanuelle

Depuis le début de cette crise, la peur, essentiellement, a été le leitmotiv de la communication et ceci pour l’humanité entière.

Au bout de quelques jours, j’ai eu la sensation que ce n’était pas justifié et depuis se posent à moi des interrogations à n’en plus finir, ébranlant mes convictions les plus profondes. Et ceci est devenu un moteur pour re-agir.

Face à une nouveauté, il faut s’adapter et avancer en fonction de l’expérience.

Dans cette crise, l’unique moteur proposé fut celui de la peur, paralysante et toxique.

Ce fléau, plus inquiétant que le virus lui-même, a plongé le monde entier dans un dysfonctionnement qui a provoqué et provoquera d’importants dégâts collatéraux.

Face à cette perplexité, prendre du recul, réfléchir et partager mes interrogations m’ont permis de retrouver certains repères et un semblant de sérénité.

Emmanuelle Carlier est médecin pédiatre à Bruxelles.

Cosignataire, Véronique

Véronique Baudoux est médecin généraliste à Nivelles.

Cosignataire et co-auteur de la préface, Jean-Marie

Jean-Marie De Ketele est professeur émérite de l’Université catholique de Louvain et de la Chaire UNESCO en Sciences de l’Éducation à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui lui a décerné le titre Doctor Honoris Causa. Ce dernier lui a été également conféré par l’Institut catholique de Paris où il est professeur invité et directeur de thèse. Il est actuellement rédacteur en chef de la Revue internationale d’Éducation de Sèvres.

Cosignataire et auteur de la préface, Manoé

Manoé Reynaerts est philosophe.

Remerciements à Kairospresse

L’étonnement de croiser, à un moment-donné, telle une bouée de sauvetage in extremis attrapée, d’autres personnes qui comme soi s’interrogent, perçoivent que « quelque chose ne va pas », mettent en œuvre un regard qui écoute, ressent, veut comprendre et donnent la parole même si celle-ci est inhabituelle, ou inactuelle: telle a été la rencontre avec Kairospresse et Alexandre Penasse, représentant inédit et quasi solitaire, pendant la première année de cette crise, d’une presse qui, par ailleurs en Belgique, devra renaitre de ses cendres si la visée d’émancipation de l’être humain est toujours d’actualité pour notre humanité.

Préface

Nous avons besoin d’Antigone !

Au Ve siècle avant notre ère naissait dans le verbe du poète Sophocle, l’expression d’une figure sans pareille, présente aujourd’hui encore, et incarnée en les traits d’Antigone :

« Dans les temps anciens, une terrible guerre civile ravagea la ville de Thèbes. Lorsqu’elle fut terminée, le roi Créon ordonna de laisser le corps d’un guerrier, Polynice, sans sépulture, car il avait pris les armes contre sa patrie. Or Antigone, sa sœur, brava cet interdit et fut arrêtée au moment où elle enterrait Polynice. On la conduisit donc au roi Créon qui demanda si elle était au courant de la loi interdisant l’enterrement et si elle savait qu’elle risquait la mort.

- Je le savais, répliqua Antigone. Mais il ne s’agissait que d’une loi humaine. Il existe des lois plus importantes, celles qui sont au fond de nos cœurs. Toutes mes pensées et mon amour me commandaient d’ensevelir le corps de mon frère. Face à ces lois, la loi humaine ne pesait guère…comme ne pèse guère le fait que je doive mourir. Je préfère périr pour cela, plutôt que d’être à jamais désespérée d’avoir laissé le corps de mon frère sans sépulture. »[note]

Les siècles passèrent, mais la figure d’Antigone persévéra à travers eux : à la Renaissance humaniste, l’homme de loi, Robert Garnier, inspiré des pièces de Sophocle, d’Euripide et de Sénèque, fit d’Antigone l’incarnation du dévouement familial et de la justice des justes. Au XVIIe siècle, Jean Rotrou, prolongeant son prédécesseur, voit en Antigone la défenderesse des lois naturelles de la fraternité face à celles tyranniques de Créon. Chez Racine, c’est une Antigone amoureuse qui, devant la mort, choisit de vivre pour l’amour, alors qu’à l’aube de la Révolution française, en l’Italie de Vittorio Alfieri, Antigone s’érige en Héroïne d’une liberté désespérée face à la tyrannie et la Raison d’Etat. Quant aux héritiers de la Révolution française, ils virent en elle leurs propres aspirations libérales et celles d’une défense des droits humains ; elle représentait alors pour Nerval « la lutte éternelle du devoir moral contre la loi humaine, de la conscience ou de la passion contre l’obéissance due aux princes {…} »[note]. Dans l’Allemagne romantique d’Hölderlin, elle incarne un potentiel ontologique*, l’annonce d’une forme d’être nouvelle, d’un devenir en réalisation, elle recouvre une puissance téléologique. À l’aune de la Première Guerre mondiale, Romain Rolland lance à Londres en 1915, un appel à l’« Antigone éternelle » ; en 1917 à Leipzig, Walter Hasenclever préfigure une Antigone antimilitariste et pacifiste ; Jean Cocteau la présente comme une anarchiste, une anticonformiste sociale et culturelle ; Brecht la met au service d’une critique de la société capitaliste et contemporaine. En 1972, Liliana Cavani, au travers d’une jeune protagoniste nommée Antigone, dénonce les terreurs policières, alors qu’en 1973, le réalisateur Claude Vermorel l’exporta en Afrique de l’Ouest, illustrant par-là peut-être l’universalité de la figure.

De quoi donc Antigone est-elle le nom ? À quelles réalité et profondeur, nous renvoie-t-elle, pour qu’à travers les siècles, en nos âmes, comme un espoir dicible elle se loge ? Et aujourd’hui plus encore, quel visage la recouvre, comment nous invite-t-elle à danser avec elle, pour qu’à sa rencontre nous nous réjouissions d’un horizon possible ? Assurément donc, aujourd’hui aussi : nous avons besoin d’Antigone !

Car, si elle est bien l’annonce qui se laisse façonner aux besoins de nos aspirations les plus hautes et les plus intimes, c’est assurément qu’en elle, en la figure de proue qu’elle est pour nous, se joue l’occasion pour les êtres humains, pour les sociétés qu’ils habitent et érigent, et pour le monde qui ainsi se déploie, de se réfléchir autrement qu’en la seule référence à ce qui est et à ce qui est déterminé, mais également en l’horizon de ce qui pourrait être, et en ce qui pourrait être réfléchi par nous, pour nous et selon nous. À ce titre, la figure d’Antigone s’apparente à un point focal, au sein duquel nos rapports aux mondes, à ceux désirés, à nos valeurs, celles de nos vies intimes et partagées, privées et publiques, individuelles et collectives, se voient conjugués et présentés comme une réalité possible, non pas comme le rêve qui s’évanouit à la lumière du jour, mais comme une utopie, certes « non encore réalisée », mais pressentie comme réalisable. La teneur d’Antigone est donc tout à la fois politique, sociale, individuelle, engagée, existentielle, contextuelle, universelle et singulière, elle est globale et animée d’une visée, elle est, pour ainsi dire, téléologique, et le jugement auquel elle nous invite l’est certainement tout autant : le jugement réfléchissant*.

Tel est bien l’enjeu du jugement réfléchissant, qu’il se propose d’atteindre : les différentes dimensions de notre existence, mais également leur déploiement, le ressouvenir de celles oubliées ou encore l’émergence de nouvelles possibles. Il ne saurait être seulement qu’une réflexion sur un agir ou sur une manière d’être en particulier, car il est bien plutôt un agir et un être. Il ne saurait donc seulement se concevoir, car il devra également se vivre. Son ambition excède, à ce titre peut-être, la possibilité de se voir satisfaire. Mais, c’est en l’horizon de sa possibilité, plutôt qu’en celle de son impossibilité, que les auteurs des cartes blanches ont préféré loger leurs espoirs.

Aussi l’ensemble des textes ici compilés sous forme de cartes blanches s’amorce comme autant de possibilités réfléchissantes, comme autant de points interrogeant la singularité des pratiques, des situations de soins, des valeurs et des épistémologies* du soin relativement aux visions de l’humanité, qu’elles offrent ou n’offrent pas. Aussi, le lecteur ne trouvera jamais en ces textes seulement une analyse, mais toujours l’occasion de mesurer l’enjeu en jeu dans les manières dont nos agirs et nos modalités d’existence sont convoqués ou pourraient l’être en ces contextes. L’espoir nourri par l’exercice du jugement réfléchissant a mené les auteurs à orchestrer, en une vaste ouverture interdisciplinaire et selon une logique progressive, la rencontre conjuguée de dimensions de l’existence, de lieux et fonctions de la société, d’approches pédagogique et éthique dans les curriculums de médecine, d’expression culturelles et émotionnelles, ou encore de considérations anthropologiques. Et c’est ainsi en la singularité de ces rapprochements, que la globalité et la complexité de notre humanité furent prises en compte.

C’est en toute conséquence que le jugement réfléchissant, animant l’ensemble des cartes blanches, recouvrera la qualité d’un jugement éthique. En effet, lorsqu’il est condition d’une manière d’être-au-monde, ipso facto d’une réappropriation singulière et choisie de l’expérience et de la manière de la faire, le jugement réfléchissant s’annonce alors véritablement aussi comme un jugement éthique. Il s’annonce par suite comme un agir au sens fort du terme, un agir sur notre être et nos manières désirées d’être en devenir. Assurément, le contexte de la Covid interroge sérieusement cette possibilité, et la capacité que nous puissions avoir à nous en saisir. C’est d’ailleurs en ce sens que le temps du Kairos est interrogé dans la carte blanche 7 : spiritualité, individuation et médecine : le kairos covidien – (kairospress.be).

Le jugement réfléchissant est donc aussi un jugement éthique, parce qu’il tente de réinstaurer en nous la possibilité, non seulement, de saisir ce qu’il y a de singulier dans notre expérience contemporaine, mais également, et à plus forte raison, d’en produire là où il paraitrait absent, là peut-être où notre pouvoir d’individuation semblerait n’être plus ou en voie de ne plus être. Ainsi, le jugement réfléchissant est l’expression d’une manière d’être-au-monde, d’une manière aussi de faire monde, quoi qu’il puisse en être d’une quelconque forme d’adversité, comme chez Antigone. Aujourd’hui encore, par son exemple, elle nous encourage en l’espoir d’une telle possibilité, car nous sommes des êtres doués et capables d’actes d’existence. Cet agir réfléchissant et éthique est alors l’occasion de pouvoir « persévérer dans son être »[note], de pouvoir persévérer dans notre capacité à être et à émerger de l’être.

Les cartes blanches ici compilées s’ouvrent sur une réflexion à propos de l’épistémologie dominante dans les curriculums des futurs soignants et sur l’impact de celle-ci sur la prise de décision. Ces cartes blanches marquent le départ en observant que cette épistémologie est peu capable en matière de jugement réfléchissant, cependant qu’elle produit du jugement déterminant*. À savoir un jugement capable de catégorisation, d’identification, de mise en concept, mais peu apte à une réflexion sur la manière dont il catégorise, généralise, identifie ou conceptualise. À plus forte raison, il est encore moins habile à envisager les conséquences globales sur les réductions anthropologiques, existentielles, sociales et politiques, notamment, de l’humanité, lorsqu’il se voit appliqué sous forme de protocole d’intervention de soin ou de prise en charge. À ce titre, la première carte blanche mobilisant l’EBM (Evidence Based Medicine), « Le rôle de la formation des médecins et de l’épistémologie médicale dans la crise de la Covid 19 — Kairos (kairospresse.be) », met en évidence l’enjeu éthique d’une réflexion épistémologique* et méthodologique sur la manière de constituer du savoir, sur notre rapport à lui, et sur les usages possibles qui en dépendent. De ces manières de faire savoir et faire pratique dépendent en fait la possibilité de visions du monde et de l’humanité. Vision qui intéresse d’abord le corps : puisque, comme on le sait, il est d’importance de pouvoir distinguer le « Leib » et le « Körper ». Le premier souvent oublié de l’épistémologie médicale, est le corps vivant, celui que la vie anime – « leben » signifiant « vivre » en allemand –, celui dans lequel nous nous expérimentons en qualité de vivant, d’existant, de désirant, d’être intime et social, en projection et animé d’intention, de subjectivité encore. Le second renvoie au corps objectivable et objectivé, celui que l’on mesure, celui que l’on doit donc instaurer d’abord comme mesurable. Foucault a très bien cerné comment, déjà depuis le XVIIe siècle, l’épistémologie médicale fit du corps un prisonnier des représentations que l’âme apposait sur lui, un objet devant être réduit pour être mesuré et manipulé. Mais à l’inverse, Foucault a également merveilleusement rendu compte des pouvoirs du corps vécu, lorsque par exemple se référant à la pluralité des corps du danseur, il propose que :

« Le corps dans sa matérialité, dans sa chair, serait comme le produit de ses propres fantasmes […] le corps du danseur est dilaté selon tout un espace qui lui est intérieur et extérieur à la fois »

Le « Leib » est donc ce corps vécu, le corps propre, celui qui m’est singulier, celui dans lequel j’éprouve joie et douleur comme à moi-même, celui qui ne pourrait pas être le simple corollaire subjectif du corps objectif, objectivable et objectivé, car le corps propre est le point originaire, depuis lequel mon ouverture au monde et, par suite, mon être-au-monde s’ouvre et s’amorce d’abord. Il est ce que Martin Heidegger nommait le « là » de l’être, celui depuis lequel le sens et la signification accordés à la vie étaient possibles. C’est le corps au sein duquel et à partir duquel l’utopie devient possible, ce corps utopique qui ne fait pas de l’âme une prisonnière du corps, mais le corps un prisonnier potentiel des représentations réductrices que l’âme projetterait sur lui (le « corps médical » sur lequel un biopouvoir* s’exerce). M. Foucault nous rappelle, alors que : « Le corps humain est l’acteur principal de toutes les utopies. », que :

« Mon corps […] est toujours ailleurs, il est lié à tous les ailleurs du monde, et à vrai dire il est ailleurs que dans le monde […] le corps est le point zéro du monde, là où les chemins et les espaces viennent se croiser, le corps n’est nulle part : il est au cœur du monde ce petit noyau utopique à partir duquel je rêve, je parle, j’avance, j’imagine […] Mon corps n’a pas de lieu, mais c’est de lui que sortent et rayonnent tous les lieux possibles réels ou utopiques. »

Le lecteur trouvera, dans la succession des cartes blanches 4, 5, 6 et 7, un ensemble de témoignages, d’expressions poétiques, d’analyses et de réflexions prenant « à bras le corps » cette thématique. Il y trouvera l’expression d’une vision non dualiste du corps, d’une vision intégrée, unifiée et globale, d’une vision soucieuse de retrouver et d’explorer les champs de l’être du corps, et les chants possibles aussi de son être. C’est ainsi que seront explorées les dimensions des émotions, de leurs intelligences (carte blanche 4), celles de notre âme végétative (carte blanche 5), de notre spiritualité (carte blanche 7) et de notre énergie vitale, celle qui, en ces temps de kairos covidien, se sent dansante (carte blanche 6).

C’est ainsi, au travers du jugement réfléchissant et du respect pour la totalité de notre être, que les différentes cartes blanches ont d’abord initié leur progression depuis ce constat, que de l’épistémologie dépendent aussi des éthiques, que de l’épistémologie médicale, plus particulièrement, dépend la possibilité pour des manières d’être de se réaliser ou à l’inverse de s’en voir exclues dès le départ. En effet, d’une épistémologie à une autre, dépendra la possibilité de pouvoir persévérer en qualité de praticien de sa pratique, en acteur constituant de sa pratique, et non seulement en praticien d’une pratique généralisée, généralisable, standardisée et standardisable. Ce rapport individué à sa pratique, doit donc être individuant : il le peut si la subjectivité, les subjectivités et intersubjectivités en présence sont parties prenantes et constituantes de la pratique, et non pas reléguées au plan de variables indépendantes. Or, l’intérêt de la crise actuelle repose également en ce qu’elle rencontre autant la relation médicalisée au corps, que l’ensemble des autres champs d’existence de l’humanité et de la société. Aussi est-ce à l’aune de cette globalité et de cette complexité que les sciences aujourd’hui doivent s’imposer l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité comme, non seulement une exigence épistémologique, mais également éthique, car des possibilités qui en résulteront dépendra l’annulation de diverses formes de réductionnisme de l’être humain, et par conséquent, peut-être s’ouvriront alors des visées émancipatrices.

À ce titre, il est bon de rappeler au lecteur, que de tels projets ont vu le jour dans nos sociétés et les animent d’ailleurs toujours. C’est assurément un espoir à ne pas perdre de vue et c’est dans cette lignée que, modestement mais assurément, les cartes blanches s’inscrivent. Ainsi, de manière parfaitement emblématique, la « toujours fameuse » Ecole de Frankfort (dont Horkheimer et Habermas ont participé à la renommée) soutient l’importance et l’idée que, jamais seulement la science ou une science, mais bien toujours les sciences doivent pouvoir s’associer, afin d’ouvrir à l’humanité ses dimensions sociales, anthropologiques, philosophiques, psychologiques et culturelles, notamment. Il ne s’agit pas là simplement de vouloir une stricte meilleure connaissance de son être, mais bien également de soutenir un mouvement émancipateur et autonomisant pour cette humanité face à l’ensemble des forces contraires, dominantes et adverses qui tente de ou appelle à la réduire.

Manoé Reynaerts et Jean-Marie Deketele

Introduction : La crise sanitaire de la Covid[note] comme révélatrice de nos ambiguïtés épistémologiques 

Cet essai vise à une forme d’investigation au cœur de la décision médicale et sanitaire pendant cette période de la Covid 19. Notre recherche s’est principalement échelonnée de décembre 2020 à mai 2021. Les nombreuses références qui nous ont nourris ont été ajoutées au fil de l’écriture. Certaines – et nous pensons particulièrement aux références électroniques — sont susceptibles d’avoir disparu au moment où le lecteur prendra connaissance de notre ouvrage.

Nous y envisagerons comment les choix posés, par leurs modalités quelque peu obscures, pour les protagonistes eux-mêmes mais également pour ceux qui y sont confrontés, construisent un terreau, telle l’opportunité qui fait le larron, à des logiques de dictatures sanitaires.

Notre écrit prend en considération la profonde fracture du monde médical sur un plan épistémologique, et ce, souvent sans conscience, car le réductionnisme a longue haleine. Ainsi, en 2021, l’amalgame entre la prise d’assaut du Capitole et la résistance par non-respect des règles sanitaires a mené à ce que ces deux situations soient considérées comme également criminelles[note] par bon nombre de médecins eux-mêmes, amenant à une confusion à laquelle le monde médical participe amplement et dont on ne peut plus accepter les conséquences ! C’est d’autant plus essentiel que la valeur de la vie est promue, souvent de manière plus rapprochée, par ceux-là même sur qui l’on va poser, pour leur manque de mesures, protocoles et normes, un jugement péremptoire, celui du seul jugement déterminant.

Cependant, c’est justement (et sans exclure le jugement déterminant) de jugement réfléchissant que nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin. Cet essai aide à comprendre, à se situer par rapport à ce qui est exposé et ce, tout domaine confondu. Le jugement réfléchissant et le jugement déterminant ne s’appliquent pas qu’au seul domaine médical, ils s’étendent à tous nos actes, en quelque sorte. C’est là où cet écrit prend tout son sens et sa valeur en dévoilant ce qu’il y a derrière ce que l’on veut bien nous montrer mais aussi ce que l’on veut bien voir, en allant chercher, aux racines des actions, ce qui les préside et ce dont, bien souvent, on n’a même pas conscience : nos choix épistémiques.

Afin de faciliter la bonne compréhension de chacun, nous avons rédigé un glossaire expliquant certains termes et leurs flexions dans l’acception que nous avons choisie. Ces mots sont précédés d’un astérisque lors de leur première occurrence.

Ce travail de réflexion propose d’offrir une grille de lecture sur les types de décisions ou jugements (et leurs épistémologies sous-jacentes) qui prévalent dans les différents contextes et leur degré d’émancipation par rapport aux émotions quand celles-ci aliènent plutôt que de rendre plus intelligibles les situations (peur, culpabilisation…).

Certes, il s’agit bien d’incertitude et d’émotion, mais sans doute, avant tout, de compétences, de capacité et de professionnalisme.

Le présent écrit se veut également une contribution critique à une santé publique dont la crise de la Covid témoigne des multiples failles et profondes défaillances dans l’agir et dans la prise en compte de la globalité. Globalité d’une décision médicale, globalité d’un système de santé, globalité d’une personne, âme et corps. Globalité d’un Monde auquel nous souhaitons participer, nous, soignants et médecins, en l’émancipant et non en le dominant ou le réduisant. Et ce involontairement, déterminés que nous sommes par une épistémologie dont nous n’avons pas conscience et qui œuvre par la main, non de Dieu, mais paradoxalement, de l’homme !

Nos références proviennent d’horizons très divers. Nous avons fait le choix délibéré de mêler les voix autorisées à celles qui le sont moins ou qui engagent la polémique afin d’explorer au plus large le sujet et d’orchestrer la polyphonie autour de ce thème d’actualité. C’est ainsi que l’on retrouvera également des témoignages de futurs professionnels de la santé issus de travaux de groupe d’étudiants dans le cadre d’un dispositif pédagogique pour un cours de médecine sociale[note].

En restituant, par le biais du jugement réfléchissant, pleinement sa place au patient et au soignant ‑Sujets de l’Agir‑, c’est à l’universel du Particulier plutôt qu’à l’universel du Savoir que l’on attribue, prioritairement – dans le sens de premier (soulignant la non-opposition) — le rôle de Raison, permettant, avec Henry Joly cité par François Roustang précédemment, de se questionner humblement :

Se serait-on trompé d’universel ?

Peter Fischli & David Weiss.

Dans leur travail, on observe une étroite relation entre le chaos et l’ordre.

Par le biais de leurs œuvres, diverses et protéiformes, les deux artistes questionnent les contrastes, la fragilité de l’équilibre vital, le lien serré entre chaos et ordre tout en négligeant délibérément les frontières classiques entre art populaire et art fondé.

Lecture, publics, clarifications terminologiques & index

Cet essai présente des textes sous forme de cartes blanches qui ont été publiées régulièrement entre février et mai 2021.

Chacune des sept cartes blanches a une portée particulière en lien avec l’hypothèse qui est la nôtre. En effet, un fil les relie, celui de la décision relativement à nos choix épistémologiques ou épistémiques dont émerge progressivement, et de manière de plus en plus ouverte, un questionnement radical ‑à la mesure de cette crise sanitaire- sur nos connaissances en médecine. Car il s’agit bien, pour nous, d’une « crise de la connaissance », et avant tout d’une crise qui interroge le mode même d’élaboration, de construction, de nos connaissances. C’est-à-dire une crise qui nous offre l’opportunité de questionner l’épistémologie qui est à la base de nos connaissances, comportements, capacités, aptitudes, mais aussi et surtout, postures, attitudes et valeurs.

Ainsi, en tant qu’il offre une perspective analytique et critique ‑dans le sens de l’École de Francfort[note]- de la crise de la Covid 19, ce texte participe à une meilleure compréhension des déterminants qui animent le secteur de la médecine et de la santé publique.

À contresens d’une société qui semble avancer en fonçant ‘tête baissée’, droit devant elle sans regarder en arrière, sans creuser, sans essayer de comprendre ce qui l’anime et la meut, nous avons opté pour un regard, certes introductif, mais posé en profondeur, dans les abymes de nos comportements ou « agirs ». L’intérêt de ces cartes blanches est de proposer une pause nécessaire et salutaire, mais qui n’intéresse peut-être qu’une minorité, les autres étant dans le train…ou, dans l’action. Action qui réfère à l’« homme d’action » que Nietzsche critique, celui qui doit toujours « faire », et ce, quelle que soit l’idéologie à l’œuvre, fût-elle humanitaire comme l’urgence (humanitaire) à laquelle la gestion de cette crise est en tout point pareille [note].

Nous reconnaissons par ailleurs, évidemment, une urgence première lors de l’entrée en crise sanitaire, de même que la nécessité d’agir à l’encontre des mesures liberticides qui se mettent en place sur le dos de cette crise. Cependant quelle que soit l’issue, seul un regard en profondeur, comme celui de la psychanalyse, se jouera des occurrences répétitives.

En tant que tel ce texte peut intéresser le secteur de la santé, de la philosophie, et le secteur de l’éducation au sens le plus large. Cependant, à la vue de l’ouverture des débats par le biais des réseaux et médias sur les enjeux décisionnels de cette crise sanitaire, et qui ont incombé très directement à la population, ce texte peut répondre, du moins en partie, à de nombreuses questions, finalement très générales :

Qu’est-ce qu’un savoir ?Qu’est-ce que connaître ?Qu’est-ce que la science ?Qu’est-ce qu’une décision en santé ?Comment mon médecin a‑t-il été formé ?Pourquoi certains médecins ont-ils une manière de penser très différente de celle de leurs collègues ? Pourquoi les médecins s’agressent-ils tant entre eux ?Pourquoi n’a‑t-on pas respecté la définition de la santé de l’OMS dans la gestion de cette crise ?Etc.

Un texte liminaire précède chaque carte blanche. De même, une discussion centrée sur les processus de la psychologie sociale qui sont à l’œuvre, vient clôturer cet essai, en ouvrant sur certains enjeux qui dépassent la crise sanitaire et médicale en tant que telle. En effet, ce recul nous semblait indispensable afin de satisfaire à la nécessité plus globale de contextualiser cette crise sociétale et démocratique.

De la forme…

Je fais route avec Nancy Huston quand je[note] parle de l’écriture singulière de ces textes. Cet essai — argumentaire épistémologique- parce qu’écrit sans filets de formes a priori, m’a permis « de retrouver  » l’attribut invisible « , oublié au moment d’organiser mes précédents recueils, et j’ai eu envie de le ressusciter aussi. Ces textes sont des jalons sur mon chemin d’auteur et d’expatriée, de mère et d’intellectuelle, de rêveuse et de réaliste, d’âme et de corps. Ils seront parlants pour vous, ou non, selon que votre chemin épouse le mien, le croise où en diverge ; certains vous seront peut-être utiles, d’autres vous laisseront de glace ou vous jetteront dans le feu de la colère et c’est ce qu’il faut ; ils sont à prendre ou à laisser, à prendre et à laisser, en toute liberté, comme toujours.[note] »

En effet, ces cartes blanches, plus formelles et pointilleuses au départ, vont s’ouvrir à la reliance* globale dont nous avons très particulièrement besoin aujourd’hui. Elles ne sont pas dans la revendication mais dans « l’autopsie[note] » réfléchie d’une crise sanitaire à l’aide entre autres d’outils philosophiques, mais également avec la spontanéité d’un travail artistique et littéraire. Elles se veulent à la fois dialogue avec les sens du lecteur et outil de réflexion.

Guidance

Afin de guider, dans ce cheminement de pensée, le lecteur moins averti, la figure ci-dessous et son explicitation, de même que les définitions et l’index proposés, pourront accompagner la lecture à certains moments jugés plus complexes. Il est sans doute judicieux de revenir régulièrement à ces éléments de guidance tout au long de la lecture des diverses cartes blanches. Celles-ci sont par ailleurs autonomes de ce texte préalable.

Cette figure reprise et adaptée d’un article princeps[note] positionne la perspective de renouvellement épistémologique qui est, globalement, proposée à travers ces textes. C’est celle qui se fonde sur la reconnaissance du mode d’élaboration des savoirs, techniques et produits de notre culture, considérant autant « la main qui fait » que « le résultat qui est ». Ce point de vue ‑véritable perspective dans le sens Nietzschéen du terme[note]- rencontre la pensée épistémologique de Richard Sennett développée dans son livre intitulé « Ce que sait la main[note]».

Figure 1 : La décision et l’Agir-adéquatement-en-santé [note]

Plus précisément sur cette figure, nous observons :

- un pôle en bas à droite intitulé « Jugement déterminant », centré sur les savoirs stabilisés, universels ou généralisables. Ces savoirs ou produits sont associés aux résultats de toute forme de recherche en tant que domaine de production (technique, culture, savoir, concept, théories, normes, protocoles, guidelines…). Les résultats de la fausse étude du Lancet (cf. carte blanche 1), par exemple, se situent exclusivement à cet endroit. Nous précisons cela afin d’attirer l’attention sur les dérives scientifiques mentionnées dans la carte blanche 1 lorsque l’on se réfère, sans pensée critique, à l’Evidence-based-medecine ou EBM. Ce pôle peut ‑ou non- s’ouvrir à d’autres savoirs que ceux mobilisés par la seule EBM, ceci en référence à la notion de « sciences plurielles »[note].

- un pôle en bas à gauche intitulé « Jugement réfléchissant », centré sur l’expérience vécue ou la pratique ‑le Vivre- faisant référence au domaine des métiers en tant que domaines d’activités (agir, actes et savoir-faire) des professionnels concernés (infirmier, médecin, psychologue, ostéopathe et tout autre soignant, mais également sociologue, anthropologue, politologue, enseignant, économiste, et le patient détenteur de l’expérience du vivre avec la maladie.…). Ce pôle fait référence aux théories de l’action en Education[note].

- un pôle en haut centré sur l’intentionnalité de l’agir humain permettant de questionner le sens ou la valeur de la décision ou de l’agir-en-santé au regard des deux autres pôles. Il questionne la validité du jugement déterminant autant que du jugement réfléchissant. Elle est peut-être là la figure d’Antigone : elle connait la loi humaine, celle du jugement déterminant, elle est aussi sujet réfléchissant d’une expérience et elle va décider d’agir « en connaissance de cause, avec lucidité ».

Notons qu’une théorie du jugement peut englober à la fois le jugement déterminant (processus déductif qui s’appuie sur les savoirs savants) et le jugement réfléchissant (processus inductif qui s’appuie sur l’expérience) ce que signifie la flèche qui chapeaute la figure[note].

C’est la considération de ces trois pôles au même moment ‑pour un temps T- qui permet un regard, voire un débat, éthique, sur la décision.

En identifiant explicitement la connaissance (voire en la modélisant sur le plan de l’ingénierie de formation par le biais de cette figure notamment) d’une part à : un « agir-singulier » (processus – intériorité : pôle en bas à gauche) et, d’autre part, à un « objet-en-tant-que-tel » que nous pourrions appeler « objet-partagé » (résultat — extériorité : pôle en bas à droite)[note], nous mettons le doigt sur le nœud épistémologique qu’il s’agit de démêler, tout au long de ces cartes blanches, afin de retricoter notre agir avec plus de lucidité.

Par ce décentrement (qui n’est pas séparation !) de l’objet « Savoir », de notre agir, nous pouvons d’ores et déjà considérer une prise en charge radicale de la relativité à donner au concept de science et de preuve. Nous pouvons le souligner en faisant appel de manière paradoxale au cadre proposé par Éric Chevet [note]: « Mais distinguons la science éclairante de la science agissante. S’il n’est pas question de vouloir limiter la première et « d’opter pour les rêves du non-savoir », ne serait-il pas envisageable, compte tenu de certains risques liés aux conséquences de nos propres pratiques, de vouloir limiter la seconde ? Le problème est donc de se demander s’il faut renoncer à certaines applications techniques nées de la science, s’il est nécessaire de faire baisser cette « fièvre du progrès » qui nous emporte et qui, pourtant, semble incurable ». Il convient, à ce stade, de bien comprendre de quoi nous parlons dans cet extrait ci-dessus et de lever toute confusion quant au terme de « science agissante ». Il s’agit de la « science pour la science », qui agit pour agir dans une visée positiviste, directive, sans trop se soucier des conséquences, du résultat. Aussi, en positionnant, sur cette figure, la science du côté de l’objet et non du côté de l’agir nous redonnons le plein pouvoir (et la responsabilité) à la main qui construit cette science (perspective socio-constructiviste) et sortons du même coup d’un fétichisme de bon aloi, reconnaissant en même temps la science comme éclairante. En effet, l’obscurantisme de l’homme moderne serait-il un manifeste de son manque de confiance en lui, camouflé dans une épistémologie cartésienne, positiviste, donnant l’illusion du plein contrôle ?

L’hypothèse complémentaire dans la continuité d’un nœud de Möbius serait celle d’une humanité ayant piégé son propre « agir » dans la nécessité de la preuve, celle juridique de la défense d’un acte médical laissant progressivement la place au seul jugement déterminant.

Pour notre part, épousant la pensée d’Éric Chevet nous optons pour une science éclairante et non agissante, laissant radicalement à la main de l’homme cette responsabilité, rejoignant en cela notre définition (Folscheid[note]) «la médecine n’est […] ni une science ni une technique, mais [bien] une pratique soignante personnalisée, accompagnée de science et instrumentée par des moyens techniques ». (Les caractères gras sont de nous).

Cependant et là est l’essentiel, comme nous l’observons sur notre figure, nulle frontière (opposition) n’est érigée entre ces trois pôles assurant une reliance entre l’agir et le savoir ou entre la pratique et la théorie (perte de la binarisation habituelle), sans aucune forme de sublimation de cette dernière au détriment de la première.

La question centrale étant de reconsidérer les interactions entre ces éléments afin de redistribuer le pouvoir, voire sans doute la puissance d’agir.

Plus en amont, nous affirmons que seule (et c’est l’hypothèse développée dans l’article princeps[note] dont provient cette figure 1) une rupture épistémologique paradigmatique* (c’est-à-dire radicale) dans la formation médicale permettrait de prendre conscience des dérives technoscientifiques de notre modernité et d’inverser lentement, culturellement et historiquement, la tendance. Nous voyons la problématique épistémologique mais également ontologique dans le monde médical comme « pierres de pensées indispensables de demain dans le monde tumultueux d’aujourd’hui » [note]

En effet, l’enjeu critique réside dans la masse critique de ses acteurs, ou actants comme les nomme Benasayag[note]. Il s’agit prioritairement de celle des étudiants en médecine, mais aussi celle des soignants plus globalement, toutes deux formatées actuellement (et sans doute plus que jamais) selon une épistémologie positiviste et réductrice, c’est-à-dire trop exclusivement fondée sur le seul jugement déterminant, qui plus est non, ou peu ouverte à une science plurielle. Ceci, alors que nos savoirs (et paradoxalement ceux intéressant notre propre agir) n’ont jamais été aussi nombreux [note]. Déterminer un système de santé par un tel ‘dressage’ participe d’une décadence de nos sociétés en creusant l’écart entre nos capacités — nos facultés développementales inhérentes à l’espèce humaine — d’agir, avec nos (transdisciplinaires) savoirs.

Au vu des pertes successives dans les différentes dimensions de la diversité, il est urgent pour l’homme moderne souhaitant que les Lumières adviennent de redonner leur place aux causes formelles et finales et non plus seulement aux causes matérielles et efficientes[note]. En effet, ce sont elles qui sont en jeu dans le mouvement de la vie et donc dans l’agir, permettant (condition de possibilité à) la diversité de forme et de raison d’advenir. Empruntant à Corine Pelluchon le titre de son dernier ouvrage[note], nous pouvons dire que « les lumières à l’âge du vivant » sont conditionnées à un projet épistémique.

Clarifications terminologiques 

Nous avons fait le choix de définir ici certains termes ou concepts dont il importe de bien saisir la nuance. Un astérisque lors de leur première occurrence permet de les reconnaître et d’inviter le lecteur à consulter le glossaire proposé ci-après.

Biopouvoir : Terme pris dans le sens du philosophe Foucault qui « appelle “ biopouvoir” les techniques spécifiques du pouvoir s’exerçant sur les corps individuels et les populations » [note]

Épistémologie : L’épistémologie est une jeune discipline qui, depuis un siècle, comme son étymologie nous en donne le sens, fait son objet ou son projet des discours (logos) sur la connaissance (épistèmê). Jean Piaget a défini l’épistémologie « en première approximation comme l’étude de la constitution des connaissances valables », permettant d’inclure dans une définition aussi large les trois grandes questions que chacun rencontre dès qu’il s’interroge sur la légitimité des connaissances auxquelles il fait appel pour élaborer en raisonnant ses comportements cognitifs et sociaux (des tables de multiplications aux déclarations de Droits de l’homme) : Qu’est-ce que la connaissance (connaissance de la connaissance) ? ; comment est-elle constituée ou engendrée (méthode) ?; comment apprécier sa valeur ou sa validité (éthique) ? Note de clarification sur le concept d’épistémologie (inspirée de l’ouvrage de Jean-Louis Le Moigne. Les épistémologies constructivistes. Paris : Presses Universitaires de France, 2007).[note]

Essai randomisé : Un essai randomisé est une étude expérimentale dans laquelle un traitement (ou une intervention) est comparé à un autre traitement, à une absence de traitement ou à un placebo. Les participants sont affectés au hasard à un groupe qui reçoit le traitement testé ou à un groupe recevant l’autre traitement ou aucun traitement. Les participants ignorent s’ils reçoivent un traitement ou pas [note].

Impératif catégorique : cet impératif pose une action comme nécessaire et inconditionnelle, indépendamment du but à atteindre. L’ensemble des impératifs catégoriques donnent des lois quelle que soit l’inclination du sujet[note].

Jugement déterminant : ce type de jugement est à l’œuvre lorsque la décision médicale et sanitaire est fondée sur la mesure et la norme définie à priori du réel[note].

Jugement réfléchissant : ce type de jugement s’exerce lorsque la décision médicale et sanitaire s’insère dans la praxis en tant qu’agir conscient[note].

Ontologie : science de l’être en tant qu’être indépendamment de ses déterminations particulières[note], l’ontologie détermine notre rapport au Monde, au Tout, à l’Unicité et fonde nos valeurs les plus profondes ou les plus enfouies.

Paradigme : il représente un cadre théorique, un ensemble d’idées qui forment un modèle. Le paradigme est donc une référence commune aux scientifiques. Il facilite leurs communications au sein de la communauté scientifique[note].

Prévalence : rapport du nombre de cas d’une maladie à l’effectif total d’une population, sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens, à un moment ou pendant une période donnée[note].

Reliance : il s’agit d’une notion qui a été explicitée par E. Morin et que l’on pourrait traduire par le besoin, la nécessité de relier ce qui a été fragmenté, désuni[note].

Cartes blanches : Sur le fil épistémique de cette crise de la Covid 19

CARTE BLANCHE 1 : Le rôle de la formation des médecins et de l’épistémologie médicale dans la crise de la Covid 19

Texte liminaire

Tout au long de ces cartes blanches, nous nous proposons d’analyser la crise sanitaire de la Covid en essayant de mieux comprendre la relation entre certitude et incertitude dans les différentes prises de décision. Nous tenterons de documenter certains enjeux et conséquences de celles-ci dans ce contexte particulier. En effet, celui-ci manifeste plus que jamais les ambiguïtés épistémologiques sous-jacentes à la décision médicale, mais également politique et sanitaire, révélant au grand jour certains fondements des dysfonctionnements de nos systèmes de santé, reflets de nos sociétés. À ce titre, ce moment est à saisir. Encore faut-il arriver à les décoder pour en tirer des leçons ou, du moins, en acquérir une forme de lucidité.

Une telle analyse doit nécessairement commencer, selon nous, par une clarification fondamentale, celle qui consiste à positionner correctement la notion même d’EBM (Evidence-based-medecine). Pour le lecteur intéressé d’approfondir le concept d’Evidence Based Medecine, ou médecine factuelle, nous lui suggérons l’article de Jean Jouquan et Florence Parent « Pour un examen critique du statut de la preuve en médecine[note] ». Ce travail a été publié dans la foulée de cette première carte blanche dédiée à l’explicitation de l’EBM. Elle nous sensibilise d’emblée à l’enjeu de toute cette crise sanitaire, celui du risque de la certitude, nous rappelant un élément de la pensée de Descartes qu’on reconnaîtra comme essentiel (tandis que sa pensée dualiste sera profondément combattue) : il s’agit de l’esprit critique et cela, pour un médecin et un scientifique, commence avec un regard critique sur l’usage même de l’EBM.

Car….

« La plupart des études scientifiques sont erronées, et elles le sont parce que les scientifiques s’intéressent au financement et à leurs carrières plutôt qu’à la vérité. » Richard Smith, rédacteur en chef, British Medical Journal, 2013.

« Il n’est tout simplement plus possible de croire une grande partie des recherches cliniques qui sont publiées, ni de se fier au jugement de médecins de confiance ou à des directives médicales faisant autorité. Je ne prends aucun plaisir à cette conclusion, à laquelle je suis parvenue lentement et à contrecœur au cours de mes deux décennies de travail de rédactrice en chef. » Marcia Angeli, rédactrice en chef, New England Journal of Medecine, 2009

« La profession médicale est achetée par l’industrie pharmaceutique, non seulement en termes de pratique de la médecine, mais aussi en termes d’enseignement et de recherche. Les institutions académiques de ce pays se permettent d’être les agents rémunérés de l’industrie pharmaceutique. Je pense que c’est honteux. » Arnold Relman, rédacteur en chef, New England Journal of Medecine, 2002

« Certaines pratiques ont corrompu la recherche médicale, la production de connaissances médicales, la pratique de la médecine, la sécurité des médicaments et la surveillance du marketing pharmaceutique par la Food and Drug Administration. En conséquence, les praticiens peuvent penser qu’ils utilisent des informations fiables pour s’engager dans une pratique médicale saine tout en se basant en réalité sur des informations trompeuses et donc prescrire des médicaments qui sont inutiles ou nocifs pour les patients, ou plus coûteux que des médicaments équivalents.  Dans le même temps, les patients et le public peuvent croire que les organisations de défense des patients représentent efficacement leurs intérêts alors que ces organisations négligent en réalité leurs intérêts. » Institutional Corruption and the Pharmaceutical Policy, Edmond J. Saffra Center fr Ethics, Harvard University & Suffolk University, Law School Research Paper No. 13–25, 2014 (revised)

De plus…

Outre de tels enjeux de corruptions, l’usage de l’EBM doit nécessairement prendre en compte la dimension contextuelle de la décision. C’est également cette capacité-là qui participe d’un esprit critique. En effet, les résultats d’études contrôlées randomisées* sont toujours situés. C’est-à-dire directement liés à la prévalence* du phénomène dans la population étudiée (le Likelihood ratio, ou test de probabilité, se calcule à partir de la prévalence dans une population donnée du phénomène étudié. On a rarement les données pour toutes les situations éminemment variables en termes de prévalence d’un même phénomène, sauf (potentiellement) par le biais de méta-analyses qui nécessitent un temps, pour la recherche, encore plus considérable). Pour les populations impliquées dans les études elles-mêmes, cela peut concerner des biais de genre par exemple, et, ainsi, être sources de phénomènes de discriminations[note]. Ou encore, comme cela est rappelé dans le cadre de la recherche sur les vaccins, notamment pour la Covid 19, questionner l’extension d’une couverture vaccinale quant aux bénéfices/risques dépendant des populations à partir desquelles l’efficacité a été, au départ, étudiée…

Ceci vaut également pour la clinique, relativement au niveau décisionnel où l’on se trouve (première ligne des soins de santé ou référence hospitalière par exemple), la prévalence d’un phénomène étant directement dépendante du niveau de référence dans l’organisation de santé, les résultats d’un test ou de toutes décisions protocolarisées en seront influencés.

Ainsi, à l’instar du titre du film « Harry un ami qui vous veut du bien », l’EBM peut se révéler ce ‘faux-ami’ si on le prend tel qu’il se présente sous l’oripeau de la science ou en l’absence d’une contextualisation nécessaire de ses résultats. Prise en compte que les auteurs de l’EBM à l’origine préconisaient pour la compréhension des conclusions, par ailleurs.

Un retour à la figure 1 (introduction & guidance) nous rappelle que les données de la science appartiennent, en tant qu’objets, au jugement déterminant, mais n’exemptent pas le scientifique et praticien de son jugement réfléchissant. En effet, toute donnée est toujours produite dans un contexte qui possède ses enjeux. Ainsi, développer « une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine[note]» participe d’une nécessité éthique et d’une responsabilité sociale des facultés de médecine.

Comme le soulignent ces étudiants bien démunis une fois plongés dans la vie réelle « Il faut réchauffer ce savoir médical froid et statistique de l’EBM qui ne parle pas à l’esprit qui n’y baigne pas. ». C’est également ce que souligne Sebastian Rushworth dans son analyse accessible en ligne et intitulée : Dans quelle mesure les médecins comprennent-ils la probabilité[note]? dont l’extrait suivant en résume la substance : « Les facultés de médecine devraient réfléchir longuement aux implications de cette étude. Ce qu’elle me dit, c’est que l’éducation médicale a besoin d’une refonte massive, à égalité avec celle qui s’est produite il y a cent ans après le rapport Flexner. Nous n’envoyons pas de pilotes dans les airs sans nous assurer qu’ils ont une compréhension complète des outils qu’ils utilisent. Pourtant, c’est clairement ce que nous faisons en matière de médecine. »

Et, qui plus est, non seulement il s’agit de maitriser l’usage de l’EBM avec ses logiques probabilistes, mais il s’agit également, comme déjà souligné, de ne pas en faire l’unique principe de décision, mais bien un outil d’aide à la décision. C’est ce que souligne encore ce témoignage d’un médecin (anonymisé), glané sur la toile de cette époque covidienne :

« Là, où tout ceci apparaît totalement fou, c’est de préférer ne rien faire plutôt que de tenter une association de traitements précoces qui ne constitue JAMAIS une perte de chance pour un malade. La perte de chance avérée consiste à le renvoyer chez lui en lui disant de prendre du paracétamol et d’attendre que son cas s’aggrave. C’est ce que l’Histoire jugera…et peut-être la Justice. C’est ce qui effraie le plus tous ceux qui militent depuis le début contre toutes les formes de traitements précoces de la Covid. La situation se débloquera forcément en faveur de traitements précoces non seulement existants mais à venir. Ces traitements concerneront non seulement l’aspect antiviral mais l’ensemble de cette maladie caractérisée par son syndrome inflammatoire et thrombogène qui évolue indépendamment de la charge virale. (…) Se gargariser avec des mots creux et surinterpréter la notion d’EBM ne fait pas la science. ‘Merci’ également aux amoureux éperdus de la science de limiter leurs prescriptions aux seuls traitements validés par des études randomisées en double aveugle. Pour info les réanimateurs (dont je suis) ont introduit avec succès dans le traitement des états graves dus au Covid-19 : des antibiotiques ; des anticoagulants ; des corticoïdes. Et ceci sans référence à des études RCT (randomisées et contrôlées) mais à partir de leurs connaissances et de leurs observations… »

C’est le rôle de ces institutions de formation médicale, dans cette crise sanitaire, qui est abordé, de façon introductive, dans notre première carte blanche. Entre savoirs et compétences, il est grand temps d’équilibrer le balancier pour qui souhaite qu’une formation participe d’un développement professionnel et stimule ce qui se nomme en éthique : le professionnalisme.

Poursuivons avec notre première carte blanche en ligne :

Le rôle de la formation des médecins et de l’épistémologie médicale dans la crise de la Covid 19 — Kairos (kairospresse.be)

CARTE BLANCHE 2 : Covid 19 : Principe de précaution ou « risque du blâme » ?

Texte liminaire

De l’importance du contexte

Le principe de précaution mobilisé dans des décisions sanitaires et des stratégies de santé publique se doit d’être différencié, comme nous le développons dans cette carte blanche, de l’usage de l’EBM d’une part et du critère de coût-bénéfice-risque de l’autre. Par ailleurs son usage requiert un ancrage : la situation réelle !

Celle-ci nécessite un contexte particulier, correctement documenté. Comme l’adage populaire le dit, et les statistiques pour le coup devraient s’y retrouver : « On ne compare pas des pommes et des poires. ». L’Inde n’est pas la Belgique et le Temps T0 d’une pandémie, n’est pas le temps T1, T2 ou T3 de cette même situation pandémique. De là, l’importance de tenir compte du contexte (spatio-temporel) et, surtout, de le connaître sur une base démocratique et partagée (relation patient-partenaire, communautaire ou nationale)

« En effet, si le confinement fut décidé par crainte d’une saturation accélérée des services de réanimation, il visait également la protection des personnes âgées, les plus fatalement vulnérables au virus. C’est à cette fin que l’on ferma les Ehpad qui, déjà contaminés et souvent privés de tout – protections, tests de dépistage, infirmiers, médecins– se transformèrent, en bien des endroits, en incubateur de virus et en accélérateur de mort ; le confinement se révéla pour nombre de résidents le plus sûr moyen de mourir. Les projecteurs politiques et sanitaires étant braqués sur les urgences hospitalières, la clôture des maisons de retraite alla de pair avec la mise au secret de la mort ; personne ne put y mettre son nez pour savoir ce qui s’y passait ou tout simplement pour aider. : confiner ou protéger ? »

« De l’importance du contexte », c’est également connaître ses communautés, leurs environnements de vie et leurs facteurs de vulnérabilité. Cela participe d’une pensée complexe, évitant la dérive simpliste offerte notamment par des stratégies de généralisation.

En l’absence d’une attention au contexte et, surtout, d’une intention réelle de le considérer, on a pu voir fleurir tout au long de cette crise, un usage immodéré de l’argumentation ad hominem. De quoi s’agit-il ?

L’argumentation ad hominem désigne un argument de rhétorique qui consiste à confondre un adversaire en lui opposant ses propres paroles ou ses propres actes. Son usage fréquent par les médias dans la crise sanitaire a mis en défaut politiciens, scientifiques, praticiens et acteurs de terrains, participant ainsi grandement à la confusion générale.

Cet exercice rhétorique a été déployé en ce qui concerne le port du masque, le traitement contre la Covid, la vaccination, etc. Il a ainsi amené la population à attendre de chacun des protagonistes un point de vue binaire, pour ou contre (tel un vote en politique), et qui, surtout, doit se maintenir constant dans la durée (sinon on perdrait l’estime de l’audimat), comme un gage de la bonne foi de son auteur.

Cependant une telle argumentation a favorisé le glissement vers une attaque ad personam ou un argumentum ad personam (manœuvre déloyale visant à discréditer directement son adversaire en tant que personne). En outre, menée à si grande échelle dans les médias, elle n’a pas permis (ou du moins a fortement freiné) l’émergence d’une réflexion critique, systématique, à propos de l’importance d’un jugement situé ou en contexte (autant scientifique, politique, que sanitaire).

Chaque décision s’ancre dans un contexte toujours particulier qui devrait faire naitre une série de questions permettant de juger de sa pertinence (populations, prévalence, efficacité, risques engagés, ressources multiples, stratégies alternatives, nouvelles données, enjeux etc.). Cette démarche rejoint un critère (plutôt un ratio) sur lequel nous revenons dans cette carte blanche, celui du coût-bénéfice ou du risque. Elle converge également vers la réflexion sur l’usage du principe de précaution.

Développer sa capacité de jugement réfléchissant c’est, aussi, développer sa capacité de faire volte-face et de modifier son point de vue quand le contexte change (capacité adaptative) ou, encore s’il n’a pas été pris en considération correctement ou si de nouvelles données apparaissent. Une telle manière d’agir ne peut se faire que dans la transparence politique totale sous-tendue majoritairement par un rapport de confiance avec la population (ou avec son patient dans le cas de la relation de soins), comme ce fut le cas à certains moments de cette crise dans des contextes culturels, tels ceux de la Suède. Cette prise de conscience peut se réaliser notamment à la suite de l’écoute active[note] d’autres points de vue, en provenance de regards différents, qui viennent ouvrir le contexte et la problématique. À ce titre, le jugement réfléchissant nécessite de développer des habilités émotionnelles afin de faciliter le conflit cognitif, c’est-à-dire la capacité à se remettre en question, à bousculer ses croyances et à partager tout haut ses doutes, ses erreurs. Il s’agit d’un des sujets que nous développons dans la carte blanche 4 centrée sur le rôle des émotions dans la prise de décision notamment.

En agissant ainsi on ne relativise pas la situation, mais bien nos propres points de vue !

Une telle attitude est essentielle, afin d’éviter la perte d’efficience et d’efficacité des mesures et d’avoir des stratégies de santé publique responsable, sauf à considérer que l’incompétence se maintient, ou que d’autres enjeux que la santé des populations, guident les décisions. Le témoignage qui suit, glané sur un réseau, complète cette introduction à notre seconde carte blanche :

« Baser une politique de soins commune à l’ensemble de la population n’a aucun sens en médecine qui s’est toujours évertuée à développer une politique de santé adaptée à chaque individu ou groupe d’individus.

On ne fait pas des colonoscopies à l’ensemble de la population au nom d’une solidarité générationnelle mais aux personnes à partir de 50 ans et aux personnes ayant une prédisposition génétique (même si des diagnostics de cancer du côlon sont également faits sur des patients n’émergeant pas à cette population cible parce que statistiquement peu fréquents). La médecine, pour mettre en place des procédures, se base sur le bénéfice-risque-coût et sur la proportionnalité des mesures à prendre par rapport à la cause. Manifestement, ces notions sont totalement étrangères à nos politiques et leurs conseillers qui préfèrent le principe de précaution ou technique dite du parapluie.

La population à risque est connue depuis juin, la prévention aurait dû se focaliser uniquement sur cette population en lui permettant d’avoir des masques de qualité professionnelle, ainsi qu’une information dédiée afin de lui expliquer comment éviter les situations dangereuses en attendant le vaccin qui ne concerne d’ailleurs que cette population à risque. Les autres auraient dû pouvoir vivre leur vie normalement. Une stratégie ciblée basée sur la bienveillance, l’empathie et la pédagogie a plus de chance de fonctionner qu’une stratégie imposée à tous, basée sur l’autoritarisme, la violence, la délation et la peur. »

Poursuivons cette réflexion avec notre seconde carte blanche en ligne :

Covid 19 : Principe de précaution ou « risque du blâme » ? — Kairos (kairospresse.be)

CARTE BLANCHE 3 : Globalité, partenariat, autonomie en santé. Quand l’urgence balaie tout, mais révèle l’essentiel !

Texte liminaire

« Bonjour, moi je vis en Espagne, j’ai eu le Covid en janvier et comme toujours on m’a dit de rentrer à la maison et d’attendre en prenant de l’ibuprofène.

Après une semaine j’ai dû être hospitalisée et là on m’a donné de la Dexaméthasone. Après 3 jours je me sentais mieux et après 1 semaine j’ai pu rentrer à la maison un peu affaiblie mais c’est tout.

Pourquoi ne soigne-t-on pas les malades directement ?? Cela éviterait l’engorgement des hôpitaux !

C’est incompréhensible !! »

Ce témoignage glané sur un réseau restera, en effet, avec d’autres, de l’ordre de l’incompréhensible, sauf analyse critique et lucide de ce qui est en jeu, inconsciemment ou non, dans cette crise sanitaire.

En effet, comment comprendre sur un plan rationnel, en lien avec les théories sur l’organisation des systèmes de santé en santé publique, une telle absence de soins en première ligne ? Au-delà même des traitements précoces sur lesquels nous revenons dans cette carte blanche, c’est d’un renforcement structurel de la base, avec une ligne de soins ambulatoires améliorés auquel on aurait pu s’attendre (tel l’ajout du suivi de la saturation en oxygène ; la mise en place de protocoles incluant des anticoagulants et des corticoïdes…)

Le témoignage suivant, proposé en introduction à cette troisième carte blanche, vient renforcer la problématique rencontrée au niveau du système de santé, quand sa première ligne est, ainsi, empêchée de travailler correctement.

Quand le jugement réfléchissant est interdit

« Hier j’ai dû passer voir une patiente que j’ai dû placer dans une maison de repos et de soins. J’ai adapté le traitement pour ma patiente et, avant de partir, l’infirmière m’a remis une feuille pour signaler si ma patiente devrait prendre le “vaccin anti-Covid” ou pas. […].

Seulement, en dessous, il n’y avait qu’une seule case à remplir :  une case pour dire, d’une manière générale, que je donnais mon accord pour la vaccination anti-SARS-CoV‑2 de mes patients. J’avais l’impression de me trouver dans un choix offert sous un régime totalitaire, où il n’y avait qu’une seule manière de voter. […].

C’est surtout cette dernière phrase qui a suscité discussions et inquiétude chez les infirmiers qui avaient vu le message, car dans ce Home de Repos et de Soins on vaccinait les personnes qui avaient eu le Coronavirus autant que celles qui ne l’avaient pas eu. Il y a en fait très peu de recul expérimental pour affirmer si les patients qui avaient déjà fait le Covid-19 étaient plus à risque ou non de développer des effets secondaires : ce qu’on peut raisonnablement dire, c’est que le ratio-bénéfice /risque est nettement moins en faveur de la vaccination de ces personnes (car elles ont déjà une immunité naturelle), et qu’il y a plus de risques de créer un état douloureux d’inflammation iatrogène chez les personnes qui ont récemment fait la maladie »[note]

Dans ces témoignages on observe l’écrasement du jugement réfléchissant par le seul jugement déterminant, et l’exacerbation d’un fétichisme du discours, uniquement centré sur le résultat (l’attente de la preuve de l’efficacité), permettant de nier le processus effectivement vécu par les personnes (patients & malades) concernées. Cette attitude faisant fi de la temporalité du réel, sautant du temps T0 au temps T1 comme dans un jeu vidéo où seul le virtuel compte ; le réel, la temporalité vécue, semblant bien obsolètes.

De même que la situation particulière, la spatialité propre au patient, c’est-à-dire son espace à lui, dans lequel il se meut et vit, semble également être obsolète, le hic et nunc appartenant au Sujet est évanescent…et se perd sous les sables.

D’où l’intérêt de revenir régulièrement sur le jugement réfléchissant, en le confrontant au jugement déterminant, car en se fondant sur l’ici et maintenant, il a valeur en soi.  Il tient compte de l’immédiateté du réel, il ne le fait pas disparaître, et cela envers et contre tout formalisme et règles imposées, pour autant que cette capacité au jugement réfléchissant soit suffisamment intégrée, ancrée dans sa pratique.

Le jugement réfléchissant peut être mis en relation comme Kant l’avait envisagé avec la phronesis (chez les Grecs) ou la prudencia (en latin).

Les fondements du principe du Primum non nocere de la médecine selon Hippocrate se basent sur la phronesis. La faculté de juger dans la « Critique de la raison pratique » chez Kant s’appuie essentiellement sur le jugement réfléchissant.

Aucune pratique ne peut échapper au jugement réfléchissant, sauf à en nier radicalement la dimension globale, contextuelle et située. Ce qui équivaudrait à un déni de réalité.

C’est ce qui a pourtant bien été imposé durant cette crise de la Covid 19 à un grand nombre de soignants, comme nous le développons dans cette prochaine carte blanche.

Mais avant d’y arriver, nous rappelons, par le biais de ces paroles d’étudiants, qu’une structuration de nos « agirs » s’élabore toujours dans un temps long, celui de nos formatages scolaires, académiques et institutionnels : « La dernière réflexion touche à l’individualité des spécialistes. Nous trouvons qu’il est crucial, dans notre métier, d’oser demander l’avis de ses pairs. Il est dommageable que certains collègues éprouvent un grand mal à demander des conseils auprès d’autres intervenants plus spécialisés en fonction d’un cas/d’une pathologie. Cet état de fait étant peut-être causé par la peur de certains pratiquants de se dévaloriser aux yeux de leurs confrères. Les médecins généralistes, par exemple, ont, dans la prise en charge et le suivi global de leurs patients, l’habitude de référer ceux-ci à des spécialistes. Mais il est courant de constater un non-retour d’information de la part de ces derniers. Cela est une entrave à une multidisciplinarité nécessaire dans le cadre d’un suivi optimal. Nous imaginons donc, que du point de vue des spécialistes, au fur et à mesure des années de boulot et d’un suivi moins rapproché de chaque patient, les réflexes sociaux se perdent. »

Certains chapitres des ouvrages suivants dédiés à la formation médicale, d’une part « Penser la formation des professionnels de la santé. Une perspective intégrative », et, d’autre part « Comment élaborer et analyser un référentiel de compétences en santé », abordent très explicitement les enjeux d’une professionnalisation liée à la capacité de travailler en réseau et en interdisciplinarité :

L’éclairage des théories du conflit intergroupes pour penser et mettre en œuvre l’interprofessionnalité en santé[note];Développer des dynamiques d’apprentissage organisationnel au sein des organisations de santé[note];La perspective du patient partenaire : une nécessité pour le futur en éducation des sciences de la santé[note];Organiser la cohérence de la transposition pédagogique au regard de l’ingénierie de projet (processus et interactions des acteurs)[note].

Voyons comment la crise de la Covid est venue rencontrer un système de santé défaillant dans sa capacité d’intelligence collective, en prolongeant notre réflexion avec notre troisième carte blanche en ligne :

Globalité, partenariat, autonomie en santé. Quand l’urgence balaie tout, mais révèle l’essentiel ! — Kairos (kairospresse.be)

CARTE BLANCHE 4 : Crise de la Covid et intelligence émotionnelle : le maillon manquant

Texte liminaire

Témoignage anonymisé d’un médecin généraliste :

« À l’étape ultime de la maladie, celle de l’éventualité de la mort, il est encore plus interpellant de constater que, pour les patients âgés de plus de 70 ans, les consignes émanant des autorités scientifiques (SSMG : Société Scientifique de Médecine Générale) font coexister :

-        D’une part le principe de précaution de ne pas utiliser l’Hydroxychloroquine et l’Azithromycine aux motifs de leur non-efficacité présumée et de leurs possibles effets secondaires ;

-        D’autre part, la possibilité de contourner la loi régissant l’euthanasie, dès l’apparition d’un seul signe de gravité, par un protocole pudiquement dénommé sur le site de la SSMG : « Prise en charge palliative de la détresse respiratoire : protocole thérapeutique ». Ce protocole consiste à utiliser la Morphine, le Valium, la Scopolamine et le Primpéran. Chacune de ces molécules présentant l’effet secondaire bien connu de déprimer le centre nerveux de la respiration.

S’il peut sembler compréhensible d’avoir recours à cette approche compassionnelle lorsqu’un patient est en fin de vie sans aucune possibilité thérapeutique, c’est un immense paradoxe de déconseiller un éventuel traitement (en usage pour d’autres pathologies) à cause de ses potentiels effets secondaires tout en préconisant des molécules assez dangereuses avec l’intention (non avouée) d’accélérer le décès des patients qui aboutissent à la détresse respiratoire sans qu’aucun traitement n’ait été tenté. 

Chaque médecin agit évidemment en son âme et conscience en fonction du projet de fin de vie préalablement établi par la personne âgée ou sa famille mais il semble légitime de se demander quel est le nombre de médecins qui n’ont pas perçu ce paradoxe et ont accepté l’impuissance qui leur était recommandée/imposée par leurs autorités scientifiques.[note]»

Le risque de se faire littéralement engloutir, consciemment ou inconsciemment, par de telles prérogatives se joue sur deux plans. L’un, personnel, quant au conflit de loyauté, tel que tout processus manipulatoire peut nous y embarquer. L’autre, professionnel, afin de respecter l’engagement des patients que nous soignons. Seule une âme bien faite plutôt qu’une âme bien pleine déjouera ce double écueil. 

C’est là que la pensée de Montaigne : « J’aime mieux forger mon âme que la meubler » devient incontournable…et que de telles capacités de forgeron ne peuvent s’exempter de compétences émotionnelles[note]. Ceci d’autant plus la prévalence des problématiques multiples de santé mentale que le médecin sera amené à gérer[note].

De même que d’intuition.

Telle celle que l’on relève par le biais d’un personnage énigmatique, dans le film datant de 1988 de Krzysztof Kieślowski : « Le Décalogue 1 : Un seul Dieu tu adoreras ». Le réalisateur y montre la complexité et l’aspect parfois paradoxal du rapport à la loi, ici à celle des mathématiques, dans les situations tirées de la réalité. Ainsi le sort de cet enfant, patinant sur un lac gelé dont la glace se rompt le précipitant dans l’eau froide et mortifère alors que les statistiques, et son père, professeur d’université, qu’il admirait, avaient prédit avec certitude l’absence absolue de risque. 

C’est à une telle réflexion que cette prochaine carte blanche nous invite.

Et nous sommes, par ailleurs, enthousiastes de découvrir que la revue Pratiques dont le numéro 93 concomitant de cet essai, s’intitulant « Peut-on soigner sans toucher ni être touché »[note], se lance également dans la radio avec l’émission « Les voies de la médecine utopique ». C’est, en effet, à certains égards, à une forme d’Utopie que nous vous invitons à partir de maintenant et dans la suite de ces cartes blanches… 

En effet, et à nouveau, comme nous le rappellent les étudiants en médecine, c’est bien d’utopie que l’on parle car il s’agit de changements en profondeur qui sont souhaités. Des changements qui ont un impact non pas seulement sur l’objet devant soi, mais sur Soi : « Il serait intéressant aussi de travailler sur le tabou toujours présent autour de la santé mentale : quelqu’un souffrant par exemple de stress, de dépression, en a souvent honte et craint d’être perçu comme faible. L’idée comme quoi il faut être fou pour consulter un psychiatre voire un psychologue, est encore bien répandue, ce qui freine les patients dans leur bonne prise en charge et dans leur guérison. » …et ce tabou est déjà bien présent au sein du monde médical lui-même, avec les conséquences qui vont de pair avec un tel déni de réalité. Examinons cela avec la crise de la Covid, en élargissant nos considérations avec notre quatrième carte blanche en ligne :

Crise de la Covid et intelligence émotionnelle : le maillon manquant — Kairos (kairospresse.be)

CARTE BLANCHE 5 : De l’âme végétative par temps de Covid

Texte liminaire

« Comme le rappelle Richard Horton, rédacteur en chef du journal médical britannique The Lancet, le Covid-19 n’est pas qu’une pandémie infectieuse. Il s’agit avant tout d’une syndémie, où les interactions entre maladie infectieuse, pathologies non transmissibles et âge se potentialisent, aggravant les symptômes et le pronostic de l’infection. La prévalence et la gravité de la pandémie de Covid-19 se voient donc amplifiées en raison des épidémies préexistantes de maladies chroniques, lesquelles sont elles-mêmes socialement distribuées. En effet, ces maladies non transmissibles se répartissent dans la population selon un gradient social : leur prévalence augmente à mesure que le capital économique et social des individus diminue. Ce gradient social illustre également la notion de syndémie : les populations fragiles économiquement et cumulant les comorbidités sont celles ayant payé le plus lourd tribut au Covid-19 et à sa gestion. [note]» L’article « Quand la réponse mondiale à la pandémie de COVID-19 se fait sans la promotion de la santé[note] » insiste également sur cette notion de syndémie absente d’une vision stratégique globale propre à la santé publique, quand celle-ci participe des principes de la promotion de la santé.

Ainsi, certains médecins de terrain ayant l’habitude, déjà en amont de l’infection virale, d’axer leur pratique sur les moyens de préserver la santé des patients tout autant que sur les moyens de les guérir, abordent l’arrivée de ce virus par des réflexions visant la prévention et la promotion de la santé. Ils peuvent s’appuyer sur leurs réflexes et leurs connaissances ancrés dans leur pratique afin d’essayer d’améliorer les capacités ‑ou ressources- des patients à réagir de manière efficace face à n’importe quelle maladie ou virose.

« L’approche exclusivement matérialiste du vivant nous conduit insidieusement à l’affaiblissement du potentiel vital de toutes les formes de vie sur la planète, voire leur disparition pure et simple, par effondrement des systèmes immunitaires, chez les humains, les animaux ou les végétaux »[note]

Ceci est vrai pour les médecins ayant développé une pratique plus globale de leur médecine. Ce qui est loin d’être un chemin aisé tant ce qui encourage l’ouverture à de telles potentialités n’est pas favorisé, ainsi qu’en atteste ce témoignage (anonymisé) d’une étudiante en médecine : « Pendant mon stage de médecine générale, une des médecins avait rentré son dossier pour devenir maître de stage et cela avait bloqué à cause du fait qu’elle suivait une formation en nutrition. Finalement, cela a été accepté à condition que ce qui était appris en formation ne soit pas enseigné aux étudiants durant les stages… ». Et une formatrice en compétences émotionnelles pour les maîtres de stage d’ajouter (témoignage anonymisé) : « Oui, je sais. J’ai eu plein d’autres témoignages similaires quand je suis intervenue dans la formation des maîtres de stage. C’est tout à fait vrai. ».

Un tel constat est d’autant plus décadent (dans le sens d’un écart indécent entre les connaissances et l’agir) que l’avancée de la science montre et démontre de nouveaux savoirs relatifs à l’importance d’une nutrition adéquate, informations parfois relayées par la presse grand public comme le signifie cet extrait d’une émission de la RTBF, chaîne publique belge, sur l’enjeu du microbiote[note] : « Le microbiote a un rôle très vaste et général. Tout simplement parce qu’il est en étroite relation avec notre système immunitaire, qui se trouve là en grande partie (70% des cellules immunitaires sont au niveau intestinal). Et bien sûr, notre immunité, c’est notre grand garant de la santé. Il ne faut pas trop l’activer car sinon ça fait des maladies chroniques, il faut qu’il le soit suffisamment sinon on tombe malade tout le temps, et il faut qu’il fonctionne correctement pour qu’il ne se retourne pas contre nos propres cellules, c’est alors une maladie auto-immune. Donc dans tous les cas, il est important. Les maladies métaboliques comme le diabète ou l’obésité, les cancers, les maladies neurodégénératives, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les maladies auto-immunes, les dépressions, et même des choses comme l’ostéoporose…

Toutes les maladies ont de près ou de loin un lien avec le microbiote. »

Rompre excessivement avec nos ressources propres en faveur d’un tout chimique, physique et technique apparait, pour le moins, comme un manque d’ancrage au réel, au corps et au présent.

Quel chantier en aval à nouveau !

Etant intrinsèquement reliés au vivant, tout comme ce virus que nous essayons de combattre, nous devrions plutôt essayer d’écouter ce qu’il nous apprend…

Et c’est peut-être justement ce rôle de prévention et de promotion de la santé qui serait l’apprentissage le plus fondamental de cette crise sur le plan d’une médecine globale (prenant en compte toutes les dimensions sociales et de santé de l’être humain et des services sociaux et de santé correspondants), voire holistique (intégrant une reliance plus profonde de la personne et entre la personne et la Nature), amenant à une rupture de paradigme* dans l’enseignement médical, trop exclusivement axé sur le seul domaine curatif. Et ceci afin que la définition de la santé de l’OMS puisse, un jour, s’opérationnaliser concrètement…et ne reste pas un vain discours, ou, in fine, un outil de confusion.

C’est à une telle perspective réflexive sur notre crise de la Covid 19 que nous vous invitons avec cette cinquième carte blanche en ligne :

De l’âme végétative par temps de Covid — Kairos (kairospresse.be)

CARTE BLANCHE 6 : Danser avec la Covid

Texte liminaire

L’Art est connaissance pour reprendre ici une idée de Nietzsche. L’Art n’est pas quelque chose qui viendrait se rajouter au monde tel que nous le connaissons par notre intelligence et qui serait une forme de décoration de ce monde, un adjuvant, une manière d’embellir notre monde. C’est également une expérience, une connaissance du monde qui met en œuvre notre intuition et donc de ce point de vue-là, nous avons cette autre faculté par laquelle nous connaissons le réel, cette autre faculté par laquelle nous nous donnons une expérience autre. Et toute notre entreprise humaine c’est de devenir des humains achevés complets qui marchons sur nos deux jambes, c’est-à-dire qui avons l’expérience intelligente du monde et également l’expérience intuitive de la réalité. Et là nous mettons fin au drame ou à la tragédie et nous devenons les humains complets qu’il est de notre tâche de faire advenir.

Souleymane Bachir Diagne

« Il y a ceux qui veulent mourir un jour de pluieEt d’autres en plein soleilIl y a ceux qui veulent mourir seuls dans un litTranquilles dans leur sommeil

Moi je veux mourir sur scèneDevant les projecteursOui, je veux mourir sur scèneLe cœur ouvert tout en couleursMourir sans la moindre peineAu dernier rendez-vousMoi je veux mourir sur scèneEn chantant jusqu’au bout[note] »

« La « poétique », plus que tous les autres savoirs, il a fallu la déraciner une fois pour toutes ». Cette phrase reprise à Nancy Huston dans son livre « Âmes et corps [note]» reflète cette intelligence intuitive, émotionnelle, reliante dont l’explication par le comment et le pourquoi, réduit la portée.

Et néanmoins il s’agit bien de savoirs comme elle le précise. Dans notre perspective, ces savoirs font référence à des ressources personnelles ‑capacités, facultés, aptitudes- permettant cette ouverture à l’imaginaire, au symbolique, à la narration, à l’expression créatrice. Et d’autant plus, ou d’autant mieux que cette dernière s’émancipera des conventions et des normes, au sein desquelles le milieu artistique, rattrapé par l’académisme, tout comme le milieu scientifique, peuvent s’enfermer voire se réduire, enserrant le nœud de Möbius dans une boucle toujours plus étroite dans le sens d’un devenir qui s’appauvrit plutôt que de s’ouvrir.

Car, faut-il le préciser, une personne peut avoir fait 10 ans d’études sans avoir ni bon sens, ni esprit critique, ni curiosité intellectuelle. Il s’agit de rappeler qu’instruction ne doit pas être confondu avec intelligence. Et l’intelligence est avant tout globale, pleine, de toutes nos ressources, autant cognitives qu’émotionnelles.

Développons notre perspective par le biais de la lecture de notre carte blanche suivante, qui en appelle à nos capacités imaginatives et créatrices pour mieux faire face à la prochaine crise sanitaire.

Ou encore autrement. En favorisant la capacité à observer et interagir, comme on peut l’apprendre dans certains cours de théâtre. Notre empressement à juger de ce qui est bien et de ce qui est mal brouille nos observations. Pourtant, peu de choses sont plus importantes, plus inspirantes (et plus délaissées) que l’observation. Savoir observer, et surtout s’observer, s’apprend. C’est même l’une des plus hautes formes de l’intelligence. De même qu’interagir signifie commencer par faire interagir les trois cerveaux : tête, cœur et tripes !

Et, comme aucun certificat sanitaire n’est nécessaire pour franchir ensemble les frontières de l’imaginaire, procédons avec notre nouvelle carte blanche en ligne :

Danser avec la Covid — Kairos (kairospresse.be)

CARTE BLANCHE 7 : Spiritualité, individuation et médecine : le Kairos covidien

Texte liminaire

« Mais est-ce le lac, est-ce l’œil qui contemple le mieux ? Le lac, l’étang, l’eau dormante nous arrête vers son bord. Il dit au vouloir : tu n’iras pas plus loin ; tu es rendu au devoir de regarder les choses lointaines, dès au-delà ! Tandis que tu courais, quelque chose ici, déjà, regardait. Le lac est un grand œil tranquille. Le lac prend toute la lumière et en fait un monde. Par lui, déjà, le monde est contemplé, le monde est représenté. Lui aussi peut dire : le monde est ma représentation.[note]»

C’est à un renversement radical de perspective auquel nous invitons notre lecteur tout au long de ces textes. Cette dernière carte blanche lui suggère plus particulièrement de quitter le monde de notre seule représentation afin de l’agrandir à un réel auquel nos propres sens peuvent nous donner accès. Une telle démarche est d’autant plus cruciale aujourd’hui, qu’il s’agit d’« apprendre à prier à l’ère de la technique » citant le très beau livre de Gonçalo M. Tavares, professeur d’épistémologie et figure importante de la littérature contemporaine portugaise. C’est que l’urgence est palpable et non plus seulement celle de la salle d’opération comme semble le dire cet extrait de la quatrième de couverture de son livre :

« Le chirurgien Lenz Buchmann n’est pas un homme bon. Dans son monde, la maladie est une anarchie cellulaire, le bistouri une arme. La compassion est un sentiment superflu. Avide de pouvoir et de combats, il abandonne la médecine pour la politique. Son crédo : ne jamais perdre le contrôle, refuser l’irrationnel. Rester fort quoi qu’il en coûte. La peur est illégale. »

L’urgence serait ici de se défaire du « mirage de la certitude », citant, en écho au livre de Tavares, celui de Siri Hudsvedt[note]déjà mobilisé dans notre carte blanche 5.

Seule voie possible, un chemin d’individuation ‑de subjectivation- toujours incertain et qui passe par le « comprendre son agir pour comprendre ce que l’on est » permettant de redonner « la légèreté de la pesanteur à l’homme sans gravité », comme cette prochaine carte blanche nous y engage afin d’éviter l’impasse d’Œdipe…

« L’épisode du Sphinx possède une singulière profondeur qui en fait peut-être le centre, le nœud de toute l’histoire. Car Œdipe ne connait rien de lui-même, ni son origine, ni même son nom (œdipe est un sobriquet). Tous les hommes savent répondre aux plus faciles des questions : qui suis-je ? Comment est-ce que je m’appelle ? Qui sont mes parents ? Œdipe, lui, ne le sait pas… Mais aucun homme avant lui n’avait su résoudre l’énigme du Sphinx, dont la réponse est justement, l’homme. Donc, là où chacun connaît sa singularité (qui je suis, moi), mais non le concept (l’homme), pour Œdipe, c’est l’inverse : aveuglement absolu sur la singularité de son moi, mais clairvoyance unique sur le concept générique. Manière aussi de signifier que cette connaissance par concept ne donne rien si le savoir immédiat de soi n’est pas présent. »

Ce dernier texte vient conclure en quelque sorte nos 7 cartes blanches. Parmi le nombre infini de sens donnés au chiffre 7, nous choisissons une signification qui est cependant chargée d’une certaine anxiété car elle indique le passage du connu à l’inconnu : un cycle s’est accompli, quel sera le suivant[note]?

Si chacune de ces cartes blanches a représenté, à sa manière, un temps d’investigation, un Chronos véritable, dans une durée nécessaire pour justement comprendre, s’engager est un autre temps.

C’est le temps du Kairos !

Celui de quitter la seule représentation du monde et apprendre à Vivre.

« Les étoiles, on ne les désire pas ; on ne peut que se réjouir de leur splendeur. »

Goethe

Poursuivons cette ouverture avec notre dernière carte blanche en ligne :

Spiritualité, individuation et médecine : le Kairos covidien — Kairos (kairospresse.be)

ISHAH[note] Florence Parent

Discussion[note]

« Oui, mais, » — comme le soutiennent encore de nombreuses personnes — « sans mesures, le désastre aurait été encore plus grand ! ». S’il est inutile de vouloir convaincre, cela est une gageure ‑intellectuelle -, il est maintenant clair que l’épistémologie dans laquelle on se sera construit et le degré d’ouverture aux savoirs qu’on se sera offert dans la vie vont, tous deux, déterminer fondamentalement notre façon de ressentir, gérer, réagir, comprendre, ou d’agir dans cette crise.

À l’inverse, le constat – au moment d’écrire ce texte — d’une année entière à tenter de faire face à l’incertitude par les chiffres et à assister à l’aggravation globale de cette même incertitude pourrait, lui, faire l’unanimité.

Le chaos est à son comble, permettant, dans la confusion qui l’accompagne, à la mécanique du triangle de Karpman[note] de beaux restes, par l’usage immodéré qu’en font les « experts », médias ou politiciens les plus accomplis, ou habiles, en la matière.

En effet, les premières études émergeant début 2021 ont confirmé d’une part, les souffrances psychologiques[note],[note] ainsi que de nombreux autres « dégâts collatéraux » sur divers plans[note]. De l’autre, elles ont établi l’inutilité ou la très faible efficacité des mesures de confinement[note]. Parallèlement, des lettres et cartes blanches [note] de plus en plus ouvertes aux responsables, illustrant des avis très critiques sur la gouvernance elle-même sont apparues dans des journaux dits « mainstream » et non plus seulement à travers des médias alternatifs[note],[note]. Face à ces constats, le déni est le plus fréquemment rencontré, se manifestant parfois et paradoxalement par une attitude ‘bienveillante’ ou se voulant à l’’écoute’ parmi les plus dogmatiques de ces « experts » ou politiciens ayant favorisé ces mêmes logiques d’enfermements, et ceci dans la dissonance cognitive[note] la plus totale. En d’autres termes, ils affichent un « air de rien » ou une direction « avec le vent qui tourne » passant du T0 au T1 sans considération de leurs soldats tombés, sous diverses formes (aussi psychiques, économiques, sociales…) sur le champ de bataille. Serions-nous si facilement « remplaçables »[note] ?

Parmi les soldats tombés à ce front, on notera la proximité inédite entre générations éloignées, celle des grands-parents et des jeunes, dont témoigne ce père d’adolescente qui s’est suicidée à l’aube de ses 18 ans[note], faisant songer à d’autres champs de bataille « Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut »[note]

À la dissonance cognitive susmentionnée, voire carrément au déni[note], aux biais de confirmation et aux biais cognitifs[note] assez communs de la part d’autorités « immatures »[note], se sont ajoutés nombre d’autres mécanismes de la psychologie sociale nettement plus tendancieux en matière de démocratie (et de débats contradictoires) sur un plan social et sociétal. Outre une communication assez infantilisante autour d’une gestion du confinement de type « comportements – récompenses » proche d’une logique behaviouriste de type « stimulus-réponses » (que nous documentons un peu plus dans une note de bas de page, incluant le rôle de certains milieux universitaires, dont celui de la psychologie sociale[note]), nous avons déjà fait allusion à la censure des médias.

Cependant, par une sorte d’amplification, peut-être propre à notre modernité tant médiatisée, numérisée et en réseau, un phénomène de discrimination a envahi toutes les couches de la population[note]. La logique politico-médiatique du « pro-ou-contre » a permis que les personnes les plus avisées, celles ayant essayé de comprendre par une pensée complexe et analytique les enjeux plus globaux de la situation, soient systématiquement taxées de « complotistes » ou d’autres termes stigmates[note].

« Il y a le stigmate d’infamie, telle la fleur de lys gravée au fer rouge sur l’épaule des galériens. Il y a les stigmates sacrés qui frappent les mystiques. Il y a les stigmates que laissent la maladie ou l’accident. Il y a les stigmates de l’alcoolisme et ceux qu’inflige l’emploi de drogues. Il y a la peau du Noir, l’étoile du Juif, les façons de l’homosexuel. Il y a enfin le dossier de police du militant et, plus généralement, ce que l’on sait de quelqu’un qui a fait ou été quelque chose, et « ces gens-là, vous savez… ».

Le point commun de tout cela ? Marquer une différence et assigner une place (…).

« Fort d’une cinquantaine d’années de carrière comme biologiste et virologue, Bernard Rentier, aujourd’hui retraité, scrute les chiffres du Covid-19 et épluche les articles scientifiques. L’ancien recteur de l’Université de Liège se dit usé d’entendre les discours anxiogènes de certains experts de la santé. Heurté d’avoir été qualifié de « rassuriste » et même de « marchand de déni » lors de la deuxième vague, le septuagénaire maintient qu’une autre approche de l’épidémie est possible »[note].

‌Le processus du “préjudice social”.

‌ « Selon le sociologue et professeur à Rennes 2, Stéphane Héas, coauteur du livre ”Les porteurs de stigmates”, “ce phénomène constitue un élément du processus appelé ‘préjudice social’ qui aboutit à des violences aux personnes ‑jusqu’au meurtre, en passant par des intimidations, des insultes.”

Le processus est connu depuis des décennies, assure-t-il, que ce soit “en histoire, en sociologie, en psychologie”. Et il est cumulatif. “Les personnes qui subissent ce processus vont souvent être accablées d’autres reproches, plus ou moins logiques, parfois complètement irrationnels, mais avec des effets très concrets d’exclusion et d’évitement. Ces personnes peuvent alors être considérées comme peu précautionneuses, voire ‘sales’ parce qu’au contact de personnes supposées sales ou infectées. Par conséquent, à éviter, voire pour les cas les plus violents à éloigner ou à détruire[note].” ».

Face à la propagande[note] vaccinale qui bat son plein au moment de l’écriture de ce texte le cœur même des troupes d’interventions, c’est-à-dire le « corps médical », est très particulièrement assujetti aux mécanismes de la psychologie sociale, notamment par le biais de l’instance normative représentée par l’Ordre des médecins.

« (…) Il est évident qu’une forte recommandation du médecin est la seule façon de contribuer à la prévention, protection et promotion adéquates de la santé, comme prescrit à l’article 5 du Code de déontologie médicale (CDM 2018). L’Ordre des médecins veillera à ce que les médecins respectent leur devoir déontologique en endossant un rôle de pionnier par la recommandation et la promotion de la vaccination. »[note] 

La mécanique culpabilisatrice, facilement ancrée dans notre passif judéo-chrétien et dont rendent compte également nos choix épistémologiques (cf. cartes blanches à ce propos), est à l’œuvre avec un potentiel de renforcement dans l’exclusion de certains au profit d’autres, la logique de groupes (identitaire et d’appartenance ou « l’instinct grégaire » dirait Nietzsche !) et la zizanie pouvant opérer en fonction des rapports souvent connus, entre pairs médecins, quant à la question de la vaccination. Cette dernière est emblématique d’un certain rapport au monde (convictions les plus ancrées car déterminant nos choix ontologiques, en proximité avec la dimension spirituelle de nos êtres) et participe de valeurs profondes et, donc, d’émotions. Une telle imposition radicale s’est faite en l’absence d’un débat ouvert sur l’enjeu d’une médecine préventive, de protection et promotionnelle tel que nous l’avons exposé tout au long de cet essai.

Pourquoi jouer avec les émotions en aval plutôt que d’avoir développé en amont des compétences émotionnelles, relationnelles et éthiques, favorables au débat et à la controverse dans le monde médical et de la santé ? Et pourquoi radicaliser l’option de la seule vaccination tandis qu’un débat de fond sur les enjeux multiples et critiques de la vaccination n’a jamais eu cours dans nos études de médecine, qu’il émerge peut-être de façon salutaire (mais également trop tardif) avec cette crise…

On voit ainsi émerger ou se renforcer les mécanismes les plus délétères de la psychologie sociale, rappelant, à certains égards, les pires heures de l’histoire[note] …Car il s’agit de comprendre, en s’aidant des champs de la psychologie sociale[note]. Si Arendt a développé sa théorie de la « banalité du mal » lors du procès de Eichmann[note], une hypothèse reste. C’est celle d’avoir manqué l’explication finale, celle « de faire le bien en faisant le mal », ayant quitté trop tôt les assises, tandis qu’Eichmann affirmait son action non par raison d’autorité mais car il faisait Le Bien[note].En opposition à un groupe qui fait le bien, construire un groupe qui fait le mal, qu’il soit représenté par des terroristes armés entrant au Bataclan, ou des personnes qui discutent le bénéfice-risque de la vaccination Covid, entraine une même issue : ces représentants seront connotés d’extrémistes « anti-vax-anti-moderne-anti-société-anti-bien … », ou encore anti 5G, mais aussi associés à un extrême politique ou à un autre. C’est cela le risque du totalitarisme face à l’instrument de binarisation sociale[note].

Comment en sommes-nous arrivés là[note] ?

La binarisation actuelle de la société, héritage des fondements épistémologiques qui nous ont construits, repose, plus que jamais, sur des oppositions stériles. À cet égard, il n’est pas vain de dire que la crise sanitaire devient un des leviers contemporains majeurs de cette dualité, mettant en place une forme de binarisation qu’elle mondialise. Cette dernière engouffre, ou en fait dissiper d’autres. C’est celle d’un besoin constant de réassurance par les chiffres afin de gérer l’incertitude du réel. La dualité « sécurité-formel-ordre-institution » contre « l’insécurité‑l’informel-le désordre » se confirmant dans le rapport aux règles, protocoles, normes et mesures qui est en train de scinder tous nos espaces de rencontre et de construction de Soi par l’Autre[note].

Cette mécanique de binarisation, ou d’opposition, ne favorise évidemment pas le dialogue si nécessaire, et, qu’on le veuille ou non, seule voie de sortie. C’est ce que nous dit ce témoignage glané, parmi de nombreux autres, sur la toile ; celui-ci ayant le mérite de sa lucidité…

L’enfumage

« Dépassons l’enfumage pour trouver la voie de sortie !

Cette semaine, une jeune fille s’est suicidée. Son papa décrit la détresse de sa fille, sa propre détresse de n’avoir pas su l’aider. Cette semaine, des jeunes ont osé prendre la parole, et demander qu’on leur redonne accès à la vie.

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, les prises de position se polarisent parce qu’elles partent toutes du postulat qu’il faudrait choisir entre préserver la vie des jeunes ou celle des vieux.

Et c’est là le réel enfumage : pendant que nous nous laissons dresser les uns contre les autres, nous ne défendons pas les idées qui seraient bénéfiques au plus grand nombre. »

Mise en place d’un dogme permettant une pensée duelle

Dogme d’une pandémie mortelle où le seul narratif possible est celui des autorités sanitaires et dogme de La solution qui est celle de la vaccination.

Dans cet interview[note] dont nous proposons un extrait ci-dessous on perçoit manifestement la présence d’une pensée dogmatique et on décèle comment la démocratie est réduite face à une telle logique : à du papotage !

En effet, à la question « quel rôle jouent les réseaux sociaux dans cette crise ? », ce psychologue social et professeur d’université répond : « Le principal rôle qu’ils jouent c’est de permettre à des gens qui se ressemblent de se retrouver, de créer du lien, de développer une identité collective et une vision du monde. Ça c’est plutôt positif. A contrario, certaines visions du monde ne sont pas toujours très propices pour lutter contre une pandémie. Souvent cette vision va se construire en opposition au discours des autorités. Cela polarise la société et rend parfois difficile le débat démocratique. »

L’usage qui est fait par certains médecins dans la presse[note] du concept de discrimination est une autre manifestation de cette logique religieuse, dogmatique, à l’œuvre. Ainsi, pour certains d’entre eux, l’accessibilité, à tous, du vaccin, suffit à rendre ce dernier non discriminatoire. Et cependant, le choix des personnes de ne pas se faire vacciner, permet, ensuite, de les discriminer à l’entrée d’événements festifs par exemple. Dit autrement et en citant Caroline Vandermeeren, écrivant sur un réseau social à propos de ce même article : « En résumé, sa compréhension du principe de discrimination : si on a eu le choix de refuser un vaccin qui n’est pas obligatoire, on a le droit de discriminer l’accès à des évènements sur base du choix des personnes ?C’est marrant, parce qu’il me semblait que dans le principe — par exemple — de la non-discrimination sur base du choix religieux, justement le principe consiste à ne pas discriminer les personnes par rapport à un choix qui est laissé libre et qui — donc — ne peut pas conduire à une discrimination dans les faits. »

Ce dogme relatif au vaccin est par ailleurs bien connu et critiqué par certains médecins s’étant risqués à une forme de « révélation » publique, exercice qui s’apparente à une violence sociale sur le plan de la confrontation à la norme. À titre de témoignage, celle faite par un médecin réanimateur, glané en mai 2021 sur un réseau : « Il faut savoir que les médecins sont pour la plupart des fils spirituels de Pasteur, Koch et Jenner, par culture et par formation, moi le premier. Pour certains cela va jusqu’à faire de « LA » vaccination une idéologie fondée sur des vérités révélées quasiment incréées et non pas un moyen parmi d’autres de lutter contre les maladies infectieuses …avec des sourates qu’on récite sans avoir la moindre autorisation de les discuter et encore moins de les critiquer. Pour eux c’est un péché de ne pas prendre le pack vaccinatoire entier, c’est une sorte d’apostasie. L’Ordre des Médecins se pose d’ailleurs en gardien de cette foi vaccinale que même un virologue de renommée mondiale ne peut être autorisé à questionner ne fût-ce que ponctuellement. (Cf le livre de Raoult sur LES vaccinationS)[note]. AUCUNE vaccination n’est critiquable dans la mesure où LA vaccination est une vérité révélée et incréée …Une sorte de Coran. Il est aussi inutile d’essayer d’émettre la critique d ‘UNE vaccination face à un « provax » qu’il est inutile d’apporter une preuve d’utilité d’UNE vaccination à un  » antivax ».

C’est un phénomène psychiatrique connu et étudié à propos des mouvements sectaires.

Comme la croyance dans LE masque et les confinements aveugles et autres couvre-feux grotesques, il y a longtemps que LA vaccination a quitté le champ de la science.

Aucune preuve n’entame la ferveur des croyants. »

On ne sera ainsi pas étonné qu’à partir du discours médical s’installe profondément dans la société, une ligne de démarcation à ne pas franchir, renforçant de façon magistrale dans toute cette crise la logique simpliste de l’organisation en deux groupes rivaux, ceux des pro et ceux des contre…tel un match de foot pour lequel il s’agit toujours de prendre parti si on veut favoriser une ambiance chaude…ou la zizanie en quelque sorte !

Cette dualité, contraire à la « pensée complexe » de Morin, soustrait à nos regards la rencontre parfaite mais néanmoins paradoxale de la logique cartésienne, positiviste, ici scientiste, qui prévaut dans le milieu médical, et celle du chiffre, néolibérale, technique, et froide, fondée sur la seule logique du marché et du gain. Cette conjonction est la porte ouverte à toutes les dérives corruptives dans une forme d’aliénation globale.

Nombre de protagonistes de ces deux mondes se rencontrent par ce que nous appellerions « un renversement paradoxal de la nécessité empathique ». À savoir que l’on observe dans certains pays (s’agit-il des pays les plus cartésiens ?) une mécanique de culpabilisation, jouant sur le sentiment d’empathie, des populations, de groupes d’acteurs et des personnes. Or, on s’attendrait à l’inverse, comme nous le rappelle le jugement réfléchissant construit au départ d’une logique compréhensive. Et ce, autant sur le plan du soin que de la politique sanitaire. L’ensemble compris dans une approche démocratique partenariale, c’est-à-dire fondée sur une intelligence collective, inclusive, alliant également le patient, en cohérence avec les plus beaux discours sur la santé, depuis la définition de celle-ci donnée par l’OMS, à la Charte en promotion de la santé d’Ottawa[note].

Discours largement véhiculés par toutes les écoles et institutions de santé publique de nos pays, mais discours non opérationnalisés dans le concret des formations médicales et donc non intégrés dans la pratique — praxis- des soignants, comme nous l’avons démontré tout au long de ces cartes blanches.

Cependant, et en contradiction avec une telle perspective démocratique, notre humanité, constitutivement vulnérable, comme définie précédemment, est actuellement dépossédée de sa puissance d’agir. Cette dernière se voit bridée par la domination de l’autre, par l’autorité que représentent gouvernements et experts. À la figure de la blessure (maladie et dégâts « collatéraux ») et de la dépendance (technique, technologique, économique et pharmaceutique), s’ajoute celle de l’impropriété de soi (dominance), en référence aux trois figures de la vulnérabilité développées par la philosophe, Estelle Ferrarese[note].

Il y aurait ici une forme de complot sans acteurs, où, même armés, nous ne saurions pas sur qui tirer. La poupée russe se renouvelle à l’infini, tandis que nos âmes sont en perdition et nos corps en souffrance. Des philosophes argumentent que le système politique qui se met en place dans de nombreux pays à la faveur de la crise sanitaire serait un “totalitarisme numérique”, tandis que les pontes du World Economic Forum de Davos parlent d’un “Great Reset”.

Certains encore, comme l’avocat Régis de Castelnau, soutiennent que si, d’une part, nos gouvernements[note] ne sont pas arrivés au pouvoir par la tyrannie et que, de l’autre, le concept de totalitarisme popularisé par la philosophe Hannah Arendt[note] ne peut s’appliquer au fonctionnement de ces mêmes organisations politiques, en revanche le terme de dictature pourrait d’une certaine façon être invoqué. En effet, selon ce même homme de loi, le mode d’exercice du pouvoir pose de sérieux problèmes. Parler d’une forme de dictature n’est pas complètement absurde.

Certains invoquent, face à l’emprise progressive de nos corps, plutôt que la notion de dictature qui devrait rester une mesure temporaire, une ploutocratie responsable d’une dérive totalitaire. L’histoire permettra de stabiliser le discours sur ce que nous vivons…

D’autres encore vont radicalement plus loin. Témoin de l’holocauste, survivante du régime nazi, Vera Sherav nous avertit des dangers de ce que nous vivons actuellement avec ces vagues de tyrannie totalitaire, d’absurdité médicale, politique, économique et sociale qui se sont abattues sur les populations dans le monde entier.

« Ce qui distingue l’holocauste de tous les autres génocides de masse est le rôle central joué par le système médical. L’ensemble du système à chaque étape du processus meurtrier a été approuvé par la médecine universitaire et professionnelle. Des médecins, institutions, sociétés médicales prestigieuses ont permis de légitimer les meurtres de masse des civils[note]. » 

Un tel propos rejoint Sylvie Simon, quand en 2009, dans son livre intitulé « Vaccins, mensonges et propagande[note] », elle nous mettait en garde : « Selon Platon, Socrate fut condamné à mort car il ne croyait pas aux dieux reconnus par l’État. Plus tard, l’Inquisition a brûlé tout ce qui dépassait son entendement ou pouvait mettre en péril l’hégémonie de l’Église catholique qui nous a appris à accepter les dogmes sans chercher à les comprendre. De nos jours, comme le disait déjà George Bernard Shaw : ‘’Nous n’avons pas perdu la foi, nous l’avons simplement reportée sur les professions médicales.’’ La foi en cette nouvelle religion est à présent devenue un véritable fanatisme et les dieux ont été remplacés par des mandarins et des experts. On ne réfléchit plus, on ‘’croit’’[note]. »

Dans tous les cas, la surprise est grande pour nous occidentaux, mais sans doute en phase avec l’idée d’un « mal de la banalité » tel que le développe Ece Temelkuran, qui nous incite à toujours rester vigilants pour éviter de basculer hors de la démocratie[note]. Une forme d’acceptation de ces mesures liberticides, et à plus forte raison celle de leurs incongruités scientifiques comme nous l’avons développé tout au long de cet essai, a de quoi inquiéter.

Entre intériorité et extériorité : une voie du milieu à dessiner…

Si nous ne prônons pas un retour en arrière quelconque, nous cherchons cependant par le biais de ces cartes blanches à instaurer un débat au sein du monde médical et plus particulièrement au niveau de ses institutions de formation. Ceci, afin de savoir quel chemin on souhaite favoriser entre deux extrêmes, résumés (de manière caricaturale) ainsi : d’une part le Great reset de Klaus Schwab, les objets connectés, la 5G, le transhumanisme, la fuite en avant vers un futur où nous perdrions progressivement notre humanité. Nous serions alors au service d’une technocratie toute puissante où le contrôle et la sécurité seraient les leitmotivs. D’autre part, une humanité en proximité avec une philosophie de la Vie et du Vivant telle celle déployée aujourd’hui avec, à titre d’exemple, la perspective de la permaculture, ou celle défendue par Corine Pelluchon, en proximité avec la philosophie animalière et l’éthique animale afin de compléter le projet des Lumières développé dans son dernier ouvrage « Les lumières à l’âge du Vivant »[note].

Quelle est la direction que prennent nos sociétés occidentales ? À titre d’argument supplémentaire, les seules dérives sectaires dénoncées par « la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires »[note] concernent les alternatives, autant de santé que d’éducation (anthroposophie par exemple), favorables à l’émergence du particulier (singularisation ; individuation ; émancipation). La dérive scientiste, fondée sur un positivisme et un matérialisme réducteur, mais universel, ne participe pas de l’imaginaire tendancieux.

On pouvait encore croire exagéré l’horizon transhumaniste, voire post humaniste, mais avec cette crise qui nous frappe de plein fouet, la réalité d’une forme de puzzle plus ou moins conscient a pris forme et les dangers de dérives sont devenus totalement crédibles.

Et nous, médecins et soignants, sommes dans de beaux draps car la technocratie a décidé d’utiliser le plus bel art entre tous, celui de guérir, comme cheval de Troie pour accomplir son forfait. Ce que Foucault aurait nommé : biopouvoir.

Ce qui nous rend encore plus responsables étant dans le domaine du soin et, par-là, conscients d’une dérive claire au niveau médical.

Sur un plan épistémique et éthique, au regard de la responsabilité sociale des facultés de médecine dans cette crise, la bascule en faveur du jugement réfléchissant est l’impératif catégorique ! Au surplus, celle-ci est la seule voie de sortie d’une « pédagogie de la crucifixion » et du chemin de croix qu’elle impose…

Bruno Edan, Crucifié, 1981.Reproduit, avec l’autorisation de l’éditeur, de Delphine Durand. Bruno Edan, l’urgence de peindre (Photographies de Pierre-Marie Villereal). 2020: p. 59

À l’aube…

Notre conclusion s’apparentera à une aube.

Si notre investigation sur le terrain de la médecine nous a amenés à questionner les sous-sols des mécanismes humains au fondement de la décision médicale et sanitaire, par le biais des choix épistémologiques que nos sociétés font, dans l’habitus technoscientifique qui les y fige, un monde plus vaste néanmoins existe.

À la condition d’un éveil que la perspective du robot ne pourra nous offrir que sous forme mécanique …d’un réveil matinal.

Car perdus nous sommes et offrons ainsi la parole à Jacques Bouveresse, dont la notule éditoriale de son ouvrage « Le mythe moderne du progrès »[note] présente une forme de synthèse à cette analyse de la crise de la Covid et à ce plaidoyer pour un renouvellement de l’épistémologie des études médicales.

« Entre autres aspects remarquables de cette analyse du “mythe moderne du progrès” se trouve le fait que la plupart des auteurs sur lesquels Jacques Bouveresse s’appuie ont vu “le fanatisme du progrès” comme “le trait qui caractérise notre époque” — alors même que leur époque nous parait, en comparaison, tout à fait épargnée. Sans parler des auteurs du XIXe siècle cités en exergue, ni Karl Kraus (1874–1936), ni Robert Musil (1880–1942), ni Ludwig Wittgenstein (1889–1951) n’ont connu la destinée glorieuse des travaux du mathématicien britannique Alan Turing (1912–1954) à l’origine de l’informatique. Il ne serait donc pas nécessaire d’avoir bénéficié des promesses d’Internet et de l’industrie nucléaire ni d’espérer dans les bienfaits des biotechnologies mais seulement d’avoir assisté aux prémices de l’industrialisation de la recherche scientifique pour voir que la religion du progrès, qui a remplacé toutes les autres, y compris comme “opium du peuple”, ne dissimule plus seulement un rapport de domination politique, social et économique mais a tronqué la survie de l’humanité contre l’amélioration sans limite des conditions de vie matérielles de quelques-uns.

On peut se demander si la possibilité de remonter plus loin dans le temps pour retrouver la mauvaise bifurcation sur le chemin de l’accumulation des connaissances est plus rassurante ou, au contraire, plus inquiétante. Pour l’historien américain Lewis Mumford, le danger qui nous menace “ne provient pas de découvertes scientifiques, ni d’inventions électroniques particulières. Les contraintes auxquelles l’homme est soumis et qui dominent la technologie autoritaire contemporaine remontent à une époque antérieure même à l’invention de la roue”.

Mais une fois diagnostiquée la maladie du progrès et éventés les mythes de la raison, précise Jacques Bouveresse, nous reste encore à éviter de rétablir, “sous une forme ou sous une autre, une autorité ancienne”, de l’espèce de celles dont “les affirmations n’ont pas besoin de preuves ni les commandements de justifications” : car alors on aurait remplacé “le progrès reconnu comme plus ou moins mythique par une régression bien réelle”. »

Car de mythes et de rites nos imaginaires ont besoin, de ceux permettant des reliances que nos dominances et soumissions, ancestrales et reptiliennes, semblent ne pas avoir, encore, intégrées. L’enjeu restant dans notre capacité de « se réfléchir » jusqu’au tréfonds de nos intentionnalités…

De l’intentionnalité…

Est-ce être romantique que de penser les rites tel le renard du petit prince (carte blanche 6) quand on sait que ceux-ci participent aussi à la construction identitaire de groupes, et, potentiellement, à une logique de violence telle que celle développée par René Girard[note] ou rappelée par Erwin Goffman dans cette même carte blanche 6 [note] Et ce, en proximité avec la violence analysée dans le champ de la recherche en psychologie sociale (théories des relations intergroupes), propice à la construction de rivalité, de conflit et de guerre.

Cependant, ne plus avoir de rites est également problématique comme nous l’objectons, avec Edgar Morin, dans notre carte blanche 6 centrée sur la capacité à développer notre imagination et nos compétences émotionnelles.

Ainsi, à partir de ce court argumentaire autour de cette notion de « rite » (rites pour développer notre capacité imaginative et s’ouvrir ou rites pour renforcer notre identité de groupe et notre conformisme, etc.), ce que nous voulons soulever, ou ce qui importe au-delà de tout, est la nécessité de développer une conscience de notre agir. À savoir une capacité d’analyser-comprendre- ce qui détermine notre action même inconsciemment (influence de notre environnement), ce qui l’oriente et en faveur de quelle finalité notre agir est mobilisé. C’est ce qu’on nommerait l’intention. Nous n’entrerons pas, ici, dans les théories et recherches en philosophie autour du concept d’intentionnalité tant le domaine est vaste, cependant c’est bien là que se trouve un chemin d’émancipation…

… Le « Temps du rêve ». Le moment mythique de la création du monde par les anciens.

En Australie, dans le contexte d’un renouveau de l’identité aborigène, dans la communauté de Papunya Tula, les anciens ont traduit en peinture leurs pratiques culturelles et leurs savoirs symboliques. Ces œuvres rendent compte d’un nouveau champ de dialogue à partir de Gaia notre terre commune[note].

Le Toraja [note] est un peuple qui vit dans une région montagneuse de l’île de Sulawesi, il est en majorité chrétienne, et il a un rite funéraire très particulier : l’enterrement des personnes décédées ne survient que longtemps après la mort.

Pour ce peuple indigène, la mort n’est pas perçue comme une fin, mais comme un état de sommeil prolongé. Les cadavres sont momifiés avec une solution à base d’eau et de formol qui stoppe le processus de putréfaction. 

Ce rituel particulier permet de cohabiter durant quelque temps, des semaines voire des mois, avec les défunts, comme s’ils étaient encore en vie.  Pendant cette période, il reçoit symboliquement des prières et de la nourriture quatre fois par jour. Il est habillé, coiffé et sa famille entretient avec lui des conversations comme s’il était encore en vie.

L’amour qu’ils portent envers leurs ancêtres est tel qu’ils trouvent normal de partager leur existence avec les dépouilles de leurs proches. Les morts ne les effraient pas. Il arrive parfois que certaine famille organise une sorte de « second enterrement ». Appelé « ma’nene », la cérémonie consiste à retirer le défunt de son tombeau pour nettoyer son corps et le revêtir de nouveaux vêtements.

Cet essai a été rédigé en mémoire de nos ancêtres, pour nous, occidentaux, qui ne savons plus.

Et l’homme de demain, sur un chemin perdu pour l’humanité, dans un balancier trop exclusivement externalisé, s’accrochant au seul jugement déterminant, larguant de plus en plus sa capacité au jugement réflechissant, semble déléguer toutes ses peurs plutôt que de se les approprier. La voilà la dérive de « l’homme théorique », telle que pourrait le nommer Nietzsche.

Car comme nous le rappelle Clément Rosset dans cet extrait d’un interview avec Alexandre Lacroix[note]:

CR : « Chaque vie va finir et cette règle ne souffre pas d’exception. Nous voici face au réel le plus indésirable. Je pense que la finitude de la condition humaine, la perspective intolérable du vieillissement et de la mort suffisent à expliquer l’obstination si constante, si répandue des hommes à se détourner de la réalité.

AL : Est-ce qu’il y a un rapport entre cette dénégation du réel, par angoisse de la mort, et le refoulement freudien ?

CR : Non, je ne le pense pas. Sigmund Freud s’intéresse aux mécanismes du refoulement chez les individus névrosés, alors que l’élimination du réel par ce que j’appelle dans ma philosophie le double est le procédé utilisé par les gens normaux. Et les gens normaux sont beaucoup plus difficiles à guérir que les malades, vous pouvez m’en croire ! ».

Notes et bibliographie

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L’avis du Comité de bioéthique sur la vaccination obligatoire : une étape de plus vers la dissolution de l’éthique des droits fondamentaux

Partie 1(voir la Partie 2)

Le texte suivant est une réponse que nous adressons au Comité consultatif de bioéthique de Belgique suite à sa prise de position sur la vaccination obligatoire[note]. Une réfutation brillante de cet avis est disponible ici[note]. Notre texte fait écho à cette réponse et dénonce l’absence de neutralité et d’indépendance du Comité de bioéthique et le caractère sophistique des arguments qu’il avance dans son avis.

Le « débat démocratique » sur l’obligation vaccinale anti-covid (éventuellement travestie sous la forme d’un pass vaccinal) sera imposé par le gouvernement dans les jours qui viennent. Les instances consultatives qui conseillent le gouvernement[note] se sont déjà prononcées sur cette question : aucune ne s’oppose à cette obligation ; certaines y sont même franchement favorables. Or leurs avis justifiant la tenue d’un tel débat reposent sur des arguments et présupposés au minimum discutables, souvent non actualisés, quand ils ne sont pas tout simplement erronés, ces manquements traduisant une tentative de passage en force.

Nous ne reviendrons pas ici sur les arguments contestables de l’Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains dans son avis favorable à la vaccination obligatoire[note] : une excellente carte blanche les a réfutés brillamment[note] Nous ne nous étendrons pas davantage sur les positions critiquables des avis rendus par par le Conseil supérieur de la santé[note] et la Commission fédérale droits des patients[note] (commission qui n’est pas opposée à faire de la vaccination une condition d’accès aux activités essentielles, telles que l’accès à l’éducation ou l’accès à l’exercice d’une profession!): des collectifs pluridisciplinaires de scientifiques et d’universitaires[note] ont opposé une série d’objections de taille à ces différents avis après avoir établi qu’ils se fondent sur des présupposés non démontrés, voire inexacts, et qu’ils n’ont pas tenu compte « des données de terrain actuelles, des savoirs scientifiques à jour, de la pharmacovigilance, des variations des risques liés aux vaccins ou aux formes graves de Covid-19 par groupes d’âge et de comorbidités, et de la spécificité des vaccins anti-covid »[note] Leurs présupposés étant erronés, les conclusions et propositions normatives en faveur de l’obligation vaccinale exposées dans ces avis le sont également.

Qu’en est-il de l’avis du Comité consultatif de bioéthique ? Force est de constater qu’à l’instar des autres instances consultatives citées, il ne fait pas mention :

des effets indésirables des vaccins anti-covid ;des restrictions et/ou interdictions déjà prises à l’encontre de certains d’entre eux dans plusieurs pays ;du manque de recul sur les vaccins actuellement proposés ;de l’indisponibilité de certaines données sur ces vaccins ;de leur nature expérimentale ;de la balance bénéfice-risque variable selon l’âge et le bilan de santé de chacun ;du principe de précaution, principe à géométrie manifestement variable puisqu’invoqué comme un principe éthique de premier plan justifiant de refuser des pistes de traitements précoces basés sur des médications éprouvées, et rejeté comme un principe immobiliste et hostile au progrès dans le cas de technologies vaccinales expérimentales ;de l’immunité naturelle ;de l’efficacité des vaccins, variable selon les personnes, imprévisible et dépendante des variants, et de l’échappement immunitaire ;de la nature zoonotique des coronavirus ;du fait que ces vaccins permettent la transmission, ce qui rend caduque la notion de vaccination solidaire ;du faux sentiment de protection que confère la vaccination, facteur de risque de propagation du virus ;des effets collatéraux possibles de la vaccination de masse en temps de pandémie, comme la possible pression sélective sur les variants ;de la mortalité réelle — extrêmement faible — liée au covid ;de la surmortalité réelle ;des méthodes de comptage, de statistiques et de modélisation pour le moins questionnables utilisées depuis mars 2020 ;de l’absence de traitement précoce des patients malgré l’existence de protocoles de prise en charge précoce ;des politiques de restructuration opérées depuis des décennies dans les hôpitaux ;du fait que la vaccination contre le covid ne peut pas être comparée à la vaccination contre la polio, la variole ou la fièvre jaune ;du fait que les vaccinations fortement recommandées aux enfants en Belgique visent la protection de l’enfant lui-même contre une série de maladies infantiles : en d’autres termes, le public vacciné l’est pour sa propre protection, contrairement à la vaccination de millions de personnes non à risque dans le cas du covid ;du fait que les obligations vaccinales existant en Belgique à l’égard de certaines professions visent à protéger les travailleurs exposés et non ceux avec qui ils entreraient en contact ;du fait que la vaccination obligatoire contre l’hépatite B s’est faite après 10 ans d’utilisation du vaccin et que cette vaccination ne concerne pas les personnes qui ont des anticorps ;etc

Ne reposant pas sur des bases scientifiques complètes et à jour et dès lors sur des prémisses correctes, les arguments éthiques et les conclusions du Comité de bioéthique censés justifier la tenue d’un débat « démocratique » sur une éventuelle obligation vaccinale anti-covid pour les adultes ne peuvent pas être considérés comme valides, et la tenue de ce débat ne peut donc pas être considérée comme légitime. Non seulement l’avis du Comité consultatif de bioéthique ne prend pas en compte toute une série de données factuelles et scientifiques, mais il ne tient aucunement compte d’un certain nombre d’objections philosophiques qui lui sont adressées depuis presque deux ans. Pour le dire brièvement (le détail de la réfutation de l’avis étant exposé dans une seconde partie de ce texte) : selon cet avis, les principes de consentement éclairé et de respect de l’intégrité corporelle pourraient être transgressés durablement sous prétexte d’intérêt général, ce dernier étant défini par les instances décisionnelles. C’est donc, pour le dire sans détour, un avis qui amorce la destruction de l’éthique des droits fondamentaux, désormais subordonnés à une conception du bien commun, de l’intérêt général et de la solidarité imposée par le pouvoir. Or, le respect des droits fondamentaux fait partie de l’intérêt général. Les droits fondamentaux sont un de nos biens communs les plus précieux. Ils ne sont pas des droits égoïstes, mais des garde-fous. L’objectif de la mise en place de droits individuels fondamentaux au cours des siècles fut justement d’en faire des remparts face à l’arbitraire du pouvoir. L’évolution dont il est question ici constitue en réalité un retour en arrière. Nous devons avoir conscience que, dans un tel régime, il n’y aura plus de garde-fous : c’est le pouvoir qui disposera de nos corps et de ceux de nos enfants au gré de ses intérêts. Les auteurs de cet avis en ont-ils seulement conscience ? Accepterait-on un débat sur la légitimité du viol sous certaines conditions sous prétexte d’intérêt commun ?

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Port du masque en école primaire : Lettre aux directeurs d’école et à la ministre Désir

Vous trouverez ci-joint des modèles de courrier à envoyer à la ministre Désir et au directeur de l’école primaire de votre enfant, auxquels il faut joindre les 6 fichiers PDF de références scientifiques.

Voici les instructions d’envoi et de … réflexion !

Chers parents,Voici les instructions d’utilisation des documents qui sont mis à votre disposition pour s’opposer au port du masque obligatoire pour les enfants de primaire :1) Envoi d’un courrier recommandé avec accusé de réception au directeur de l’école de votre enfantcomposition de ce courrier recommandé :- la lettre au directeur de l’école adaptée nominativement (nom du directeur, école, …) avec votre nom et signature.- en pièces jointes : la lettre pour la ministre Désir (voir adresse dans la lettre)- les 6 articles de référenceBien conserver le talon de preuve d’envoi de ce courrier + l’accusé de réceptionDes instructions seront bientôt envoyées ou disponibles sur les sites de Notre Bon Droit et/ou ReinfoCovid pour vous communiquer une adresse mail où envoyer la photo de l’accusé de réception2) Possibilité supplémentaire d’envoi d’un courrier recommandé avec accusé de réception à la Ministre Désir.Composition de ce courrier recommandé :La lettre pour la Ministre Désir que vous signez et à laquelle vous rajoutez vos coordonnées et date en début de lettre (en manuscrit c’est bon aussi)Les 6 articles de référenceBien conserver le talon de preuve d’envoi de ce courrier + l’accusé de réceptionDes instructions seront bientôt envoyées ou disponibles sur les sites de Notre Bon Droit et/ou ReinfoCovid pourvous communiquer une adresse mail où envoyer la photo de l’accusé de réception

3) Pour terminer, vos enfants rentrant à l’école demain, les courriers recommandés ne seront pas encore arrivés. Ainsi il serait opportun de vous organiser avec les autres parents que vous connaissez afin de vous coordonner. Pour rappel, entre la réception d’une injonction et l’acte d’obéissance, il y a l’étape réflexive qui vous permet de poser le choix d’obéir ou non.

Suggestions d’actions :- lundi matin, des parents se retrouvent à l’entrée de l’école avec une lettre déjà imprimée et la font signer par plusieurs parents avant de la remettre à la direction.- déposer de fait vos enfants demain à l’école sans masque et sans résultat de test PCR. La direction ne pourra évidemment pas mettre à la rue plein de jeunes enfants.

Message de Notre Bon Droit et RéinfoCovid.

Lettre-directeurs-ecole-1Télécharger

Lettre-Ministre-Desir-version-parentsTélécharger

47-studies-confirm-ineffectiveness-of-masksTélécharger

Advice-RAG-transmission-primary-schoolTélécharger

Advice-Sciensano-Mask-wearing-in-schoolTélécharger

Corona-Children-StudiesTélécharger

Face-masks-to-prevent-transmissionTélécharger

Psy-Dupont-Il-faut-urgemment-mettre-fin-au-port-du-masque-pour-les-enfantsTélécharger

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Les Morts du covid. Un mensonge d’État?

Christophe De Brouwer scrute depuis un an les chiffres du covid. L’interview publiée ici est une exclusivité. Il est — malheureusement — le seul à faire ce travail. Dites vous toutefois, et surtout, que si ses conclusions avaient été pensées, réfléchies, débattues, nous ne serions pas là où nous en sommes — même si le monde tournait déjà mal bien avant. 

Pendant ce temps, des gens meurent de leurs politiques. C’est cela l’essentiel que nous devons retenir, pensons-nous.Voir les références des études de Christophe De Brouwer ci-dessous

Références des études:

C de Brouwer. Taux de mortalité standardisé en Belgique en 2020. (preprint).https://www.researchgate.net/…/350879459_Taux_de…

Références complémentaires :

L’impact de la crise sur les moins de 65 ans : µ

• C de Brouwer. Taux de mortalité standardisé en Belgique, 2020. Complément. 9 avril 2020. https://www.researchgate.net/…/350879459_Taux_de…

• L Toubiana, L Mucchielli , P Chaillot , J Bouaud. L’épidémie de Covid-19 a eu un impact relativement faible sur la mortalité en France. INSERM UMRS 1142 LIMICS, preprint, 2021. http://recherche.irsan.fr/…/154‑L%E2%80%99%C3%A9pid%C3…

La mortalité par million d’habitants en Belgique par rapport à d’autre pays en 2020 : 

• Worldometers. https://www.worldometers.info/coronavirus/

Le peu d’utilité ou l’inutilité du confinement et semi-confinement. 

• Q de Larochelambert, AMarc, J Antero, ELe Bourg, JF Toussaint. Covid-19 Mortality: A Matter of Vulnerability Among Nations Facing Limited Margins of Adaptation. Frontiers in Public Health. 19 novembre 2020. https://www.frontiersin.org/…/fpubh.2020.604339/full

• E Bendavid, C Oh, J Bhattacharya, JPA Ioannidis. Assessing mandatory stay‐at‐home and business closure effects on the spread of COVID‐19. European Journal of Clinical Investigation. 5 janvier 2021. https://doi.org/10.1111/eci.13484

La résistance au vaccin du sars-cov‑2, notamment des variants anglais, sud-africains et brésiliens. 

• E Andreano et al. SARS-CoV‑2 escape in vitro from a highly neutralizing COVID-19 convalescent plasma. Medrxiv, décembre 2020. https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.12.28.424451v1

• P Wang et al. Antibody Resistance of SARS-CoV‑2 Variants B.1.351 and B.1.1.7. Medrxiv, 2021. https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.01.25.428137v3

• L Müller et al. Age-dependent immune response to the Biontech/Pfizer BNT162b2 COVID-19 vaccination. Medrxiv, 2021. https://www.medrxiv.org/con…/10.1101/2021.03.03.21251066v1

• T Kustin et al (Adi Stern). Evidence for increased breakthrough rates of SARS-CoV‑2 variants of concern in BNT162b2 mRNA vaccinated individuals. Medrxiv, 2021. https://www.medrxiv.org/con…/10.1101/2021.04.06.21254882v1

La place des différents variants dans notre pays. Notamment les variants anglais, sud-africains et brésiliens. 

• Bulletin hebdomadaire de Sciensano. Le dernier ( 9 avril 2021): https://covid-19.sciensano.be/…/COVID-19_Weekly_report…

• Covariants. Overview of variants in Countries. https://covariants.org/per-country Les effets secondaires des vaccins covid (et le cas échéant, ceux du vaccin influenza). 

• Site belge : https://www.afmps.be/fr Opinion concernant la mortalité liée à la canicule du mois d’août 2020. 

• C de Brouwer. Canicule: la mortalité des ainés gravement alourdie par la crise du coronavirus? (carte blanche) https://www.levif.be/…/can…/article-opinion-1334001.html

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Vaccinez ! Vaccinez, quoi qu’il en coûte !

Selon la Commission européenne, le «principe de précaution» est une approche de la gestion du risque qui prévoit que, si une politique ou une mesure présente un risque potentiel pour la population ou l’environnement et qu’il n’existe pas de consensus scientifique sur la question, elle ne devrait pas être poursuivie »[note].

Justifié pour des raisons de santé publique ou pour la protection de l’environnement, ce principe, introduit depuis le Traité de Maastricht en 1992, est une disposition phare des Traités européens. Il a notamment permis d’interdire le bœuf aux hormones ou encore les organismes génétiquement modifiés (OGM) sur le continent, sans preuve scientifique irréfutable d’une quelconque dangerosité. Un principe noble qui a rapidement eu du plomb dans l’aile. Outre-Atlantique, il est notamment considéré comme un « obstacle commercial », de sorte que les accords commerciaux de nouvelle génération — par exemple l’Accord de libre-échange UE-Mercosur, le CETA — le rendent quasiment « hors la loi ». Un des leviers, c’est notamment l’insertion d’un « mécanisme de coopération réglementaire ». Sous cette appellation innocente, les États ont sciemment laissé entrer le loup dans la bergerie. Car il revient de facto à changer l’ordre de préséance dans le processus législatif. En permettant au secteur privé des pays partenaires de s’immiscer, en amont, dans la préparation, l’évaluation et la mise en œuvre des règlementations, il sape l’autorité des parlements nationaux et européen, qui attendront leur tour. C’est que les multinationales sont un poids lourd de l’économie : environ 80% du commerce mondial est lié à leurs réseaux de production internationaux[note]. En bout de chaîne, c’est le citoyen européen lambda qui en fera les frais. Pour preuve, les législations sur les OGM, les produits chimiques ou encore, les pesticides, jugées trop contraignantes, se sont retrouvées dans le collimateur des partenaires commerciaux. 

Le « mécanisme de coopération réglementaire » symbolise ainsi le nouveau visage de la démocratie 2.0, celle qui s’exerce dans les marges imparties par le secteur privé. Il est le sésame de l’affaiblissement des normes sociales, environnementales ou de santé publique. Autre victime collatérale : le « principe de précaution ». En atteste, par exemple, la volonté de la Commission européenne d’affaiblir la législation sur les OGM, en excluant les nouvelles technologies génomiques du champ de la réglementation, ce qui permettrait aux semences issues de ces techniques d’échapper aux procédures d’évaluation de risques, d’étiquetage et de traçabilité. Une offrande pour les entreprises de l’agro-business qui veulent introduire en douce des aliments génétiquement modifiés dans nos champs et nos assiettes. Mais un bras d’honneur à la Cour de Justice européenne, dont le jugement rendu le 25 juillet 2018[note] statue que la réglementation européenne doit s’appliquer à ces nouvelles techniques, sous peine de compromettre le principe de précaution et de nuire potentiellement à la santé humaine et à l’environnement. L’aliénation des États aux intérêts privés. Un principe de précaution bafoué. La gestion de la crise sanitaire en cours nous en apporte deux exemples criants. 

Philippe Debongnie

FEU VERT POUR LA 5G 

La 5G est le catalyseur de l’économie numérique et du déploiement de l’intelligence artificielle. Malgré les nombreux appels de scientifiques de tous bords à multiplier les études sur son impact sanitaire et sur l’environnement, la Commission européenne poursuit méthodiquement son plan d’action : positionner l’Europe à l’avant-garde des réseaux 6G[note] ! Que sait-on de l’impact de la 5G sur le Vivant ? Une question a priori cruciale dès lors que l’UE ambitionne d’être le porte-étendard international du climat et de la biodiversité. Qu’à cela ne tienne. Peu importe à la Commission européenne si les données scientifiques sont lacunaires. Oublié le serment vert « ne pas nuire » de sa présidente, Ursula Von Der Leyen, quand bien même elle en fait un principe phare du « Pacte vert pour l’Europe »[note]. La 5G est non négociable. La realpolitik est le réacteur de sa stratégie économique. 

Quant aux États membres, ils ont classé le dossier des « risques potentiels de la 5G dans le tiroir des « fake news » en décrétant, lors du Conseil de ministres de l’UE du 9 juin 2020 « qu’il importe de lutter contre la diffusion de désinformations concernant les réseaux 5G, surtout eu égard aux allégations fallacieuses selon lesquelles ces réseaux constitueraient une menace pour la santé ou seraient liés à la COVID-19 »[note]. C’est qu’on ne badine pas avec le positionnement géostratégique de l’UE sur l’échiquier mondial. Dans la quatrième révolution industrielle en cours, la Chine a gagné la première manche. Un retard que l’UE entend bien rattraper. La gestion de la crise sanitaire, à coups de confinement, télétravail, e‑education, etc… a miraculeusement permis de lever les obstacles à la généralisation du numérique dans toutes les sphères de notre vie. Du même coup, l’autorisation de la 5G est passée comme une lettre à la poste avec, aux commandes, deux ministres écologistes, la ministre des Télécoms Petra De Sutter (Groen) qui désire visiblement ne plus perdre de temps (pour éviter le retard sur nos voisins européens)[note], et le ministre de la Santé et de l’Environnement bruxellois Alain Maron (Écolo). 

VACCINS COVID-19 : EN AVANT TOUTE ! 

Reflétant les dangers d’une évolution scientifique et technique mal maîtrisée, le « principe de précaution » devrait être chevillé au corps des autorités publiques dans la gestion de la crise sanitaire en cours. Pourtant, elles l’ont durablement bafoué. 

Acte 1. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs 

En amont, pour accélérer la production de vaccins, les autorités politiques ont assoupli les règles, dynamitant au passage quelques balises du Règlement 2020/1043 relatif à la conduite d’essais cliniques. Revu selon une procédure d’urgence, sans possibilité d’amendements et de débat du Parlement européen, il permet aux producteurs de vaccins et de traitements anti-covid contenant des OGM de se passer de produire une étude d’impact environnemental et de biosécurité[note] avant le démarrage d’essais cliniques. Une démarche irresponsable sur le plan sanitaire et environnemental. Mais l’urgence est invoquée pour passer outre les précautions d’usage. Il faut agir. Et vite ! Et puis, « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ». Tambour battant, les gouvernements en Belgique, partis de droite ou de gauche confondus, mènent leur croisade vaccinale. Ils nous martèlent, à l’unisson, que les vaccins sont sûrs et efficaces ; qu’en dépit d’« accidents malheureux », la balance « bénéfices/risques » penche clairement en faveur de la vaccination de masse. Les invitations à la vaccination, sans rendez-vous, dans les écoles, les centres commerciaux, etc…, pullulent. C’est le miracle de la multiplication des pains. Dans leur ferveur vaccinale, les socialistes se détachent du peloton de tête. La vaccination est devenue leur mantra. Avec eux, les garde-fous volent en éclat. En vaut pour preuve, la préparation, par le ministre socialiste Frank Vandenbroucke, d’une modification de la loi afin de permettre aux pharmaciens d’administrer des vaccins, faisant fi, comme le rappelle l’Association belge des syndicats médicaux (Absym), que « la vaccination est un acte médical qui comporte des risques d’effets secondaires, de contre-indications et de complications impliquant la présence d’un médecin capable de poser un diagnostic rapidement et de traiter le patient »[note]. Peu lui chaut, la troisième dose de vaccin à imposer à toute la population est dans les starting blocks. Et comme le martèle la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS) : « Il faut continuer à vacciner, encore et encore »[note]. 

Acte 2. Tuer dans l’œuf l’opposition 

Dans le domaine financier, la diminution du risque en portefeuille passe par la diversification de l’investissement. Ce n’est pas la voie suivie par les gouvernements en place dans la gestion de la crise sanitaire. Négliger massivement l’investissement public dans la prévention, le renforcement de l’immunité naturelle et les traitements précoces sied à l’objectif de rendre la vaccination incontournable. Un narratif qui ne saurait souffrir d’aucune critique. Mais voilà, le virus continue à circuler, y compris dans les pays ultra-vaccinés, à l’instar d’Israël, l’Islande ou l’Irlande. À qui la faute ? Le non-vacciné ! Pour le premier ministre, Alexander De Croo et le ministre-président wallon Elio Di Rupo, aucun doute n’est permis. Son portrait-robot : il est dangereux et incivique. Piqûre de rappel. 

Le 18 septembre dernier, Alexander De Croo assénait : « Cette épidémie devient une épidémie des non vaccinés. On ne peut accepter que des gens fassent le choix de mettre d’autres personnes en danger. Ce sont ceux qui ne se sont pas fait vacciner qui sont responsables de la prolongation de certaines mesures de restriction » […]. Cette situation « nous ne pouvons pas l’accepter en tant que société », alors que les vaccins contre le coronavirus sont « sûrs, gratuits et disponibles partout »[note] ». Le lendemain, Elio Di Rupo en remettait une couche, en appelant les Wallons qui ne se sont pas encore fait vacciner à faire leur « examen de conscience ». Les non-vaccinés sont frappés d’ostracisme, un procédé orchestré par les autorités publiques, aussi dangereux qu’injuste. Dangereux d’abord, car il souffle sur les braises de la division de la population, en rompant les canaux de discussions entre les deux « camps ». Injuste, car elle évacue entre autres des débats une question de taille. Le risque que de nouveaux variants du SARS-CoV‑2 ne se développent dans les réservoirs animaux et ne soient potentiellement réintroduits dans la population humaine, contre lesquels les vaccins actuels seraient inefficaces[note]. Selon l’expression anglaise consacrée, c’est « The elephant in the room » que tout le monde feint de ne pas voir. 

Acte 3. Tous les œufs dans le même panier 

La déliquescence du bon sens collectif, c’est de « mettre tous les œufs dans le même panier ». Une option clairement assumée par les autorités publiques. L’avis du Commissariat Corona au gouvernement « aux personnes qui ne peuvent pas être vaccinées contre la COVID-19 en raison d’une allergie ou d’effets secondaires graves après une première vaccination » est symptomatique de l’absolutisme vaccinal[note]. « Dans des situations exceptionnelles, certaines personnes ne peuvent être vaccinées contre la Covid19 pour des raisons médicales strictes […]. Ce n’est que si une allergie au PEG ou au polysorbate est connue et prouvée, ou si un effet secondaire grave est survenu après la première vaccination, que l’on considère que cette personne ne peut être vaccinée en toute sécurité (même en milieu hospitalier)[note] ». 

Pour éviter toute échappatoire à la vaccination, la procédure est ultra-centralisée. Un médecin généraliste ou un spécialiste qui suit le dossier d’un patient se voit écarté de la procédure. Seul un médecin de référence/allergologue figurant sur une liste préétablie par le gouvernement est habilité à décider si la vaccination est appropriée ou non. Dans le cas où celle-ci reste à proscrire, le patient pourra disposer de tests PCR gratuits à volonté. Mais « dès que des vaccins contre le Covid-19 ne contenant plus de PEG ou de polysorbate seront disponibles sur le marché, la vaccination des personnes allergiques à ces substances sera possible ». Ouf ! On est rassuré ! La voie de la guérison, c’est le vaccin ! Vous en avez peur ? Vous craignez des effets secondaires cardio-vasculaires en raison de votre dossier médical personnel ou des antécédents familiaux ? Comprenez : la seule contre-indication médicale reconnue, c’est exclusivement l’allergie au produit inoculé par le vaccin. Point à la ligne. Le terrain allergique ou inflammatoire du patient ne compte pas, ni d’ailleurs ses vulnérabilités cardio-vasculaires. Vous avez peur du manque de recul, des effets indésirables potentiels, voire irréversibles, à moyen ou à long terme, notamment pour vos enfants ? Des fadaises, tout ça ! La seule peur légitime reconnue par le gouvernement est celle du virus et de la mort. Ferment de la « servitude volontaire », du consentement citoyen aux mesures liberticides, elle est même encouragée. Par contre, la peur du vaccin est proscrite ! 

Dans cette logique, le gouvernement fait la guerre à une minorité de citoyens non-vaccinés. Coupable de la circulation du virus, fossoyeur de la reprise économique et des lendemains qui chantent, c’est la brebis galeuse à isoler. Ce qui justifie, à leurs yeux, la mise au ban des non-injectés de l’accueil hospitalier, des théâtres, cinémas, restaurants, des salles de sports, etc… L’enjeu : leur faire mordre la poussière, leur pourrir la vie, de façon à les acculer au « repentir ». La délivrance ? Accepter, de guerre lasse, l’injection pour retrouver provisoirement la liberté. Tel est l’enjeu du passe « sanitaire », dont le corollaire est la mise en quarantaine de la parole critique. 

Acte 4 : Un principe de précaution passé à la moulinette 

« Les réfractaires » à la vaccination : une étiquette infâmante accolée par le gouvernement De Croo, qui marque une fracture entre « bons » et « mauvais » citoyens. Pourtant, dûment vaccinés contre une série de maladies infantiles, nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas dans le clivage « anti/pro-vax ». Car c’est nier qu’il existe une différence de taille entre ces nouvelles technologies vaccinales et les classiques : le respect des garde-fous et des étapes préalables à l’autorisation de mise sur le marché. Les premiers sont toujours en phase expérimentale (jusqu’en 2022 ou 2023 selon les marques), et sont autorisés à titre provisoire. Les seconds ont respecté méthodiquement les étapes successives préalables à leur mise sur le marché, dont l’autorisation remonte à des dizaines d’années. 

Dans la mesure où les effets secondaires à moyen et à long terme de ces nouvelles technologies sont méconnus, et que le gouvernement engage, par ses choix, l’ensemble de la population, on est en droit d’attendre des autorités politiques qu’elles tempèrent, au minimum, leur stratégie vaccinale par la mise en œuvre du « principe de précaution ». 

À cette heure, 86% des adultes sont complètement vaccinés[note]. N’est-il pas dans l’intérêt public de faire preuve de prudence, en préservant, au minimum, les jeunes, — la relève ! —, de la vaccination massive ? Sachant qu’il est essentiel d’avoir une pharmacovigilance[note] robuste pour certifier de l’efficacité et l’innocuité des vaccins à moyen et à long terme, pourquoi le gouvernement s’obstine-t-il, dans sa rage vaccinale, à supprimer l’existence d’un « groupe contrôle » non-vacciné ? Pourquoi ne s’inspire-t-il pas des protocoles des essais cliniques, sachant que sans « groupe de contrôle », il sera d’autant plus hasardeux d’établir une causalité possible entre les effets secondaires et les vaccins ? Bref, n’est-il pas dans l’intérêt collectif d’affiner les études scientifiques, en tolérant une minorité « non vaccinée », dans le respect du « principe de précaution » ? De toute évidence, celui-ci n’est pas dans l’écran radar des autorités politiques. Rien ne peut les faire dévier de leur foi vaccinale. En instaurant le passe sanitaire (le « Covid Safe Ticket »), ils sont passés à la vitesse supérieure : rendre (indirectement) obligatoire la vaccination pour tous. 

« Il faut forcer le cheval à boire », dixit le socialiste Rudi Vervoort, ministre-président de la Région bruxelloise. Les « jeunes poulains », épris de liberté, sont singulièrement dans sa ligne de mire. Les activités sportives et récréatives sont essentielles à leur santé physique et psychique. Le CST les confisque pour les non-vaccinés. Question de les mettre au pas. Un « dressage » perfide qui marche du tonnerre, et qui ravit la socialiste Christine Morreale : « Depuis l’annonce du Covid Safe Ticket, quatre fois plus de personnes s’inscrivent à la vaccination ». Et d’ajouter, sans rire : « Le CST, c’est une adhésion encore un peu plus importante à la vaccination. Et cela, c’est positif ». Et de conclure « La vaccination obligatoire ne doit pas être tabou »[note]. Seulement voilà, le CST présente des avantages sérieux par rapport à la voie légale. 

PETIT PRÉCIS DU MACHIAVÉLISME À L’ÈRE COVID 

Parce que les vaccins contre le Covid-19 ont été élaborés dans un délai « exceptionnellement court », les contrats d’achats anticipés négociés entre la Commission européenne et les grands groupes pharmaceutiques prévoient des clauses d’exonération de responsabilité financière liée aux effets indésirables des vaccins. Lesquelles ? Difficile à dire précisément. Car la règle en vigueur, c’est l’opacité des contrats vaccinaux[note]. Une certitude cependant. Leur trame, c’est la « privatisation des gains/collectivisation des pertes ». D’un côté, les firmes pharmaceutiques, se voient gratifier de certaines clauses d’irresponsabilité sur les effets secondaires des vaccins, qui se reportent en l’occurrence sur les États. L’argent public massivement investi dans la production de vaccins génère des profits d’autant plus plantureux pour les firmes pharmaceutiques, qu’aucune contrepartie n’a été exigée en matière de transfert des technologies pour faciliter la production dans les pays tiers. D’un autre côté, les États se gardent de rendre directement la vaccination obligatoire. Dès lors qu’elle reste volontaire, c’est le candidat au vaccin qui en assume le risque. 

La marche forcée de la vaccination passe par le CST. À l’heure où la société fait de la lutte contre les discriminations une priorité stratégique, incarnée entre autres dans les droits LGBTQI+, il est frappant de voir l’apathie générale face à la création d’un statut de citoyen de seconde zone, « le non-vacciné », dépouillé un à un de ses droits fondamentaux, dont celui même de se nourrir, dès lors que l’accès au travail est conditionné à la possession d’un QR code, et dont le « crime » est d’avoir refusé une injection non obligatoire sur le plan strictement légal. 

Plus généralement, quand De Croo et Di Rupo reprochent aux non-vaccinés « leur irresponsabilité et un usage égoïste de leur liberté »[note], ils affichent de facto leur total mépris envers le « principe de précaution », en terme d’action politique ; leur mépris envers la sagesse ancestrale qui préconise la prudence face à des choix technologiques qui pourraient induire de graves conséquences sanitaires dans un horizon plus lointain ; enfin, leur mépris pour les règles d’éthique, en sacrifiant les droits fondamentaux sur l’autel de l’hygiénisme sanitaire. Où sont passés les démocrates de tous bords pour s’en émouvoir ? 

Celtibère 

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Histoires de Codeco

Presque 600 jours depuis notre première conférence de presse, de nombreuses questions, aucune réponse sous forme d’un dialogue, aucun questionnement ou doute de la part du pouvoir en face. Mémoire de ces heures passées à vous montrer qu’ils travaillent pour autre chose que le bien commun, alors qu’ils nous coupèrent le micro, lancèrent le générique de fin en pleine question, nous empêchèrent de rentrer en conférence pendant plus de huit mois… censure d’État. Imaginez un instant, si toutes ces questions avaient été débattues démocratiquement…

CODECO N°1 15 AVRIL 2020 

-Alexandre Penasse : Vous remerciez souvent les Belges pour leur participation et leur obéissance, leur civilité. Vous parlez également d’un avant et un après Covid-19. Alors je me demande vraiment s’il y aura un après covid19 ? Et je vais peut-être être un peu dérangeant, je vais vous parler de Monsieur Philippe De Backer qui a travaillé de 2009 à 2011 chez Vesalius Biocapital, et vous le choisissez comme responsable de la task force en charge de la recherche de matériaux indispensables pour lutter contre le coronavirus. Vesalius est un fonds d’investissement spécialisé dans les soins de santé au Luxembourg. Il faut savoir que dans son cabinet média, il y avait Luc Windmolders, ministre des médias, qui travaille pour KPN et qui participe notamment à nous imposer la 5G. Donc je ne vois pas beaucoup de principes de précaution dans votre gouvernement. On peut aussi parler de Bart Vermeulen, responsable politique pharmaceutique au cabinet de Maggie De Block… Il était chef économie chez pharma.be. Parlons aussi de Marc Van Ranst qui était au comité Influenza en 2009 et qui avait été payé par la multinationale GSK. Donc ma question est, par rapport aux décisions que vous prenez maintenant, quelle légitimité démocratique y‑a-t-il à prendre ce genre de décisions quand la plupart des membres qui décident et qui réfléchissent font partie des multinationales et de la finance ? (…) 

-Sophie Wilmès : Vous venez d’introduire dans cette salle de presse la question biaisée politiquement, ce qui en général, n’est pas l’habitude des journalistes. Soit. Je rappellerai quand mêmeque les gens sont libres de travailler, de changer de carrière, de décider de s’engager pour le bien commun, peu importe ce qu’ils ont fait avant, et je peux vous garantir que ce n’est pas la société pour laquelle vous travaillez qui définit l’homme ou la femme que vous êtes. C’est en tout cas la liberté fondamentale dans laquelle on croit encore dans ce pays. Je rappellerai, pour sortir de la polémique, le processus décisionnel dans lequel nous sommes inscrits, à savoir des groupes d’experts qui, de par leurs connaissances, leurs expériences, leur volonté aussi de se consacrer, en dehors de leurs heures de travail, sans compensation, pour le bien commun. Ils travaillent jour et nuit pour nous apporter des conseils. Derrière cela, la décision politique est ce qu’elle est, c’est-à-dire qu’elle revient au politique. C’est le politique qui prend ces décisions, et derrière ou avant le politique, il y a des élections, puis il y a aussi des votes de confiance au Parlement. Il y a aussi la volonté en ce qui concerne ce gouvernement fédéral, d’élargir l’adhésion, puisque, alors qu’il n’est pas obligé de le faire, il prend ces décisions d’un commun accord avec les entités fédérées, s’agissant de questions fondamentales pour la santé et la vie de nos concitoyens. 

CODECO N°2 27 NOVEMBRE 2020 

-Alexandre Penasse : Des dizaines de milliers de chômeurs, une augmentation massive de suicides, des violences familiales exacerbées, des personnes mises à la rue, un décrochage scolaire massif, divorces, alcoolisme, violences sociales, croissance des cas psychiatriques, perte de repère notamment chez les jeunes totalement incapables de se projeter dans l’avenir, étudiants du supérieur rivé devant des écrans toute la journée, en dépression, paupérisés par l’absence de job. Afin d’évaluer le rapport coûts-bénéfices des mesures politiques prises contre le Covid : quand comptabiliserons-nous les conséquences sociales, économiques et sanitaires de ces mesures ? Ne pensez-vous pas que les effets supposés bénéfiques de vos mesures sont contrebalancés par leurs conséquences négatives ? 

-Alexander De Croo : Monsieur, vous savez combien de gens ont perdu la vie à cause du Covid ? Vous savez quel est le coût médical de gens qui auraient dû avoir droit à des soins qui n’ont pas eu droit à des soins ? Je pense que vous sous-estimez ou bien j’ai l’impression que vous êtes en train de nier la réalité, mais on voit que l’impact de société du côté médical de cette crise est énorme et je pense que les mesures que nous prenons sont des mesures qui sont tout à fait justifiées. 

CODECO N°3 18 DÉCEMBRE 2020 

-Alexandre Penasse : Il y a beaucoup de gens qui ont remis en question le schéma vaccinal qui semble inéluctable, mais vous ne répondez jamais à ces interrogations. Le débat semble complètement cadenassé en Belgique. Cette crise du Covid n’est-elle pas gérée de façon totalement antidémocratique comme de nombreuses autres choses qui devraient nous concerner toutes et tous. C’est la seule solution le vaccin ? 

-Alexander De Croo : Oui, on se laisse « adviser » par des scientifiques, et jusque maintenant je n’ai pas encore vu un scientifique sérieux qui m’explique qu’il y aurait une autre solution 

AP: J’en ai vu beaucoup comme journaliste. 

ADC: Vous …ous en voyez d’autres que moi, mais tous les scientifiques sérieux me disent que la seule solution, c’est le vaccin et on commencerait à vacciner fin de l’année. 

-AP : Peut-on en débattre démocratiquement, Monsieur De Croo ? Les gens comprennent certainement que vous voulez sauver des vies, mais ils ne comprennent pas pourquoi vous ne l’avez pas fait avant. Vous parlez maintenant d’une troisième vague, à la troisième on parlera de la quatrième peut-être. Qu’avez-vous fait depuis mars pour essayer d’endiguer ça ? Notamment pour les hôpitaux publics. 

-ADC : On a fait un refinancement des hôpitaux de minimum 4 milliards. On a pris des mesures qui étaient très sévères, et dans une période de 8 semaines, on est passé du pire élève à aujourd’hui. Il y a peu de pays qui font mieux que nous, mais si vous pensez qu’il y a une solution magique pour gérer cette crise, montrez-la moi ! Et montrez-moi un pays qui a aujourd’hui trouvé une solution magique sauf des pays qui sont extrêmement éloignés comme la Nouvelle-Zélande, mais ça géographiquement, c’est un peu différent. 

-AP : Je n’ai pas dit qu’il y avait une solution magique. Je vous ai posé une question la dernière fois, le direct a été coupé, où je vous demandais les effets notamment collatéraux des mesures qui sont en train d’être prises avec des gens qui meurent, des suicides etc. 

-ADC : Comme toujours , si vous voulez faire passez des messages, présentez-vous aux élections, vous êtes candidat, vous êtes élu au parlement, vous avez un message. Une conférence de presse, c’est pour poser des questions pas pour faire des déclarations politiques. 

CODECO N°4 22 JANVIER 2021 

-Alexandre Penasse : Quels sont vos véritables critères de ce qui est essentiel ou pas en ce sens que la réception du Nouvel An de l’Open VLD était-elle essentielle vu le flagrant délit et le principe d’égalité des Belges devant la loi1 ? Pouvez-vous nous confirmer que l’organisateur ainsi que les invités ont eu une amende comme les autres ? 

-Alexander De Croo : Juste comme ici, des événements auxquels je participe, je demande toujours si les règles sont respectées, et c’était le cas. 

[…] 

-AP : Je me mets un peu à la place des barmans, des restaurateurs, des coiffeurs, […] pour revenir sur ce point d’essentiels et non-essentiels. Comment justifiez-vous qu’il y ait des bus et des supermarchés bondés, alors que les théâtres, cinémas, restos sont vides, que les professionnels du sport puissent continuer à jouer, alors que les enfants, et on sait que c’est essentiel pour l’immunité, ne peuvent plus faire de sport ? 

-ADC : Il y a certaines activités que l’on veut maintenir, comme les écoles. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de doute au fait qu’on veuille garder les écoles ouvertes. Les transports publics sont nécessaires pour pouvoir se déplacer et que des magasins soient ouverts, je pense que c’est une bonne chose, mais c’est sous conditions de règles qui sont très strictes. Je vois d’ailleurs que les commerçants font tout pour les appliquer. 

CODECO N°5 5 FÉVRIER 2021 

-Alexandre Penasse : Comment justifiez-vous dans les faits que les citoyens n’aient plus le droit de manifester librement ? Trouvez-vous cela normal que des déploiements policiers comme ceux du 31 janvier [manifestation] soient systématiques ? Le droit de manifester est inscrit dans la constitution, mais les gens ont peur de prendre des amendes, de prendre des coups ou d’être arrêtés et donc ne manifestent plus ou ont peur d’aller manifester. Qu’est-ce que vous en pensez ? 

-Alexander De Croo : Il y a un droit de manifester. De manifester d’une manière statique avec un maximum de cent personnes, mais c’est aux villes de décider s’ils pensent que c’est autorisé de faire une manifestation ou pas. Par exemple, dans la commune où j’habite, on a donné une autorisation de faire une manifestation, il y avait douze personnes, mais il y avait l’autorisation de le faire. 

-AP : Le Premier et son gouvernement sont-ils au courant qu’une des plus grandes études vient de sortir d’un grand épidémiologiste de l’université de Standford ? Il a comparé différents pays entre eux et il a montré qu’il n’y a aucun bénéfice significatif des mesures sociales les plus coercitives sur la propagation du 

SARS-cov‑2 donc, est-ce que le gouvernement tient compte de ces études ? Est-ce qu’ils vont adapter leurs mesures quand on sait que la fermeture des coiffeurs, des restos et des bars, le confinement et le couvre-feu n’ont aucune preuve d’efficacité (micro coupé), allez-vous tenir compte de ça pour les restaurants ou les bars ? 

-ADC : Non. J’ai vu un résumé d’étude qui montre clairement que les mesures de confinement sont les seules mesures qui ont prouvé dans tous les pays que ça a des effets. Vous citez une étude que je n’ai pas vue, mais il y a un résumé qui montre que les mesures de confinement sont les mesures qui sont les plus efficaces. On le voit partout. Les pays qui ont une flambée, Portugal, Irlande, Royaume-Uni, pourquoi ça s’est passé ? Parce qu’à un moment donné, ils ont lâché et l’effet a été pratiquement immédiat. 

CODECO N°6 27 FÉVRIER 2021 

-Alexandre Penasse : Toutes les mesures politiques sont basées sur des chiffres qui viennent de test PCR, dont M. Van Laethem a dit que le cycle d’amplification était beaucoup trop haut, dans “Ceci n’est pas un complot”. Est-ce que vous allez tenir compte d’avis d’autres scientifiques, d’autres études qui disent qu’il faut prendre des cycles d’amplification beaucoup plus bas et qu’on ne confondra plus cas positif et malade du Covid ? Parce qu’en termes de coûts-bénéfices, c’est un peu catastrophique. 

-Alexander De Croo : Vous pouvez douter de beaucoup de choses, et de beaucoup de faits. Mais si vous lisez les journaux, vous allez voir qu’il y a une chose que l’on voit beaucoup plus, c’est des faireparts. Vous pouvez douter de beaucoup de choses, mais ça, c’est une réalité que l’on ne peut pas nier. 

CODECO N°7 5 MARS 2021 

-Alexandre Penasse : J’ai parfois l’impression d’être à un conseil d’administration d’Astrazeneca ou de Pfizer. Je comprends que vous craigniez pour la population, mais la vaccination n’est pas obligatoire et pourtant je vois dans le communiqué de presse que vous venez de donner aux journalistes que votre plan d’avril, plan plein air et plan d’investissements massifs dans les tests rapides, est conditionné à l’avancement de la campagne de vaccination. Ma question est : si certaines personnes, c’est leurs choix, refusent de se faire vacciner, est-ce que ces plans et donc cette reprise d’une vie normale vont être conditionnés à la vaccination ? Si les gens ne se vaccinent pas qu’est-ce qu’on fait, c’est un droit, c’est un choix ? 

-Alexander De Croo : C’est un droit, mais heureusement on voit que beaucoup de gens sont en train de se vacciner, c’est une bonne chose. Et comme Monsieur Jeholet l’a dit tout à l’heure, la vaccination est un choix personnel, mais c’est aussi une responsabilité collective. Si à un moment donné on veut que nous tous, et certainement notre population plus jeune, puisse de nouveau avoir la liberté qu’elle espère avoir, il y a un lien direct avec la vaccination. Je vais vous donner un exemple : dans les centres, dans les maisons de repos, on a vu que les hospitalisations ont chuté de presque 80 % grâce au fait que les gens sont vaccinés. La vaccination fonctionne et heureusement une très grande partie des Belges qui reçoivent une invitation acceptent et se font vacciner. 

-AP : Vous parliez la dernière fois du fait que vos mesures politiques étaient basées sur la rubrique nécrologique et les faire-parts puisqu’il y avait plus de morts. Le bulletin du 3 mars 2021 de Sciensano indique que les morts ne font que diminuer donc ils indiquent moins 29 %. Je me demandais où vous alliez rechercher vos chiffres si on n’a pas les mêmes, et de manière générale est-ce que vous seriez prêt, après un an de situation Covid, à mettre sur le site du gouvernement sur quelles études scientifiques vous vous basez parce que je réitère : nous en avons d’autres nous journalistes, et nous entendons d’autres points de vue qui ne passent pas… 

-ADC : D’abord le fait que les décès diminuent, ça montre que les mesures fonctionnent. Et heureusement que les décès diminuent parce qu’on a eu des moments où il y en avait des centaines par jour. C’était des personnes, des amis, des frères, des sœurs que les gens devaient quitter. La base scientifique, les rapports de Sciensano sont publics, sont disponibles sur les différents sites web, et vous pouvez les utiliser, scrutiner et critiquer si vous voulez. 

CODECO N°8 19 MARS 2021 

-Alexandre Penasse : Qui représentez-vous Monsieur De Croo. ‑Alexander De Croo : [hésitations]. Le gouvernement fédéral et les gouvernements qui faisaient partie du comité de concertation. 

-AP : Si vous êtes le ministre de tous les Belges, pourquoi n’écoutez-vous pas ceux qui pensent autrement que vous, pourquoi basez-vous vos décisions sur une poignée de scientifiques alors que je vous ai déjà indiqué l’erreur soulevée par de nombreux scientifiques et médecins que je rencontre en tant que journaliste, de baser le comptage sur des tests PCR dont les cycles d’amplification sont beaucoup trop grands. Je ne comprends pas pourquoi toute voix dissidente est censurée et je respecte et comprends votre position, mais normalement en démocratie, il doit pouvoir y avoir du débat et toutes les positions différentes doivent pouvoir être entendues. Ma question est, pour monsieur Vandenbroucke aussi, pourquoi toute voix dissidente est censurée ? 

-ADC : Monsieur j’ai compris votre question. C’est assez grave ce que vous dites : où est la censure ? Où est-ce que vous voyez de la censure ? Est-ce qu’il y a quelque part une voix que j’aurais censurée ? Nous vivons dans un pays libre où les gens peuvent s’exprimer, peuvent poser des questions. J’essaye au maximum d’aller au dialogue et je vois pas vraiment où vous parlez de censure. 

CODECO N°9 24 MARS 2021 

-Alexandre Penasse : Le 27 novembre, je vous avais posé une question pour laquelle je n’avais pas obtenu de réponse. Pouvez-vous chiffrer les coûts humains socio-économiques de vos mesures Covid par rapport à ces bénéfices ? Je trouve ça important vu ce que vont subir les Belges maintenant pendant un mois et je voudrais ajouter que d’un point de vue psychologique, les soins de santé de psychiatrie sont débordés et j’ai l’impression que ce qui se passe est gravissime. 

-Alexander De Croo : En tout cas Monsieur, moi je constate que vous êtes ici, donc on ne vous a clairement pas interdit de venir et vous avez l’occasion de poser des questions donc je ne vois pas très bien ce que vous voulez dire. Le coût ! Estimer un coût humain, c’est difficile. Mais il y a quand même 22.000 personnes qui sont décédées à cause du Covid. Des gens parfois âgés, mais parfois des gens très jeunes aussi… Et certains pays qui avaient pensé à un moment donné que des mesures n’étaient pas nécessaires, ont quand même pris des mesures. On fera l’analyse après de quel a été le coût global de la pandémie Covid et si les mesures qu’on a prises étaient les bonnes mesures ou pas. Mais faire l’évaluation en pleine crise, je pense que c’est un peu difficile. La question que vous posez est clairement une question qui sera répondue à un moment donné. 

CODECO N°10 14 AVRIL 2021 

-Alexandre Penasse : Je voudrais un tout petit peu élargir le débat par rapport aux attaches idéologiques qui peuvent justifier certaines décisions… Monsieur De Croo, vous avez été Young Global Leader du Forum économique mondial. Vous avez récemment fait une vidéoconférence avec Klaus Schwab président et fondateur du Forum. Klaus Schwab prédit que 80 % de l’horeca ne se remettra pas du covid, il dit aussi que les pauvres seront beaucoup plus pauvres après le covid, il dit aussi que personne ne sera en sécurité tant que le monde ne sera pas vacciné alors que les résultats dans les pays qui ont vacciné, il faudrait en discuter. Les pays qui ont vacciné massivement comme le Brésil, le Chili ou Israël montrent son peu d’efficacité, ses effets sur les variants et le risque pour la santé, certains disent que nous sommes dans une phase expérimentale et que nous sommes en fin de compte des cobayes, mais ça on pourra en rediscuter… 

Ma question est : que représente Klaus Schwab pour vous, Monsieur De Croo, et en quoi les idées du Forum économique mondial influencent-elles les décisions politiques que vous prenez ? 

-Alexander De Croo : D’aucune manière. On prend nos décisions basées sur des allégations scientifiques, comme je l’ai dit. Sur ce qu’on ressent et sur ce qu’on pense qui sont des décisions prudentes et réalistes. Et c’est ça les décisions que nous avons prises. 

CODECO N°11 23 AVRIL 2021 

-Alexandre Penasse : 50 % des gens n’adhèrent pas aux règles du gouvernement, c’est Monsieur Di Rupo qui le rappelait la semaine dernière. Monsieur Van Ranst est lui-même sous protection policière. Des centaines de médecins et scientifiques notamment ne sont pas d’accord avec les analyses et les mesures préconisées par vos experts. C’est notamment le cas du groupe CovidRationnel, vous le connaissez peut-être [ADC: non]. Je voudrais quand même citer quelques personnes qui en font partie : il y a Christine Dupont, bio-ingénieure et doyenne de faculté, Olivier Servais, anthropologue et doyen de faculté, Raphaël Jungers, prof de mathématique et modélisateur, Vincent Laborderie, prof de science politique, Bernard Rentier, que vous connaissez, virologue, Élisabeth Paul, prof de santé publique, Irène Mathy, prof de droit, Pierre-François Laterre, chef du service des soins intensifs de Saint-Luc les cliniques universitaires ; mais il y en a d’autres encore que j’ai interviewés : Yves Couvreur, un anatomopathologiste, Yves Gailliez, un médecin de famille, Frédéric Goareguer, pédopsychiatre, Christophe De Brouwer qui vient d’être censuré sur notre chaîne YouTube et qui a des propos très intéressants ! 

Les Belges veulent un vrai débat. Pour la démocratie, pour le peuple belge, êtes-vous prêts à organiser un débat avec vos experts et certains professionnels que je viens de citer ? Alors Monsieur De Croo, c’est clair qu’il ne faut pas freiner dans le tournant [expression de ADC lors de la conférence de presse], mais tout le monde ne voit pas le tournant au même endroit. Ma question est simple, et demande un oui ou un non : êtes-vous prêt à faire un débat avec d’autres gens que vos experts ? Merci. 

-Alexander De Croo : Mais Monsieur, il n’y a pas mes experts. Vous pensez que j’ai une sorte de collection de mes experts et que j’ouvre une sorte de canette avec mes experts ? C’est pas comme ça que ça fonctionne. On utilise plein d’expertises. On regarde plein d’opinions et je ne sais pas d’où vous avez l’idée que je refuserais d’aller en dialogue avec l’un ou avec l’autre. La liste de noms que vous avez donnée est probablement intéressante, mais je ne connais pas ces gens, Monsieur. 

CODECO N°12 11 MAI 2021 

-Alexandre Penasse : Ça fait depuis novembre 2020 que je vous pose des questions dans cette salle même, dans cette salle de presse. Je vous ai demandé notamment ce que vous avez fait pour les hôpitaux, je vous ai parlé des tests PCR qui pour moi et pour d’autres faussaient le nombre de malades, de vos critères pour définir ce qui est essentiel et non-essentiel, etc. J’ai l’impression de ne pas avoir eu de réponses honnêtes et franches. Vous voyez, une réponse où on regarde quelqu’un dans les yeux, on a l’impression de pouvoir avoir un dialogue. Peut-être que cette gestion froide par une élite en partie non-élue explique la défiance de la population. Peut-être que les dizaines de milliers d’enfants, d’ados, de parents et grand-parents qui étaient dans les parcs ces derniers jours, ce n’est pas le signe d’un irrespect ou d’un égoïsme mais que beaucoup […] 

-Alexander De Croo : Monsieur un instant, un instant! Si vous voulez faire un exposé quelque part, vous louez une salle, vous invitez du public, on viendra vous écouter. Le but ici c’est de poser des questions, je répondrai à vos questions mais il faut que vous posiez des questions. 

-AP : Je vois qu’il y en a qui peuvent poser plusieurs questions, mais soit… À la dernière conférence de presse, vous avez prononcé 59 fois le mot vaccin, j’ai l’impression que le chemin était déjà tracé, d’où ma question : vous dites qu’il n’y a aucune obligation vaccinale mais en même temps vous en parlez tout le temps. Il y a une propagande énorme et incroyable, et vous avez avancé devant les médias que ceux qui sont vaccinés bénéficieront de certains avantages, ce qui est totalement contraire au droit le plus élémentaire. Comment pouvez-vous expliquer ça ? 

-ADC : Honnêtement Monsieur, je n’ai nulle part dit que quelqu’un qui soit vacciné ait plus de droits que quelqu’un d’autre. D’ailleurs, dans la formule dont on a parlé pour les grands événements, l’alternative est toujours de vous faire tester et de montrer que vous avez un test négatif. Il n’y a pas d’obligation de se faire vacciner dans notre pays, je pense que c’est une bonne chose. Mais ce qu’il y a dans notre pays, c’est une grande motivation. Et cette motivation, elle est quand même assez extraordinaire. 90 % des gens au-delà de l’age de 65 ans se sont fait vacciner. Et je pense que la motivation est beaucoup plus puissante que l’obligation et on voit que ça fonctionne dans notre pays. 

CODECO N°13 4 JUIN 2021 

-Alexandre Penasse : Vous m’avez dit lors de la conférence de presse du 11 mai dernier : « Si vous voulez faire un exposé quelque part, vous louez une salle, vous invitez du public, on viendra vous écouter. » J’ai tenu compte de votre proposition : j’ai loué une salle, invité sept intervenants du monde médical et scientifique qu’on a très peu entendu dans les médias dominants. J’ai aussi contacté les experts du gouvernement qui ne m’ont pas répondu ou m’ont dit non. Je vous ai envoyé un mail pour vous demander si vous serez présent lors de ce débat, qui aura lieu le 10 juin. Vous ne m’avez pas encore répondu, est-ce que vous viendrez ? 

-Alexander De Croo : Je ne sais pas monsieur, je n’ai pas vu votre invitation. On vous répondra, ce n’est pas le but de la conférence de presse, de répondre à des idées ici… 

-AP : Mais vous m’avez parlé d’un débat, c’est pour ça que l’on fait un débat avec sept scientifiques. 

-ADC : Monsieur, je ne peux pas réagir par rapport à quelque chose que je n’ai pas lu. 

CODECO N°14 ‑18 JUIN 2021 

-Alexandre Penasse : J’ai l’impression quand vous parlez, la vaccination paraît obligatoire. Ce n’est pas le cas Monsieur Vandenbroucke, n’est-ce pas ? 

-Alexander De Croo : Non monsieur, la vaccination n’est pas obligatoire en Belgique mais elle est importante. C’est une nuance. 

-AP : C’était juste une précision. Puisque vous avez refusé vous, Monsieur De Croo et les experts du gouvernement, de venir au débat qu’on a organisé le 10 juin. Je voudrais vous annoncer quelques points dont on a parlé à ce moment-là puisqu’on est dans la joie vaccinale, le retour à la vie normale, mais c’est quand même important d’énoncer quelques points… 

-ADC : Monsieur, le but c’est que vous posiez des questions. Si vous avez une petite question à poser, posez la question, mais aller débiter des textes ici n’est pas le but d’une conférence de presse. Si vous voulez faire une conférence de presse vous-même, vous pouvez l’organiser. Il y a peut-être des collègues à vous qui vont venir, mais en général, c’est vous qui posez les questions et c’est nous qui y répondons. 

-AP : Mais c’est vous qui décidez les questions que je peux poser ? 

-ADC : Posez une question alors, allez‑y. Oui. 

-AP : D’accord, ça fait quinze mois que d’autres experts ont d’autres points de vue qu’on ne peut pas entendre. 

-ADC : On peut les entendre, Monsieur. 

-AP : Si on nous parle de reconfinement, à l’automne, est-ce que ça aura une légitimité ? Est-ce que vous pouvez répondre à toutes les questions que je pose depuis quinze mois ? 

-ADC : Monsieur, vous êtes invité ici à chaque fois, vous avez l’espace, mais posez votre question… 

-AP : Vous ne répondez jamais à ma question… Est-ce que vous allez venir discuter avec d’autres scientifiques, avec monsieur Martin Zizi, Louis Fouché, avec d’autres gens qui ont d’autres points de vue ? Est-ce que vous, ou l’un de vos experts, va venir discuter avec quelqu’un d’autre ? 

-ADC : Je ne connais pas ces personnes, Monsieur…

-AP : Mais l’important n’est pas si vous les connaissez ou pas. Je vous demande si vous allez venir ?

-ADC : Monsieur, on n’est pas à un endroit où on lance des invitations donc je ne sais pas de quoi vous parlez… 

-AP : Il n’y a qu’un son de cloche depuis quinze mois. 

-ADC : Mais pas du tout. En Belgique, toutes les opinions ont été discutées. Et même dans les médias classiques, il y a eu des gens qui ne croient pas du tout au vaccin. Et qui ont pu en parler. Et ils ont eu beaucoup d’espace dans la presse et je pense que c’est normal qu’ils aient eu beaucoup d’espace dans la presse. Ce que je vois, c’est qu’en général, les gens ne les croient pas. En général, les gens se font vacciner. Et vous savez ce qui se passe ? Les gens qui se font vacciner, ils ne se retrouvent plus à l’hôpital. Et c’est ça ce qu’on voit. C’est que les gens ont fait confiance à la science, et ceux qui ont fait confiance à la science, ils sont protégés. Et c’est plutôt une bonne chose. 

CODECO N°15 17 SEPTEMBRE 2021 

-Alexandre Penasse : Votre objectif est de vacciner le plus de personnes possible, les enfants aussi. Pourtant, de plus en plus de voix de scientifiques s’élèvent pour demander de suspendre la vaccination vu le nombre de morts et d’effets secondaires inquiétants post-vaccination. Ils se trompent peut-être, mais peut-être pas. Je vous propose comme il est normal en démocratie de venir débattre avec ces gens. Acceptez-vous ? 

-Alexander De Croo : Vous avez déjà posé cette question monsieur. S’il y avait vraiment, comme vous dites, beaucoup d’effets secondaires, beaucoup de morts, pourquoi ce serait quelque chose dont vous êtes le seul au courant alors ? C’est quand même assez étonnant. Il y a au total dans le monde entier plus de 5 milliards de doses qui ont été administrées. En Belgique, on parle de 8.5 millions de gens qui ont été vaccinés. Nos services suivent ça de tout près. Il n’y a aucune indication que le vaccin ne serait pas sûr. Vous avez une information que personne d’autre n’a. C’est possible, mais c’est assez étonnant. 

-AP : Mais on peut en débattre.

-ADC : Monsieur, moi je suis prêt à débattre plein de choses, mais avec des gens avec un certain sérieux. 

-AP : Une petite question rapide encore. Pourquoi appliquer un Covid Safe Ticket qui va instaurer la ségrégation entre les gens, alors qu’on sait que les personnes vaccinées peuvent encore être contaminées et contagieuses. Je suppose que vous regardez les chiffres d’Israël, des Etats-Unis et du Royaume-Uni. 

-ADC : Comme je l’ai dit dans mon introduction, les vaccins sont sûrs et les vaccins réduisent le risque d’être malade ou de vous retrouver à l’hôpital avec plus de 90%. D’ailleurs dans tous les pays européens, on voit que, dans les pays qui ont beaucoup vacciné, la situation épidémiologique s’améliore nettement. Donc je trouve un peu bizarre que vous continuez à douter. C’est un peu comme douter le fait que le soleil se lève chaque matin. Vous voyez tous les jours que les vaccins fonctionnent, vous voyez qu’il y a de plus en plus de gens qui sont motivés à le faire. Alors si vous dites “Je n’y crois pas”, c’est votre choix. Mais s’il vous plaît, ne mettez pas en danger d’autres personnes. 

CODECO N°16 26 OCTOBRE 2021

-Alexandre Penasse : Vous me permettrez d’enlever mon masque, j’ai du mal à respirer. Je ferai comme vous… Monsieur Vandenbroucke a reçu récemment un courrier lui indiquant notamment que la vaccination des soignants et des jeunes était inutile et contre-productive car elle ne permet ni de prévenir la contamination, ni de réduire la charge virale des personnes. Je vous cite un rapide exemple qui n’est pas une tartufferie : Le 23 septembre, l’Irish Examiner annonçait que dans la ville de Waterford 99,7 % des plus de 18 ans étaient complètement vaccinés. C’est le chiffre le plus haut d’Europe. Pourtant, le 11 octobre, Waterford News and Star annonce que la ville a le plus haut taux d’incidence d’Irlande. Je vous pose la question : le Covid Safe Ticket est-il inutile dès lors qu’il favorise la contamination ? Et c’est prouvé. 

-Frank Vandenbroucke : Soyons clair : sans les vaccins, on assisterait à une catastrophe sanitaire, économique et sociale inédite. Le risque de contamination et le risque d’hospitalisation est réduit de façon très très très significatif quand on est vacciné. Mais comme je l’ai déjà dit, c’est un peu comme un parapluie : les vaccins sont un parapluie excellent qui protège contre la pluie. Mais s’il pleut fortement, s’il vente, il y a des gens même avec des parapluies qui sont mouillés. C’est rare, mais ça arrive. Et c’est ce qu’on vit maintenant. Donc, il y a trop de virus. Mais grâce à la vaccination, on est pas dans une situation catastrophique, mais il faut réduire la circulation du virus. En ce qui concerne le Covid Safe Ticket, évidemment, ce n’est pas une sécurité absolue. Il n’y a aucune sécurité absolue. Et donc, comme le Premier Ministre l’a dit, il faut combiner les sécurités et il faut aussi compter sur le bon sens. Et je répète l’exemple : un organisateur d’un évènement public très réduit, 45 personnes peut utiliser le Covid Safe Ticket. Et je crois qu’il y a beaucoup d’organisateurs qui préfèrent cela parce que ça crée quand même un peu plus de sécurité. Si en même temps, vous assistez à un évènement où il y a le Covid Safe Ticket, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas ventiler. Donc il faut combiner les mesures de sécurité. C’est l’addition des mesures de sécurité qui est la formule gagnante. Et donc, arrêtons des débats clichés, des débats simplistes tant sur la vaccination, le Covid Safe Ticket, la ventilation, le port du masque. Il n’y a aucun instrument qui est un silver bullet et qui réduit le risque à zéro, ça n’existe pas. Il y a la combinaison des instruments. 

Roland De Wind

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CovidRationnel : retour à la raison

Entrevue avec Bernard Rentier*

Comment l’association s’est-elle créée ? 

De manière informelle, les membres-fondateurs se sont contactés parce qu’à l’époque, à la mi-2020, après avoir été consultés par les médias traditionnels, on a commencé à être confrontés à un message quasi évangélique et dont on ne pouvait plus débattre. On a tous commencé à comprendre qu’il n’y avait pas de place pour les opinions divergentes. Nous nous sommes appelés et avons conclu que nous ne pouvions pas continuer à laisser courir le récit officiel sans bouger. Puis nous avons choisi un nom. Au début nous étions tous académiques, aujourd’hui, plus. Mais la rigueur et la rationalité restent universitaires. 

Vous trouviez que le débat manquait de rationalité ? 

Au départ, avec l’appui de Marius Gilbert, j’ai critiqué Sciensano car il y avait des données essentielles qui manquaient. Ça a été repris par la presse. On ne pouvait laisser gérer une crise pareille en se basant sur des données non consolidées. Le problème a été en grande partie résolu. Ensuite, nous nous sommes aussi insurgés contre le matraquage d’informations anxiogènes. On parlait de nombre de « cas » (en fait, de contaminations) sans mentionner le nombre de tests effectués. Bien sûr le nombre de cas est important, mais il doit toujours être accompagné du taux de positivité, aucun des deux ne suffit. Ça a fait des remous. Il n’y a pas eu de débat, mais des interviews successives à la RTBF, dont la mienne et celle du directeur de Sciensano qui me démentait. Heureusement, depuis lors, Sciensano fournit le taux de positivité. Mais il faut comprendre que si un biais est créé par la politique de testing (qui teste-t-on et pourquoi ?) le taux de positivité ne veut plus dire grand-chose. J’ai plaidé pour le testing d’un échantillon représentatif afin de connaître la prévalence précise de cette maladie dans la population belge, selon les méthodes éprouvées en épidémiologie. À ma connaissance, cela n’a toujours pas été réalisé un an plus tard, alors que c’est simple : il suffit de commanditer une étude à des universitaires. Aujourd’hui, nous ne savons toujours pas quelle est la prévalence réelle du Covid en Belgique… 

Donc les mesures sanitaires s’appuient sur du sable ? 

Elles s’appuient sur des modélisations, qui sont des extrapolations qui se sont montrées souvent fantaisistes et alarmistes, mais celles qui ont été démenties par les faits n’ont jamais été remises en question. 

Comment expliquez-vous cela ? 

Je ne sais pas, je suis dépassé ! Je pense qu’il y a une volonté de ne pas entendre les spécialistes de divers domaines qui ont des choses à dire. Les experts choisis ont pour unique but l’éradication du virus, un objectif illusoire. Que le « commissaire corona » Pedro Facon soit un politologue me pose problème. Il me semble que ce serait plutôt la place d’un scientifique. Un politologue comme Vincent Laborderie est capable de comprendre aussi la science, c’est heureux. Mais quand P. Facon prétend que le danger pour la population se trouve dans les écoles primaires, c’est très exagéré. Personne n’a jamais démontré que les écoles représentaient un danger plus grand que d’autres foyers potentiels. On sent bien qu’il faut justifier la vaccination des enfants pour atteindre un niveau record. Nous avons été assommés par des déclarations infondées depuis le début de la crise, et quand des gens comme nous vont dans un autre sens, on nous querelle sur nos sources. Au moins, nous en avons et les communiquons. 

C’est de la rhétorique… 

Suite à une attaque qui nous reprochait d’avoir co-signé une pétition flamande qui ne citait pas ses sources, nous avons fourni un gros boulot pour reprendre point par point toutes les accusations et les étayer scientifiquement. Peu de gens l’auront lu jusqu’au bout et c’est épuisant d’être mis en situation de prouver la moindre référence, mais c’est encore pire de se le voir reprocher par des gens qui eux-mêmes ne font pas preuve de la même rigueur scientifique ! 

On vous fait perdre votre temps et votre énergie… 

Ce n’est pas vraiment une perte de temps parce que nous apprenons énormément et que nous sommes en train d’engranger des notions que nous n’aurions probablement pas acquises si nous n’y avions pas été poussés. Ce qui nous dérange, c’est de lutter à armes inégales avec des gens qui ne font pas ce travail mais qui sont écoutés parce qu’ils ont l’étiquette officielle. 

Vos contradicteurs viennent autant de la science, des politiques que des médias ?Oui, les médias relaient les scientifiques et les politiques. Certains journalistes ou animateurs sur les chaînes « mainstream » se permettent de « reprendre » des scientifiques dans leur domaine de compétence et sont systématiquement hostiles. Ils confondent « complotisme » et « vérificationnisme », finalement. 

Allez-vous encore dans des médias comme la RTBF ? 

Tout à l’heure, je suis invité à Vivacité, car un de ses journalistes s’est réveillé. J’ai aussi reçu des invitations pour lesquelles j’ai été décommandé en dernière minute. Les dernières fois où je suis allé à la RTBF, ça s’est plutôt mal passé, on m’a régulièrement coupé la parole. Ça ne donne pas envie d’y retourner. 

Y a‑t-il quelqu’un à sortir du lot ? 

Dans les médias supposés neutres, c’est difficile à dire. Je ne saisis pas bien quelle est leur politique, l’influence des rédacteurs en chef… Certains journalistes me soutiennent à fond comme Luc Widant du Journal du Médecin mais aussi de Biotempo, considéré comme un organe de presse dite « alternative », étiquette qui nous colle à la peau et tend à nous décrédibiliser. Donc l’interview que je vous donne me décrédibilisera encore un peu plus, mais certainement pas aux yeux de tout le monde ! 

C’est une guerre de l’information ? 

Tout à fait ! Le document le plus édifiant, qui se suffit à lui-même, est la désormais fameuse conférence de Marc Van Ranst en janvier 2019 en Angleterre disponible sur le web. Un modèle du genre, bien construit, un chef d’œuvre de communication d’un cynisme absolu : il annonce comment on peut entuber le public. Cet exposé prévoit tout ce qui s’est passé en Belgique depuis 21 mois[note]. 

Et cela ne le discrédite pas ? 

Du tout, il est toujours en place. Et là on se dit « avons-nous la capacité de résister à cela ? Les dés ne sont-ils pas complètement pipés ? » On ne peut que tomber dans le complotisme, en admettant qu’il y a au moins un complot, celui du Big Pharma. Vu les casseroles que celui-ci traîne, j’ai du mal à avaler la manière dont la vaccination actuelle a été mise en place. 

Avez-vous des contacts avec Didier Raoult ? 

Non. Je ne l’approuve pas totalement, trouvant par exemple que sa communication médiatique est contre-productive, et qu’il a fait des erreurs majeures au démarrage de l’épidémie et qu’il s’est plongé maintenant dans une forme de provocation inutile. Cela dit, je pense que c’était un grand virologue, d’une envergure exceptionnelle, un homme de terrain et pas seulement de labo. Je peux être d’accord avec lui à 80%. On l’avait invité aux Grandes Conférences Liégeoises en 2020. Il n’est pas venu pour cause de confinement, mais avant même son annulation, il y a eu un tir de barrage, notamment de collègues de l’Université. Pourtant, c’eût été une figure intéressante à inviter. 

Quel est le but de l’association ? 

Saisir au bond tout ce qui se dit sur la crise sanitaire et qui n’est pas scientifiquement rigoureux comme, par exemple, l’affirmation qu’une troisième dose de vaccin est nécessaire. Si ça n’a pas marché les deux premières fois, pourquoi cela marcherait-il mieux à la troisième si rien n’est changé dans le vaccin ? De plus en plus de gens disent avoir eu le covid ou être vaccinés et n’avoir plus d’anticorps et ça les inquiète. Il n’y a pas de raison. L’immunologie nous apprend depuis des lunes qu’après une réponse primaire, le taux d’anticorps chute. En cas de rencontre postérieure avec le virus, une réponse secondaire, plus forte et plus rapide intervient. Ce qui me sidère est que tout se passe aujourd’hui comme si ce coronavirus était un extra-terrestre alors qu’il ne fait rien d’autre que ce que ses congénères ont toujours fait, à ceci près qu’il est plus dangereux pour certaines catégories de personnes. S’il y a une quatrième vague, c’est aussi dû aux mesures sanitaires qui avaient pour objectif d’ « aplatir la courbe ». Pari gagné, certes, mais à quel prix en termes de dommages collatéraux ? Quand on aplatit la courbe, on la prolonge dans le temps, avec la césure des saisons. 

Est-ce un effet pervers de la politique sanitaire ? 

C’est un effet logique, prévisible. En prolongeant l’épidémie, on se donne le temps d’avoir un vaccin, m’a‑t-on rétorqué. Tout le monde a cru que c’était le Graal, en sous-estimant le problème des variants, un phénomène pourtant déjà connu, à peu de choses près, avec la grippe. Le vaccin, efficace à 95% en janvier dernier, ne l’est plus qu’à 45% aujourd’hui à cause du variant Delta. Ce qui est proposé n’est plus le vaccin qui convient car il a été mis au point à partir de la souche de Wuhan. Les vaccinés ne sont donc pas protégés contre la souche actuelle, encore moins contre celle qui apparaîtra en 2022. On pourrait se dire : administrons alors une troisième dose dirigée spécifiquement contre le variant actuel. C’est techniquement possible, il suffit d’ajuster informatiquement la séquence du variant, ce qui prend 5 minutes, elle est connue ! Le reste de la production est inchangé. Mais ce n’est pas le cas, on continue à administrer l’ancien vaccin. Pourquoi ? Je l’ignore mais officiellement, on dit que c’est le premier vaccin qui a été homologué et que si on produit un nouveau, il faudra repasser par toutes les étapes. Mais il est plus vraisemblable qu’étant donné que les États ont déjà acheté la troisième et quatrième dose, ils pourraient vouloir d’abord les écouler. Quant aux firmes pharmaceutiques, elles ne seraient pas d’accord de fournir gratuitement des vaccins mis à jour en remplacement des anciens qui seraient considérés comme périmés. 

De plus ces vaccins sont d’une nouvelle génération, à ARN messager…L’idée de l’ARN messager est en soi géniale, sauf qu’on n’en connaît pas les effets à moyen et long terme, elle est expérimentale, même si, à court terme, on sait maintenant que les effets secondaires semblent limités. Les firmes productrices préparent actuellement un vaccin à ARN messager contre la grippe, donc je m’attends à une pression pour cette vaccination-là en janvier prochain puisque la grippe saisonnière fait environ 3.000 morts chaque année en Belgique, ce qui n’est pas rien. On nous concoctera certainement un « Influenza Safe Ticket » pour s’assurer de l’obéissance de chacun, comme d’ailleurs à l’avenir pour toutes les maladies virales. On est parti pour un processus sans fin, avec 3 ou 4 doses par virus et par an jusqu’à la fin de nos jours. C’est surtout cela qui m’inquiète : la dépendance à vie sans même savoir s’il n’y aura pas des effets indésirables dus à la répétition des injections. 

Quelle dystopie ! 

Oui, c’est affolant. Beaucoup croient que tout va être réglé avec les vaccins à ARN messager. Même si l’idée est théoriquement fort intéressante, je me dis que le principe de précaution doit s’appliquer. Sont-ce des vaccins ? Pas à proprement parler, ce sont des informations génétiques qui, une fois entrées dans nos cellules, les transforment en usines de production de vaccin dont nous ne maîtrisons pas le contrôle. Sont-ce des outils de thérapie génique ? Non plus. La thérapie consiste à soigner des malades, c’est ainsi qu’avant de produire ce vaccin-ci, l’ARN messager n’avait pratiquement été testé que pour traiter certains cancers, avec des succès divers mais sans rapport d’effets secondaires notables. Mais il s’agit de thérapie compassionnelle, qui n’a rien à voir avec la vaccination de personnes en bonne santé. On devrait appeler cela plutôt une « prophylaxie génique ». Technique d’OGM, dira-t-on ? Pas vraiment car les gènes ne sont pas modifiés, c’est plutôt une intervention sur l’expression des gènes et c’est nouveau chez l’humain. On joue un peu à l’apprenti-sorcier, et ce qui me sidère, c’est que la planète entière participe à une expérimentation humaine. Attention, dire cela est considéré comme un blasphème ! Après quelques mois, on connaît certains effets, dont les micro-thromboses qui peuvent potentiellement poser de gros problèmes de santé, ainsi que des problèmes vasculaires, des péricardites et myocardites constatées chez les jeunes en particulier. Il y a matière à s’en préoccuper et je ne comprends pas que tant de médecins n’en tiennent pas compte. 

Ne sont-ils pas eux aussi victimes d’une politique de la peur ? 

Probablement, ainsi que de l’habitude de suivre automatiquement les recommandations des délégués pharmaceutiques, qui sont des champions de la propagande. Il suffit de voir l’ampleur du budget publicitaire de Pfizer, par exemple. 

Si je vous dis les termes eugénisme et transhumanisme… 

Transhumanisme m’évoque les gens — nombreux — qui pensent que la technologie va les rendre immortels ou leur donner la santé parfaite pour très longtemps. C’est à rapprocher du solutionnisme technologique, comme de prétendre que le vaccin va tout résoudre à lui seul, ce qui est faux, presque tout le monde l’admet aujourd’hui. Pour la grippe (et, oui, je sais que c’est un autre virus !) le vaccin protège pour un an, l’immunisation naturelle, pour 7 ans en moyenne. J’ai été accusé d’eugénisme quand j’ai déclaré qu’il fallait laisser circuler au maximum ce virus chez les jeunes, pas concernés par les formes graves, contrairement à d’autres tranches d’âge. C’est un bon moyen de se débarrasser des épidémies et ça implique de protéger les personnes fragiles, mais moins se préoccuper des autres, qui acquerront une meilleure immunité que celle induite par le vaccin, sauf évidemment s’ils ont des fragilités particulières. L’eugénisme étant une volonté politique d’éliminer les « inaptes » pour « améliorer la race », je ne m’y reconnais évidemment pas le moins du monde. On peut par contre me taxer de « darwiniste ». J’ai proposé de vivre avec le virus et me suis fait incendier. Alors je dis qu’il faut vivre malgré le virus, ce qui revient au même mais est mieux compris. Le seul moyen de résister n’est pas uniquement le vaccin. Aujourd’hui, tout le monde, sans exception, admet qu’il va falloir vivre avec, donc, malgré le virus. 

Le panmédicalisme ? 

On y est depuis un certain temps, mais aujourd’hui il est devenu disruptif et excessif. Reconnaissons qu’il présente des avantages, moins d’enfants meurent en bas-âge, par exemple, mais il faut se demander jusqu’où on veut aller et quelles dépendances on est prêt à accepter. 

Partagez-vous l’idée que nous sommes dans une syndémie[note] ? 

Oui. Un virus ne fait jamais ses dégâts tout seul, il profite d’un terrain déjà dégradé. Le Sars-cov‑2 ne tue pas tout seul, mais il déclenche des phénomènes immunologiques anormaux chez certaines personnes, et c’est cette réaction qui les tue, ou les surinfections microbiennes. Donc, pensons toujours à tous ces éléments aggravants. Au niveau planétaire, il est clair que tout se met ensemble pour aggraver la situation : pollution, malbouffe, perturbateurs endocriniens, etc. 

Dans quel régime politique sommes-nous en train de glisser ? 

Pour moi, c’est inédit, nous ne devenons ni chinois ni soviétiques. Je ne pense pas non plus à une dictature classique au sens africain, par exemple, car il faudrait qu’une personnalité spéciale émerge. Ce qui nous guette est un affaiblissement du parlement qui laisserait la gestion du pays au seul exécutif. C’est ce qu’on vit depuis quelques années avec les pouvoirs spéciaux contre le 

terrorisme. La loi Pandémie ne définit pas clairement le moment auquel elle doit être activée. Par exemple, pour le moment, nous ne sommes pas dans les conditions pour cela. On l’active cependant, non pas sur des chiffres-clés, mais sur base de modélisations dont on peut se demander pourquoi elles seraient un meilleur indicateur que les précédentes. Les modèles effraient le public et préparent les esprits aux restrictions. Fait-on cela pour asservir la population ? Je ne pense pas, plutôt par excès de prudence. Si on enferme tout le monde, l’électeur ne va pas aimer ; si on n’enferme pas assez, que le virus circule et qu’il fait beaucoup de morts, le risque électoral est le même. La position est difficile, il faut le reconnaître. 

Le « Covid Safe Ticket », est-ce une bonne idée ? 

Pas du tout. Et si on suit la logique de son utilisation comme outil de sécurité, cela peut même être dangereux ! Pas seulement pour les libertés, mais dans une salle remplie de personnes ayant leur CST, seules celles qui ont fait un test sont sans danger pour les autres, contrairement aux vaccinés qui reçoivent un sauf-conduit automatique alors qu’ils peuvent transmettre le virus. Moins que 

les autres dit-on, mais le risque existe et s’est déjà vérifié lors de plusieurs événements. Celui ou celle qui entre au théâtre après avoir fait un test prend le risque d’être contaminé(e), alors que tout le monde pense que c’est lui ou elle qui représente un danger ! Quand le Premier ministre dit que nous sommes dans une épidémie de non-vaccinés, c’est inexact. Je m’oppose aux gens qui prétendent savoir. Moi je reconnais que je ne sais pas ce qui arrivera dans le futur ; j’affirme cependant que ce CST est tout sauf « safe ». 

Propos recueillis en direct par Bernard Legros, octobre 2021. 

* virologue, professeur émérite de l’Université de Liège et membre-fondateur de CovidRationnel 

Gabrielle Lacombe

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POLITIQUES SANITAIRES : SOYONS PLUS AMBITIEUX !

Évacuer la pensée autonome, imposer le consensus, faire du fact-fucking

Recommandations du cercle MoLiPop

[Introduction du rédacteur :] Le texte qui suit a traversé mon imagination. Mais en pensant aux politiques « sanitaires » actuelles, on peut se poser cette question : n’ai-je pas là capté, dans le monde de l’esprit, des idées réellement pensées par d’autres ? D’un point de vue néoplatonicien, l’hypothèse est défendable. Ainsi, ce cercle MoLiPop pourrait exister (malgré son nom débile). Aussi, je communique ce texte tel quel ; donc tel qu’il est passé par mon imagination, issu d’une source encore inconnue…

Texte satirique de Daniel Zink

[Introduction des auteurs hypothétiques] : Par son nom, le Cercle MoLiPop fait référence à trois grandes personnalités, trois de nos principaux inspirateurs : le père de l’Union européenne Jean Monnet ; le grand journaliste Walter Lippmann ; l’illustre philosophe Karl Popper. Nous sommes un think tank rassemblant des membres des élites du monde libre, souhaitant inspirer les responsables de nos sociétés. Les recommandations qui suivent concernent l’opportunité inouïe qu’est la crise du coronavirus. Opportunité en partie exploitée, mais il faut faire plus. À ne diffuser qu’auprès des acteurs les plus citoyens.

1. En finir avec la pensée individuelle

L’OMS considère l’hésitation face à la vaccination comme une des plus grandes menaces sur la santé de l’humanité.1 C’est excellent, car l’hésitation face aux choix institutionnels est forcément signe d’une certaine pensée indépendante, activité par nature délétère. Mais il faut généraliser l’idée, dénoncer les risques que la pensée autonome fait peser sur notre monde dans son ensemble. Car cette pensée est forcément source de morcellement, alors qu’il y a tant besoin d’unité et de solidarité, face à la pandémie notamment. Présentons donc la pensée individuelle comme quelque chose qui peut se répandre comme un virus, une infection destructrice. Un acte qui va exactement dans cette bonne direction : parler « d’épidémie de non-vaccinés », comme l’a fait Alexander De Croo2 ; il est réjouissant que cette petite phrase se soit diffusée un peu partout dans le monde, chez les politiques et les médias (et qu’on n’aille pas y voir une épidémie de connerie !)3 Multiplions de tels slogans !

2. Cibler les vrais adversaires

Les penseurs autonomes les plus dangereux sont ceux qui sont les plus rigoureux, les plus nuancés : p. ex. ceux qui ne rejettent pas les vaccins par principe, qui ne banalisent pas a priori la dangerosité d’un virus, etc. Il faut les présenter plus systématiquement comme ne cherchant qu’à se mettre en valeur dans les médias. Par contre, ceux qui tombent dans des approches sensationnalistes et exagératrices sont nos alliés inconscients ; il faut mettre en avant leurs discours et les mêler aux propos de nos adversaires rigoureux, pour discréditer ceux-ci par amalgames. (Et quand ces discours exagérateurs manquent, créons-en !). Renforçons aussi les amalgames entre opposants aux lois sanitaires et extrême-droite. Liaisons justifiées, puisque refuser un vaccin p. ex., c’est forcément être conservateur, rétrograde, anti-progrès. Lançons le slogan : « Ils commencent en refusant un vaccin, ils termineront en votant pour un nouvel Hitler ! »

3. Imposer un consensus profitable

Que doit-on, avant tout, protéger de la pensée individuelle ? Le consensus. Ou plutôt, le choix d’un consensus, et de celui qui sera le plus profitable. Car comme nous l’a appris Lippmann, la très grande majorité des citoyens est incapable de comprendre la réalité ; elle vit dans des visions des choses qui n’ont que très peu à voir avec le réel. Le tout est donc de modeler ces visions de sorte à ce qu’elles soient profitables ; cela, nous le pouvons par les médias surtout4. Il s’agit donc de former puis d’imposer notre consensus, seul moyen d’amener l’ordre dans la société, de la préserver du chaos induit par les pensées individuelles des masses.

4. Situer clairement les sources du progrès

Pour se convaincre de la justesse de cette conception, il suffit de songer aux projets promus par nos élites et à leur réception par les masses, ainsi qu’aux idées éveillant souvent la sympathie irrationnelle de ces masses. Les objectifs progressistes émanent tous de l’élite de nos pays : 5 et 6G, OGM, agriculture industrielle en général, nucléaire, guerres assurant le maintien de notre domination (et habilement combinées à des buts humanitaires), etc. Avant d’être rééduquées, les masses s’opposent le plus souvent à de tels programmes et objectifs, du fait d’instincts archaïques. De plus, une bonne part de ces masses se laisse distraire par des nostalgies rétrogrades : attirance pour les produits d’une agriculture paysanne, intérêt pour les remèdes de grand-mère ou issus de cultures retardataires, inclinations pour un enseignement non épaulé par la technologie, etc.

5. Se centrer sur les opportunités les plus actuelles

Actuellement, des objectifs particulièrement profitables sont notamment des choix sanitaires qui, tout en se présentant comme des solutions, promeuvent l’économie – ou du moins ses meilleurs acteurs. (Nos petits élus politiques n’en sont sans doute pas très conscients, mais ils suivent les voies qu’indiquent les grands médias, inspirés par nous). Plus précisément, ces choix sont la solution vaccinale (si profitable à l’industrie de la santé), les confinements, le télétravail, etc. Car comme l’a souligné le fondateur et président du Forum économique mondial, le virus est une opportunité pour promouvoir ce qu’il nomme la quatrième révolution industrielle : robotisation, connexion généralisée, Internet des objets (grâce à la 5G), accomplissement de l’intelligence artificielle5. En effet, la distanciation sociale justifiée par un virus est une aubaine, pour promouvoir ces développements, qui précisément favorisent cette distanciation (évitement de la proximité avec les collègues grâce aux vidéoconférences, évitement de la nécessité de travailleurs humains grâce aux robots…) Or ces développements sont nécessaires à la poursuite de l’évolution et à une gestion vraiment rationnelle de nos sociétés (nous y venons bientôt).

6. Faire régner les Institutions

Ce qui, par excellence, porte et défend nos consensus, ce sont nos institutions – ou nos Institutions, avec un grand « I ». (Commission Européenne, Conseil de l’Europe…). Comme l’a dit le grand Jean Monnet : « Une certaine force morale doit s’imposer à tous : c’est celle des règles que sécrètent les institutions communes supérieures aux individus6». Cette supériorité par rapport aux individus, il faut la faire reconnaître avec force dans les médias, l’enseignement, l’ensemble de la culture. Comme le grand Popper, prônons le développement d’« …institutions [pour] une ingénierie sociale (…) [pour] une rationalisation de la société, (…) une véritable planification contrôlée par la raison7 ».

7. Non « conflits d’intérêt », mais symbiose !

Pour faire régner nos consensus, ces Institutions doivent être puissantes. L’une des conditions pour atteindre cette puissance : la collaboration avec les acteurs les plus influents, capables de s’acheter de nombreux coopérateurs, notamment scientifiques. Nous progressons dans cette voie, mais il faut accélérer. Ce qu’on nomme l’urgence sanitaire est une aubaine pour en finir avec la notion de « conflit d’intérêt ». Il faut la remplacer progressivement par des expressions positives. Dans un premier temps, il est bon de parler, comme Sophie Wilmès, de la nécessité de la « privacy », quant aux liens avec l’industrie8. Mais il faudra en venir à parler de l’importance d’une collaboration, de partenariats. Ces lignes du New York Times, sous le titre « Bill Gates, la Covid-19 et le combat pour vacciner la planète », montrent la voie : « Le milliardaire travaille avec l’OMS, les groupes pharmaceutiques et plusieurs ONG pour dompter le coronavirus à travers le monde, y compris dans les pays les plus pauvres. Réussiront-ils ?9 » Collaboration avec les groupes pharmaceutiques et autres, partenariat, et, pourrait-on dire : symbiose ; c’est à un tel mot qu’il faut arriver.

8. La citoyenneté comme foi en le consensus.

Un concept de citoyenneté clair et déterminé est nécessaire. Est citoyen celui qui a foi en les consensus de nos Institutions. La crise actuelle nous a fait bien progresser dans ce sens, en soulignant l’attitude solidaire de ceux qui choisissent la vaccination et celle, irresponsable et égoïste, des autres, ainsi que des scientifiques déviant qui justifient leurs choix. Mais il faut là aussi plus : ceux qui mettent en cause le consensus doivent être caractérisés comme il se doit, jusqu’au niveau juridique ; outre la qualification de complotistes, déjà bien utilisée, il faut faire reconnaître que ce sont des négationnistes et des révisionnistes ; cela concerne en particulier toute personne ayant l’idée de mettre en cause les chiffres officiels des victimes du covid-1910, le nombre des contaminations, l’efficacité des tests PCR et des vaccins et, bien sûr, le nombre de victimes de ces derniers (même si, d’après certaines études, leur chiffre est ultra sous-estimé11 ; quand on sert le progrès et la citoyenneté, on ne compte pas ; ou on ne compte pas n’importe quoi) 12. La possibilité sera donnée de réintégrer la citoyenneté grâce à une déconstruction et une rectification des visions erronées. Pour cela, nous pourrons fonder des centres d’éducation permanente, de sensibilisation intensive. Des stages de quelques années seraient organisés dans ces centres (fermés), sur les plus hauts plateaux des Ardennes, p. ex. l’exercice physique de travaux d’utilité publique dans la nature et le grand air de l’hiver notamment accompagnerait utilement les formations, en favorisant un esprit sain dans un corps sain.

9. Devenir des fact-fuckers

En fait, comme esquissé plus haut, on peut aller plus loin que Lippmann. Comme l’ont montré Popper et son maître Kant, toute connaissance est en définitive une illusion. La conclusion qu’il nous faut en tirer, c’est que les « faits » n’ont pas d’importance ; et donc qu’il faut mettre en avant tout ce qui justifie nos consensus, et disqualifier sans complexe les autres « faits ». Là aussi, les choses sont en bonne voie, mais on peut faire plus, par ex. les sites de fact-checking accomplissent beaucoup ; mais trop souvent, on y trouve encore certaines formes de préoccupations pour les « faits » traités ; cette attitude est à dépasser complètement. Allons jusqu’au bout de la logique du fact-checking, en en faisant du fact-fucking pur et simple ! (Et bien sûr du fact-marketing pour nos consensus). Devenons des fact-fuckers décomplexés !

10. Gérer les consciences, la nature, le corps, les peuples

C’est le moment d’en finir avec les principaux obstacles au progrès. Il faut faire accepter que c’est l’ensemble des choses qui doit être géré par nos Institutions. Robert McNamara (ancien secrétaire à la défense des USA) écrivait : « Les prises de décisions vitales (…) doivent rester au sommet (…) La véritable menace pour la démocratie provient (…) d’un manque de gestion (…) Sous-gérer (…) c’est laisser une force autre que la raison gouverner la réalité13. » Oui, c’est la totalité de la réalité que, depuis les sommets de nos sociétés, il faut gérer : ensemble des citoyens et de leurs consciences, nature, corps, peuples réfractaires. La crise actuelle se prête si bien à faire passer l’idée que la nature comme les corps vivants sont des réservoirs à virus et bactéries, ce qui montre la nécessité d’un droit d’intervention directe de nos Institutions dans les organismes (notamment par les vaccinations). Idem pour les consciences, les urgences actuelles démontrant l’obligation d’une unanimité de nos grands médias. Quant aux autres peuples, pensons par ex. aux pays d’Afrique qui ont osé dédaigner nos offres vaccinales…14 (on est certes débarrassé de certains des responsables15). Au sujet de la nature encore, inspirons-nous là aussi des listes, faites par l’OMS, des menaces mondiales sur la santé ; elles contiennent en effet surtout des choses venant de la nature, des maladies virales. Pas un mot, dans ces menaces, heureusement, sur les pesticides, le nucléaire, la 5G, le productivisme, les guerres néocoloniales…16 La gestion doit se faire avec l’ensemble des ressources de la technologie : productions de nos grandes entreprises de la santé, produits phytosanitaires, médias et sphère culturelle unis autour de nos consensus, bras armés de nos Institutions – comme l’OTAN –, etc. Ainsi seulement sera atteint un monde uni, pacifié et hygiénique. L’outil ultime est ici l’Intelligence artificielle, synthèse et sommet de toute évolution, infiniment supérieure à toute « intelligence » naturelle ou individuelle.

11. Un centre unique de la grande symbiose

Last but not least17 : la puissance nécessaire pour gérer ce monde encore si sous-géré ne peut être atteinte que par un partenariat politique, autour de la « nation indispensable », notre grand-frère de l’ouest. Comme Popper, promouvons« la société ouverte et le progrès des nouvelles idées d’impérialisme, de cosmopolitisme et d’égalitarisme. » Oui, vous avez bien lu ! Le progressiste exceptionnel qu’était Popper met dans la même catégorie impérialisme, cosmopolitisme et égalitarisme ! Kant, lui aussi, voyait le salut en une alliance autour d’un État puissant (et pas, heureusement, en la drôle d’idée d’un dialogue des esprits indépendants et des peuples libres) : « si le bonheur voulait qu’un peuple aussi puissant qu’éclairé pût se constituer en République (…) il y aurait dès lors un centre pour cette alliance fédérative (…) et cette alliance pourrait ainsi s’étendre insensiblement et indéfiniment18. » Ce peuple ne peut être que la « nation indispensable », son gouvernement doit devenir le centre des symbioses évoquées ; alors naîtra la gouvernance omnipotente et omniprésente, la grande gestionnaire qui soumettra toute nature, tout individu, tout peuple. Tirez parti de toutes les potentialités de la crise actuelle, pour redoubler d’effort dans la progression vers cet idéal suprême !

Et surtout :

Ne rejoignez jamais le réseau Résistance et liberté (https://resistancelibertes.be)

N’achetez en aucun cas ce livre : Covid-19 : par-delà la censure, Grappe/Kairos, 2021.

Limitez vos lectures à des auteurs citoyens comme ceux mentionnés dans nos recommandations ; éviter absolument les penseurs libertaires comme Bakhounine et son Catéchisme révolutionnaire, Rudolf Steiner et sa Philosophie de la liberté, Sylvia Perez-Vittoria et son Manifeste pour un XXIe siècle paysan, ainsi que toute sorte d’autres membres de l’axe du mal des idées.

Cercle MoLiPop

1 https://www.sciencesetavenir.fr/sante/hesitation-vaccinale-une-des-10-menaces-sur-la-sante_130973

2 https://www.rtbf.be/info/societe/detail_cette-epidemie-devient-une-epidemie-des-non-vaccines-les-mots-du-premier-ministre-pourraient-etre-contreproductifs-on-risque-de-raidir-cette-population?id=10844350 ;

3 https://www.pharmazeutische-zeitung.de/die-pandemie-der-ungeimpften-129255/ ; https://www.dw.com/en/joe-biden-its-a-pandemic-of-the-unvaccinated/av-58702624 ; https://www.infobae.com/america/ciencia-america/2021/11/04/europa-y-estados-unidos-sufren-la-pandemia-de-los-no-vacunados/

4 Pour une bonne synthèse de ces idées de Lippmann (avec de nombreuses citations), voir en particulier un passage du livre suivant (en allemand mais bientôt disponible en français 🙂 Lüders, M., Die Scheinheilige Supermacht, C. H. Beck, 2021, p. 54 sqq. L’auteur est malheureusement critique, mais les membres de notre calibre sauront aller au-delà.

5 Klaus Schwab & Thierry Malleret, The Great Reset, Forum Publishing, 2020 (également en français : Covid-19 : la Grande Réinitialisation), p. 115 notamment.

6 Jean Monnet, Mémoires, Fayard, 1976, p. 558.

7 Karl Popper, La société ouverte et ses ennemis – tome 2 – Hegel et Marx, Seuil, 1979, p. 161.

8 https://www.levif.be/actualite/belgique/malaise-entre-sophie-wilmes-et-un-journaliste-de-kairos/article-normal-1277983.html

9 https://www.nytimes.com/fr/2020/11/25/world/americas/bill-gates-vaccin-coronavirus.html

10 Exemple particulièrement significatif : le chapitre La démographie du covid ou faire face à des choix périlleux, dans Covid-19 : par-delà la censure, Grappe/Kairos, 2021.

11 Notamment celle-ci : https://www.regulations.gov/comment/CDC-2021–0089-0024 ; article présentant les résultats de cette étude : https://www.notre-planete.info/actualites/4849-vaccins-COVID-19-risques-morts. Voir aussi, concernant des situations un peu plus anciennes : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1615747/ ; https://digital.ahrq.gov/sites/default/files/docs/publication/r18hs017045-lazarus-final-report-2011.pdf

12 Sur tous ces sujets, le citoyen responsable pourra constater l’outrecuidance des scientifiques et autres analystes subversifs dans le livre cité plus haut, Covid-19 : par-delà la censure.

13 Robert McNamara, The Essence of security, Harper and Row, 1968, p. 109 sq. Cité par N. Chomsky dans Quel rôle pour l’État, Écosociété, 2005, p. 34.

14 https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/coronavirus-en-tanzanie-non-au-vaccin-oui-a-la-medecine-traditionnelle-clament-les-autorites_4283699.html ; https://www.lalibre.be/international/afrique/2021/08/30/oppose-au-vaccin-felix-tshisekedi-promeut-des-produits-anti-covid-congolais-a-berlin-DPUG5YYL3BAJ5LUIQYCOCPTKEA/ ; https://www.lepoint.fr/afrique/pourquoi-l-afrique-se-mefie-encore-du-vaccin-anti-covid-19–04–02-2021–2412659_3826.php

15 https://www.bbc.com/afrique/region-56441449

16 https://www.who.int/features/2018/10-threats-global-heath/fr/ ; https://unric.org/fr/les-10-menaces-pour-la-sante-mondiale-en-2019-selon-loms/

17 Pardon pour ces expressions puantes de colonialisme atlantiste (comme booster, aussi, d’ailleurs) ; c’est le cercle MoKaPop qui s’exprime, pas moi, DZ.

18 Immanuel Kant, Essai philosophique sur la paix perpétuelle [1795], Fischbacher, 1888, p. 21.

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Histoires de Codeco n°1

Conférence de presse du 15 avril 2020

582 jours depuis la conférence de presse du 15 avril 2020, où nous introduisions dans la salle « une question biaisée politiquement », ce qui « n’est pas l’habitude des journalistes », dixit Sophie Wilmès. L’habitude des journalistes, c’est en effet de poser les questions que les politiciens attendent et de commenter leurs décisions, plutôt de chercher la vérité. Pas question de déranger, les médias de masse ne jouent aucunement le rôle de 4ème pouvoir, mais s’emploient à fabriquer le consentement. N’étant pas adepte de ces collusions, le pouvoir politique nous fermera les portes des conférences de presse pendant plus de huit mois. C’était sans compter sur notre détermination…

Tous les deux jours, Kairos publiera les 17 conférences de presse auxquelles nous avons assisté. Plus de 20 questions restées sans réponse. En face, pas de doutes, de questionnements, de volonté de comprendre, mais une fin fixée, rigide, qui justifie tous leurs moyens. Imaginez un seul instant si toutes ces questions avaient été débattues démocratiquement. Pensez-vous que nous en serions là aujourd’hui ?

Merci à Roland De Wind pour le dessin

-Alexandre Penasse : Bonjour, Alexandre Penasse pour Kairospresse.be. Vous remerciez souvent les Belges pour leur participation et leur obéissance, leur civilité. Vous parlez également du fait qu’il y aura un avant et un après Covid-19. Alors je me demande vraiment s’il y aura un après covid-19 ? Et je vais peut-être être un peu dérangeant, je vais vous parler du fait que Monsieur Philippe De Backer a travaillé de 2009 à 2011 chez Vesalius Biocapital, et vous le rendez responsable de la task force en charge de la recherche de matériaux indispensable pour lutter contre le coronavirus. Alors Vesalius c’est un fonds d’investissement spécialisé dans les soins de santé au Luxembourg. Il faut savoir aussi que dans son cabinet media, comme ministre des médias, il y avait Luc Windmolders qui travaille pour KPN et qui participe notamment à nous imposer la 5G donc je ne vois pas beaucoup de principes de précaution dans votre gouvernement. Alors on peut aussi parler de Bart Vermeulen, responsable politique pharmaceutique au cabinet de Maggie De Block…

-Sophie Wilmes : Monsieur je n’ai pas l’intention de vous interrompre, mais si vous avez l’intention de donner les CV de l’entièreté des gens qui travaillent et qui comme n’importe qui d’autre ont droit à un peu de privacy… Je vous encourage à terminer votre question et j’y répondrai.

-AP : Il était chef économie chez pharma.be, puis parlons aussi de Marc Van Ranst qui était au comité « Influenza » en 2009 et qui avait été payé par la multinationale GSK. Donc ma question est, par rapport aux décisions que vous prenez maintenant, quelle légitimité démocratique y‑a-t-il à prendre ce genre de décisions quand la plupart des membres qui décident et qui réfléchissent font partie des multinationales et de la finance ? Je ne vois pas vraiment la différence qu’il y aura avec un avant et un après Covid… Peut-être qu’il y aura beaucoup plus de 5G, peut-être aussi qu’on sera beaucoup plus surveillé et que ça rapportera énormément aux multinationales. Voilà, je crois que 10 millions de Belges aimeraient avoir une réponse à cette question et que la question à se poser n’est pas comment vos services de presse ont réussi à faire entrer un journaliste qui pose de vraies questions, mais pourquoi ces questions ne sont pas débattues démocratiquement ?

-SW : Peut-être une réponse introductive : vous venez d’introduire dans cette salle de presse la question biaisée politiquement, ce qui en général, n’est pas l’habitude des journalistes. Soit. Je rappellerai quand même que les gens sont libres de travailler, les gens sont libres de changer de carrière, les gens sont libres de décider de s’engager pour le bien commun, peu importe ce qu’ils ont fait avant, et je peux vous garantir que ce n’est pas la société pour laquelle vous travaillez qui définit l’homme ou la femme que vous êtes. C’est en tout cas la liberté fondamentale dans laquelle on croit encore dans ce pays, bien heureusement. Je rappellerai, dès lors, pour sortir de la polémique, le processus décisionnel dans lequel nous sommes inscrits, à savoir des groupes d’experts qui, de par leurs connaissances, de par leurs expériences, de par leur volonté aussi de se consacrer, en dehors de leurs heures de travail, sans compensation, de nouveau pour le bien commun. Ils travaillent jour et nuit pour nous apporter des conseils. Derrière cela, la décision politique, elle est ce qu’elle est, c’est-à-dire qu’elle revient au politique. C’est le politique qui prend ces décisions, et derrière le politique ou avant le politique, il y a des élections, et puis il y a aussi des votes de confiance au Parlement. Il y a aussi la volonté en ce qui concerne ce gouvernement fédéral, d’élargir l’adhésion, puisque, alors qu’il n’est pas obligé de le faire, il prend ces décisions d’un commun accord avec les entités fédérées, s’agissant de questions fondamentales pour la Santé, et j’irai même au-delà, la vie de nos concitoyens.

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À Watermael-Boitsfort, pour le CST, on choisit avant de voter

Comme en Lettonie, où les parlementaires non vaccinés n’ont plus le droit de vote1, le bourgmestre de la commune bruxelloise de Watermael-Boitsfort, Olivier Deleuze, a décidé, seul, que désormais les élus et citoyens désirant assister au conseil communal, devront présenter un Covid Safe Ticket (CST ou pass sanitaire) qui atteste que la personne est : soit entièrement vaccinée, soit en possession d’un test PCR négatif réalisé dans les 48h, soit d’un test antigénique négatif réalisé dans les 24h, ou d’un certificat de rétablissement de moins de 6 mois pour les personnes déjà infectées par le coronavirus.

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Ce qui est cocasse, c’est que le bourgmestre prend la décision de conditionner l’accès du conseil communal à la possession d’un CST le jour où… les élus voteront pour exiger l’application du CST, déjà d’application… Dans le courrier envoyé aux conseillers communaux, le bourgmestre indique en effet :

« La présentation d’un Covid Safe Ticket sera exigée à l’entrée, pour les conseillers et pour le public. Conformément à l’article 134 NLC, cette ordonnance du Bourgmestre devra être confirmée par le conseil communal. Le projet de délibération qui sera déposé en urgence vous parviendra dans le meilleur délai ».

Désormais, la démocratie consiste à confirmer des décisions déjà prises. On suppose que les récalcitrants ne seront pas venus au conseil communal du 16 novembre, mais selon les informations qu’on a reçues, ceux qui ont boycotté l’ont uniquement fait parce qu’ils estimaient qu’il était trop tôt pour se réunir en « présentiel ». Tous ont obtempéré et avalisé l’ordonnance du bourgmestre, à l’unanimité. Kafkaïen, n’est-ce pas ?

Quelques réflexions ici :

- quelle est la logique de demander aux conseillers communaux et au public de présenter un CST, mais « pas aux membres du personnel communal agissant dans le cadre de leur travail ? »

- peut-on tolérer qu’un bourgmestre prenne unilatéralement la décision de limiter l’accès à un lieu où les décisions démocratiques sont censées se prendre ?

- Une commune doit-elle se plier aux injonctions régionales et fédérales et imposer des mesures insidieuses dont la fonction n’est pas de protéger, mais de pousser à « la vaccination complète [qui] reste la principale réponse à l’évolution épidémiologique ». Le pouvoir communal doit-il être l’instrument pour « réduire la circulation du virus et la charge hospitalière », atteindre « le seuil minimum de 70 % de taux de vaccination complète dans toutes les communes du pays, comme étape intermédiaire vers une vaccination complète de la population ?

Surtout, ces questions se posent alors qu’on sait maintenant :

- qu’une majorité de personnes hospitalisées avec le covid sont vaccinées[note];

- que les vaccins ne protègent donc pas du covid et de sa transmission;

- que les tests PCR n’ont aucun sens à être généralisés autrement que comme instrument diagnostic (donc en présence de symptômes);

- Enfin, que les morts et effets secondaires du vaccin sont de plus en plus nombreux et que, face à une mortalité très faible du covid, nous pouvons certainement penser que le bénéfice risque de la vaccination est négatif.

Que fera Monsieur Deleuze, qui a déjà incité à la présence d’un vaccibus hebdomadaire dans sa commune, quand ils viendront pour piquer nos enfants dans les écoles primaires, maternelles, et puis en crèche, pour terminer dans les maternités des hôpitaux. Sans doute fera-t-il une ordonnance obligeant à la vaccination de ce public, et demandera ensuite de voter pour…

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Contributions extérieures

Entre la peste (le covid safe ticket) et le choléra (l’obligation vaccinale), il n’est pas question de choisir !

Contributeurs anonymes

Dans une carte blanche dénonçant à juste titre le rôle de bouc émissaire assigné par une part croissante de la société, de certains médias et du monde politique aux non vaccinés, un éminent politologue belge conclut, à l’instar de nombreux politiques, que le moment de débattre de l’obligation vaccinale est venu[note].

L’auteur rappelle toutefois que « malgré une croyance fort répandue, les personnes vaccinées peuvent toujours contracter le covid-19 et le transmettre. La vaccination ne fait que réduire cette transmission, dans des proportions qui restent toujours à déterminer. L’intérêt des vaccins réside plutôt dans leur remarquable efficacité à prévenir les formes graves de la maladie ». Or,

si la vaccination anti-covid n’empêche pas la transmission virale, il n’existe aucun fondement scientifique à cette obligation vaccinale : à quoi servirait-elle sur le plan sanitaire ?Le coronavirus étant une zoonose, même la vaccination totale des populations humaines ne permettrait pas d’éradiquer le SARS-CoV‑2 et ses variants actuels et à venir, ce qui rend cette obligation vaccinale d’autant plus injustifiable (l’éradication de la variole fut possible parce que le virus n’affectait que les humains).Quant à la « remarquable » efficacité des vaccins à prévenir les formes graves, celle-ci est encore à l’étude pour en déterminer l’exact degré, et elle ne concerne pas les personnes jeunes ou en bonne santé qui ne risquent pas de formes graves : pourquoi devraient-elles se prémunir d’un risque qu’elles ne courent pas ?L’auteur semble par ailleurs ignorer qu’aucune étude scientifique à ce jour n’a réellement fait le travail recommandé par l’OMS de tenir compte des facteurs confondants (covariables susceptibles d’induire un biais confondant), et il est troublant de constater que de nombreuses études comptent comme non vaccinées les personnes vaccinées 2 ou 3 semaines auparavant. Ceci est, de l’avis de spécialistes, une faute épidémiologique gravissime.Certains préfèrent d’ailleurs prendre le risque d’attraper le covid plutôt que d’être soumis à un vaccin expérimental dont ils ne souhaitent pas expérimenter d’éventuels effets secondaires graves, et c’est leur droit. Ils ne risquent d’ailleurs pas d’engorger les hôpitaux, puisqu’ils ne sont plus qu’une minorité, plus de 80% de la population, vaccinée, étant, nous dit-on, « protégée des formes graves ».

L’auteur ajoute que « ces mêmes politiques refusent de poser le débat de l’obligation vaccinale. Il s’agirait pourtant d’une manière saine d’aborder le sujet ». Ces derniers jours, de nombreux politiques se sont pourtant clairement exprimés en faveur d’une obligation vaccinale! Sous couvert d’une dénonciation (tout à fait pertinente et légitime) du covid safe ticket, la position de l’auteur va donc clairement… dans le sens du gouvernement qui souhaite l’obligation vaccinale, mais tarde à la décréter pour les seules raisons qu’il en cherche le moyen juridique et qu’il y prépare lentement mais sûrement l’opinion publique. Quant à la faisabilité du contrôle de cette obligation vaccinale, l’auteur soutient qu’elle ne serait pas plus difficile à mettre en place que le contrôle du covid safe ticket : « Osons une suggestion : on pourrait par exemple effectuer un contrôle du statut vaccinal à chaque entrée dans un café, un restaurant, une salle de sport, un hôpital, etc. soit précisément ce que prévoit le covid safe ticket dans sa version étendue ». C’est faire mine d’oublier que le covid safe ticket, aussi discriminatoire et abject soit-il, laisse tout de même une place dans la société (contrairement à la vaccination obligatoire) aux personnes non vaccinées testées négatives ou guéries du covid (ce qui est, on l’admet avec l’auteur, extrêmement pervers, car d’une part personne n’a les moyens de s’offrir un test de dépistage toutes les 48 ou 72 heures, d’autre part il est peu probable qu’une personne guérie du covid soit recontaminée six mois plus tard et puisse prolonger son covid safe ticket). L’auteur, oubliant les règles de déontologie médicale, passe également sous silence le caractère privé du statut vaccinal couvert par le secret médical.

Pour un auteur qui fait partie d’un collectif de scientifiques et d’académiques qui milite, avec raison et brio, contre la vaccination des plus jeunes, la position exprimée dans cet article est extrêmement ambiguë : pourquoi s’opposer à la vaccination des plus jeunes pour ensuite proposer la vaccination obligatoire ? A moins que l’auteur n’espère que l’issue de ce débat sur la vaccination obligatoire ne se solde par le rejet de cette option ? Un tel espoir serait extrêmement naïf étant donné l’état actuel de notre « démocratie », l’absence de diversité au sein du casting de scientifiques autorisés à conseiller le gouvernement et l’évolution vers la vaccination obligatoire à l’œuvre dans certains pays, y compris au cœur de l’UE.

Le débat sur la vaccination obligatoire n’a donc rien de « sain » : l’obligation d’injecter un vaccin expérimental à des personnes qui ne sont pas à risque, à des jeunes et bientôt à des bébés équivaut à entériner la fin du consentement individuel éclairé (énoncé dans les Déclarations de Nuremberg et d’Helsinki), du droit de l’individu sur son propre corps (a‑t-on seulement idée de ce que cela comportera comme implications, au-delà de ce débat?) et la mainmise totale des entreprises pharmaceutiques et de l’État sur nos corps.

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Articles

Démystification : Vacciner — l’unique solution contre l’émergence des variants

Le terme anglais debunk est devenu courant ces dernières années et d’autant plus en cette période de crise. Ce verbe signifie démystifier, réfuter, discréditer. La plateforme YouTube est remplie de vidéos où des arguments complotistes (ou du moins, jugés comme tels) sont décortiqués dans le but d’en exposer les erreurs et bien souvent de les ridiculiser dans le processus. Il s’agit d’une forme de fact-checking généralement effectuée par des citoyens engagés (parfois par des professionnels) avec une connaissance dans le domaine concerné. Cependant, il n’y a pas de raisons que du debunkage ne puisse pas être fait sur les déclarations d’experts ou de politiciens relayées par les médias de masse, surtout pendant cette campagne de vaccination. Le sujet de cet article est de disséquer l’argument alléguant que les non-vaccinés constituent des producteurs de variants et que la vaccination de la population est l’unique solution pour freiner l’émergence de ces variants.

Récemment, plusieurs médias, ainsi que l’OMS, ont présenté la vaccination comme l’outil principal de lutte contre l’apparition des variants (dont ceux qui résistent aux vaccins), qui seraient essentiellement générés par les non-vaccinés, ces derniers étant caractérisés comme de vraies usines à variants [note] et comme le carburant de l’épidémie [note]. L’argument est construit de la manière suivante :

les virus ont besoin d’hôtes pour survivre. Lors de l’infection, le virus se reproduit et se transmet ensuite d’individu en individu ;le SARS-CoV‑2, comme tous les autres coronavirus, subit des modifications (mutations, recombinaisons) dans son code génétique lors de sa réplication, résultant en la production de virus (dans sa descendance) différents de la souche parentale ;de fait, plus il y a d’individus à infecter, plus le virus aura des possibilités de générer des variants ;la vaccination freine la propagation du virus ;plus la couverture vaccinale est élevée, moins le virus aura l’opportunité de se propager et donc de générer des variants ;ainsi, il faut se faire vacciner massivement.

Tout comme pour les théories du complot, il y a dans ce postulat des éléments factuels, mais incomplets, menant à une conclusion inexacte.

Les deux premiers points (a et b) sont corrects : le virus se reproduit dans un hôte et forme des variants suite à des changements spontanés qui se font dans son patrimoine génétique. Par contre, ce que le premier point omet de mentionner concerne la panoplie d’hôtes du SARS-CoV‑2. En effet, il existe une variété d’animaux[note] qui portent ce coronavirus, dont certains qui le transmettent à l’humain, comme par exemple les visons[note]. Ainsi, même s’il est vrai qu’un nombre plus élevé d’individus humains offre plus de possibilités au virus de créer des variants (point c), ceci ne constitue qu’une fraction des variants qui sont produits en continu.

La vaccination peut en effet freiner la propagation du virus (point d), mais cet argument n’est à nouveau que partiellement vrai. Tout d’abord, l’efficacité des vaccins actuels est en train de diminuer avec les variants émergents, dont le fameux delta[note]. Ensuite, la couverture vaccinale que nos gouvernants désireraient atteindre se base sur des seuils (à la base 70%, mais allant maintenant jusqu’à 90%[note]) au sein de pays individuels. Or, nous vivons sur une planète globalisée avec un taux important d’interactions journalières entre individus de différents pays, ce qui perturbe ces seuils théoriques (il faudrait donc les étendre au monde entier). Et enfin : il serait illusoire de vacciner tous les animaux (même si les entreprises pharmaceutiques vétérinaires en rêvent). De ce fait, l’importance de la couverture vaccinale (point e) et de la conclusion finale, qui consiste à inciter tout le monde à se faire vacciner pour empêcher la génération de variants (point f), perdent entièrement leur pouvoir argumentatif. Pourtant, une étude pré-publiée (= pas encore revue par des pairs pour publication définitive) confirme la diminution de la diversité des variants chez les vaccinés [note], confirmant le postulat de base. Qu’en penser ?

La réponse demeure dans la pression de sélection. Les vaccins dits à ARNm ou ADN utilisés dans les pays occidentaux sont monoclonaux. Pour rappel, le terme monoclonal signifie que le vaccin est basé sur une seule et unique cible (par opposition aux vaccins dits polyclonaux qui se basent sur une multitude de cibles). De ce fait, tous les variants qui ont une protéine spike (la cible) similaire à celle des vaccins sont reconnus par le système immunitaire des vaccinés. Par contre, les variants qui ont une protéine spike mutée et qui diffère de la souche originale (utilisée comme modèle pour les vaccins) échapperont aux anticorps du système immunitaire. Puisque les mutations apparaissent aléatoirement dans les virus, elles ne concernent pas uniquement la protéine spike. Par conséquent, les variants portant des mutations dans la protéine spike, les rendant capables d’échapper à l’immunité vaccinale, ne constituent qu’un sous-groupe parmi tous les variants qui existent. Ceci est quelque part similaire à la sélection de races de chien. Si l’on désire une race de chien avec de grandes oreilles, on sélectionnera toujours les chiots avec les plus grandes oreilles parmi la descendance jusqu’à obtenir, au fil des générations, une race à grandes oreilles. Mais les chiots à grandes oreilles ne constituent jamais qu’une fraction de la portée parmi la diversité des petits.

Il est donc logique que la diversité des variants soit moins importante chez les personnes vaccinées, car toute une partie des variants est éliminée par leur système immunitaire. En biologie, le phénomène d’une diminution de la diversité suite à une sélection est appelé goulot d’étranglement. Imaginez remplir une bouteille avec des billes de différentes tailles avec des couleurs associées à leur taille. Ensuite, un entonnoir est placé sur la bouteille et le tout est renversé. Seules les billes assez petites traverseront cet entonnoir. Ce qui est récupéré est forcément moins varié en termes de couleurs et de taille que la panoplie de billes dans la bouteille d’origine. En biologie, cela se traduit en une réduction sévère d’une population qui sera suivie d’une nouvelle expansion démographique. Les nouveaux individus qui se répandent seront d’abord moins diversifiés entre eux que la population originale, jusqu’à ce que d’autres processus biologiques entrent à nouveau en jeu (pressions de sélection, etc.). Comme analogie, on peut par exemple imaginer une diminution drastique de lapins sur une île. Les survivants repeupleront ensuite toute l’île, tous les individus ressemblants l’un l’autre. Au fur et à mesure que le temps passe, différentes pressions de sélection (par exemple la prédation) vont pousser la descendance à se diversifier, donnant naissance à des lapins de différents couleurs, tailles, etc.

Revenons à présent à nos moutons (si l’on peut se permettre cette expression). Le SARS-CoV‑2 s’est répandu dans la population mondiale. Le goulot d’étranglement qu’il connaît actuellement est dû aux vaccins monoclonaux. La diversité des variants va donc diminuer jusqu’à ce qu’un (ou quelques variants) échappe à l’immunité vaccinale. Ces variants vont ensuite découvrir une île déserte (la population n’ayant pas encore eu le covid-19, vaccinée ou pas) et vont se répandre. Au fur et à mesure, de nouveaux variants naîtront, augmentant la diversité à nouveau. Un contre-argument peut cependant être avancé : après un phénomène de goulot d’étranglement, un autre destin (que l’expansion démographique) est possible : l’extinction. Ceci est vrai et constitue le résultat que les autorités espèrent pour le coronavirus. Mais il est fort probable que le virus ne disparaisse pas et qu’il devienne endémique (= permanent chez l’humain), comme le pensent plusieurs chercheurs[note]. Et surtout, il ne faut pas oublier non plus que le SARS-CoV‑2 est une zoonose et qu’il pourra se répliquer au sein des animaux qui contribueront également à la production des variants. Mais ce goulot d’étranglement, est-il une mauvaise chose ?

Il est possible qu’une vaccination massive avec un vaccin imparfait (= qui diminue les formes graves, mais n’empêche pas la transmission du virus, comme c’est le cas des vaccins actuels des pays occidentaux [note]) puisse paradoxalement avoir des conséquences indésirables. En effet, les personnes vaccinées infectées par le SARS-CoV‑2 ne vont pouvoir transmettre, par définition, que des variants résistants ayant survécu à l’immunité vaccinale. Ces variants vont se répandre dans la population susceptible de le contracter, ceci comprenant évidemment la population vaccinée. Plutôt que de ne vacciner que la population à risque, la stratégie consistant à vacciner tout le monde induit une immunité vaccinale qui est identique chez tout le monde, les rendant vulnérables aux variants résistants. L’immunité naturelle, en revanche, est propre à chaque individu et permet par conséquent de freiner plus efficacement la propagation du virus. Une étude israélienne pré-publiée suggère d’ailleurs que l’immunité naturelle serait mieux dans le cas du variant delta [note]. Rappelons que l’immunité naturelle est polyclonale. De plus, la réponse immunitaire d’une personne n’est pas celle d’une autre, donc un variant pouvant échapper à l’immunité d’une personne sera détruit par le système immunitaire d’une autre. Au niveau de la logistique, un virus circule plus rapidement qu’un vaccibus, donc l’acquisition d’une immunité naturelle est plus rapide. Paradoxalement, en vaccinant massivement la population, nos sociétés induisent une immunité artificielle aux dépens d’une immunité naturelle plus robuste qui pourrait conduire plus rapidement vers l’immunité collective, ce qui est le but de la campagne de vaccination ! Ajoutons que les vaccins ayant des effets secondaires indésirables, dont l’ampleur et l’intensité commencent désormais à être de plus en plus visibles, l’éthique de vacciner une grande fraction de la population qui ne souffrirait pas du covid-19 est, pour dire le moindre, questionnable.

Il y a un dernier risque dans la stratégie vaccinale : celle de l’émergence d’un variant plus virulent que les précédents. La sélection humaine par un vaccin imparfait pourrait potentiellement faire émerger des variants encore plus dangereux. Cela a notamment été le cas pour la maladie de Marek chez les poulets[note]. Généralement, les virus tendent naturellement vers des variants moins agressifs, car pour leur propagation, il est plus favorable que ses hôtes restent en vie assez longtemps pour un maximum de contaminations. En effet, les virus plus contagieux et bénins se transmettront le plus rapidement, écartant ceux qui sont plus mortels et moins contagieux. L’explication des auteurs de cette étude avec le phénomène inverse est la suivante : le fait d’utiliser un vaccin imparfait perturbe cette tendance naturelle des virus à devenir moins virulent. Effectivement, le vaccin induit des anticorps qui immunisent contre le virus d’intérêt, empêchant sa diffusion. De fait, tous les variants reconnus par ces anticorps vont être éliminés, à part ceux qui ont des propriétés qui leur permettent d’y échapper. 

Avec l’automne à nos portes, les conditions météorologiques favorables à la propagation vont bientôt s’installer à l’avantage des variants du SARS-CoV‑2. Le danger est ainsi de voir émerger des variants à la fois résistants aux vaccins et plus virulents.

Par conséquent, il est tout à fait possible que parmi les variants bloqués par l’immunité figurent les plus compétitifs (et moins dangereux) et qu’au sein des résistants qui contournent l’immunité (et se transmettent) se trouvent des variants plus pernicieux. Appliqué au SARS-CoV‑2, le risque dans les pays occidentaux est d’avoir sélectionné des variants résistants aux vaccins à travers la puissante campagne de vaccination en pleine épidémie. Les vaccins ont été administrés pendant une période où les coronavirus se transmettent moins bien: l’été. Cependant, avec l’automne à nos portes, les conditions météorologiques favorables à la propagation vont bientôt s’installer à l’avantage des variants du SARS-CoV‑2. Le danger est ainsi de voir émerger des variants à la fois résistants aux vaccins et plus virulents.

L’exemple de cette étude devrait nous rappeler que les effets d’une campagne intense de vaccination en pleine épidémie peuvent avoir des conséquences inverses à celles désirées. Il convient donc de remettre en question la campagne vaccinale actuelle, dont le raisonnement semble relever bien plus souvent du domaine de la sophistique (= raisonnement faux qui apparaît comme valide par un auteur, dont le but est de tromper) plutôt que de la paralogique (= raisonnement faux qui apparaît comme valide par un auteur de bonne foi).

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Contributions extérieures

Derrière le rideau de fumée médiatique

Derrière le rideau de fumée médiatique, il y a la réalité de ce que les gens vivent : résultats contradictoires, pressions, menaces, incohérences. De nombreux témoignages nous parviennent, dont les deux qui suivent. Après ceux-ci, nous pourrons lire les nouveaux diktats de la Région de Bruxelles-Capitale qui interdit désormais les activités sportives en intérieur ou extérieur sans Covid Safe Ticket. Ségrégation, contrôle généralisé, culpabilisation. Ce que nous vivons est inédit. Mais « vous avez le choix », n’est-ce pas?

Positif par-ci, négatif par là

« Vendredi 03 septembre, je me rends chez une copine qui travaille pour XXXX afin de faire un test PCR, car je dois me rendre samedi au Luxembourg pour un festival qui exige le pass sanitaire. Ma copine, qui partage nos analyses sur la situation actuelle, me fait un test bidon ( elle me frotte le machin dans la nuque et pas dans le nez ) ; elle fait pareil avec mon copain. Le lendemain, on apprend les résultats : mon copain est négatif et moi je suis hautement positive… Le samedi, je reçois un coup de fil de Bruxelles, je ne décroche pas dans un premier temps vu que je compte bien aller au Luxembourg, car on m’avait dit qu’il était possible là-bas de faire des auto-tests. Je laisse donc mon téléphone à la maison afin que personne ne sache que je suis partie. Une fois arrivée sur place : auto-test négatif bien évidemment. Le soir nous rentrons : 20 appels en absence ! Et le lendemain, rebelote… je ne décroche pas (c’était le centre de traçage). Une fois que je les ai finalement en ligne, je m’énerve sur eux et leur dis que ces tests ne sont pas fiables pour un bal, malheureusement pour ne pas faire de tort à mon amie, je garde le silence. Ils me menacent et me disent que je suis en quarantaine ainsi que C. Je ne me laisse pas faire : hier je suis allée faire un test PCR chez mon amie et ce matin : résultat négatif. J’en ai marre de me terrer dans le silence. C’était juste si horrible ce harcèlement que j’en ai développé en quelques jours un exéma au pied. Je souligne que je n’ai jamais eu de problèmes de peau avant ça… Cette torture psychique est horrible, surtout quand on ne peut en parler à personne officiellement ».

J’en ai marre de me terrer dans le silence

Monsieur, bonjour,Suite à notre petite discussion de ce samedi, je vous envoie les infos concernant les PCR payés à GOLAZO SPORTS BERINGEN[note]. Une amie a eu la même blague que moi. Montant : 41€…J’ai écrit à 4 reprises au Covid Pacheco (là où nous avons fait nos tests) pour demander le remboursement. Je n’ai pas eu de réponses aux 2 premiers mails. La 3e fois je leur ai demandé à qui je devais faire remonter l’information. Là on me répond que ce n’est pas remboursable.4e mail : on me dit que par mail ce n’est plus possible de répondre et on me téléphone. J’ai raté l’appel. Je n’ai pas rappelé. Je sais que je ne récupérerai pas les 2x 41 € de tests, mais comme le procédé n’est pas correct, et puis lenom de la société sur la facture… Cela m’interpelle : Golazo Sports Beringen. Il s’agit d’une société située à Hasselt, spécialisée dans l’évènementiel sportif ; alors que l’analyse a été réalisée à Liège, à […].De plus, j’ai trouvé « étrange » que les tests au départ étaient différents. Mes 2 filles (tests gratuits à l’aller) : flacon bleu ; moi payant : flacon blanc. On m’a dit sur place que c’était parce qu’ils en avaient de différents de stock (très gênés de me répondre). Mon aînée a eu son résultat le lendemain à 8h, ma petite à 13h, moi à 18h40, après avoir appelé […] (à Liège). Je prenais l’avion à 6h du matin ! Stress assuré. On m’a dit après que les couleurs étaient différentes, car le mien était payant et donc fait à Liège et que les bleus sont faits sur place à Bruxelles ! Pourquoi cette différence ? Au retour, mon test au Pacheco : hyper douloureux, honnêtement je pense qu’il l’a fait exprès, car j’ai rouspété à l’accueil. Autre question : qui réalisent ces tests? J’avais vraiment l’impression que c’étaient des students. Une amie de ma fille a fait le test — hyper douloureux. La dame lui a dit : « Tu veux pas subir ça, vaccine-toi ».Dans la marche samedi, une dame m’a rapporté qu’une prof de Grimbergen a demandé qui était vacciné et non vacciné. Elle a séparé les enfants. Les non-vaccinés au fond de la classe. Une amie enseignante me rapporte que la direction leur a demandé d’inciter les élèves à la vaccination « devoir civique ». La directrice de l’internat de ma fille, à qui j’ai dit que ma fille et moi ne voulions pas du vaccin, même réponse : « devoir civique ». Cela laisse penser que c’est un message transmis aux écoles…Je vous remercie pour votre écoute, et l’implication de vos médias pour cette lutte.Bien à vous[…]courriel envoyé à Kairos

Une amie enseignante me rapporte que la direction leur a demandé d’inciter les élèves à la vaccination: « devoir civique »

« Tu veux pas subir ça, vaccine-toi »

« Madame, Monsieur,

A partir du 1er octobre, le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale impose l’utilisation du Covid Safe Ticket (CST) pour les activités sportives pratiquées en intérieur comme en extérieur. Cette mesure est prise en vue de lutter contre la recrudescence des cas de Covid-19 à Bruxelles.

L’accès aux infrastructures sportives de la Ville de Bruxelles sera dès lors uniquement possible sur présentation d’un Covid Safe Ticket et d’une carte d’identité (ou d’un permis de conduire), ou d’un certificat numérique Covid pour les personnes ne résidant pas en Belgique.

Chaque CST sera contrôlé à l’entrée de chaque infrastructure sportive, qu’elle soit intérieure ou extérieure.

Pour les occupations saisonnières :

Ce contrôle sera réalisé par le Service des Sports .Les clubs sportifs, associations et écoles sont invités à sensibiliser leurs membres à être en possession de leur CST. Dans le cas contraire, l’accès leur sera refusé.

Pour les événements ponctuels et occupations occasionnelles (tournois, …) :

Le contrôle doit être réalisé par l’organisateur de l’événement qui en est seul responsable.

En cas de manquement, seul l’organisateur est tenu pour responsable par les autorités compétentes.

Les enfants de moins de 16 ans peuvent entrer dans nos salles sans CST.

La distanciation sociale n’est plus obligatoire dans le lieu après contrôle du CST.

Le port d’un masque reste obligatoire à l’entrée du bâtiment et dans les couloirs, jusqu’au contrôle du CST.

Conditions pour obtenir un CST :

• Vous êtes complètement vacciné (+ 2 semaines)

• Vous disposez d’une attestation de rétablissement (- 6 mois)

• Vous avez un test PCR négatif récent (- 72h). Prenez rendez-vous dans un des centres de Testing officiels (info-coronavirus.be)

• Vous avez un test d’antigène négatif récent (- 48h)

Comment obtenir un CST ?

Le CST se présente sous la forme d’un QR code (sur Smartphone ou document papier). L’application officielle est téléchargeable sur votre téléphone portable : https://covidsafe.be

Vous pouvez également imprimer votre certificat COVID via le site internet www.masante.belgique.be. Les visiteurs qui ne sont pas de nationalité belge doivent pouvoir présenter le Certificat numérique COVID de l’UE.

Les autotests (antigéniques ou autres) ne sont pas considérés comme un test valable par les autorités pour l’obtention du CST. Il n’est pas possible de se faire tester à l’entrée des infrastructures sportives communales.

La Ville de Bruxelles est à votre disposition si vous souhaitez qu’à l’occasion d’un évènement ou d’une journée de sensibilisation spécifique dans votre club, un stand de vaccination soit temporairement installé.

Merci pour votre compréhension et avec nos amitiés sportives »

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Antoine Demant
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Vive la prudence égoïste !

Antoine Demant

Pour ce billet, j’aimerais ne pas poser une seule fois la lettre « e » avec l’accent grave. Question de caprice de star ? Pourquoi pas, après tout, suite à mon merveilleux billet sur le vaccin. À ce sujet, d’ailleurs, je voudrais exprimer avec force ma tristesse, ma frustration, même. Je m’attendais à tes tombereaux d’insultes, des montagnes de quolibets, des injures comme « sale complotiste ». Rien du tout. Sachez que cela m’a esbaudi. La saison chaude m’aura permis de lire bien des choses amusantes, en premier lieu la question double, celle de l’égoïsme vaccinal et des personnes imprudentes, mises au pilori par d’autres personnes sans doute plus altruistes avachies dans leur sofa. Je suis devenu prudent avec le temps et n’ambitionnerai que de vous parler de la prudence et de la providence. Et si j’escompte ne pas employer la lettre e et son accent grave, adressez-vous à mon revendeur de drogues et d’ordinateurs qui m’expliquera que le clavier est à bout de course — après 5 ans — et que je ferais bien de cesser l’exploitation de cette machine en en rachetant une autre. Je ne me montrais pourtant pas bien prudent dans mes propos. Je suivais en cela l’adage du Père Chirac qui n’a, dit-on, pas dit que des conneries, il en a aussi fait (allô, 1997 ? Tonton Jospin vous dit merci). Chirac disait : « Lorsque la prudence est partout, le courage est [sic] nulle part ». 

Or donc, voici que, entre trois vagues du coronavirus et trois piqûres de rappels vaccinaux, l’expression où le lien se faisait ouvertement relativement à la prudence et à ce fait de ne (peut-être) penser qu’à soi, entre les personnes qui souhaitaient avoir du recul, invoquant la prudence, et ne pas se faire vacciner et ceux d’en face (le bon camp, bien sûr) qui les accusaient de ne penser qu’à leur gueule et même qu’ils sont anti-vaxx et qu’ils vont voter pour Eric Zemmour (ou s’enflammer pour Lionel Messi, chacun sa came). Or, premier point d’un argumentaire qui en comptera 375 sans les annexes (je sais comment motiver un lectorat), l’attitude dont les premiers font preuve ne me fait pas penser à autre chose qu’à ce terme prodigieux, la prudence. 

Comme d’habitude, cet article n’a aucune vocation à se montrer rigoureux et encore moins fiable. Il me semble à tout le moins respectueux du lectorat de Kairos d’effectuer cette mise en garde liminaire. Puisse la noble audience de ce journal me pardonner. 

Or donc, qu’est-ce que la prudence ? Sortez votre Gaffiot, qui nous apprend que le mot « prudence » provient de prouidentia, substantif féminin de la 1ère déclinaison, provenant lui-même de prouidens, participe présent magnifiquement banal émanant de prouidere, verbe du 2ème groupe (amis du latin, bonsoir !). Pro a un sens intéressant : il évoque à la fois l’avant (en termes géographiques) et l’après (en termes temporels). Quant à uidere, à une époque où on ne cesse de ratatiner les oreilles de ses interlocuteurs à coups de « tu vois ? », je ne vous ferai pas l’injure de … Oui ? Bon. Uidere comporte la polysémie du verbe « voir », autant « observer de ses yeux physiques » que « regarder au moyen de ses yeux de l’esprit » …d’où « comprendre, saisir ». Arrêtons-nous donc un instant sur cette abondance de sens : il s’agit autant de « voir plus loin que le bout de son nez » que de ne pas avoir les yeux plus grand que son estomac » ! 

Révolutionnaire ! C’est qu’il est question ici autant de penser à ce que votre geste provoquera — sur vous-même comme sur les autres — que de vous montrer tatillon, pesant le pour et le contre, allant voir plus loin dans le temps et dans l’espace que ce que vos journaux favoris vous recommandent. En d’autres termes, il s’agit de prendre le temps, sans se laisser harceler par le ballet incessant des titres et des annonces qui promettent des lendemains qui chantent aux personnes qui se vaccinent. C’est beau, l’union nationale. Voilà donc le cas de la prudence réglé. On notera pour la bonne bouche que l’adjectif « prude » dériverait (c’est bien le seul cas où cela dériverait !) lui aussi de la même racine que « prudent ». 

Et dans ce cas, cette prudence semble s’employer dans une juste proportion par ses utilisateurs. On pourra répliquer que cette prudence n’est pas de mise, que le temps manque et que le variant frappe à nos portes avec le sourire ravageur d’un ministre allemand qui participe à une cérémonie en hommage aux victimes des inondations. La prudence est ici plutôt dans le camp des personnes qui font attention et se feront vacciner quand cela leur semblera salutaire ou important (obliger quelqu’un, ce n’est pas l’inciter à être prudent, nous y reviendrons). Ils voient les effets secondaires des vaccins, leurs avantages, mais aussi les problèmes qui peuvent en découler. Si on comprend bien la logique gouvernementale (je vous assure qu’il y en a une, Jacques Attali l’a dit), elle est proprement imprudente. Elle ne vise que le court terme en évacuant les problèmes de conscience d’une frange de la population qui s’exprime, elle ne voit pas plus loin que le bout de son territoire et elle discrimine les pays autres qui n’ont pas ses moyens. La course lamentable à l’échalote vaccinale laisse encore une fois sur le bord de la route vers l’immunité collective tous ceux et toutes celles qui hésitent, qui ne savent pas, qui ont entendu des récits glaçants d’effets secondaires… Ou ceux qui n’ont pas les moyens de monter dans la Rolls des privilégiés vaccinaux. Ce faisant, ils se montrent plus pseudo providentiels que prudents. Pourtant (sentez mon amour pour les coups de théâtre et la dramaturgie appuyée) ces deux mots proviennent de la même racine. Néanmoins, la prudence est humaine et la providence est divine. Quant aux hommes providentiels, je renvoie à Kaïs Saïed en Tunisie ou à Emmanuel Macron en France… Il y a comme une aberration dans l’emploi des termes : là où on veut être prudents, on se montre comme détenteurs d’une providence forcément positive, pourtant, la providence ne s’exprime qu’après coup, en ayant justement pu voir les conséquences pratiques d’une parole, d’un geste ou d’un comportement. Moins souvent avant… Cela rejoint la phrase de Chi-Chi que j’ai prise comme un de mes points d’accroche. Elle me rappelle la savoureuse phrase de l’immense acteur et dramaturge Peter Ustinov qui disait que « le courage n’est fait que d’inconscience, alors que la lâcheté s’appuie sur de solides informations ». L’argumentaire de certains prosélytes de la vaccination obligatoire rejoint d’ailleurs ce point : qu’on se fasse vacciner, même si on est contre, mais faisons-le pour les autres… Et si on n’est pas sensible à cela, cornegidouille ! On est lâche et tellement égoïste ! D’autant plus que la prudence — voire la résignation… — est aussi de mise, et bien plus qu’on ne le croit, dans le chef de nombre de personnes qui se sont fait piquer. Ils voient l’avenir qui leur est réservé. Ils ne le veulent pas, pour leur bien-être. Ils se résignent à se faire vacciner. À cet égard, la prodigieuse campagne de publicité pour la vaccination à Bruxelles a mis en avant des bienfaits pour soi bien plus souvent que pour les autres : pour partir en vacances, faire la fête, faire du sport, aller au foot … Et les autres n’arrivent que dans une affiche (sur les 6 différentes produites). Nespresso, what else ? L’égoïsme vaccinal est ainsi partout. Et une certaine forme de prudence (on voit ce qui nous attend ou nous menace) aussi. 

Je crois en effet que nombre de personnes prudentes (c’est le moins qu’on puisse dire !), dans le premier sens du terme, au sujet du vaccin et que l’on range par facilité dans le camp des « anti-vaxx », le sont infiniment plus que d’autres, ayant reçu le vaccin et se croyant absolument tout permis, comme dans la fameuse « vie d’avant ». Ce n’est pas la totalité, il faut s’empresser de le dire. Néanmoins, cette tendance existe, et elle pourrait se résumer à « Cassons les limites puisqu’on est plus forts que le virus et que le vaccin nous rend plus fortiches que Superman (mais après trois doses uniquement) ». 

Dans le domaine scientifique, par ailleurs, il est normal d’être prudent : la vérité n’est jamais acquise pour toujours, elle se modifiera au gré des découvertes et des expériences. « Prudente » par nature, la science ne pourra jamais être taxée d’égoïsme. Sauf si les Big Pharma … Pardon ? Non, j’ai rien dit ! La prudence, vue négativement, est en réalité partout (sauf peut-être chez certains/ tous les politiciens, biffez la mention inutile). 

Revenant à mon sujet initial, et à l’égoïsme vaccinal, ce qui semble être une aberration et une horreur de langage prend tout son sens : après tout, l’égoïsme n’est rien d’autre que la prise en compte de sa personne, la protection de ce qui est le plus important pour soi. Cet égoïsme ne peut être que prudent. Mais il doit aussi se montrer réaliste : il doit se montrer nuancé avec des arguments solides, et ne pas tourner à l’égotisme qui est le vrai fléau (je laisse de côté l’égocentrisme, bien que tout dans notre société individualiste plaide pour une telle préférence : ma tronche avant celle des autres, et tout doit tourner autour de moi, comme cette Française, en pleine recrudescence de la pandémie du coronavirus aux Antilles et qui se plaignait de devoir rentrer en France, qui avait la rage et la haine…). Notre société est bien malade : elle manque de prudence, se gonfle d’égotisme jusqu’à en crever, et elle ajoute à cela (j’espère l’avoir démontré grâce à mes chroniques) un mépris total pour l’exactitude des mots. N’oublions jamais la phrase de Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde ». N’est-on pas en train d’agir totalement dans ce sens si on parle comme si c’était une mauvaise chose, nocive et toxique, de l’égoïsme vaccinal ? N’est-on pas en train de plonger dans une sorte de religiosité du vaccin, qui devient le véritable pass pour accéder aux activités de la société ? Et on est en mesure de se demander si, dans ce cadre, la « providence » religieuse, voire mythique, n’est pas en train, insidieusement, de remplacer la sereine, concrète et protéiforme « prudence ». 

Jean-Guy Divers 

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Lara Pérez Dueñas

L’écho vide de la censure

« L’autorité instituée a toujours eu besoin, pour affermir sa tutelle, de traiter les hommes en aveugles, incapables de se guider par eux-mêmes, à tel point que, accoutumés à aller les yeux fermés où on leur enjoint de se rendre, ils craignent la lumière et réclament à leurs dépens plus de nuit et de brouillard, où ils puissent errer en s’insurgeant contre la dureté des temps. L’obscurantisme a toujours été le mode d’éclairage du pouvoir. »[note] Raoul Vaneigem, 2003

« La liberté d’expression, ce n’est pas seulement de défendre Charlie, c’est aussi d’instruire vraiment les dossiers en cas de pandémie. »[note]Jean Furtos, 2021

Rappelons-nous. Quelques années avant le surgissement de l’événement covid, la liberté d’expression était déjà attaquée, la nouvelle censure et la cancel culture étaient en marche. La gauche progressiste et culturelle avait pris la main, en fer de lance de l’intersectionnalité et du wokisme. Des professeurs d’Université, des philosophes, des journalistes, des cinéastes, des dramaturges, des écrivains et des humoristes étaient et sont privés de parole publique ou, pour reprendre la terminologie en vogue, « annulés » (cancelled). Est révolu le temps où la gauche combattait la censure. Aujourd’hui, elle accuse sans nuance ceux qui réclament la liberté d’expression d’appartenir à l’alt-right — la droite alternative américaine, soutien de Donald Trump —, ou du moins de s’en inspirer. Étrange retournement de situation et signe d’une confusion idéologique certaine ! 

Avec l’apparition du coronavirus, les choses ont empiré, la situation « sanitaire », avec toutes les peurs qu’elle charrie (dont celle de la mort que cette société refuse désormais), permettant que s’expriment sans complexe les techniques d’asservissement des masses. Oser dès lors critiquer la politique des gouvernements — usage de la liberté d’expression — vous faisait tomber, dès le premier confinement, dans les catégories infamantes de complotistes, de rassuristes, d’irresponsables, d’inciviques, de criminels ou encore d’eugénistes — usage de la liberté d’expression en retour, mais sous forme d’insultes —, car une situation aussi grave exigeait de resserrer les rangs autour de la classe dirigeante. L’injure la plus profonde et la plus politique relève de la supposée appartenance à l’extrême droite dès que l’on défend les libertés publiques et individuelles, rien de moins qu’un discours « nauséabond », a‑t-on pu lire sur la Toile. Ou comment user de méthodes fascisantes — la réduction de l’autre à quelques traits dévalorisants — pour interdire de penser. Il nous semblait pourtant que, jusqu’à présent, les mots liberté et extrême droite étaient antinomiques. Se sentait-on libre sous le nazisme ou le fascisme ? Parions que c’est le contenu même de cette étiquette d’extrême droite qui a évolué avec le temps. Tenir au maintien des libertés et à l’État de droit, est-ce nécessairement présenter aussi les traits traditionnels de l’extrême droite : darwinisme social, antisémitisme, sexisme, xénophobie, islamophobie, homophobie, transphobie, etc. ? Franchement, quel cerveau en bon état de fonctionnement soutiendrait pareille ineptie ? À moins d’y voir une stratégie pour brouiller les esprits et avancer masqué (c’est le cas de le dire) : faire semblant d’être démocrate pour mieux saper les fondements de la démocratie, vieille tactique qui remonte à Hitler ? Quand Gaspard Koenig élève des garde-fous contre la tentation totalitaire, il lui est reproché — un comble — de le faire d’un point de vue libéral (certes critiquable en lui-même)[note]. Alors, à quand une défense des libertés venant de la gauche, à l’instar des positions lucides, courageuses mais isolées d’un Franck Lepage, d’une Barbara Stiegler, d’un Laurent Mucchielli ? Nos camarades de gauche ont beau nous ®assurer entre quatre yeux n’être « pas toujours d’accord avec toutes les mesures sanitaires », remarquons qu’ils s’abstiennent de prendre position publiquement sur la question. Par lâcheté ? hypocrisie ? complaisance ? ou encore respect de l’autorité publique, envers et contre tout ? 

De nos jours, différents facteurs rendent le débat démocratique, serein et rationnel presque impossible : la polarisation et la moralisation des positions, soit le camp du Bien contre celui du Mal ; l’intolérance érigée en nouvelle vertu ; l’idée que toute transgression, humoristique ou non, est une agression ; la non-prise en compte du contexte d’énonciation ; la prévalence des réactions émotionnelles négatives (colère, indignation, tristesse) sur la vie intellectuelle ; le refuge dans les « safe places » plutôt que la rencontre de l’altérité ; enfin, les tentatives de certains groupes identitaires d’imposer des restrictions et des torsions au langage pour le rendre conforme à leurs revendications particulières, ainsi que d’empêcher les prises de parole publiques, notamment à l’Université. La question méthodologique de Pierre Bourdieu « qui parle ? » est prise au pied de la lettre, au point de faire passer le sens au second plan, quand il ne s’agit pas purement et simplement de l’ignorer ou de le détruire. Pourtant, « une des premières vertus de la liberté d’expression est de permettre que l’on rencontre un jour son contradicteur[note] », rappelle Monique Canto-Sperber. Mais on ne le rencontre généralement plus que par le biais d’un écran, ce qui présente l’avantage de ne prendre aucun risque physique. Alors certains en profitent outrageusement. Comment remettre du sens commun dans l’affaire ? Raoul Vaneigem souligne que « ce ne sont pas les propos qui doivent être condamnés, ce sont les voies de fait[note] », alors qu’aujourd’hui, précisément, certains propos sont officieusement « punis » par des voies de fait. 

Les contributeurs au présent dossier vous parleront de la culture, de l’art (Alain Gailliard), de la mise en perspective historique et idéologique (Michel Weber), de l’auto-censure dans l’édition pour la jeunesse et de la censure digitale (Philippe Godard) et de leur propre expérience de censurés (Louis Fouché, Jérémie Mercier). Pour que toute censure devienne une expression ! 

Dossier coordonné par Bernard Legros et Alexandre Penasse 

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Contributions extérieures

Lettre au secteur concerné par l’enfance

Madame, Monsieur,

Nous tenons par la présente à attirer votre attention sur un problème qui mérite d’être abordé avec rigueur, dans le respect des droits de l’enfant et des principes éthiques fondamentaux.

Il s’agit de la campagne actuellement en cours visant à convaincre les enfants et leurs parents de l’intérêt pour la société et pour eux-mêmes de la vaccination contre la COVID-19.

La « communication » officielle sur les bienfaits de cette vaccination est, selon notre analyse, confortée par celle de nombreuses personnalités indépendantes[note], à la fois incorrecte, voire mensongère, et manipulatrice. Elle vise à contraindre à la vaccination pour des motivations qui n’ont rien à voir avec la santé et le bien-être des enfants.

Il est inacceptable et même scandaleux que cette communication officielle ne dise rien sur les potentiels effets dits secondaires de cette vaccination, effets secondaires pourtant répertoriés dans le cadre de la pharmacovigilance. Aussi bien le VAERS aux États-Unis que son homologue européen, Eurovigilance, ont répertorié chez les personnes vaccinées des myocardites (inflammation du muscle cardiaque), des thromboses et des embolies, divers troubles neurologiques, et même des maladies auto-immunes.Que ces effets secondaires ne se manifestent que rarement ne justifie pas qu’on fasse l’impasse sur leur possible occurrence. A contrario, l’invitation officielle à se faire vacciner admet que le risque de développer des formes sévères de COVID-19 est faible pour les enfants. Il serait plus correct de préciser que ce risque est, en tout cas, inférieur à celui encouru du fait de la vaccination. Le CDC (Center of Disease Control), Centre de contrôle des maladies, organisme de veille épidémiologique aux États-Unis, a estimé le risque lié à la vaccination chez les jeunes de moins de 25 ans : il est de 50 cas de cardiopathie pour 100 000 contre 15 cas de forme sérieuse de la COVID-19 pour 100 000.Le risque vaccinal est donc plus de trois fois supérieur à celui encouru face à la COVID-19[note].Tout aussi significative et interpellant est la situation en termes d’hospitalisation et de mortalité. Toujours selon le CDC, les données cumulées de février 2020 à mai 2021 sont les suivantes : pour les jeunes de 0 à 17 ans, sur 100 personnes, le risque d’hospitalisation est de 0,29 et le risque de décès de 0,00. Où est l’objectivité quand on prétend qu’un risque est faible alors qu’il est proche de 0 et que d’autre part on tait un risque nettement plus élevé lié à la vaccination ?Ce qui précède n’inclut forcément pas les effets à long terme qui ne sont susceptibles de se manifester qu’après de longs mois, voire de nombreuses années. L’expérience vécue avec le vaccin Dengvaxia contre la dengue, produit par Sanofi-Pasteur, montre bien l’importance de faire preuve de circonspection. Un mécanisme, mis en évidence en 1977[note], appelé « infection facilitée par les anticorps », au cours duquel les anticorps aident le virus au lieu de l’inactiver, a entraîné la mort de 600 enfants sur les 800 000 vaccinés…[note] Ce mécanisme de facilitation de l’infection par les anticorps est connu chez les coronavirus. C’est ce qui a empêché la production de vaccins contre le SARS-Cov‑1 de 2002[note]. Il est inconcevable d’ignorer ce précédent pourtant bien documenté !D’autres effets potentiels à long terme sont évoqués par des scientifiques indépendants. On évoquera à ce propos le risque d’impact futur sur la fertilité et la reproduction[note].Enfin, il faut insister sur un aspect essentiel de la problématique particulière qu’engendre l’utilisation de vaccins génétiques (à ADN ou ARN), comme le fait le généticien moléculaire Christian Vélot, président du Conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le génie génétique). La vaccination de ce type fait courir le risque d’augmenter la production de variants par recombinaison (entre le matériel génétique et le génome d’un virus infectant).En outre, un effet indésirable considéré officiellement comme impossible est l’intégration de l’ARN vaccinal dans le génome des cellules humaines après rétro-transcription en ADN. Une étude récente (Zhang et al, 2021) remet en cause cette certitude[note]. Le doute est donc permis et nécessite à tout le moins de nouvelles investigations pour infirmer ou confirmer cette hypothèse inquiétante.

Il est essentiel de rappeler ici que les vaccins actuellement autorisés bénéficient d’une autorisation conditionnelle de mise sur le marché, les essais cliniques de phase III étant toujours en cours.

Pour le vaccin BioNTech/Pfizer, le délai pour la confirmation d’efficacité est fixé au mois de décembre 2023 ; pour le vaccin Moderna, l’échéance est fixée au mois de décembre 2022.

On est donc en droit d’affirmer en ce moment que les personnes vaccinées par ces vaccins biotechnologiques sont de purs cobayes.

Contrairement à ce que prétendent les autorités sanitaires qui préconisent la vaccination des enfants contre la COVID-19, l’attitude responsable consiste à renoncer à cette vaccination, étant donnés les risques, les incertitudes et les craintes fondées quant aux conséquences à long terme. Comme déclaré avec force par les scientifiques signataires du groupe COVIDRATIONNEL, rien ne justifie la vaccination systématique des enfants et adolescents contre la COVID-19.

La communication actuelle en cours a instrumentalisé les enfants et les adolescents à des fins qui ne les concernent pas directement, au mépris de la Constitution, qui précise en son article 22bis que, dans toute décision qui le concerne, l’intérêt de l’enfant est pris en considération de manière primordiale.

En conclusion, nous vous adjurons de prendre en considération les faits largement étayés que nous évoquons dans cette lettre. Enfin, nous vous rappelons que, comme dit le vieil adage : « dans le doute, abstiens-toi », surtout quand c’est la santé et l’avenir de nos enfants qui sont en jeu.

Aryan Afzalian (Docteur en sciences appliquées, ingénieur civil)Fatiha Aïd Saïd (Naturopathe)Denis Brusselmans (Avocat spécialisé environnement)Corine Dehaes (Philologue, enseignante)Geneviève Hilgers (Historienne)Alain Jossart (Assistant social)Paul Lannoye (Docteur en sciences physiques, député européen honoraire)Emmanuel Mignolet (Docteur en biochimie)Pierre Stein (Président Grappe asbl)Valérie Tilman (Philosophe, enseignante)Thierry Vanderlinden (Juriste)Carole Vanoeteghem-d’Ursel (Les Hamsters)

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Contributions extérieures

Covid-19 : Les mythes s’effondrent

Après que le CDC ait dû reconnaitre le fait que le vaccin n’empêche pas la transmission[note], le mythe du vaccin solidaire « pour protéger les autres » et de l’immunité de groupe vaccinale s’effondre . Déjà en Mars, un article publié dans Nature nous expliquait que l’éradication du virus par le vaccin était sans doute impossible[note]. Une des raisons est que l’on craignait que les vaccins n’empêchent pas la transmission.

Le mythe de l’immunité vaccinale, meilleure que l’immunité naturelle s’est également effondré :

« L’infection par le SRAS-CoV‑2 produit des réponses des cellules B qui continuent d’évoluer pendant au moins un an. Au cours de cette période, les cellules B mémoires expriment des anticorps de plus en plus larges et puissants qui sont résistants aux mutations trouvées dans les variants préoccupants. Nous examinons ici l’évolution des lymphocytes B mémoire 5 mois après la vaccination avec les vaccins Moderna (mRNA-1273) ou Pfizer-BioNTech (BNT162b2) à ARNm dans une cohorte de personnes naïves du SRAS-CoV‑2. Entre la phase d’amorçage et la phase de rappel, les cellules B à mémoire produisent des anticorps qui développent une activité neutralisante accrue, mais il n’y a plus d’augmentation de la puissance ou de la portée par la suite. Au contraire, les cellules B à mémoire qui émergent 5 mois après la vaccination d’individus naïfs expriment des anticorps qui sont équivalents à ceux qui dominent la réponse initiale. Nous concluons que les anticorps mémoire sélectionnés au fil du temps par l’infection naturelle sont plus puissants et plus étendus que les anticorps induits par la vaccination. Ces résultats suggèrent que le renforcement des individus vaccinés avec des vaccins ARNm actuellement disponibles produirait une augmentation quantitative de l’activité neutralisante plasmatique mais pas l’avantage qualitatif contre les variantes obtenu en vaccinant des individus convalescents »[note].

Il y a maintenant de nombreuses publications scientifiques qui montrent que l’immunité naturelle fonctionne au moins 17 mois (and counting), et devrait être plus résistante aux variants que celle du vaccin, car polyclonale sur tout le virus et non monoclonale et uniquement sur la protéine S hautement mutable du Virus dans le cas du vaccin… ce que l’on observe d’ailleurs maintenant avec le variant delta. L’immunité acquise par une infection naturelle protège, elle, de la transmission car, en plus des Ig‑G, elle produirait aussi des Ig‑A dans les muqueuses nasales, ce que ne font pas les vaccins[note][note][note][note].

Le mythe de l’efficacité se fissure également:

L’efficacité du vaccin sur le variant delta a été revue à la baisse à 39% en Israël[note]. Les données récentes du Ministère de la Santé israélien semblent donner une efficacité même moindre : 

https://data.gov.il/dataset/covid-19/resource/9b623a64-f7df-4d0c-9f57-09bd99a888809[note]Le variant delta prédomine dans cette période. Ces données indiquent que pour toutes les tranches d’âge, sauf celle des 0–19 ans, la vaccination n’a pas d’effet autre que très mineur sur la susceptibilité à l’infection par SARS-CoV‑2. Plus de détails et analyses documentées sont disponibles sur Questions sur l’immunisation et la transmission de SARS-CoV-210[note].

Ce phénomène s’observe également dans d’autres pays comme l’Angleterre, bien que pour le moment les hospitalisations et les décès du variant delta restent globalement faibles, ce qui pourrait être le signe d’un variant plus contagieux mais moins dangereux, mais pourrait aussi être lié à un effet de saisonnalité, comme observé durant l’été 2020. Rappelons que l’un des risques des vaccins contre les coronavirus pourrait être d’aggraver la maladie par un renforcement dépendant des anticorps[note] ou effet ADE (Antibody Dependent Enhancement[note]), dû à des anticorps peu neutralisants, spécialement sur des infections ultérieures et des nouveaux variants. Cet effet ADE n’est spécifique que pour certains virus comme celui de la Dingue, Ebola, le HIV, RSV et justement la famille des coronavirus. Il faudra sans doute attendre l’automne pour y voir plus clair.

Rappelons encore que de nombreuses zones d’ombres et inconnues[note] existent sur la sûreté et les effets à long terme de ces vaccins. À court terme, une mortalité inédite[note] et de nombreux effets secondaires ont été reportés sur les bases de données de pharmacovigilances[note] (par ex: myocardites, thromboses, embolies pulmonaires, cécités, chocs anaphylactiques, paralysies faciales, zona, qui est typiquement lié à une immunosuppression, un risque potentiel avec les vaccins, qui peut être passager, ce qu’on espère, c’est d’ailleurs une raison pour laquelle on ne vaccine normalement pas durant une épidémie… Une immunosuppression pourrait expliquer pourquoi, à court terme en tout cas, les statistiques des hospitalisations[note] et de décès semblent avoir augmenté dans de nombreux pays après le début des campagnes de vaccinations massives). Certains de ces effets, comme les thromboses[note] par exemple, pourraient être liés à la protéine de spike. Contrairement à ce que l’on croyait initialement, cette protéine, que le corps fabrique en très grande quantité pendant environ deux semaines après chaque injection, n’est pas inoffensive, et est, sans doute, la partie la plus toxique et dangereuse du virus. Elle pourrait bien être la cause de dommages endovasculaires[note][note][note][note].

Des études semblent montrer d’ailleurs que, contrairement aux croyances initiales, la protéine de Spike ne resterait pas localement au point d’injection mais circulerait bien dans le sang[note].

La protéine de Spike du vaccin circulant dans le sang pourrait également créer des micro-caillots dans les capillaires sanguins (non détectables au scanner mais apparents avec un test D‑dimère) et créer des dommages dans les poumons, le cœur et le cerveau. Ceci entraînerait, entre autres, une perte de performance physique permanente et à plus long terme des problèmes cardiaques… cet effet pourrait être fréquent d’après le Dr. Charles Hoffe[note].

Finalement le mythe de l’utilité des mesures comme le confinement et le port du masque généralisé pour enrayer l’épidémie est mis à mal[note] :

– Par la Suède qui n’a pas connu de 3è vague, ni de décès et aurait déjà atteint l’immunité de groupe car 50 à 60 % de la population serait naturellement immunisée, sans doute par immunité croisée avec d’autres Coronavirus ou, simplement, par une immunité innée forte (la notion du terrain vs. virus, que l’on peut renforcer par une bonne hygiène de vie, des vitamines et des minéraux…); cette immunité initiale aurait été complétée par une immunité acquise naturelle spécifique d’environ 10% par vague épidémique[note].

– Par le manque de corrélation positive observé dans la vie réelle du confinement sur la diminution des hospitalisations et des décès par des études scientifiques de plus en plus nombreuses[note] et également en Amérique où des états totalement ouverts et sans aucune restriction, comme au Texas, ont vu leurs cas et leurs décès chuter de façon spectaculaire au cours de la même période[note].

– En Angleterre, où depuis Freedom day, les contaminations baissent: Alors que l’Angleterre a levé ses dernières mesures de restriction sanitaire, laissant craindre une flambée épidémique, c’est tout le contraire qui s’est passé avec la chute brutale des contaminations. Ce phénomène que l’on observe dans d’autres pays laisse les scientifiques incrédules et Neil Fergusson semble en perdre son latin : « Nous nous orientons inévitablement vers les 100.000 cas par jour », affirmait le 18 juillet dernier le célèbre épidémiologiste Neil Ferguson à la BBC. Le ministre de la Santé Sajid Javid expliquait lui aussi que les dernières levées des restrictions sanitaires (Freedom Day) allaient entraîner une flambée des infections. Le pays connaissait alors une flambée endémique fulgurante, avec un nombre de cas quotidiens multiplié par cinq en un mois. Pourtant, 12 jours après le pic de 54.183 contaminations constaté le 17 juillet, le nombre de cas positifs est retombé comme un soufflé à 27.734 cas le 28 juillet. Une chute aussi brutale que l’ascension foudroyante de cette quatrième vague, et ce en plein relâchement des mesures sanitaires et notamment la fin du port obligatoire du masque en intérieur[note].

Par: Aryan Afzalian, Ingénieur civil et Docteur en Sciences Appliquées. Chercheur spécialisé dans le domaine de la physique quantique atomistique appliquée à la modélisation de la nano- et bio-électronique et auteur du site https://auxamescitoyennes.com/[note]

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Contributions extérieures

Arme n°03 : La pression gouvernementale

Dans nos précédents articles, nous avons observé que la censure se multiplie dans les médias sociaux, tels que Facebook ou YouTube, qui sanctionnent systématiquement les points de vue qui ne sont pas alignés avec les politiques officielles à propos de la crise sanitaire. Cependant, même si ces espaces tendent vers un monopole de l’usage, on peut toujours targuer qu’il s’agit d’espaces privés, régis par leurs propres règles et auxquels nous ne sommes pas obligés d’adhérer[note].

Alors qu’en est-il de l’espace public ? La liberté d’expression est-elle toujours garantie par nos gouvernements ? Les médias indépendants sont-ils accueillis dans les bras ouverts de la démocratie ?

Sur ce point, je désire apporter une réponse nuancée. En France ou en Belgique, nous vivons dans des pays où s’exprimer est possible, voire encouragé. Les journalistes, dans nos régions, jusqu’à preuve du contraire, ne risquent pas leur vie. Alors que, dans d’autres parties du monde, près de 1000 journalistes ont été tués en 10 ans[note], dont certains brûlés vifs ou découpés en morceaux. De tout cela, il n’est nullement question dans nos pays.

Source : Reporters Sans Frontières

Cela veut-il dire que nos journalistes, en Belgique ou en France, sont chaleureusement conviés aux conférences de presse gouvernementales indépendamment de leurs valeurs et de leur vision ? Non. Cela n’est pas vrai. En tout cas, le système présente des failles et la liberté journalistique a été sérieusement mise à l’épreuve durant la crise sanitaire.

Quelques brèches dans la liberté de la presse

En Belgique, le journal indépendant KAIROS, et son journaliste principal, Alexandre Penasse, écarté des conférences gouvernementales pendant plusieurs mois après avoir posé des questions qui dérangent, a été obligé de faire appel à un avocat pour obtenir à nouveau accès à la salle de presse[note].

Le jour J, le journaliste se rend bien en avance sur les lieux de la conférence. Son nom n’est pas sur la liste des invités. Pourtant, il apparaît que les autres journalistes ont reçu un texto de confirmation d’invitation. Alexandre Penasse convoque son avocate à brûle-pourpoint et, comme par miracle, son nom réapparaît sur la liste.

Le gouvernement belge joue ici sur la corde de la censure. Une interdiction pure et dure serait illégale, alors les officiels utilisent d’autres moyens : « oubli » dans la liste des invitations, « évitement » des questions, puis, en définitive, coupures « techniques » de micro et lancement du générique de fin, qui vient masquer la question qui dérange.

Le journaliste accrédité Alexandre Penasse a dû faire appel à son avocate pour avoir accès à la conférence gouvernementale du 27 novembre 2020 à Bruxelles. Au moment de poser sa question, son micro est coupé et le générique de fin d’émission est lancé.

Le journaliste accrédité Alexandre Penasse a dû faire appel à son avocate pour avoir accès à la conférence gouvernementale du 27 novembre 2020 à Bruxelles. Au moment de poser sa question, son micro est coupé et le générique de fin d’émission est lancé.

En France, c’est le journal France Soir qui fait l’objet de pressions. Rapidement taxé de « repère de complotistes » pour être un des rares médias à offrir une tribune à des points de vue alternatifs, le journal France Soir a fait l’objet d’une intimidation, en janvier 2021, de la part du ministère français de la Culture.

Le 29 janvier, la ministre Roselyne Bachelot a demandé que soit réexaminé le certificat officiel qui confère à France Soir son statut d’organe de presse en information politique et générale. Finalement, ce certificat n’a pas été retiré, mais l’attitude du ministère reste pour le moins inhabituelle. Par le biais de la chambre d’écho de Twitter, le gouvernement a très clairement lancé des signaux d’intimidation au journal.

Xavier Azalbert, le Directeur de publication de France Soir, réagit de manière sereine : « La Ministre a tout à fait le droit de s’exprimer, précise-t-il. Je pense que c’est un droit et qu’il faut le respecter […] À certains moments, nous avons fait des erreurs et il faut le reconnaître. Mais la majeure partie du temps, nous avons apporté une voix dissonante, factuelle. Et cela a dérangé certains. »[note].

André Bercoff (à droite), animateur de Sud Radio, reçoit Xavier Azalbert, Directeur de publication de France Soir.

Les experts des Droits de l’Homme lancent l’alerte

Dès le début de la crise sanitaire de la COVID-19, les experts des Droits de l’Homme ont perçu un risque de dérive et sont rapidement montés au créneau. Plusieurs experts du Haut-Commissariat aux droits de l’homme se sont exprimés, dès le mois de mars 2020. Ils ont jugé bon de rappeler aux États que « les pouvoirs d’urgence ne doivent pas servir à faire taire l’opposition »[note].

Évoquant les mesures de l’état d’urgence face à la COVID-19, l’ONG Amnesty International, épingle plusieurs pays dans son rapport 2020 :

« Alors qu’il était urgent de disposer de données précises, pertinentes et fondées sur une approche scientifique pour combattre la pandémie, un certain nombre de gouvernements ont imposé des restrictions injustifiées à la liberté d’expression et à l’accès à l’information. En Arménie, en Azerbaïdjan, en Bosnie-Herzégovine, en France, en Hongrie, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, en Pologne, en Roumanie, en Russie, en Serbie, au Tadjikistan, en Turquie et au Turkménistan, le pouvoir a fait un usage abusif de lois existantes ou nouvellement adoptées pour limiter la liberté d’expression. »[note]

Avez-vous remarqué la France, perdue entre l’Azerbaïdjan et l’Ouzbékistan ?

Il est assez symptomatique de constater que, dans le résumé de ce rapport, présenté par France Inter, ce sont les « régimes autoritaires » ou bien des pays comme la Hongrie, la Pologne ou le Vietnam qui sont pointés du doigt[note]. Il semble facile de voir la paille dans l’œil du voisin et d’omettre la poutre qui traîne dans le nôtre.

Le résumé du rapport d’Amnesty International sur France Inter, qui bénéficie d’un très bon référencement sur Google, se concentre sur le reste du monde… la France, pourtant épinglée à plusieurs endroits du document, semble exempte de tout reproche, après application du filtre des médias traditionnels.

Plus loin, en page 211 du rapport, la France est encore pointée par l’association humanitaire : « Les mesures prises par le gouvernement face à la pandémie de COVID-19 ont soulevé un certain nombre de préoccupations en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne l’usage excessif de la force par la police et le droit à la liberté de réunion pacifique ».

Un arsenal juridique contre le droit d’informer

Dix mois. C’est le temps qu’il aura fallu au gouvernement Macron pour déclencher une première vague d’indignation dans le secteur des médias, rappelle Pauline Perrenot de l’Observatoire des médias ACRIMED[note]. En cause ? La loi relative à la protection du secret des affaires. Promulguée en juillet 2018, cette loi consacre une restriction à la liberté de la presse, en vertu de la protection des entreprises. En dépit d’une mobilisation sans précédent de la part de syndicats de journalistes et autres organes d’information, la loi est passée comme une lettre à la poste.

Les effets de cette loi n’ont d’ailleurs pas tardé à se manifester, notamment dans le rayon pharmaceutique, bien avant la crise du coronavirus. En septembre 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) invoque le secret des affaires pour justifier la rétention d’information concernant la fabrication d’un médicament dont les effets indésirables sont questionnés. Un peu plus tard, en novembre 2018, c’est le journal Le Monde qui se heurte au secret des affaires, qui empêche les journalistes d’investiguer efficacement sur les dangers de certains implants médicaux. 36 organisations se joignent alors au journal Le Monde dans sa bataille contre le secret des affaires[note], mais malgré cette mobilisation, les recours administratifs s’avèrent très lents et infructueux.

La loi sur le secret des affaires n’est pas la seule initiative du gouvernement Macron qui affecte le droit d’informer et la liberté d’expression. Par exemple, la loi du 25 mai 2021 pour une sécurité globale[note], dont l’article 24 prévoit des peines pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement et une amende d’un montant de 45 000 euros pour la diffusion de vidéos dans lesquelles des policiers ou des gendarmes sont identifiables. Cette interdiction vaut lorsque la diffusion de ces images a pour but de « porter atteinte à l’intégrité physique ou psychologique » des personnes concernées. Une notion très floue, sujette à interprétation et clairement susceptible de décourager le reportage de terrain effectué par les journalistes ou par de simples citoyens.

« Les violences policières existent, nos images les attestent, les rendent réelles aux yeux de l’opinion. Ce alors même que les autorités françaises nient leur existence et persistent, une nouvelle fois, à vouloir invisibiliser. C’est ce contre-pouvoir, nécessaire en démocratie, que le gouvernement et sa majorité parlementaire souhaitent enlever aux citoyen·ne·s. […] Sans ces outils, sans celles et ceux qui les braquent, combien de violences policières auraient été passées sous silence ? » interpelle une tribune collective, publiée sur le site ACRIMED et signée par plusieurs dizaines d’organisations, syndicats de journalistes, personnalités universitaires et journalistes professionnels[note].

La « chambre des libertés » : lentement vidée de son pouvoir

Une caractéristique des très récentes lois françaises qui touchent la liberté de la presse, c’est qu’elles arrachent les affaires des mains de la 17e chambre du Tribunal de grande instance, créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale précisément pour protéger la liberté d’expression. Cette même juridiction que le journal Le Monde qualifiait en 2013, sur fond d’affaires récentes, de « chambre des libertés »[note].

Les lois votées par le gouvernement Macron déplacent les affaires vers les tribunaux de commerce (loi « Secret des affaires »), les cours pénales (déclarations de Nicole Belloubet sur la diffamation) ou permettent qu’elles soient « extrajudiciarisées » (régulation par les plateformes numériques dans le cadre de la loi « fake news »).

« Un déplacement qui implique de priver ces affaires de toute la jurisprudence acquise depuis 1881, et des compétences de magistrats spécialisés pour arbitrer entre liberté d’expression, intérêt public et atteintes aux personnes physiques ou morales. », explique Emmanuel Tordjman, spécialiste du droit des médias et avocat de Mediapart[note].

Or, la jurisprudence, française, mais aussi européenne, comme vous allez le constater ci-dessous, solidifie les piliers sacrés de la liberté d’expression.

L’Europe s’inquiète de la censure de la désinformation

Au niveau européen, ce ne sont ni la censure ni les dérives autoritaires qui inquiètent, mais la désinformation et la mésinformation[note].

Dans une communication conjointe au Parlement européen, au Conseil européen, au Comité économique et social européen et au Comité des régions, les grandes instances officielles européennes se penchent sur la lutte contre la désinformation. Elles entendent poser des actions pour « démêler le faux du vrai » dans le contexte de la crise de la COVID-19[note].

Cette communication est un vrai tour d’aïkido. Vous sentez, dès les premiers paragraphes, que la liberté d’expression est ici instrumentalisée au service d’une lutte contre les informations perçues comme « fausses » ou « déstabilisantes ». Des actions qui sont mises en place, en réalité, pour limiter la liberté d’expression au « politiquement admis » ou au « scientifiquement consensuel » le sont… au nom de la liberté d’expression et de la protection des démocraties.

On joue avec le feu. La rhétorique est comparable à celle des pouvoirs spéciaux : « Je restreins les libertés pour te protéger ». Elle ouvre la porte à un jeu dangereux : l’infantilisation du citoyen par les structures gouvernantes.

Bien sûr, la désinformation et la mésinformation existent. Et ce, depuis tout temps. Et il n’y a pas que les naïfs citoyens qui en sont les potentielles victimes. Même un peloton de journalistes peut tomber dans le piège d’une contre-vérité, comme l’atteste l’histoire de Timisoara, par exemple[note]. Même une nation entière peut plonger dans une rhétorique qui déforme le réel. L’histoire a d’ailleurs démontré que les peuples « tombent sous hypnose » plus facilement de l’intérieur que de l’extérieur[note].

C’est tout le danger que j’entrevois dans cette initiative « parentale » de l’Union européenne. Prétextant la lutte contre les dangers qui nous menaceraient de toutes parts (l’influence de fausses informations venant de Russie, les dangereux complotistes ennemis des démocraties, etc.), cette politique ouvre la porte au contrôle de l’information et à la dictature du consensus.

La politique européenne de lutte contre la désinformation fait penser à un serpent qui se mord la queue : pour protéger la liberté d’expression, je la restreins.

Bien sûr, sur Internet comme à la télévision d’ailleurs, on croise de fausses informations. Cela va d’une prétendue citation de Steve Jobs sur son lit de mort[note] à de fausses déclarations gouvernementales[note], qui bien qu’elles soient démenties, continuent parfois de circuler pendant plusieurs mois ou plusieurs années sur les réseaux sociaux.

Bien évidemment, nous pouvons comprendre qu’un État puisse envisager de se protéger contre l’invasion de fausses informations et rumeurs venant de pays étrangers comme la Russie et la Chine, en période électorale par exemple, vu que ces informations sont susceptibles de torpiller le bon fonctionnement de la démocratie.

Le problème, c’est que le texte de la Commission européenne ratisse très large. Il met dans le même panier, d’une part, la cybercriminalité, la fraude, les campagnes de déstabilisation opérées par des puissances étrangères et, d’autre part, les « informations erronées ou les fausses allégations sur les soins de santé » ou encore les « théories conspirationnistes susceptibles de nuire à la cohésion de nos sociétés ».

Ça y est, la ligne rouge est franchie. Les scientifiques en désaccord avec la doctrine officielle et les citoyens qui critiquent le système en place se retrouvent dans le même panier à « Fake » que les cybercriminels ou les pays ennemis. C’est peut-être oublier le fait que l’équilibre d’une démocratie repose sur les contre-pouvoirs.

Ma crainte est d’autant plus justifiée à l’heure où d’éminents scientifiques du monde entier, parfois les meilleurs spécialistes mondiaux des technologies médicales qui font l’actualité, expriment une opinion en porte-à-faux avec la position gouvernementale ou les comités scientifiques institutionnels. « Porte-à-faux » est le terme : la politique de lutte contre la désinformation guillotine aujourd’hui de brillants scientifiques, intellectuels, médecins, philosophes, qui n’ont rien de saboteurs de l’ordre social, si ce n’est qu’ils contredisent la rhétorique en place, les données et les raisonnements sur lesquels elle s’appuie.

L’analyse du discours européen vaudrait un article en soi. Je me contente, à ce stade, d’émettre une extrême vigilance face à un discours qui prétend défendre la liberté d’expression… en la restreignant et en la contrôlant.

RAPPEL : la liberté d’expression inclut…

Le principe est la liberté d’expression ; la restriction, l’exception. Il ne peut être porté atteinte à la liberté qu’en cas d’abus prévu par la loi. Ces exceptions tiennent en quelques lignes : injure, diffamation, atteinte à la vie privée, présomption d’innocence, usurpation d’identité, harcèlement, calomnie. Mais les lois récentes viennent rallonger la liste et y ajouter du flou.

En dehors de ces exceptions, la liberté d’expression reste la règle. Et la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH), à travers ses arrêts, en fait une interprétation très large :

… le droit de se tromper

Selon la Cour européenne, la liberté d’expression prévaut « même en présence d’éléments donnant fortement à croire que les informations véhiculées pourraient être fausses » (CEDH, Cour (Deuxième Section), 6 sept. 2005, n° 65518/01, §113).

… le droit de choquer

« La liberté d’expression vaut non seulement pour les informations ou les idées accueillies avec faveur, ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population » (CEDH, Handyside c/ Royaume-Uni, 7 décembre 1976).

… le droit d’émettre des idées non conventionnelles

Dans un arrêt relatif à un sujet de santé publique, la Cour précise qu’on ne peut limiter la liberté d’expression aux idées communément admises : « Dans un domaine où la certitude est improbable, il serait particulièrement excessif de limiter la liberté d’expression à l’exposé des seules idées généralement admises » (CEDH, 25 août 1998, Hertel/Suisse, §50)[note].

Ce dernier arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme est rempli de sagesse. Il préserve cette indispensable souplesse face à ces certitudes monolithiques qui accompagnent les esprits qui affectionnent les réponses simples et tranchées. À l’heure des grands inquisiteurs vérificateurs de « fake news », il est temps de se souvenir de la valeur de la dialectique du doute. En science comme en société.

Le bâtiment de la Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg.Photo : Udo Pohlmann, Pixabay.

Vers une démocratie limitée au « politiquement correct » ?

En conclusion, dans nos pays, la liberté d’expression demeure une valeur et une réalité, sans quoi je risquerais ma vie à poster cet article. Mais, dans l’ombre de la crise sanitaire et de l’état d’urgence, le citoyen attentif pourra voir s’approcher le nuage noir de la répression. Sous les apparences vertueuses d’une lutte contre la désinformation, la protection sanitaire ou l’incivisme, nos démocraties semblent devoir se défendre… contre elles-mêmes ! C’est tout le paradoxe de la position de l’Union européenne ou de la loi pour une sécurité globale.

Une démocratie qui dénonce l’irrévérence fleurte avec le totalitarisme. Et l’histoire a montré que le narratif de la peur et de l’insécurité est souvent aux racines de ces tentations de restreindre la liberté d’expression et la liberté de pensée. Ces libertés constituent pourtant l’ADN d’une véritable société démocratique.

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Contributions extérieures

Arme n°02 : le filtrage par les algorithmes de Google

Depuis 20 ans, mon épouse et moi-même accompagnons les entreprises à améliorer leur référencement naturel, c’est-à-dire leur présence dans les résultats des moteurs de recherche. Aujourd’hui, cette expertise est appelée le « SEO » (Search Engine Optimization). Elle m’a conduit à m’intéresser de très près à la manière dont Google fonctionne et aux dernières évolutions du numéro un de la recherche d’information sur la toile.

La première chose à réaliser, c’est la domination de Google dans le paysage des moteurs de recherche. En Belgique, 95% des recherches mots clés sont effectuées sur Google[note]. La principale alternative choisie par les utilisateurs est Bing, le moteur de recherche de Microsoft, utilisé par environ 3% des internautes. Yahoo! arrive en troisième position sur le podium. En d’autres termes, le moteur qui pèse lourdement sur l’accès à l’information, c’est bel et bien Google. C’est la raison pour laquelle il est au centre de la stratégie de visibilité des entreprises. Et c’est pour cette même raison que nous allons en faire le cœur de l’analyse qui suit.

Deuxième chose à savoir : les gens sont impatients et peu nombreux à effectuer des recherches approfondies. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les 4 premiers résultats proposés (souvent au départ de milliers de résultats potentiels) génèrent 81% de taux de clic[note]. En d’autres termes, moins d’un utilisateur sur cinq explore le 5e résultat. Quelques pour cent à peine s’intéresseront à la seconde page de résultat.

Source de l’image : iProspect, via 1ere-position.fr

Que peut-on en conclure ? C’est que la sélection d’information qui va être proposée aux utilisateurs, résultat de l’algorithme de Google, va lourdement peser sur le façonnage des opinions. Les informations reléguées en seconde page ne toucheront qu’une audience très limitée.

« Quel est le meilleur endroit pour dissimuler un cadavre ? La seconde page de résultats de Google ! », exprime avec humour Olivier Andrieu, l’expert SEO francophone de loin le plus renommé.

Partant de ce constat, nous avons voulu observer quelle information rentre dans la « lucarne » du moteur de recherche américain dès lors que nous nous intéressons à la gestion de la crise sanitaire de la COVID-19. Sans prétendre mener ici une étude exhaustive à valeur scientifique, nous désirons effectuer quelques coups de sonde, qui vont nous permettre d’éclairer certaines réalités du moteur de recherche.

Google monopolise l’espace en réponse à la requête « Le vaccin est-il sûr ? ».Prise d’écran datée du 02/07/2021.

Comme l’indique la prise d’écran ci-dessus, sur certaines requêtes clés, dans la première partie de l’écran (celle dont on sait qu’elle va monopoliser une très grande partie de l’attention), le moteur de recherche n’aiguille même pas vers des pages de résultats externes. Il livre directement l’information !

Lorsqu’on sait à quel point certains scientifiques et certains statisticiens demeurent plus que critiques sur l’origine, l’homogénéité, la consistance et la pertinence des données sources, que ce soit pour les morts attribués à la COVID que pour les fameux « cas négatifs » COVID basés sur des tests PCR calibrés et organisés de manière variable, on peut considérer que ce raccourci vers une seule source de données constitue une démarche plutôt audacieuse. Elle laisse à penser qu’il n’existe qu’une vérité chiffrée facile à obtenir alors que la réalité est infiniment plus complexe.

L’intelligence artificielle du moteur de recherche Google continue de progresser. La dernière version de son algorithme a été baptisée « MUM ». Grâce à un puissant travail sur la synonymie dans de nombreuses langues du monde, elle permet notamment de canaliser différentes requêtes vers une même page de résultats. Ce qui augmente encore le taux d’exposition à une même réponse ou à un même message mis en scène par le moteur. Récemment, Google a d’ailleurs communiqué qu’il testait son algorithme MUM sur les questions liées au vaccin[note].

Google en devient presque un média à part entière, comme en témoigne l’augmentation faramineuse des pages de résultats à zéro clic[note]. Dans 65% des cas, les utilisateurs se contentent de l’information proposée par Google, sans creuser plus loin !

Or, Google n’est pas neutre sur la question de la vaccination. Le 15 avril dernier, la firme californienne a communiqué sa volonté de « participer aux efforts de vaccination dans le monde »[note]. Cette aide s’est traduite par l’achat de 200.000 doses de vaccin, mais également par des subventions publicitaires. Dans ce contexte, il semble légitime de nous questionner sur la neutralité des algorithmes du moteur de recherche, lesquels ne sont pas publics.

Jusqu’où Google sera-t-il capable d’aller sous la pression des gouvernements ? La tendance est limpide : depuis 10 ans, les demandes d’information sur les utilisateurs venant des gouvernements n’ont cessé de grimper[note].

En 10 ans, la pression des gouvernements pour obtenir des données auprès de Google a plus que quadruplé. Source : fr.statista.com.

En avril dernier, Google a décidé de rendre publiques les données de géolocalisation dont il dispose. Ces données sont censées « fournir de précieux renseignements sur les mouvements des populations, et surtout, sur la fréquentation de différentes catégories d’endroit », indique le géant[note]. Au total, 131 pays sont concernés.

Jusqu’à présent, ces données sont anonymes. C’est-à-dire qu’on peut y voir les déplacements de la population, sans savoir que c’est Monsieur Dupont ou Madame Tartempion qui se sont rendus à leur maison de campagne. Mais de là au traçage individuel, il n’y a qu’un pas. Prenez-en pour avertissement la déclaration de la Sécurité du Québec (SQ) qui se prépare à utiliser les téléphones cellulaires pour géolocaliser les citoyens qui refuseraient de se placer en isolement pendant la pandémie de coronavirus[note].

Mais l’influence de Google ne s’arrête pas là. Lorsque vous effectuez une recherche, le moteur vous suggère des requêtes qui, habituellement, correspondent aux requêtes populaires. En temps normal, le moteur de recherche essaye de vous rendre service en accélérant l’accès aux recherches les plus fréquentes. Cette fonctionnalité s’appelle « Google Suggest ».

Dans le cas qui nous occupe, nous avons tout de même été fort surpris, par exemple, de ne pas voir apparaître l’association entre l’ivermectine et la COVID, pourtant au cœur de l’actualité.

Ci-dessus, Google ne propose pas l’association entre ivermectine et COVID. La rosacée ou les poux lui font de l’ombre.

De fait, contre toute attente, cette association semble ne pas faire partie de la base de données des suggestions de Google.

Ci-dessus, Ecosia[note], un moteur de recherche alternatif qui investit dans des projets écologiques, propose de tout autres suggestions. L’association entre « ivermectina » et « covid » est ici présente, en réponse au besoin de recherche du moment.

À d’autres endroits, Google met en avant des « Questions fréquentes » autour du thème recherché. Ce qui semble bienveillant dans la forme. Cependant, les réponses pourront surprendre les esprits un tant soit peu critiques.

Par exemple, à la question « Les vaccins contre la COVID-19 sont-ils sûrs ? », Google répond en 8 lignes, qui s’appuient sur la réponse officielle de l’Agence européenne des médicaments. Beaucoup de langue de bois et pas la moindre indication sur le fait que, de manière très exceptionnelle et conditionnelle, ces vaccins soient mis sur le marché avant la fin des essais cliniques de phase 3. Ni aucun lien vers une analyse des effets secondaires ou du ratio bénéfice/risque.

Google s’appuie sur la communication très générique de l’Agence européenne des médicaments pour répondre à une question aussi concrète que brûlante : le degré de sécurité des vaccins contre la COVID-19.

Quant à l’efficacité des vaccins, au-delà de la question de leur sécurité, comment est-elle appréhendée par le principal fournisseur d’information dans le monde ?

Dans notre cas, c’est le site web LCI.fr qui arrive en tête des résultats, juste en dessous du carrousel d’actualités[note].

Le site LCI.fr est propulsé en tête des résultats sur la requête « Les vaccins sont-ils efficaces ? ». Date de la prise d’écran : 02/07/2021.

À l’analyse, nous observons que l’article qui est si bien positionné fait référence à « une étude britannique », dont il ne livre même pas les références précises.

Cet article a été choisi pour occuper la « pole position » de Google sur la requête « Les vaccins sont-ils efficaces ? ». Il ne contient même pas une référence scientifique précise. Aucun lien vers des ressources détaillées. Aucune bibliographie.

Cet article fait 582 mots. Ce qui semble bien frugal pour obtenir la « pole position » sur un thème complexe. Comment Google en arrive-t-il à ce type de situation ? Nous ne pouvons pas nous avancer dans une réponse précise, mais une chose est sûre : la pertinence et la consistance des premiers résultats proposés par Google sont hautement questionnables. Or, comme nous l’avons vu plus haut, ces premiers résultats vont conditionner la majeure partie de l’impression faite aux internautes.

Sur le moteur de recherche Bing, qui appartient à Microsoft, une recherche sur « Raoult » positionne Alain Delon, l’acteur de cinéma, comme grand censeur du débat scientifique. On croit rêver.Date de la prise d’écran : 02/07/2021.

« Chercheur peut-être, médecin, je ne sais pas », tance vertement l’acteur Alain Delon à propos de Didier Raoult. Il est hallucinant de voir le précieux espace pixel de réponse à une recherche très actuelle envahi par des propos qui fleurtent avec la diffamation.

La réputation de Didier Raoult sur la première page du moteur Bing s’apparente à une campagne de dénigrement. Dans le carrousel d’actualités, Raoult est même associé à Bernard Tapie : « Deux pyromanes dans le brasier de la France », peut-on lire.

Aucun lien n’est proposé vers le principal concerné, qui alimente pourtant une chaîne vidéo très consistante à l’IHU Marseille. La page de résultats de Bing se résume en un procès unilatéral, qui ne donne pas la parole à l’accusé.

Notre propos n’est pas de prendre position, mais bien de prendre conscience d’un fait objectif : même une requête nominative concernant un des acteurs principaux du débat sur la COVID-19 génère des jugements de valeur, mais pratiquement aucun lien vers les personnes concernées, qui permettrait de se faire sa propre opinion. Le jugement sur la personne prend le pas sur les sources originales.

Le résultat se fait sentir dans l’opinion : la simple mention de Didier Raoult suffit à provoquer de brûlantes réactions, venant de personnes qui, parfois, ne l’ont jamais entendu s’exprimer.

Encore un point important, et une précaution à apporter à mon analyse : il faut savoir que, sur Google, les résultats peuvent varier d’un ordinateur à l’autre, en fonction de différents paramètres, comme la localisation géographique ou l’historique de recherche d’un utilisateur. Le moteur de recherche a tendance à vous proposer une information localisée, lorsque c’est possible, et à favoriser le type d’information que vous semblez apprécier ou consulter régulièrement. C’est ce qu’on appelle la « personnalisation des résultats de recherche ».

Le filtre géographique n’est pas des moindres. Par exemple, si je cherche « Dipali Ojha India », sur Google France, je tombe sur une page peu attractive, qui semble lister des profils de personnes correspondant au nom recherché. Mais aucune actualité n’est remontée.

En réponse à la requête « Dipali Ojha », la page de résultats sur Google France n’est pas très attractive.

En passant directement par Google Actualités, nous tombons sur une série d’articles, qui viennent étonnamment presque tous de médias hors Europe : Maroc, Mali, etc.

Sur le moteur alternatif DuckDuckGo[note], on sort du brouillard algorithmique : les informations clés sur le procès en cours apparaissent au grand jour.

Que faut-il en retenir comme point de vigilance ? La localisation de l’information, notamment sur Google France, peut vous faire complètement passer à côté d’informations cruciales, lorsqu’elles ne sont pas traitées par les médias européens. Tandis que l’utilisation de moteurs de recherche alternatifs à Google et Bing pourra vous surprendre, presque autant qu’un brouillard qui se dissipe pour laisser entrevoir un paysage d’information flambant neuf.

En l’occurrence, la plainte de l’association Indian Bar introduite contre le Dr. Soumya Swaminathan, Directrice scientifique de l’OMS, pour désinformation à propos de l’ivermectine, fait l’objet, à ce jour, d’un silence radio au sein des médias français, à l’exception de France Soir qui relaye l’information[note].

Le vice-secrétaire de la Santé a reconnu l’efficacité de l’ivermectine comme traitement contre la COVID et les experts médicaux du public et du privé l’ont aussi confirmé. La Haute Cour indienne a rendu un jugement en faveur de ce traitement. C’est bien la reconnaissance de l’ivermectine dans un pays qui a déjà généralisé son utilisation. Mais cette reconnaissance fait actuellement l’objet d’un grand silence dans l’arène médiatique européenne. Silence répercuté par le filtre géographique de Google.

Allez, on vous a laissé le meilleur morceau pour la fin. Du jamais vu en 20 ans de carrière d’analyse du moteur de recherche : le journal Le Monde, presque sans concurrence sur une requête concernant les décès liés aux vaccins. Certes, l’expression de recherche « dans le monde » fait écho à la marque du journal, mais dans bien d’autres contextes, Google gère parfaitement la polysémie.

Parmi les 8 premiers résultats, le journal Le Monde est cité 6 fois. Belle diversité des sources sur une matière polémique.

En conclusion, même si nous ne prétendons pas avoir réalisé ici une analyse exhaustive, nous avons observé que :

Les tout premiers résultats de Google impactent drastiquement l’opinion.Ces tout premiers résultats manquent souvent de consistance scientifique.Le moteur Bing de Microsoft offre une arène à la calomnie.De plus en plus souvent, Google met en scène l’information, sans qu’il ne soit plus nécessaire de consulter des sources externes.Des informations cruciales sont totalement absentes du moteur local.Les suggestions de Google filtrent d’importantes informations.Google a explicitement et activement pris position en faveur des vaccins.Google relaye l’information officielle en priorité.Vos données personnelles, notamment de localisation, sont susceptibles d’être transmises aux États.Les algorithmes de Google ne sont pas rendus publics, mais ils conditionnent la réalité de l’accès à l’information.L’usage des moteurs de recherche se concentre à 95% sur Google.Les moteurs de recherche alternatifs (DuckDuckGo ou Ecosia, par exemple) métamorphosent, dans certains cas, le paysage de l’information.

Jean-Marc Hardy

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Une manière de penser la pandémie du Covid-19 est de la considérer comme révélatrice du fonctionnement de notre société. En effet, en appliquant une pression, elle amplifie la dynamique de nos organisations sociales. De ce fait, certains aspects se dégagent d’un bruit de fond, où ils demeurent habituellement peu perceptibles, voire même indiscernables. Parmi ces aspects se trouvent notamment les moyens (comme la communication) utilisés pour imposer des mesures excessives et souvent arbitraires.

Depuis la grippe espagnole (et le SIDA), l’inquiétude d’une pandémie dans notre monde globalisé est restée dans les mœurs. Un aperçu de cette crainte a été visible à plusieurs reprises dans le passé avec des épidémies avortées. Les modèles imaginés par des épidémiologistes de l’Imperial College en Angleterre, tels que Neil Ferguson, avaient prédit par exemple [note]:

en 2002, que d’ici 2080, jusqu’à 150 000 personnes pourraient mourir de la maladie de la vache folle — au Royaume-Uni, il n’y a eu que 177 décèsen 2005, que jusqu’à 150 millions allaient mourir de la grippe aviaire — seules 282 personnes sont décédées de la maladie entre 2003 et 2009en 2009, dans le pire scénario raisonnable, que la grippe porcine entraînerait la mort de 65 000 Anglais – or, il n’y en a eu que 457 au Royaume-Uni

Plus récemment en 2019, un célèbre virologue belge expliquait lors d’une conférence au Royal Institute of Foreign Affairs à Londres comment vendre une pandémie en instrumentalisant la peur et influençant l’opinion publique via les médias[note]. Des vaccins contre le H1N1 ont été fabriqués dans la précipitation, s’avérant ultérieurement responsables de graves effets secondaires, tels que la narcolepsie[note].

Suite aux épidémies de coronavirus (SARS-CoV‑1 en 2002–2004 et MERS en 2012), une des hypothèses jugées les plus plausibles était une pandémie qui serait causée spécifiquement par un coronavirus, sujet étudié notamment par des laboratoires à Wuhan. Il est ainsi peu surprenant que l’annonce d’une éruption épidémique liée à un nouveau coronavirus en Chine ait provoqué un affolement. Contraints d’agir, les gouvernements se sont tournés vers ces mêmes cavaliers de l’apocalypse cités ci-dessus qui les conseillaient lors de la gestion du H1N1! Sans grande surprise, ces derniers ont à nouveau prédit des millions de morts si des mesures dites non pharmaceutiques (NPI pour Non Pharmaceutical Intervention), telles que le confinement strict ou la distanciation sociale, n’étaient pas appliquées… tout en admettant simultanément que leurs modèles ne prenaient pas en compte les implications éthiques et socio-économiques qu’auraient ces mesures[note] ! Avec le confinement rigoureux en Chine et les modèles alarmants de l’Imperial College, les pays européens ont ainsi décidé d’imposer ces NPI draconiennes.

Le professeur Ari Joffe de l’Université d’Alberta au Canada décrit dans son étude COVID-19: Rethinking the Lockdown – Groupthink[note], portant sur les effets désastreux des confinements, plusieurs biais cognitifs, dont:

Le biais d’ancrage qui consiste à préférer l’hypothèse initiale et à ignorer les preuves qui réfutent cette dernière ;L’escalade d’engagement dans lequel des investissements dans un plan d’action défini sont maintenus, même face à des preuves de meilleures options, respectant ainsi les décisions antérieures ;Le biais de superstition qui postule que l’action est meilleure que la non-action (même en l’absence de preuves), car il réduit l’anxiété ;Le biais du présent qui favorise les bénéfices immédiats à des bénéfices encore plus importants dans le futur (les mesures qui permettraient d’éviter plus de décès à long terme semblant moins attrayantes) ;Et le biais des vies identifiables qui comprend l’effet de victimes identifiables (négligence des statistiques de décès invisibles, comme par exemple les victimes collatérales des mesures,­rapportées au niveau de la population) et du cause à effet identifiable (priorisation des efforts pour sauver des vies d’une cause connue, même si davantage de vies étaient sauvées grâce à des réponses alternatives).

Ces différents biais, parmi de nombreux autres, me semblent expliquer en partie non seulement les démarches de différents gouvernements, mais également l’établissement et le maintien d’un certain narratif.Un narratif, qui a fini par captiver une écrasante majorité de la population, sans épargner même les personnes de formation scientifique.

Des mesures aussi prohibitives n’auraient jamais pu être imposées sans la construction de ce narratif, qui trouve sa fondation dans une menace grave, relayée et amplifiée par les médias traditionnels. Ces derniers l’ont maintenu en diffusant quotidiennement de manière morbide les chiffres des décédés COVID-19, et par la suite les chiffres de contaminations. Le narratif s’est ainsi progressivement installé au moyen de plusieurs méthodes, dont la diffusion d’un message unique par toutes les voies de communication, en se propageant dans la société sous forme de doxa (ou l’Ensemble des opinions reçues sans discussion, comme évidentes, dans une civilisation donnée[note]).

Il est frappant de constater que la notion de guerre soit évoquée dans le contexte de la pandémie… Car la propagande a toujours été un outil fondamental lors des guerres, et une de ses pratiques est la censure. Dans notre ère numérique, elle prend la forme de fact checking (vérification des sources). Le 25 novembre 2020, j’ai diffusé un article sur Facebook intitulé Are Face Masks Effective? The Evidence publié sur Swiss Policy Research (SPR) (association indépendante, non partisane et sans but lucratif, dont l’objectif est d’investiguer la propagande géopolitique)[note]. L’article en question citait dix études qui concluent que le masque n’est pas efficace contre la propagation du SRAS-CoV‑2, accompagnées de dix autres aspects à prendre en considération lorsque l’on évalue l’efficacité des masques. Afin de compléter ces informations, l’article reprenait et analysait même sept études présentant les effets avérés des masques sur la propagation du virus. Cet article ne se limitait pas à une opinion non fondée, mais défendait une position sur base de références et pourtant Facebook lui a attribué un label de fausse information. Le lien proposé par ce fact-checking menait sur le site de Lead News, qui affirmait que plusieurs sources confirment que les masques fonctionnent contre la propagation sur SRAS-CoV‑2 tout en ne citant qu’une seule et unique source, le Center for Disease Control and Prevention (le centre de prévention et de contrôle de maladie des États-Unis)[note] ! En fouillant davantage, il s’est avéré que Facebook luttait contre la désinformation en effectuant des fact-checks à l’aide de vérificateurs de sources dits indépendants. Mais le fameux Lead News (qui est financé uniquement par Facebook) est une branche d’un autre groupe, le Credibility Coalition, lui-même financé entre autres par Facebook, Google et Twitter[note].

Plus récemment, sur YouTube cette fois-ci, la vidéo du Grand Débat[note] organisé par Kairos n’a même pas tenu 24h avant d’être retirée sous motif de mésinformation médicale. Pour rappel, une série d’experts scientifiques et de représentants du gouvernement belge avaient été conviés à débattre avec six autres intervenants (dont moi-même) de milieux scientifiques et médicaux différents, mais aucun n’a accepté l’invitation. Le débat s’est donc déroulé plutôt sous forme d’échanges de points de vue. En cherchant la raison de l’interdiction de la vidéo, YouTube informait qu’il n’autorise pas les contenus qui propagent des informations médicales incorrectes contredisant celles des autorités sanitaires locales ou de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) concernant la COVID-19. Comme exemples de contenus interdits sont nommés notamment ceux qui prétendent qu’un traitement ou un médicament spécifique garantit de guérir de la COVID-19 et ceux qui contredisent le consensus des experts d’autorités sanitaires locales ou de l’OMS au sujet du vaccin contre la COVID-19 (j’invite les lecteurs à lire la liste des contenus non autorisés sous cette référence[note]).

Ce phénomène de fact-checking n’est pas limité aux réseaux sociaux, les médias traditionnels l’exerçant également. La Libre Belgique a créé une rubrique nommée La Source dédiée aux vérifications de sources. Dans un article intitulé Les tests PCR surévaluent-ils les cas de Covid-19 ? publié le 4 avril 2021[note], La Libre Belgique a analysé les publications LinkedIn du Prof Martin Zizi portant sur deux affirmations:

PCR positif ≠ infectionPCR positif ≠ contagiosité

Plutôt que de présenter d’éventuelles références contredisant ces déclarations, La Source s’est satisfaite de commentaires de l’experte Dr. L. Cornelissen. Le Prof Zizi, pour sa part, a vérifié les sources de l’article de La Libre Belgique en maintenant sa position et en fact-checkant ainsi les faits de La Libre (donnant lieu à l’article PCR inutiles si on est asymptomatique[note]). Il est regrettable que La Libre n’ait pas lu l’article COVID-19: effet de la vaccination sur le risque de transmission publié sur le site de Chirec Pro[note], dans lequel sont mis en avant les effets soi-disant bénéfiques de la vaccination sur la transmission du SRAS-CoV‑2. Dans cet article, on peut lire:

La présence de virus détecté par PCR n’est pas synonyme de risque de transmission puisque la PCR est susceptible d’identifier des charges virales faibles et donc pas nécessairement suffisantes pour être responsables d’une éventuelle transmission, ceci étant d’ailleurs confirmé par la réduction globale de la charge virale chez les sujets vaccinés.

La référence citée pour cette affirmation est de qualité médiocre (voire faible) pour soutenir l’hypothèse selon laquelle la vaccination diminuerait la propagation. Notons les trois problèmes majeurs de cette source:

L’article scientifique référencé — mentionne explicitement que This preprint reports new research that has not been certified by peer review and should not be used to guide clinical practice (= cette prépublication rapporte de nouvelles recherches qui n’ont pas été certifiées par des pairs et ne peuvent pas être utilisées pour guider la pratique clinique),l’étude ne compare pas directement des personnes vaccinées avec un groupe contrôle, mais se contente d’évaluer l’efficacité d’un vaccin sur des personnes hypothétiquement vaccinées…Les chercheurs comparent les données PCR positives (avec les biais méthodologiques cités plus haut) d’une tranche d’âge avec une autre tranche d’âge, établissant ainsi un problème méthodologique en plus.

Ainsi, le Chirec affirme similairement au prof Zizi qu’un PCR positif n’est pas synonyme de contagiosité… mais cite des références nettement moins fiables. Quel avis en donnerait La Source?

Si le fact-checking existait déjà avant la crise sanitaire actuelle (en devenant un sujet davantage débattu pendant le mandat du président Trump, réputé pour ses déclarations controversées), il est devenu un réel outil de référence pour supprimer tout ce qui est jugé contestable. Mais cela soulève plusieurs interrogations, telles que:

quel contenu peut être vérifié et identifié comme fait établi ? Est-il par exemple légitime de censurer des arguments sur des sujets scientifiques en pleine évolution sous prétexte d’une contestation de la part d’autorités locales et de l’OMS (qui ont déjà prouvé leur ignorance et leur erreur sur la nature du SRAS-CoV‑2 à plusieurs reprises) ?Le fact-checking est-il objectif quand la vérification sur les réseaux sociaux se fait partiellement par des logiciels (compte tenu de la grande quantité d’information mise en ligne chaque jour)[note] et par des vérificateurs, eux-mêmes payés par les réseaux sociaux[note] ?Et ces interrogations soulèvent une question plus cruciale encore (et qui semble être fréquemment reportée): quelle fonction occupent les réseaux sociaux sur la place publique ? Le directeur de Facebook, Marc Zuckerberg, ne cessait de répéter que Facebook n’était pas une forme de média[note]. La censure de contenu est-elle alors justifiée sous prétexte que Facebook se qualifie d’entreprise technologique et que cette dernière collabore avec les gouvernements pour diminuer la propagation de mésinformation[note] tout en partageant des données prétendument anonymes de leurs utilisateurs avec les autorités pour combattre la propagation du coronavirus[note] ? Et qu’en est-il du journalisme, qui était jadis considéré comme le quatrième pouvoir censé veiller aux dérives des trois autres incarnant l’État (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire), et qui n’a jamais cessé dès le début de la crise de donner la parole aux experts de l’État faisant office de figure d’autorité pendant cette crise sanitaire et de les défendre à tout prix ?

L’établissement d’un narratif par tous ces moyens de communication est devenu sans doute le plus visible lors de la campagne de vaccination contre le COVID-19. En plus des censures accrues sur les réseaux sociaux de toute argumentation qui va à l’encontre de ces vaccins (dont l’efficacité réelle et les risques des effets secondaires restent encore discutables[note]), le corps médical participe également à l’influence de l’opinion publique sans aucun débat visible sur les médias traditionnels. Même les professionnels de la santé mentale travaillent sur les manières de faire accepter à la population les mesures, dont les vaccins, et recommandent des techniques comme le nudging (= persuader quelqu’un de faire quelque chose, graduellement ou par la flatterie ; encourager délicatement quelqu’un à faire quelque chose)[note] ou carrément l’utilisation de la peur comme levier[note]. Et c’est sans doute dans le cas des vaccins, où les questions d’intérêts économiques de cette crise sanitaire sont les plus identifiables.

Dans un débat avec l’essayiste français Idriss Aberkane, le médecin spécialiste en santé publique Martin Blachier affirmait l’absence des intérêts de l’industrie pharmaceutique (plus spécifiquement de l’entreprise Pfizer) lors de cette crise[note]. Mais quelques recherches rapides montrent que revenus pour les trois premiers mois de 2021 de Pfizer sont de 3,5 milliards de dollars et les estimations de revenus pour l’année 2021 pour le vaccin uniquement seraient de 26 milliards de dollars (soit deux tiers de leur revenu annuel)[note]. Rappelons que leur chiffre d’affaires annuel en 2019 était de 41,17 milliards de dollars. En 2020 il était de 41,9 milliards (soit une augmentation 1,79% par rapport à 2019, plutôt qu’une perte de chiffres d’affaires)[note]… Et il est probable qu’il y aura une demande saisonnière de ses vaccins contre le COVID-19 dans les années à venir (comme le vaccin contre la grippe saisonnière)[note].

Le gouvernement, ainsi que les autres États, l’industrie pharmaceutique, les médias et les réseaux sociaux maintiennent ensemble par tous les moyens possibles le narratif établi (qui leur profitent différemment à chacun) et qui est devenu la doxa. Ad astra per aspera (locution latine signifiant vers les étoiles à travers les difficultés) est devenu Ad doxa per aspera. Mais si cette influence est identifiée et visualisée comme le narratif qu’elle est, une forme de lutte reste possible: celle d’un narratif parallèle (le terme contre-narratif me semblant moins intéressant car il suggère plus l’opposition que la proposition). Dans cette construction parallèle, il serait possible d’accepter ce qui est correct dans le narratif officiel tout en argumentant contre l’information erronée, voir mensongère. Car le prix du narratif de cette crise sanitaire sera payé au moins en trois temps: 1) lors de l’implémentation des mesures, 2) lors des retombées de ces mesures sur le long terme et 3) lorsque les États viendront vers la population pour demander leur aide afin de rembourser les dettes (dont celles des vaccins prétendument gratuits). Sans parler de l’imposition d’autres dérives (que la communication) qu’il sera possible d’imposer grâce au narratif officiel, comme un passeport sanitaire, vaccinations obligatoires infondées, etc. Si s’opposer à la doxa est essentiel, il ne peut servir que de premier chapitre dans la construction d’une société plus désirable. Proposons à présent clairement les alternatives souhaitables.

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Contributions extérieures

Guerre de l’information — 20 stratégies officielles pour museler toute divergence

En quelques mois, sous prétexte d’une guerre sanitaire, nos libertés fondamentales ont été lourdement malmenées et la libre expression, pilier de la démocratie, semble s’évaporer dans l’indifférence générale. De l’artillerie légère aux armes de destruction massive : nous explorons, dans cet article, l’arsenal déployé actuellement par les structures dominantes pour prendre le contrôle de la vérité.

Depuis plus d’un an, le vocabulaire militaire a envahi la scène. « Nous sommes en guerre », déclarait le Président français Emmanuel Macron dès le 20 mars 2020[note]. Depuis, les termes « couvre-feu », « état d’urgence », « blocage des frontières » inondent les colonnes des journaux, ainsi que le comptage des morts durant les « vagues d’assaut » du virus. Tenace lorsqu’il s’agit de défendre l’indépendance de ses positions, le microbiologiste Didier Raoult a publié, en novembre dernier, ses « Carnets de guerre COVID-19 »[note], histoire de révéler l’atmosphère belliqueuse dans laquelle se joue un véritable bras de fer pour faire émerger la vérité médicale.

La vérité qui valait 26 milliards de dollars

Personne ne peut nier que les enjeux sont gigantesques. La société Pfizer à elle seule prévoit que les ventes des vaccins anti-Covid puissent atteindre 26 milliards de dollars en 2021[note]. Or, ce marché titanesque peut s’écrouler du jour au lendemain si une solution médicale alternative apparaît comme efficace.

« Si un seul des traitements alternatifs dont on parle, notamment l’ivermectine, s’avérait fonctionner, l’autorisation pour le vaccin tomberait immédiatement parce que c’est une autorisation conditionnelle, qui est liée au fait qu’il n’existe pas d’autre traitement[note] », nous rappelle Xavier Bazin, auteur de l’ouvrage « Big Pharma démasqué ». De fait, l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) inclut parmi les conditions de mise sur le marché conditionnel du vaccin une clause qui stipule que cette solution est provisoirement acceptée uniquement parce qu’elle rencontre un besoin thérapeutique non rempli, en l’absence d’une autre solution[note]. C’est une clé pour comprendre la guerre de l’information scientifique, qui se joue en ce moment.

Les gouvernements, quant à eux, ont engagé les finances publiques à des degrés jamais atteints. La Belgique pourrait mettre 10 ans pour revenir à la situation budgétaire d’avant-Covid[note]. Les privations de liberté et autres mesures restrictives ont eu un impact sévère sur toute une série de registres de la société : secteurs économiques en difficulté, indicateurs de santé mentale en chute libre, éducation et culture mises au ralenti. Certains traitements médicamenteux, comme la chloroquine ou, plus récemment l’ivermectine, ont été écartés par l’OMS, l’Agence Européenne des Médicaments ou l’ANSM en France[note], pour des raisons essentiellement méthodologiques, qui suscitent un débat au sein de la communauté scientifique. Si de telles mesures s’avéraient injustifiées, les gouvernements devraient assumer une lourde responsabilité et nous basculerions dans une affaire d’État.

Un combat inégal

Si ces enjeux concernant les alternatives au vaccin faisaient l’objet d’un débat transparent et serein soit dans l’arène politique, soit dans l’arène scientifique, en toute indépendance des intérêts privés, ce serait somme toute rassurant. Mais l’observation du champ de bataille démontre que, en lieu et place d’un débat ouvert et démocratique, nous assistons à une véritable polarisation entre la « voix officielle », dictée par les gouvernements, les médias classiques et les conseils scientifiques officiels, d’une part, et des voix divergentes d’autre part, émanant de collectifs citoyens ou scientifiques. Et dans cette arène où chacun exprime sa vérité, les uns et les autres ne combattent pas à armes égales. C’est un euphémisme. On pourrait dire qu’on assiste à un face à face entre des tanks blindés et des lanceurs de pierres.

Les stratégies mises en place pour contrer systématiquement les points de vue divergents rivalisent de créativité. Nous vous proposons d’en épingler quelques-unes.

Arme n°01 : la censure sur YouTube et Facebook

Sur YouTube, la censure est pure et dure. Le géant de la vidéo ne cache pas sa politique : filtrer les contenus qui ne vont pas dans le sens du poil de l’OMS et des gouvernements.

Les exemples sont légions. Ils ont beau être médecins, virologues, scientifiques éminents, statisticiens, philosophes, journalistes, intellectuels ou citoyens engagés, peu importe leurs distinctions, peu importe la qualité de leur argumentation et peu importe la consistance de leurs sources, ils sont littéralement bannis de YouTube, dès lors qu’ils expriment un scepticisme trop prononcé envers la stratégie médicale officielle.

Vous désirez quelques exemples ? Le site Crowd Bunker (encore un vocabulaire guerrier, me direz-vous) accueille une série de vidéos qui ont fait l’objet d’une censure sur YouTube[note]. Vous y trouverez à boire et à manger, mais notamment certaines réunions du Conseil Scientifique Indépendant, pourtant sérieuses, nuancées et bienveillantes en dépit de leur esprit critique. Le Grand Débat de Kairos s’est vu lui-même censuré. Les professeurs Christian Perronne et Didier Raoult ont un curriculum scientifique que même leurs opposants qualifient de « bien garni »[note]. Ils ont tous deux fait l’objet de censures, dans certains cas provisoires. Enfin, même une vidéo d’un média public, la Radio Télévision Suisse (RTS), a été censurée. Il s’agissait d’un reportage sur la situation du Covid-19 en Chine[note].

Plusieurs réunions du Conseil Scientifique Indépendant, pourtant bienveillantes et ouvertes à la pluridisciplinarité, ont été censurées par la plateforme YouTube. Un exemple : https://urlz.fr/g2yC (ce lien redirige vers la plateforme odysee.com)

Les règles de la plateforme sont claires : « YouTube n’autorise pas les contenus qui propagent des informations médicales incorrectes contredisant celles des autorités sanitaires locales ou de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) concernant le COVID-19. (…) Sont notamment interdits les « Contenus qui contredisent le consensus des experts d’autorités sanitaires locales ou de l’OMS au sujet du vaccin contre le COVID-19 »[note].

Le résultat de cette censure est triplement impactant. Tout d’abord, les voix dissidentes ne pourront pas se faire entendre sur la plateforme vidéo largement la plus utilisée au monde. En effet, YouTube est près de 10 fois plus consulté qu’une plateforme comme Vimeo, qui d’ailleurs n’est pas gratuite[note]. Certes, il s’agit d’un espace privé, qui peut donc établir ses propres critères de publication, mais la réalité est que c’est bel et bien l’endroit où se concentre la plus large audience.

Ci-dessus une prise d’écran de notre propre sélection de vidéos. Rien de violent, rien de pornographique, rien de diffamatoire : uniquement l’exercice de la libre pensée, censuré en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

La deuxième conséquence de la censure, c’est qu’elle peut décourager la libre expression et engendrer une autocensure. Non seulement pour les personnes directement concernées, mais aussi pour tous les autres qui assistent à ce climat punitif.

La troisième conséquence va être qu’une partie de la population risque de considérer comme suspects, voire irrecevables, les acteurs ayant fait l’objet d’une censure. Il est plus confortable de se ranger du côté du plus fort.

Sur Facebook et Instagram, même combat. Le réseau social mondial annonce les règles du jeu : « Facebook supprimera désormais toute une série d’affirmations mensongères sur le Covid-19 et la vaccination », a annoncé l’entreprise dans un communiqué datant du 8 février 2021[note].

Mais qui peut se targuer de distinguer à coup sûr le faux du vrai au cœur d’une crise qui bouleverse le monde et dont les enjeux nous dépassent ? C’est toute la question ! Et Facebook, en l’espace de quatre mois à peine, a fait bouger les lignes. En février, le réseau social annonçait qu’il supprimerait les messages affirmant que le coronavirus « est produit en usine ou fabriqué par l’homme », ou que le port du masque n’est pas efficace pour empêcher la contamination. Sans doute dans la foulée de la publicité des e‑mails de Fauci, Facebook vient de faire volte-face au mois de juin : désormais, l’hypothèse de l’origine humaine du virus est acceptée[note].

La réalité démontre que Facebook adapte sa politique de manière arbitraire, en épousant le point de vue officiel dominant. « La modération par les plateformes obéit à des présupposés idéologiques », analyse Arnaud Benedetti, professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne.

La conséquence est de taille : la liberté d’expression et le débat démocratique sont étouffés, de fait, sur ces espaces privés, mais tellement fréquentés qu’ils déterminent une grande partie de l’opinion.

Jean-Marc Hardy

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Vidéo

Au Heysel, on vaccine les jeunes à renfort de DJ

Alors que le taux de létalité du coronavirus, tous âges confondus, est très faible (0.23%), le gouvernement belge utilise pression, chantage, culpabilité, récompenses, pour pousser les 16–18 ans à se vacciner. 

Boîte de nuit post-vaccinale de 16 à 23h00… une vision apocalyptique.

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État du monde et monde sans état

« L’œuvre la plus néfaste du despotisme, c’est de séparer les citoyens, de les isoler les uns les autres, de les amener à la défiance, au mépris réciproques. Personne n’agit plus, parce que personne n’ose plus compter sur son voisin. » Arthur Arnould, communard.

Au nombre des questions que la morne époque du coronavirus posera aux générations futures, il en est une inévitable en raison du trouble qu’elle sème dans la société, perturbant parfois les relations amicales. 

« Comment avons-nous toléré qu’une poignée de retardés mentaux, incompétents jusque dans leurs mensonges, nous soumettent à leurs décrets arbitraires, à leurs foucades imbéciles ? Quelle peste émotionnelle s’est emparée de nous et a obtenu — comble de l’absurde — que nous renoncions à vivre pour parer au risque de mourir ? » 

Dénonçant la sottise dominante, l’intelligence de quelquesuns a fourni d’utiles éclairages. Cependant, à la question de savoir pourquoi l’apeurement avait suscité une telle hystérie de conversion, aucune réponse n’a été apportée. 

Il faudra bien en convenir tôt ou tard : on meurt du Coronavirus, c’est indéniable, mais on meurt plus sûrement encore de la pollution croissante, des nourritures empoisonnées, des hôpitaux mis à mal par la rentabilité, de la paupérisation accélérée, de l’angoissante précarité, de l’artifice publicitaire comptabilisant tous les décès sous le même label afin d’affoler la tête et le cœur. On meurt de la glaciation des relations affectives, des joies interdites, de l’absence d’humanité et d’entraide si indispensables à la santé. La dictature du morbide règne partout. Elle propage un malaise existentiel, un mal-être d’où naît le sentiment que mieux vaut crever que se traîner dans une vie que l’omniprésence de la marchandise vide de son sens. Comment en serait-il autrement alors que nous sommes la proie d’une machinerie mondiale qui broie la vie pour en extraire du profit ? On a cru bon d’éluder le problème en incriminant une malfaçon ontologique : une imbécillité native de l’homme et de la femme les déterminerait à agir contre eux-mêmes, à aller à l’encontre du bien qu’ils se veulent. Foutaise ! 

L’entourloupe métaphysique évite de mettre en cause l’apparition et le développement d’une économie hostile à la nature et à la vie, qui marquent la naissance de notre civilisation. Nous avons sous les yeux les ravages qu’entraîna son triomphe : patriarcat, mépris de la femme, société de maîtres et d’esclaves, dénaturation et métamorphose en homo oeconomicus de l’homo sapiens, qui tendait à affiner et à dépasser son animalité. Le capitalisme n’est qu’une forme moderne de l’exploitation de l’homme par l’homme, qui a marqué la rupture avec notre évolution symbiotique initiale, inaugurant le dogme de l’antiphysis ou anti-nature. L’hystérie panique à laquelle nous avons assisté rappelle la thèse de Reich dans Psychologie de masse du fascisme : le blocage caractériel provoque une inversion de la vie en réflexe de mort. 

Restaurer l’alliance avec la nature n’est pas un problème à dénouer mais un nœud gordien à trancher. Comment l’État pourrait-il mettre un terme au pillage qui épuise la terre et assèche le vivant alors qu’il compte parmi les zélateurs de la pollution ? Faut-il s’employer à briser son emprise ? Beaucoup le pensent. Mais quoi ! Il faut se rendre à l’évidence. L’État n’est plus qu’un rouage de l’économie mondiale qui impose partout ses diktats. Que reste-t-il de la république, de la res publica citoyenne, rongée depuis des décennies par l’affairisme, la corruption des notables, le ridicule du parlementarisme, les mondanités politiques, la guerre des vaccins singeant la concurrence des lessives qui lavent plus blanc, le sanitaire supplanté par le sécuritaire, le confinement et le « fini de rire ! » qui ôtent à l’affectif son apport immunitaire. De sorte que ce n’est plus la fin de l’État qu’il faut envisager, c’est son dépassement – sa conservation et sa négation. Réinventer la res publica, telle sera la tâche des assemblées locales et fédérées expérimentant la démocratie directe, l’auto-organisation ou quelque nom que vous donniez au gouvernement du peuple par le peuple. 

Nous avons pour alliées les insurrections qui enflamment les régions les plus diverses du monde. Elles annoncent par à coups, sans triomphalisme, avec une résolution inébranlable un gigantesque basculement. Elles sont le fruit d’une prise de conscience qui sensibilise les individus tout à la fois à leur existence appauvrie par la glaciation capitaliste et à une irrépressible volonté de vivre qui les tient debout. 

C’est à eux qu’il appartient d’abroger les décrets et les décisions du despotisme étatique, considérés comme dérisoires, nuls et non avenus, du point de vue de l’humain. 

La liberté c’est la vie, vivre c’est être libre. Ce qui seul garantit l’authenticité du propos et lui évite de tourner à la formule creuse, c’est l’expérience vécue de micro-sociétés où le gouvernement du peuple est exercé directement par lui-même. 

Restaurer la joie de vivre est notre priorité. La poésie faite par toutes et par tous réalise l’union de l’émancipation existentielle et de l’émancipation sociale. Il apparaîtra tôt ou tard que c’est notre arme absolue. 

Raoul Vaneigem, écrivain et philosophe 

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Comme vache qui pisse

Emilie Saitas

Je vais être bien clair à ce sujet : il n’y a pas une once de sérieux dans l’article que je me propose de vous livrer et de vous délivrer. Ni grande vérité, ni gros mensonge, juste une digression que vous jugerez peut-être bienvenue en ces temps aussi lourds que moroses, aussi exaspérants qu’emplis artificiellement d’espoir. 

L’autre jour, au cours d’une formation au demeurant fort sympathique — imaginez deux secondes : être chez soi, à sa table, devant un ordinateur, durant 4 heures presque sans pause ! — une discussion, au demeurant fort opportune, mit sur le champ d’échange une question aussi inattendue qu’intéressante (à vous de juger) : 

« Et vous, vous avez eu votre vaccin ? » 

Oubliez les réfugiés, les guerres au Yémen, au Congo, les attentats terroristes au Pakistan et au Burkina Faso. Négligez la perte d’une série de libertés individuelles et l’oubli des gestes qui font le sel de la vie sociale, et vous obtiendrez cette question formidable qui fait passer ce mot pour le Graal du bonheur, le pinacle de la joie, le paroxysme de la félicité. 

« Et vous, vous avez eu votre vaccin ? » 

Un échange interminable s’ensuivit, au cours d’une aprèsmidi où, par le plus grand des hasards en Belgique, il pleuvait, selon une expression qui est aussi concrète que peu raffinée, « comme vache qui pisse ». C’est alors que, dans un éclair de génie auquel votre journal préféré vous a habitués, je me mis à énumérer dans ma petite tête une série d’expressions ou d’images liées à cet animal aussi pesant que paisible. Il convient d’expliquer le rapport, car dans un premier temps, celui-ci n’est pas évident. Nous prendrait-on pour des animaux prêts à se faire piquer ? Nous considérerait-on comme parties intégrantes d’une basse-cour et d’une ferme urbaines ? Nous rangerait-on comme les animaux sus-nommés dans des grands enclos où on attend — plus ou moins sagement — notre tour ? 

Que nenni. Très prosaïquement, le mot « vaccin » dérive de « uacca, uaccae », en latin, qui veut donc dire « tout bovidé payé à regarder les trains passer et les humains courir pour attraper les trains, les bus, les métros et même les vélos ». En résumé, on apprend, grâce à l’étymologie et à l’histoire de la langue française, que le terme a été utilisé d’abord spécifiquement pour la lutte contre la variole. En effet, le bon savant Jenner, inventeur du vaccin en question, aurait utilisé dans ses expériences du pus tiré de la main d’une malade, qui avait ellemême contracté la maladie au pis d’une vache infectée. Et cela a parfaitement fonctionné : on utilise le virus pour lutter contre le virus. Ensuite, dans une perspective louable, les vaccins se sont multipliés, bien qu’ayant de moins en moins de rapports avec le bovidé préféré de Fernandel dans le film bien connu. Voilà pour le lien (ténu, néanmoins). 

Mais avant, qu’utilisait-on comme mot, me direz-vous, avec la même gourmandise que si vous me demandiez si je suis vacciné (et la réponse sera « je ne parlerai qu’en présence de mon avocat ») ? Le mot « sérum » (déjà bien attesté chez les Romains) qui signifie … « petit-lait ». On en revient à la vache. Pour les moins optimistes, au choix, on pouvait privilégier « uenenum », mot ambivalent signifiant à la fois « le remède » et « le poison », et, pour les autres, une petite prière, une invocation aux dieux, et que vive une forme d’immunité collective en espérant que, d’une part, la maladie épidémique disparaisse (avec un coût certain, en termes de morts, quand même) et que, d’autre part, les dieux entendent les prières et voient les cadeaux offerts dans les temples. Cela n’a pas nécessairement changé. 

Revenons-en à la vache et à tous les dérivés aussi florissants que les affaires de Messieurs Jeff Bezos ou Elon Musk — comme quoi, la crise… mais ce sera pour un prochain numéro. « Nous ne sommes pas des vaches à lait », « Ah, la vache ! », « Ne sois pas vache avec moi », « Il boit du petitlait », « C’est vachement bien le vaccin », « C’est une période de vaches maigres », « Manger de la vache enragée », « Mort aux vaches ! », « C’est une peau de vache », « Il pleut des vaccins comme vache qui pisse », « Adieu veaux, vaches et cochons »… Les expressions en lien avec cet animal paisible quoiqu’un peu lourd et rapide (surtout si ledit animal, pris d’une frénésie soudaine, se met à vous courser alors que vous aviez eu la simple idée de venir dans un champ, SON champ) témoignent d’un rapport à la nature, à la simplicité, à la sobriété heureuse et pas si ennuyeuse, que nous avons malheureusement perdu, même si la ruralité nous imprègne encore beaucoup. 

Ainsi, les vaccins, qui prennent en quelque sorte la succession de nos remèdes de grand-mère et autres panacées naturelles, ne sont plus faits que de produits chimiques et de combinaisons complexes qui sont jalousement conservés avec autant de précautions que le vaccin. Ah, sacré vaccin. Vache à lait des industries pharmaceutiques, produit star des Big Pharma, objet géopolitique à dimensions macro et micro cosmiques autant que scopiques. On se battrait entre voisins, on se bousculerait dans une famille, on jalouserait les autres, en oubliant de se protéger et de renforcer ses défenses immunitaires en attendant que le produit tant vanté nous parvienne. On se ronge dans le doute, on s’énerve de ne pas être un privilégié, on jalouse l’animateur de télévision ou le fonctionnaire communal qui en a bénéficié. 

En définitive, on se fait plus de mal que de bien, et on en oublierait presque que, alors que nous pestons pour obtenir notre « pass vaccinal », notre « couverture vaccinale » obtenue grâce à un passage dans un « vaccinodrome », des milliers, voire des millions de personnes n’attendent plus rien, puisqu’elles sont déjà oubliées depuis longtemps par les pouvoirs et les nantis occidentaux (sauf quand il y a un attentat ou une épidémie à la fois bien localisé et surtout très circonscrit : un article dans Le Monde, un articulet dans Le Soir, des photos dans Paris-Match et une ligne dans La Dernière Heure) et qu’elles crèvent, lentement et silencieusement, au choix, de malaria, de diphtérie, de malnutrition, de sécheresse, des suites de la guerre, d’un lancer de projectiles ou de bombes, d’intempéries, de cancers mal soignés… En proportions infiniment plus redoutables que ce coronavirus qui aura simplement profité de toutes les maladies de la société moderne. Et contre celles-là, hélas, il n’y a pour l’instant ni vaccin, ni remède. 

« Et vous, vous avez eu votre vaccin ? » 

Jean-Guy Divers 

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