Contributeurs anonymes
Dans une carte blanche dénonçant à juste titre le rôle de bouc émissaire assigné par une part croissante de la société, de certains médias et du monde politique aux non vaccinés, un éminent politologue belge conclut, à l’instar de nombreux politiques, que le moment de débattre de l’obligation vaccinale est venu(1).
L’auteur rappelle toutefois que « malgré une croyance fort répandue, les personnes vaccinées peuvent toujours contracter le covid-19 et le transmettre. La vaccination ne fait que réduire cette transmission, dans des proportions qui restent toujours à déterminer. L’intérêt des vaccins réside plutôt dans leur remarquable efficacité à prévenir les formes graves de la maladie ». Or,
- si la vaccination anti-covid n’empêche pas la transmission virale, il n’existe aucun fondement scientifique à cette obligation vaccinale : à quoi servirait-elle sur le plan sanitaire ?
- Le coronavirus étant une zoonose, même la vaccination totale des populations humaines ne permettrait pas d’éradiquer le SARS-CoV‑2 et ses variants actuels et à venir, ce qui rend cette obligation vaccinale d’autant plus injustifiable (l’éradication de la variole fut possible parce que le virus n’affectait que les humains).
- Quant à la « remarquable » efficacité des vaccins à prévenir les formes graves, celle-ci est encore à l’étude pour en déterminer l’exact degré, et elle ne concerne pas les personnes jeunes ou en bonne santé qui ne risquent pas de formes graves : pourquoi devraient-elles se prémunir d’un risque qu’elles ne courent pas ?
- L’auteur semble par ailleurs ignorer qu’aucune étude scientifique à ce jour n’a réellement fait le travail recommandé par l’OMS de tenir compte des facteurs confondants (covariables susceptibles d’induire un biais confondant), et il est troublant de constater que de nombreuses études comptent comme non vaccinées les personnes vaccinées 2 ou 3 semaines auparavant. Ceci est, de l’avis de spécialistes, une faute épidémiologique gravissime.
- Certains préfèrent d’ailleurs prendre le risque d’attraper le covid plutôt que d’être soumis à un vaccin expérimental dont ils ne souhaitent pas expérimenter d’éventuels effets secondaires graves, et c’est leur droit. Ils ne risquent d’ailleurs pas d’engorger les hôpitaux, puisqu’ils ne sont plus qu’une minorité, plus de 80% de la population, vaccinée, étant, nous dit-on, « protégée des formes graves ».
L’auteur ajoute que « ces mêmes politiques refusent de poser le débat de l’obligation vaccinale. Il s’agirait pourtant d’une manière saine d’aborder le sujet ». Ces derniers jours, de nombreux politiques se sont pourtant clairement exprimés en faveur d’une obligation vaccinale! Sous couvert d’une dénonciation (tout à fait pertinente et légitime) du covid safe ticket, la position de l’auteur va donc clairement… dans le sens du gouvernement qui souhaite l’obligation vaccinale, mais tarde à la décréter pour les seules raisons qu’il en cherche le moyen juridique et qu’il y prépare lentement mais sûrement l’opinion publique. Quant à la faisabilité du contrôle de cette obligation vaccinale, l’auteur soutient qu’elle ne serait pas plus difficile à mettre en place que le contrôle du covid safe ticket : « Osons une suggestion : on pourrait par exemple effectuer un contrôle du statut vaccinal à chaque entrée dans un café, un restaurant, une salle de sport, un hôpital, etc. soit précisément ce que prévoit le covid safe ticket dans sa version étendue ». C’est faire mine d’oublier que le covid safe ticket, aussi discriminatoire et abject soit-il, laisse tout de même une place dans la société (contrairement à la vaccination obligatoire) aux personnes non vaccinées testées négatives ou guéries du covid (ce qui est, on l’admet avec l’auteur, extrêmement pervers, car d’une part personne n’a les moyens de s’offrir un test de dépistage toutes les 48 ou 72 heures, d’autre part il est peu probable qu’une personne guérie du covid soit recontaminée six mois plus tard et puisse prolonger son covid safe ticket). L’auteur, oubliant les règles de déontologie médicale, passe également sous silence le caractère privé du statut vaccinal couvert par le secret médical.
Pour un auteur qui fait partie d’un collectif de scientifiques et d’académiques qui milite, avec raison et brio, contre la vaccination des plus jeunes, la position exprimée dans cet article est extrêmement ambiguë : pourquoi s’opposer à la vaccination des plus jeunes pour ensuite proposer la vaccination obligatoire ? A moins que l’auteur n’espère que l’issue de ce débat sur la vaccination obligatoire ne se solde par le rejet de cette option ? Un tel espoir serait extrêmement naïf étant donné l’état actuel de notre « démocratie », l’absence de diversité au sein du casting de scientifiques autorisés à conseiller le gouvernement et l’évolution vers la vaccination obligatoire à l’œuvre dans certains pays, y compris au cœur de l’UE.
Le débat sur la vaccination obligatoire n’a donc rien de « sain » : l’obligation d’injecter un vaccin expérimental à des personnes qui ne sont pas à risque, à des jeunes et bientôt à des bébés équivaut à entériner la fin du consentement individuel éclairé (énoncé dans les Déclarations de Nuremberg et d’Helsinki), du droit de l’individu sur son propre corps (a‑t-on seulement idée de ce que cela comportera comme implications, au-delà de ce débat?) et la mainmise totale des entreprises pharmaceutiques et de l’État sur nos corps.