Kairos 67

Novembre / Décembre 2024 - Janvier 2025

Saisir la plume… peut-être la meilleure chose à faire pour prendre un peu de hauteur, s’élever au-dessus des turpitudes politiques, des egos, des guerres intestines, coalitions et petits arrangements entre « amis », où idées et valeurs sont étouffées par le pouvoir et l’argent. Prendre la plume, pour sortir de « débats » stériles, face à un autre incapable de revoir sa position, pétri de certitudes, trop embourbé dans des perspectives de carrière, une image à vendre, où les mots prononcés ne se rapportent à aucun principe et se réduisent à des outils rhétoriques permettant d’arriver à ses fins : gagner !

Le 13 octobre dernier se tenaient en Belgique les élections communales, les citoyens devant décider qui ils voulaient pour les « représenter » au plus bas niveau de pouvoir. Si accoler l’épithète « participative » au mot démocratie relevait déjà de l’oxymore, donc de la tromperie, élire des représentants pouvait encore, peut-être, avoir du sens dans de petites entités géographiques. Là, en effet, les gens se connaissaient normalement mieux, et il était peut-être encore possible d’avoir un œil sur celui qui siégeait.

Mais la particratie a ses effets, même au plus bas niveau de pouvoir. Les mêmes qui écartent les citoyens des affaires les concernant directement et refusent de mettre en place des référendums d’initiative citoyenne (RIC) pérennisent des lois obsolètes favorisant les « grandes » listes. Ainsi, la clé Imperiali, du nom de son concepteur, datant de 1920, était encore d’usage en 2024 pour établir les sièges. Avec celle-ci, la particratie s’assurait de sa reconduction, avec des alternances de partis dont on savait qu’ils partageaient les mêmes conceptions profondes de la société : c’est le parti qui faisait le plus de voix qui en nécessitait le moins pour obtenir un élu. Ainsi, par exemple, le MR avait besoin de 450 voix pour un élu, là où une liste citoyenne demandait le double : 900 voix. Ajoutez à cela la surmédiatisation des grandes figures des partis, déjà « élues » avant même d’avoir fait campagne et les moyens financiers de leur formation, vous aurez compris qu’on ne joue pas dans la même cour quand on émane des partis en place ou qu’on arrive dans le jeu en proposant une véritable démocratie participative(1). Sans oublier un système de vote électronique favorisant la fraude électorale et n’offrant aucune garantie sur la véracité des résultats, et nous voilà sûrs de la continuité du même.

Ce constat est désespérant, car comment imaginer que des millions des gens se rendent encore aux urnes pour solliciter des partis dont on sait qu’ils ne changeront rien en profondeur et ne feront qu’ajouter au désastre en cours ? Leur divergence dans le choix des coalitions en place dans les différentes communes indique au fond leur profonde convergence : si ici les bleus se mettent avec les verts et détestent les rouges, là les verts se mettent avec les rouges et détestent les bleus… mais au fond, tous sont d’accord avec les couleurs de l’arc-en-ciel.

Ces partis brandissent sans cesse l’épouvantail de l’extrême droite pour convaincre le peuple de les soutenir, alors que ce sont eux qui ont créé les conditions du vote d’extrême droite. Un exemple : le MR, grand gagnant des élections fédérales et régionales de mai 2024, parti de droite en Belgique, veut limiter les allocations de chômage à deux ans, ce qui fera basculer automatiquement les chômeurs sur les allocations du CPAS, prises sur les dépenses commu-

nales, ruinant à coup sûr des communes déjà endettées. Les mêmes qui, au niveau fédéral, tous partis confondus (sauf l’opposition PTB), se sont toujours refusés à attaquer de front un des problèmes majeurs de la misère, de l’injustice et du manque d’argent public, les paradis fiscaux, arguent des limites budgétaires au niveau local ne permettant pas d’allouer de l’argent à des secteurs essentiels comme la jeunesse, la culture, l’enseignement, la santé…

Ces politiques sont des agents palliatifs qui ne disent pas leur nom : à la fois membres et représentants de partis qui détruisent ce qui fait société, ils promeuvent la guerre en engageant de l’argent qui n’est pas le leur pour soutenir des guerres qu’ils ne font pas et qui, comme en Ukraine, auraient pu être évitées, ou soutiennent une politique vaccinale sans aucune réflexion sur son utilité, alors que des produits expérimentaux administrés à toute une population, reconnus comme ne protégeant ni contre l’infection ni contre la transmission, font l’objet d’une propagande inédite dans l’histoire.

Espérons que de cette continuité chaotique dont les urnes donnent encore la preuve, émergera un jour une conscience suffisante pour renverser la marche en cours.

Alexandre Penasse

Notes et références
  1. https://www.rtbf.be/article/elections-communales-pourquoi-les-grandes-listessont-avantagees-et-pourquoi-autant-de-cartels-entre-partis-11447308

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