Kairos 57

Novembre / Décembre 2022 - Janvier 2023

Divertir et dominer

C’était en octobre, dans l’émission Friday Night Live, sur Channel 4. Le chanteur britannique Jordan Redford Gossamer Gray, homme se disant femme, interprétant une chanson évoquant sa condition de « femme transgenre », ajouta à sa performance télévisuelle celle de sa mise à nu : alors qu’il terminait sa prestation, il déchira sa tunique dans une sorte d’extase exhibitionniste, se dénudant complètement, poitrine de femme gonflée aux hormones et pénis d’homme(1) à l’air, dont il se servit pour jouer du piano… Voilà donc ce 21ème siècle où nous aura conduits un délire orchestré par des milliardaires stipendiant médias, politiques et diverses organisations qui n’eurent plus qu’en bouche diversité, inclusion, droit des minorités, et autres luttes identitaires et « sexuelles » sacralisées dans la norme LGBTQIA+(2) ; où l’on aura réussi à faire passer pour de la discrimination et de la haine le seul fait d’un rappel au réel, en l’occurrence celui de la différence des sexes ; où le problème n’est plus situé chez le petit garçon qui se dit fille et vice-versa, mais chez celui qui lui rappelle que la nature l’a fait ainsi(3). Ces diversions auront permis une division historique du corps social en individus atomisés réduits à un sexe, interchangeables, ou à une couleur de peau, dont le Wokisme en est la référence idéologique(4). Comme notait Noam Chomsky : « Le trait de génie du système de domination et de contrôle consiste à séparer les gens les uns des autres de telle sorte qu’ils ne puissent travailler ensemble(5). » 

Dans le même genre de prestation, sans qu’ils en soient encore venus à exhiber leurs organes génitaux – bien qu’un condensé des luttes « climatiques » et d’identité sexuelle pourrait créer des scènes inédites : on imagine le « militant climatique-LGBTQIA+ repeindre un Van Gogh avec sa queue… – , les militants climatiques s’adonnent maintenant à un nouveau loisir qui consiste à saccager des œuvres de grands peintres dans des musées, qui y collent leurs mains, les aspergent de soupe ou les enduisent de peinture. Ces idiots utiles du capitalisme sont inoffensifs pour le pouvoir en place qui les promeut, favorisant et accélérant l’agenda 2030 de l’ONU, soit le Great Reset ; tout comme ceux qui manifestent d’un point A à un point B, encouragés par les gouvernements qui parfois offrent le billet de train pour rejoindre l’événement, où ils demandent « la transition », celle qui nous conduit droit dans le mur, à renfort d’éoliennes, de bagnoles électriques et de frigos « Intelligents ». 

Aurore Stephant, géologue minière, est claire : « compte tenu des projections pour les énergies renouvelables, les véhicules électriques, etc., les impacts pourraient surpasser ceux qu’on avait essayé d’éviter sur le changement climatique, en faisant justement appel aux technologies dites renouvelables, aux véhicules électriques, etc. C’est-à-dire que la pression minière est telle pour répondre aux objectifs de “il faut des véhicules électriques, il faut de l’électrification, il faut des dispositifs numériques, il faut, il faut, il faut”… derrière la réalité c’est ça ! À force, les impacts de la mine pour répondre à ces injonctions risquent d’être supérieurs aux effets qu’on avait justement essayé d’éviter en faisant appel à ces technologies(6) ». CQFD. Et le serpent continue à se mordre la queue… enfin, certains ouvrent la gueule du serpent pour y glisser sa queue, car ils savent très bien ce qu’ils font et l’impossible réalisation de ce qu’ils font miroiter. 

Dans son ouvrage Covid-19 : The Great Reset, Klaus Schwab, fils d’un industriel nazi, Eugène Schwab, évoque à plusieurs reprises la date de 2030, comme une sorte de deadline(7), lui dont trône cette phrase en première page du site du Forum: « La pandémie représente une fenêtre d’opportunité rare mais étroite pour réfléchir, réimaginer et réinitialiser notre monde(8) ». Cynisme absolu que de feindre l’accident opportun que serait Covid-19, là où ils ont créé « l’événement » générant le contexte nécessaire à faire advenir le réel qu’ils voulaient(9). « Le climat », dont Covid-19 aura permis de mettre en place les ultimes outils de contrôle des masses(10), constituait la dernière arme du système pour contraindre, et éliminer en partie, définitivement les peuples. 

Pendant donc qu’ils parlent de diversité, d’inclusion, de transition numérique, d’électrification de tout, d’intelligence artificielle, sujets rabâchés par des médias qui ont fait de la médiocrité leur fonds de commerce, ils auront permis de chasser la notion fondamentale d’égalité(11), en faisant de l’individu un élément de trop, seul responsable de l’état du monde et de celui de son prochain, quelle que soit sa position dans la hiérarchie socio-économique. 

Pris en étau, réceptacle de l’industrie publicitaire qui l’avait réduit en consommateur, on voulait en même temps de lui qu’il y résiste. Et ce sont ceux qui l’avaient poussé à n’être plus qu’un sujet consommant qui lui demandaient maintenant de baisser la température à 19°C et de réduire l’éclairage, pendant que les guirlandes de Noël scintillaient de mille feux et que la machine industrielle tournait comme jamais pour remplir le traîneau de Santa Claus. 

Alexandre Penasse 

Notes et références
  1. Si un homme peut être « enceint », une femme peut-elle avoir un pénis?
  2. Certains heureusement refusent ce diktat et ces indistinctions, notamment des féministes espagnoles. Voir https://www.partage-le.com/2022/10/18/ espagne-argumentation-de-la-federation-des-femmes-progressistes-contrela-loi-trans/
  3. Tout en prenant en charge la souffrance de celui qui ne se sent pas dans son corps, bien évidemment, par divers moyens thérapeutiques, psychanalytiques, ou psychiatriques.
  4. Culture woke: l’arbre qui cache la forêt, Kairos 55, voir https://www. kairospresse.be/culture-woke-l-arbre-qui-cache-la-foret/
  5. Chomsky, N., De la propagande, entretien avec David Barsamian, Editions Arthème Fayard, 2002, p.220. Chomsky, qui se sera lui-même fait prendre à ce jeu de division avec l’injonction vaccinatoire Covid-19.
  6. Aurore Stephant, ingénieure géologue minière, https://www.youtube.com/watch?v=i8RMX8ODWQs&ab_channel=USIEvents
  7. « Ce nombre [d’appareils connectés] devrait atteindre 50 milliards ou plus en 2030 » ; « Dans cet esprit, les grandes entreprises mondiales comme Microsoft se sont engagées à avoir un bilan carbone négatif d’ici 2030 » ; « Un document politique préparé par Systemiq en collaboration avec le Forum Économique Mondial [120] estime que la mise en place d’une économie favorable à la nature pourrait représenter plus de 10 000 milliards de dollars par an d’ici 2030 » ;
    « Imaginez la Corée du Nord en 2030, où chaque citoyen devra porter un bracelet biométrique 24 heures sur 24 » ; « À l’époque, l’OMS avait prédit que la dépression deviendrait la deuxième cause principale de charge mondiale de la maladie d’ici 2020 et deviendrait la première cause d’ici 2030, en dépassant les cardiopathies ischémiques » ; « Le redémarrage des économies offre la possibilité d’intégrer plus d’égalité sociétale et de durabilité dans la reprise, en accélérant plutôt qu’en retardant les progrès vers les objectifs de développement durable de 2030 et en déclenchant une nouvelle ère de prospérité ».
  8. https://www.weforum.org/focus/the-great-reset
  9. Voir https://www.kairospresse.be/pandemie-et-meilleur-des-mondes-deklaus-schwab/
  10. Sur le site du Forum Économique Mondial, ils ne s’en cachent pas : « The changes we have already seen in response to COVID-19 prove that a reset of our economic and social foundations is possible ».
  11. Lire, de Walter Benn Michaels, La diversité contre l’égalité, Éditions Raisons d’agir, 2009.

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