Sous prétexte de citoyenneté on apprend la violence à l’école.

Des images chocs commencent à affluer sur nos écrans: des enfants parfois très jeunes, habillés en policiers, qui tirent sur de fausses cibles et s’entraînent aux techniques de combats, et ce dans le cadre scolaire. Non vous ne rêvez pas, c’est l’association Prox’ Raid Aventure qui est à l’origine de cette propagande.

Depuis 25 ans, l’association Prox’raid Aventure organise des journées citoyennes et sportives dans de nombreuses villes et plus particulièrement dans les quartiers dits “sensibles”.

Son fondateur, Bruno Pomart est un homme ambitieux: ancien policier du Raid, maire de Belflou et invité sur de nombreux plateaux télévisés tel que TPMP, RMC, BFMTV, où il est invité comme expert. Pourtant, derrière, il y a Prox’Raid Aventure?

Prox’Raid Aventure, c’est plus de 70 journées de prévention organisées à travers la France, au programme: ateliers de menottage, d’autodéfense, de tirs, de secourisme… Le but “réconcilier la population et principalement les jeunes” avec les forces de l’ordre afin de casser les stéréotypes sur la police que l’on peut voir dans les séries policières américaines et françaises. L’association déclare sur son site internet: “le climat dans certains quartiers en France tend à se crisper. Les rapports entre les forces de l’ordre et une partie de la population, plus particulièrement les jeunes, sont régulièrement mis à mal par une méconnaissance réciproque. Ainsi une frange de la population considère rarement la police comme une protection. Chaque intervention de police est considérée comme une agression et une intrusion dans leur quartier. Cette méconnaissance ne fait qu’amplifier l’incompréhension grandissante entre les deux parties.”

À croire que si certains quartiers ne voient pas la police comme une protection c’est simplement dû à un manque de culture des jeunes… Étonnant donc.

Cette propagande se glisse dans les bancs de l’école

Seulement le projet ne s’arrête pas à des activités bénévoles dans des quartiers isolés, voilà qu’il commence à apparaître dans les écoles sous le nom de “journée sportive et citoyenneté » sans expliquer préalablement aux parents de quoi il s’agit.

Par exemple, le 27 septembre dernier dans une école élémentaire de Saint-Denis. Lorsque les enfants sont rentrés chez eux ce soir-là , ils ont expliqué à leurs parents qu’on les a habillés en mini CRS, équipés de fausses armes et qu’on les a entraînés parfois sans la présence d’un professeur à devenir “de bons policiers”. Comprenez donc le choc de ces parents face à cette propagande organisée, à cet endoctrinement des enfants aux violences d’État. Que ce dernier, et avant tout les professeurs, sous couvert « d’éducation nationale » soient non seulement complice de ce genre de journées, mais les encouragent, est tout simplement honteux.

Dans un communiqué adressé au maire de la ville, à l’inspecteur d’éducation et au préfet, les parents de ces enfants témoignent de leur indignation, notamment du fait que “des policiers ont demandé et noté sur leur portable le nom, l’âge, voire l’adresse de certains enfants.” Les parents s’interrogent sur la légitimité et l’objet de ce recueil parfaitement illégal de données .

Il suffit d’aller sur le Facebook de l’association pour se rendre compte que ce genre d’opérations dans le cadre scolaire (c’est bien le cadre qui est le plus affligeant dans l’histoire) est tout à fait monnaie courante pour ces “généreux bénévoles”⁽³⁾.

Rappelons qu’en 2022 si d’une part on manquait de professeurs ( plus de 4000 postes restent à l’heure actuelle encore vacants) et on réduisait le budget dans les hôpitaux, d’autre part on recrutait sans compter dans la police et les forces de l’ordre, augmentant de plus en plus nos budgets pour l’armement, la défense, etc. Au vu de ces données, on ne peut que se questionner sur la légitimité à se rendre dans les écoles encourager les jeunes à se pencher sur le métier de militaire et de policier. Les parents s’insurgent à ce sujet: « S’il y a des moyens disponibles, qu’ils servent à remplacer les enseignants absents, à remettre en place notre réseau d’aide (les 4 enseignants de notre Réseaux d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté ont disparu cette année), à recruter des enseignants titulaires et non des contractuels à Pôle emploi. Et pour la Ville, à embaucher suffisamment d’animateurs et animatrices pour nos enfants, à ne pas rationner le pain à la cantine, à ne pas externaliser au privé le personnel d’entretien des écoles. Si la police municipale a du temps disponible, nous l’accueillerons avec plaisir pour améliorer la circulation et le stationnement devant l’école pour la sécurité de nos enfants ».

Contre attaque écrit une analyse des plus intéressantes dans son article⁽⁴⁾:

« Ce genre de manœuvres porte un nom : la contre-insurrection. C’est une doctrine militaire visant à obtenir le soutien de la population dans le cadre d’un conflit armé. Il s’agit de mener des actions de propagande en parallèle des actions de répression, pour obtenir l’adhésion des habitants et donc isoler les opposants. Cette doctrine, élaborée en France, a été utilisée lors des guerres coloniales puis exportée dans de nombreux régimes autoritaires. Derrière l’aspect «loisir», habituer dès le plus jeune âge la population aux pratiques policières et militaires n’a rien d’anodin. À présent le Secrétariat à la Jeunesse est mis sous tutelle du ministère des Armées. Macron militarise et endoctrine la jeunesse à marche forcée. Les jeunes doivent être des futurs flics, de la chair à canon ou de la chair à patron. Pas d’autres perspectives. Aucune différence avec un gouvernement d’extrême droite. Aucune. Mais si Marine Le Pen organise de tels stages, beaucoup plus de monde se scandalise. »

Anaïs C.