Le prochain sommet annuel des BRICS à Kazan, en Russie, s’approche à grand pas. Pour la première fois, quatre nouveaux pays intronisés l’année dernière vont participer officiellement aux réunions : les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Iran et l’Éthiopie. Ainsi, désormais, il faut accoler au sigle officiel un signe +. Aux pays initiaux, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, que l’Afrique du sud avait déjà rejoints, les BRICS+ vont probablement s’étendre à encore d’autres nations. On estime que 59 pays, du Sud principalement (Afrique, Asie, Amérique du sud), mais aussi d’Europe de l’est, ont exprimé leur intérêt à rejoindre l’organisation internationale. Parmi ceux-ci, on peut mettre en avant la Turquie, membre de l’OTAN et aspirante de l’Union européenne depuis des années. Étonnante stratégie diplomatique d’un pays qui semble hésiter à se ranger dans un camp ou dans l’autre. Seul l’avenir nous révélera ses véritables desseins par rapport à cette demande d’adhésion. Néanmoins, ce fait majeur démontre l’influence grandissante des BRICS+ et son pouvoir d’attractivité. Dans ce qui autrefois était considéré comme l’arrière-cour américaine, on remarquera que le Vénézuela, la Colombie et la Bolivie frappent également à la porte de l’institution.
On sera peut-être moins surpris que plusieurs pays de l’ASEAN (association des pays d’Asie du sud-est), dont la Thaïlande, la Malaisie et le Vietnam, font aussi partie des prétendants. Le poids économique de ces « tigres » asiatiques ne cesse de croître et la multiplication des ballets diplomatiques des dirigeants de ces pays avec leurs homologues russes, chinois, voire iraniens ou émiratis, signalent le rythme accéléré des échanges commerciaux dans ces parties du monde.
C’est incontestablement une victoire du multilatéralisme défendu par les BRICS+, qui préfigure leur croissance constante et prometteuse. Les échanges économiques entre ces pays vont atteindre 500 milliards $ cette année. Les BRICS+ sont désormais plus puissants que les membres du G7 en terme de poids économique. En 2023, leur PIB combiné représentait 31,5% du total mondial, dépassant ainsi le G7 (30,7%).
BRICS versus économie
L’origine de la réunion de ces pays tient essentiellement à des raisons économiques. En effet, contrairement à la construction européenne, il n’y a pas de processus d’intégration complexe ni de traités détaillés. La vision est surtout pragmatique. Une des premières actions a consisté en la création d’une banque de développement afin de financer des projets sans recourir à la Banque mondiale ni à la domination du dollar. La convergence des points de vue a été guidée par des facteurs conjoncturels liés à l’hégémonie du dollar. Le mot-clé est donc bien « dédollarisation ». Réduire la dépendance au billet vert est un objectif prioritaire, qui peut être réalisé par la valorisation de leur propre monnaie. On peut se demander si la véritable guerre entre l’Occident et le reste du monde ne passe pas par les devises plutôt que sur le champ de bataille ukrainien…
Bien que dans un premier temps les pays membres des BRICS aient envisagé d’établir une monnaie d’échange commune, cela s’est avéré plus complexe que prévu. Aussi ont-ils préféré opter pour des transactions bilatérales dans leur propre monnaie. C’est ainsi que, dans cette logique, la Russie a accepté de vendre du pétrole à l’Inde dans sa propre monnaie souveraine, la roupie, à la Chine, en yuan et à la Turquie, en lire, ces monnaies nationales pouvant ensuite être dépensées pour acheter les biens et services vendus par ces pays. Chaque pays devrait être en mesure de commercer sur les marchés mondiaux dans sa propre monnaie souveraine. Néanmoins, ce système reste dépendant de l’accord des parties dans l’échange de biens ou de services réciproques. Aussi, pour pallier ce risque, il sera nécessaire à l’avenir de recourir à une monnaie de réserve intermédiaire.
Sergei Glaziev, ancien conseiller du président Vladimir Poutine, et plusieurs de ses homologues travaillent à l’introduction d’une nouvelle monnaie de règlement international, arrimée aux monnaies nationales des pays participants et aux biens échangés qui déterminent les valeurs réelles. Soit une devise calculée comme un indice des monnaies nationales des pays participants et sur un panier de matières premières. Sans attendre cette future devise internationale d’échanges, les BRICS+ ont déjà annoncé la création d’un nouveau système de paiement qui renforce leur autonomie dans le système financier international et réduit la dépendance au système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), réseau d’échanges de messages standardisés des transferts inter-bancaires. SWIFT, dont le siège, rappelons-le, est situé dans notre pays, à La Hulpe, est détenu et contrôlé par ses propres adhérents, parmi lesquels se trouvent les plus grosses banques mondiales. Initialement, les BRICS+ avaient prévu d’utiliser le système russe SPFS, créé aussi pour échapper à SWIFT, mais finalement le nouveau système d’échanges s’appuiera sur une blockchain et des crypto-monnaies, une solution technologiquement avancée, accessible et rentable pour les gouvernements, les entreprises et la population en général.
La revanche de l’économie réelle sur l’économie financiarisée
Au-delà de ces aspects techniques strictement monétaires, il faut se rendre compte que ce choc des titans est aussi un affrontement entre des économies basées sur la production (biens tangibles comme les matières premières) et des économies basées sur les services et la finance. Soit un choc entre des valeurs réelles et des valeurs virtuelles. Rappelons-nous que pour maintenir la tête de leur économie hors de l’eau et ne pas chuter dans une récession sérieuse, les pays occidentaux ont eu recours plus de fois qu’il n’en faut à la planche à billets. La dette est devenue le moteur d’une croissance pourtant poussive, voire atone. Au contraire, ces dernières années, la Russie et la Chine ont accumulé suffisamment d’or pour remettre place des monnaies basées sur l’étalon-or. En outre, celle-ci dispose d’un taux d ‘épargne très élevé, qui stratégiquement lui permettra de soutenir les investissements en vue de l’industrialisation de l’Asie, sans craindre une surchauffe inflationniste. Axé sur la production de biens, dans le projet des BRICS+ les activités financières ne viennent qu’en soutien, et la spéculation est minimale.
Il faut toujours avoir en tête les caractéristiques principales de la Chine et de la Russie, que l’on peut considérer comme les véritables piliers des BRICS+. La Russie est le pays le plus étendu du monde avec la plus grande quantité de ressources, alors que la Chine est le plus grand détenteur de réserves de change au monde. Tous deux avancent en favorisant une diplomatie efficace et fructueuse au sein des BRICS+, mais aussi au sein d’autres plateformes interétatiques comme l’Organisation de coopération de Shanghai (SCO), qui constitue désormais la plus grande organisation politique, économique et de sécurité régionale au monde. Nous entrons véritablement dans une nouvelle période caractérisée par la multi-polarité et le multi-latéralisme. Cette nouvelle ère mettra fin inévitablement à l’hégémonie des États-Unis, qui régnaient sur la planète depuis la conférence de Bretton Woods de 1944, fondation du système monétaire international toujours en fonction. Pour l’heure encore, le dollar reste la principale monnaie d’échange mondiale. Mais pour combien de temps encore ?
La guerre en Ukraine, et en particulier les sanctions imposées par le bloc occidental à la Russie, ont servi d’accélérateur à ce processus de dédollarisation. Les tensions dans les relations américano-chinoises n’ont fait qu’accroître les velléités de Pékin d’affirmer son indépendance face à l’hégémon américain. Ainsi, la Chine, qui fut longtemps le premier banquier des États-Unis avec le Japon, réduit progressivement le montant des obligations du Trésor américain qu’elle détient. Face aux turbulences actuelles, nombre de pays tentent aussi de réduire leur dépendance à l’égard du billet vert en tant que principale monnaie mondiale de commerce et de réserve étrangère. Mais ces craintes, évidemment, ne concernent pas seulement la sphère économique et financière. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis n’ont de cesse de pratiquer une politique étrangère particulièrement agressive et belliqueuse pour asseoir leur domination et imposer partout la « pax americana ». Tous les moyens étaient bons pour transformer ou subvertir des gouvernements étrangers qui, aux yeux de Washington, ne se conformaient pas aux intérêts américains. Interventions armées, invasions militaires, sanctions économiques, sans oublier infiltrations culturelles, incitations à l’émeute et multiples campagnes de désinformation, Washington est devenu le plus grand perturbateur de la sécurité politique mondiale. Le linguiste et politologue renommé Noam Chomsky s’en est fait le comptable et en a tiré le bilan dans plusieurs de ses ouvrages. Cependant, les États-Unis continuent à se présenter comme le leader du monde libre et le gardien de la démocratie à l’occidentale. Comme l’annonçait Carl Schmitt dans son ouvrage Le Nomos de la Terre, « les droits de l’homme et le droit humanitaire ne sont que le paravent de rapports de forces politiques et un outil au service de l’idéologie mondialiste occidentale(1) ».
Tout s’est cristallisé dans une forme de névrose, de tourbillon qui a submergé les élites américaines. En conséquence, l’ensemble de la structure du capitalisme américain pourrait s’effondrer rapidement, ainsi que sa position hégémonique, parce qu’il repose sur une forme postmoderne d’exploitation qui a tout modelé à son profit. C’est l’inconscient du système, l’inconscient d’un régime capitaliste financiarisé qui agit et produit ses effets. Cette décomposition du modèle américain s’accélère même. En réalité, il a atteint ses limites et joue les prolongations par la dette, ce qui le mine encore plus en profondeur. Le retour du boomerang, c’est la force du réel. Certes, pour l’heure l’utilisation internationale du dollar américain reste forte, mais la dette nationale américaine, qui a dépassé la somme stupéfiante de 34.000 milliards de dollars, et les échecs militaires en Irak et en Afghanistan, en attendant la déroute en Ukraine, ont très nettement terni son image de marque et amoindri ses capacités à rester le gendarme du monde. De par son jusqu’au-boutisme, Washington a ouvert la voie à son propre déclin, et il est plausible que le yuan (ou la nouvelle monnaie des BRICS+) devienne une alternative au dollar dans un monde multipolaire d’ici quelques années, et non des décennies ou des siècles. Cela portera un coup sévère à l’économie américaine et à la position mondiale dont Washington ne pourra peut-être pas se remettre.
BRICS versus politique
Le monde du XXIe siècle n’est décidément plus celui du XXe, ni celui des siècles précédents. Les États du sud ne veulent plus subir le joug d’un nouvel hégémon. Pour réussir, les BRICS doivent impérativement intégrer une nouvelle approche dans les relations internationales. Améliorer significativement le niveau de vie de 3,8 milliards d’Asiatiques, d’un milliard supplémentaire en Afrique, et d’un autre milliard environ en Amérique latine et ailleurs est le pari auquel doit s’atteler la nouvelle organisation internationale. Vladimir Poutine a avancé l’idée de construire un parlement des BRICS visant à transformer une initiative économique conjoncturelle en une alliance politique plus structurée et intégrée. Resserrer les liens entre les États membres et aider à résoudre les disparités, voire les conflits éventuels qui pourraient ressortir. Rappelons par exemple, que la Chine et l’Inde furent encore, il n’y a pas si longtemps, des belligérants. Cependant, ce besoin de cohérence dans le cadre des relations internationales doit se réaliser dans le respect de la souveraineté des États et des peuples. Le droit international doit redevenir le cadre juridique naturel des relations entre les États et la référence globale de la géopolitique mondiale. Heureusement pour eux, les BRICS+ cultivent une certaine filiation avec le mouvement des non-alignés(2).
Le mouvement des BRICS vise à rééquilibrer les échanges internationaux et à contester les éléments du « diktat américain », comme l’ingérence dans les affaires intérieures des pays et l’imposition de sanctions économiques qui affectent souvent des populations entières. Cela mettra fin à plus de 5 siècles de domination sur les terres et sur les mers de la thalassocratie occidentale ; la fin du mondialisme tel qu’on l’a connu jusqu’à présent, soit le globalisme occidental qui n’était dirigé que dans un sens : l’exploitation des matières premières du Sud pour l’enrichissement des économies du Nord. La prochaine étape du capitalisme mondial appartient à ceux qui créent de la valeur dans la production. Il s’agit de balayer le parasitisme vampirique du capitalisme rentier financiarisé. C’est le véritable enjeu de la multipolarité. Les Chinois l’ont bien compris. C’est le sens des initiatives gagnant-gagnant de la route de la Soie, « Belt and Road ». Ils s’appuient sur les normes du droit international et, sans coup férir, peuvent désormais apparaître aux yeux du reste du monde comme des partenaires honnêtes, loyaux et posés, face au pitbull yankee enragé et sa meute occidentale de chihuahuas aboyeurs.
Ils n’ont pas peur d’affirmer : « Nous allons rompre avec 500 ans d’exploitation et de domination coloniale européenne. Nous vous aiderons à vous relever sans vous paralyser, car si vous vous débrouillez bien, nous nous débrouillerons bien et nous pouvons tous les deux nous enrichir ensemble ». L’approche de la diplomatie chinoise vis-à-vis du monde arabe et des pétro-monarchies est symptomatique de cette nouvelle vision. La Chine a invité les États arabes, ainsi que de nombreux autres pays, à construire une nouvelle ère dans les relations internationales. La déclaration d’ouverture du président chinois Xi Jinping aux Arabes a souligné l’importance de faire avancer les relations sino-arabes fondées sur la solidarité et l’assistance mutuelle, l’égalité et les avantages mutuels, l’inclusion et l’apprentissage mutuel, et de construire conjointement une communauté sino-arabe de destin. Le message sous-jacent aux Saoudiens et aux autres Arabes était que la Chine, contrairement aux États-Unis, ne dictera, n’influencera, ni ne compromettra les politiques et la prospérité arabes. La Chine et les États arabes développeront leurs relations sur la base du respect, de l’égalité, de la solidarité et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre. En conséquence, des dizaines d’accords valant des milliards de dollars ont été signés, couvrant un large éventail de secteurs économiques. Il ne fait aucun doute que si l’Arabie saoudite commençait à négocier du pétrole en yuan, la domination du dollar américain sur le marché mondial du pétrole en souffrirait.
Et l’Europe dans tout cela ?
Le drame de l’Europe, c’est qu’en poursuivant son alignement sur Washington, elle va totalement à l’encontre de ses intérêts et surtout d’une inclinaison somme toute naturelle et conforme à une position géographique qui devrait plaider pour un rapprochement avec le versant oriental du vaste continuum territorial eurasiatique. Rappelons-nous les paroles du général de Gaulle qui parlait d’une Europe qui s’étendait de l’Atlantique à l’Oural. Ne devrions-nous pas surenchérir en étendant l’image jusqu’à la Mer de Chine ? De Lisbonne à Vladivostok ? Hélas, les élites européennes sont droguées à l’atlantisme et incapables, pour l’heure, de couper le cordon ombilical avec l’hégémon américain. Dans très peu de temps cependant, nos gouvernants vont se retrouver face à deux événements qui risquent de les déstabiliser : Le retour probable de Donald Trump à la Maison Blanche et la prochaine défaite totale de l’Ukraine.
Le premier a clairement annoncé qu’aussitôt réélu il reprendrait le cours de sa politique internationale de désengagement généralisé, mu par ses priorités intérieures. Le milliardaire américain sait pertinemment bien que ses concitoyens vont vivre des temps difficiles et il souhaite que l’atterrissage soit le moins violent possible. C’est pourquoi il réhabilite l’isolationnisme qui fût l’un des fondements de la politique étrangère des États-Unis, érigé en doctrine par le président James Monroe en 1823. En ce qui concerne l’OTAN, il a déjà annoncé la couleur et a confirmé qu’il ne garantirait plus la protection des pays membres de l’Alliance si ceux-ci ne payaient pas leur part financière à l’organisation. Une menace qui n’a pas été prise à la légère de l’autre côté de l’Atlantique, puisque les membres européens de l’OTAN ont récemment pris des mesures pour accroître leur capacité à se défendre, et s’accordent aujourd’hui à dire qu’il est nécessaire d’augmenter les dépenses de défense, quel que soit le résultat des prochaines élections américaines.
Le rapport que Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), vient de remettre, il y a quelques jours, à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen anticipe ce « risque ». Parmi ses recommandations principales, Draghi préconise un renforcement de la sécurité et une réduction de la dépendance aux intérêts du complexe militaro-industriel américain. Mais la défaite en Ukraine risque d’avoir de plus grandes conséquences encore et exacerber les envies bellicistes des va-t-en-guerre. Nous risquons d’être confrontés bientôt à une propagande délirante. Les stratèges des plateaux télévisés envoyés au front médiatique vont lancer des salves d’anathèmes sur la Russie, et sur Poutine en particulier, au mépris de la plus élémentaire analyse des faits réels. Poutine n’a jamais eu de velléités impérialistes. Il a toujours défendu une ligne défensive, même dans le cadre du conflit ukrainien. L’opération spéciale de 2022 n’a été lancée que suite à la rupture des accords de Minsk et pour protéger les populations russophones du Donbass, injustement bombardées par les troupes ukrainiennes. Son souci principal a été d’éviter de se faire encercler par les positions de l’OTAN qui menacent son pays. Or, l’organisation atlantiste n’a eu de cesse de se rapprocher des frontières russes, au mépris des engagements passés, au moment de la disparition de l’Union soviétique.
Mais, rien n’y fait, nos élites européennes et leurs porte-voix journalistiques persistent à construire l’image d’un Poutine tyran sanguinaire et de prétendre à une menace imminente venant des Russes. Comme avec l’opération Covid, nous sommes face à un récit dystopique totalement fabriqué, qui ne repose sur aucune réalité tangible. La seule réalité que tout un chacun peut rapidement constater, c’est que cette fuite en avant délirante entraînera une remilitarisation de l’Europe et le détournement de l’argent public, donc celui des contribuables, vers les industries d’armement, à l’instar des Big Pharma pendant l’épisode covidiste. Pourtant confrontés à des déficits publics qui ne cessent de s’approfondir, à un nombre de faillites de PME historique et les pertes d’emploi qui en résultent, à une paupérisation sans précédent de la population dont même la classe moyenne commence à décrocher, la caste européenne, vent debout, se lance dans une politique jusqu’au-boutiste de réindustrialisation à la mode soviétique en mobilisant l’épargne publique, qui risque d’être spoliée pour de prétendues raisons guerrières. Telle est bien la teneur de la feuille de route de 400 pages du banquier Draghi, ancien vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs. Pour parfaire ce hold-up remarquable, il faut bien sûr, au préalable, pourvoir au contrôle de la parole et museler la critique. Ce n’est pas pour rien que nous sommes confrontés depuis un certain temps à une censure des réseaux sociaux, à une reprise en main des canaux de diffusion.
Alors que dans le reste du monde, on assiste à une nouvelle dynamique dans les relations internationales faites de loyauté et de coexistence pacifique, de développement économique harmonieux, notre vieux continent prend le chemin inverse, en se repliant sur lui-même, en considérant les autres pays, en particulier ceux des BRICS+, comme des rivaux, voire des ennemis. On se lance, dans l’ensemble du monde occidental, dans des politiques industrielles qui ne correspondent pas aux intérêts et aux besoins spécifiques de leurs populations. La caste au pouvoir en Europe, totalement déconnectée du reste de la population, se fige dans une attitude hautaine, hermétique à la critique. En roue libre, elle impose des politiques en totale inadéquation avec les besoins réels et ô combien pressants de ses concitoyens. Il paraît évident que cette fuite en avant du monde occidental, et en particulier de l’Union européenne, ne peut conduire qu’à un effondrement total. Face à un Himalaya de dettes — la dette des emprunts européens s’ajoutant aux dettes des États —, la prédation coercitive de l’épargne des particuliers n’aura d’autre effet que de ruiner la classe moyenne, l’hyper-classe occidentale arrivant toujours à se sauver grâce aux paradis fiscaux. Quant aux classes défavorisées, ce sont les soupes populaires qui les attendent et les nuits froides sous les tentes quechua.
Le monde d’en face sera alors considéré comme un modèle à suivre pour les peuples asservis. Malgré la propagande, les lois liberticides, le contrôle permanent des forces de police transformées en milices étatiques, nos populations ayant perdu leur confort de vie et leurs revenus n’auront d’autre choix que de se rebeller contre ce pouvoir inique. L’écroulement économique en sera l’accélérateur. Or, la vision de la réindustrialisation étatiste de Mario Draghi a d’étranges similitudes avec l’ancienne URSS. Gageons qu’il ne faudra pas attendre 75 ans pour assister à la chute de l’Empire européiste. Pendant ce temps, le monde des BRICS+, soutenu par une dynamique économique nouvelle, étend son influence et son attractivité. Ne dit-on pas que le soleil se lève à l’Est et étend ses rayons au Sud ?
Bernard Van Damme
Une Table Ronde près de Bruxelles pour en connaître davantage ?
Alors que le sommet des BRICS+ aura lieu du 22 an 24 octobre prochain à Kazan en Russie, 2 jours plus tard, le samedi 26 octobre 2024, vous pourrez assister à une table ronde avec des experts en la matière à Machelen, où toutes les mesures seront discutées et analysées. L’heure n’est pas à la panique, mais à l’honnêteté, à la sérénité et à la réflexion. Le monde change plus vite que jamais et nos médias n’y prêtent pas attention. Comme si les BRICS n’existaient pas. C’est pourquoi est consacrée toute une réflexion ce 26 octobre avec un conseil des sages, dont :
• Le colonel retraité Jacques Baud, ancien inspecteur en désarmement de l’OTAN. Il est particulièrement attentif aux intérêts militaires et stratégiques et à leurs conséquences sur la situation en Ukraine, en Géorgie, en Israël, aux Philippines ou à Taïwan. | |
• Gilbert Doctorow, titulaire d’un doctorat en histoire russe de l’Université de Columbia. Russe d’origine, il a grandi à New York et donne un aperçu de ce qui touche le peuple russe, le Kremlin, les médias russes et les relations internationales. | |
• Le professeur émérite Kees Van Der Pijl. Il examine les grandes lignes des relations internationales, les tendances et où nous pouvons les détecter. S’appuyant sur son expérience universitaire et diplomatique, il décrit comment l’équilibre entre les blocs de pouvoir se modifie lentement mais sûrement. | |
• Alasdair MacLeod. Il analyse les défis pour l’Occident. Le groupe des pays BRICS s’élargit et se dissocie du dollar. Il voit de vrais problèmes émerger : dette souveraine, récession, inflation et baisse du pouvoir d’achat de l’euro et du dollar. |
Vous pouvez vous inscrire en cliquant sur le lien suivant :
- Carl Schmitt, Le nomos de la Terre, PUF, 2012.
- Ce mouvement né durant la guerre froide visait à regrouper les États qui ne se considéraient comme alignés ni sur le bloc de l’Est, ni sur le bloc de l’Ouest. Le but de l’organisation défini dans la « déclaration de La Havane » (1979) est d’assurer « l’indépendance nationale, la souveraineté, l’intégrité territoriale et la sécurité des pays non alignés dans leur lutte contre l’impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme, la ségrégation, le racisme, et toute forme d’agression étrangère, d’occupation, de domination, d’interférence ou d’hégémonie de la part de grandes puissances ou de blocs politiques » et de promouvoir la solidarité entre les peuples du tiers monde. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_non-align%C3%A9s)