Entretien avec Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS. Dernier ouvrage en date : Défendre la démocratie. Une sociologie engagée, Eoliennes, 2023.
Philippe Debongnies
La mise en œuvre du certificat Covid numérique de l’Union européenne a connu, tout compte fait, peu de résistance et sa remise en question demeure encore aujourd’hui très discrète (dans les médias, les organes gouvernementaux, etc.). Qu’en penser ?
J’en pense la même chose que pour tous les « pass sanitaires » équivalents mis en place par la plupart des gouvernements des pays occidentaux en 2021. Cette question est fondamentale pour au moins quatre raisons qui resteront déterminantes et qui le resteront si aucun débat digne de ce nom n’arrive dans les mois et les années qui viennent. Premièrement, le certificat Covid est un ensemble de mesures qui ne reposent sur aucun fondement scientifique et qui sont inefficaces du point de vue de la santé publique, rap …
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- J. Rouchier, « Réflexions sur la soumission du monde académique durant la crise du Covid : entretien avec Toby Green », Quartier Général. Le blog de Laurent Mucchielli, 23 juin 2023 [en ligne].
- V. Solae, « Le crédit social en Union européenne : des portefeuilles d’identité au passe sanitaire mondial », Kairos, 24 novembre 2023 (en ligne].
- P. Elie, P.-A. Chardel, « Surveillance numérique des populations : vers un ‘crédit social’ en Europe ? », Quartier Général. Le blog de Laurent Mucchielli, 16 février 2023 [en ligne].
- S. Zuboff, L’âge du capitalisme de surveillance, Paris, Zulma, 2020.
- L. Hunt, « Le corps au XVIIIe siècle. Les origines des droits de l’homme », Diogène, 2003, 3, p. 49–67.
- L. Mucchielli, La Doxa du Covid, Tome 1 : Peur, santé, corruption et démocratie, Bastia, Eoliennes, 2022.
- Augé, Petit traité de propagande à l’usage de ceux qui la subissent, Bruxelles, De Boeck, 2ème éd.
- Je recommande ici la lecture du livre de Maxime Combes et Olivier Petitjean (Un pognon de dingue mais pour qui ? L’argent magique de la pandémie, Paris, Don Quichotte/seuil, 2022). Ils montrent que les centaines de milliards d’euros dépensés par le gouvernement français au nom de la doctrine du « quoi qu’il en coûte » n’ont en réalité quasiment pas bénéficié aux services publics ni aux populations les plus en difficulté, mais au contraire avant tout au secteur privé, à commencer par les grands groupes déjà les plus fortunés. Ils en concluent que ce nouvel interventionnisme d’Etat en temps de crise ne se fait pas du tout au service de l’intérêt général. Il s’agit plutôt de « l’extension sans fin du maquis des aides aux entreprises », l’Etat devenant « protecteur des intérêts économiques établis, assureur en dernier recours de la rentabilité du capital, organisateur de la socialisation des pertes et de la privatisation des profits ». Ils concluent à l’affirmation d’un corporate welfare, « un Etat-providence pour les entreprises privées ».