Covid-19 : l’occasion de continuer le business — derrière le paravent médiatique (où n’arrivent que les « bonnes questions »)

La question était simple, consistant à savoir « quelle légitimité démocratique il y a à prendre certaines décisions quand la plupart des membres qui décident et réfléchissent font partie des multinationales et du monde de la finance ». Nous étions le 15 avril, lors de la conférence de presse suivant le Conseil National de Sécurité, en pleine crise du Coronavirus. Si cette question ne nécessitait pas un talent particulier pour qu’on puisse la comprendre, nous n’attendions toutefois pas véritablement de réponse, sachant que celle-ci était pour eux impossible : on ne peut assurer conjointement le bien commun et les retours sur investissement, dans le domaine de la santé peut-être encore davantage. Il s’agissait donc de donner la preuve, à un moment où l’audience était à son comble – ce qui ne nous est jamais donné en tant que média libre –, que leur discours n’est que gesticulation spectaculaire, sorte de plan de com pour occulter ce qu’ils sont et qui ils servent réellement.

Quand on demande à une ministre diplômée de communication à l’IHECS, option pub, porteuse d’une licence spéciale en gestion financière, ministre du Budget dans le gouvernement Michel, ancienne conseillère d’un bureau d’avocats d’affaires, issue d’une famille proche du monde politico-financier(1), dont le père fut membre fondateur du Cercle de Lorraine(2), au cœur du pouvoir donc(3), quand on lui demande donc ce qu’elle pense de cet incestueux mélange entre mondes public et privé, on n’escompte évidemment pas qu’elle fasse pénitence et congédie sur-le-champ ses collègues pour conflit d’intérêts. Il ne peut y avoir de réponse, de motivation acceptable et de justifications, et cela explique que notre présence n’est plus désirée à une conférence de presse du gouvernement. Notre question du 15 avril a suffisamment bouleversé les lignes. La réaction aussi parle d’elle-même, alors que la ministre est surprise et décontenancée, un peu comme si on lui avait servi le dessert avant l’entrée. Vous conclurez vous-mêmes, après lecture de cet article, si ceux qui nous dirigent sont au service du bien commun ou ne représentent plus qu’eux-mêmes et leurs amis patrons et banquiers.

« Conflit d’intérêts » ? Ce concept est inexistant pour quelqu’un qui considère que la politique sert les intérêts du capital. Elle l’exprimera clairement, lorsqu’au cours de mon interpellation du 15 avril, Sophie Wilmès m’interrompra : « Monsieur, je n’ai pas l’intention de vous interrompre (sic), mais si vous avez l’intention de donner les CV de l’entièreté des gens qui travaillent et qui ont droit à un peu de privacy, je vous encourage à terminer votre question et j’y répondrai ». Un peu de privacy donc, entendez qu’elle considère que le fait de savoir quelles peuvent être les éventuelles motivations personnelles de ceux qui nous dirigent à prendre des décisions politiques, fait partie du domaine de la vie privée : fantastique retournement du concept d’intérêt général.

1. Médias et politique

Dans cette théâtralisation de la réalité, « les grands acteurs médiatiques du paysage belge(4) » sont les garde-fous qui protègent les politiques de toutes questions qui pourraient briser leur jeu de représentation. Il n’y eut donc qu’une tentative de notre part le 15 avril, et la recherche fébrile de Sophie Wilmès pour m’empêcher de tenter un deuxième coup, soit de poser une deuxième question(5), tendant le cou et tournant la tête pour trouver le « bon » journaliste et la question conforme, illustre parfaitement le processus d’adéquation entre la pensée politique et médiatique, qui s’inscrivent dans un cadre bien défini où l’on veut s’assurer que celui qui écoute et voit, le spectateur, ne bougera surtout pas – il ne faudrait pas qu’il sente ses chaînes. Évoqueront tout autant ces ententes tacites médias-politique : le refus du ministre-président Jeholet de répondre à ma question le soir du 24 avril(6), le silence du service de presse de la ministre Wilmès face à nos multiples mails et appels téléphoniques, le mutisme encore de celle-ci face aux courriers envoyés par des citoyens l’invitant à s’expliquer sur le refus de notre présence en conférence de presse. Pourtant, comme le dira une de nos lectrices : « Elle annonce sur son site “être à l’écoute”… ». Effets d’annonce justement… procédés de com, où l’on constate que plus on se dit à l’écoute, moins on entend.

Ils ne lâcheront donc rien(7), et surtout pas ce qui fonde leur pouvoir : que nous restions à genoux. Le zèle de la caste médiatico-politique pour se présenter en fonctionnaires patentés de la certification de l’authenticité de l’information, donc de décréter ce qui est et n’est pas fake news, fait partie de ce jeu. On pourrait peut-être en rire si la situation n’était pas si grave, alors que l’on sait que ceux qui se font les parangons de la vertu et de l’info estampillée d’origine contrôlée sont les mêmes qui dans leur canard censurent à tout va(8), oubliant de nous parler du poison qu’ils distillent quotidiennement dans nos esprits, et mordent quand on tente de donner aux gens une autre nourriture informative. Dorian de Meeûs, « l’inénarrable » rédacteur en chef de La Libre, sort donc les crocs et s’offusque quand on ne pose pas « les bonnes questions » ? Il passe sous silence l’épisode où sa rédaction avait considéré qu’« on ne peut pas accepter, notamment dans le courrier des lecteurs où on parle des inégalités, quelqu’un qui se dit écœuré de voir l’écart entre les revenus des patrons et ceux des travailleurs »(9) ? « Mauvaise question », direction poubelle. C’est en effet sans doute peu approprié de citer l’écœurement de citoyens face aux inégalités quand la famille qui possède le journal dans lequel on écrit, les Le Hodey, dispose d’un patrimoine de 41.071.000€ et est 431ème fortune belge(10). Réalité et « bonnes questions » ne font donc pas toujours bon ménage, et ceux qui ont le bénéfice de nous dire ce qui est important ou non, auront aussi celui de se présenter en chasseur de fake news(11), ce qui leur assurera par effet miroir positif de ne pas en être les artisans. Comme le disait Guy Debord, à propos du concept de désinformation : « Il est toujours hautement employé par un pouvoir, ou corollairement par des gens qui détiennent un fragment d’autorité économique ou politique, pour maintenir ce qui est établi ; et toujours en attribuant à cet emploi une fonction contre-offensive »(12).

Certains rêveraient sans doute d’un peu plus d’autoritarisme politique pour me punir de mes péchés, et face à mon attitude journalistique « indigne d’une carte de presse », que l’on me l’enlevât plus aisément, afin que personne ne vienne plus perturber leur cirque. 

La contre-offensive médiatique

D’autres se sont lancés dans des rhétoriques alambiquées pour tenter de justifier que la question du 15 avril était bonne, mais non pertinente, donc mauvaise, puisque posée au mauvais endroit(13). Un journaliste en est finalement venu à considérer dans un article inintelligible que j’étais « l’homme de paille » de Wilmès, lui permettant de « réfuter une thèse qui n’est soutenue par personne »(14). Homme de paille, définition : « Prête nom. Responsable politique sans réel pouvoir, car manipulé dans l’ombre par d’autres ». Celui qui me voyait ainsi indirectement au service de la Première ministre écrivait pour Le Vif l’Express, « marque » du groupe Roularta, propriété de la famille De Nolf-Claeys. La première, qui gère le groupe De Nolf, possède notamment avec la seconde : Cennini Holding(15), 50% de Belgian Business Television, qui elle-même est propriétaire de RMG (Roularta Media Group, 100%) et Mediafin (50%). Mediafin, qui est notamment détentrice de 50% du groupe Rossel, qui édite notamment le quotidien Le Soir. Roularta a également des parts dans : Koinon (société à portefeuille), West Investement Holding S.A. (société anonyme basée au Luxembourg), Bestinver gestion (société d’investissement, Espagne). Ajoutons que le groupe Roularta est présidé par Xavier Bouckaert, membre du Cercle de Lorraine.

Sa proximité avec des fonds d’investissement et autres machines à faire du pognon nous indique avec évidence que la rédaction du Vif ne peut pas fourrer son nez partout. Certes, il y aura toujours des irréductibles pour nous dire que « ce n’est pas parce qu’un journal appartient à un groupe propriété d’une richissime famille qu’il ne peut pas dire ce qu’il veut ». Preuve de naïveté ou de mauvaise foi, tant on sait que ces familles ne sont pas là pour assurer le bien commun et l’équité, étant les premières à bénéficier de la misère structurelle de nos sociétés : plus il y a de pauvres, plus ils sont riches.

Plus paradoxal est le fait que certains de ces médias semblent les plus prompts à titiller le pouvoir. Mais ce n’est là qu’apparence : poil à gratter inoffensif, ils ne permettront pas au lecteur de tirer les conclusions en termes de fonctionnement structurel de nos sociétés, machines à produire les « scandales » qui feront le fonds de commerce de ce type de médias. Le reste : de la pub (beaucoup), du vent, du vide et de l’éloge des politiques. Exemple : dans Le Vif du 23 avril 2020, un dossier consacré à Sophie Wilmès, intitulé « Le syndrome de la première de classe », dont l’introduction à elle seule révèle dans quelle cour on joue : « Ambitieuse ? Personne ne dirige un pays sans l’être. Mais Sophie Wilmès est d’abord une première de classe. Une obsédée du détail et de la perfection, qui travaille à en épuiser ses équipes. Une bonne vivante, aussi, qui se réjouit de pouvoir boire à nouveau du vin blanc sur la plage de Knokke »… On est servi, merci, la pensée a fait un grand pas de plus dans la compréhension du monde. De là à vouloir lire la suite… À côté de cela, le journal évoquait « le journaliste agitateur du média Kairos »(16). Deux poids, deux mesures.

Plusieurs médias, une seule pensée

D’autres parleront sans vergogne, en plein direct, d’une « question complotiste », à l’instar de RTL-TVI(17).

https://youtu.be/-2lu-h-QA7w

Se faisant les gardiens du pouvoir, leur posture anti-complotiste permet d’éluder les réelles tractations d’un État mafieux dont ils se font les ardents défenseurs. La RTBF ou le journal Le Soir, auront eu eux la réaction de ne pas en avoir. Les premiers, recevant la ministre juste après la conférence de presse, alors que les habitudes avaient été ébranlées par une question qui, dans un monde décent, aurait dû demeurer somme toute dans le domaine du banal, n’en diront pas un mot. Les autres n’écriront pas une ligne sur la « question biaisée politiquement ». Ces types de réponses à « l’événement » du 15 avril se révèlent à la lumière du fonctionnement général de ces différents médias : des manifestations différentes d’un mode de production médiatique identique. Les différences sont ici plus des détails qui occultent le fond commun qui les anime, à savoir la fonction sociale qu’ils remplissent dans leur ensemble : fabriquer le consentement, en feignant que ce sont les citoyens qui décident et qu’on se soucie de leur avis(18).

Depuis la conférence de presse du 15 avril et notre question qui généra « le malaise », les médias se sont donc principalement arrêtés sur des détails, des commentaires sans profondeur sur les lieux où l’on devrait pouvoir parler et les autres où on ne pose pas de questions, nous accusant de complotisme et balayant d’une main le sens de la question, celui des conflits d’intérêts. Tout cela pour éviter de parler du fond. Les chiens aboient, la caravane passe…

2. Wilmès et ses copains

Face à cette armée médiatique qui a en charge le contrôle du réel, quand on parvient à poser des questions importantes pour le collectif, on obtient donc la réponse de Sophie Wilmès du 15 avril : « Vous venez d’introduire dans cette salle de presse la question biaisée politiquement, ce qui en général n’est pas l’habitude des journalistes ». Tout est dit. Donc rien ne sera dit, puisqu’il ne faut pas savoir ce qui ne doit pas être su. La question du conflit d’intérêts avait pourtant tout son intérêt.

Le groupe d’experts en charge de préparer le déconfinement

Parmi les membres du GEES, le Groupe d’Experts en charge de l’Exit Strategy, le CV de la plupart donne la couleur générale et l’orientation de cet organe chargé de prendre des décisions nationales qui auront un effet décisif sur la vie de 11 millions de Belges. Après le Covid-19, rien de neuf, ou la même chose en pire, comme Sophie Wilmès nous le dira au Parlement le 7 mai : « Faire semblant que la loi de l’offre et de la demande n’existe pas (sur les masques), c’est mentir à la population. » Simple rhétorique, car lui mentir vraiment, ce serait lui faire croire que l’État n’est là que pour assurer le fonctionnement du marché, là où il aurait pu faire primer l’intérêt collectif. Exit ce dernier, le ministre des Affaires étrangères achètera ainsi des masques à deux sociétés, dont l’une, Avrox, est une société anonyme basée au Luxembourg, dont on ne sait rien ou presque.

Erika Vlieghe

Désignée comme directrice du groupe d’experts qui doit préparer le déconfinement, elle a été formée à l’Universtité de Leuven, comme la plupart de ses confrères qui conseillent les politiques. Elle dirige le département de médecine générale interne, maladies infectieuses et médecine tropicale à Anvers. L’Institut des maladies tropicales (Institute of Tropical Medicine, ITM) est notamment financé par la Fondation Bill & Mélinda Gates(19). Le 2 mai, dans Le soir, Erika Vlieghe anticipe : « On travaille déjà sur un plan de reconfinement »(20) ; le 4 mai dans La DH : « Erika Vlieghe met les Belges en garde : «Il ne faut pas faire preuve de trop d’enthousiasme» »(21). Travaillant pour un organisme en partie financé par une fondation privée qui encourage la vaccination dans des intérêts pécuniaires évidents, les certitudes et recommandations d’Erika Vlieghe sonnent curieusement quand elle annonce « nos vies seront différentes jusqu’à la découverte d’un vaccin ».(22)

Emmanuel André

Désigné porte-parole interfédéral de la crise du Covid-19, il est avec Marc Van Ranst médecin et responsable du laboratoire de diagnostic au Pôle des maladies infectieuses de l’hôpital UZ Leuven. L’hôpital UZ Leuven bénéficie de larges donations de la Fondation Bill & Mélinda Gates. La dernière connue, 713.372$ pour « filtrer la librairie Reframe contre le Covid-19 »(23). L’équipe, sous la direction de Marc Van Ranst et Johan Neyts, travaille main dans la main avec la Fondation privée : « Au nom de la Fondation Bill & Mélinda Gates, l’équipe du professeur Neyts testera également 15.000 ingrédients actifs dans les médicaments existants et en développement pour leur efficacité contre le SRAS-CoV‑2. CD3 (Center for Drug, Design & Development) et Johnson & Johnson mettent également des milliers de ces composants à la disposition du laboratoire »(24).

Emmanuel André est à l’origine d’un groupe, Bacteriology Axis(25), qui entretient des liens étroits avec l’OMS et est à l’origine de la formation d’une Start-up dénommée Savics. Il y est présenté sur le site internet comme « conseiller ». Le directeur et co-fondateur de Savics, également actionnaire de celle-ci, est Xavier Morelle. Intéressant que cette SPRL domiciliée à Uccle, explique sur son site internet qu’elle possède « 3 outils qui peuvent aider dans la lutte contre le virus Covid-19. Nos applications sont utilisées dans de nombreux pays depuis plusieurs années pour la surveillance et la gestion des maladies infectieuses, comme la tuberculose, le VIH, Ebola et maintenant nous avons adapté notre technologie pour répondre également à la situation actuelle du Covid-19. Nous pouvons aider les pays à gérer les défis concernant la surveillance et le suivi du Covid-19 en ces temps exigeants, afin que les travailleurs de la santé, les laboratoires et les spécialistes puissent se concentrer sur les endroits où ils sont le plus nécessaires, en traitant les patients ».

En résumé, Emmanuel André est conseiller d’une société privée, Savics, fondée par son groupe de recherche associé à l’Université de Louvain, Bacteriology Axis, qui propose des outils pour « gérer les défis concernant la surveillance et le suivi du Covid-19 »… Un peu de privacy.

Inge Bernaerts

Elle est titulaire d’un diplôme en droit de la Katholieke Universiteit Leuven et d’un Master en droit européen de l’Universität des Saarlandes, avocate au barreau de Bruxelles, et a exercé le droit européen de la concurrence dans des cabinets d’avocats internationaux de premier plan comme Stibbe et Freshfields Bruckhaus Deringer. Inge Bernaerts a travaillé pour la Commission européenne à la direction générale de la concurrence, dans le domaine des télécommunications et de la radiodiffusion, puis comme assistante du directeur général de la concurrence. Elle a rejoint la direction générale de l’énergie en juillet 2010 en tant que chef d’unité du marché intérieur II : marchés de gros, électricité et gaz, et était en charge de la mise en œuvre de la législation relative au marché intérieur de l’énergie dans l’UE(26). Concurrence, marché, compétitivité. Amen.

Pierre Wunsch

Gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, où le père de Sophie Wilmès, Philippe Wilmès, fut également régent, Pierre Wunsch, proche du MR, a été directeur de la cellule stratégique du cabinet du ministre des finances Didier Reynders (de 2008 à 2011). Bien intégré dans les différentes structures financières nationales, mais aussi internationales (BCE, FMI, BRI…), il a eu des fonctions chez Electrabel, Tractebel, au Bureau fédéral du Plan, a notamment été administrateur chez Fluxys, au conseil d’administration de KBC, et enseigne à l’UCL.

Mathias Dewatripont

Comme Pierre Wunsch, il débarque également de la Banque Nationale de Belgique où il a notamment occupé le poste de directeur exécutif. Il est spécialisé dans les domaines de la théorie des contrats, de l’économie des organisations, de l’innovation, de la banque et de la finance. Il est membre exécutif de I3H, une organisation qui travaille dans le domaine de la santé « pour contribuer efficacement au développement de technologies et de stratégies innovantes ».

Johnny Thijs

Sur le site de la ministre, on le présente comme « administrateur et président d’entreprises comme Electrabel, de Recticel et de Golazo », oubliant de dire qu’il est aussi président du conseil d’administration de Corealis et d’Hospital Logistics, conseiller de Lazard Benelux et CVC. Quelques intérêts dans la finance et la santé… Johnny Thijs a été CEO de Bpost entre 2002 et 2014.

Marius Gilbert

À côté de ces hommes et femmes « d’affaires », Gilbert Marius n’aura qu’à bien se tenir. Quand un journaliste lui demande « Ne craignez-vous pas qu’à force de fréquenter le GEES, ce groupe d’experts dont un certain nombre sont plus proches de la Bourse que de l’hôpital, vous soyez finalement victime d’une forme de syndrome de Stockholm ? », il répond : « Je trouve que la question est un peu orientée ! ». Pourtant, face à Johnny, Mathias ou Pierre – le pouvoir économique –, on voit difficilement le bien commun gagner la partie.

Marc Van Ranst, GSK, etc.

À l’époque Président du Commissariat interministériel « Influenza », le Professeur Marc Van Ranst, qui publiera un rapport favorable à la vaccination des nourrissons contre la gastro-entérite à rotavirus, reconnaîtra un conflit d’intérêts: il percevait une rémunération de GlaxoSmithKline (GSK). Peu après, « il cosigne, avec notamment Patrick Goubau, virologue à l’UCL et membre du Comité scientifique «Influenza», un article cofinancé par GSK. Dans le comité, quatre autres membres ont des liens avec le privé: subvention de centres de recherche, conférence et consultance rémunérée, bourse… GSK et les lobbies des vaccins sont partout »(27). À l’époque, un tiers des scientifiques qui avaient recommandé que le gouvernement achète le vaccin anti-H1N1 avaient des liens avec GSK, multinationale pharmaceutique qui a bénéficié du contrat avec le gouvernement. Celui-ci mettra au point 12,6 millions de doses, pour un marché de 110 millions €, sur conseil de groupes d’experts.

Lors de la formation du groupe de travail pour l’élaboration d’une vision stratégique de déconfinement, ou GEES, Marc Van Ranst est de nouveau là parmi les 9 élus. Oubliées ses anciennes amours, il n’œuvrerait désormais que pour le bien public.

C’est que GSK est partout. En février 2020, le PTB demandera la démission de Pascal Lizin, à la fois Président de la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI) et directeur chez GSK comme principal responsable du lobbying. SFPI, qui prit ce nom alors que la Société fédérale d’investissement (SFI), au sein de laquelle Philippe Wilmès a été administrateur, absorbait la Société fédérale de participations (SFP). Que fait la SFPI, organisme public ? Principalement deux choses : elle est à la fois une société d’investissement et un holding public. Particulièrement intéressant : la SFPI élargit ses « priorités stratégiques », en 2012. Parmi les « opportunités d’investissement que recherche la SFPI » : « Vesalius Biocapital I (fonds d’investissement — innovations médicales) », où a travaillé Philippe de Backer.

CV de Philippe De Backer: « just privacy »…

Étrange coïncidence, n’est-ce pas ? Pascal Lizin est encore et toujours à l’heure d’aujourd’hui directeur du SFPI(28). Comprenez donc bien que c’est un lobbyiste haut gradé de GSK qui dirige une structure publique en charge de décider de l’orientation des investissements tirés de l’argent du contribuable, et ceci en pleine crise du Coronavirus et avec un gouvernement doté de pouvoirs spéciaux. Pascal Lizin avait déjà auparavant indiqué où étaient ses intérêts quand il avait appuyé la loi de déduction fiscale sur les revenus des brevets, qui permettra à GSK de ne payer que 0,1% d’impôt.

De Backer et le privé

Un lien relie donc Philippe de Backer, que la Première ministre Sophie Wilmès nommera responsable de la task force en charge de la recherche de matériaux indispensables à la lutte contre le Corona(29), et le SFPI. Celui-ci a travaillé chez Vesalius Bio Capital(30) qui se définit comme une société qui investit « dans des sociétés attrayantes, en phase de développement, dans le développement de médicaments, de dispositifs médicaux et de diagnostics et dans la santé en ligne et la santé mentale, principalement en Europe. Les sociétés de notre portefeuille répondent à des besoins médicaux et commerciaux non satisfaits et opèrent sur la base d’une forte protection de la propriété intellectuelle ». Avant de rejoindre le Parlement européen, Philippe De Backer a travaillé comme responsable du transfert de technologie et comme analyste commercial, dans différentes sociétés de capital-risque spécialisées dans les sciences de la vie(31), notamment le Centre de Recherche Public de la Santé (CRP-Santé). Le CRP-Santé s’occupe notamment de la sécurisation des droits de propriété intellectuelle, y compris les brevets et les droits d’auteur, de la commercialisation des droits de propriété intellectuelle et de la négociation de contrats avec des sociétés pharmaceutiques. Il n’est dès lors pas étonnant que Patrick Florent, administrateur de GSK Vaccines en Belgique, partage avec enthousiasme les articles de presse évoquant les accords du gouvernement belge avec GSK, et le zèle que Philippe De Backer a mis pour que cela soit mené bon train.

3. Mêmes « erreurs »,ou même stratégie

Dans la situation, on ne voit pas bien les garde-fous qui permettraient d’éviter les « erreurs » de 2009, alors que l’État belge avait signé un accord secret avec GSK, sur recommandations du Comité scientifique Influenza (CSI), dont Mark Van Ranst était président. À l’époque, la déclaration des conflits d’intérêts avait été refusée sous l’argument du « respect de la vie privée ». Cela rappelle les propos de la ministre Wilmès, lors de la conférence de presse du 15 avril : « Je rappelle que les gens sont libres de travailler, de changer de carrière et de s’engager pour le bien commun, peu importe ce qu’ils ont fait avant. Je peux vous garantir que ce n’est pas la société pour laquelle vous travaillez qui fait de vous l’homme ou la femme que vous êtes. C’est en tout cas la liberté fondamentale à laquelle on croit encore dans notre pays, fort heureusement ». 

Vesalius Biocapital Arkiv (VBA), étroitement lié à De Backer, est affiliée à ING, la Région flamande et Parthoens. Ses actionnaires sont Vesalius Biocapital I SA Sicar (50,09%, Luxembourg), Arkimedes-Fonds (49,9%) et Vesalius Biocapital Partners SARL (0,01%).(32) VBA a des participations dans Biotechnological Enzymatic Catalyse, Ncardia (dont l’État belge et la province de Liège sont actionnaires) et dans Promethera Biosciences dont la Région wallonne et la société d’investissement et de financement du Brabant wallon sont actionnaires (SOWALFIN); la Sowalfin, elle-même affiliée au groupe Ackermans & Van Haaren (AVH). Pour info, Denis Pierrard patron d’IPM, quittera à une époque le groupe qui édite le quotidien La Libre Belgique, pour rejoindre Ackermans et Van Haaren (AvH) qui se définit comme créatrice de « valeur pour l’actionnaire en investissant à long terme dans un nombre limité de participations stratégiques avec un potentiel de croissance internationale ». Luc Bertrand, membre fondateur du Cercle de Lorraine, est Président de AvH et sa fille, Alexia Bertrand, en est une des administratrices, mais aussi ancienne cheffe de cabinet du vice-premier ministre Didier Reynders. À l’époque, des conflits d’intérêts avaient été dénoncés.

Le groupe Parthoens est une structure trouble dont Alain Pathoens est notamment actionnaire. Cet ancien de Nestlé, Monsanto/Searle, PWC, est co-fondateur de Newton Biocapital(33), société belge de venture-capital. Dans l’équipe de cette société qui investit dans des sociétés thérapeutiques, de diagnostic, de dispositifs médicaux, de nutrition clinique et de biotechnologie numérique, des « anciens » de chez Johnson & Johnson, Janssen, Monsanto, Pfizer, ATB Therapeutics, Bioxodes, Synergia Medical, des fonds d’investissement et de capital-risque (KBCPE, Capricorn Venture Partners, QBIC Venture Partners). Alain Parthoens travaille également chez Vesalius Bio Capital, mais a aussi été directeur d’investissement chez ING à Bruxelles, elle aussi affiliée à Vesalius.

La SFPI, société publique belge, avait mis, comme on l’a vu, via Pascal Lizin, Vesalius dans ses investissements stratégiques. Il a aussi placé ses billes dans Newton Biocapital qui « dispose déjà d’engagements pour des dizaines de millions d’euros en actions de la part de Belfius Insurance, de la Société Fédérale de Participations et d’Investissement (SFPI, Belgique) et de Sambrinvest (la société de participation wallonne). »(34) Si ça ce n’est pas du détournement d’argent public, ou comment un lobbyiste de GSK favorise le privé via une structure publique, le SFPI, qu’il dirige.

Le plus extraordinaire est que Vesalius Biocapitale Arkiv est situé au 67 de la rue Ducale, en face de la chancellerie de la Première ministre et du bunker où l’on nous empêche d’entrer pour poser nos questions depuis le 24 avril. 

« Merci, Madame Wilmès », vivent les pouvoirs spéciaux !

« Le gouvernement fédéral et l’industrie pharmaceutique belge ont décidé d’intensifier leurs efforts dans la lutte contre le Covid-19 »(35). C’était le 26 mars. Ils n’auront pas traîné. Dans la plénière du Parlement le même jour, la Première ministre tient le discours habituel, « avec au centre des préoccupations l’humain ». Pendant qu’elle nous parle d’humains, elle négocie avec le patronat de l’industrie pharmaceutique : c’est que le coronavirus promet de gros sous, autre chose que le H1N1. Une perspective de vaccin planétaire, ce n’est pas tous les jours que ça tombe.

Sur le site de la Première ministre, les CEO des entreprises pharmaceutiques remercient le gouvernement fédéral, qui a notamment accepté de ramener à 4 jours le délai requis avant le lancement d’essais cliniques sur les vaccins et les nouveaux médicaments(36). Cette décision a été prise « dans le cadre de la plateforme R&D Biopharma : « Concrètement, il s’agira d’accélérer les procédures afin de lancer des essais cliniques dans notre pays pour de nouveaux vaccins et traitements contre le Covid-19 et d’augmenter la capacité de dépistage en permettant que les tests des patients atteints du virus puissent avoir lieu dans les laboratoires des sociétés pharmaceutiques ».

« Nous nous félicitons de la décision de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) d’autoriser le lancement des essais cliniques ultra rapidement, en 4 jours seulement (!). C’est essentiel pour les entreprises pharmaceutiques ». Celle qui parle, Catherine Rutten, est depuis 2013, CEO de pharma.be, « l’association des entreprises biopharmaceutiques innovantes en Belgique ». Elle a été membre du Conseil de l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT) jusqu’en 2013, organisme qui, en plein coronavirus, déclarait : « concernant l’introduction de la nouvelle technologie 5G, l’IBPT propose, en l’attente d’un accord politique entre le gouvernement fédéral et les entités fédérées, d’octroyer des droits d’utilisation provisoire »(37). Intéressant quand on sait qu’elle intègre le Conseil d’administration de Proximus en 2013, rejoignant notamment Stefaan De Clerck et Karel De Gucht(38). Membre de Women on board, sponsorisé par Proximus, Axa, Belfius, Delhaize, BNP Paribas, Capgemini, Banque de Luxembourg, Alstom…, association qui « promeut l’accès des femmes à des rôles de direction au sein des entreprises belges (public et privé) » ; soit, une plateforme où l’on échange de bons procédés, qui masque l’inégalité sociale profonde sous le manteau d’une illusoire égalité des sexes. Exit la femme de ménage.

Karel Van De Sompel, Directeur général de Pfizer Belgique et Président de pharma.be : « À l’heure actuelle, Pfizer s’investit pleinement pour trouver un antiviral et un vaccin contre le Covid-19. Nous espérons obtenir des résultats cette année encore. Nous mettons tout en œuvre pour que les patients belges puissent en bénéficier dans les plus brefs délais ». Quelle sollicitude… Karel Van De Sompel est Président du conseil d’administration de Pharma.be(39), succédant à Sonja Willems (voir ci-dessous), directrice générale de Janssen Belgique et Pays-Bas ; lors de sa nomination, avec sa collègue Vice-présidente, ils ont déclaré : « En collaboration avec le conseil d’administration, nous allons travailler sans relâche au renforcement de la position de l’industrie avec l’objectif de faire du secteur innovant de la santé un pilier stratégique de l’économie belge. » Suite à cette intronisation, Catherine Rutten remerciera les nouveaux arrivants. Un petit cercle entre amis.

Sonja Willems, Directrice générale de Janssen Belgique et Pays-Bas : « Grâce à une coopération poussée et unique en son genre entre les autorités fédérales, les administrations et notre personnel, nous préparons – en partant de rien – un laboratoire de biologie moléculaire de haute technologie opérationnel et entièrement automatisé; et cela, en 10 jours seulement. Ce laboratoire nous permettra d’augmenter considérablement notre capacité de dépistage du Coronavirus en Belgique. C’est du jamais-vu dans l’histoire de Janssen » Du « jamais vu ». Le coronavirus a du bon pour Janssen. Prédécesseure de Karel Van De Sompel comme président du Conseil d’administration de Pharma.be, elle est aussi membre de Women on Boards.

Patrick Florent, Administrateur Délégué de GSK Vaccins, n’est pas moins enthousiaste sur le site internet de la Ministre : « Ces dernières semaines, GSK a collaboré de manière approfondie avec les autorités fédérales afin d’augmenter considérablement la capacité de dépistage du Covid-19. Nous avons été agréablement surpris par la manière dont le gouvernement fédéral gère cette situation. L’augmentation du nombre de dépistages de 2.500 à 10.000 par jour nous amènerait au même niveau que l’Allemagne per capita, généralement considérée comme étant le meilleur élève de la classe. En outre, GSK continue d’étudier la possibilité d’élargir encore la capacité de dépistage si nécessaire ».

Philippe De Backer, ministre et ancien de chez Vesalius Biocapital, s’en félicite : « C’est un avantage énorme que nous avons en Belgique de pouvoir compter sur GSK en tant que leader mondial de la santé basé chez nous. Nous sommes extrêmement reconnaissants de cette aide gratuite (sic) et cruciale qui nous aidera, tous ensemble, à faire face à la pandémie. »(40) Patrick Florent, formé à L’Université catholique de Louvain, ancien Président de European Vaccin Manufacturer, actuellement membre du conseil d’administration de Qualivax et Japan Vaccine Company, Président du Conseil d’administration de Tianyuan… partage sur Linkedin les articles et déclarations de Philippe De Backer ou de Sophie Wilmès.

Le baron Jean Stéphenne, bien implanté dans les milieux universitaires et politiques, comme ses autres acolytes, ancien vice-président et manager général de la multinationale pharmaceutique GSK, mais aussi président du CA de Nanocyl, spin off des universités de Liège et Namur, envoyait le 9 avril un mail intitulé « Soutenez la recherche menée à l’UCLouvain ». Il avait l’indécence de demander aux citoyens de soutenir financièrement l’UCL : « Afin d’amplifier encore l’impact de ces projets, l’UCLouvain a besoin de vous. Merci de soutenir les recherches menées par les chercheurs dans notre université ! ». Ou comment demander de l’argent au citoyen pour pouvoir s’en faire encore plus.

Didier Malherbe, administrateur délégué d’UCB Belgique dira : « Grâce à l’excellente collaboration entre les entreprises et les autorités, l’initiative de ses employés et sa force de partenariat scientifique, UCB multiplie les initiatives de lutte contre le coronavirus et ses conséquences ». La collaboration est excellente en effet, d’autant plus quand on sait que Bart Vermeulen, ancien d’UCB, propriété des trois richissimes familles Boël-Janssen-Solvay, travaille au cabinet de Maggie De Block comme responsable de la politique des médicaments. Bart Vermeulen, qui a aussi été économiste en chef chez Pharma.be, économiste à l’autorité belge de la concurrence est, comme la plupart, issu de l’Université Catholique de Leuven.

Le vers est dans le fruit

Cela ne semble jamais pouvoir s’arrêter… Alors que l’on citait sans cesse l’Organisation mondiale de la Santé ces dernières semaines, on oubliait de signaler que cette dernière était infestée de lobbyistes dont les financements provenaient principalement de donateurs privés, dont Bill Gates et les industries pharmaceutiques représentent les principaux. Dans les années 80, l’OMS, soumise à la pression des industriels, déclara le glyphosate « sans danger ». En 1994, l’organisation accepta de multiplier par 200 la teneur en résidus chimiques autorisée dans le soja génétiquement modifié, ce qui permit à Monsanto de gagner énormément d’argent.

Lors de l’épisode de la grippe H1N1, les laboratoires pharmaceutiques ont gagné des millions d’euros(41). Chez nous, en plein Covid-19, l’Union professionnelle belge des médecins s’offusquait du fait que le gouvernement belge décida « que les tests SARS-CoV‑2 seraient effectués non pas par les laboratoires de biologie clinique agréés, mais par les laboratoires de l’industrie pharmaceutique, sous prétexte d’élargissement des capacités (…) Ces laboratoires agréés sont aujourd’hui écartés sans préavis par des firmes industrielles et des collaborateurs qui ne satisfont pas aux exigences à remplir pour effectuer ces tests »(42). Est-ce étonnant au vu de la composition des équipes politiques censées travailler pour nous ?

Bill Gates déclara 2010 la décennie des vaccins, lui qui dira en 2011 devant l’Assemblée nationale de la santé : « Pays donateurs, vous devez accroître vos investissements dans les vaccins et l’immunisation, même si vous faites par ailleurs face à des crises budgétaires. (…) Vous, les 193 États membres, devez faire des vaccins le point central de votre système de santé. »(43) Au détriment de quoi ? Découvrant qu’une plante, l’artemisia, avait de meilleurs effets contre le paludisme que les médicaments industriels et coûteux, un médecin chercheur français qui a réalisé sa thèse sur l’artemisia, « raconte la réaction de ses supérieurs au moment des résultats de son travail : constatant que les tisanes avaient un meilleur résultat que les médicaments habituels, le jury a expliqué au thésard que les firmes pharmaceutiques risquaient de couper leur soutien financier aux chercheurs »(44). Le chercheur a été remercié.

Le 30 mars 2020, on trouve sur la page de la Fondation Bill et Mélinda Gates, un article qui annonce que « The Therapeutics Accelerator, une initiative développée par la Fondation Bill & Mélinda Gates, Wellcome, et Mastercard pour accélérer la réponse à l’épidémie de Covid-19 en identifiant, évaluant, développant et élargissant les traitements », octroie 20 millions de dollars en subventions initiales pour financer des essais cliniques. Cet argent ira officiellement à trois institutions – l’Université de Washington, l’Université d’Oxford et l’Institut La Jolla pour l’immunologie – « pour financer des essais cliniques afin d’identifier des immunothérapies très puissantes contre la pandémie de Covid-19 »(45). La Fondation Bill et Mélinda Gates, située à Seattle, est dirigée par le PDG Mark Suzman et le co-Président William H. Gates Sr., sous la direction de Bill and Mélinda Gates et le milliardaire Warren Buffett. Avec le Covid-19, la Fondation demande explicitement « un effort de financement collaboratif du secteur privé, des organisations philanthropiques et des gouvernements », tout en admettant que le privé ne pourra rien faire sans les États.

En avril 2020, Le Vif/L’express s’associait à l’UCLouvain pour nous informer. Le premier, propriété du groupe Roularta, avec Xavier Bouckaert à sa tête, licencié en droit notarial de… l’UCL, membre du Cercle de Lorraine, se liait donc avec l’université bénéficiaire habituée des dons de l’OMS et de la Fondation Bill et Mélinda Gates, cette dernière ayant versé 713.372$ à l’UCL en mars 2020, lui ayant par ailleurs commandé une grande étude sur le Coronavirus.(46) Alors que « la Fondation du milliardaire philanthrope entend accélérer la mise sur le marché massive de vaccins contre le coronavirus »(47), nous nous demandons quelles seront les choix éditoriaux de ceux qui se lient avec les financiers pour nous informer…

Ne plus espérer. Agir

Les politiques, ceux-là mêmes qui créèrent en Belgique un « comité stratégique » composé du seul milieu patronal, censé « préparer notre pays à la prochaine décennie », en réalisant « une série d’investissements urgents au cours des prochaines années » lors d’un Pacte national pour les investissements stratégiques, vont-ils répondre aux défis qui se posent devant nous, demandant justice sociale et une indispensable sortie d’un système productiviste mortifère, dont dépend l’avenir de l’humanité ? Les médias mainstream, ceux que le porte-parole de la ministre appelle « les grands acteurs médiatiques du paysage belge », propriétés des plus grosses fortunes, auront-ils intérêt à informer les gens dans le sens du bien commun ou dans celui des actionnaires ? Au vu des éléments qui précèdent, nous pouvons répondre avec certitude que non. Les instances politiques éviteront à tout prix que la vérité soit révélée et masqueront leurs censures sous les oripeaux de spécieuses « règles démocratiques », comme celle des pools(48). Il est dès lors nécessaire de traiter de complotistes ceux qui dénoncent les collusions politiques avec le privé, plutôt que de donner les informations qui nous permettraient  d’agir et de reprendre en main la maîtrise collective de notre destin.(49)

Patrons et politiciens, préparant notre avenir…

Cela ne semble donc jamais pouvoir s’arrêter. À moins que nous en décidions autrement…

Notes et références

  1. https://www.cumuleo.be
  2. http://www.cercledelorraine
  3. Elle était d’ailleurs plus que présente, donc en première ligne, lors de l’inauguration du Pacte National pour les investissements stratégiques, où l’on retrouvait tout le gratin politique et financier de Belgique. Voir https://www.npsi-pnis.be/fr# et la petite vidéo de présentation en première page.
  4. Courrier du porte-parole de la ministre, Steve Detry, le 5 mai 2020.
  5. Voir https://youtu.be/xt8MAjqI5Aw.
  6. Voir https://youtu.be/M1B0WbzCHb0
  7. https://blog.mondediplo.net
  8. Voir ce cas d’école extraordinaire : https://www.kairospresse.be
  9. https://www.kairospresse.be
  10. https://derijkstebelgen.be/
  11. https://www.lalibre.be/
  12. Voir « Nous sommes pris dans le spectacle », https://www.kairospresse.be/.
  13. https://www.kairospresse.be/
  14. « “À chacun son homme de paille »: voici les trucs de com et astuces oratoires de nos politiques », Le Vif du 7 mai.
  15. « Le Cennini Holding regroupe les activités de la famille Leo Claeys, un acteur de la vie entrepreneuriale flamande depuis plus de 100 ans puisque ses origines remontent à 1906. Aujourd’hui, c’est la quatrième génération qui a pris la relève ; elle est active dans des secteurs très divers (production, tourisme, financement mezzanine, développement de projets, TIC, e‑commerce,…) ». Voir https://www.cennini.be/?lang=h
  16. ttps://www.levif.be/. Dans l’édition du week-end du 1er et 2 août, La Libre prend le relais du Vif et récidive, avec une « interview » de 4 pages de Sophie Wilmès, discussion avec un suppôt médiatique du pouvoir, Francis Van De Woestyne. Dans la même édition, Patrick De Backer bénéficie de 2 pages pour persuader le lecteur de sa pure magnanimité.
  17. https://www.kairospresse.be/ et https://www.kairospresse.be/
  18. « La pétition « Pas de 5G », lancée fin mars 2020 (à la suite de l’annonce de Proximus), a été censurée par change.org après plus de 100.000 signatures. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, tout comme avec la plateforme avaaz.org et d’autres sans doute. Ces plateformes sont des entreprises commerciales aux objectifs non avoués, à éviter absolument. Par exemple, un des fondateurs d’Avaaz est Ricken Patel qui n’a rien d’un militant désintéressé : il « conseille » les fondations Rockefeller et Bill Gates, etc. et mène aussi des activités dans les administrations de la classe dirigeante comme l’ONU et le Département d’État étasunien. Expert en manipulation des foules et en désinformation, il a fait d’Avaaz une entreprise commerciale juteuse et une pompe à fric extrêmement efficace. Pour Avaaz, Ricken Patel a touché un salaire près de 200 000 $ par an, sans compter les plantureux honoraires de consultance qui font que les revenus de ce « progressiste » rivalisent avec ceux des PDG des multinationales (ces honoraires échappent à l’impôt aux État-Unis et donc ne sont pas connus avec exactitude). » https://stop5g.be/fr/index.htm
  19. https://www.gatesfoundation.
  20. https://plus.lesoir.be/298343/
  21. https://www.dhnet.be/actu/
  22. https://www.msn.com/fr-be/
  23. https://www.gatesfoundation.
  24. https://www.kuleuven.be/
  25. https://uclouvain.be/en/ et http://savics.org/team/
  26. https://www.eui.eu/Documents/
  27. https://www.mondialisation.ca/
  28. http://www.sfpi-fpim.be/fr/
  29. https://www.sophiewilmes.be/
  30. https://www.vesaliusbiocapital‑3.com/. Déjà, comme ministre de l’Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste, Philippe De Backer avait comme directeur pour la cellule stratégique Agenda numérique, Télécoms et Post, Luc Windmolders. Ancien directeur du service juridique chez l’opérateur Base, il a également travaillé pour l’opérateur de télécommunications néerlandais KPN et a siégé au Conseil d’administration de l’association européenne de l’industrie des télécoms ECTA. Pas étonnant que lorsque le collectif Stop5G.be l’interpellera au sujet de ses inquiétudes par rapport à la 5G et demandera une rencontre, il nous répondra : « Nous n’allons pas arrêter la 5G. Nous poursuivons une politique qui veut stimuler au maximum le développement de la 5G. Si vous souhaitez une réunion sur les effets — à mon avis inexistants — des rayonnements, vous devez vous adresser à l’autorité compétente. Le gouvernement fédéral n’a aucune autorité sur les normes de rayonnement ».
  31. http://mydata2016.org/speaker/
  32. http://www.actionnariatwallon.
  33. https://newtonbiocapital.com
  34. https://www.lecho.be/
  35. https://www.sophiewilmes.be
  36. https://www.sophiewilmes.be/
  37. https://www.kairospresse.be/
  38. https://www.proximus.com/fr/
  39. https://pharma.be/fr/news/
  40. https://be.gsk.com/media/
  41. Voir le documentaire d’Arte : « L’OMS dans les griffes de Lobbyistes ». https://www.youtube.com/watch?
  42. https://www.vbs-gbs.org/
  43. Cité dans « L’art de la fausse générosité, la Fondation Bill et Melinda Gates », Lionel Astruc, Actes Sud, 2019., p.78.
  44. Ibid. p. 80.
  45. https://www.gatesfoundation.
  46. https://www.gatesfoundation.; La Fondation finance des milliers d’organisations, même des médias, comme Le Monde, https://www.gatesfoundation. et https://fr.businessam.be/bill-
  47. https://www.lefigaro.fr/
  48. « Les chiens attaquent. Épisode 4 : Les “ pools ”, piscines où se dissimule et se noie une presse au service du pouvoir », voir www.kairospresse.be
  49. https://www.premier.be/fr/pacte-national-pour-les-investissements-strat%C3%A9giques-rapport-du-comit%C3%A9-strat%C3%A9gique

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