Le murmure n’a jamais été aussi bien rémunéré…

Pendant la période COVID nous avons découvert de nouveaux noms, Mckinsey, PWC, …. 

Nous pouvions déjà contempler leurs bureaux flambants neufs et extravagants, établis près du pouvoir à Bruxelles, mais on pouvait croire que leurs actions étaient limitées aux grandes multinationales.

Nous savons maintenant que leurs collaborateurs ne cessent de tisser une toile, permettant de faire le grand écart entre le privé et le public, avec comme objectif le profit et toujours le profit.

Si vous êtes restés figés dans le siècle passé où l’intérêt commun primait dans le public et le bien-être des travailleurs dans le privé, vous avez raté quelques épisodes.

Mais faisons un petit saut spatio-temporel.

De tout temps, des intérêts financiers et/ou politiques ont murmuré à l’oreille des décideurs. Ils ont pris l’étiquette de conseillers, de sages, de savants, d’émissaires, et j’en passe. Ils servaient des causes diverses avec plus ou moins de convictions. Leurs actions ont toujours flirté entre le partage de connaissance, l’influence, la corruption et maintenant l’invention de la fin du 20ème siècle, le lobbyisme.

Ce dernier terme tend à rendre légale la corruption active et passive des élites. Nous n’avons plus rien à envier aux pays désignés par l’Occident comme étant “sous-développés”, l’Afrique en tête, habitués aux donneurs de leçons européens.

Peut-être pourrions établir une nouvelle règle mathématique, une courbe totalement exponentielle, comme celle-ci :

Elle permettrait de corréler l’utilisation du mot démocratie dans la presse conventionnée et le taux de corruption de nos élites.

Cela ne vaut pas le prix Nobel ou la médaille Fiels, ne vous inquiétez pas, mais cela permet d’humer la tendance d’une époque.

Nous avons donc redécouvert des cabinets de conseils, prodiguant leur bon soin à tout va et dans toutes les disciplines, non pas par plaisir, mais pour de la monnaie sonnante et trébuchante. Des euros, des dollars, tout ce qui se vend et s’échange, des lois, des décrets, des accords commerciaux, de l’influence, tout est bon. Connaissez-vous le point commun de toutes ces transactions, connaissez-vous la variable d’ajustement ? Oui, vous la connaissez ! Vous, moi, il ou elle…. Nous le sommes tous. 

Lorsque le conseil touche et influence le réel, vous êtes le payeur. Je ne sais pas si c’est le destin ou de la logique pure, mais le conseil ne va jamais dans votre sens, dans votre intérêt. 

Vous et moi commençons à connaître la chanson, mais il est intéressant de constater que des corps de l’état, leader-suiveur, commencent à s’offusquer officiellement des mêmes travers que le petit peuple.

Nous avons tous espéré un sursaut militaire, une force pacifique et raisonnée quand l’état prenait à la gorge un pan entier de ses concitoyens, mais c’était sans compter, sans considérer une doctrine savamment orchestrée. Nous avons une armée de métier ! Oui, monsieur ! 

Toutes les vocations ont été rationalisées en fonction et/ou métier. Le militaire va travailler au même titre que d’autres acteurs de la fonction régalienne..

Le matin, il laisse son cœur et sa conscience à la maison tandis qu’en fin de journée, il laisse sa fonction à la caserne. Il s’agit d’un balai bien chorégraphié permettant aux hémisphères de ne jamais se croiser, s’entrechoquer. Tout, sauf l’étincelle qui permettrait au feu de renaître.

Arrêtons la flagellation et voyons le positif. 

Oui, un président d’un syndicat militaire révèle et tape du poing sur la table. Pourquoi continuer à dilapider l’argent de l’État pour des conseils dont le corps militaire n’a pas besoin. Ce dernier possède de nombreuses compétences en interne et doit s’autogérer dans l’intérêt de la nation.

Du déjà vu me direz-vous. Oui, il est vrai que l’indignation pourrait s’arrêter là, mais poussons plus loin.

L’armée belge ne serait-elle pas un secteur sensible nécessitant une certaine discrétion ? Ne devrait-elle pas décider en son sein sans qu’une puissance étrangère s’immisce jusque dans l’organigramme de l’état-major ?

Emmanuel Macron déclarait en novembre 2019 que l’OTAN était en état de mort cérébrale. Il n’avait pas tout à fait tort ou peut-être raison. Les armées européennes ont été détricotées au fil des ans, en faisant miroiter une armée de métier, supra compétente, au matériel dernier cri. Nous constatons plutôt que les armées ont été minutieusement privatisées, à tel point que certains se demandent qui fera à manger sur le champ de bataille. Les armées européennes sont bel et bien en état de mort cérébrale, dépendante du privé (c’est-à-dire soumise à la logique de marché et de libre-échange), sous perfusion matérielle américaine (au détriment de sociétés d’armement européennes) et dont les états-majors sont pilotés à distance par des cabinets de conseils dont nous savons tous qui a écrit leur livre de chevet.

Laissons-les va‑t’en guerre sur leur continent du « nouveau monde », sortons de l’Otan, renouons des alliances mutuellement positives avec nos voisins et autres nations amies. Revalorisons nos filières d’excellentes et notre armée qui servirait son peuple.

Entendons-nous bien, je ne dénigre pas cette fonction régalienne de notre état. Elle a son rôle et mérite mieux. La plupart de nos soldats ont la foi et le sens du devoir. Les états-majors font avec ce qu’on leur donne depuis trop longtemps. Une introspection permettrait de comprendre pourquoi la « défense »n’attire plus et peine à conserver ses effectifs. Il est certain que ces dernières révélations ne permettront pas au soldat de terrain de retrouver une confiance nécessaire à toute action. 

Messieurs les militaires, cet adage bien connu doit vous interpeller : Les conseilleurs ne sont jamais les payeurs. Libérez-vous des chuchoteurs et faites-vous entendre.

Jérôme Delforge

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