[HEBDO] LES AGRICULTEURS SUR LA PAILLE ET ROULÉS DANS LA FARINE

Ah, quel épuisement, quelle lancinante descente vers l’abîme. Rien ne change et tout s’aggrave. Et ils nous font croire que c’est compliqué, alors qu’ailleurs, quand ça va dans leur sens, c’est facile.

50 milliards pour l’Ukraine donc, facile, décidé sur un coin de table, pour que des peuples frères aillent s’entre-tuer. Les marchands d’armes se lèchent les babines, pendant que nos paysans crèvent. Ceux qui ont décidé, leur cul au chaud dans leur costume trois pièces, coiffés et maquillés, ne seront pas éclaboussé par les tripes des soldats qui crèvent, pas une goutte de sang souillant leur fard cachant leur vrai viage. De l’Ukraine, rien ne leur revient, ni le sang, ni les larmes de ceux qui se battent pour rien, sauf peut-être quelques produits importés qu’on retrouve dans leurs assiettes dorées sur une nappe d’un resto étoilé. On souhaiterait parfois claquer dans les doigts et que leur progéniture soit téléportée à Gaza, ou assiste quotidiennement aux suicides des paysans… sans doute verrait-il la réalité autrement.

Et les collaborateurs officiels, les propagandistes stipendiés sentent le vent, peut-être, tourner, et font mine tout à coup de saisir la colère du peuple, de peur sans doute qu’elle ne leur tombe dessus.

Sont-ils tout à coup devenus autre ? Non. Moment de folle lucidité ? Peut-être. Soit, ils retourneront bien vite dans leur caverne médiatique financée par la bande à Bolloré et les autres, bien conscients que c’est au prix de leur silence qu’on les paie.

La plupart des gens lucides savent que les médias du pouvoir ont un rôle primordial dans la déliquescence du monde et dans l’impuissance généralisée qu’ils entretiennent, ne donnant jamais d’explications sur les mécaniques du pouvoir, toujours confiants dans les promesses politiques. La colère paysanne se résume ainsi pour eux dans les JT comme des embouteillages et des négociations entre deux mondes que rien ne réunit : des politiques en costard-cravate, hors-sol et aux salaires indécents, et des paysans qui les nourrissent et qui crèvent, de misère et de phytosanitaire. Ces politiques me font penser à ces enfants américains qui croient que les fishtick sont pêchés tels quels dans la mer.

Ainsi, les représentants syndicaux ont rencontré Von Der Leyen, celle qui, exfiltrée d’Allemagne pour corruption, a signé avec Pfizer le plus gros contrat de l’histoire des insitutions européennes, et refuse de révéler ses échanges de SMS avec le patron de la multinationale pharmaceutique, Albert Bourla. Et ils veulent encore nous faire croire que ces gens sont dignes de confiance. On ne négocie pas avec la mafia. Bien qu’elle avait encore quelques principes, là où la politique ment sans cesse. George Orwell avait tout compris, lui qui disait : « Le langage politique est destiné à rendre vraisemblable les mensonges, respectables les meurtres et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent. »

Et ils continuent à vous faire espérer.

Espérons, espérons, pendant que le sol se dérobe sous nos pieds. Espérez, espérez, un jour il ne restera plus rien. Imaginez la force de frappe : 1300 tracteurs dans Bruxelles, pensez à ce qu’ils auraient pu faire ? Mais en face, le pouvoir a mis en place la même mécanique de dévoiement de la colère que lors du convoi des libertés, conduit et enfermé au Heysel : cette fois, ils ont confiné les tracteurs à la place du Luxembourg et les rues adjacentes, incapables de bouger pendant quatre jours, pendant que lors du dernier le conseil européen se tenait, alors que la place Schuman était vide. Ce n’est pas le pouvoir qui vous donnera le blanc seing pour la révolution.

Hugues Falisse, porte-parole FUGEA, la queue entre les jambes venait annoncer aux agriculteurs rassemblés, ce qu’ils avaient obtenu : le fait que lors d’un prochain conseil, une délégation des syndicats des agriculteurs pourraient être là.

Pas grand-chose donc, pour dire « rien ». La PAC, les accords de libre échange, la bureaucratie imposée aux paysans… rien.

Aujourd’hui, les jeunes ne peuvent plus reprendre l’exploitation de leurs parents, certaines fermes étant endettée depuis des décennies, même parfois depuis l’époque où les Etats-Unis envahirent l’Europe et la colonisèrent culturellement et économiquement avec le plan Marshall.

Le bon sens populaire, celui qu’on n’entend plus, la caste médiatico-politique le balayant, pétrie de cette idéologie qu’aujourd’hui est nécessairement mieux qu’hier et moins bien que demain.

Ah, c’était la fête. On applaudissait les agriculteurs. Souvenez-vous, on tapait aussi dans les mains aux fenêtres pour les soignants, la plupart acceptant un instant de se lever du fauteuil où ils regardaient le JT ou un autre quelconque mensonge diffusé par la télé, pour passer la tête dehors. Quelques mois après, on les avait oubliés. Pendant qu’ils étaient virés, pire « suspendus », n’ayant plus droit à rien, pour avoir refusé de se faire injecter un produit expérimental, le silence était total. Certains se donnaient la mort, à bout. Comme les paysans. Déjà à l’époque, les tracteurs auraient dû être en rue pour soutenir la cause des soignants, les soignants auraient dû sortir par solidarité pour les enseignants, les enseignants pour les pompiers…

La fête a comme des relents d’enterrement, pneus qui fument et sono crachant de la musique abrutissante. L’époque est à pleurer. Les citoyens prenant pour guide des représentants et porte-parole qui murmurent à l’oreille des puissants. Les esclaves en attente d’un geste de leur maître.

Et vous parlez d’optimisme ? Laissez ces mots aux présentateurs de la RTBF. Nous parlerons d’optimisme quand il y aura de l’organisation. Ne pleurez plus, demain, tout ira mieux, demain ce sera la bonne, demain, demain, demain…

Soutenez la presse libre. En face, ils veulent nous voir disparaître. Comme ils veulent voir disparaître soignants, enseignants, paysans.

L’union fait la force n’est pas un slogan vide de sens dans la bouche d’un premier ministre qui veut voir se lier bourreaux et victimes. Il est une nécessité vitale.

A bientôt.

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