Cancel culture et politiquement correct : la cabale des nouveaux dévots

Marni 1664 : la compagnie du Saint-Sacrement, fer de lance du parti dévot, tente de faire interdire le Tartuffe de Molière au motif qu’il attaquerait la religion et serait blasphématoire. Certains en appellent même à brûler le dramaturge. Cet épisode, resté dans l’Histoire sous le nom de « cabale des dévots » devrait nous alerter. Aujourd’hui, à travers le politiquement correct et la « cancel culture », ou culture de l’annulation, de nouvelles formes de censure et d’autocensure se mettent en place et prennent pour cible la culture et les arts en général. État des lieux d’une société où les libertés de création et d’expression se trouvent, à nouveau, menacées.  Il n’y a pas longtemps, sur le plateau d’une télévision régionale bruxelloise, une élue Ecolo bon teint discourait doctement de « consommation éthique de la culture » et mettait en garde contre des œuvres jugées moralement douteuses. Je ne sais plus trop à quelles œu …

1. Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint, Délivrez-nous du bien !, L’Observatoire, 2018.
2. Claire Talon-Hugon, L’art sous contrôle, PUF, 2019, p.8.
3. Voir Monique Canto-Sperber, Sauver la liberté d’expression, Albin Michel, 2021,
   p.31.
4. Idem, p. 27.
5. Ce film, remake de celui de Don Siegel avec Clint Eastwood (1971), raconte l’histoire d’un soldat nordiste blessé et recueilli dans un pensionnat de jeunes filles sudistes. Bien que situés à la fin de la guerre de sécession, ni ces films ni d’ailleurs l’histoire originale tirée du roman de Thomas Cullinan n’ont pour thème principal l’esclavage ou la situation des Noirs durant cette période, même si la thématique est évoquée de façon sous-jacente. Il s’agit plutôt d’un huis clos psychologique où se tissent des relations hommes-femmes très ambivalentes dans un contexte de guerre.
6. Monique Canto-Sperber, op. cit., p. 240.