« CRÉER LE CHAOS ET RENVERSER LES TABLES » ? RÉFLEXION SUR LA DÉMOBILISATION ORGANISÉE ET EN COURS

Préambule

Nous souvenons-nous quand il y a 5 ans, 3 ans, 1 an, constatant que le monde dans lequel nous étions sombrait, nous nourrissions le secret espoir qu’un véritable changement arrive. 5 ans, 3 ans, 1 an sont passés et les choses se sont aggravées, que ce soit en termes social ou climatique. Doucement, nous allons vers l’abîme, qui peut encore le nier ?

Mais alors qu’il nous faudrait en tirer les inévitables conséquences, chaque fois nous oublions de nous rappeler nos espoirs passés aujourd’hui déçus. Cette faculté de ne pas se souvenir de ce que nous espérions pour repartir toujours de l’actuel, si elle est une condition de l’espoir, demeure toutefois tragique, car elle signe une soumission à un perpétuel présent. Il faudrait pourtant toujours être en mesure de nous imaginer le futur pour anticiper comment ce que nous faisons maintenant pourrait nous amener à, de nouveau, le regretter plus tard.

Reste qu’il nous faut admettre que nous avons toujours une longueur de retard, ce qui nous fait ressentir quelque chose d’infiniment désespérant, à savoir que le pire continue, qu’aucun changement véritable n’a encore eu lieu, et que les mesures actuelles participent de la continuité ; et que, peut-être, ce véritable changement que nous attendons n’aura jamais lieu. Ceux qui ont des enfants craignent de les laisser dans un monde qui risque bien de devenir un enfer, les prémisses des changements climatiques étant là pour nous le rappeler ; ceux qui n’en ont pas encore se disent qu’ils n’en auront peut-être jamais. Mais qu’on se « rassure », car si nous pouvons penser la chose, c’est que nous ne faisons pas partie de ces morts passés ou de ces survivants présents, morts en sursis du fait de nos modes de vie. Eux n’ont pas l’occasion de philosopher et se demander si le futur réservera l’enfer à leur enfant, il leur réserve en effet déjà tous les jours.

Des perches sont tendues…

Pourtant, des occasions nous sont offertes. Mais aujourd’hui, alors que les « gilets jaunes » se révoltent et refusent les règles du jeu dictées par l’État, des mouvements socio-réformistes demandent à côté aux ministres d’agir pour sauver le climat. Là où les premiers ont compris que ceux qui les gouvernaient les avaient mis et laissés dans la misère de cette France périphérique abandonnée, les seconds supplient encore ceux qui ont détruit la nature – avec notre consentement tacite le plus souvent – et continuent à le faire, pour « qu’ils comprennent qu’il faut à tout prix changer les règles du jeu ». C’est là faire preuve d’une fabuleuse naïveté(1), tout en créant dans un même temps une démobilisation populaire conséquente, que de demander à ceux qui ont organisé le chaos de maintenant reprendre leurs esprits.

On croirait à une blague, mais non. « Act for climate justice » a ainsi lancé l’action Interpelle tes ministres! où « tout un chacun est appelé à faire parvenir un message aux quatre ministres chargés des questions climatiques et environnementales: Marie Christine Marghem (fédéral), Jean-Luc Crucke (Wallonie), Céline Fremault (Bruxelles) et Joke Schauvliege (Flandre) ». Que croyez-vous qu’ils en aient à foutre mes chèr.es ? La leçon de Madame Marghem ne vous a‑t-elle pas suffi, alors que deux jours après la manifestation climat, la Belgique votait contre une proposition de directive sur l’efficacité énergétique ? Ses inconséquences nucléaires non plus ? Ou celles de Jean-Luc Crucke, ministre du Budget, des Finances, de l’Énergie, du Climat et des Aéroports (oui, du climat et des aéroports…), qui a récemment décidé le remplacement des luminaires équipés de lampes à décharge (au sodium et autres) par des luminaires LED sur l’ensemble du réseau autoroutier wallon, ce qui coûtera 600 millions d’euros aux Wallons, au profit unique de la SOFICO, de ses fournisseurs et de leurs actionnaires(2). Ou Céline Fremault, qui nous fait le cadeau du déploiement de la 5G à Bruxelles ?

«  Les responsables politiques aujourd’hui font partie du problème, et non de la solution  ; en effet, les décisions qui devraient être prises pour provoquer un changement d’attitude significatif les rendent très impopulaires, et ils en ont parfaitement conscience ».

Stephen Emmott, 10 milliards

Et même si les élus devaient agir dans un sens qui ferait l’unanimité, on ne peut que s’attendre à ce que ce soit sous une forme trompeuse, fictive, consécutive à des campagnes de communication dont l’objectif aura été de nous faire accepter le projet décidé par les élites, soit de nous amener là où ils veulent en nous laissant croire que c’est nous qui avons tracé le chemin. Bien avant les remous « climatiques » de la population, ils s’y étaient d’ailleurs déjà attelés avec le Pacte national [« public-privé »] pour les investissements stratégiques lancé en grande pompe au musée de Tervueren le 11 septembre 2018… Aux commandes de ce Pacte : Michel Delbaere, CEO de Crop’s (production et vente de légumes, fruits et repas surgelés) et ancien patron du Voka(3), mais aussi, parmi d’autres multiples fonctions, président de Sioen Industries ; Dominique Leroy, CEO de Proximus ; Marc Raisière, CEO de Belfius ; Michèle Sioen, CEO de Sioen Industries (leader mondial du marché des textiles techniques enduits et des vêtements de protection de haute qualité.), ancienne présidente de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), manager néerlandophone de l’année 2017, accessoirement impliquée dans le Luxleak ; le baron Jean Stéphenne, bien implanté dans les milieux universitaires et politiques, comme ses autres acolytes, ancien vice-président et manager général de la multinationale pharmaceutique GlaxoSmithKline Biologicals, mais aussi président du CA de Nanocyl, spin off des universités de Liège et Namur, spécialisée dans les nanotubes de carbone (batteries, voitures, électronique…) ; Pieter Timmermans, administrateur de la FEB(4).

Les troupes s’avancent, ou la percée prévue du privé

Les CEO ont dans ce rapport «voulu formuler des recommandations concrètes pour des investissements urgents en Belgique. » Comprenez donc que, bien avant que les étudiants manifestent le jeudi ou que vous arpentiez les rues de Bruxelles les dimanches, les « décideurs » avaient d’autres préoccupations et urgences que le climat. Ils n’attendent que des investissements qui vont « renforcer les fondements de notre économie. Suite à cela, la croissance économique devra s’accélérer et de nouveaux emplois seront créés. Ainsi, nous pourrons préserver le modèle social belge. » Le « modèle social belge » ? où un enfant sur 4 vit en dessous du seuil de pauvreté, où le nombre de gens qui dorment dans la rue croît chaque jour, où plus on est pauvre plus on rate à l’école… ? Dans ce pacte, véritable planification patronale des prochaines décennies, aucune remise en question du modèle de société n’est possible et donc aucune chance de « sauver le climat ». Les chefs d’entreprise nous disent d’ailleurs « promis, « on ne veut pas une remise en question d’un modèle économique, mais pas non plus l’inverse » » (Le Soir, 06/02/19). Traduction : ils savent ce qu’ils veulent, mais ils ne veulent pas qu’on le sache.

Les plus naïfs auront pu penser que les parlementaires allaient s’indigner de la composition d’un tel panel de chefs d’entreprises censé penser l’avenir de la Belgique. Ils sont au contraire tous grandement enthousiastes, si ce n’est même qu’ils en demandent plus. Ce pacte n’est d’ailleurs que « le point de départ de la réalisation de ces investissements urgents », organisé à un niveau transnational et doté de relais dans chaque pays. Il est intéressant de constater que très vite après la signature de ce Pacte, mais aussi la création d’une ASBL, Mandat climatique, dont on verra qu’elle agit en éminence grise, apparaissent des leaders dont on peut douter du caractère spontané(5). La jeune Suédoise Greta Thunberg lance une grève pour le climat qui fera rapidement des émules en Europe, dont Anuna De Wever et son amie Kyra Gantois qui lancent le mouvement Youth for Climate, dès juillet 2018. Ce qu’on sait moins, c’est que c’est la start-up We Don’t Have Time qui a « orchestré son succès médiatique. En effet, les premières photos de Greta Thunberg qui ont circulé sur internet ont été prises par Mårten Thorslund, responsable marketing et développement durable de We Don’t Have Time (…) start-up de la tech qui compte utiliser le pouvoir des réseaux sociaux pour responsabiliser les dirigeants et les entreprises vis-à-vis du changement climatique »(6). En Belgique, c’est l’organisation Mandat climatique qui assurera ce rôle de « responsabilisation des dirigeants et entreprises », en mettant en place de véritables campagnes publicitaires, comme Sign for my future qui assurera la promotion de son produit phare : « l’urgence climatique ».

Le climat, plus politique que jamais

L’égérie de Youth for climate, Anuna De Wever, qui « ne croit pas au système politique » et pour qui « l’environnement est apolitique et concerne tout le monde »(7), perd de sa verve et de sa critique quand elle prend le micro devant un parterre de chefs d’entreprise lors de l’inauguration de Sign for my future le 5 février, initiative ratifiée par de nombreuses multinationales comme BNP Paribas, Unilever, Bpost, Google, Colruyt, des chefs d’entreprise, des ONG et l’ensemble groupes de presse belges propriétés des plus grosses fortunes…

Sign for my future se veut « sans aucune couleur politique ni objectif commercial, neutre et différente » (JT RTL, 05/02/19). « Sans objectif commercial », même si Marc Dubois, administrateur du groupe Spadel (Spa, Bru, Devin…), dira ce jour de lancement de la campagne : «Dans le développement durable, il y a les trois P, un des P c’est profit, à côté de planet et de people, donc je n’ai aucun problème de parler de profit dans un cadre de développement durable, aucun problème avec ça ». C’est évident : pas de développement durable sans le P de profits, les deux autres (« people et planet ») n’étant là que comme décor-alibi.

La tendance macronienne à se refuser de droite ou de gauche participe d’une modernité qui veut brouiller les pistes, se dit sans idéologie, apolitique, tout en soutenant qu’on est peut-être milliardaire et sauver le climat. Le melting pot de « Sign for my future » en est la preuve, l’ambiguïté du slogan de « lutte climatique » participant de cette confusion. Il faut relire ces propos qui datent de 1983 et pourraient être écrits aujourd’hui, tout y étant dit : « Les campagnes alarmistes déclenchées au sujet des ressources de la planète et de l’empoisonnement de la nature par l’industrie n’annoncent certainement pas un projet des milieux capitalistes d’arrêter la croissance. C’est le contraire qui est vrai. Le capitalisme s’engage maintenant dans une phase où il va se trouver contraint de mettre au point un ensemble de techniques nouvelles de la production de l’énergie, de l’extraction des minerais, du recyclage des déchets, etc., et de transformer en marchandises une partie des éléments naturels nécessaires à la vie. Tout cela annonce une période d’intensification des recherches et des bouleversements technologiques qui exigeront des investissements gigantesques. Les données scientifiques et la prise de conscience écologique sont utilisées et manipulées pour construire des mythes terroristes qui ont pour fonction de faire accepter comme des impératifs absolus les efforts et les sacrifices qui seront indispensables pour que s’accomplisse le nouveau cycle d’accumulation capitaliste qui s’annonce »(8).

Si les médias se sont emballés, « allant du Washington Post au New York Times » en passant par de nombreuses chaînes de télévision relayant un message pour sauver le climat posté sur Facebook par une jeune inconnue, c’est que ce dernier ne porte aucune charge claire contre le système capitaliste et son principe d’accumulation illimitée. Comme le dit bien le sociologue Alain Accardo, « l’apologie généralisée de l’« ouverture » et du « dialogue » tous azimuts laisse ignorer le fait que le seul dialogue bien perçu dans le système est celui qui s’instaure entre des variantes d’un même discours et que les seules audaces bien accueillies sont celles qui relèvent du sacrilège rituel et des outrances passagères de la mode »(9).Croire qu’une telle contestation pouvait provoquer un point de basculement médiatique relevait d’une ignorance quant au rôle des médias de masse en système capitaliste, ceux-ci participant depuis des décennies à l’enseignement de l’ignorance. Ce samedi 9 février, Anuna De Wever trônait en couverture du Soir, bénéficiant d’une double page intérieure. C’est notamment à BeCentral qu’elle a reçu les journalistes du quotidien pour l’interview. BeCentral, c’est le nouveau « campus digital », créé et soutenu par 40 entrepreneurs, pour « combler le déficit de compétences numériques et contribuer à accélérer la transformation numérique en Belgique ». Parmi ses fondateurs, notamment : Bart Becks, CEO de Angel.me, une plateforme pour investir dans des start-ups, promouvant le tax-shelter ; Karen Boers, co-fondatrice et directrice de Startups.be ; Chris Burggraeve, ancien directeur commercial de AB Inbev, qui a récemment investi dans greenRush, le plus grand marché en ligne de vente légale de cannabis ; Herman Derache, directeur de Sirris, entreprise qui se concentre sur le business et la stratégie technologique des entreprises ; Pascal Van Damme, qui travaille pour Dell ; Peter Hinssen, CEO de Nexxworks, qui est une « communauté de leaders d’opinion qui aide les entreprises à prospérer à l’ère des disruptions » ; etc(10).

Savoir si les leaders de ces mouvements pour le climat sont des victimes ou des protagonistes consentants n’est pas le plus important, si l’on retient que leurs « sacrilèges rituels et outrances passagères » sont sans doute le résultat d’une stratégie de communication du pouvoir, peu connue, et dénommée astroturfing. Celle-ci « se réalise à travers une panoplie de moyens de communication (Web, documents imprimés, création d’un faux groupe d’intérêts, sollicitation frauduleuse d’appuis à une cause, etc.) qui laissent entendre qu’ils sont d’origine citoyenne et/ou qu’ils défendent les intérêts des citoyens. Ils sont plutôt l’œuvre d’un autre acteur, gardant secrète sa réelle identité et ayant son propre agenda non avoué publiquement. Reposant sur de la fausse représentation, l’astroturfing faite partie de stratégies de communication réalisées quotidiennement dans l’espace public, qu’elles soient apparentées aux pratiques de relations publiques, de communication marketing et/ou de publicité sociétale, entre autres »(11). C’est là une modernisation des techniques qu’ Edward Bernays, père des « relations publiques », initia déjà au début du XXe.

On y a donc été un peu vite lorsqu’on voyait dans l’« état d’urgence climatique » un concept mobilisateur. En effet, cette « gestion de crise » permanente a généré un état d’anxiété pérenne (« J’ai 17 ans et c’est la peur du changement climatique qui me guide », 08/02/19, Le Soir ; « La peur du climat me guide », Le Soir, 9–10/02/19) facilitant la réceptivité par le citoyen des messages créés par les agences de propagande pour le climat.

L’urgence des uns n’était donc pas l’urgence des autres et celle, légitime, d’une grande partie de la population face au désastre climatique, constituait paradoxalement une aubaine pour associer au projet de transition technologique du patronat la nécessité de la vitesse, inhérente au danger et à la peur. «Cela fait bientôt 40 ans que l’on nous annonce, par la voix des savants oracles, que le temps presse, qu’il ne nous reste plus que 10 ans pour changer de cap, faire face à ce défi radicalement nouveau, « magnifique mais redoutable », etc. (en 1992, c’était 1.600 scientifiques, dont 102 Prix Nobel, qui signaient un « avertissement à l’humanité » affirmant qu’« il ne reste qu’une ou deux décennies avant que nous perdions toute chance d’échapper aux menaces qui nous guettent et que les perspectives d’avenir de l’humanité ne soient drastiquement réduites »). On pourrait ironiser sur un état d’urgence instauré avec aussi peu de hâte, mais l’explication est fort simple. Il fallait seulement qu’une fois un seuil franchi dans les atteintes aux équilibres naturels, dits « externalités négatives », le management capitaliste apprenne à en reconnaître la positivité possible et en vienne à envisager là, à travers la seule « prise de conscience » qu’on puisse mettre à l’actif des experts catastrophistes, un gisement de profitabilité perpétuelle dont il ne lui restait plus qu’à convaincre donneurs d’ordre et actionnaires »(12).

Sous l’argument climatique, se prépare le casse du siècle organisant un transfert massif de fonds publics vers le privé. Sign for my future, d’une même voix que les fédérations patronales, exige par exemple un « plan d’investissement » qui devra entrer en vigueur au plus tard en 2022 et « une Loi climat » permettant d’adapter le cadre législatif pour l’accroissement des profits. La demande des signataires s’adresse à l’ensemble du monde politique. « « Le but, c’est d’élargir le public mais aussi de montrer que le climat n’a pas de couleur politique », explique Koen Verwee à l’initiative de ce texte et par ailleurs CEO de De Persgroep »(13), un des grands groupes de presse belge, propriété de la famille Van Thillo, 18ème fortune belge (1.066.410.000€). C’est presque un copier-coller des revendications du patronat qu’on trouve dans le Pacte national pour les investissements stratégiques ou dans les documents de la Commission européenne. Dans ce Pacte, on peut lire : « Si nous ne faisons rien aujourd’hui, nous passerons à côté de dizaines de milliards d’euros de prospérité d’ici 2030. Si, aujourd’hui, ce constat est malheureux ; demain, il s’agira d’un problème grave. Nous avons besoin de toute urgence de cette croissance et de cette prospérité supplémentaires. La Belgique doit en effet faire face à un important vieillissement de la population. Cela signifie que de moins en moins de travailleurs contribueront à la prospérité tandis que nous aurons besoin de plus en plus d’argent pour payer la hausse du coût des pensions et des soins de santé. Nous devons donc nous assurer d’accélérer la croissance et de créer plus de prospérité. Si nous maintenons le cap de la prospérité, nous augmenterons les moyens disponibles pour faire face à ces coûts. Forts d’une plus grande prospérité, nous pourrons également continuer à investir dans l’enseignement, la recherche, le développement, la mobilité et les technologies de demain. Et c’est ainsi que nous préserverons aussi la croissance et la prospérité pour les générations futures et que nous ferons de la Belgique un leader en Europe dans tous les domaines. » Croissance, prospérité. Amen.

Frappes de destruction massive

Les tirs ciblés deviennent dès lors multiples et variés, d’autant plus impactant qu’ils ne sont pas perçus pour ce qu’ils sont (des offensives du monde économique), mais pour des solutions découlant d’une prise en compte politique des inquiétudes des gens ; cette confusion résultant elle-même d’une propagande massive des médias de masse qui joue le rôle de préparer l’opinion, la chaîne publique RTBF excellant dans cette fonction. Ainsi, dans un contexte de « transition numérique », le Parlement votait en pleine période estivale le déploiement des compteurs communicants à Bruxelles ; simultanément, le cabinet Fremault peaufinait sa stratégie d’épandage de la 5G sur tout le territoire bruxellois, les textes d’avant-projets d’ordonnance et d’arrêtés ayant été approuvés en première lecture quelques semaines après par le gouvernement ; côté enseignement, le SETT, School Education Transformation Technology, prévoyait pour avril 2019 le « 1er événement du numérique à l’école ».

Vous avez des réserves sur le numérique à l’école ? « L’enseignement doit s’impliquer et sauter le pas. Du fondamental au supérieur, l’école a la mission de façonner les jeunes d’aujourd’hui au monde de demain (…) À bien des égards, la transition numérique est d’ailleurs déjà en marche : vous et l’ensemble de votre personnel enseignant en êtes les principaux acteurs ». La Communauté française émettra même une circulaire (6960) : « Deux jours à la découverte des technologies adaptées au monde de l’enseignement », qu’elle intégrera au catalogue des formations des enseignants. Intéressant quand on sait que SETT accueillera notamment comme exposants Microsoft, Ricoh, Hewlett-Packard, Technobel (Centre de compétence spécialisé dans le numérique), etc. ; le lundi 4 février 2019, ce sont les mêmes « décideurs » que l’on retrouvait au « Forum électoral de la FEB », avec comme maîtresse de cérémonie Béatrice Delvaux (Le Soir), accompagnée de Christophe Deborsu (RTL), Indra Dewitte (Het Belang van Limburg), Ivan De Vadder (VRT) et Pieter Timmermans (FEB); dès janvier, Good Planet, sponsorisée par Axa, Ikea, Deloitte, Delhaize, etc., proposait de « collecter la voix des jeunes sur le climat » (voir la photo ci-dessous, les forces de l’ordre protégeant le patronat, à l’entrée des Beaux-Arts).

Mais c’est la création de L’ASBL Mandat climatique le 13 juillet 2018, qui formalise la préoccupation patronale d’accélérer la cadence par la mise en place d’une organisation ad hoc, composée d’agences de pub et du secteur associatif. Celle-ci aura officiellement « pour but de mener des actions afin d’encourager les responsables politiques à prendre toutes les mesures nécessaires pour que les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat soient atteints en Belgique. Ces objectifs devraient limiter le réchauffement climatique à un maximum de 2°C ». Si ce vœu est déjà en lui-même pieux, étant malheureusement trop tard pour ne plus dépasser les 2°C(14), la seule origine des membres de l’ASBL laisse supposer des intérêts bien moins nobles. On y retrouve : Guy Weyns, Tomas Wyns, Piet Colruyt, Annemie Goegebuer, Piet Wulleman, Sylvie Irzi, Davy Caluwaerts, Antoine Lebrun, Céline Tellier, Mathias Bienstman, David Leyssens, Frank Van Swalm(15). Si la plupart de ces noms ne vous disent pas grand-chose, à part celui de Colruyt, les profils dessinent trois pôles qui tracent en filigrane les véritables desseins de l’ASBL.

1. Le pôle patronal :

-Guy Weyns, ancien de Morgan Stanley, est l’actuel directeur de Paradigm Capital Investments(16)

Piet Colruyt est dans la direction du groupe Colruyt, cousin du grand patron Jef Colruyt. Si l’homme d’affaires a saisi l’argent qu’il y avait moyen de se faire sur la misère à laquelle il concourt tout en y prodiguant quelques soins palliatifs (appelez dans la novlangue « entrepreneuriat social »), Piet a surtout pris conscience il y a quelques années du créneau financier que représentait l’environnement et qu’il ne pouvait absolument pas louper le coche : « Une entreprise qui veut contribuer au développement durable a tout intérêt à faire en sorte que son projet soit rentable pour inscrire celui-ci dans la durée. »(17)

2. Le pôle médias/agences de communication :

Koen Verwee est directeur de « médias d’actualité » chez Persgroep Publishing, groupe de presse qui édite notamment L’Echo, De Tijd, Het Laatste Nieuws et De Morgen, et, si on l’a oublié, est la propriété de la Famille Van Thillo, 18ème fortune belge. Koen Verwee était auparavant vice-président chez UPC Cablecom, opérateur suisse (télévision, internet, téléphone) fournissant plus de 1,2 million de clients ; il a également occupé la même fonction chez Telenet(18).

Annemie Goegebuer est passée par des cabinets ministériels après la scène culturelle à Milan, Genève, Paris, pour atterrir à l’agence de publicité Publicis où elle est « directrice stratégique ». Chez Publicis, elle a notamment assuré la communication pour BNP Paribas Fortis, Orange, Hello bank et Carrefour(19).

Piet Wulleman est directeur de la stratégie (Head of strategy), dans l’agence de publicité Guillaume Duval, membre du groupe Publicis. Il se définit comme un « psychologue de la consommation » où il a plus de 20 ans d’expérience. Sa passion est d’ « aider les équipes créatives à trouver des informations pointues sur les consommateurs afin de les transformer en communication puissante »(20).

Sylvie Irzi est directrice management chez Mediabrands, agence de publicité, après avoir notamment occupé de hautes fonctions chez Microsoft(21).

- Davy Caluwaerts, est le directeur Publicis Emil Benelux(22).

- David Leyssens est responsable de la gestion opérationnelle de The Shift, sorte d’organisation qui réunit des acteurs, organise des formations, notamment sur le thème de la transition écologique(23).

3. Le pôle ONG/associations : sorte de relais entre le pôle patronal et le citoyen :

Céline Tellier est secrétaire générale adjointe de la Fédération d’associations environnementales Inter-Environnement Wallonie.

Mathias Bienstman, économiste, est directeur politique au Bond Beter Leefmilieu, fédération regroupant plus de 140 associations environnementales flamandes.

Antoine Lebrun est directeur de WWF Belgique, la fameuse…(24)

Les propositions de cette caste capitaliste

Le pôle qui mène la danse est évidemment le premier, qui demande pour mener à bien ses fins les services d’un organe de propagande (pôle 2) et un relais vers la « société civile » (pôle 3) qui calmera les doutes et inquiétudes de certains. Comme le dit notre ami Démosthène dans son dernier et récent ouvrage, cet univers de jeunes capitalistes se caractérise par quatre propositions qui lui sont propres :

1. la première, politique, serait : « Nous sommes les maîtres car nous sommes porteurs de l’esprit (sachant que les vrais maîtres sont ceux qui savent amener les « esclaves » à servir des causes qui les dépassent) » ;

2. ensuite, au sujet de cet art de gouverner en occultant : « Nous avons le devoir de cacher nos objectifs (puisque nous voulons les faire réussir) »;

3. la troisième, néomalthusienne, a trait à l’avenir du monde : « La survie du monde est à court terme en jeu » ;

4. la dernière et quatrième, bien décrite par le même auteur, se rapporte à la fable des abeilles de Mandeville, dont le principe pourrait se résumer ainsi : « Les vices privés font la vertu publique et Seul le capitalisme, parce qu’il est amoral, peut sauver le monde »(25).

Le versant patronal de l’organisation Mandat climatique condense en effet ces quatre propositions. Piet Colruyt, mentor de l’ASBL, n’a‑t-il pas en effet participé à l’ouvrage collectif « Tous pour le social 3.0. Les entrepreneurs sauveront-ils la planète ? » Il est donc porteur du savoir et de l’esprit que la masse n’a pas (point 1) ; toutefois, on sait que l’actionnaire de Colruyt a investi dans de multiples entreprises et start-up liées à la transition énergétique et aux énergies renouvelables, mais il cache ses objectifs sous des valeurs philanthropes et écologiques(26) (point 2) ; Mandat climatique est fondé sur le principe premier de faire respecter les objectifs de « limiter le réchauffement climatique à un maximum de 2°C » et, au niveau social, Piet Colruyt lui-même a été conquis par l’entrepreneuriat social en lisant How to change the world. Social entrepreneurs and the power of new ideas. Un sauveur, soit (point 3) ; enfin, Piet Colruyt et ses comparses exhortent les responsables politiques à prendre des mesures pour « sauver la planète », mais mettent tout en œuvre pour empêcher ces mêmes responsables de prendre des mesures pour que des familles comme la sienne ne puissent pas amasser des fortunes indécentes et occuper la deuxième position du royaume en termes de richesse, avec 2 milliards 417 millions d’euros.

La contre-insurrection

« La bourgeoisie travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste. Et elle-même doit le croire ».Paul Nizan, Les chiens de garde, 1932.

La contestation « climatique », jusqu’ici encore inoffensive pour l’ordre établi, ne devrait surtout pas se muer en un mouvement offensif qui ciblerait les responsables structurels du désastre en cours, à savoir les grands investisseurs et autres multinationales, et ceux qui les servent, entendez : les politiciens. Sign up for my future consacre ce premier acte contre-« insurrectionnel », anticipant un retournement inattendu défavorable au capitalisme. On l’a vu, le patronat, les agences de marketing et les groupes de presse travaillaient déjà ensemble pour perpétuer le pillage de la planète et assujettir une majorité des êtres. Dans le Pacte national pour les investissements stratégiques, les plus grands patrons belges énonçaient clairement que « la Belgique a besoin d’urgence d’investissements. C’est pourquoi nous espérons que ce rapport débouchera sur un Pacte clair. Nous souhaitons le mettre en œuvre d’ici à 2030 (…) Il est évident que le présent Pacte ne constitue que le point de départ de la réalisation de ces investissements urgents. Le Comité stratégique veut préparer l’économie et le modèle social belge à la prochaine décennie. C’est pourquoi le Comité escompte que ses avis seront rapidement traduits en actions concrètes. Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin de la collaboration des entreprises, des citoyens et des autorités. » Vous avez donc saisi que s’ils ont la collaboration d’eux-mêmes (les entreprises) et des politiques, ils ont absolument besoin de la nôtre, celle du peuple. Les patrons qui signent ce pacte connaissent en effet les réticences grandissantes d’une partie de la population face à l’invasion technologique de nos vies. Ils savent donc qu’il faudra un travail de « pédagogie », entendez une propagande efficace, pour faire accepter par le peuple une transition que le patronat appelle de ses vœux tant elle représente une ultime métamorphose du capitalisme (qu’ils nomment « disruption ») qui lui permettra d’assurer les profits pour les prochaines décennies, et de perpétuer le désordre climatique du fait de la destruction des écosystèmes.

«  Un frein important aux nouvelles installations est l’opposition d’une certaine partie du public. Il est donc nécessaire de continuer d’informer et éduquer le public de façon objective, et de dépassionner le débat autant que possible ». Comité Fremault sur l’impact sanitaire des ondes électromagnétiques.

Les manifestations des derniers mois impliquent ainsi la mise en place d’un plan com visant à désamorcer tout ferment populaire véritablement révolutionnaire, la référence guerrière parlant d’elle-même : « On a sorti la grosse artillerie : les spécialistes du marketing et les agences de pub ont tourné à plein régime pour rendre le message le plus audible possible. Les groupes de presse ont quant à eux offert l’équivalent de 5 millions d’espace publicitaire » (Le Soir, 06/02/19).

Agences de pub rendant le message audible, entendez déguisant la réalité pour séduire le citoyen-consommateur et lui laisser croire que cela change pendant que ça continue, et libération de fonds pour assurer la promotion… Nous sommes véritablement dans une guerre médiatique. Le pouvoir en place opère des frappes à divers niveaux, qui sont médiatisées dans le réel par les organes de presse à leur service. On sait que celle qui a eu lieu sur le terrain pour éteindre le début d’insurrection des gilets jaunes avait utilisé des pratiques arbitraires dignes des dictatures que la Belgique et l’Europe se plaisent de montrer du doigt(27), comme des arrestations et perquisitions sur base de postes sur Facebook. Si le peuple devait ainsi ne pas être dupe et que la guerre menée par les belligérants publicitaires et les grands groupes de presse devaient être perdue, on sait que le pouvoir passera à la seconde étape, la phase violente où il s’agira de réprimer physiquement la révolte. Il n’y songe encore nullement, assuré pour l’instant que les réclames amènent toujours des clients.

La grande farce

À côté de tout cela, les revendications de groupes comme Act for climate justice, promettant par exemple de stopper leurs actions désobéissantes sous la condition d’avoir préalablement l’assurance que « nos » ministres soutiendront et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire passer cette « Loi spéciale climat » au parlement, ont quelque chose d’anachronique. Il est en effet trop tard pour demander aux criminels de se repentir et de changer complètement de voie. Il ne faut pas exhorter les coupables, mais faire grandir de toutes les façons possibles le pouvoir du peuple. Le reste est une pure perte de temps. Demander aux ministres de prendre les décisions reproduit cet acte infantile, suranné, qui a consisté depuis des décennies à incarner la décision dans des corps politiques élus. Les exhorter de faire, c’est nous priver de notre liberté, adhérer au pouvoir plutôt que le renverser, s’avouer vaincu avant de s’être battu, c’est accepter tacitement l’ordre existant propre à ces compromis dont la classe moyenne a l’habitude, qui consiste à lutter dans le système et non pas contre le système, contrairement aux « gilets jaunes » qui refusent de jouer le jeu du pouvoir.

Ceci nous a fait perdre un temps précieux. Et refaire cela aujourd’hui, c’est à nouveau préparer nos déceptions, dans 1, 3, 5 ans. La décision, c’est le peuple et lui seul qui l’a. Les ministres et autres gouvernants n’ont jamais été au service du peuple, encore moins de la nature, et leur demander d’être ce qu’ils ne sont pas ne peut que nous mener à une grave impasse, dont nous regretterons amèrement les conséquences. Nous devons ne pas nous laisser duper et saisir l’opportunité historique de renverser le capitalisme, lutter ainsi non par « pour le climat », mais contre le capitalisme et pour la vie. « Ce que trop de citoyens n’ont pas encore compris, c’est que la même évolution historique qui a conduit à la « mondialisation » de l’économie libérale est aussi en train de créer les conditions de dépassement de ce système. Et loin que le genre humain soit condamné au règne sans fin du capitalisme, on peut dire au contraire que jamais l’utopie d’une humanité libérée, fraternelle et juste n’a rencontré dans la réalité des bases matérielles et symboliques aussi solides. Encore faut‑il se battre pour en tirer parti, et donc se battre aussi contre les faux-semblants et les leurres que le système met en œuvre pour abuser, freiner et dévoyer les luttes. La fonction politique de la social-démocratie est précisément aujourd’hui de récupérer au bénéfice du système les critiques dont il est l’objet »(28). « Ce qui caractérise le capitalisme d’aujourd’hui, celui de la « mondialisation » et de la « post-modernité », de l’« ouverture » et de la « mobilité », de l’« innovation » et de la « flexibilité », c’est qu’il a érigé en principe fondamental de fonctionnement l’aptitude à accepter, voire à prendre l’initiative de tous les changements possibles et imaginables, pourvu qu’ils laissent intact l’essentiel, à savoir la possibilité d’accumulation du profit maximum dans le plus court terme au bénéfice des grands investisseurs »(29).

« Signe for the future »… of profits

« Cette transition va mettre à mal des pans entiers de vos économies, les plus stratégiques. Elle précipitera dans la détresse des hordes de licenciés qui, bientôt, provoqueront des troubles sociaux et réprouveront vos acquis démocratiques (…) La transition énergétique et numérique dévastera l’environnement dans des proportions inégalées. En définitive, vos efforts et le tribut demandé à la Terre pour bâtir cette civilisation nouvelle sont si considérables qu’il n’est même pas certain que vous y parveniez (…)votre puissance vous a aveuglés à un tel point que vous ne savez plus l’humilité du marin à la vue de l’océan, ni celle de l’alpiniste au pied de la montagne. Or les éléments auront toujours le dernier mot ! »

Guillaume Pitron, La face cachée de la transition énergétique et numérique.

S’associer à Mandat Climatique ou à la campagne de com Sign for my future que l’asbl a lancée, c’est tacitement entériner la position des agences publicitaires et des multinationales comme acteurs crédibles de cette société. Si certains signataires de la société civile se défendent d’engager leur organisation quand ils signent comme ambassadeurs, c’est là pour le moins ambigu quand on voit que les signatures d’Arnaud Zacharie (CNCD), de Céline Tellier (IEW) ou encore, parmi d’autres, de Olivier Marquet (UNICEF) trônent à côté de celles d’Axa, BECI, BNP Paribas, Fortis, Cargill, Carrefour, Colruyt, Decathlon, DEME, EDF Luminus, Facebook, Groupe Rossel, Ikea Belgium, JC Decaux, KBC, PUBLICIS(30)

Ce n’est pas en nous liguant avec les assassins climatiques que nous pourrons espérer changer les choses. Sans cela, ceux qui (dé)font ce monde continueront, bien assurés que « si les jeunes sont descendus dans la rue, ce n’est pas avec la volonté de créer le chaos ou de renverser les tables »(31).

Alexandre Penasse

Notes et références
  1. À moins que ce ne soit un formidable subterfuge, ils nous excuseront alors de s’être fait aussi avoir.
  2. Voir la brève de Francis Leboutte dans le Kairos 38, p.24.
  3. Réseau d’entreprises flamand qui est une organisation d’employeurs.
  4. Voir dans le Kairos 38 le dossier « L’illusion technocratique à la lumière de la 5G ».
  5. Entendez ici qu’on ne remet pas en question la bonne volonté des étudiants en grève pour le climat ou des manifestants, mais que l’émergence de ces mouvements s’explique aussi par des outils modernes de propagande mis en place par des organismes qui risquent d’aiguiller la colère populaire vers les solutions du pouvoir.
  6. http://partage-le.com/2019/01/quelques-remarques-sur-greta-thunberg-et‑e…
  7. « Portrait : Anuna De Wever, l’activiste pour le climat qui ne veut être « ni fille, ni garçon » », 28/01/19 ; www.vrt.be
  8. Pierre Souyri, La dynamique du capitalisme au XXe siècle, 1983, cité dans Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2008.
  9. Alain Accardo, De notre servitude involontaire, Agone, 2001/2013, p.80.
  10. « En économie, la disruption désigne le bouleversement d’un marché sur lequel les positions sont établies avec une stratégie inédite. Théorisé dans les années 1990, le terme émerge dans les années 2010, alors que les nouvelles technologies facilitent son développement ». (Wikipedia).
  11. https://journals.openedition.org/communiquer/487. Merci à Raphaële pour m’avoir fait découvrir la définition de cette stratégie de propagande.
  12. Ibid., p.60–61.
  13. « Sign For My Future: 300 patrons, académiques, associations pour le climat », 05/02/19, www.rtbf.be
  14. « Les chiffres montrent que même une action rapide et durable au niveau mondial ne nous permettra probablement pas d’empêcher la température de la Terre de croître d’au moins 3°. La fonte des glaces du Groenland aboutira à une augmentation du niveau des mers d’environ 7 mètres, redessinant de façon spectaculaire la géographie de la planète », Clive Hamilton, Requiem pour l’espèce humaine, SciencesPo, 2013, p.20.
  15. https://www.companyweb.be/company/699920920/free-pub/15550352
  16. https://www.bloomberg.com/research/stocks/private/person.asp?personId=47…
  17. https://www.marketing.be/fr/piet-colruyt-rapprocher-les-entreprises-et‑l…
  18. https://www.digimedia.be/News/fr/14195/koen-verwee-nouveau-directeur-m‑d…
  19. http://www.publicis.be/people
  20. https://fr.adforum.com/talent/81801389-piet-wulleman
  21. https://www.digimedia.be /News/fr/10297/sylvie-irzi-chez-initiative.html
  22. https://pub.be/fr/davy-caluwaerts-dirige-publicis-emil-benelux/
  23. https://theshift.be/fr/project-clusters/planet
  24. Enfin, Frank Van Swalm assure la communication et gestion de l’ASBL.
  25. Démosthène, Le Code Jupiter. Philosophie de la ruse et de la démesure, Équateurs, 2018.
  26. https://trends.levif.be/economie/family-business/famille-colruyt-avoir‑u…
  27. Voir l’interview d’Andrea Mai, gilet jaune belge, http://www.kairospresse.be/article/interview-dun-gilet-jaune-belge-le-po…
  28. Op.cit., p.52.
  29. Ibid., p.36.
  30. https://klim-0001-platform.cdn.prismic.io/klim-0001-platform%2Fbd6351ee-…
  31. Éditorial de Béatrice Delvaux du 06/02/2019.

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