Comme tous les lundis, se tiendra tout à l’heure place de la Monnaie à Bruxelles, de 17 à 18H30 un rassemblement de soutien à Julian Assange ( ainsi que place de l’Ange à Namur).
Lettre d’information 33 Julian Assange:
- Après 10 mois d’attente, un juge de la Cour d’appel de Londres refuse, avec des arguments d’une rare indigence, d’autoriser Assange à faire appel. Un recours contre cette décision est encore possible dans les 5 jours. Avec à la clé une audience publique lors de laquelle les avocats d’Assange auront maximum 30’ et 20 pages pour s’exprimer …
- Alors que des appels se multiplient dans le monde, adressés au Président américain Joe Biden pour qu’il ordonne l’abandon des poursuites, les directions des médias belges se signalent par leur silence étonnant.
1) Développements
Il a fallu presque qu’un an pour qu’un juge de la cour d’appel de Londres rejette la requête introduite par Assange et ses avocats pour pouvoir faire appel. Pour mémoire, la cour d’appel avait déja donné gain de cause aux USA sur le thème de la santé d’Assange en cas d’extradition. Mais après ce premier revers, les avocats d’Assange avait introduit un appel sur toute l’autre partie du jugement, relative au caractère politique de le demande d’extradition américaine, attentatoire à la liberté d’expression et la liberté d’informer. Ce mémoire d’appel faisait une centaine de pages et se décomposait en 12 motifs d’appel. Il incluait aussi de nouveaux éléments survenus entretemps en faveur d’Assange. Comme l’aveu, par un témoin essentiel des USA à charge d’Assange, qu’il avait menti. Ou des informations sur l’espionnage dont Assange et ses avocats eux-mêmes étaient victimes par les services américains. Ou encore sur des projets d’enlèvement ou d’assassinat d’Assange par les services américains lorsqu’il était réfugié et confiné à l’ambassade d’Equateur à Londres.
Dans un arrêt d’une vingtaine de pages, le juge Swift, de la Cour d’appel de Londres, balaie rapidement et sommairement l’ensemble de ces motifs. Il refuse donc que l’appel d’Assange soit introduit, entendu et traité.
En somme, dit-il, il n’y a pas de raisons de réexaminer le premier jugement, pas de raisons de penser qu’il soit erroné, ou que les éléments neufs soient intéressants et pertinents. De toutes façons, le premier jugement était largement détaillé et argumenté, et il n’y a pas de raisons de le reconsidérer. Point barre. Sans plus d’arguments.
Peut-être était-on idiot de croire qu’il pouvait en aller autrement ? Tant les étapes précédentes avaient déjà montré toutes les distorsions et contorsions auxquelles pouvaient se livrer les juges britanniques ? Ainsi se poursuit l’impression d’un enfumage permanent … qui en même temps sert à justifier la prolongation d’une détention incroyablement dure pour un journaliste, prisonnier politique dans un état paraît-il démocratique. Certains observateurs relèvent aussi les fortes affinités idéologiques d’un juge qui a déjà dans un passé récent, validé le projet du gouvernement britannique de déporter des demandeurs d’asile vers le Rwanda ( contre paiement), car avait ensuite été stoppé par la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH)
Il y a aussi les particularités de la procédure britannique où l’on voit que les possibilités de réexamen approfondi en appel sont en fait beaucoup plus limitées que sur le continent. Le juge ici ne dit pas vraiment le fond, mais il dit qu’en fait il n’y a pas de matière fondamentale à appel ( ce qui est déjà un peu du fond, … difficile d’ailleurs à comprendre). C’est un filtre en quelque sorte. Donc on n’en parlera pas. Fin du jeu.
Un deuxième arrêt a été rendu, car la défense avait aussi contesté par ailleurs la décision d’extradition de la ministre de l’Intérieur, l’estimant contraire au traité d’extradition entre le Royaume Uni et la Grande Bretagne. Cet appel là aussi est rejeté.
On trouvera en annexe
- Un article excellent de Tareq Haddad, (qui archive méticuleusement tous les documents du procès sur son site)
https://www.tareqhaddad.com/news-british-judge-rejects-assange-appeal-declines-to-hear-new-evidence/
Sa traduction:
- Un excellent article du Dissenter qui, outre l’arrêt, décrit aussi les « connexions » idéologiques du juge Swift qui a rédigé l’arrêt ;
Sa traduction:
Un dernier recours reste possible contre ces décisions, qui devrait alors être examiné par deux autres juges de la même Cour. Il doit être introduit dans les 5 jours, le juge précise qu’il ne doit pas dépasser 20 pages et que l’audience publique qui lui sera consacrée ne peut excéder 30’.
On rappellera qu’une situation semblable s’était présentée l’été 2021. Les Etats-Unis avaient, eux obtenu qu’on réexamine la décision de la première juge qui rejettait l’extradition uniquement pour des raisons de santé et risques pour la vie d’Assange. Les avocats de Etats-unis avaient alors déposé une demande d’aller en appel, basée sur 5 arguments. Un premier juge avait accepté d’en soumettre deux à appel. Ensuite, deux autres juges avaient élargi la liste aux 5 arguments. La discrimination avec la situation actuelle – refus d’entendre le moindre argument de la défense -, est ainsi flagrante.
Si les juges de la Haute Cour confirment la première décision du juge Swift la semaine prochaine, il ne restera plus qu’un recours – au succès peu probable -, devant la Cour suprême. Ensuite, si toutes les options juridiques d’Assange en Grande-Bretagne sont ainsi épuisées, l’affaire devrait être portée devant la Cour européenne des droits de l’homme. Celle-ci pourrait éventuellement émettre une injonction pour suspendre l’extradition avant d’examiner l’affaire. Mais il n’est pas du tout certain que le Royaume Uni respecterait un arrêt de la CEDH.
2) Les principaux médias belges se taisent dans toutes les langues sur Assange
Etonnant, mais même quatre jours après, les principaux médias belges n’ont pas encore relaté ce dernier développement. Ainsi persiste leur indifférence grave et généralisée vis-à-vis du traitement d’Assange, qui pourtant devrait les concerner au premier chef. Une indifférence confirmée par leur silence face aux démarches des comités de défense de Julian Assange.
Qu’on en juge : le 16 avril 2023, le comité Free.Assange.Belgium et Belgium4assange adressaient un courrier aux directeurs et chefs de rédaction de nombreux médias belges, francophones et néerlandophones.
La requête était très simple. Ils leur proposaient de signer un courrier adressé au Président des Etats-Unis, Joe Biden, pour lui demander de mettre fin aux poursuites à l’égard de Julian Assange et d’ainsi entrainer sa libération immédiate. On trouvera ce courrier en annexe. Pour faciliter les choses, les comités leur proposaient de prendre pratiquement en charge un tel envoi groupé à la maison blanche, sans ajouter aucun commentaire de leur part.
Ce faisant, les principaux médias belges auraient aussi rejoint le nombre croissant de médias qui, dans le monde, ont effectué cette démarche simple.
Les comités ont adressé à ces destinataires belges un petit rappel le 28 avril 2023.
Sept semaines après, ils n’ont reçu aucune réponse. Non seulement aucune réponse dans le sens d’une acceptation ou d’un refus, mais même pas un seul accusé de réception. Ni du côté francophone, ni du côté néerlandophone
Un silence assourdissant. De la gêne ? Du mépris ? De l’inconscience ? le lecteur jugera.
Pour notre part, nous devons simplement constater que les directions des principaux médias belges donnent ainsi l’image affligeante d’un des maillons les plus faibles de la mobilisation en faveur d’Assange. Même des médias qui n’étaient guère favorables au journaliste Julian Assange et à son combat ont fini par comprendre la gravité de l’enjeu des poursuites et du sort fait à Assange pour l’ensemble de l’information et de la liberté d’expression.
En Belgique, non. Quand ils s’en rendront compte – si cela arrive — il sera trop tard.
- Le titre est de la rédaction. Ce silence ne nous étonne évidemment pas, contrairement à l’auteur de cette newsletter.