LES ÉTRANGES CONNEXIONS DES « FONDS LIBYENS »

Reynders, Claushuis, Fontinoy, etcetera

Comme un chien qui cherche la valise et la drogue qu’elle contient, nous savons qu’il y a quelque chose à déceler derrière l’affaire libyenne, que gros sous, corruption, rétro-commissions, pratiques mafieuses font le récit de ce jeu du chat et de la souris dans lequel la Belgique et la clique bleue(1) occupent un rôle de premier plan. Ça sent la poudre donc, mais un système solide protège les protagonistes de l’affaire, dans lequel du plus petit jusqu’au plus grand les choses s’organisent de telle façon que le chien n’arrive pas au magot. La solidité de la structure repose en effet sur une diffusion sur tous de responsabilités et de connaissances hiérarchisées où chaque maillon directement supérieur connaît les avantages de ceux qui lui sont inférieurs et les tient par ces secrets, assurant une protection en cascade. Cette forme d’organisation à solidarité tacite, « obligée », propre aux systèmes mafieux, se manifeste subtilement dans des communications « codées », à l’instar de cette sortie d’Anne Delvaux, politicienne belge ancienne journaliste, qui dira dans l’affaire Publifin, alors qu’elle refusait de procéder au remboursement d’une partie des sommes perçues : « Et s’il le faut, je suis prête à aller en justice pour que toute la lumière soit faite et que tout soit dit. Je pense que certains n’ont pas envie de ça »(2).

Les « certains » qui ne voudraient pas que le « tout soit dit » l’ont bien entendu, et ils réfléchiront à deux fois devant le risque de perdre leurs privilèges. Alors que médias et politiques ont œuvré conjointement pour présenter sous le signe de l’exception ce qui était pratique courante, nous découvrons que tous ou presque sont impliqués, chacun tirant d’une situation globalement injuste des avantages proportionnels au niveau de pouvoir personnel et à la taille du cercle d’ « amis » et « amies ». Ces privilèges illégitimes, petits ou grands, dont une majorité, minoritaire dans la société, profite, implique que chacun ferme individuellement les yeux sur les pratiques iniques et illégales qu’ils impliquent nécessairement. Nous avons là la recette du statu quo, les ingrédients de la continuité, que ce soit en terme « climatique » ou social. Dans ce qui fait littéralement système, de ces petits compromis à ces grandes compromissions, aucune place réelle au changement véritable.

Voilà pourquoi les choix qui sont faits politiquement ne sont presque jamais au service du peuple, du bien commun et de la nature qui nous accueille. Ils ne peuvent en effet que s’opposer à ce qui fonde le collectif.

Mais trêve de propos introductifs, revenons sur quelques situations où l’on pressent qu’on entre dans ces cercles intimes dans lesquels on s’échange quelques services entre amis, où l’argent est au centre de tout, mais les preuves difficiles à trouver.

  1. ROBERT CLAUSHUIS, L’ARGENT LIBYEN ET LE PRINCE LAURENT

Robert Claushuis est intéressant à plus d’un titre dans l’affaire des fonds lybiens, fonds qui lient notamment le prince Laurent par un contrat qu’avait passé son asbl Global Sustainable Development Trust (GSDT) avec le pays du « guide ». Rappelons les faits, que nous reprenions dans notre conséquente analyse « Bienvenue en ploutocratie: Kazakhgate, Afrique, réseaux… le MR à tous les étages »(3)  : « Le Prince Laurent, via son ASBL Global Sustainable Development Trust (GSDT), réclamait, suite à un contrat de 2008 portant sur le reboisement de régions désertiques en Libye pour environ 70 millions d’euros, une indemnité pour rupture unilatérale du contrat par la Libye en 2010. L’État libyen n’a jamais répondu à la requête, malgré la condamnation à deux reprises par le tribunal de Bruxelles à verser 48 millions d’euros à l’ASBL. Le gouvernement belge a toujours refusé de dégeler les fonds libyens. Euroclear, qui a le statut de chambre de compensation internationale (ICSD), se prétend insaisissable en vertu d’une loi de 1999. D’où la plainte de l’ASBL déposée en 2015 pour abus de confiance et blanchiment ».

Robert Claushuis, lui, semble a priori n’avoir aucun lien avec toute cette affaire. Directeur à East-West Debt, ce groupe constitué il y a peu encore de trois compagnies (East-West Debt NV, Anvers, East-West Debt BV, La Hague et East-West Debt Ltd, Cambridge), est spécialisé dans la récupération de créance, « coordonnant des actions légales (sic) de récupération et supervisant plus de 50 avocats »(4). East-West Debt NV a été constituée le 14 mars 1996 avec un capital de 3.600.000 Fb soit 89.241 €. Robert Claushuis en était alors le seul actionnaire(5). Les administrateurs mentionnés dans les comptes déposés à la BNB sont Bernardus Löwenthal (résidant aux Pays-Bas) et Kathleen Ball (résidant à Anvers)(6). Robert Claushuis semble avoir transféré dans une certaine urgence en novembre 2018, sa société d’Anvers vers le Luxembourg, exactement 19 Route d’Arlon, 8008 Strassen(7), à 15 minutes en voiture d’Alpha Management Services (Route de Thionville, Luxembourg). Alpha management, qui agit pour le compte de Claushuis, à l’origine de près de 351 sociétés offshores, est une véritable plateforme qui crée et liquide des sociétés au gré des besoins de ces clients.

Robert Claushuis est cité dans les Panama Papers, via Barney limited, dont Alpha management services SA (Luxembourg) est l’intermédiaire, mais aussi via Dunlands SA(8). Cette dernière et Barney Limited, basées aux Seychelles, ont été constituées puis achetées à Mossack & Fonseca en 2004, pour ensuite être liquidées en 2010. Parmi les multiples sociétés que gère Robert Claushuis, on trouve également Middle-East Consultants Ltd, basée à Londres avec sa société-mère située dans les Îles Turks & Caicos. Gageons également que de nombreuses sociétés avec lesquelles il est lié nous sont totalement inconnues, c’est là même le principe de l’offshore.

Soit, on voit ici que les structures offshores foisonnent et qu’il y a là derrière affaire de gros sous, personne ne dirait le contraire.

CE QUI RELIE « OFFICIELLEMENT » EAST-WEST DEBT À LA BELGIQUE

Dans les documents officiels de East-West Debt (EWD) publiés au Moniteur, on retrouve le nom de Didier De Baere, repris comme administrateur et représentant légal. Sur le site de partage de données professionnelles LinkedIn, il est indiqué qu’il a été directeur de EWD de janvier 2001 à avril 2009. On y apprend aussi que l’homme a été conseiller à la banque nationale belge, a géré chez Maintenance Partners des négociations commerciales avec l’Irak et le Liban ou a mis en place une licence bancaire européenne pour une banque libanaise; on le retrouve aussi à l’Association royale belge de football en charge du développement du nouveau stade à Bruxelles, impliqué également dans la coupe Brazil 2014.

Dire que Didier De Baere et Didier Reynders se sont croisés relève-t-il de l’euphémisme? Car Didier de Baere est nommé en août 2018 directeur général adjoint de l’agence pour le commerce extérieur, agence qui « organise, en étroite collaboration avec les services régionaux compétents en matière de commerce extérieur et le SPF Affaires étrangères, des missions économiques conjointes », dans lesquelles Didier Reynders est souvent présent, en compagnie d’autres Ministres comme Pieter de Crem, et de son altesse royale la Princesse Astrid qui préside les missions économiques.

Didier Reynders, participant comme Ministre des affaires étrangères à de nombreuses missions économiques de l’Agence pour le commerce extérieur, aura peut-être l’occasion de côtoyer désormais davantage, et plus « officiellement », son nouveau directeur général adjoint, Didier De Baere.

Et puis quoi, nous direz-vous ? C’est ici que ça devient intéressant, car selon nos sources, Robert Claushuis a approché le Prince Laurent via un des avocats de son ASBL GSDT, pour lui proposer de récupérer la moitié des 50 millions d’euros que lui doit la Lybie. East-West Debt tombe à pic, comme le dira Robert Claushuis dans un courrier adressé à Paolo Iorio, avocat italien de GSDT, puisqu’elle est spécialisée depuis plus de trente ans dans la récupération de créances. Celle-ci serait ainsi habilitée à récupérer officiellement les sommes détenues indûment par la Lybie, tout en touchant par cette transaction quelques 25 millions d’euros, récupérés « légalement » par EWD dont le magot constituerait la quote-part pour les services rendus.

Le Prince Laurent, sentant le coup fourré, a refusé. Sentirait-on chez lui une once d’indignation face au pouvoir de l’argent ? N’allons pas trop loin dans la capacité de reconversion de la noblesse, mais le Prince semble ne pas vouloir accepter quelques douteux compromis et se dire prêt à révéler un scandale d’État. Le Prince Laurent l’a dit : « Je ne l’accepterai jamais ». Si révéler la vérité venait à prendre le pas sur la récupération de sa créance, quitte à perdre tout, la décence se sera immiscée dans les interstices de la noblesse et du pouvoir. Inédit. Dans ce cas, on l’y aidera. Comme nous lui ferons comprendre, si c’est possible, que ce qui arrive n’est pas un épiphénomène de nos sociétés capitalistes, mais les fonde. Ce n’est pas pour rien que nous avions indiqué en épigraphe de notre précédent article : « La corruption n’est pas un épiphénomène de nos sociétés productivistes, elle lui est consubstantielle ». Pas un accident donc, mais juste une pratique témoignant du fonctionnement d’un système.

Le Prince Laurent est en effet sur la voie de la lucidité : « Je dois vous dire que je m’attendais à être confronté à des problèmes de corruption en Lybie, mais ce que j’ai connu en Belgique, je ne pouvais jamais me l’imaginer ». On entend qu’il sait quelque chose qu’il ne dit pas : « C’est gravissime, ces milices ont exécuté des gens, ont fait fuir des gens, des gens se sont retrouvés sur des bateaux pour fuir la Lybie. Est-ce que vous imaginez que ma femme et moi pouvons garder ce secret ? Sur nous, quel poids. Il y a mort d’hommes »(9). Certes, Laurent, ce système productiviste tue tous les jours, du Congo au Bangladesh, en passant par la Chine, le Mexique, le Congo… : ça tue de vouloir produire et vendre, tout et rien, de désirer sans limites, de vouloir être riche et de posséder plus que l’autre. Sur les écrans publicitaires, c’est propre, dans la réalité c’est la mort. Deux milliards d’intérêt ont disparu des caisses d’Euroclear, transitant par le Luxembourg, siège de multiples succursales offshores, dont celles citées supra, retournant directement en Lybie selon l’ONU, alimentant certaines milices terroristes libyennes, dont celles de Fayez al-Sarraj, Premier ministre libyen que Didier Reynders a rencontré à Bruxelles en févier 2017, pour rappeler le soutien de la Belgique à son gouvernement d’union nationale (GNA) ? Le peuple lybien qui maintenant fuit, que FEB et bourgeoisie bienpensante « accueillent » sans surtout tenter de comprendre pourquoi ils sont partis et ce qu’il faudrait désormais faire pour ne plus arracher des êtres à leur pays.

Quand on sait donc que les intérêts des fonds lybiens placés chez Euroclear ont été libérés par décision de l’administration belge, décision jugée illégale par l’ONU, et que cet argent est venu, notamment, financer des groupes terroristes salafistes, on peut en déduire certaines proximités et ententes… L’interrogation affirmative du député belge Marco Van Hees, est pour le moins claire : « Pour libérer quelques millions à des sociétés belges, Didier Reynders a‑t-il fait libérer quelques milliards à des milices libyennes ? ». Rappelons-nous aussi il y a peu, la publication de cette lettre datée d’août 2012, dans laquelle Didier Reynders interpellait le Ministre des Affaires étrangères libyennes, dévoilant à son homologue le montant des avoirs lybiens détenus chez BNP Paribas-Fortis et ING ainsi que ceux gelés détenus chez Euroclear Bank au nom des fonds souverains LIA et Lafico. Curieux pour un homme qui a toujours nié être intervenu dans la gestion des fonds lybiens que de demander à son homologue si la Lybie envisagerait le dégel d’une partie des fonds « pour des objectifs humanitaires »Il a bon dos l’ « humanitaire ».

Dans sa missive, Reynders joignait une liste d’entreprises belges auprès desquelles l’état lybien aurait contracté des dettes datant de la période Kadhafi. L’erreur identifié dans cette liste est pour le moins étrange, alors que le Ministre demande le remboursement par la Lybie de 3.608.283,78 euros au bénéfice de CK Technologie, laquelle est pourtant débitrice et tente depuis des années de rembourser 600.000 euros à la Lybie. En outre, le bon samaritain Didier Reynders demande des remboursements sans jamais avoir pris la peine de contacter CK Technology. Étrange aussi quand on sait que l’argent réclamé par le Prince Laurent, quel que soit ce qu’on pense de la personne, lui a toujours été refusé.

Les doutes grandissent quand on apprend que l’ancien administrateur général de la Trésorerie, Marc Monbali, dira aux enquêteurs de la PJF de Bruxelles en novembre 2015, au sujet de l’intervention de Didier Reynders : « « Dans cette première liste de 2012, certaines entreprises ont été payées, comme la FN Herstal et CK Technology. » La FN a refusé de répondre aux questions, CK de son côté dit n’avoir jamais réclamé d’argent aux Lybiens – assez logique, elle leur en doit. Marc Monbaliu ajoutera à l’époque qu’il « ne donne plus d’interview sur le sujet » des fonds libyens. Remontrances, menaces, intimidations ? Cela donne une impression de déjà-vu, éclairant ce monde du secret où « on ne dit rien » ou bien l’on menace de « tout dire » (dixit Anne Delvaux), et où au final peu fuite. Et ce qui n’est peut-être pas dit et où il semble préférable de ne pas s’attarder, c’est que si CK Technology « a été payée » mais n’a rien encaissé, c’est peut-être qu’une « autre » CK Technology a touché l’argent, non ?

Le vivier d’Uccle

Outre le Vivier d’Oie, le vivier de SDF(10), la commune regroupe également, s’ils ne sont pas les mêmes, un vivier de corrompus. Un fait sur lequel, comme d’autres, la presse aux ordres s’est peu attardée, est celui relatif à Boris Boillon, proche de Nicolas Sarkozy. Celui-ci est interpellé le 31 juillet 2013 à Paris, garde du Nord, en possession d’un sac contenant 350.000 euros et 40.000 dollars en liquide. Il se rendait… à Uccle, et revenait de Libye. Uccle, c’est aussi la commune dans laquelle est domicilié Didier Reynders et où Armand De Decker, ancien bourgmestre, sera accusé de trafic d’influence, impliqué jusqu’au cou dans l’affaire du Kazakhgate, alors qu’il fut l’avocat de Patokh Chodiev.

COURAGE, FUYONS

Ça sent le roussi donc. Ça en devient même âcre. Et il est temps de quitter le navire. En allant à L’Europe par exemple ? La Tribune révélait récemment que le Ministre français de La Défense « Jean-Yves Le Drian aurait appelé Didier Reynders en lui promettant le soutien de la France pour un poste de secrétaire général au Conseil de l’Europe. Un poste à plus de 30.000 euros défiscalisés par mois. Didier Reynders s’est déclaré en janvier candidat comme secrétaire général du Conseil de l’Europe, une fonction qui sera vacante le 1er octobre prochain ». Ceci en échange du choix de Naval Group pour l’achat de douze chasseurs de mines par la marine belge (six bâtiments) et néerlandaise (six autres) pour un montant de 2 milliards d’euros environ(11).

Et, comme à l’habitude, les échanges de procédés portent leurs fruits : « Le ministre MR des Affaires étrangères Didier Reynders a de fortes chances de devenir Secrétaire général du Conseil de l’Europe lors de la nomination de juin prochain (…) L’actuel ministre belge des Affaires étrangères, des Affaires européennes et de la Défense pourrait entrer en fonction en octobre prochain lorsque l’actuel tenant du poste, le Norvégien Thorbjøn Jagland, passera le flambeau »(12). Cela signifierait aussi une fin de carrière en politique belge pour Didier Reynders. Quelle aubaine. Après 30 ans, il est temps de changer, non, et goûter aux charmes du Gewurschtraminer?

La presse aux ordres s’en félicite, certaine que, pas plus qu’avant, elle ne sera dérangée : « Bonne nouvelle pour la Belgique, la candidature de Didier Reynders au poste de Secrétaire général du Conseil de l’Europe se retrouve dans la liste des deux finalistes établie par le Comité des ministres de l’organisation internationale »(13). On ne sait pas ce que ça nous apportera, mais, comme au Foot, tant que c’est la Belgique qui gagne, on est content.

2. FONTINOY ET LA LYBIE

Selon nos informations, Robert Claushuis, homme d’affaires disposant d’un réseau international de sociétés, est l’homme de confiance de Monsieur Fontinoy pour des opérations financières de haut vol requérant expertise et surtout discrétion. Sachant que Fontinoy est « « homme lige de Didier Reynders », parler de trio est-il excessif ? Nous avions émis nos doutes dans notre précédent article(14), quant au rôle de Jean-Claude Fontinoy (JCF) dans le système Reynders. Toujours là, toujours prêt des odeurs de souffre, des valises, mais jamais rien ou toujours peu. On avance dans notre enquête pourtant. Jean-Claude Fontinoy, expert au cabinet du ministre des Affaires étrangères, bras droit et bon ami de Reynders, « modeste » travailleur de la SNCB, déclare un salaire annuel de 39.200 euros (+ 500 euros par séance). En terme de patrimoine pourtant, ce que nous trouvons est pour le moins surprenant et contredit ces émoluments officiels. Contraste saississant entre ce salaire « modeste » et le patrimoine immobilier de la famille Fontinoy, composé de plus de 60 lots connus, avec 23 immeubles regroupant 36 lots, le reste étant constitué de terrains, prairies, bois.

Est-ce dès lors indécent de se demander d’où vient l’argent ? Mais aussi quel mal-intentionné personnage a tagué sur les murs de certaines de ses propriétés il y a de cela quelques jours « sang libyen », « Corruption »… Si ce n’était là qu’une intention de nuire en propageant de fausses assertions, pourquoi aucun media n’a t‑il relayé ces actes de vandalisme, et pourquoi Kairos est-il le premier à le faire ? Jean-Luc Fontinoy a‑t-il par ailleurs porté plainte pour ces dégradations ?

Nous le disions déjà dans notre précédent article « « Céline et Jean-Claude Fontinoy ont la passion des vieilles pierres. Leur dernière transformation, la cense Douxflamme à Mozet est au programme des Journées du Patrimoine » , nous annonce L’Avenir, plein d’enthousiasme pour ce couple de collectionneurs particuliers : « Elle aurait pu collectionner les timbres, les vieilles cartes postales ou cultiver les roses rares. Avec son mari Jean-Claude, Céline Fontinoy a préféré jeter son dévolu sur les maisons. Pas n’importe quelle maison : de préférence des demeures anciennes, de caractère, avec une âme. Une passion dévorante, coûteuse, mais rentable, qui l’anime depuis déjà 30 ans ». Les timbres, c’est quand même moins cher, mais ça ne permet pas les mêmes choses. « Il y a 15 ans, c’était beaucoup plus rentable qu’aujourd’hui, analyse Céline Fontinoy. Pour des remboursements mensuels de 50.000 F, on pouvait obtenir le double en locations » ».

Rappelons-le : JCF préside la Commission consultative communale d’aménagement du territoire et de mobilité, mais est aussi vice-président de l’association « Les plus beaux villages de Wallonie ». Les critères sévères qui conditionnent l’estampillage « plus beaux villages de Wallonie », assurent la connaissance et le transfert d’informations quant aux lieux où se trouvent les plus belles demeures, donc les plus chères. C’est là un moyen efficace de maîtrise immobilière du territoire wallon.

3. ECLAIRER LES ZONES D’OMBRE

Des zones d’ombres demeurent, plus nombreuses que la clarté. Nous les avions soulevées dans « Bienvenue en ploutocratie… »(15). Etrange en effet que Monsieur Olivier Theunissen, Antiquaire, reçoive à nouveau un titre honorifique des mains de Didier Reynders et soit fait Chevalier de l’Ordre de Léopold, ce 21 décembre 2018, déjà intronisé Chevalier de l’Ordre de la Couronne le 8 mai 2012, par Didier Reynders aussi.

Cocasse également de voir Olivier Theunissen siéger comme administrateur à ITB-Tradetech S.A., société productrice de traverses de chemins de fer, qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger, notamment en République démocratique du Congo, avec la société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et la Gécamines. ITB, dont le Ministère belge des finances était actionnaireet où Didier Reyndersétait venu en 2008 prendre part au premier centenaire à Genval.

Curieux aussi Jean-Pierre Reynders, le frère de Didier, qui en 2004 signe comme architecte le projet d’extension du bâtiment scolaire de l’ambassade de Russie. Nous le soulignons l’année dernière dans un article… depuis, aucun média n’a ni relayé l’info ni creusé la piste russe.

Fonds Lybiens, Russie, Kazakhgate, antiquaires, immobilier… ces affaires forment-elles la trame d’un même récit, ou sont-elles les pièces de différents puzzles dont chacun dessine en filigrane une même œuvre de corruption érigée en système ?

Eric Arthur Parme

Notes et références
  1. Le président de la Commission d’enquête sur le Kazakhgate parlait de « réseau bleu ».
  2. www.rtbf.be/info/regions/detail_publifin-attaque-anne-delvaux-et-serge‑m…
  3. http://www.kairospresse.be/article/bienvenue-en-ploutocratie-kazakhgate-…
  4. http://www.eastwestdebt.com
  5. Au 31 décembre 2017, la société avait un capital de 347.100 € mais des fonds propres de 5.993.933 € pour un total bilan de 6.236.480 €. Les comptes ont été approuvés en assemblée générale le 19 juin 2018
  6. Voir https://data.be/en/company/East-West-Debt-ENT-E-0457468628/persons#Legal…
  7. file:///E:/RAPPORT%20FINAL%20AK47%20et%20ANNEXES/INFOS%20SUR%20LES%20SOCIETES/CLAUSHUIS/14–11-2018%20Transfert%20du%20siège%20à%20LUX%20de%20East-West%20debt.pdf
  8. https://offshoreleaks.icij.org/nodes/12080399
  9. Questions à la une, RTBF.
  10. « Sans difficulté financière », français fuyant l’impôt sur la fortune et regroupé dans les communes bruxelloises de Uccle et Ixelles.
  11. « Belgique : et si contre toute attente Naval Group remportait le contrat des chasseurs de mines », www.latribune.fr, 14/03/19.
  12. « Didier Reynders bientôt au Conseil de l’Europe? »www.7sur7.be27/03/19
  13. « Conseil de l’Europe: une chance sur deux pour Didier Reynders », www.lesoir.be, 27/03/19.
  14. « Ploutocratie… », op.cit.
  15. http://www.kairospresse.be/article/bienvenue-en-ploutocratie-kazakhgate-…

Espace membre