Le Covid-19 est-il un virus dystopique ?

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Novlangue, police de la pensée, transparence absolue, crime par la pensée, réécriture du passé, surveillance (ou « tracing ») généralisée, délations « citoyennes » : autant de termes empruntés au vocabulaire orwellien, qui font étrangement écho à une réalité devenue, hélas,  notre quotidien. La « common decency » chère à l’auteur de 1984 aurait-elle définitivement déserté nos sociétés hypnotisées par une hypothétique sécurité sanitaire « à risque zéro » ? En bref, avec l’émergence et l’enracinement du Covid-19, notre réel est-il devenu dystopique ou, plus précisément, la dystopie est-elle devenue notre nouvelle norme ? Mais peut-être faut-il revenir aux sources de ce terme aujourd’hui galvaudé pour tenter d’y voir plus clair…  Les utopies sont beaucoup plus réalisables qu’on ne le croyait. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une question nouvelle qui est devenue urgente : comment peut-on éviter la réalisatio …
  1. Et contrairement à ce qu’une étymologie trompeuse laisse entrevoir : comme l’on sait, c’est l’humaniste Thomas More, qui fut ministre d’Henri VIII, qui forgea le mot « Utopie » dans son ouvrage éponyme paru en 1516, par double dérivation du grec, à la fois « ou-topos », lieu de nulle part, et « eu-topos », lieu du bien-être ou du bonheur. Le terme dystopie est, quant à lui, d’usage beaucoup plus récent. Il semble qu’il apparaisse pour la première fois en 1868, dans un discours de John Stuart Mill dénonçant la politique irlandaise du gouvernement anglais. Ironiquement, il y évoquait des « dystopians », par un jeu de mots se référant aux « utopians » (habitants d’Utopie) de More. En effet, en grec, le préfixe dys signifie mauvais ou erroné, assorti de la connotation de malformation. (Voir notamment « Voyages en Utopie », Georges Jean, Gallimard, 1994).
  2. Pour un tableau complet de la Cité platonicienne idéale, voir La République, Platon, Garnier-Flammarion (en particulier Livre VIII et X).
  3. Tel par exemple ce journaliste de BX1 qui, dans un éditorial critiquant le documentaire « Ceci n’est pas un complot » de Bernard Crutzen, déclarait : « On peut critiquer le gouvernement, mais on ne peut pas remettre en cause la science ! »
  4. Nous, Evgueni Zamiatine, Actes Sud, pp.23 et24.
  5. https://www.plan.be/press/article-2079-fr-sante mentale en Belgique les couts caches de la covid_19
  6. Les Clans de la Lune Alphane, Philip K. Dick, J’ai lu, pp. 74–75.
  7. https://www.franceinter.fr/histoire/histoire-des-pandemies-oubliees-la-grippeasiatique-en-france-1957–1958
  8.  https://www.franceinter.fr/histoire/histoire-des-pandemies-oubliees-la-grippede-hong-kong-en-france-1969–1970
  9. Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident. Du Moyen Âge à nos jours, Seuil, p. 170.

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