La plainte de l’Afrique du Sud contre Israël

Le CIJ (Cour Internationale de Justice), située à La Haye aux Pays-Bas, est sous le feu des critiques depuis notamment ses arrêts à caractère politique dans la guerre en Ukraine. Est-elle un instrument au service de l’Occident collectif ou est-elle réellement une Cour de justice indépendante ? Le fait que ce soit un pays africain, et pas des moindres, l’ Afrique du Sud, qui a lui-même souffert de colonisation et apartheid avec le cortège d’atrocités qui l’accompagnent, qui porta plainte le 29 décembre 2023 contre Israël, n’est évidemment pas anodin.

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Tout délai anormal, tout acte de mauvaise justice montrera une fois de plus le deux poids deux mesures de l’Occident selon ses règles et pourrait être fatal à l’institution qui aura démontré, alors, sa nuisance à l’ensemble des pays du sud et plus encore, à la face du monde.

Faut-il s’étonner du silence assez assourdissant de notre presse mainstream à ce sujet ?

Audiences publiques les 11 et 12 janvier.

Le point 4 de l’introduction de la plainte (traduction)

« Les faits invoqués par l’Afrique du Sud dans la présente requête et qui seront développés davantage dans la présente procédure établit que — dans un contexte d’apartheid, d’expulsion, de nettoyage ethnique, d’annexion, l’occupation, la discrimination et le déni continu du droit du peuple palestinien à l’auto-détermination ; Israël, depuis le 7 octobre 2023 en particulier, n’a pas réussi à prévenir le génocide et a échoué à prévenir la poursuite de l’incitation directe et publique au génocide. Plus grave encore, Israël s’est engagé dans la voie des actes génocidaires et risque de se livrer encore à de tels actes contre le peuple palestinien à Gaza. Ces actes consistent notamment à les tuer, à leur causer de graves dommages mentaux et corporels et à leur infliger délibérément des conditions de vie dans le but d’entrainer leur destruction physique en tant que groupe. Les déclarations répétées des représentants de l’État israélien, y compris aux plus hauts niveaux, du Président israélien, du Premier ministre, du ministre de la Défense, expriment une intention génocidaire. Cette intention doit également être déduite à juste titre de la nature et de la conduite de l’opération militaire israélienne à Gaza, eu égard notamment à l’incapacité à fournir ou à garantir des aliments essentiels, de l’eau, des médicaments, du carburant, un abri et d’autres aides humanitaires l’aide au peuple palestinien assiégé et soumis au blocus, ce qui l’a poussé au bord de la famine. Cela ressort également clairement de la nature, de la portée et de l’étendue des attaques militaires israéliennes contre Gaza, qui impliquent le bombardement soutenu pendant plus de 11 semaines de l’une des zones les plus densément peuplées du monde, forçant l’évacuation de leurs maisons de 1,9 million de personnes, soit 85% de la population de Gaza, et les regroupant dans des zones de plus en plus petites, sans abri adéquat, dans lesquelles ils continuent à être attaqués, tués et blessés. Israël a désormais tué plus de 21 110 nommément désignés comme Palestiniens, dont plus de 7 729 enfants, et plus de 7 780 autres portés disparus, présumés morts sous les décombres. Israël a blessé plus de 55 243 autres Palestiniens, leur causant de graves dommages physiques et mentaux. Israël a également ravagé de vastes zones de Gaza, y compris des quartiers entiers, et a endommagé ou détruit plus de 355 000 foyers palestiniens, ainsi que de vastes étendues de terres agricoles, des boulangeries, des écoles, universités, entreprises, lieux de culte, cimetières, sites culturels et archéologiques, municipaux et les bâtiments des tribunaux et les infrastructures essentielles, y compris les installations d’eau, d’assainissement et les réseaux d’électricité, tout en poursuivant une attaque incessante contre le système médical et de santé palestinien. Israël a réduit et continue de réduire Gaza en ruines, tuant, blessant et détruisant sa population, et créant des conditions de vie propres à provoquer leur destruction physique en tant que groupe. »

Christophe de Brouwer

Full-professeur honoraire et ancien président de l’École de Santé publique de l’Université libre de Bruxelles. (9 janvier 2024)

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