La liberté est la première des sécurités

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Jamais la question de la liberté n’a été aussi instrumentalisée et donc aussi urgente à redéfinir. Les philosophes sérieux procèdent parfois en trois étapes : d’abord, ils font remarquer leur embarras car la liberté serait indéfinissable ; ensuite, il se réfèrent aux contingences de l’agir tel que le sens commun en rend compte ; enfin, ils proposent un concept qui cherche à faire vivre cette expérience ineffable. Pourquoi vouloir réfléchir à ce qui se donne dans l’évidence de l’agir et se voile dans les limbes de la pensée ? Parce qu’il y va du sens de l’existence personnelle et que celui-ci offre — ou refuse — une direction collective possiblement démocratique. On examinera ici la question de la liberté à l’aide de trois approches convergentes — politique, psychologique, et philosophique — parfois anticipées dans certaines de mes publications(1).  1. Avant d’avoir été l’objet de spéculations éthiques (qu’est-ce que l’a …
Notes et références
  1. E.g., Éduquer (à) l’anarchie (2008), De quelle révolution avons-nous besoin ? (2013), The Political Vindication of Radical Empiricism (2016), Pouvoir, sexe et climat (2017), Contre le totalitarisme transhumaniste (2018), Covid-19(84) ou La vérité (politique) du mensonge sanitaire (2020), Pouvoir de la décroissance (2021), Théorie et pratique du collectivisme oligarchique (2021), Anarchie, gnose et sagesse (2021).
  2. Daniele Ganser, Nato’s secret Armies : Operation Gladio and Terrorism in Western Europe. Foreword by John Prados, New York, Frank Cass, 2004..
  3. Abraham H. Maslow, « A Theory of Human Motivation » in Psychological Review, 50, 1943, pp. 370–396.
  4. Cette question de bon sens rebondira par exemple chez John Bowlby dans A Secure Base. Parent-Child Attachement and Healthy Human Development
    (London, Routledge, 1988).
  5. Bruno Bettelheim, « Individual and Mass Behavior in Extreme Situations » in
    Journal of Abnormal and Social Psychology, 38, 1943, pp. 417–452.
  6. Anne Dufourmantelle, « Faut-il, comme Trump, jouer son va-tout ?», entretien du
    19 octobre 2016 avec M, le magazine du Monde.
  7. Paul Valéry, « Discours sur Bergson » [1941], in Œuvres I, Paris, Gallimard, 1957,
    pp. 883–886.
  8. François Roustang, Savoir attendre pour que la vie change, Paris, Éditions Odile Jacob, 2006, p.
  9. Henri Bergson, L’Évolution du problème de la liberté. Cours au Collège de France 1904–1905, Paris, Presses Universitaires de France, 2017.
  10. « L’angoisse est le vertige de la liberté, qui naît parce que l’esprit veut poser la synthèse et que la liberté, plongeant alors dans son propre possible, saisit à cet instant la finitude et s’y accroche. Dans ce vertige la liberté s’affaisse. La psychologie ne va que jusque-là et refuse d’expliquer outre. Au même instant tout est changé, et quand la liberté se relève, elle se voit coupable. C’est entre ces deux instants qu’est le saut, qu’aucune science n’a expliqué ni ne peut expliquer. L’homme qui devient coupable dans l’angoisse, sa culpabilité est aussi ambiguë que possible. […] Dans l’angoisse cet infini égotiste du possible ne nous tente pas, comme lorsqu’on est devant un choix, mais nous ensorcelle et nous inquiète. » (Søren Kierkegaard, Le Concept de l’angoisse, traduit du danois par Knud Ferlov et Jean‑J. Gateau [1844] Paris, Librairie Gallimard, 1935, p. 89–90)

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