LA BELGIQUE EN GUERRE CONTRE SA NATURE SAUVAGE

ZONES VERTES ; ENCHÈRES OUVERTES

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La politique agressive de redynamisation des Sites à Réaménager (SAR) menée par la Région wallonne comporte son lot de conséquences environnementales et sociales. Ces zones anciennement exploitées par l’homme et revenues à l’état naturel, souvent depuis des décennies, font partie du tissu urbain et rural et constituent des espaces verts que se sont réappropriés les populations locales : aires de jeux, lieux de promenades, potagers et jardins collectifs, zones tampons entre les industries et les lieux d’habitation, parfois terres d’accueil temporaire pour les plus démunis d’entre nous… ou simplement lieux semi-sauvages, servant de refuge à une biodiversité mise à mal et offrant de nombreux services écosystémiques.

La priorité donnée par la Région wallonne aux investisseurs publics ou privés quant à la réaffectation de ces sites naturels semble aller à l’encontre de la politique de “développement durable” encouragée par cette dernière ainsi que par la Communauté européenne. L’artificialisation croissante des sols constitue un problème majeur au niveau national, la Belgique étant déjà l’un des pays les plus densément peuplés de l’UE. Le cycle de l’eau ainsi que la biodiversité de notre pays en sont gravement impactés. Dans ce contexte, pourquoi bétonner encore et toujours ? Zonings industriels, parkings, centres commerciaux, parcs ultra-réglementés, nouveaux logements pseudo-écologiques, infrastructures touristiques disproportionnées : autant de projets imposés aux citoyens sous couvert de rentabilité du territoire et de croissance économique.

À ARLON C’EST DU BÉTON!

Dans la ville d’Arlon , les projets de “grands travaux” sont épidémie et nous trouvons parmi eux un triste exemple de cette traque aux espaces semi-sauvages, avec la vente d’un terrain communal – l’ancienne sablière de Schoppach – au Groupe IDELUX-AIVE , groupe d’intercommunales présentes sur les provinces de Liège et du Luxembourg, opérant dans le domaine de la gestion des eaux, des déchets, ainsi que du territoire, sous fonds de capitaux publics et privés. Répertoriée parmi les SAR, la sablière de Schoppach serait réaménagée en zoning d’ici 2020 afin d’encourager l’activité économique en périphérie de la ville. Le problème ? En plus de constituer une zone tampon entre l’autoroute et le quartier d’habitation de Schoppach, cet espace naturel de 31 hectares est devenu, au fil des décennies, un véritable lieu de refuge pour nombre d’espèces menacées, dont l’hirondelle des rivages, le triton crêté, deux espèces de papillons en voie de disparition ainsi que plusieurs espèces végétales protégées, outre la biodiversité caractéristique de certaines zones humides. Pourtant, malgré les revendications des habitants à l’encontre de ce projet et une pétition lancée par ces derniers, le projet de zoning est maintenu par les pouvoirs publics, faisant fi de la valeur écologique du site tout autant que de l’avis des citoyens.

La Belgique à contre-sens: bétonisation de terres agricoles à Perwez et à Hondelange, liaison Cerexhe-Heuseux-Beaufays, hub logistique d’Alibaba à Bierset, urbanisation autour du Ry-Ponet, extensions de Pairi Daiza à Durbuy, exploitation de gaz de houille à Anderlues, complexe touristique dans la vallée du Rabais, etc.

La ville d’Arlon n’est pas la seule impactée. Aux quatre coins de la Belgique, des associations citoyennes dénoncent cette problématique, révélant par des moyens divers le dialogue de sourds grandissant à l’encontre des instances publiques, coalitions politiques et intérêts économiques qui prévalent. Ainsi des projets de contournement nord de Wavre, de bétonisation de terres agricoles à Perwez et à Hondelange, de la liaison Cerexhe-Heuseux-Beaufays, du hub logistique d’Alibaba à Bierset, de l’urbanisation autour du Ry-Ponet, des extensions de Pairi Daiza à Durbuy, de l’exploitation de gaz de houille à Anderlues, d’un complexe touristique dans la vallée du Rabais, du pylône de trading haute fréquence au signal de Botrange, d’une nouvelle route régionale entre la vallée de la Meuse et l’E411 sur le territoire d’Assesse, de la privatisation de 136ha de forêts à Aubange, d’un zoning d’activité économique à Braine, d’une trentaine d’espaces verts et potagers bruxellois menacés de bétonisation et de la triste maxi-prison à Haren, sans compter la moitié néerlandophone du pays…

ZONE A DÉFENDRE PARTOUT ?

Le point commun de ces luttes ? L’accès au territoire, une qualité de vie générale, le rejet d’activités polluantes et la revendication d’un droit décisionnel des populations locales sur le devenir de leur région. Les intérêts économiques des uns et des autres cristallisent l’attention des citoyens, critiquant de plus en plus vivement les partenariats entre partis politiques et entreprises privées. Quelle politique sociale et environnementale cohérente la Région wallonne met-elle en place afin d’éviter l’artificialisation des sols en zones habitées? Pourquoi précipiter la vente des espaces verts aux industriels privés au lieu de préserver leur biodiversité au travers de visées socialement et écologiquement utiles ? La compétitivité économique est toujours invoquée, mais quel sera le prix à payer ? Face à ces questions dont on devine déjà les réponses apportées par la classe politique, on comprend qu’il devient impératif de s’organiser sans leur soutien pour défendre nos territoires, préserver les écosystèmes qui y sont implantés et revendiquer leur usage comme bien commun !

Les Amis des Sablières

Pour dire « Non à la destruction de la sablière d’Arlon », les Amis des sablières vous invitent à occuper symboliquement la sablière le week-end du 26 et 27 octobre. Plus d’infos ICI

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