Dans les pays développés comme la Belgique, plus de 98% des foyers sont équipés d’au moins un téléviseur. Chaque individu consacre plus de 3 heures 40 minutes de sa journée à regarder la petite lucarne, ce qui représente 20 à 25% de notre temps de veille et 75% de notre temps de loisirs. Ou encore 56 jours par an, 11 ans sur une vie qui en compte 81 en moyenne!
Les accidents de voiture ne sont pas des accidents, c’est-à-dire des événements fortuits, imprévisibles, ils sont des survenues logiques dans un système qui se refuse à intégrer dans son ordre l’acceptation des limites.
Le travail de vérité expose, quand on s’attaque réellement aux plus infâmes et signifiantes manifestations du pouvoir, au risque de terminer une balle dans la tête. C’est le danger quand on révèle les arcanes de cette putréfaction sociale qu’est le vol politiquement organisé, à l’instar de l’épisode du Kazakhgate, qui donne à la démocratie la seule valeur de l’apparat. Révélant la composante mafieuse de la politique, ces formidables crimes de dépossession de la masse sont aussi loin d’être « sans nom, sans visage, sans parti », comme le feignit superbement à propos de la finance, cousine des politiques mafieuses, celui qui en fut aussi l’architecte(1).
Face à une horde de journalistes qui la ferment, l’action de la petite minorité qui l’ouvre réellement expose donc à de potentiels dangers. Toujours occupés à s’auto-persuader, en nous persuadant, qu’ils sont libres de dire ce qu’ils veulent, nous ne devons pas attendre de la caste des journalistes qu’ils creusent les problèmes jusqu’à leurs racines et dévoilent le mal immanent au système productiviste. Il ne faudrait pas aller trop loin, ils disent ce qu’ils veulent sous une et une seule condition : qu’ils n’aient pas « librement » l’envie de tout dire. Face à l’absence de réponses d’une demande de publier en carte blanche son article « Gare au silence radio(actif) »(2), un collaborateur de notre journal souleva le thème interdit : « Serait-ce que Le Soir n’ose pas le publier ? Les actionnaires musellent-ils la liberté d’expression ? ». La réponse du journaliste du Soir arriva: « Merci d’arrêter de fantasmer sur “nos actionnaires”. Il y a suffisamment de théories du complot délirantes en ce bas monde pour ne pas en rajouter une complètement absurde ». Ce ne serait donc que du pur délire d’imaginer la famille Hurbain comme animée d’objectifs autres que philanthropiques et d’un amour de la presse libre. Et si le journaliste ne parle pas trop du classement de la famille Hurbain parmi les plus grandes fortunes belges, et à quel point l’inégalité détruit de façon générale ce qui fait la vie, ce n’est pas parce que cette information risquerait de déplaire à ses patrons, mais uniquement parce qu’il n’a pas envie. Ce ne serait pas non plus parce que Le Soir aime publier des contenus écrits par le Forum nucléaire(3) qu’il accorderait peu d’intérêts aux articles qui dénoncent le crime que constitue l’atome. En somme, si vous vous étonnez que les envies des journalistes et des patrons coïncident souvent, vous n’êtes sans doute qu’un médiocre complotiste.
Malheureusement, entretemps, le groupe de presse IPM a muselé le magazine Financité, qui était encarté dans La Libre trimestriellement : « Comme vous le savez, Alain Siaens [Président du CA de IPM et administrateur de Degroof Equity] faisant partie de nos administrateurs, ne citons pas Degroof Petercam. » Résultat : la fin d’une collaboration de douze ans. Mais surtout : il ne faut pas qu’on sache que Degroof Petercam investit dans l’armement nucléaire, on pourrait croire que c’est dans leur seul intérêt… Braves gens, dormez tranquilles !
Ils feindront donc de s’étonner de cette fatigue généralisée de beaucoup de gens face à l’information. Évidemment, celle-ci, devenue lénifiante, vide, juste spectaculaire, propre à un journalisme bureaucratique servant un plan de carrière au détriment de la recherche de la vérité, ne serait plus capable que de générer palabres, débats du dimanche sur la chaîne nationale et scoops d’un jour qui éloignent du cœur des affaires. Et quand on évoque celles-ci (Kazaghgate, Publifin, Samu social, Panama…), c’est pour les refermer aussitôt, comme si tout était normal. La corruption généralisée dure ainsi, toutes ces petites et grandes compromissions, commissions, dessous de table, qui dictent littéralement tous les « choix » de société.
S’il faut discuter de salaire décent, de simplicité volontaire, de pénibilité dans le travail, de réduction des gaz à effet de serre, de sortie du nucléaire…, tout en n’oubliant jamais notre part de servitude volontaire qui concourt à maintenir ce monde tel qu’il est, il semble vain de le faire en laissant par ailleurs les chefs d’orchestre de l’exploitation salariale, de la consommation de masse, de l’aliénation du travailleur, de la destruction de la terre, tranquilles, hors du débat.
Notes et références
François Hollande, lors d’un meeting au Bourget le 22 janvier 2011.
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