Paroxysme de la fuite dans le paraître et le superficiel d’une société qui ne fait plus sens, l’île d’Ibiza est devenue en quelques décennies un symbole de fête et de liberté. Ce mythe de la « Isla blanca » repose toutefois sur une illusion qui fait abstraction de tout ce qui la rend possible.
En cela, Ibiza s’offre en objet d’études intéressant dont les enseignements peuvent nous aider à mieux comprendre notre société en général(1).
Après un voyage en train de plus de 12 heures au départ de Bruxelles, le bateau qui rejoindra Ibiza attend au port de Valence pour une traversée qui durera presque 6 heures. Atteindre Valence par le rail depuis la capitale belge d’où sourdent les beaux discours « écologiques » des eurocrates, offre en soi l’expérience qui contredit les mots, démontrant que l’avion n’est pas prêt de se voir remplacé par le train dans l’espace intra-européen. Si vous manquez de soleil en hiver, vous aurez donc peut-être l’opportunité de ce couple Vaudois de trouver un billet aller pour Ibiza à 15,45 francs suisses, et un retour pour 2,45fr(2)… moins cher que le bus, ou quelques kilomètres avec les désormais inévitables trottinettes électriques. Fidèles à eux-mêmes, les acteurs – au sens propre de « ceux qui jouent » – politiques ne prennent la mesure des choses qu’à l’aune de l’argent et ne relèvent aucunement la gravité de la situation dans laquelle l’humanité est embourbée, inscrivant définitivement « l’État comme nuisance absolue » (3) et outil au service du Progrès, donc du capital.
Sans étonnement, l’aéroport d’Eivissa Sant Josep offre ainsi le tableau de cette suprématie du kérosène, avec quelques 7.500.000 passagers et 75.000 mouvements d’avion par an. Les horaires de décollage et d’atterrissage de l’aéroport sont à la mesure de la nécessité d’acheminement du bétail touristique : 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Là où l’on vient se délasser, il ne faut toutefois pas perdre de temps dans les transports(4), la rapidité du déplacement marquant paradoxalement plus nettement la coupure entre les lieux de vie où prédomine le travail et ceux de loisirs où l’on tente d’oublier les premiers. Si vous ne voulez pas vous mélanger au « peuple », la solution du jet privé vous est proposée, avec lequel vous rejoindrez facilement au départ d’Ibiza, Palma de Majorque (35 minutes), Barcelone (45’),Valence (45’). Et si la capitale française devait vous titiller, vous la rallierez en quelques 2h10.
C’est ce que choisissent certains des DJ prisés de l’île, dont Bob Sinclar, de son vrai nom Christophe Le Friant, qui pendant l’été et tous les samedis « enchaîne les sets entre Ibiza et Mykonos » (5). Sur l’île, les disc-jockeys sont les dieux qui font danser les fidèles 24/24, 7/7, avec des cachets qui sont à la mesure de leur notoriété : David Guetta récolte entre 150.000 et 250.000€ par soirée (jusqu’à 450.000 pour des soirées privées), Bob Sinclar dit, lui, recevoir entre 15.000 et 50.000€, mais cela semble un minimum pour celui qui composa l’hymne de la Star Academy et qui, lors de la fête nationale française du 14 juillet 2014 à Valenciennes, encaissa 150.000€, la ville obtenant un rabais pour les 500.000 initialement demandés par la star. Les DJ ne sont pas les seuls multimillionnaires à apprécier l’Isla Blanca et son faste: Shakira, Leonardo DiCaprio, Lionel Messi, Johnny Depp, Christina Aguilera, Justin Bieber, Paul McCartney…
Ceux dont le train de vie exige plus que d’autres une forte production pétrolière préfèrent toutefois que l’extraction se fasse loin de leurs villas. Alors qu’en 2010 l’entreprise Cairn Energy obtient quatre permis d’exploration pétrolière dont certains autour des Baléares, une contestation populaire sans précédent prend forme à Ibiza, aboutissant à une manifestation de plus de 10.000 personnes. Défenseurs de la nature, pêcheurs, milieux du tourisme, habitants et certains politiciens s’opposent au projet. Sans vergogne et avec une ironie certaine, quelques célébrités s’associent au combat. Paris Hilton, jet-setteuse à scandales, arrière-petite fille de Conrad Hilton, fondateur de la chaîne d’hôtels Hilton, twittera « Ibiza est en danger », elle qui étale sa vie luxueuse d’héritière oisive sur tous les réseaux. D’autres, comme Kate Moss ou Pete Tong (DJ britannique), arboreront sur internet une photo avec une pancarte « Ibiza says no » (6). Ce qui peut apparaître comme un potin de plus dans la presse people révèle toutefois une forme de schizophrénie propre à nos sociétés que symbolisent les « stars » et leur hubris, ces VIP mercantiles et insatiables voulant jouir sans entraves mais ne pas voir ce qui rend leur jouissance possible, profiter des conséquences de la société carbone mais en oublier l’origine. Ce sont ceux que Jean Baudrillard appelait les « grands gaspilleurs », qui sont « tous ces grands dinosaures qui défraient la chronique des magazines et de la T.V., c’est toujours leur vie par excès, et la virtualité de monstrueuses dépenses qui est exaltée en eux. Leur qualité surhumaine, c’est leur parfum de potlatch. Ainsi remplissent-ils une fonction sociale bien précise : celle de la dépense somptuaire, inutile, démesurée. Ils remplissent cette fonction par procuration, pour tout le corps social, tels les rois, les héros, les prêtres ou les grands parvenus des époques antérieures » (7).
En pleine dissonance cognitive, ces consommateurs frénétiques des produits modernes issus du pétrole veulent à la fois remplir leur réservoir mais ne rien savoir des destructions que cette extraction implique des milliers de kilomètres plus loin, là où « Les grincements des machines emplissent le vide steppique. La tour semble vivre. On pense à la colonne vertébrale d’un monstre métallique ; Il faut imaginer à 4.000 mètres de profondeur la tête de forage fouissant les substrats, mordant les batholites et crevant les strates. Bientôt – dans 2 jours, dans 2 semaines –, elle touchera au réservoir de gaz enfoui dans la roche-mère. L’éther sous pression remontera alors par la colonne, et un régulateur contrôlera le débit d’injection. Un tube raccordera le puits à un gazoduc principal ; Le gaz quittera le repos des replis à destination d’un monde où des hommes ignorant tout de cette saga tourneront un bouton pour se faire cuire un œuf » (8)… ou s’assoiront dans leur fauteuil en cuir afin de rejoindre en jet privé une des soirées people d’Ibiza. Ils semblent ne même pas réaliser leur profonde contradiction : à l’époque, le chef du gouvernement des Baléares, José Ramon Bauza, dira publiquement « Le pétrole des Baléares, c’est le tourisme » (9). Il oublia la suite du raisonnement : « Le tourisme, c’est le pétrole », et il faudra un jour forer à Ibiza si le modèle que lui et ses acolytes prônent ne change pas. Ils comprendront alors à quel prix se fait leur mode de vie.
Nous sommes ainsi dans le règne de la jouissance hors-sol, des bienfaits sans les dégâts, à l’instar de ces centaines de touristes qui capturent à travers des centaines de smartphones le coucher du soleil près du Café del mar, dans une ambiance paradoxale de joyeuse fin du monde, loin des camps de travail de Foxconn. Savent-ils seulement qu’un jour, ils s’éteindront, et le soleil aussi ?
LE SPECTACLE D’IBIZA
Il y a dans ces lieux comme des psychismes qui se répondent: de « grands gaspilleurs » multimillionnaires, profitant de cette gloire éphémère qu’ils craignent sans cesse de perdre, font danser des hordes de touristes qui vivent la gloire par procuration, fuyant l’inauthenticité de leur existence. Ils sont les nouveaux Narcisse, de ce Narcisse qui entérine la société de classes par son adulation de celui qui domine, et qui « divise la société en deux groupes : d’une part, les gens riches, puissants et renommés, d’autre part, le troupeau » (10). L’ensemble produit cette idéologie diffusée par le spectacle, grand moment ostentatoire de la démesure, du besoin et de l’argent, qui marque « l’appauvrissement, l’asservissement et la négation de la vie réelle » (11). Les fidèles communieraient-ils de cette façon dans les boîtes branchées d’Ibiza si les nouveaux prêtres que sont les DJ ne représentaient pas à leurs yeux faste, démesure et opulence dont ils rêvent ? Dans le centre d’Ibiza, près des boîtes de nuit, s’asseoir et regarder passer les fêtards en latence, suscite un étrange sentiment que les êtres se perdent dans les images, sont là physiquement mais sans être présents. « L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé (qui est le résultat de sa propre activité inconsciente) s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir » (12). Ont-ils toutefois imaginé que du haut de sa chaire, un DJ peut gagner en 2 heures de mix jusqu’à 341 fois le smic, soit 28 années de ce revenu minimum ?
Ibiza, dans son délire ostentatoire, nous aide à lire le présent, mais surtout à comprendre de quels fondements historiques il est le produit. Car si l’île est investie dès les années 1960 par la jeunesse hippie du monde entier qui s’oppose à l’État, la guerre, l’autorité et la société de consommation, prônant une vie libre emplie de musique, de sexe, de drogue et de découverte de soi, ce que l’île est devenue s’inscrit dans la continuité d’un laissez-faire hédoniste précurseur de la culture du narcissisme qui remplit les boîtes de nuit aujourd’hui. Pier Paolo Pasolini décrit bien cette impression lorsqu’il rencontre pour la première fois des « chevelus » dans le hall d’un hôtel à Prague, les faisant parler avec ses mots : « «Nous sommes un masque parfait, non seulement d’un point de vue physique – notre façon désordonnée de flotter fait se ressembler tous les visages – mais aussi d’un point de vue culturel : en effet, on peut très facilement confondre une sous-culture de droite avec une sous-culture de gauche». Je compris en somme que le langage des cheveux n’exprimait plus des «choses» de gauche, mais bien quelque chose d’équivoque, de droite-gauche, qui rendait possible la présence de provocateurs ». Pasolini ajoute : « La sous-culture du pouvoir a absorbé la sous-culture de l’opposition et l’a faite sienne : avec une diabolique habileté, elle en a patiemment fait une mode qui, si on ne peut pas la déclarer fasciste au sens propre du terme, est pourtant bel et bien de pure «extrême-droite» » (13). L’aspect équivoque du mouvement hippie associé à sa culture libertaire lui promettait donc une récupération rapide par le capitalisme. Les anciens révoltés devinrent les nouveaux adaptés, non que cela indiqua le signe d’un reniement mais plutôt d’« un plan de carrière » qui mènera sans vergogne des afters aux affaires. C’est le cas de Jerry Rubin, Américain cofondateur du mouvement hippie qui passera de l’antimilitarisme au reaganisme, devenant chef d’entreprise et l’un des premiers investisseurs d’Apple. Comme le disait Guy Hocquenghem de cette élite française passée « du col Mao au Rotary » : « Vous êtes, vous, devenus, si je puis dire, réactionnaires par conformisme, comme vous étiez de gauche par conformisme » (14).
Ibiza s’offre dès lors en modèle de cette métamorphose historique marquée par cet infléchissement de la nouvelle doctrine morale permissive qui fait suite à la période antérieure caractérisée par la répression, vers une société hyper-consumériste dont elle portait les germes. Car pour se déployer rapidement et faire de chacun un consommateur répondant aux nouveaux besoins créés, la société post-trente glorieuses avait besoin d’un individu prêt à « jouir sans entraves », loin de la tempérance et du sens des limites qui caractérisaient encore l’individu de l’après-guerre. Sur l’île, l’hubris est la mesure de toutes choses : boîtes de nuit pléthoriques qui permettent de danser 24 heures sur 24, style vestimentaire extravagant, corps nus, refaits, tatoués. Ici, on feint une liberté sans limite, une forme d’expression authentique de l’être pouvant faire ce qu’il veut, « enfin », alors que l’année entière il réprimerait sa nature. Mais c’est bien au contraire sur un mode mimétique que l’individu agit ici, échappant à la routine de la vie dans des exhibitions qui, plutôt que de la contredire, sont la plus pure expression de cette aliénation.
Cela sonne faux, comme sonnaient fausses les révoltes de cette petite bourgeoisie de Mai 68, qui préparait le terrain de la démesure actuelle : « La prétendue libération de l’expression leur pèse bien plus qu’ils ne l’avouent ; le parti pris de communication les rend inauthentiques. Ils trichent. Ils ramènent à du déjà-vu toute percée inédite. Leur réhabilitation du corps, par exemple, n’est guère plus qu’un nouveau laxisme, vaguement romantique, vaguement anarchiste. Sans doute, en faisant éclater les carcans du puritanisme et de l’hypocrisie, en nommant la sexualité et le plaisir, en désignant la névrose qui prospère à l’ombre de la religion, en mettant en évidence, dans sa moins réfutable simplicité, l’égalité de l’homme et de la femme, concourt-elle puissamment à une libération dont seuls peuvent nier l’urgence les pharisiens et les résignés. Mais ils ne font guère qu’opposer symétriquement le permis à l’interdit, la révolte à l’oppression ; ils changent le sens de l’aliénation plus qu’ils ne l’abolissent. Ils réclament le droit au plaisir et cherchent comment l’organisation sociale pourrait satisfaire cette revendication. Ils facilitent ce faisant la tâche de la société de consommation qui leur répondra cyniquement par la banalisation de l’érotisme en vue d’une plus grande docilité des producteurs. Ce n’était pas de cette permissivité mercantile, de cette sensualité dissociée que rêvaient les plus généreux, mais d’un monde capable d’apprendre peu à peu le langage du corps, d’une humanité qui lui accorderait une place éminente dans la construction du bonheur, qui ferait de la rencontre amoureuse un des modes essentiels de la vie, enfin reconnu et exprimé comme tel » (15).
LES CORPS, ESPACES PUBLICITAIRES
À Ibiza, les corps ne parlent plus, ils s’exposent. Objets réifiés comme surfaces de consommation, ils affichent leurs tatouages comme des marques s’inscrivent sur des panneaux publicitaires. Ces corps-marchandises évoluent dans des espaces où ils se jugent, se jaugent, se comparent, n’existant que dans le regard de l’autre qui est reconnu uniquement par cette fonction de miroir qu’il occupe. « Tous, tant que nous sommes, acteurs et spectateurs, vivions entourés de miroirs ; en eux, nous cherchons à nous rassurer sur notre pouvoir de captiver ou d’impressionner les autres, tout en demeurant anxieusement à l’affût d’imperfections qui pourraient nuire à l’apparence que nous voulons donner. L’industrie de la publicité encourage délibérément ce souci des apparences » (16). Les corps imparfaits, selon les canons édictés par la société de consommation, sont refaits, comme on modifierait un objet inadéquat : seins, fesses, bouches… Le corps fragmenté représenté comme une machine constitué de différentes pièces, tend à la « perfection », chacune des parties améliorées par la technique concourant à cet objectif.
Mais au-delà d’une impression de liberté, les corps en exposition sont pourtant le signe d’un comportement affecté qui plus profondément exprime « le sentiment que le moi est un acteur constamment surveillé par les amis comme par les étrangers » (17). Ici dénote plus qu’ailleurs cette exhibition permanente de soi, cette expérimentation narcissique dont son propre corps est l’objet, conséquence d’un monde où « la publicité encourage les hommes autant que les femmes à considérer la création de leur moi comme la plus haute forme de créativité (…) Les hommes comme les femmes doivent donner une image plaisante d’eux-mêmes, et devenir à la fois acteurs et connaisseurs avertis de leur propre prestation » (18).
Au milieu des strass et de ces corps à moitié dénudés, un vieil Ibizien dénote dans la nuit. Il vend des billets pour la Lotería de navidad de fin d’année. « Je ne touche que 300€ par mois de pension », impossible de vivre à Ibiza avec une telle somme, surtout si on n’est pas propriétaire de son logement. Le tourisme de masse a en effet rendu plus intéressant la location estivale à des étrangers dotés d’un pouvoir d’achat plus conséquent plutôt qu’à des autochtones toute l’année. Cette forme de discrimination qui nie le droit au logement suit la même logique que le modèle Airbnb qui, tirant profit de la location de logements privés dans le but principal de visites touristiques, réduit le nombre de logements accessibles à la location pérenne à Prague, Lisbonne, Barcelone… concourant mécaniquement à une augmentation des loyers. Dans un contexte de démantèlement de l’État social, c’est une façon de plus de détruire le lien et de différer une révolte légitime en laissant la « liberté » à chacun de ne pas tomber dans l’indigence en louant – ou sous-louant – son habitation.
PARADOXE DU TOURISME
Au pied du Piscis, un des grands hôtels de Sant Antoni de Portmany, des cartouches vides de protoxyde d’azote : « On en trouve partout ici, tous les jours. Parfois des jeunes les jettent de leur balcon et elles endommagent nos voitures », nous dit un loueur de voiture jouxtant l’hôtel, quand ce ne sont pas « des jeunes qui passent d’un balcon à l’autre et chutent, ce qui est une des causes de mortalité des touristes ici ». Le protoxyde d’azote, c’est ce gaz hilarant comprimé dans une cartouche, que certains vendeurs de rue africains arborent au bout d’une chaîne, signalant sans doute aux badauds qu’ils peuvent se procurer chez eux cette nouvelle drogue qui fait fureur, notamment en Angleterre(19). En état d’ébriété ou sous l’effet de drogues, certains s’adonnent à ce qu’on appelle le balconing, à savoir sauter du balcon de sa chambre dans la piscine ou pour rejoindre un autre balcon. Au moins un Belge, un Allemand, un Anglais et un Australien en ont fait les frais dès le mois de juin : un mort, un état critique, deux blessés… auxquels s’ajouteront d’autres jusqu’au moins fin septembre.
On a envie de fermer les yeux sur cet Ibiza-là, symbole de la démence moderne, paroxysme d’une société à la dérive que rien ne semble pouvoir arrêter et où la jeunesse se perd pendant quelques mois d’été dans une forme de fuite du réel, espace insulaire où le tourisme s’offre comme activité économique principale dans un lieu qui « ferme » entre octobre et avril. Le tourisme de masse est là, imposant mais « obligé » pour les autochtones ; comme l’exprimera à demi-mot un taximan : « pour rien au monde je n’irais vivre dans le centre de Sant Antoni, à la fin de la journée je retourne chez moi, c’est là que je me repose ». C’est le paradoxe de cette industrie du tourisme que les autochtones détestent puisqu’elle dénature tout, mais dont ils ne peuvent se passer puisqu’en même temps elle les fait vivre. Dans une île qui importe la majorité de ce qu’elle consomme, il est toutefois piquant de penser qu’un retour au réel inévitable aurait lieu en cas de pénurie de pétrole, alors que la vie telle qu’elle se fait là ne pourrait se maintenir plus de 3 jours sans le précieux or noir…
Alexandre Penasse
- Ce portrait de l’île se veut volontairement réducteur, s’arrêtant sur ce qui a donné à l’île sa notoriété internationale. Nous n’évoquons pas son histoire lointaine, ses coutumes, son patrimoine historique et culturel, sa faune, sa flore… Si ces éléments contrasterait avec l’Ibiza des boîtes de nuit, il n’en resterait pas moins qu’ils n’enlèvent rien à notre analyse, les deux Ibiza rentrant même, et c’est assez logique, en contradiction.
- https://www.tdg.ch/economie/entreprises/derriere-prix-cassesla-face-cachee-low-cost/story/31724743
- Encyclopédie des nuisances. Discours préliminaire, Éditions de l’encyclopédie des nuisances, 2009, p.27.
- Ce « gain » de temps est toutefois une parfaite illusion, Hartmut Rosa démontrant implacablement la pénurie de temps qui a lieu en dépit des progrès technologiques. Voir Accélération, une critique sociale du temps, La Découverte, 2011.
- https://www.parismatch.com/Culture/Musique/Bob-Sinclar-Ma-vie-de-DJ-a-Ibiza-1551257
- http://www.bbc.co.uk/newsbeat/article/26156703/celebrities-back-ibiza-says-no-oil-drilling-campaign
- Jean Baudrillard, La société de consommation, Editions Denoël, 1970, p. 53.
- Sylvain Tesson, L’or noir des steppes : voyage aux sources de l’énergie, Arthaud, 2007/2012, p. 43.
- https://www.rtbf.be/info/societe/detail_ibiza-ses-plages-ses-stars-et-peut-etre-un-jour-son-petrole?id=8234348
- Christopher Lasch, La culture du narcissisme, Flammarion, 1979/2006, p.121.
- Guy Debord, La société du spectacle, Gallimard, 1967/1992, p. 205.
- Ibid., p. 31.
- Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires, Champs arts, 1976, pp. 30 et 31.
- Guy Hocquenghem, Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Agone, 2003, p. 47.
- Jean Sur, 68 Forever, Arléa, 1998, pp. 57–58.
- Christopher Lasch, La culture du narcissisme, Ibid., p.129.
- Ibid., p.127.
- Ibid., p.130.
- https://www.lesinrocks.com/2014/10/02/actualite/actualite/gaz-hilarant-drogue-angle-terre/