À travers une campagne publicitaire massive, Facebook se pose, ces jours-ci, en arbitre de la « vraie information ».
Désormais « collaborateur » et « partenaire » dévoué des États de par le monde, l’entreprise privée s’annonce comme le garde du corps qui vient au secours des gouvernements pour les aider à faire entrer dans le crâne des gens, via des « publicités gratuites », toutes les « informations fiables » concernant le Covid19.(1)
Facebook, dont la vocation n’est tout de même, à la base, que d’être un trombinoscope géant, chercherait-il à se poser en nouveau Ministre de la Vérité ?
Facebook sait-il mieux que tout le monde ce qui est « essentiel » et ce qui ne l’est pas, ce qui est « fiable » et ce qui ne l’est pas ? Facebook cherche-t-il à se substituer à la conscience des gens pour en décider ?
Facebook a‑t-il complètement oublié ce que « liberté d’expression » veut dire ? A‑t-il rayé de son inventaire « liberté d’opinion » et « liberté de conscience » ?
Cette proposition publique de devenir, pour tous les États du monde, une sorte de gardien ou de censeur-en-chef, devrait sonner comme une alarme d’urgence pour tous les utilisateurs de cette plateforme. Facebook, entreprise privée, compte désormais abreuver ses abonnés d’informations qu’il aura sélectionnées et reconnues comme « fiables » et « essentielles ». Sur quels critères ? Selon quelle méthode ? Comment parler encore « d’information » dans ces conditions ?
Si l’objectif affiché est de « travailler avec les gouvernements du monde », il est bien clair alors que le critère principal n’est pas d’offrir une information impartiale, objective, pesée, recoupée et la plus complète possible, mais plutôt de servir de relais obséquieux et servile à toute propagande que les gouvernements chercheront à délivrer. En termes « d’information » et de « liberté de la presse », ce choix est, à tout le moins, extrêmement préoccupant.
Pour tous ceux qui doutent, qui cherchent avec droiture, sincérité et humilité, pour tous ceux qui remettent en question, qui s’interrogent, qui explorent d’autres voies que les mantras ministériels, même si leur démarche est prudente et rigoureuse, quelle autre issue, alors, que d’être taxé d’hérésie et censuré ? Facebook ou le retour de l’Inquisition ?
Un pas de plus vient d’être franchi, vers la pensée unique, vers le délit d’opinion, vers l’extinction de toute voix dissidente, vers la neutralisation des contre-pouvoirs, vers l’étouffement du débat citoyen et le déni de démocratie.
Nos gouvernements vont-ils laisser faire ? Vraiment ?
- Publicités parues dans plusieurs médias, sur internet et en version papier. Exemple : publicité pleine page dans le Point du 24 juin 2021, page 15.