Serge Van Cutsem
(Illustration Isabelle Biquet)
L’arrêt du 6 mai 2025 rendu par le Conseil d’appel de l’Ordre des Médecins dans l’affaire du docteur Alain Colignon constitue un tournant discret et pourtant fondamental, et celui-ci ne concerne pas uniquement la Belgique car il y a fort à parier qu’il pourra faire jurisprudence au sein de tous les pays qui ont maltraité tous les membres du corps médical qui ont eu comme seul tort d’avoir raison et surtout d’avoir respecté à la lettre le serment d’hypocrate.
Alors que ce médecin intègre et courageux avait été lourdement sanctionné en 2022 pour ses prises de position sur la gestion du Covid-19, la cour d’appel rejette désormais l’essentiel des accusations, reniant ainsi ses thèses de 2022.
Mais ce retournement embarrasse certains médias, qui préfèrent travestir l’événement.
Car en réalité, que dit ce jugement en appel, en le résumant au mieux car le texte intégral est très indigeste pour le citoyen lambda.
1. Il n’y a aucune faute sur le fond :
Le docteur Alain Colignon ne peut pas être sanctionné pour ses opinions médicales (traitements, vaccins, etc.). La cour reconnaît d’ailleurs que ses propos relèvent de l’intérêt général, qu’ils s’inscrivent dans le débat public, et que rien ne justifie une censure. Même si ses opinions dérangent, elles sont protégées par la liberté d’expression. On ne peut pas s’empêcher de mettre ce jugement en parallèle avec celui concernant le docteur Christian Perronne en France, où le Conseil de l’Ordre a blanchi le professeur Perronne après l’avoir violemment condamné.
2. Il y a faute sur la forme :
Il est en revanche sanctionné pour des propos virulents et dénigrants envers des confrères et le président de l’Ordre. Comparaisons exagérées, attaques personnelles : ces excès sont jugés contraires à la déontologie. La sanction se limite à 2 mois de suspension. Il s’agit purement d’un moyen de s’en sortir par le haut, mais le docteur Alain Colignon a déjà décidé de se pourvoir en cassation.
C’était bien entendu sans compter sur nos chers médias mainstream et propagandistes qui restent fermement figés sur le passé et aveugles sur la réalité d’aujourd’hui, quoique ce soit plus fin qu’il n’y paraît de prime abord.
Ils présentent cette victoire en la travestissant, comptant sur l’habitude de leurs lecteurs à s’arrêter au titre. En effet, la soif d’information n’est plus leur moteur de réflexion, pourvu que ces titres les rassurent et surtout confortent leurs croyances.
Pourtant, cet arrêt acte une réelle réhabilitation de manière incontestable. L’Ordre, qui avait sanctionné sévèrement le docteur Colignon pour ses prises de position, reconnaît désormais qu’elles ne justifient aucune sanction disciplinaire, mais pour ne pas se dédire totalement, il conserve une petite sanction, sur la forme. C’est un recul institutionnel déguisé en fermeté pour ne pas perdre totalement la face.
Le rôle malfaisant des médias
Dans cette affaire, le comportement de certains médias, entre autres Le Soir, La Libre, mais pas que, apparaît non seulement biaisé, mais activement malfaisant. Leur couverture de l’arrêt d’appel ne vise pas à informer, mais à entretenir une fiction punitive à des fins idéologiques.
Alors même que l’Ordre reconnaît que le docteur Colignon ne peut être sanctionné pour ses opinions médicales, Ces médias persistent à le désigner comme « proche de la sphère complotiste » et à parler de « conseils aberrants », recyclant ainsi les termes de l’ancienne condamnation qui a été annulée.
Ce n’est plus de l’information, c’est du formatage. Ce n’est plus une erreur, c’est une intention.
La méthode est simple : ne jamais admettre que ceux qui avaient raison trop tôt ont eu raison tout court. En agissant ainsi, ces médias ne corrigent pas le récit, ils verrouillent le présent pour protéger leurs mensonges passés.
Ils refusent la complexité, ils refusent le doute, ils refusent la démocratie du débat. Ils persistent à confondre science et scientisme.
Mais surtout, et c’est cela qui est le plus important, ils préparent le terrain pour la prochaine campagne d’intimidation narrative, qu’il s’agisse d’une nouvelle pandémie, d’une crise climatique, ou de toute autre urgence où la vérité devra obtenir un visa de conformité avant de voir le jour.
Et si d’aventure la vérité devait être enfin verrouillée et le débat définitivement ouvert et permis, ils se réservent ainsi une position de repli. Mais une demi-vérité n’est jamais qu’un mensonge déguisé.
L’affaire Colignon révèle un malaise plus profond : les institutions commencent à corriger leurs excès, mais les médias restent les gardiens d’un récit figé. Une démocratie mûre devrait permettre à chacun de s’exprimer, sans risquer l’exclusion ou la diffamation. Ce que cette affaire met en lumière, c’est le pouvoir immense de la presse à déformer les faits pour maintenir une vérité de convenance, même contre l’évidence juridique.
Il ne s’agit donc plus d’un problème de traitement médiatique ponctuel. Il s’agit d’un dérèglement structurel du rôle de la presse. Et si ce phénomène n’est pas dénoncé et contrecarré, il continuera d’alimenter l’érosion du débat démocratique, en faisant des médias non plus des contre-pouvoirs, mais des organes d’alignement idéologique.
Cette stratégie est également un outil de conditionnement. En refusant d’admettre que le débat était légitime, en diabolisant toute voix discordante, les médias traditionnels posent les jalons d’une obéissance future. Ce n’est pas seulement le passé qu’ils verrouillent : c’est le futur qu’ils balisent. Ainsi, lorsqu’une prochaine crise surviendra — sanitaire, climatique, ou autre — le public sera déjà préparé à désigner les bons et les méchants, à savoir qui écouter et qui ignorer, et aussi à censurer sans réfléchir en s’érigeant kapos du pouvoir, ce qui rappelle des années très sombres.
Mais à mesure que le temps passe, et que les faits rattrapent les dogmes, ces médias sont confrontés à une impasse : ils doivent soit reconnaître qu’ils se sont trompés, soit persister dans le mensonge. Ils choisissent, pour l’instant, la seconde option. C’est un choix stratégique : il ne s’agit plus d’informer, mais de survivre en tant qu’autorité narrative.
Les médias institutionnels n’ont jamais supporté l’idée que des médecins, scientifiques ou journalistes indépendants aient pu, dès 2020, identifier les dérives de la gestion sanitaire. Il était vital pour eux de les neutraliser symboliquement, en les assignant à la marge, dans un enclos lexical : « complotistes », « antivax », « extrémistes ». Cela a permis de suspendre le débat, de bloquer toute remise en cause du discours dominant.
Pourquoi tant d’empressement à continuer de le qualifier de « complotiste », alors que même la juridiction disciplinaire — pourtant rarement indulgente avec les voix dissidentes — reconnaît qu’il ne doit pas être sanctionné pour ses opinions médicales ?
Parce que reconnaître qu’il avait raison reviendrait à admettre l’échec de toute une chaîne d’obéissance : politiques, experts officiels, et journalistes, le tout étant sous l’emprise de Big Pharma.
Au-delà de cette affaire, ce qui se joue ici est bien plus vaste. Les médias dits « de référence » ne sont plus, depuis longtemps, de simples relais d’information neutres. Ils sont devenus des instruments de pouvoir, des prescripteurs de vérité officielle. Leur rôle n’est plus de rapporter les faits, mais de les encadrer, de les hiérarchiser, de les interpréter à travers le prisme de récits imposés. L’affaire Colignon en est une illustration frappante car ils en sont même arrivés à travestir les décisions de l’Ordre de Médecins, se disant en aparté : « Mince alors, même eux nous ont lâchés ».
Le journalisme du XXIe siècle, tel qu’il se dessine ici, ne cherche plus à dire le réel, mais à le discipliner, à le fondre dans le récit, le narratif.