Plainte contre Ursula von der Leyen, Liège, 25 avril 2024.
Le député européen de la Communauté Germanophone, Pascal Arimont, reste muet face à une plainte.
« Le silence de Monsieur Arimont » — ce qui ressemble à un roman du plus célèbre écrivain liégeois Georges Simenon ⎼ est en réalité un polar qui se déroule à huis-clos au sein des institutions européennes de Bruxelles. La principale suspecte est la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, collègue de parti du député européen Pascal Arimont (CSP), originaire de la Communauté germanophone de Belgique. Une fois de plus, des informations importantes sur les agissements de la politicienne ont soudainement disparu. Celle-ci avait déjà fait scandale en tant que ministre de la Défense allemande en 2020, lorsqu’elle avait effacé des messages de son téléphone gouvernemental (Ndlr : professionnel). Cette fois-ci, il s’agit d’accords entre la Commission européenne et le fabricant de vaccins Pfizer. Dans ce cadre plusieurs milliards d’euros, argent du contribuable, ont été détruits. Le parquet de Liège enquête depuis un an sur la base d’une plainte déposée par le Belge Frédéric Baldan contre l’ancienne ministre allemande Ursula von der Leyen pour « ingérence dans des fonctions publiques, destruction de SMS, corruption et conflits d’intérêts ». Vivant s’était joint à cette plainte. Parallèlement, un groupe de députés européens, ainsi que le New York Times, ont porté plainte contre von der Leyen devant la Cour de justice européenne pour violation présumée de la Charte des droits fondamentaux de l’UE.
Enquête sur la démocrate-chrétienne
Le Parquet européen (EPPO) s’est à présent impliqué dans l’enquête menée contre la présidente de la Commission européenne, accusée au pénal. L’EPPO, dont le siège est à Luxembourg, veut se saisir de l’affaire dans le but de déclarer irrecevables les plaintes de toutes les parties civiles déposées auprès du juge d’instruction belge Frédéric Frenay, et d’interrompre l’enquête contre la présidente de la Commission, qui a débuté en avril 2023. Le contexte : Ursula von der Leyen se présente aux élections européennes du 9 juin en tant que tête de liste du Parti populaire européen (PPE), dont fait partie le CSP, parti politique en Communauté germanophone. Concrètement, il s’agit d’un contrat de livraison pour les vaccins Pfizer que von der Leyen avait négocié personnellement au printemps 2021, sans avoir de mandat correspondant. Les négociations portaient sur 1,8 milliard de doses de vaccins, pour une somme estimée à 35 milliards d’euros provenant du portefeuille des contribuables européens. Des doses d’une valeur d’au moins 4 milliards d’euros ont toutefois dû être détruites, ceci rien que l’année dernière. Dans le même temps, Pfizer avait augmenté le prix de 25%, malgré le volume de la commande. Dès octobre 2022, des milliers de citoyens de l’UE avaient dénoncé au Parquet européen les infractions potentiellement commises par Mme von der Leyen dans le cadre de la négociation et de la conclusion de contrats d’achat de vaccins Covid-19. Leur enquête n’a cependant pas progressé et l’autorité luxembourgeoise EPPO a récemment annoncé, suite à un reportage de la chaîne de télévision française Arte, qu’après plus de 18 mois d’enquête elle ne pouvait « identifier aucun suspect ».
Des milliards de dommages pour les contribuables
Le 17 mai, les députés du parti politique Vivant Michael Balter, Alain Mertes et Diana Stiel assisteront à Liège à une audience du tribunal qui décidera probablement de la suite de la procédure contre Ursula von der Leyen. Lors de cette audience, il s’agira de savoir si l’enquête en cours depuis un an peut être poursuivie et si elle peut apporter des éclaircissements sur les infractions reprochées à von der Leyen. Selon le cadre juridique européen, l’EPPO est exclusivement compétente pour les délits qui concernent le budget de l’UE. Interrogé par les avocats de von der Leyen sur les intentions de Vivant derrière cette plainte, le président du parti et du groupe Vivant, Michael Balter, a déclaré : « Vivant estime que l’action du tribunal belge contre la présidente de la Commission est parfaitement justifiée, car les victimes de ses agissements sont avant tout des citoyens belges et l’État belge. « Ce qui est frappant, c’est le silence de M. Arimont », déclare à ce sujet le député Alain Mertes de Vivant. « Nous demandons à l’eurodéputé de faire pression sur la Présidente de la Commission pour qu’elle rende publique sa correspondance prétendument disparue dans cette affaire ». Après tout, M. Arimont se vante régulièrement de ses bons rapports avec la démocrate-chrétienne allemande, considérée comme une proche de l’ancienne chancelière Angela Merkel, désormais très controversée. Selon A. Mertes, les contribuables de l’UE ont le droit de savoir, avant les élections européennes du 9 juin, comment et par qui leur argent a été détruit. Selon la volonté de Vivant, l’enquête belge indépendante doit se poursuivre afin de faire la lumière sur cette affaire. Ursula von der Leyen elle-même a déclaré en 2022, dans le cadre de l’affaire dite du « Qatar Gate » : « La corruption est un crime, elle doit être poursuivie en justice et j’ai toute confiance dans les autorités belges qui sont responsables du traitement de cette affaire ». Vivant a également toute confiance dans le système judiciaire belge, en l’occurrence dans l’affaire Pfizer de von der Leyen.
Pour Vivant Ostbelgien,
Michael Balter, Diana Stiel, Alain Mertes