Pour une RTBF sans Pub

Dans les pays développés comme la Belgique, plus de 98% des foyers sont équipés d’au moins un téléviseur. Chaque individu consacre plus de 3 heures 40 minutes de sa journée à regarder la petite lucarne, ce qui représente 20 à 25% de notre temps de veille et 75% de notre temps de loisirs. Ou encore 56 jours par an, 11 ans sur une vie qui en compte 81 en moyenne(1)!

La télévision est un fait politique

La télévision est un objet technique très particulier si l’on en juge par le temps particulièrement long qu’on lui consacre, par l’influence colossale qu’elle représente, parvenant à retenir l’attention d’individus volontaires (à l’exception des enfants en bas âge qui le plus souvent sont mis devant le poste d’abord par leurs parents) dans des proportions qui ne semblent pas connaître d’égal. La télévision est un fait politique majeur : elle a une influence déterminante sur l’organisation du rythme de vie, sur le façonnement non seulement des idées, de la représentation du monde et des relations sociales, mais aussi de la conscience et de la personnalité, la télévision prenant les enfants au berceau. La télévision est un objet de pouvoir dont on oublie de prendre la mesure tant elle s’est invitée sous des airs de machine anodine jusque dans le salon, la cuisine, la chambre, et maintenant jusque dans la poche pour les utilisateurs de ces téléphones dits « intelligents » qui permettent de regarder des programmes débiles partout où on les suit.

Que la télévision soit un objet de pouvoir, c’est ce dont on avait pu se rendre compte en constatant l’appétit des puissants pour tenter d’en maîtriser les arcanes. Pensons à Berlusconi qui avait fait main basse sur les principales chaînes italiennes dont la nullité des programmes était proportionnelle au tour de poitrine des speakerines bunga-bunga. Ou moins loin, à Nicolas Sarkozy et ses amitiés très télévisuelles, avant qu’il ne décide carrément de changer le mode de nomination de la direction de France Télévisions pour pouvoir y placer d’obéissants individus. Ou plus près, les  relations très cordiales des dirigeants des partis politiques belges avec les patrons des deux groupes concurrents que sont RTL, qui se veut principale chaîne belge francophone mais qui est de droit luxembourgeois (nous y reviendrons dans le prochain numéro), et de la RTBF qui est carrément aux mains des partis politiques, et sous l’influence particulière du PS.

Les partis ont besoin des médias pour diffuser leurs propos, les médias ont besoin des partis pour assouplir les cadres réglementaires qui les astreignent encore un petit peu, et par ailleurs pour assurer le spectacle racoleur qui alimente la surenchère médiatique(2).

La télévision est une pièce maîtresse d’une relation de pouvoir centrale dans nos sociétés, que l’on qualifie encore parfois erronément de « sociétés de l’information ». C’est un enjeu de lutte politique crucial, qui échappe pourtant très largement au débat public. Devinez pourquoi?

Si la télévision est un objet politique, outre les combats d’alcôves entre partis électoralistes, quelles sont les conséquences de son utilisation? Elles sont nombreuses et globalement très problématiques.

Contre la télévision: Bernard Stiegler, philospohe

Entre autres effets, citons ceux identifiés par le philosophe Bernard Stiegler, qui parle de la télévision comme d’un véritable système de captation de l’attention qui fait écran, c’est le cas de le dire, avec les relations sociales, les rapports entre êtres humains. Stiegler souligne que les écrans, la télévision en particulier, empêchent ce que Freud a appelé la sublimation, qui est un investissement psychique dans des activités créatives, culturelles, sociales, de travail, etc. C’est ce qui conduit par exemple à tenter de séduire votre voisine plutôt que de lui sauter dessus. A vous investir dans une carrière plutôt qu’à combattre vos imbéciles de congénères, mais aussi à travailler pour gagner l’argent qui vous permettra d’acheter l’objet de vos rêves, etc. Le non-assouvissement immédiat des pulsions entraîne la sublimation du désir dans les activités qui vont construire l’individu et ses relations sociales. L’investissement psychique personnel qui découle de cette frustration et du réengagement qui en découle est le cœur de la libido.

La télévision ruine la libido, cette envie créée en réaction au non-assouvissement immédiat d’une pulsion, en la faisant échouer sur la marchandise puisque le marketing est la trame de fond télévisuelle, le début et la fin de  tout programme. Face au poste, vous n’êtes plus en interaction avec vos congénères avec qui auraient pu naître discussions, frustrations et accomplissements, mais face à un dispositif qui capte votre attention, empêche l’interaction, et propose comme toute réponse aux pulsions l’acte d’achat, la consommation matérielle.

Ce constat est grave nous explique B. Stiegler, parce que la télévision ruine l’économie psychique des individus en les isolant, en réduisant la libido à la pulsion (d’achat), ce qui détruit le désir, débouche sur une sorte d’affaiblissement du sujet d’une part et de déplaisir d’autre part. Pour y aller à grands traits, disons à la suite des remarques de B. Stiegler, qu’on imagine mal en effet un peuple gavé de télévision se lever contre l’oppression, comme les Espagnols en 1936 par exemple. Et que l’on sent que Secret Story, le JT et The Voice pourraient bien ne pas être étrangers à l’absence de force, de volonté, de désir, de liberté et d’intensité qui semble caractériser si clairement le téléspectateur avachi devant son poste, dont les chaînes ont pour mission de vendre leur temps de cerveau disponible. Peut-on construire un individu et une société avec des cannettes de coca-cola?

  Guy Debord avait cette réflexion, en 1967 déjà : « L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé (qui est le résultat de sa propre activité inconsciente) s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir ».(3)

Contre la télévision: Pierre Bourdieu, sociologue

Le sociologue Pierre Bourdieu, revenant d’expériences télévisuelles douloureuses(4), s’était fendu de deux cours télévisés au Collège de France qui ont fait l’objet d’un livre intitulé Sur la télévision(5). Il y expliquait pourquoi selon lui la télévision est une force de violence symbolique qu’il faut comprendre puis dénoncer.

Il notait en particulier que les contraintes de temps propre au petit écran imposent un « fast thinking » qui rend à peu près impossible toute contextualisation et toute conceptualisation indispensables au développement d’une idée un peu complexe. Or, comment comprendre un monde complexe sans idées qui puissent également l’être, sans pour autant être compliquées? Ce fast thinking, qui résulte de la pression de l’urgence imposée par l’audimat et la logique marketing, caractérise l’attitude de médias qui se mettent en compétition et courent derrière des sujets qu’ils cherchent à couvrir les premiers. Cette course médiatique implique que chaque groupe suive de près ce que fait le voisin, pour se positionner par rapport à lui.

Dès lors apparaît la « circulation circulaire de l’information » qui pousse les rédactions à créer des « sujets d’actualité » simplement parce que le concurrent l’a fait un peu plus tôt. C’est une logique de meute, comme l’a souligné le journaliste Serge Halimi. La circulation de l’information est circulaire parce que les médias, qui justifient leurs choix par la logique marketing, en viennent à confondre l’actualité avec celle des médias, l’intérêt de l’audience avec les chiffres de l’audimat, le monde réel avec sa représentation télévisuelle. On atteint ainsi régulièrement la caricature dans les émissions où, pour parler de l’actualité, les journalistes invitent des experts fabricants de l’actu’ que sont d’autre journalistes, plutôt que les gens qui vivent certaines situations qu’il serait bon d’expliquer, ou des personnes dont le métier n’est pas de faire l’actu’ mais d’analyser certaines facettes du monde actuel.

Ces effets déformants de la télévision restent pourtant largement invisibles à l’écran et exercent une « censure invisible », à commencer par le choix des sujets sur lesquels l’invité en télévision n’a rien à dire – ce peut être nécessaire pour l’exercice de quatrième pouvoir, mais c’est également la garantie de ne jamais parler de certaines choses. Cette censure invisible exerce une violence symbolique, dit Bourdieu, qui prend parfois la forme du « cacher en montrant »: montrer un aspect seulement d’une personne, d’un quartier, d’un groupe, d’une histoire, permet facilement de le réduire à ce qui peut n’être qu’une caricature d’une seule de ses caractéristiques. C’est à tous les coups cacher certaines dynamiques ou certains enjeux qui font le sujet tel qu’on le voit à l’écran sans, dès lors, pouvoir le comprendre.

Pierre Bourdieu déclarait dans ce livre, en 1996,  « On peut et on doit lutter contre l’audimat au nom de la démocratie »(6). Mais que font les sociologues des universités?

Contre la télévision: Michel Desmurget, neurologue

La télévision comme enjeu de pouvoir politique et source de copinages, comme destructeur de désir et d’investissement psychique, comme reconstruction sociale biaisée de la réalité, autant d’effets problématiques identifiés. On savait aussi que globalement, passer des heures devant son poste, ça n’est pas bon pour la santé. Mais à quel niveau exactement? Un neurologue s’est justement penché sur les effets sanitaires et cognitifs de l’exposition au petit écran de manière approfondie, en compilant des milliers de pages de littérature scientifiques et d’autres apports.

Dans une étude qui compte tout de même 1193 références, le neurologue et directeur de recherche à l’INSERM français Michel Desmurget parvient au constat synthétique que « pour le dire en termes prosaïques, les recherches récentes établissent la télévision comme une gigantesque machine à abrutir, un incroyable organe de décérébration dont nos gosses sont les premières victimes »(7).

Le bilan télévisuel est très cruel et a les allures de celui de la cigarette, de l’alcool, de l’obésité et du diabète réunis (devinez pourquoi?). Les enfants sont particulièrement touchés, et il ne s’agit pas là de supputations gauchistes – loin de là – mais de résultats d’études chiffrées et tout ce qu’il y a de plus scientifiques.

Ainsi, un enfant de 2 ans qui regarde la TV une heure par jour double la probabilité de présenter des troubles attentionnels en grandissant. A 3 ans, deux heures de TV par jour triplent les risques de surpoids. A 7 ans, regarder la TV une heure par jour augmente de plus d’un tiers la probabilité de devenir un adulte sans diplôme. Entre 40 et 60 ans, regarder la TV une heure par jour augmente d’un tiers les chances de développer la maladie d’Alzheimer, etc. Sans surprise, tous ces facteurs sont aggravés par des conditions socio-économiques défavorables. Plus simplement: les pauvres subissent plus amplement les effets délétères de la TV, qu’ils regardent plus. Tous ces faits sont connus des scientifiques, et niés comme le furent avant les effets de l’amiante ou du tabac.

Que faire?

Le neurologue propose des solutions simples et accessibles(8):

  • Premièrement, prendre conscience de l’ « action fortement nocive sur le développement (et le vieillissement) cognitif, le sommeil, la réussite scolaire, la santé, l’agressivité, la sociabilité intra et extra-familiale ». Savoir qu’ « il n’y a pas de bon usage du petit écran », qu’il est très difficile de cibler précisément la consommation audiovisuelle. La meilleure option est donc le zéro télé. Si vous cherchez une manière de commencer la révolution, de vous désaliéner, de décoloniser votre imaginaire, une proposition de Kairos: jetez votre poste de télé! ;
  • Deuxièmement: Ne jamais mettre de télévision dans une chambre à coucher, surtout chez un enfant ;
  • Troisièmement: pas de télévision avant 6 ans ;
  • Quatrièmement: jusqu’à 17 ans, pas plus de 3–4 heures par semaine, aucune pub, faire des choix très ciblés des contenus et supprimer les contenus sanitaires à risque (alcool, tabac, violence, sexualité, alimentation) ;
  • Cinquièmement: les adultes font ce qu’ils veulent, mais la télévision est un facteur d’isolement et les « expose à des risques morbides majeurs ».

Vous constaterez que ces solutions, praticables par chacun bien qu’à l’opposé de la propension au laisser-faire et au no-limit qui inonde le discours médiatique, n’appellent pas de mesures politiques, quoiqu’elles ne les excluent pas non plus. On pourrait ainsi envisager des programmes d’éducation aux médias un peu plus scientifiquement fondés que ceux qui circulent sur quelques rares bancs des écoles. Il ne s’agit pas d’expliquer aux enfants comment on fait une pub ou la différence entre le JT et un documentaire, mais de leur expliquer que regarder la télévision, c’est très mauvais pour eux. Il serait temps.

Contrat de gestion RTBF: sauvons-nous, virons la pub!

Il existe une constante dans les analyses du philosophe, du sociologue et du neurologue sur la télévision : la logique publicitaire est son cancer, la publicité commerciale elle-même étant le pire du contenu et l’aboutissement du processus qui fait de la télévision la décerveleuse qu’elle est devenue.

Ce dossier est consacré à la RTBF et à la pub qui la ronge, au moment où le contrat de gestion est en train d’être renégocié. Ce contrat (ainsi que d’autres textes réglementaires) prévoit notamment les droits et obligations de la RTBF en matière de publicité commerciale, notamment pour ce qui concerne la quantité de publicité autorisée, sous quels formats (tunnels, écrans partagés, sponsoring, etc.), quand, pour quels produits. La renégociation du contrat de gestion peut être l’occasion de faire reculer la pub, et il nous semble que les arguments développés par les spécialistes plaident inconditionnellement en ce sens.

S’il n’est pas souhaitable et encore moins faisable de supprimer la télévision par décret, il serait sain de proposer une radio-télévision sans pub, un organe audiovisuel débarrassé de la logique cancéreuse du marketing. Il n’y a d’ailleurs aucune raison que la radiotélévision de service public, financée à 70% par les usagers, diffuse tous azimuts des publicités commerciales dont la nocivité n’est plus à démontrer.

D’ailleurs, est-il seulement concevable dans une société décente que le service public diffuse des messages qui sont sanitairement désastreux, culturellement délétères et qui accélèrent dramatiquement la destruction des écosystèmes en incitant à la surconsommation alors que toutes les alarmes écologiques sont allumées au rouge? N’est-ce pas l’Etat et les pouvoirs publics, garants en dernier recours de la RTBF, qui doivent assumer, notamment d’un point de vue financier, les dégâts innombrables de la pub? Cette logique du pyromane pas encore pompier est d’une irresponsabilité politique totale.

Le tsunami publicitaire inonde les rues, les journaux (mais certainement pas Kairos qui est antiproductiviste et pour une société décente, c’est–à‑dire nécessairement publiphobe), vos salons et cuisines, la table au restaurant, le cinéma, les gares, les écoles (malgré l’interdiction), bref colonise tous espaces et temps en dehors de ceux que vous protégez précautionneusement. S’il y a bien un lieu où la pub doit commencer à reculer, c’est dans l’espace public, qui inclut le service public audiovisuel.

Que ceux qui veulent recevoir de la publicité commerciale chez eux puissent le faire est une chose, que ceux qui veulent ne pas le subir ne puissent se soustraire à son influence dans l’espace public en est une autre. Pour résoudre la tension, la solution est simple: pour l’audiovisuel, il s’agit de créer une offre sans pub qui n’existe plus. Le PS aidé du MR a en effet poussé la RTBF dans le piège publicitaire il y a maintenant 30 ans. Mais le non-marchand est le lieu de naissance du service public et reste son avenir. A moins qu’il ne devienne un service publicitaire, avec l’aide des partis politiques, tous unis derrière la publicité, « humanistes » et « écologistes » compris, malgré quelques beaux discours qui cèdent sans complexe une fois la pub venue.

Il est temps de faire reculer la publicité commerciale, qui dévaste la planète et les consciences.

En télévision, sur laquelle nous nous sommes appesantis tant son rôle médiatique, social et publicitaire est prépondérant, mais également à la radio, dont l’écoute est rabougrie par les interruptions bêtifiantes et difficilement zappables que lui fait subir la pub.

Vous trouverez en intégralité la première partie de ce dossier dans la version papier de votre Kairos des mois d’avril-mai, et notamment un récapitulatif de l’évolution de l’emprise de la Régie Média Belge (RMB), la régie publicitaire de la RTBF, une illustration des relations entre la RMB, ses partenaires et la RTBF. Le dossier se termine avec une proposition d’action consistant à écrire massivement à vos dirigeants pour réclamer la fin progressive de la pub à la RTBF. Cette action est relayée sur notre site.

La seconde partie du dossier, que vous lirez dans le numéro de juin, sera intitulée « Effets de la pubtréfaction de la RTBF ». Vous y trouverez l’analyse critique d’une émission de la RTBF, deux témoignages : l’un d’un travailleur de la RTBF, l’autre d’un artiste confronté à la politique culturelle en milieu publicitaire. Une contextualisation politique et réglementaire de la renégociation du contrat de gestion précédera un suivi de l’action « campagne de lettres » qui clôturera ce dossier.

Un dernier mot, que nous empruntons au regretté Marc Moulin, pour ne pas se tromper de conviction face à ceux qui prétendent qu’une RTBF sans pub n’est plus possible, bien qu’elle l’ait été par le passé et que nous soyons plus riches qu’à cette époque… : «Les Gens Raisonnables disent que ce n’est pas raisonnable de vouloir supprimer la publicité sur les radios-télés de service public. Franchement, si nous ne sommes pas capables de faire une chose aussi facile que ça, je ne vois pas très bien comment nous allons faire des choses compliquées : sauver la planète de l’extinction des espèces, du réchauffement et du désastre climatiques, préserver l’énergie et l’eau potable, lutter contre la faim, la mort, la maladie, enrayer la violence, le terrorisme et la criminalité en col blanc. Les Gens Raisonnables pensent que c’est irréaliste de supprimer des programmes de télé et de radio qui promeuvent l’amoncellement exponentiel des déchets et la consommation à outrance, donc l’épidémie de diabète et d’obésité qui envahit et tue le monde. Parce que les Gens Raisonnables pensent que la télé publique n’appartient pas à la collectivité. Pour Eux, la télé publique appartient au lobby médiatico-publicitaire(9). »

Jean-Baptiste Godinot

Notes et références
  1. Les chiffres sont tirés de TV Lobotomie. La vérité scientifique sur les effets de la télévision, Michel Desmurget, Max Milo Editions, Paris, 2011
  2. Marc Moulin, La surenchère, horreur médiatique, Bruxelles, Labor, 2002
  3. Guy Debord, La société du spectacle, Editions Gallimard, Paris, 1992, p. 31
  4. Voir les films de Pierre Carles : Pas vu pas pris, 1998, La sociologie est un sport de combat, 2011, Enfin pris ?, 2002.
  5. Sur la Télévision, Pierre Bourdieu, Paris, Raison d’Agir, 1996
  6. Sur la Télévision, page 77
  7. TV Lobotomie, pages 73–74
  8. TV Lobotomie, pages 246–247
  9. Télémoustique, 16avril 2008

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