DAB+: UNE OBSOLESCENCE TECHNIQUE PROGRAMMÉE ET ORGANISÉE TOTALEMENT INADMISSIBLE

Le double discours délirant des médias

Même s’il ne veut pas acheter une nouvelle radio, parce que la sienne fonctionne encore très bien, le Belge y sera contraint d’ici quelques-années au plus tard. Pour y arriver, nos chers médias ont sorti l’artillerie et pour commencer un impressionnant premier plan média pour la promotion du DAB+(1). Celui-ci a démarré ce 4 novembre 2019. Composé de spots en télévision, en radio et en digital, pour une valeur reconnue de plus de 1.200.000€, il est coordonné par maRadio.be, grâce aux apports en espaces publicitaires des 15 réseaux FM participants, de RTL Belgium et de la RTBF avec leurs 6 chaines de télévision, ainsi que de RTBF Auvio et RTL Play. Sans oublier qu’un folder « explicatif » va être distribué à 17.000 exemplaires dans les magasins, animés par des « ambassadeurs DAB+ », afin que les vendeurs et leurs clients soient « le mieux informés sur cette nouvelle technologie radio ».


C’est tout simplement à l’artillerie lourde que nous avons affaire dans l’objectif déclaré de pousser les Belges à quitter la FM au profit du DAB+ le plus rapidement possible. « À terme donc, nous promet-on, — au plus tôt d’ici cinq ans — le DAB+ deviendra la norme et la FM disparaîtra. » (…) « Dans certains pays on se met à élaborer un calendrier sur l’arrêt de la FM quand le digital (DAB+, Internet, télévision) atteint les 50% de la consommation(2) ». Ce plan omet de toute évidence de parler de ce qui ne va pas, notamment, de l’obsolescence technique programmée de millions de radios ! À un moment pourtant où chacun, la main sur le cœur, déclare sa volonté de diminuer la quantité de gaz à effet de serre qu’il produit pour tenter d’enrayer les effets désastreux du changement climatique(3)  ! Cherchez l’erreur. On sait pourtant depuis belle lurette que nous ne pouvons plus faire abstraction du calcul de l’énergie grise, à savoir de l’énergie nécessaire à la fabrication et au démantèlement d’un produit, lorsqu’on prend des décisions d’investissement. Celle-ci est loin d’être négligeable puisqu’elle représente fréquemment les deux tiers de notre consommation d’énergie globale ! Une étude de l’ULB(4) précise que, dans la consommation énergétique d’un ménage moyen, 37% concerne la consommation directe et 63% l’énergie «contenue» dans les produits. Cette omission est totalement insupportable et particulièrement inadmissible de la part de médias, dont plusieurs dits de service public, qui déclarent leur vocation de nous informer. C’est pourquoi, nous avons décidé de porter plainte auprès du CSA et du Jury d’éthique publicitaire avec ces mots :

- Estimant à l’instar de l’ONU et d’autres organismes supranationaux et nationaux que la protection de l’environnement doit constituer une priorité absolue pour donner une chance aux humains de vivre sur une planète supportable ;
- Estimant que tous les médias d’information ont la responsabilité de donner une information correcte et complète à nos concitoyen/nes et qu’à cet égard on ne peut se satisfaire d’une campagne publicitaire tronquée ;
- Observant que selon les principes généraux que doit obligatoirement respecter toute communication commerciale « En matière de contenu, qu’elle soit diffusée sur des services linéaires ou non linéaires, la communication commerciale ne peut pas encourager des comportements gravement préjudiciables à la protection de l’environnement(5)  » ;
- Observant que la campagne DAB+ ne respecte pas non plus son obligation sur la forme à rendre sa communication commerciale aisément identifiable vu qu’elle utilise les mêmes mots et les mêmes slogans dans les spots publicitaires et dans les émissions dites d’information ;

Nous réclamons l’arrêt immédiat de la campagne DAB+, la diffusion d’un communiqué relatant l’infraction et l’obligation pour les médias d’informations de réaliser une information correcte sur l’énergie grise que le passage au DAB + implique.

Merci de prendre nos plaintes en considération.


Signataires
André Sterckx, ingénieur ; Michèle Gilkinet, ancienne députée fédérale ; Jean Pierre Wilmotte, citoyen co-fondateur du mpOC (Mouvement politique des objecteurs de croissance) ; Françoise Meuleman, auditrice journalière de La Première; Paul Lannoye, physicien et président du GRAPPE ; Alain Adriaens, ancien député régional ; Olivier De Schutter, professeur à l’UCLouvain ; Alexandre Penasse, rédacteur en chef du journal Kairos ; Ezio Gandin, physicien et ex-président des Amis de la Terre – Belgique ; Bernard Legros, enseignant et essayiste ; Francis Leboutte, ingénieur civil ; Philippe Raway, Éco-conseiller ; Christian Savestre, journaliste à POUR.press, membre d’Attac 2 Bruxelles, duréseau Justice Fiscale et de Acide ; Michel Dehon ; Christine Decantere ; Robert Goedertier, physicien ; Christine Pagnoulle, ATTAC Liège ; Corinne Michel, ATTAC Liège ; Valéry Witsel, animateur en éducation permanente, ex-professeur de français et d’histoire ; Avec le soutien des Amis de la Terre, du mpOC, Mouvement politique des Objecteurs de Croissance, et d’ATTAC Liège.

Adresse de contact : michele.gilkinet@gmail.com , 9, ruelle du Sablon, 1495
Villers-la-Ville, 071 876 779
 

Notes et références
  1. https://www.lalettre.pro/Lancement-officiel-du-DAB-en-Wallonie-et-a-Brux…
  2. https://www.lecho.be/entreprises/media-marketing/la-radio-numerique-enfi…
  3. Exemple avec l’engagement de la RTBF pour l’environnement (https://www.rtbf.be/entreprise/a‑propos/detail_nos-engagements?id=9303440): « Depuis le lancement de l’opération Planète Nature en 2007, la RTBF démontre toujours plus son souci de l’environnement. Dans ce but, elle intègre de manière systématique la dimension environnementale dans ses projets et développements majeurs. La RTBF a notamment développé des outils permettant d’évaluer précisément l’impact de ses activités. Un bilan carbone et le calcul de l’empreinteécologique de l’entreprise permettent de cibler les actions à prendre et d’intégrer la dimension environnementale à chaque projet. La mobilité douce figure également parmi les mesures prises par la RTBF pour réduire son empreinteécologique. Et pour transmettre cette dynamique à l’ensemble de l’organisation, des « éco-teams » rassemblent des membres du personnel qui se font les relais de la conscientisation en interne auprès de chaque collaborateur ».
  4. « Energies non conventionnelles », in Michel Huart, ULB, 2004
  5. http://www.csa.be/faqs/1#question_94

Espace membre