Champ magnétique dans les véhicules électriques

Les occupants des voitures électriques sont exposés à de fortes et brèves impulsions de champ magnétique (CM) de basse fréquence qui peuvent dépasser les limites de protection officielles de l’UE bien que celles-ci soient considérées comme largement laxistes par les experts indépendants.(1) Ce dépassement est notable lors du démarrage, de l’accélération et du freinage. Il semble aussi plus prononcé pour les moteurs et les batteries les plus puissantes. C’est ce qu’il ressort d’une étude approfondie sur 14 voitures différentes menée par Seibersdorf Labor GmbH (Autriche)(2) à la demande du BfS (Bundesamt für Strahlenschutz, l’Office fédéral pour la radioprotection en Allemagne). Elle est disponible sous forme d’un rapport de plus de 400 pages en allemand, publié fin 2024, mais n’a pas eu l’écho qu’elle aurait mérité, peut-être parce que ses conclusions vont à l’encontre d’intérêts puissants : d’une part, ceux des constructeurs de voitures électriques, déjà en difficulté, d’autre part, le projet de l’UE d’interdiction de vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035. On peut aussi compter sur le BfS, une agence capturée par l’industrie des télécoms et du nucléaire, pour minimiser le retentissement d’une telle étude et réduire la portée du constat.

Le premier diagramme ci-dessous montre que le dépassement de la limite de la norme de l’UE (ICNIRP 1998, valeurs pic, c’est-à-dire instantanées) a lieu pendant environ 10 % du temps de conduite en moyenne pour les véhicules électriques et hybrides considérés. L’exposition maximale des passagers a lieu au plus près du plancher des véhicules, ce qui n’est pas surprenant, étant donné qu’il y passe une grande partie du câblage et qu’il peut s’y trouver la batterie.

Ci-dessous, l’exemple d’un pic d’intensité du champ magnétique pour une Tesla Model 3 au freinage, tiré de la page 147 du rapport (axe vertical : champ magnétique en microtesla ; axe horizontal : temps en seconde). Le freinage commence à la seconde 3,4. Entre 0 et 1 seconde, on voit la fin de l’accélération pour arriver à 120 km/h. Les mesures sont faites au niveau du pied gauche du passager avant. Les trois courbes de couleurs différentes correspondent aux mesures du CM selon trois axes orthogonaux (ce qui au final, en additionnant les trois composants, des vecteurs, donne une intensité maximum du CM d’environ 100 µT – dommage que cela n’apparaisse pas directement, le lecteur pressé ou naïf étant susceptible de s’en tenir au 60 µT d’un seul composant).

L’étude couvre aussi les véhicules à deux roues de même que le transport ferroviaire où les niveaux sont également préoccupants (à choisir, éviter l’étage dans un wagon à 2 niveaux, la proximité de la jonction entre 2 wagons et la proximité d’un pantographe).

Dans tous les véhicules en mouvement, électriques ou non, la rotation des pneus génère un champ magnétique (CM) important, dont l’intensité est proportionnelle à la vitesse. Les places arrière latérales des voitures sont généralement les plus exposées, ce qui m’incite à faire deux autres suggestions :

  • Si possible, installez un enfant à la place arrière centrale, en particulier lors de longs trajets.
  • Démagnétiser les pneus, ce qui permet de réduire fortement le champ magnétique dû à leur rotation.

D’autres équipements génèrent des CM : alternateurs, ventilateurs, sièges chauffants, etc. Dans les véhicules à moteur thermique, tous les passagers peuvent être exposés à un CM non négligeable généré par le câblage électrique reliant la batterie et l’alternateur lorsqu’ils sont disposés de part et d’autre de l’habitacle.

Au vu de cette étude, on devine que les constructeurs de voitures pourraient mieux faire pour réduire l’intensité de ces champs magnétiques. À ce jour, ce n’est pas une priorité.

Pour aller plus loin :

Notes et références

  1. À propos des limites, voir electrosmog.be/limites. La limite de l’UE pour les champs magnétiques de basse fréquence est basée sur les recommandations 1998 de l’ICNIRP (Commission internationale sur la protection des radiations non ionisantes) qui ne considère que les effets à court terme pour satisfaire au mieux les intérêts de l’industrie. À titre d’exemple, la leucémie chez les enfants est associée à une exposition chronique à des niveaux d’intensité de champ magnétique de basse fréquence d’environ 100 fois inférieure à la limite de l’ICNIRP (voir electrosmog.be/lobby).
  2. 11 voitures entièrement électriques, 2 voitures hybrides rechargeables et 1 voiture à moteur à combustion pour comparaison. L’étude a coûté près d’un demi-million d’€ et nécessité près d’un million de mesures.

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