LA RTBF RELAI DU «FORUM NUCLÉAIRE BELGE » ?

Les déclarations tonitruantes du nouveau président du CA d’Electrabel à propos de son souhait de prolonger 2 ou 3 réacteurs nucléaires de 10 à 20 ans ont suscité un certain nombre de réactions dans les médias, le monde politique et bien sûr de la part du très médiatique « expert » en énergie, ingénieur et professeur à l’université de Liège, Damien Ernst. Rappel de quelques-uns des bons mots de Johnny Thijs, livrés au journal Le Soir du 5 septembre, qui précise toutefois que « c’est aux responsables politiques de décider » :

- « À mon humble avis, si on veut s’en tenir à la sortie du nucléaire, il faut se poser la question de sa faisabilité d’ici 2025. »

- « Et quand je regarde l’impact d’une prolongation sur la sécurité d’approvisionnement, sur les émissions de CO2, et sur les prix, je me dis que mon dossier n’est pas trop mal. »

Bien entendu, il ne faut pas s’attendre à ce que la vérité sorte de la bouche de ce nucléocrate nouvellement promu, pas plus que de celle de l’ingénieur précité, nucléocrate confirmé. En effet, comment imaginer assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité d’un pays avec des réacteurs qui, en toute logique, montrent des faiblesses grandissantes, car tout simplement liées à leur obsolescence, avec pour conséquence, ces dernières années, un taux d’utilisation moyen de 70 % au lieu des 90–95 % considérés comme normaux pour ce type de réacteur. De plus, il faut tout de même avoir la mémoire courte pour ne pas se souvenir des 10 mois d’arrêt de deux des 3 plus vieux réacteurs, D1 et D2, pour cause de fuite dans le circuit primaire, pas plus tard que l’année passée.

Et que dire de cette absurdité du nucléaire qui serait bon pour la réduction des émissions de CO2 ? Un seul réacteur de 1 GW nécessite annuellement l’extraction d’environ 200 000 tonnes de minerai d’uranium. Après l’extraction du minerai, les processus de broyage, de raffinage, d’enrichissement et de fabrication des barres de combustible nécessitent aussi énormément d’énergie et sont donc aussi source d’émission de gaz à effet de serre. En comparaison, un parc d’éoliennes ne nécessite que du vent comme « combustible ».

Quant à la question du « prix », le nucléaire a toujours été et sera toujours plus cher que les autres filières de production d’électricité comme encore démontré récemment par cette étude d’un institut de recherche économique allemand, bien évidemment aux dépens du cochon payeur de citoyen.

Plus inquiétant, il semble aussi que la vérité ne viendra pas non plus des médias mainstream. Par exemple, voici ce que nous dit la RTBF dans son journal télévisé du jour : « Aujourd’hui, le nucléaire est indispensable à la production d’électricité » et de justifier cette déclaration en montrant le flamboyant diagramme du « mix énergétique » de septembre, implacable : « 60,5 % pour l’électricité nucléaire en septembre ». C’est oublié que le nucléaire fournit la « base » de l’approvisionnement : il est prioritaire sur les autres filières, les centrales nucléaires produisent toujours au maximum de leur capacité du moment, car il n’est pas possible de moduler leur puissance. À un point tel qu’il arrive parfois à Electrabel de payer nos voisins pour qu’ils absorbent notre excès de production électrique ou d’éclairer nos autoroutes en plein jour. Ce fameux mix de plus ne montre que la production, pas la consommation… Malgré cet avantage substantiel accordé à la filière nucléaire, la réalité est que sur les 7 dernières années, le nucléaire belge n’a fourni 37–38 % de la consommation, très loin des 60,5 % mentionnés par le journaliste de la RTBF. On ne sera pas étonné de ce dérapage si on vérifie la source des données invoquées, rien d’autre que le « Forum Nucléaire belge », l’organe de communication du lobby nucléaire connu pour les millions d’euros dont il dispose annuellement pour ces campagnes de propagande (voir l’image extraite du JT ci-contre où la mention « Forum du nucléaire » apparaît très discrètement).

Cet article est extrait de la page www.findunucleaire.be/echo.htm

Francis Leboutte

Président de Fin du nucléaire asbl

Espace membre