Contribution extérieure

Petite bafouille d’un citoyen* devenu marginal**

Plutôt bien intégré, avec au palmarès un mariage, un divorce, deux enfants, un boulot qui me plait, un toit, des amis, des loisirs, travaillant depuis un tiers de siècle en ayant eu la chance de ne jamais avoir connu le chômage, des idées politiques de gauche, des engagements dans la société comme secouriste, répondant dans un centre d’aide par l’écoute, des responsabilités syndicales, militantisme dans des mouvements antiracistes ou antifascistes, donneur de sang. Un citoyen, quoi !

Néanmoins, à l’âge de 55 ans, je dis non à la piquouze. Vacciné, oui, puisque mon carnet est en ordre. Je ne suis donc pas un antivax. Piquouzé, non, puisque je n’en vois pas l’utilité en ce qui me concerne. Suis-je du moins complotiste ? Pas vraiment non plus puisque j’ai plutôt tendance à privilégier la théorie de la grosse stupidité à celle du grand complot. Je ne peux néanmoins m’empêcher de penser que ce SARS-CoV‑2 n’est pas tombé du ciel et qu’il a été fabriqué par l’homme qui, en toute stupidité, l’a probablement laissé s’échapper d’un labo à Wuhan. S’il faut chercher des coupables, c’est de ce côté-là et non des personnes qui ont fait le choix éclairé de ne pas se faire vacciner.

En tant que citoyen, j’ai le droit de penser, de faire mes choix et même de partager mes idées, n’en déplaise à certain·es. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a beaucoup de fric à se faire et que les grosses sociétés pharmaceutiques utiliseront tout leur pouvoir de lobbying afin de piquouzer un maximum de personnes, pour autant qu’elles en aient les moyens. Pas de vaccin pour les pays pauvres et un maximum pour les pays qui peuvent passer à la caisse.

En tant que citoyen, je suis aussi allé à l’école et j’y ai appris quelques petites choses comme, par exemple, que le cycle d’un virus est d’être d’abord très mortel et donc peu contagieux — puisqu’il tue son hôte avant qu’il puisse en contaminer un autre — pour, au fur et à mesure, devenir plus contagieux et moins dangereux. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se produire avec le variant omicron. Ils s’adaptent, les petits virus, et ils existaient même avant que ne soient apparus les premiers hommes. Ils font d’ailleurs un peu partie de nous puisqu’une part de notre code génétique, et donc de notre nature profonde, est d’origine virale apportée au fil des millions de générations successives.

En tant que citoyen réflexif, je crois aussi que nous disposons d’une arme qui s’appelle l’immunité naturelle. Elle nous aide à nous défendre contre les vilains virus et comme je ne suis pas antivax, je comprends parfaitement que des personnes à risque devraient, peut-être, si elles le souhaitent, penser à se faire vacciner. Si j’ai choisi librement de ne pas le faire, c’est parce que je considère qu’il faut aussi tenir compte de ce qu’on appelle la balance bénéfices-risques et que je trouve qu’il ne faut abuser ni des antibiotiques, ni des vaccins. Laissons notre corps se défendre autant que possible en mangeant bien, dormant assez, faisant l’amour, profitant des petits plaisirs de la vie… « Restons cool » devrait être la devise de l’humanité. Cela n’a aucune valeur statistique mais, autour de moi, personne n’est décédé du covid et je dois aller chercher loin pour trouver des personnes qui ont été hospitalisées (dont aucune en soins intensifs). Par contre, beaucoup plus près de moi, il y a des personnes qui me disent avoir eu des complications suite à l’une de ces injections et j’en connais un tas qui, pourtant piquouzées trois fois, se chopent la maladie. Heureusement qu’elles sont vaccinées, sinon elles seraient carrément mortes à 30 ans !

Puis-je me permettre de constater que la population mondiale continue à augmenter ? Nous ne sommes visiblement pas face à une pandémie qui décimerait la race humaine. Choqué·e par cette dernière phrase ? Si nous sommes bien en démocratie, chacun·e a le droit de donner son opinion tout en respectant celle des autres. Si certains propos vous ont contrariés, c’est à vous de gérer votre frustration, pas à moi de me taire. Bref, je suis pour l’immunité naturelle et contre l’abus de vaccins. Je suis aussi très méfiant vis-à-vis des cartels pharmaceutiques qui, je le pense, feront tout pour remplacer à terme l’immunité naturelle par une immunité vaccinale. À ce sujet, j’ai entendu ce matin du 11 janvier 2022, sur les ondes de La Première de la RTBF une « spécialiste » expliquer qu’elle espérait l’arrivée prochaine d’un vaccin universel.

Vous imaginez un monde où l’on aurait privatisé notre immunité et où l’on aurait « droit », dès notre naissance, et à condition d’avoir les moyens financiers, à un vaccin universel qui nous protègerait de tous les virus existants ? Évidemment, nous devrions faire des mises à jour régulières tout au long de notre vie, comme c’est le cas pour nos ordinateurs, afin de rester en bonne santé. L’immunité naturelle et gratuite serait devenue inutile et has been. Alors que je n’ai jamais contracté le covid (à moins de ne pas m’en être rendu compte) et alors que je n’ai jamais été hospitalisé et encore moins placé en soins intensifs, j’entends, via la presse et différentes déclarations politiques en Belgique ou en France qu’« à cause de gens comme moi » les hôpitaux sont submergés et que des personnes meurent parce qu’elles ne peuvent se faire opérer de leur cancer par exemple. Certain·es disent aussi que si je devais me retrouver hospitalisé, je devrais payer les frais. On fait de moi une espèce à part qui mériterait moins de se faire soigner qu’un chauffard, un terroriste, un cancéreux qui a abusé de l’alcool ou de la cigarette, un obèse ou même un vieux qui ferait mieux de mourir tout de suite puisqu’il n’en a de toute façon plus pour très longtemps !

Chaque personne n’a‑t-elle pas le droit d’être soignée autant que possible ? Rappelons que, si on manque de lits et de soignants, c’est parce que des privatisations et des économies drastiques ont été opérées au sein de nos hôpitaux depuis des décennies. Est-ce la faute aux non piquouzés si nous sommes passés de l’hôpital de stock à l’hôpital de flux cherchant toujours plus de profits ? Face à ce lobbying et à ce martèlement répété jour après jour dans la presse invitant toujours les mêmes spécialistes, comment pouvons-nous réagir ? La raison du plus fort — de celui qui a accès aux médias — est-elle toujours la meilleure ? Imaginez d’associer la phrase « à cause de gens comme toi » à une couleur de peau, à une nationalité ou à une identité sexuelle. Ça ne tomberait pas sous le coup de la loi contre les discrimination ? Ici pourtant, on peut faire des non vaccinés de véritables boucs émissaires avec tous les risques que cela comprend, non seulement pour eux mais aussi pour l’ensemble de la population. Mais qu’attend Unia ?

Oui, je me sens victime de discrimination, et c’est même plus qu’un sentiment puisque je n’ai plus le droit d’aller au théâtre, au cinéma, au musée, au restaurant, en voyage à l’étranger et pourtant c’est moi qui te contamine, alors qu’en plus tu es vacciné !? Comment l’aurais-je fait ? En tant que citoyen, j’ai le droit de penser que ce vaccin n’est pas sûr et que nous n’avons pas assez de recul, tout comme j’ai le droit de penser que c’est de la pure folie de vacciner nos enfants. J’ai aussi le droit, en tant que citoyen, de remettre en cause cet argument d’immunité collective que nous apporterait ce vaccin, d’abord parce qu’on voit que ça ne fonctionne pas, ensuite parce qu’il est impossible de vacciner toute la planète. Ceux qui pensent que vacciner toute la Belgique nous protègerait oublient que les variants proviennent des quatre coins du monde et voyagent surtout à travers les personnes vaccinées. En tant que citoyen, j’ai le droit de le penser, et même de le dire, comme j’ai le devoir de me demander pourquoi je n’ai pas besoin de pass sanitaire pour donner mon sang dans un hôpital, alors que je suis privé de visiter un proche qui y serait hospitalisé. Nous savons très bien que les personnes vaccinées transmettent davantage ce virus puisqu’elles ont accès à tous les lieux où elles pourraient se contaminer et qu’elles prennent nettement moins de précautions.

Je reconnais que je fais partie d’une minorité de citoyens et je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi la gauche reste silencieuse face à ce passe sanitaire. Sommes-nous si peu nombreux à flairer le réel danger de toutes ces mesures ? Sommes-nous si peu nombreux ‑parmi les progressistes- à craindre que de la démocratie à la dictature, il n’y ait qu’un passe ? Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu me voir marginaliser de la sorte simplement en choisissant de ne pas me faire vacciner, non seulement de la part de la société dans son ensemble mais aussi de mes camarades. Pour rappel, les personnes qui choisissent de ne pas se faire piquouzer ne violent aucune loi. De quel droit se permet-on de les emmerder à ce point ? Je suis conscient de vivre une expérience très intéressante que je n’aurais pas imaginé pouvoir expérimenter un jour. Petit à petit, on se retrouve montré du doigt pour ensuite se voir mis à l’écart lentement mais sûrement, en se demandant ce qui nous attend demain. Dans mon cas, il suffirait d’une piquouze pour rentrer dans le rang. Je mesure cette « chance » en comparaison à d’autres catégories qui, dans l’Histoire, n’ont pas pu changer aussi facilement de couleur de peau ou de religion.

J’en suis à un niveau où je n’ose pas trop dire ce que je ressens en établissant, par exemple, un parallèle entre ce qui s’est passé à la fin des années 1930 et ce qui arrive aujourd’hui ­— début des années 2020, comme le diront peut-être les historiens du futur. Du coup, je ne développerai pas. Que les organisations de gauche restent muettes et boycottent les différentes manifestations contre le CST et l’obligation vaccinale est dangereux à plus d’un titre. Toute la place est laissée à l’extrême droite et le signal envoyé à nos gouvernants est qu’ils peuvent continuer ainsi à ficher, « qrcoder », discriminer et harceler. Un système social qui parvient à rendre tout à fait acceptable le fait que des citoyens en contrôlent d’autres, alors que ce n’est absolument pas leur rôle et que ces citoyens qui se soumettent docilement en montrant leur téléphone ne se posent pas de questions, est, selon moi, une société dangereuse qui se rapproche de plus en plus de l’image que je me fais d’un monde orwellien. N’y a‑t-il pas un risque que ce système nous prépare à un certain recadrage de nos droits permettant d’éviter, peut-être, un soulèvement populaire consécutif à la récession économique et à la flambée des prix que nous connaissons déjà ? Cela ne vous rappelle vraiment rien ?

Dans cette bafouille, j’ai énuméré toute une série de droits que nous avons tous en tant que citoyens, mais nous avons aussi le devoir d’agir, de nous informer, de débattre et en ce qui me concerne, de pousser mes frères et sœurs de gauche à se mobiliser avant qu’il ne soit trop tard.

Jorge Rozada

* Individu considéré du point de vue de ses droits politiques. 

** Personne qui vit en marge de la société. 

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