Julian Assange était-il « titulaire d’une habilitation de sécurité »(1) quand il a rendu public des centaines de documents confidentiels? C’est la question qu’il faudrait poser à Didier Reynders, dont le cabinet, c’est-à-dire lui-même, est à l’origine d’un projet de loi visant à punir de plusieurs milliers d’euros d’amende et mois de prison les journalistes et lanceurs d’alerte qui publieraient des informations frappées du sceau du secret par ceux qui ont le pouvoir de décréter ce qui est ou non secret.
Non content d’avoir pu prendre le large s’il avait été nommé secrétaire général du Conseil de l’Europe, Didier Reynders se prémunit contre de futures révélations le concernant. C’est que le bonhomme traîne de fameuses casseroles, et on peut s’étonner qu’il n’ait pas encore été sérieusement inquiété par la justice, le placement en cellule ayant plus de pertinence pour lui que pour les lanceurs d’alerte et autres journalistes qui font leur travail. Certes, la mort de son « ami » Armand ne pouvait pas mieux tomber, et il se dit dans les arcanes des hôpitaux que certains médecins se questionnent sur cet étrange décès(2). Enfin, ne sont-ce pas là des informations « classifiées » et ces médecins sont-ils titulaires d’une « habilitation de sécurité » (entendez dans la novlangue, « le pouvoir de ne pas dire des choses qui devraient êtres connues de tous »)?; et n’est-il pas incongru de « se questionner » en ces temps de multiples crises, alors qu’il suffirait d’acheter pour « relancer la croissance », activité qui ne requière que peu d’esprit critique ou quelconques connaissances?
Certes, Didier Reynders, assuré d’avoir à ses côtés la plupart des journalistes révérencieux, chiens de garde du système, n’avait point de soucis à se faire, si ce n’est de ces quelques exceptions, résistants issus de médias à la solde ou récalcitrants œuvrant dans le monde du « journalisme alternatif ».
Face à la déprédation de la vie à laquelle vous et vos amis patrons avez participé, à l’inédit de notre situation humaine commune, nous publierons toutes les informations qui pourraient servir le bien commun*
Ce sont ces derniers qu’il veut tuer, réduire leur parole à néant pour pouvoir continuer tranquillement les affaires. Car, quand il s’agira de révéler les « secrets », qui ne sont « secrets » que parce qu’ils concernent les intérêts les plus privés de la caste politique et financière, plus d’un journaliste réfléchira à deux fois devant le risque de devoir débourser des milliers d’euros et le possible emprisonnement.
C’est bien pourtant dans cette crainte qu’il ne faut pas tomber : nous ne fermerons pas nos gueules Monsieur Reynders. Face à la déprédation de la vie à laquelle vous et vos amis patrons avez participé, à l’inédit de notre situation humaine commune, nous publierons toutes les informations qui pourraient servir le bien commun.
« Servir le bien commun », considération qui vous est totalement étrangère, monsieur Reynders. Vous n’êtes pas Julian Assange, qui risque, s’il est extradé aux États-Unis, la peine de mort, ou 175 ans de prison, pour avoir révélé la vérité et l’avoir servi, le bien commun.
Pour terminer, nous nous faisons un plaisir de repartager l’un des six schémas avec lesquels nous avions illustré l’article écrit par Éric Arthur Parme « Bienvenue en ploutocratie. Kazakhgate, Afrique, réseaux… le MR à tous les étages ».
Image aux enchères, qui dit mieux: 5.000 euros ?
* Nous communiquerons courant septembre un code permettant de nous contacter en toute sécurité et tout anonymat.
- Le Projet de loi prévoit « la possibilité que les personnes qui ne sont pas titulaires d’une habilitation de sécurité et qui utilisent des informations classifiées sont passibles d’un emprisonnement d’un mois à trois ans et d’une amende de cent euros à cinq mille euros ».
- Voir http://www.kairospresse.be/article/la-mort-darmand-de-decker-ou-le-just-…