Naulleau contre Rousseau

Covidisme ou wokisme, non à tous les totalitarismes !

Vincent Cheynet remet les pendules à l’heure avec le cas d’Eric Naulleau, auteur d’un récent pamphlet, La faute à Rousseau, publié aux éditions Léo Scheer, qui a le mérite de dénoncer l’idéologie woke au travers d’une de ses figures médiatiques et emblématiques en France, la députée EELV Sandrine Rousseau. Mais le rédacteur en chef de La décroissance rappelle opportunément quelques faits antérieurs…

« Le ‘’rousseauisme’’ est un totalitarisme » claironne partout dans les mass médias l’éditeur Éric Naulleau. C’est faire œuvre utile que cette salutaire critique de cette député, mais surtout de l’idéologie qu’elle représente, même si on ne l’a pas attendu pour le faire, bien qu’il se présente seul dans ce noble combat. Il est vrai que nous ne faisons pas partie du théâtre de marionnettes accrédités pour animer la scène médiatique. Nous allons comprendre pourquoi c’est, au contraire, son cas. L’éditeur ne partage pas notre vision de l’écologie, c’est son droit le plus strict ; ce n’est pas ici le sujet, et nous lui passerons ses coups de griffes contre la décroissance. Non, le sujet, ici, c’est que plastronnant désormais sur tous les plateaux de télé des droitards, se présentant un Soljenitsyne sous la dictature rousseauiste, le dissident Naulleau sort juste d’une séquence où il a tenu un éminent rôle de vopo médiatique d’une dérive totalitaire qui vaut bien, et c’est peu de le dire, le péril rousseauiste. Car l’épisode du covid a été, aussi, celui d’un dévoilement ; celui de ceux qui, tout en ayant la dénonciation des régimes totalitaires et dictatoriaux plein la bouche, ont montré dans une expérience sociale grandeur réelle qu’ils sont prêts à y rebasculer dare-dare les premiers. Et, justement, Éric Naulleau a une éminente responsabilité en ayant fait partie de la meute de ces chiens de garde vociférant des horreurs dans les mass médias pour enjoindre à sortir la schlague contre les réfractaires de la dictature sanitaire. Un exemple sur la chaine Paris Première, le 16 novembre 2021 : « Il va falloir passer à une démarche plus autoritaire. Non seulement j’aime pas l’autoritarisme ; j’ai basé toute ma pensée sur l’anti-autoritariste […] J’estime que vous versez dans le ridicule en comparant la France du futur avec la Chine parce qu’on en est, bien heureusement, très loin. Je vous dis simplement qu’il va falloir, à un moment, se poser très sérieusement la question du confinement des non-vaccinés… ». On appréciera la rhétorique qui consiste à se proclamer le meilleur défenseur de l’anti-autoritariste pour exiger l’autoritarisme le plus brutal. Un classique. 

Naulleau continue cette séquence avec une de ses affirmations péremptoires dont l’expérience a démontré la fausseté : « On peut plus se satisfaire de cette situation où les vagues se succèdent. Pourquoi ? Parce que le taux de vaccination ne décolle plus. » Cela n’a pas empêché l’éditeur de donner des leçons de Science à la généticienne Alexandra Henrion-Caude, une des chercheuses les plus reconnue au monde sur le sujet : « Là, vous dites une grosse connerie que je ne peux pas laisser passer. Vous n’êtes pas là pour sortir n’importe quoi n’importe comment ! Madame, c’est la première fois que je le dis à un invité : vous êtes irresponsable. […] Ce que vous dites est grave. La situation est grave, très tendue. C’est insensé de dire des choses pareilles. » (C8, 18 mars 2021). Contre leurs soi-disant propres principes les plus élémentaires — « Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis. » (Emmanuel Macron, 30 avril 2021) — les covidistes ont été capables de ressusciter une monstruosité que l’on espérait oubliée : un statut de sous-citoyen. On pardonne, mais on n’oubliera pas. Désormais évincé des scènes de la Gauche woke, prétendant au statut de chien de garde et celui de rebelle, Éric Naulleau voudrait désormais nous faire pleurer sur son sort. On craint que lors du prochain péril démocratique sérieux, il choisisse encore ce qui a toujours été son camp : celui des plateaux télé.

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