Manifestation de ce 7 mars à Paris. Quelques 700.000 personnes selon les syndicats, 80.000 selon la police… un rapport de 1 à 10 qui nous rappelle les estimations contradictoires et radicalement inégales exprimées lors des manifestations de 2020–2022 en Belgique.
Chez Kairos, ayant écumé toutes les manifestations depuis 2020, nous nous questionnons :
sur la pertinence d’encore interpeller les gouvernements ? N’est-ce pas le signe d’une méconnaissance profonde de leur véritable fonction, courroie de transmission des intérêts du capital ? Faut-il rappeler la corruption politique, les passages du public au privé et vice-versa, les comptes offshore, les proximités douteuses ? Que peut-on encore attendre d’eux ? Comment croire qu’il travaille pour le bien public ?
Dans le même sens, n’est-ce pas évident que le gouvernement n’en a strictement rien à faire des manifestants ? Qu’a-t-il réellement à craindre ? Il joue sur la division et sait qu’il n’est rien sans la police, qui constitue un rempart contre la colère du peuple. Voilà pourquoi ce gouvernement octroie au policier un statut spécial, qui englobe les risques et la pénibilité du métier. Cocasse, ou cynique, de savoir que les risques que prennent notamment les policiers en encadrant les manifestants qui protestent contre une réforme des retraites qui les fera travailler plus longtemps, leur permettra de travailler moins longtemps.
Les médias conservent le monopole de la représentation du réel, désireux de ne surtout pas révéler que nombreux citoyens ne sont pas d’accord avec le gouvernement. La propagande qu’ils font révèle leur souci de maintien du système et d’éviter une révolte populaire massive. Sans reprise en main démocratique de l’information, rien n’est possible. Il faut massivement informer les gens librement, notamment en montrant aux citoyens que les arguments des gouvernements pour reculer l’âge de la pension sont faux, purs mensonges. Macron privilégie ceux dont il se soucie réellement : les banquiers, reléguant le peuple à une simple variable d’ajustement.
Le soulèvement des gens contre la réformes des retraites en France est légitime. Mais l’indécence généralisée ne demande-t-elle pas un soulèvement généralisé, pas seulement lorsque des intérêts individuels sont touchés, dont la défense revient indirectement à avaliser un système ? Car réaliser un bull-shit job1 jusqu’à 62, 64, 67 ans… , c’est un changement, mais mineur si on compare cela à l’aune d’une vie à se tuer dans un travail qui n’a pas de sens.
Manifester n’est-il pas devenu paradoxalement le signe d’une impuissance populaire à changer le cours de l’histoire, où les gens qui contestent, demeurent, encore paradoxalement, des moutons guidés d’un point A à un point B par des autorités qui avalisent leur trajectoire, et de ce fait circonscrivent la contestation acceptable et acceptée ?