À peine le numéro spécial de Kairos, Illimitations, était-il sorti de presse que de nombreuses publicités de notre plat pays multipliaient le même slogan : « Illimité ». D’abord il y eut Proximus qui, pour ses offres de téléphonie mobile, écrivait partout en lettres de 1m de haut, « ILLIMITÉ ». Apparemment, il y a une catégorie de clients qui passent des heures à regarder des films sur leurs smartphones, ce qui nécessite des abonnements avec lesquels on peut charger des données de manière… illimitée. Puis ce fut un autre opérateur de mobilophonie mobile qui nous assena ses « illimitéééééé » en radio et sur les pubs de rue. Croyez-vous que cette démesure revendiquée s’est limitée à ce secteur ? Pas du tout : ce fut ensuite la marque d’électroménagers Miele qui a proclamé : « Des limites ? Il n’y en a pas ! » On ne peut que leur donner raison : l’indécence des publicités flatte sans limites les instincts les plus débridés des consommateurs. On suppose donc que les machines à laver de Miele seront bientôt capables de papoter avec le lave-vaisselle en attendant le retour du maître ou de la maîtresse des lieux puisque, connectés, ils auront pu commander un petit café au perco qui devra alors arrêter d’admirer George Clooney sur son écran intégré…
BLACK IS BLACK
« Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir » nous chante Johnny Halliday. Il est vrai que l’on pourrait être désespéré quand on voit tant de nos contemporains succomber à la tentation de surconsommation générée par la campagne publicitaire Black Friday. Les marchands ne peuvent plus attendre les fêtes de fin d’année et les soldes de janvier et voici que, depuis quelques années, se développe le concept du « vendredi noir ». Comme tout ce qui est hyper commercial, cela vient des États-Unis où le 4ème vendredi de novembre est un jour de congé car lendemain de la fête du Thanksgiving Day (jour du massacre des dindes et d’action de grâce en remerciement du Seigneur pour les bonnes récoltes de l’année aux USA), un jour de soldes déchaînés. Et puis on s’étonne que les gens de chez nous s’inquiètent de ne plus se sentir chez eux mais envahis par des cultures venues d’ailleurs (en majorité d’Outre-Atlantique). Le n°3 du gratis Metro de ce vendredi 27 novembre avait une édition spéciale de 30 pages, bourrée de pubs, avec des dizaines de fois les mots « Black Friday ». En faisant bien attention, à côté des quadrichromies publicitaires, on pouvait entrapercevoir des petits articles titrés « Attention aux jouets connectés indiscrets » ou « Nouveau seuil record pour les gaz à effet de serre ». On plaint nos confrères qui essaient de faire passer des messages de raison mais qui sont submergés par la logique orientée marketing de leur proprio, le Groupe Rossel.
Que les mercantiles essaient d’inventer mille occasions de vous faire dépenser votre bel argent, on peut le comprendre tout en désapprouvant, mais que la SNCB, offre des billets aller-retour à 5€ pour ce jour de fièvre acheteuse, on est en droit d’être stupéfaits. Et puis on réalise que le ministre de tutelle sur nos chemins de fer est un Ardennais libéral bon teint. Dommage qu’il ne soit pas aussi créatif pour faire avancer le réseau RER attendu en vain depuis près de 30 ans.
Alain Adriaens