Dans son édition des 4 & 5 mars, Le Soir donne la parole à Bart De Wever à propos du wokisme. Rien d’étonnant à ce qu’il en dise du mal. Je n’entrerai pas ici dans ce débat, mais poserai la question suivante qui me fera passer pour un bon citoyen attentif : y a‑t-il eu rupture du cordon sanitaire ? De deux choses l’une :
- Soit Le Soir considère que De Wever ne doit pas être catalogué à l’extrême droite du spectre. Il ne serait « que » un nationaliste flamand qui n’aurait pas franchi la ligne rouge. Mais qui décide de tracer la ligne rouge, et où ? Nous sommes bel et bien ici dans une zone grise, comme dans la plupart des cas ;
- soit Le Soir a dénoué le cordon sanitaire, et là…
… les paris sont ouverts : les antifas, toujours combatifs et vigilants, vont-ils se ruer sur leur clavier pour accuser le grand quotidien francophone de se laisser aller au « confusionnisme », à la complaisance envers la droite (extrême?) et de déroger au cordon sanitaire?* Un député du MR (ou cette fois d’un autre parti) va-t-il réclamer en séance la suppression des subsides publics pour Le Soir ? Tout le monde l’aura compris, les chances que le premier cas arrive sont faibles, et le second, nulles. Il est tellement plus facile et sans risque de s’en prendre à Kairos, n’est-ce pas ? En plus, c’est socialement et politiquement payant !
Les attaques que subit Kairos depuis peu ne découlent pas tant du fait qu’il donne parfois la parole à des individus de droite (ou considérés comme tels par la doxa), que de sa dénonciation sans relâche de l’autoritarisme hygiéniste pendant 2 ans
Maintenant que nous sommes apparemment sortis du covidisme dur, l’heure des règlements de comptes a sonné. Selon mon interprétation, les attaques que subit Kairos depuis peu ne découlent pas tant du fait qu’il donne parfois la parole à des individus de droite (ou considérés comme tels par la doxa), que de sa dénonciation sans relâche de l’autoritarisme hygiéniste pendant 2 ans. Il doit payer son crime de lèse-pouvoirs publics ! Son anti-covidisme est une tache morale ! (mais était bien une tâche morale). Pourtant, la suite des événements lui a donné raison. Car qui aujourd’hui pourrait encore défendre honnêtement et d’une manière convaincante le bilan de l’action des gouvernements Wilmès et De Croo en 2020–22? Ils nous auraient sauvés d’une épidémie extrêmement importante et grave, vraiment ? Il est tellement plus confortable de refouler ce devoir de mémoire toute récente… et de tomber sur le râble de Kairos, parfait bouc émissaire. Rien de nouveau sous le soleil. C’est vous qui parlez de progrès, Mesdames et Messieurs les progressistes ?
Nicolas Bart
*Je pose innocemment la question car je ne suis abonné à aucun réseau « asocial ».