Le débat n’aura pas lieu

Le 12 février, nous envoyions un émail à Arnaud Ruyssen(1), en l’invitant à participer à un débat avec Bernard Crutzen. Le premier avait sur les ondes de la RTBF critiqué le documentaire réalisé par le second, Ceci n’est pas un complot. Les Décodeurs avaient alors décodé entre eux, fait leur « débat » en interne, longuement parlé du documentaire sans rien en dire, prenant surtout la défense d’eux-mêmes(2). Nous ne nous faisions pas beaucoup d’illusions sur la décision d’Arnaud Ruyssen. En effet, deux jours après, ce dernier nous répondait:

« Merci pour l’invitation mais très franchement, je ne me sens pas porte-parole « des médias », ou d’une profession. J’ai réagi sur FB parce que j’estimais que ce documentaire manipulait la réalité et salissait de manière peu honnête le travail de beaucoup de journalistes, dont le mien.  J’ai répondu aussi aux questions de Matin-Première parce que j’estimais utile d’expliquer au public que nous sommes conscients que notre travail n’est pas parfait et que nous le réinterrogeons souvent. 


Pour le reste, je souhaite maintenant me reconcentrer sur le cœur de mon métier, que j’essaye de faire le plus honnêtement et consciencieusement possible.  Je ne doute pas que vous trouverez des responsables de médias (ce que je ne suis pas) ou des experts (infectiologues, épidémiologistes…) qui pourront débattre de manière constructive avec Monsieur Crutzen. »

Quand les médias se justifiaient entre eux

Il ajouta en post-scriptum de son mail: « ma collègue Marie Van Cutsem avait tenté de joindre B. Crutzen avant l’émission mais sans réponse de sa part », comme pour dire qu’ils avaient voulu l’inviter et que la faute en revenait à celui qui n’avait pas donné réponse, qu’eux étaient ouverts au débat « au contraire de… », alors même qu’une journaliste de l’émission à laquelle participait Arnaud Ruyssen exprimait: « Nous aurions pu fast-checker tout le documentaire, reprendre les éléments les uns après les autres, mettre Bernard Crutzen face à un journaliste RTBF par exemple, mais il était impossible d’être exhaustif en quinze minutes de débat, ce qui allait être critiqué, et il nous semble que nous allions finalement aussi produire la polarisation que construit le film, un camp contre l’autre. Notez que j’ai appelé et laissé un message à Bernard Crutzen et que je n’ai pas eu de réponse » Ce à quoi le présentateur de l’émission ajouta instantanément: « oui, précision importante évidemment »…

« Nous aurions pu », « nous aurions pu »… ou comment le format journalistique que l’on choisit arbitrairement de donner justifie les règles que l’on se fixe. Devant une défiance de plus en plus grande à l’égard des médias mainstream, ceux-ci adoptent une posture défensive, et contre-attaquent. Nullement prêts à se remettre en question, ils en deviennent pathétiques. Heureusement, de plus en plus de citoyens réalisent le rôle primordial des médias de masse dans le maintien d’un système inique et délétère, écueils dans la possibilité de fonder une véritable démocratie. 

Ma réponse fut donc à la mesure de la prise de conscience de ce rôle de serviteur du pouvoir qu’occupent les médias: 

« Merci de votre réponse. Je n’ai pas demandé à interviewer un « porte-parole » des médias, mais un journaliste qui a pris position publiquement par rapport au documentaire Ceci n’est pas un complot. J’aurais voulu vous entendre sur certaines de vos critiques, face à Bernard Crutzen, qui aurait pu y répondre .

Je constate que c’est impossible ».

Notes et références
  1. https://www.kairospresse.be/article/invitation-a-arnaud-ruyssen-pour-participer-a-un-debat-avec-bernard-crutzen/
  2. https://www.rtbf.be/auvio/detail_le-debat-des-decodeurs?id=2735530

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