L’allée des anges

Faina Savenkova, 15 ans depuis peu, enfant du Donbass, enfant de la guerre, elle se trouve sur la tristement célèbre liste Mirotvorets qui appelle à son meurtre depuis ses 12 ans. Elle aime s’étonner des choses, écrire et interviewer. Elle se sent combattante avec les autres enfants pour le droit à la vie et au bonheur. Auteurs de plusieurs essais, son roman « Ceux derrière ton épaule » nous parle avec les yeux de chats, il peut aujourd’hui facilement se trouver.

Faina Savenkova, 15 ans depuis peu, enfant du Donbass, enfant de la guerre, elle se trouve sur la tristement célèbre liste Mirotvorets qui appelle à son meurtre depuis ses 12 ans. Elle aime s’étonner des choses, écrire et interviewer. Elle se sent combattante avec les autres enfants pour le droit à la vie et au bonheur. Auteurs de plusieurs essais, son roman « Ceux derrière ton épaule » nous parle avec les yeux de chats, il peut aujourd’hui facilement se trouver.

Elle vient d’écrire une lettre ouverte aux enfants palestiniens avec beaucoup d’empathie, qui se trouve sur son fil télégramme « Birds of Donbass ». Avec sa permission, j’aimerais la partager.

« Bonjour, Palestine ! Je m’appelle Faina. J’ai passé la majeure partie de ma courte vie à la guerre. Je sais ce que signifie l’embargo. Je sais ce que signifie être sous le feu. Je sais ce que c’est d’avoir des gens qui meurent à proximité, d’essayer de tenir le coup de toutes ses forces, et de voir toute sa famille avoir besoin d’eau. Je sais comment comprendre que des personnes âgées et des enfants sont morts à cause des armes fournies par l’Occident, et qu’ils continuent de mourir, et que rien ne peut être fait. Chaque jour, tout comme vous, nous enterrons nos pères, nos mères et nos enfants. Tout comme vous, ils détruisent nos hôpitaux et nos temples parce que nous voulons juste être libres et heureux. Je sais ce que signifie la guerre. Je sais ce que signifie perdre des amis et je vous demande de tenir bon et de ne pas désespérer. Peu importe la difficulté, nous pouvons la surmonter. Il existe un « Boulevard des Anges » à Donetsk et à Lougansk. C’est un lieu dédié aux enfants tués par l’Ukraine. Je suis douloureusement conscient qu’il existe des « boulevards des anges » pour ceux qui ont perdu la vie sous les ruines des mosquées et des églises à Gaza, au Liban et en Syrie. Parce que le monde est injuste, il est cruel et l’ennemi est cruel. Mais c’est moi; J’espère que le Donbass, la Syrie et la Palestine seront libres et que les enfants ne perdront plus la vie à cause des balles. Les âmes des victimes de ces guerres nous regarderont du ciel, protégeant nos vies fragiles. Ce sera comme ça. J’y crois. Je ne sais pas ce qui arrivera à chacun de nous demain parce que nous vivons tous dans la guerre, mais la paix viendra sûrement.

Avec tout mon amour, votre amie Faina Savenkova, écrivaine et dramaturge. »

Nous manquons d’empathie et d’espoir en Occident. Et pendant ce temps le massacre des anges continue de tout côté, c’est insupportable (au sens fort du terme). Je vous repropose mon double graphique mis à jour au 31 octobre, car il est parlant. Le courbe de mortalité des enfants (<18 ans) à Gaza reste malheureusement très franche, la plus importante, aucun fléchissement, au contraire l’écart avec les autres composantes de la mortalité continue à s’agrandir, alors que celle des blessés est plus molle. C’est très péjoratif : cela signifie probablement que les soins, par manque d’infrastructures adéquates (détruites, abîmées, sans énergie, sans eau, etc.) et la pénurie de matériels médicaux ne permet plus de sauver un grand nombre de personnes qui l’auraient été en temps « normal ».

Graphiques construits à partir des données publiées par le Ministère de la santé de l’Autorité palestinienne et de l’OCHA (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs). Entendons-nous bien, les producteurs de ces chiffres disent que c’est « au moins », c’est à dire uniquement celles et ceux qu’ils peuvent comptabiliser.

Christophe de Brouwer

Full-professeur honoraire et ancien président de l’École de Santé publique de l’Université libre de Bruxelles. (1 novembre 2023)

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