Christophe de Brouwer, professeur honoraire et ancien président de l’École de Santé publique de l’Université libre de Bruxelles, nous rappelle quelques réalités de la situation de la Palestine, avec des chiffres de santé publique relatifs à la bande de Gaza.
Nombre de population : 2 200 000 millions , dont 1 024 000 enfants (<18 ans) soit 47 % de la population. Densité de la population : 6 000 au km² (dans les 5 premières les plus élevées au monde : la bande de Gaza se situe entre Hong Kong qui fait 7 000 au km² et Gibratar qui fait 3,500 au km2). La densité de population en Israël est de 385 au km².
Mortalité infantile en situation « normale » : 15 décès par mille enfant de moins de 1 an (année 2020). En comparaison, Israël, c’est 2,8. Avec un taux de fécondité qui reste important quoique en diminution à 3,4 enfants par femme.
Les réfugiés inscrits à l’UNRWA(1) représentent 70 % de la population de la bande de Gaza, contre 28 % pour la Cisjordanie. Contrairement à la Cisjordanie, les populations souches sont devenues fortement minoritaires.
60 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon l’ONU et dépend de l’aide humanitaire. En temps « normal », l’accès à l’électricité est possible une demi-journée par jour, l’accès à l’eau potable présente un problème journalier et l’évacuation des ordures et déchets est une préoccupation majeure. Tout cela est en aggravation vertigineuse : par exemple, les pompes permettant la dessalinisation de l’eau sont à l’arrêt faute d’énergie ou la distribution des rations alimentaires trimestrielles n’a pu atteindre 500.000 personnes.
La situation actuelle au 12 octobre : les bâtiments de l’UNRWA (ONU pour la Palestine) ont été touchés par les bombardements, 12 travailleurs de cet organisme ont été tués depuis le début des événements. Le nombre de déplacés internes (perte du logement), (rapport du 11 octobre à 16h), est de 340 000 habitants selon OCHA (également une agence de l’ONU) : 15 % de la population sont d’ores et déjà dans une situation de grande urgence (rapport du 11 octobre à 16h).
Plus d’électricité, plus d’eau potable, forte pénurie de médicaments, plus de logement, sinon des refuges de l’UNRWA, des caves, des parkings souterrains et des tunnels, une promiscuité majeure, des bombardements incessants (des quartiers entiers ont déjà disparu) : cela veut dire une mortalité qui devient élevée, dont forcément beaucoup d’enfants (actuellement 1/3 des décès concerne des enfants), par la violence certes, mais bientôt probablement surtout par la maladie, notamment avec les diarrhées des tous jeunes, des épidémies dramatiques à venir, etc. Il n’y a pas de mystère quant aux effets délétères des événements actuels sur une population aussi nombreuse, aussi démunie et aussi jeune.
Christophe de Brouwer
Full-professeur honoraire et ancien président de l’École de Santé publique de l’Université libre de Bruxelles. (12 octobre 2023)
1. The United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East.