Ce 13 janvier, nous assistâmes à un pantomime de procès, contre de prétendus « cyber-harceleurs », 5 prévenus à la barre, sans David Schiepers, le premier « criminel » puisque fondateur du groupe des « Pangolins », décédé un mois plus tôt.

Pour défendre Sacha Daoud (présentateur de la chaîne publique RTBF) et Jean-Pierre Jacqmin (directeur de l’information et des sports à la RTBF), une avocate du cabinet Jacques Englebert (Jacques Englebert, ancien avocat de Kairos qui avait accepté de nous défendre lors de la fermeture de notre chaîne YouTube, dont la nouvelle version vient à nouveau d’être censurée). A côté d’elle, l’avocate de l’Association des Journalistes Professionnels et de sa secrétaire générale Martine Simonis.
Tout un monde, tout un système. Avec une juge qui ne respectera nullement son devoir d’impartialité, ne portant jamais devant les yeux le bandeau de la justice et d’une saine neutralité. Non, elle posera les questions à charge, tel un flic du système, ou sous-fifre du pouvoir politique, celui-là même qui imposa des mesures qui allaient bouleverser individuellement et collectivement toute la Belgique. La juge était là pour faire régner l’ordre, me rappelant l’attitude de l’agent de police qui m’entendait dans le cadre de la plainte du même Jacqmin et de l’administrateur général de la RTBF Jean-Paul Philippot : accusations sous-entendues, mésinterprétation, infantilisation. Il fallait aussi que face à l’arrogante démesure du Palais de justice de Bruxelles, nous ressentions que nous n’étions rien.
Car derrière cette farce de procès, cette convocation de janvier qui n’aurait jamais dû avoir lieu si les médias avaient fait leur travail tel que définit par la Charte de Munich, de véritables enjeux de société se tenaient : si la liberté d’expression s’use quand on ne l’utilise pas, les prévenus assis cette après-midi du 13 janvier, pères et mères de famille, étaient en quelque sorte des héros, non pas dans le sens qu’ils auraient accompli des exploits, mais plutôt dans celui qu’ils ont pris le premier rôle que ne tenaient plus les médias de masse, suppôts du pouvoir politique et économique. Face donc à un quatrième pouvoir qui n’est plus, se confondant avec les trois autres (et surtout l’exécutif), il était du devoir des citoyens de se faire les relais d’une information tue, censurée. Face à des médias « alternatifs », dont Kairos, réprimés, censurés (fermeture de notre chaîne Youtube, refus de prolongation de la carte de presse, retrait de nos aides à la presse, attaques diverses au CDJ et dans les médias de masse…), ostracisés, le relais citoyen était une nécessité. Un devoir.
Au summum de l’art de jouer
Mais ce fut le passage éclair de Sacha Daoud, un des plaignants, l’animateur « vedette » de la RTBF, qui constitua une sorte d’apothéose de ce show. Très stratégiquement, dans une mise en scène certainement préparée avec ses avocats, il exprimera sa profonde solitude durant les « opérations » des Pangolins, jusqu’à la limite de commettre l’irréparable (il insinue le suicide apparemment), l’impact sur sa famille, ses proches… On en vient à se demander un instant, tellement la comédie est bonne, si le personnage est sincère : il évoque les circonstances particulières du procès, la mort de David Schiepers, qui justifie notamment sa présence, sa satisfaction de rencontrer les prévenus ; il remercie le procureur du roi pour la pertinence d’une de ses questions. Daoud dira s’étonner des réactions virulentes des Pangolins, alors que pendant cette crise il « a invité toutes les parties et généré un débat contradictoire ». Belle façon de faire croire qu’en Belgique, seuls les Pangolins n’aimaient pas son travail et y voyaient à redire. Stratégique intervention qui occulte le dégoût partagé devant cette propagande honteuse de la chaîne publique.
La mise en scène est parfaite, calculée. Après l’intervention de l’animateur de la RTBF, l’avocate des prévenus ne sera pas invitée à lui poser de questions, la juge demandera 10 minutes de suspension d’audience. Sacha Daoud quittera la salle pour ne pas revenir.
Fermez les rideaux
David et ses Pangolins n’ont pas été des harceleurs, mais des éveilleurs de conscience, ils ont endossé le rôle que ne jouent plus les médias ni les associations censées défendre la liberté de la presse, à savoir d’informer, d’aider à penser ce monde, au lieu de relayer les paroles des médecins de plateaux aux multiples conflits d’intérêts et de refuser de la donner à ceux qui ne suivaient pas le narratif officiel. Ils ont appelé à dénoncer des médecins criminels pratiquant la ségrégation en déclarant par exemple refuser de transplanter des organes aux non vaccinés, bafouant donc les droits du patient.
Que le pouvoir judiciaire les criminalise dit tout sur notre époque.