Évacuation nucléaire en Belgique: tout va bien!

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De 1986 à 2000 et selon un rapport de l’UNICEF, 350.400 personnes ont été évacuées autour de la centrale de Tchernobyl. Approximativement 120.000  personnes auraient été évacuées de la zone autour de la centrale de Fukushima  Daiichi. Pour une même zone, nous parlons donc d’une évacuation au sein du territoire belge allant de 120.000 à 1.304.000 habitants. Autant dire qu’une telle  perspective est peu engageante et sans aucun doute impossible à organiser. À noter enfin que les 120.000 habitants concernés par le plus faible appel à  évacuation ne prend pas en compte la population des pays dans lesquels ces centrales sont logées (France et Pays Bas). Et comme l’exil ne connaît pas de  frontière …

Nous faire doucement accepter le pire

Lire la presse de masse qui parle du nucléaire, c’est saisir tout l’imaginaire d’une société qui transforme en sacré ce qui n’est qu’un choix arbitraire, et extraie donc du domaine de la pensée certaines matières qu’elle considère comme indiscutables. Ainsi, le nucléaire est un fait, les déchets qu’il produit étant dès lors comme l’enneigement devant sa porte, quelque chose de naturel qu’il faut résoudre, s’il faut en les « enfouissant dans l’argile profonde » (Le Soir, 21 mars 2015). Les certitudes passées sauvagement infirmées par les faits n’éteignent pas les nouvelles vérités nourries de l’illusion du techno-scientisme qui offre la maîtrise parfaite : « C’est la centrale la plus éloignée de Tokyo (Sendai, dont il on relancé un réacteur en août 2015 ndlr). C’est aussi la centrale la moins à même d’être exposée aux mêmes conditions que Fukushima. Elle est située dans une zone qui n’est pas sismique, pour autant qu’il y ait des régions non sismiques au Japon (Sic) » (Le Soir, 11 août 2015). Jamais la pensée consensuelle médiatique ne nous aide à résoudre cette contradiction : le nucléaire porte en lui des risques de disparition pour l’humanité tout en étant présenté comme économiquement indispensable pour certains pays. Les colporteurs de cette pensée ne peuvent le faire puisqu’ils sont pris dans leur logique qui, au Japon ou ailleurs, ne perçoit la solution que dans la continuation du même et l’impossibilité de penser le changement : « Pour Tokyo, la seule issue est la relance du nucléaire ». Pour vous aussi ! Les accidents, même s’ils ne le disent pas, est donc le risque acceptable, ce qui transparaît dans leur titre : « Environnement : la Belgique insuffisamment préparée à un accident. Nucléaire : Il faut plus d’iodes » (Le Soir, 11 mars 2015). Le problème n’est donc pas pour eux le risque d’accident, le problème est juste celui de l’impréparation lorsqu’il arrivera.…

Un chercheur de l’ULB, interviewé dans Le Soir

« Un rapport a montré que l’accident de Fukushima était dû à une erreur humaine. Cela déforce l’argumentaire des antinucléaires qui disent que le Japon n’est pas un pays sûr pour le nucléaire ».

Ah, ok, ça va alors. Faudrait remplacer ces humains imparfaits par des robots !

« Par ailleurs, suite à l’arrêt des centrales, le gouvernement a conseillé aux gens de diminuer l’utilisation de la climatisation. C’est positif pour l’environnement mais pas pour le confort des gens dans un pays où il peut faire très chaud en été. Grâce à la relance des centrales, les gens pourraient à nouveau utiliser la climatisation.Cela peut jouer en faveur du nucléaire. Enfin, les Japonais sont extrêmement sensibles à l’environnement mais ils ne sont pas partisans d’un radicalisme ou d’un changement fondamental de l’environnement ».

Le nucléaire au service de la clim ! L’absurde n’a pas de limite.

Le Soir, 11 août 2015.

* Estimations sur base des chiffres publiés par le SPF finance en 2011. Les zones de 20 et 30km prennent en compte chacun des arrondissements touchés par ces zones. Les zones de 10km sont les données officielles transmises par les autorités fédérales et datent de 2013. 

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