DEMI-TOUR À GAUCHE, GAUCHE !

(PREMIER SERGENT MAJOR LEDRU)

Illustré par :

Il y en a un qui aura vraiment fini à énerver tout le monde et les autres avec, c’est le très ineffable et impayable François Hollande, ci-devant et – sauf accident cardio-vasculaire ou de scooter – pour une année encore, président de la République française. Ses dernières interventions publiques, à la télévision, à la radio ou devant un quelconque pupitre et telle ou telle assemblée, montrent à quel degré d’idiotie et d’aveuglement peut mener la pratique du pouvoir. Aux dernières estimations sondagières, le personnage est crédité du soutien de quelque 14 % de l’électorat potentiel; son premier sinistre, l’ombrageux Valls, de son côté, n’est pas en reste quant à la quantité de celles et de ceux qui apprécient son action. Cela ne semble en rien inquiéter ni surprendre le locataire de l’Élysée et son voisin de Matignon qui, contre gros vent et fortes marées (sociales) font et continuent de n’en faire qu’à leurs têtes en tous domaines. 

Passons sur les détails des reniements et des gaffes qui se sont accumulés depuis l’entrée en fonction de Flamby, la liste en est trop longue et indigeste. Ce que « « fff » l’on retiendra c’est le toupet du personnage qui s’en va répéter partout avec un entêtement pathétique que «la France va mieux», que «la reprise est là», que «le chômage finira bien par baisser» puisqu’il se tue à le dire et que la loi censée modifier le Code du travail «est une excellente chose » ; la preuve : il aura fallu qu’elle soit fi nalement adoptée avec l’aide désintéressée du fameux article 49,3 et dans l’enthousiasme général, en contradiction flagrante avec l’état de l’opinion et les manifestations qui se sont multipliées partout dans un climat de plus en plus détestable voire, même, inquiétant. Car si, de leur point de vue, les policiers de France et de Navarre avaient de bonnes raisons de protester le 18 mai dernier contre la méfiance et la haine qu’ils inspirent aux irréductiblesvilains-casseurs (parmi lesquels d’aucuns voient d’astucieux provocateurs aux ordres), il n’en reste pas moins que les nombreuses images de matraquages et coups divers en pleine gueule de gens de tous âges et des deux sexes, largement diffusées par les réseaux sociaux, témoignent d’une agressivité et d’une violence souvent disproportionnées de la part des fonctionnaires du « maintien de l’ordre ». En passant, on est en droit de se demander ce qu’a pu penser le camarade Hollande – et son socialoministre de l’intérieur – du soutien appuyé d’élus frontistes aux policiers en colère place de la République, les uns et les autres s’amusant à se faire auto-tirer le portrait dans une franche, rigolote et belle camaraderie. Ce qui ressort de tout cela c’est, bien évidemment, que la politique menée depuis maintenant quatre ans ne s’apparente que fort peu à la politique « de gauche » que beaucoup attendaient du candidat moi Président qui continue de jouer sa petite partition politicarde dans la seule perspective de son hypothétique reconduction à la tête du pays, histoire de terminer le travail. Et, assurément, ce ne sera pas une partie de plaisir au vu des derniers développements d’un conflit qui oppose une part croissante de salariés, tous secteurs confondus, à un exécutif qui n’entend rien lâcher des décisions qui ont étés prises avec la brutalité et le mépris que l’on sait. Quant à l’issue probable de ce bras de fer, elle n’est rien moins qu’incertaine et, à l’heure où vous aurez cette chronique sous les yeux, les dés en auront été jetés et le hasard n’y sera pas entré en ligne de compte, mais seulement la détermination et l’obstination de l’un des deux adversaires en présence. 

Si cette chronique vous semble par trop se pencher sur la situation de notre grande cousine plutôt que sur les affaires du petit bout de territoire que nous partageons, n’y voyez aucun désintérêt pour ce qui, à bon droit, peut vous paraître ici négligé. C’est, simplement, que ce qui se vit et fait débat des deux côtés de la mince frontière qui nous sépare offre des similitudes qu’il s’agit de prendre en compte. De part et d’autre, on assiste à une montée sensible et de plus en plus combative des forces de la remise en cause des politiques de régression et d’attaques frontales des acquis sociaux, mises en œuvre par les deux exécutifs. Que les motifs et les raisons de cette radicalisation soient, encore et toujours, caricaturés et dévoyés par les commentateurs et éditorialistes aux ordres montre que la crise qui secoue les deux pays ne tient désormais plus à des questions strictement sectorielles, mais que, de plus en plus, la conscience de ce que c’est tout un système qu’il s’agit de mettre à bas, s’affirme. Quelques consciences éclairées, un peu partout de par le monde, indiquent des voies nouvelles à emprunter; à commencer par la pensée du et sur le monde qu’il s’agit, bel et bien, de retourner radicalement. Ensuite, très concrètement, il est impératif de mettre au goût du jour d’autres manières de produire ce dont nous avons réellement besoin et, dans le même temps, de promouvoir un nouvel art de vivre détaché des contingences et des diktats d’une pseudoscience économique dont on sait qu’elle est exclusivement au service des classes dominantes. Des nœuds sont à défaire, ils sont légion; la tâche est immense, cela, on le sait aussi. Et ce n’est que collectivement, universellement qu’il faut, au plus vite, s’atteler à cet historique ouvrage. Nous sommes devant une page blanche sur laquelle tout, absolument tout est à réécrire et les luttes présentes, pour autant qu’on leur donne un sens résolument neuf, loin des clichés dominants, seront peut-être à mettre à l’actif du bouleversement radical à venir. 

Jean-Pierre L. Collignon 

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