Assange est libre, pas la presse…

Lundi 18 novembre, la place de La Monnaie.

Photos RENAUDFANG.COM

Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, et pendant plus de cinq ans, des femmes et des hommes arpentaient chaque lundi cette place centrale de Bruxelles pour informer les citoyens de la situation de Julian Assange, criminalisé par les USA, emprisonné à Londres pour avoir fait son travail de journaliste.

Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de milliers de gens dans le monde, Assange est libre. Mais la liberté de la Presse, le droit de savoir, le droit d’être informé ressemble toujours plus à une baudruche crevée…

Et le journaliste honnête, qui fait son travail en conscience, qui « défend la liberté de l’information, du commentaire et de la critique. Et qui respecte la vérité quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité » ( charte de Munich ; Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) risque d’y laisser sa vie. En Palestine, le mot presse sur le gilet censé protéger les journalistes s’est transformé en une cible accrochée dans leur dos.

Les big-médias traditionnels toujours friands d’infos sanglantes ne font pourtant pas leur une sur l’assassinat des journalistes au Moyen Orient…

Et donc, ce lundi 18 novembre, le « Comité Free.Assange.Belgium », dans la droite ligne de ses engagements pour une presse libre et juste, est revenu Place de la Monnaie pour dire haut et fort, en images et en discours :

STOP A L’ASSASSINAT DE JOURNALISTES PAR ISRAËL À GAZA.

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Cette action a été soutenue par l’Association belgo-palestinienne.

Présent aussi, Lode Vanoost, journaliste à « DeWereldMorgen.be », a dénoncé dans son discours la faillite des médias traditionnels :

« …Assange est libre, mais la lutte est loin d’être terminée, bien au contraire. Les chiffres sont hallucinants : plus de 180 journalistes ont été tués, massacrés à Gaza. Les émeutes à Amsterdam étaient dérisoires en comparaison, mais elles ont révélé une réalité importante : la faillite morale des médias mainstream. Ce n’était pas du cadrage biaisé, ni des distorsions. C’était une inversion complète des faits. L’hypocrisie totale dans toute sa splendeur. (…)La photographe d’Amsterdam Annet De Graaf a filmé des images de hooligans du Maccabi frappant des gens. Avec stupeur, elle a constaté que les commentaires accompagnant ses images dans The Guardian, The New York Times et la BBC affirmaient exactement le contraire. Ils ont transformé ces fanatiques génocidaires en victimes. (…) Voilà le niveau journalistique de nos médias. (…) C’est à nous tous, sur les réseaux sociaux, dans nos médias alternatifs, de continuer à répondre à cette honte. Non au génocide, non aux mensonges médiatiques. »

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Extrait du discours de l’ ABP : «  La guerre se gagne aussi par la communication. Et ça, Israël l’a bien compris. C’est pourquoi, depuis le début du génocide, Israël tente d’éteindre toute voix qui rendrait compte des massacres qu’il est en train de commettre en Palestine. (…)Être journaliste en Palestine, c’est vivre constamment avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Craindre constamment pour soi et pour sa famille d’être la cible des drones pour avoir tenté de rendre compte de ce cauchemar éveillé. D’élever sa voix, de faire voir au monde ce qu’il permettait. (…)Mais les journalistes palestiniens, qui ont bien des leçons à fournir en termes d’éthique à la majorité des journalistes occidentaux, continuent de travailler malgré la menace constante qui pèse sur elles et eux. En espérant que le monde se réveille. »

Nous en sommes bien loin : La classe politique européenne soutient les assassins de masse israéliens en Palestine. Dans notre pays, des mandataires politiques se réjouissent lorsque des crimes de guerre sont commis par Israël : « Les bipeurs, c’est du génie ! » selon MM Francken et Bouchez !! sans grande réaction d’autres hommes politiques, sans que « la Ligue des droits de l’homme », pardon, « des droits humains » n’assignent, à ma connaissance, ces personnages en justice pour apologie de terrorisme !

Un des moments les plus émouvants fut la longue, très longue lecture à voix haute des noms de 188 journalistes palestiniens assassinés à Gaza depuis le 8 octobre 2023.

Nombreux étaient les passants qui ne connaissaient pas l’ampleur de ce massacre. Scandalisés, ils ont signé la lettre ouverte proposée par le comité. Elle sera envoyée au parlement européen et au parlement fédéral:

« Aujourd’hui, partout dans le monde, mais principalement à Gaza, Cisjordanie, et an Moyen Orient, les journalistes qui font bien leur travail, qui informent les populations, qui disent les crimes de guerre, sont ciblés, pourchassés, emprisonnés, assassinés, par ceux qui veulent que les populations soient dans l’ignorance. Le droit de savoir, le droit d’être informé et construire ainsi notre pouvoir de décision est un droit imprescriptible en démocratie. Nous avons défendu Julian Assange. Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de milliers de personnes scandalisées par la criminalisation de son travail de journaliste, il est libre.

C’est ce combat que nous menons, celui pour le droit de savoir, le droit d’être informé et construire ainsi notre pouvoir de décision. Nous vous demandons instamment, Mmes Mrs, de soutenir les journalistes indépendants, et de continuer avec eux le combat pour la liberté de la presse et une véritable information.

Exigeons de nos gouvernements qu’ils appliquent et fassent appliquer les lois internationales en actes et pas en paroles, coupent les liens avec l’état d’apartheid criminel d’Israël et dénoncent l’assassinat des journalistes et la destruction de la liberté de la Presse ».

Le Comité Free.Assange.Belgium  a l’intention de renouveler cette action de « salut moral » aussi souvent que nécessaire. Espérons, pour les journalistes palestiniens et arabes, que cela ne dure pas aussi longtemps que pour Assange…

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