Il est de ces choses que le pouvoir ne peut entendre — Chronologie d’une censure d’État

Depuis le 15 avril et « la question biaisée politiquement, ce qui n’est pas l’habitude des journalistes », dixit Wilmès, je suis interdit de conférence de presse. Rien d’extraordinaire pourtant que de demander la légitimité d’un gouvernement dont nombreux des membres travaillent ou ont travaillé pour des multinationales liées à la santé. C’est la réponse — que nous n’attendions évidemment pas -, qui est extraordinaire, du fait qu’au fond il n’y en a pas (c’est de la rhétorique), car une réponse signifierait que le débat puisse avoir lieu. Quand on ne demande pas aux politiques ce qu’ils veulent entendre, comme le font les journalistes habituellement, on n’est plus autorisé à leur poser des questions — et pour cela, ils doivent trouver des prétextes. On aura ainsi appris une chose depuis, pour ceux qui ne le savaient pas ou en doutaient encore : nous sommes tolérés tant que nous demeurons spectateurs (et consommateurs, ce qui est peu ou prou identique). Si nous nous levons du siège, ils prennent peur.

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