Accomplissement

Le mystérieux Constantin Mirabel est ici interviewé une nouvelle fois pour provoquer notre réflexion…

Lubo Duržo

Que pensez-vous de la suspension de Mme Martine Wonner par l’Ordre des médecins ?

Beaucoup de nos concitoyens sont pétris de l’illusion que la justice serait d’essence divine. Elle tomberait du ciel, faisant contrepoids au pouvoir politique. Plus sérieusement, la justice n’est que l’émanation du politique. Un seul exemple : les juges des tribunaux de l’État français qui envoyaient des résistants au poteau étaient les mêmes que ceux qui, deux ans plus tard, y envoyaient les collabos. C’est d’ailleurs par le gouvernement collaborationniste de Vichy, en octobre 1940, qu’a été créé le Conseil national de l’ordre des médecins. À cette époque, en Allemagne, cette profession a été la plus représentée dans le régime nazi. La doctrine de l’« eugénisme racial » portée par les médecins et les biologistes était en son cœur : « la nazification des médecins s’est opérée plus tôt et plus complètement que dans le cas de toutes les autres professions, observe des chercheurs1. Entrés massivement au Parti en 1933 et surtout en 1937, les médecins y étaient surreprésentés dans un rapport de 3 à 1. Ils constituaient de loin le groupe le plus important à l’intérieur du Parti, 44,8 % d’entre eux en ayant été membres soit avant soit après 1933, alors que 9 % des médecins de sexe masculin diplômés entre 1933 et 1939 se sont inscrits à la SS où ils étaient surreprésentés 7 fois, ce qui les plaçait en deuxième position derrière les juristes2. ». En France, le médecin Alexis Carrel, prix Nobel de médecine de 1912, était un éminent membre du Parti populaire français de Jacques Doriot, parti pro nazi français. Il fut surtout un théoricien de l’eugénisme racial comme en témoigne son célèbre livre L’homme, cet inconnu. Dans ce cadre, on comprend que Martine Wonner puisse être suspendue, ceci alors que l’histoire lui donne aujourd’hui raison. L’Ordre des médecins n’a retenu aucune leçon de l’histoire. Il confond nécessaire régulation de sa profession et soutien à une politique réduisant l’humain au physiologique. Que cette idéologie lui permette d’accéder logiquement au pouvoir absolu est tout sauf un hasard.

En revanche, les médecins qui, par exemple, amputent actuellement des pénis, des seins, placent sous castrateurs chimiques et hormones du sexe opposé des adolescents, bref collaborent à l’horrible entreprise de charcuterie des enfants et adolescents de la politique dite « de réassignation de genre », ne sont en rien inquiétés par le Conseil de l’ordre. Nous souhaiterions bien sûr le contraire, mais le propre de notre société est de vivre dans l’inversion. Martine Wonner est une figure de la résistance, mais face à des personnes au pouvoir comme Olivier Véran et consorts, elle, comme nous, sommes impuissants. Malgré que les faits aient donné tort sur toute la ligne aux covidistes, MM. Raphaël Enthoven, Emmanuel Lechypre ou le terrifiant Claude Malhuret plastronnent et vitupèrent de plus belle dans les mass médias. C’est le spectacle de l’immoralité permanente. La gauche radicale n’est pas épargnée avec, par un exemple l’éconocroque Thomas Porcher — « Je suis d’accord avec le fait qu’il faille rendre la vie des non-vaccinés beaucoup plus difficile », (« Les Grandes Gueules » sur Radio Monté-Carlo de Patrick Drahi », 29 juin 2021) — qui pérore de plus belle sur la chaîne Youtube de Monsieur Mélenchon, Le Média, et ailleurs se présentant comme le parangon de rebellelitude au macronisme. De toutes façons, on ne peut œuvrer pour les mass médias sans y devenir de facto un petit de soldat de Pfizer, de l’Otan et de McKinsey & Company.

Ne note-t-on pas pourtant dans les mass médias quelques objections qui percent face à vogue « transexuelle » chez les adolescents ?

Le célèbre psychanalyste Jean-Pierre Winter décrit une société où tout se passe « comme si le fantasme faisait la loi ». Dans cette perspective, tous ceux qui rappelle que le réel existe sont logiquement propulsés dans la position du « réac ». Il en va ainsi même pour les féministes les plus ultra qui ne veulent pas dans leurs cénacles d’hommes se prétendant des femmes. Elles sont contraintes à leur rappeler que la nature existe. Elles sont alors renvoyées par tous les abrutis à l’« ordre naturel » des « fachos ». Dans notre contexte, où le réel doit s’effacer devant le désir, elles sont nécessairement perdantes.

Les écolos ne devraient-ils logiquement pas être en pointe pour rappeler l’existence de la nature ?

C’est exactement le contraire qui se passe. Étonnant paradoxe, l’écologie politique est devenue le fer de lance du déni de la nature, notamment de l’altérité sexuelle. Pis encore, cette écologie institutionnelle est toute accaparée à sa « pulsion totalitaire » consistant à criminaliser ses contradicteurs. Mais on sait que pour l’égérie d’Europe Écologie-Les Verts, Mme Sandrine Rousseau, la distinction public/privé doit être abolie — ce qui soit dit en passant est la définition même du totalitarisme. Selon ses dires « le privé est politique » et l’État doit par conséquence y faire régner sa loi. C’est pour cela que la député expliquait travailler à un « délit de non-partage des tâches domestiques ». Dans la même veine, notre représentante à l’Assemblée nationale veut réglementer l’humour. Sur la chaîne de Bouygues, ce qui n’est pas anecdotique, elle expliquait que « le droit à la caricature, il ne se moque pas des personnes noires, il ne se moque pas des personnes LGBT. Il n’a pas une attitude qui est une attitude discriminante. » Ce qui, soit dit en passant, est l’attitude la plus raciste et la plus « homophobe » que l’on puisse imaginer ; elle présuppose que les « noirs » et les « LGBT » sont d’éternels enfants inaptes à recevoir la critique et l’humour (TF1, 1er septembre 2021). De fait, Sandrine Rousseau est la personnification de que Bernard Charbonneau désignait sous le terme « pré-fasciste ».

« La société a changé », argumentait une figure de la droite française pour justifier son appui à l’inscription de l’avortement dans la constitution. Qu’en pensez-vous ?

« IVG : le Rassemblement national propose d’inscrire la loi Veil dans la Constitution » lisait-on sur le site de France Info, le 21 novembre 2022. On se pince en lisant l’actualité, du moins pour les plus de 40 ans. Dans l’ultime numéro de la revue « catho décroissante » Limite, on peut lire cette analyse : « Le champ politique fonctionne lui en sens (…) sinistrogyre, car au fur à mesure que les partis de droite sont déplacés vers la gauche en acceptant le changement sociétal (avortement, mariage homosexuel, PMA et bientôt euthanasie ?), ceux qui y résistent doivent s’auto-censurer ou sont repoussés vers la droite ». Nous arrivons à une époque incroyable où certaines positions des objecteurs de croissance (conséquents) les repoussent à la droite de l’extrême-droite ! Ou plutôt dans un non-lieu. L’avortement est un sujet crucial. Il doit pouvoir être débattu en toute liberté. L’inscrire dans la constitution, c’est criminaliser certains arguments. C’est sur le principe une démarche totalitaire. On peut parier qu’encore une fois toutes les Sandrine Rousseau seront en tête de cette revendication aux côtés des macronistes, dont, malgré une opposition de fait factice, elles partage la même compréhension de la condition humaine.

Est-ce le même glissement qui s’est produit pour le mariage ?

Ce que n’ont pas compris les défenseurs de gauche du « Mariage pour tous », c’est que derrière cette revendication se profilait, non pas la lutte contre l’« homophobie », bien au contraire d’ailleurs, mais la déni de l’altérité sexuelle. C’est essentiel à comprendre et c’est l’essence même de cette revendication. Le mariage pour tous est donc la clef symbolique pour ouvrir la boite de pandore de toutes les monstruosités conduisant au meilleur des mondes, c’est-à-dire à la techno-marchandisation de la reproduction, PMA, GPA et autres artifices. Il en allait de même auparavant avec le PACS. Passé les leurres, celui-ci était le pur produit du capitalisme libéral : il réduisait un engagement moral (Bouh ! Réac ! Patriarcal ! etc.), le mariage, à un contrat : « Quand je ne te désire plus, je te jette ». La philosophe institutionnelle Sylviane Agacinski, qui défendait le « Mariage pour tous » tout en s’alarmant de ses conséquences, se trouve donc dans la parfaite position de l’arroseur arrosé. Il n’y a donc pas une larme à verser sur l’épouse de Lionel Jospin et les attaques, censures, dont elle serait actuellement la « victime ». Bien au contraire, car la grande qualité de la production montre qu’elle a ne peux pas ne pas avoir compris la causalité des délires dont, à juste titre, elle s’épouvante. Elle est la première responsable dans cette histoire. Il n’y que le rire à opposer à ses plaintes.

Que nous souhaiter pour 2023 ?

Si la logique totalitaire de la technique marque une pause après l’épisode covid, ne nous faisons pas d’illusion. Elle imposera son diktat, à marche forcée, à chaque nouvelle opportunité. À cause de sa taille, la Chine est devenue la structure immaîtrisable qui ouvre la voie. Bernard Charbonneau prévenait qu’il y avait un danger pire encore l’effondrement de la société du développement : son accomplissement. Il signifie le règne de robots, c’est-à-dire l’anéantissement de l’humain au profit du règne des chiffres. C’est la fameuse « Start-up Nation » chère à Macron. Charbonneau nous avertissait que la seule échappatoire ne pourrait qu’être la mort, car mieux vaut être un vivant mort qu’un mort-vivant.

1 Le nazisme et l’idéologie de la santé : les avatars modernes de la dignité humaine André Mineau, Gilbert Larochelle, Thomas De Koninck, Revue d’Histoire de la Shoah, 1998/3 N° 164.

2 « Nous exprimons nos regrets les plus profonds que des médecins se soient rendus coupables de nombreuses violations des droits de l’homme, en contradiction avec leur devoir de soins, nous pensons aux victimes encore vivantes et à celles décédées et nous leur demandons pardon. Ces crimes n’ont pas été les actes de médecins isolés, mais ont été commis avec la participation de personnalités éminentes de l’Ordre des médecins. » déclaration du Congrès des médecins allemands, Nuremberg, 23 mai 2021.

Espace membre