Ursula von der Leyen, toujours en place…

Sans surprise, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a sauvé sa peau. Une motion de censure (procédure démocratique qui permet au parlement d’exercer un certain contrôle politique sur la Commission) contre sa Commission avait été déposée par les groupes parlementaires d’extrême droite (ESN, Patriots). Ce jeudi 10 juillet, sur 553 votants, 175 ont répondu oui, 360 ont répondu non, 18 se sont abstenus. Son groupe, le Parti populaire européen (PPE), avait déjà annoncé qu’il ferait bloc derrière elle. Certes, ce sont des élus d’extrême droite qui ont initié la motion, mais nous envisageons d’abord le contenu — que nous approuvons —, plutôt que de morigéner le messager — ce qui relèverait de la paresse intellectuelle.

Nous n’en saurons donc pas plus sur les SMS échangés avec son ami Albert Bourla, le PDG de Pfizer, pour l’achat de centaines de millions de doses de vaccins avec l’argent du contribuable. Le « Pfizergate » reste un scandale non entièrement élucidé. Pour rappel, von der Leyen a jusqu’à présent refusé de dévoiler les textos incriminés (ce qui lui a même été reproché outre-Atlantique, par le New York Times). Les abus de pouvoir continueront, jusqu’à nouvel ordre : ingérences dans la souveraineté des nations, comme les élections en Roumanie (à deux reprises) et possiblement en Pologne dans un futur proche ; enveloppe de 800 milliards € prévue pour réarmer le continent (projet « Rearm Europe ») ; menace de retirer une loi contre l’éco-blanchiment (greenwashing) des entreprises, pourtant en cours de négociation au parlement. Etc. L’Union européenne, c’est le royaume de l’impunité ! Rappelons-nous que la Commission Santer avait démissionné en 1999, avant qu’une motion de censure ne soit adoptée. Ce temps d’équilibre démocratique est révolu. Ce qui n’empêche pas que, dans un retournement proprement orwellien, von der Leyen se présente comme la garante de la démocratie à l’UE. On croit rêver ? On ne rêve pas.

À ce sujet, il faut relever un article paru dans Le Soir du 9 juillet 2025 intitulé « Pourquoi l’État de droit est-il une nouvelle arme économique de l’Union européenne ? », qui explique que le rapport 2025 de la Commission sur l’État de droit dans l’UE lie désormais gouvernance démocratique et compétitivité. En effet, « des juges indépendants, une administration transparente et des médias libres favorisent la confiance des investisseurs, la concurrence loyale et la stabilité réglementaire. » [c’est nous qui soulignons] : sans doute von der Leyen ne lit-elle pas les rapports rédigés par sa Commission…

La suite de l’histoire reste à écrire…

PS : Parions qu’au Soir, ils ont sabré le champagne. L’édition du 8 juillet annonçait que la motion avait « très peu de chances d’aboutir », en un mélange de réalisme et de wishful thinking. Alors, heureuse, Béatrice ? Tu pourras continuer à clamer « touchez pas à notre petite Ursula chérie ! » (dont une photo flatteuse paraît dans presque chaque édition du journal).

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