Arme N°4 : Le Fact-Checking — Les Inquisiteurs du Faux et du Vrai

Depuis quelque temps, la plupart des médias « mainstream » se sont remplis d’une fonction purificatoire : distinguer le faux du vrai. Les fact-checkers, autoproclamés, épinglent les informations incorrectes et leurs auteurs impropres. Une inquisition qui, observée à la loupe, présente bien des lacunes… et bien des dangers.

Dans cet article, nous abordons 7 problèmes soulevés par le « fact-checking », lorsque celui-ci est pratiqué de manière simpliste, partiale ou manipulatoire.

Au sommaire :

  1. Le fact-checking frugal : l’inconsistance dans la citation des sources
  2. Le fact-checking émotionnel : annoncer la raison et brandir l’émotion
  3. Le fact-checking unilatéral : la fin de la dialectique
  4. Le fact-checking diffamatoire : la mise à mort des rebouteux
  5. Le fact-checking autocontradictoire : la vérité, quand ça nous arrange
  6. Le fact-checking sans appel : le dossier est bouclé !
  7. Le fact-checking dramatique : bienvenue dans le triangle de Karpman !

Le mouvement du fact-checking, ou « journalisme de vérification », ne date pas d’hier. Il a démarré aux États-Unis où il prend ses racines il y a près de 100 ans(1), mais, depuis quelques années, il tend à se généraliser dans la presse belge et française. Il a pris une dimension très investie durant la crise sanitaire.

Quelques exemples en France :

Quelques exemples en Belgique :

Certains voient ce phénomène comme une réponse à un besoin d’éclairer la grande quantité d’informations fausses ou de rumeurs, qui circulent notamment sur les médias sociaux. D’autres y trouvent une occasion de redonner au journalisme son blason, dans une période où la note de crédibilité de la presse traditionnelle est en chute dans l’opinion(2).

Un paradoxe se dessine toutefois. « Le fact-checking se voit reprocher, par une partie des citoyens, sa prétention à dire le vrai, critique de plus en plus commune à l’endroit des médias en général », souligne avec lucidité Cédric Mathiot, journaliste responsable de la rubrique Désintox chez Libération(3).

D’un autre côté, il semble que le fact-checking produise ses effets. Une étude menée en 2019 par des chercheurs américains indique que le fact-checking influence significativement les opinions politiques, même si les lecteurs y seront plus ou moins perméables en fonction de leurs croyances et de leurs connaissances(4).

Bien sûr, le fact-checking est parfois salutaire

Avant de plonger dans les dérives du fact-checking, tel qu’il est parfois utilisé aujourd’hui, je désire rendre honneur aux principes de vérification de l’information et de recoupement des sources, qui sont les piliers d’un journalisme de qualité, garant d’une démocratie où les citoyens peuvent effectuer des choix éclairés.

Par exemple, les réseaux sociaux sont inondés de citations prétendument attribuées à des personnalités charismatiques telles que Steve Jobs ou Gandhi, mais que ces derniers n’ont, en fait, jamais prononcées. Albert Einstein aurait de quoi se retourner vingt fois dans sa tombe s’il savait comme son intelligence est régulièrement instrumentalisée pour augmenter l’impact des messages qu’on a envie de faire passer(5).

« Si les abeilles disparaissaient de la surface du globe,
l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre »
… cette phrase souvent attribuée à Albert Einstein
ne figure dans aucune archive(6).

À d’autres moments, ce sont des hommes ou des femmes politiques à qui on attribue des propos qu’ils n’ont jamais émis. Tous les camps politiques sont potentiellement concernés, sans que soit épargné le Président Emmanuel Macron lui-même(7).

Dans certains cas, les rumeurs peuvent provenir de médias, qui ont véhiculé trop vite des informations non fondées, dont la vérification s’avère profitable à tout le monde(8). La course à l’information et à l’audience conduit parfois à des faux pas.

Donc oui, bien sûr que la vérification de la véracité des informations constitue un socle important sans lequel tout raisonnement ou toute décision perdrait sa consistance.

Le fact-checking convient, en ce sens, tout particulièrement à des informations simples, concrètes et 100% vérifiables.

Du genre :

  • Certaines compagnies aériennes interdisent-elles les vaccinés ?(9)
  • 45.000 églises sont-elles menacées de démolition ?(10)
  • Est-il vrai que 10.000 nouveaux policiers ont été recrutés en France ?(11)

Là où les choses se compliquent, c’est lorsque les journalistes prétendent séparer le faux du vrai sur des questions plus complexes, sujettes à la nuance, à la critique des données sources ou au prisme des opinions.

Le fact-checking frugal

Il est assez saisissant de constater que de nombreux articles de fact-checking publiés dans les médias de masse manquent de consistance sur le plan de la citation des sources.

Prenez cet article publié par RTL(12). Les seuls liens qu’il contient renvoient vers d’autres billets de la chaîne. Pas une seule source scientifique n’est livrée. Tout au plus une référence à l’OMS, dont on dit qu’elle déconseille la prescription de l’ivermectine, sans préciser que cette position est provisoire, « en attendant que plus de données soient disponibles »(13).

Dans cet article daté du 16 juillet 2021, la chaîne de télévision RTL
balaye une option médicale d’un revers de la main…
sans faire référence à la moindre étude scientifique,
là où il en existe des dizaines.

Certains fact-checkers feront le même travail avec tout de même un peu plus de consistance, par exemple au travers de cet article signé par les décodeurs du Monde et daté du 13 avril 2021(14). A‑t-on pour autant répondu de manière fiable à la question de l’efficacité de l’ivermectine ?

Ce n’est pas ce que pense l’auteur d’un article très sourcé, publié le 15 avril 2021 sur Mediapart(15), lequel déploie une robuste critique du prétendu fact-checking des décodeurs du Monde. L’article évoque tour à tour de multiples essais cliniques, des méta-analyses, des revues systématiques, des études épidémiologiques, des analyses bénéfices-risques, des bases légales, et il annexe une bibliographie de 33 articles peer-to-peer.

Entre-temps, en juillet 2021, d’autres études et méta-analyses sur l’ivermectine continuent de sortir. En tout cas bien plus de références scientifiques que les deux ou trois études mentionnées par Le Monde lorsqu’il prétend résumer la question « Sur quoi s’appuient-ils pour défendre l’ivermectine ? ». Parler de fact-checking frugal ne me semble pas exagéré.

Notez la rhétorique très émotionnelle de l’article du Monde, qui utilise des mots clairement susceptibles de discréditer la démarche des scientifiques qui étudient les alternatives thérapeutiques au vaccin : « traitement miracle », « mirage thérapeutique »… voilà comment la solution est présentée d’emblée. Dès le titre, on bascule dans l’émotionnel, de manière assez paradoxale pour un fact-checking.

De plus, la question de départ reste souvent insuffisante pour appréhender la complexité de la réalité. Dans le cas qui nous occupe, la question n’est pas uniquement « Est-ce que l’ivermectine est efficace ? », ce qui induit une attente de réponse simpliste en « oui » ou « non ». Mais dans quelles conditions, dans quelles proportions, avec quels autres médicaments et dans quel timing l’ivermectine est-elle efficace ? C’est en ces termes que des scientifiques tels que Didier Raoult ou Peter Mc Cullough abordent la réflexion.

Le Professeur Mc Cullough, invité ici à l’IHU Marseille,
explique en détail le protocole médical qu’il estime efficace.
Les médicaments ne sont pas perçus comme des pilules miracles,
mais ils sont intégrés ici à tout un workflow médical(16).

On en revient à la source du problème : peut-on se permettre de fact-checker, en un article tranché, des questions complexes qui font l’objet d’une myriade d’études, de paramètres et de points de vue ?

Paradoxalement, c’est parfois dans les médias alternatifs, souvent traités de « repères de complotistes » que vous retrouverez les bonnes pratiques du journalisme scientifique et de la citation des sources. Des plateformes telles que RéinfoCovid concluent régulièrement leurs articles par des références bibliographiques, comme dans cet article sur les méthodes de calcul de l’efficacité des vaccins, pour ne citer qu’un exemple(17).

La critique de la fébrilité du fact-checking n’est pas réservée aux médias alternatifs ni aux personnes engagées dans l’associatif, ce sont les scientifiques eux-mêmes qui parfois montent au créneau pour dénoncer les fragiles raisonnements de certains journalistes.

Par exemple, en juin 2021, des scientifiques américains ont adressé une critique aux médias fact-checkers sous la forme d’un article portant sur les premiers résultats d’analyse des décès rapportés dans le système de pharmacovigilance des USA, nommé VAERS(18).

Vous trouverez la traduction en français de cet article sur le site de RéinfoCovid(19). Les chercheurs dénoncent notamment des omissions conséquentes, comme le fait que les fact-checkers s’abstiennent de préciser que les décès post-vaccinaux des bases de pharmacovigilance n’ont pas été décorrélés ni déclarés non imputables au vaccin. En conséquence ils le sont peut-être !

L’article conclut : « Quoi qu’il en soit, nous pensons que les vérificateurs de faits devraient être traités avec le même degré de scepticisme et de méfiance qu’ils nous recommandent d’employer lorsque nous lisons les sources qu’ils réfutent si fortement. »

Le fact-checking émotionnel

La légèreté avec laquelle certaines informations sont balayées par les médias classiques est tout à fait interpellante. Prenez cet article paru dans Le Nouvel Obs. Il annonce une actualité de taille : une méta analyse scientifique, fondée sur 18 essais randomisés, qui conclut à une efficacité de l’ivermectine dans la diminution de la mortalité face à la COVID-19 et dans l’accélération de la guérison des personnes atteintes.

Observez le scepticisme avec lequel l’étude de l’American Journal of Therapeutics est accueillie par l’Obs. Un scepticisme a priori, absolument pas étayé sur le plan factuel.

Après avoir traité l’ivermectine de « traitement miracle » (terme qui n’est pas revendiqué dans la littérature scientifique dont il est question), le journal multiplie les expressions du scepticisme et du doute. Un amalgame est effectué, ensuite, avec les personnalités et les thèmes les plus polémiques : Didier Raoult, Donald Trump, Bolsonaro, l’hydroxychloroquine. Alors que ces éléments n’ont strictement aucun rapport avec le sujet de l’étude. 

Le lien vers l’étude elle-même est… erroné ! J’ai effectué une recherche pour le récupérer(20). Les références sur lesquelles s’appuie l’étude ne sont absolument pas communiquées. Et ni son contenu ni sa méthodologie ne sont analysés.

La méfiance avec laquelle l’étude est accueillie n’est pas davantage étayée. Aucune mention n’est faite d’une contre-analyse ni d’experts qui se seraient exprimés à contre-courant des conclusions de ce récent rapport en provenance des États-Unis.

Après avoir semé le doute sur l’espoir que constituent ces recherches, le journaliste conclut en évoquant « les pires effets secondaires » que peut générer l’ivermectine, histoire d’ajouter la peur au doute.

De fact-checking, il n’est nullement question. Une ligne pour annoncer l’étude et cinquante lignes pour la discréditer. Aucun détail sur le profil des chercheurs, la méthodologie, l’échantillon et les conclusions.

D’autres études ont été publiées entre-temps, aux États-Unis(21) et en France à l’Institut Pasteur(22). Mais ces études sont systématiquement dépréciées(23) par les médias « mainstream », qui se concentrent sur l’apologie du vaccin.

Le fact-checking unilatéral

​Les médias traditionnels chantent à l’unisson. Et le fact-checking est une voie à sens unique. Systématiquement, les recadrages ramènent à la position officielle : pro-vaccins, pro-masques, pro-confinement. Les seuls moments où des problèmes sont remontés, c’est pour en pointer le caractère exceptionnel(24). De manière tout aussi systématique, les alternatives au vaccin sont minimisées, comme nous l’avons vu précédemment.

Plutôt que de permettre au lecteur de forger sa vérité au départ d’un débat contradictoire, qui existe, de fait, les fact-checkers prennent parti. Le « vrai ou fake » signe la mort de la dialectique et du questionnement socratique. Nous ne sommes plus dans une science qui recherche, mais dans une science qui sait, ou prétend savoir indubitablement. Il y a les bons scientifiques, et les mauvais, ceux qui sont sur la liste noire parce qu’ils n’adhèrent pas au consensus.

C’est ainsi que des prix Nobel ou des chercheurs attitrés et expérimentés peuvent se retrouver, du jour au lendemain, au rayon des savants fous, des cerveaux en déchéance ou des scientifiques guidés par leur égo, dès lors qu’ils ne collent plus à la ligne de pensée officielle.

La liste des savants qui sont devenus fous en 2020 et en 2021 (NDLR : c’est de l’ironie) ne fait qu’augmenter. J’avais d’ailleurs réalisé un poster avec une première sélection :

J’ai conçu ce poster en clin d’œil. Une étude factuelle démontrerait rapidement que des dizaines de profils extrêmement brillants ont fait l’objet d’un véritable déchaînement de la part des médias dominants. Tapez leur nom dans un moteur de recherche et savourez toute la créativité que certains journalistes déploient pour pratiquer la langue du serpent et mordre la réputation de courageuses et brillantes personnalités.

Ci-dessous, un prix Nobel de médecine est barré au bic rouge par les journalistes de l’AFP(25).

L’effet émotionnel de ce type de processus qui consiste à rayer une personne (au sens propre, dans ce cas-ci) plutôt que de rayer un propos précis, laisse évidemment des traces sur la réputation de cette personne. Les plus critiques d’entre nous se demanderont si ce n’est pas justement l’objectif poursuivi par les « chiens de garde »(26) de la pensée dominante : discréditer ceux-là mêmes qui ont été encensés, dès le moment où leur discours s’écarte du consensus.

Notez la faible consistance de l’argumentation : « Les virologues et épidémiologistes interrogés par l’AFP récusent toutefois unanimement cette thèse ». Les experts en question ne sont pas cités de manière précise. Il est précisé que ce sont les experts que l’AFP a décidé d’interroger. Heureusement, car s’ils avaient interrogé, sur le même sujet, d’autres experts, comme Didier Raoult ou Kaarle Parikka(27), il y a fort à parier que ladite unanimité serait égratignée.

Ci-dessous, bien alignée à l’AFP, la RTBF(28) recadre notre prix Nobel avec plus de douceur : un logo « Faky », tout en arrondi, vient accompagner une photo gentiment choisie pour ne surtout pas mettre en valeur le Professeur Luc Montagnier.

Pour être certaine que nous avons bien compris, la RTBF ajoutera un sous-titre sur « Les errements du professeur Montagnier » ainsi qu’un autre intitulé « Un prix Nobel, pas une source de vérité absolue »… étant entendu que la Vérité absolue, vous la trouverez dans la rubrique « Faky Fact Checking » de votre télévision nationale.
 

Tout aussi symptomatique : le lien vers la vidéo YouTube, qui n’est plus disponible. Logique, en période de censure, il devient difficile de faire référence à des acteurs divergents, ne serait-ce que pour les discréditer.

La RTBF fait référence à une vidéo YouTube, qui entre-temps, a été censurée.
Il devient difficile de fact-checker, dans certains cas, car la censure agit en amont.

Nous ne sommes plus à l’ère du débat. Le journaliste ne se positionne pas comme l’animateur d’une diversité d’opinion. Il prend position. Et par la même, il sous-entend qu’il existe une position correcte, et que toutes les autres doivent être écartées.

Bernardo Gui, le grand inquisiteur dans « Le Nom de la Rose ».
L’enquête détaillée de Frère Guillaume (joué par Sean Connery)
ne change rien au verdict : la rhétorique de l’autorité l’emporte.

Je n’ai pas forcément une opinion arrêtée sur les thèmes que nous avons évoqués (l’efficacité de l’ivermectine, le nombre de morts attribués au vaccin, l’origine des variants), mais j’ai, en revanche, la grande frustration de ne pas pouvoir assister à un véritable débat démocratique, ouvert et respectueux entre des scientifiques qui ont des points de vue, des informations et des sensibilités différentes. 

Aurait-on découvert quoi que ce soit d’intéressant en science si nous n’avions jamais accepté un point de vue décalé ? La relativité, la physique quantique et l’électricité auraient-elles pu émerger si des fact-checkers attendaient Albert Einstein, Max Planck et Thomas Edison au tournant de toute hypothèse non consensuelle ?

Le fact-checking diffamatoire

De plus en plus souvent, le fact-checking se détourne de sa vocation originale. Plutôt que de porter sur la vérification d’un fait, il se mobilise autour de la réputation d’une personne.

Prenons cet exemple extrait de la rubrique « Vrai ou fake » sur le site de France Info :

Prise d’écran de la rubrique « Vrai ou fake » du site France Info – 24 juillet 2021.

Titre de l’article : « Vrai ou fake : Didier Raoult, le parcours d’un scientifique décrié »(29)

Que vérifie-t-on exactement ? C’est totalement flou.

Le titre n’émet aucune proposition claire susceptible d’être vérifiée. Vérifie-t-on certains éléments du parcours scientifique de Didier Raoult ? Vérifie-t-on le fait qu’il soit décrié ? L’article de France Info revêt les allures d’un fact-checking, qui n’énonce pas sa thèse, la vérité à vérifier.

Au final, le lecteur peut sous-entendre que ce qui est vérifié, c’est la légitimité de la personne elle-même : Didier Raoult est-il… vrai ou fake ? Ou que faut-il retenir du parcours de Didier Raoult ?

L’article tient ensuite en 214 mots… 214 mots qui sont censés résumer ce qu’il est légitime de penser à propos du Professeur Didier Raoult. La vidéo de 2 minutes s’apparente à un montage qui met en scène un personnage égocentrique et rempli d’excès de confiance. Ce montage est très « émotionnel » pour un article dédié au fact-checking. Il serait très facile, au départ des dizaines de vidéos de Didier Raoult, de réaliser un montage qui, à l’inverse, démontrerait toute la nuance et toute la sagesse dont est capable ce même personnage(30).

Un intertitre résume ensuite, en 7 mots, le parcours du scientifique : « D’idole des Français à scientifique rejeté ». Aucune de ces deux assertions (« idole des Français » et « scientifique rejeté ») n’est étayée par des faits.

Une analyse plus fouillée permettrait de rapidement vérifier que ces deux assertions sont des simplifications totalement abusives. D’une part, une partie des Français ne considèrent absolument pas Didier Raoult comme une idole, et même ceux et celles qui le suivent ou lui accordent du crédit, ne sont pas pour autant obligés de sombrer dans l’idolâtrie. D’autre part, plusieurs scientifiques éminents continuent de soutenir les propos de Didier Raoult, qui n’est donc pas rejeté en bloc par la communauté scientifique. Nous ne sommes pas dans une réalité en noir et blanc, mais dans un débat scientifique beaucoup plus nuancé, n’en déplaise à ceux et celles qui aiment se reposer sur une vérité bien tranchée.

Du point de vue du storytelling, nous assistons ici à ce que j’appelle « le narratif de la déchéance » ou du « savant devenu fou », que l’on retrouvera appliqué à d’autres scientifiques, comme Christian Perronne, Alexandra Henrion ou Luc Montagnier, chaque fois que ceux-ci présentent, à la base, un parcours tellement crédible et consistant qu’il est nécessaire de les discréditer sur un autre plan.

Observons, dans cet article qui brandit l’étendard du « vrai ou fake », une grande inconsistance en matière de citation des sources : un seul lien est proposé… vers un article consacré à l’enquête dont Didier Raoult fait l’objet à l’Université d’Aix-Marseille. Donc, le fact-checker a choisi de s’appuyer sur… une enquête en cours.

Aucun lien n’est proposé vers :

  • Le curriculum vitae de Didier Raoult(31)
  • Le livre très détaillé que Didier Raoult a publié précisément pour se défendre des manipulations médiatiques dont il prétend faire l’objet(32)
  • La chaîne vidéo officielle de l’IHU Marseille (qui compte près d’un demi-million d’abonnés et des heures de réflexion scientifique)(33)
  • Les scientifiques français ou étrangers qui continuent d’accorder tout leur soutien à Didier Raoult
  • Les raisons pour lesquelles l’équipe de Didier Raoult continue de défendre l’idée d’étudier les effets de l’hydroxychloroquine administrée dans des conditions de timing et d’association médicamenteuse bien spécifiées(34)
  • Les nombreux autres sujets sur lesquels Didier Raoult partage ses travaux ou ses réflexions

Très avare en faits objectifs, cet article est, en revanche, inondé de vocabulaire émotionnel : « décrié », « miracle » (x2), « idole » (x2), « rejeté » (x2), « fans », « une telle assurance », « très controversé ». On navigue dans l’affectif.

En résumé, ce « vrai ou fake » :

  • démarre sans identifier un fait précis à vérifier ;
  • s’appuie sur peu d’éléments factuels ;
  • contient zéro référence vers le principal concerné ;
  • est inondé de sémantique émotionnelle ;
  • véhicule une image négative de la personne, sans contrepoids.

En arrière-fond, la démarche est très insidieuse : le fact-checking est instrumentalisé pour atteindre à la réputation d’une personne. Le lecteur trop docile ou peu disponible conclura très facilement que… Didier Raoult n’est pas (ou plus) une personne à qui on peut faire confiance. Bienvenue dans l’ère du « People-checking ».

C’est d’autant plus insidieux qu’une même personne peut tantôt avoir raison et tantôt se tromper, ou simplement voir les choses sous un autre angle. Ce glissement de la vérification des faits à la vérification de la légitimité d’une personne en bloc constitue, selon moi, un véritable dérapage de l’intégrité journalistique.

À partir du moment où on glisse du QUOI au QUI, à partir du moment où les fact-checkers confondent le rôle de vérifier « ce qui est vrai » avec la mission de désigner « qui dit le vrai », à partir du moment où ce rôle est investi de manière émotionnelle et non plus factuelle, il n’est pas exagéré de parler d’inquisition éditoriale.

À d’autres endroits du site France Info, le discrédit s’opère de manière plus diffuse. Comme sur la page d’accueil de la rubrique « Vrai ou fake », où l’on atterrit sur une photo, représentant un manifestant anti-vaccin, qui brandit un panneau de fortune où traînent des fautes d’orthographe.

Prise d’écran de la rubrique « Vrai ou fake » du site franceinfo – 24 juillet 2021.
Le choix de l’image (une pancarte improvisée avec un message au français approximatif) vise délibérément à discréditer l’opposition.

Il va de soi que le choix de cette photo n’est pas neutre et tend à saboter la crédibilité des manifestations contre l’obligation vaccinale. Une photo d’un avocat qui s’exprime face à une foule de milliers de personnes correspondrait tout autant à des éléments de réalité et véhiculerait une tout autre image des opposants à la vaccination.

Dans cet exemple, le discrédit ne porte pas sur une personne précise, mais sur un groupe de personnes ou sur un point de vue. On retrouve cette même ambivalence dont j’ai parlé plus haut : le fact-checking brandit la légitimité d’une vérification factuelle, mais dérive ici dans des choix de communication très émotionnels.

Le fact-checking autocontradictoire

Dans certains cas, les médias fact-checkers se contredisent au regard de ce qu’ils ont eux-mêmes précédemment publié.

Prenons l’exemple du journal Le Monde qui, le 29 juin 2021, épingle comme « non fondé » le fait que les vaccins anti-COVID favorisent des AVC (accidents vasculaires cérébraux)(35). Une affirmation en contradiction avec leur propre article publié le 26 mars 2021 dans lequel ils écrivaient que l’Agence nationale de sécurité du médicament confirmait un risque de thromboses, notamment des thromboses cérébrales, associées au vaccin(36).

L’association reinfocovid.fr épingle cet exemple et rappelle que plusieurs autres sources attestent du risque de thrombose, même si ce dernier reste peu fréquent(37).

Extrait de la rubrique « Les décodeurs » du journal Le Monde
– prise d’écran datée du 24 juillet 2021.

Ci-dessus, les décodeurs soulignent comme « infondé » le lien entre le vaccin et les AVC. Plus bas, il est stipulé qu’aucun AVC n’a été enregistré par l’ANSM, en lien avec le vaccin. Pourtant, trois mois plus tôt, ce risque avait déjà été identifié… par les mêmes sources !

Dans une lettre aux professionnels de santé de mars 2021, précise RéinfoCovid, l’ANSM signale une association entre des thromboses des sinus veineux cérébraux et le vaccin AstraZeneca(38). Le Vidal signale également des thromboses cérébrales post-vaccinales dans son article du 18 mai 2021 « effets thrombotiques des vaccins Astrazeneca et Janssen : quelles prises en charge ? »(39).

La contradiction est telle que Réinfocovid s’en vient à se demander si les journalistes sont au courant que les thromboses cérébrales sont, de fait, des accidents vasculaires cérébraux généralement abrégés en « AVC ».

Certes, tout le monde s’accorde pour préciser que le risque de thrombose reste très faible, mais il n’est pas inexistant. Tel est le grand danger des approches binaires en « vrai ou fake » : elles amènent à gommer les nuances et à prendre des libertés par rapport à la réalité. Si l’on prend le décodage du Monde mot à mot, il est irrémédiablement faux au regard des mêmes sources. 

La réalité que dépeint RéinfoCovid pourra sembler plus juste à certains : le 12 mars 2021, la France comme 12 autres pays suspendait la vaccination par le vaccin AstraZeneca suite à l’enregistrement par l’Agence Européenne du Médicament de 30 cas de thromboses (au 10 mars 2021) dans le cadre de la pharmacovigilance suite à l’administration de ce vaccin. Un lien possible entre les thromboses et ledit vaccin est reconnu le 16 mars par l’ANSM. Néanmoins, la vaccination reprend en France le 19 mars avec la bénédiction de la HAS (Haute Autorité de Santé); le vaccin étant désormais réservé aux plus de 55 ans.

Les anti-vaccins sont régulièrement taxés de « rassuristes » ou de « covidosceptiques », sous prétexte qu’ils minimiseraient le danger lié à la COVID-19. Mais, à l’autre bout, les gouvernements et les médias ont une communication qui minimise systématiquement le danger des vaccins. Mon propos n’est pas de me positionner, mais d’éclairer le fait que la communication des uns et des autres n’est pas neutre. À la différence près que les fact-checkers revendiquent être détenteurs de l’objectivité.

Le fact-checking sans appel

En général, le fact-checking a pour ambition de trancher une question et, ensuite, de clôturer le dossier. On est bien dans une dynamique de « Ceci est faux, on n’en parle plus » ou « Cette personne délire, arrêtez de l’écouter ». 

C’est ainsi que l’article de RTL déjà évoqué(40) se permet de trancher que les études sur l’ivermectine ne sont pas concluantes et que l’OMS déconseille sa prescription, alors même que, durant le mois précédent la sortie de l’article, les recherches se sont poursuivies avec intensité et de nouvelles études ont encore émergé.

Non content d’insister sur le fait qu’il n’existe aucune évidence (probablement un anglicisme venant d’une traduction maladroite de l’anglais) de l’efficacité de l’ivermectine, le journaliste conclut à la massue qu’il n’y a même pas « un quelconque bénéfice à espérer ».

Et comme le fact-checking s’accompagne volontiers d’une dose de moquerie et de dédain, il est rappelé que le traitement ne s’est avéré efficace que « sur 18 hamsters dorés ». Visiblement, le journaliste n’est pas au courant des nombreuses études beaucoup plus récentes sur l’ivermectine. Et il enterre le débat comme on enfouirait à six pieds sous terre une personne encore vivante, en ayant oublié de vérifier si son cœur bat, ou pire, en désirant ne pas l’entendre, ce cœur du divergent.

Le fact-checking dramatique

Dans cette dernière partie de l’article, j’utilise le terme « dramatique » en référence à un modèle très utilisé en psychologie : le triangle de Karpman. Car je suis convaincu que ce qui pose fondamentalement problème dans le fact-checking, au-delà de l’aspect épistémologique, c’est la posture psychologique.

Stephen Karpman est un médecin psychiatre, adepte de l’analyse transactionnelle, qui a mis au point un modèle susceptible d’expliquer des « jeux psychologiques » qui entraîne une relation « dramatique »(41).

Il distingue trois « rôles » que nous avons parfois tendance à revêtir et qui vont générer des relations déséquilibrées et douloureuses. Ces trois rôles alternent et jouent dans tous les sens : le sauveur, la victime et le persécuteur.

Où se situe le fact-checker dans le triangle de Karpman ?

Décodage : le fact-checker perçoit que le pauvre citoyen (VICTIME) est confronté à la désinformation. Il endosse son rôle de redresseur de la vérité (SAUVEUR) et, pour se faire, est prêt à devenir le grand dénonciateur (PERSÉCUTEUR) de l’auteur de cette désinformation. La personne concernée risque, à son tour, de se sentir agressée ou mal comprise (VICTIME). Elle pourrait avoir envie de réagir (PERSÉCUTEUR) en fact-checkant le fact-checkeur. La situation risque de se polariser et le citoyen pourra se sentir inconfortable (VICTIME) entre ces sources d’information qui disent tout et son contraire. Pour se stabiliser, il sera possiblement tenté de prendre parti, pour l’un et contre l’autre (PERSÉCUTEUR). Etc.

Vous sentez bien que ce type de relation engendre de la tension et de la disharmonie.

En analyse transactionnelle, on présente souvent aussi un autre modèle, celui d’Eric Berne, qui induit 4 positions relationnelles, en fonction du rapport à soi et du rapport à l’autre(42) :

  1. Toi OK, moi OK (c’est la position recommandée, assertive et ouverte)
  2. Toi OK, moi pas OK (c’est une position soumise)
  3. Toi pas OK, moi OK (c’est la position du persécuteur)
  4. Toi pas OK, moi pas OK (c’est une position cynique où rien n’est bon)
Où se situe le fact-checker dans ce modèle d’Eric Berne ?

Par définition, le fact-checker se situe dans la zone « Moi OK, toi pas OK ». Autrement dit : je suis investi de la mission de dire le Vrai dans un monde où certains ont tout Faux. Cela implique, psychologiquement, que je me place au-dessus des autres.

Pas besoin de vous faire une photo : cette posture nous conduit tout droit à des relations dramatiques.

En conclusion

Tout comme on entre dans le triangle de Karpman « en voulant bien faire », le fact-checking part d’un bon sentiment, le goût de la vérité, mais se heurte très vite à des dérapages.

Parmi les problèmes rencontrés :

  1. Le fact-checking frugal, qui ne repose pas lui-même sur des sources ni des raisonnements très consistants.
  2. Le fact-checking partial, qui n’éclaire que les faits qui rentrent dans la lorgnette admise et n’interrogent que les experts d’un bord.
  3. Le fact-checking émotionnel, qui s’emporte en inquisition jusqu’à en oublier sa vocation factuelle.
  4. Le fact-checking diffamatoire, qui ne vérifie plus la véracité d’une information, mais s’en prend à la légitimité d’une personne.
  5. Le fact-checking binaire et définitif, qui choisit le noir ou le blanc dans un monde en 50 nuances de gris.
  6. Le fact-checking mal périmétré, lorsqu’on ne sait plus, finalement, ce qu’on vérifie.

Quelle hauteur fait la tour Eiffel ? Combien de calories contient un kilo de riz blanc ? Est-ce que le Président Macron a vraiment prononcé cette phrase lors de son allocution présidentielle ? La réponse à ces questions sera sans équivoque et il sera possible de les fact-checker efficacement.

L’ivermectine est-elle efficace ? Combien de morts sont imputables à la COVID-19 et combien sont imputables aux vaccins ? Quelle est l’origine du virus ? Qu’est-ce qui crée de nouveaux variants ? Nous rentrons ici dans un terrain en nuances et en mouvement, où la vérité des uns ne sera pas la vérité des autres, même parmi les scientifiques.

Et lorsque plusieurs vérités se font face, nous avons le choix entre les faire cohabiter dans une dialectique ouverte (Moi OK, Toi OK), qui va peut-être permettre de nous enrichir et de nous ajuster, ou bien nous désirons imposer une voix dominante (Moi OK, Toi pas OK). Dans ce cas, nous sommes responsables de créer la polarisation entre ceux qui ont raison et ceux qui ont tort (mais continueront de penser, hors de votre vue, qu’ils ont raison).

Le fact-checking a parfois été présenté comme un instrument de démocratie, sur base du fait que le citoyen a le droit d’être informé de manière fiable. En réalité, il devient parfois un outil permettant d’imposer le point de vue officiel, dominant ou consensuel, aux dépens d’une minorité qui pense différemment. On voit bien alors que, quelle que soit la qualité de son expérience ou de son argumentation, la minorité en revient à être discréditée, mise au ban. Dans un tel scénario, le fact-checking devient, ni plus ni moins, un instrument du totalitarisme.

Notes et références
  1. https://larevuedesmedias.ina.fr/laurent-bigot-le-fact-checking-une-longue-histoire
  2. https://www.liberation.fr/france/2019/01/24/les-francais-font-de-moins-en-moins-confiance-aux-medias-d-information_1704808/
  3. https://www.clemi.fr/fr/ressources/nos-ressources-pedagogiques/ressources-pedagogiques/le-fact-checking-ou-journalisme-de-verification.html
  4. https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10584609.2019.1668894
  5. https://lescultivores.com/citations-einstein/
  6. https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-non-albert-einstein-n-est-pas-l-auteur-d-une-phrase-connue-sur-les-abeilles_2416553.html
  7. https://www.20minutes.fr/politique/2667719–20191205-attention-fausse-citation-emmanuel-macron-budget-cadeaux-noel
  8. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/06/29/aucune-compagnie-aerienne-n-interdit-aux-personnes-vaccinees-de-prendre-l-avion_6086229_4355770.html
  9. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/06/29/aucune-compagnie-aerienne-n-interdit-aux-personnes-vaccinees-de-prendre-l-avion_6086229_4355770.html
  10. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/08/01/non-45–000-eglises-ne-sont-pas-menacees-de-demolition-en-france_5338143_4355770.html
  11. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/05/12/recrutement-de-10–000-policiers-et-gendarmes-durant-le-quinquennat-le-gouvernement-pas-si-loin-du-compte_6079990_4355770.html
  12. https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/coronavirus-l-ivermectine-est-elle-efficace-contre-le-virus-7900055084
  13. https://www.who.int/fr/news-room/feature-stories/detail/who-advises-that-ivermectin-only-be-used-to-treat-covid-19-within-clinical-trials
  14. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/04/13/l‑ivermectine-traitement-miracle-contre-le-covid-19-ou-mirage-therapeutique_6076630_4355770.html
  15. https://blogs.mediapart.fr/enzo-lolo/blog/150421/covid-19-les-decodeurs-du-monde-sur-livermectine-decryptage
  16. https://www.youtube.com/watch?v=e6CA3q0qZdU
  17. https://reinfocovid.fr/science/comment-est-calculee-lefficacite-des-vaccins/
  18. https://www.researchgate.net/publication/352837543_Analysis_of_COVID-19_vaccine_death_reports_from_the_Vaccine_Adverse_Events_Reporting_System_VAERS_Database_Interim_Results_and_Analysis
  19. https://reinfocovid.fr/science/des-scientifiques-adressent-une-critique-aux-fact-checkers-et-a-certains-journalistes/
  20. https://journals.lww.com/americantherapeutics/fulltext/2021/06000/review_of_the_emerging_evidence_demonstrating_the.4.aspx
  21. https://journals.lww.com/americantherapeutics/Fulltext/2021/08000/Ivermectin_for_Prevention_and_Treatment_of.7.aspx
  22. https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/ivermectine-attenue-symptomes-covid-19-modele-animal
  23. https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-l-ivermectine-traitement-miracle-ou-enieme-fausse-piste-20210715
  24. https://www.rtbf.be/info/societe/detail_coronavirus-deux-deces-en-belgique-sont-probablement-lies-a-l-administration-du-vaccin-selon-l-afmps
  25. https://factuel.afp.com/http%253A%252F%252Fdoc.afp.com%252F9FC93L‑1
  26. Référence au film documentaire « Les nouveaux chiens de garde », réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat.
  27. https://www.youtube.com/watch?v=JOkGVAn53Zo
  28. https://www.rtbf.be/info/dossier/faky-fact-checking/detail_non-les-vaccins-contre-le-covid-19-ne-creent-pas-des-variants-comme-l-affirme-un-ancien-prix-nobel?id=10764833
  29. https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/chloroquine/vrai-ou-fake-didier-raoult-le-parcours-d-un-scientifique-decrie_4667341.html
  30. Mon propos n’est pas de défendre Didier Raoult, mais d’éclairer la subjectivité du journaliste
  31. https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/11/CV-Didier-RAOULT-nov2020.pdf
  32. https://www.decitre.fr/livres/carnets-de-guerre-covid-19–9782749946412.html
  33. https://www.youtube.com/user/ifr48
  34. https://www.youtube.com/watch?v=YprfFTmgOr8
  35. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/05/28/tests-sur-les-animaux-risques-d-avc-apparition-de-variants-le-tour-des-nouvelles-rumeurs-sur-les-vaccins_6081873_4355770.html
  36. https://www.lemonde.fr/sante/article/2021/03/26/vaccin-astrazeneca-l-existence-d-un-risque-rare-de-thrombose-confirmee-par-l-agence-nationale-de-securite-du-medicament_6074628_1651302.html
  37. https://reinfocovid.fr/science/les-fact-checkers-desinformateurs-scolaires/
  38. https://ansm.sante.fr/tableau-vaccin/vaxzevria-astrazeneca
  39. https://www.vidal.fr/actualites/27117-effets-thrombotiques-des-vaccins-astrazeneca-et-janssen-quelle-prise-en-charge.html
  40. https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/coronavirus-l-ivermectine-est-elle-efficace-contre-le-virus-7900055084
  41. https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/triangle-dramatique-manipulation-compassion
  42. https://analysetransactionnelle.fr/p‑Les_positions_de_vie

Espace membre