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Articles

Nos valeurs se consument…

La revue de presse de Jérôme Delforge

Ce samedi matin, je vais chercher mon pain et mes yeux se perdent entre les journaux du comptoir et les gâteaux du jour. Le journal La Meuse titre ce jour, en une : « L’En-Vie, un bar libertin, a ouvert ses portes à Floreffe : “J’avais besoin de combler un manque et je me suis plongée dans cet univers” ». Je rentre à la maison et un ami taquin m’adresse un article à lire : « Les défunts wallons pourront être inhumés avec leurs animaux de compagnie ».Quelle merveilleuse perspective d’avenir : jouir en public pour être finalement inhumé à côté de son chien. Tel pourrait être le projet de vie du Belge en 2023.

Notre État est en totale déliquescence, il est mal géré et n’a de cesse de gaspiller les deniers publics, alors que des pans entiers manquent de ressources. Je vous parle de l’école, de l’hôpital, des oubliés du capitalisme qui vivotent entre les perfusions de l’État et des boulots indigents, de la classe moyenne qui se voit de plus en plus sans moyen, de nos vieux oubliés et poussés vers la sortie finale. La trame de fond, le sentiment qui prédomine est le suivant : « Ce sont toujours les mêmes qui paient ». Un peu de nuance !, me direz-vous, soit … Je vais vous apporter cette nuance dans ce qui suit. 

Il y a un peu plus d’un an, au début de la crise du prix de l’énergie, nous faisions une interview de M. Samuel Furfari. Il nous avait expliqué la supercherie totale de l’énergie renouvelable dans le cadre du marché européen de l’énergie. Nous avions alors pris conscience de la manne financière, à revenu garanti, que représentait ce secteur. Des voix s’étaient élevées contre des profiteurs de crise qui passent de « subventionnés à tort et à travers avec vos impôts » à « vainqueurs d’un win for life de la transition écologique ».

De la justice fiscale aurait été de bon ton, mais cette information vient tuer nos espoirs dans l’œuf.

« Le projet est tout simplement abandonné » : la Wallonie renonce à taxer les surprofits éventuels sur le renouvelable.

Comme d’habitude, les pertes sont à charge de la collectivité et les profits très vites privatisés, afin de sustenter toujours les mêmes portefeuilles. Les fonds d’investissement et l’industrie allemande de l’éolienne peuvent dormir sur leurs deux oreilles, l’État veille au grain. Un cas isolé dois-je me dire ?

Mille milliards $, soit près de 950 milliards €. La somme est vertigineuse, équivalente au produit intérieur brut du Danemark et de la Belgique réunis. Elle correspond aux profits que les grandes entreprises de la planète ont transférés vers les paradis fiscaux sur la seule année 2022, selon le rapport sur l’évasion fiscale mondiale, publié lundi 23 octobre par l’Observatoire européen de la fiscalité. 

Il s’agit d’un passage d’un article du Monde du 22/10/2023. « De la sobriété consentie, nous vous le demandons », tel était le mot d’ordre de fin 2022. On peut constater que les gueux doivent toujours courber l’échine pendant que les grands, les valeureux capitaines d’industries, déboutonnent les chemises et pantalons avant le repas, grâce à un gavage libéral, débridés. Entendons-nous bien, donner un avenir, un travail, participer aux tissus économiques d’un pays est un honneur, un privilège, mais cela devient une honte quand ces grands patrons ne jouent plus le jeu du marché. 

Il faudrait peut-être leur rappeler qu’au début du XXe siècle, les grands industriels avaient compris que sans classe moyenne, il n’y avait pas de marché, et donc pas de débouché pour leur production. Jouer le jeu veut dire produire, vendre, faire vivre une communauté et participer aux frais de l’État qui permet au marché d’exister. L’évasion fiscale tolérée et légiférée que nous connaissons en Europe fait plus penser à des seigneurs, bandits de grands chemins qu’à des capitaines d’industrie respectables, ceux-ci étant toujours dédouanés par les « médias de grand chemin » pour reprendre l’expression de Slobodan Despot. Les chiffres évoqués ne concernent évidemment pas que l’Europe, mais cela permet de humer une masse d’argent sale dont personne ne parle jamais. Sur ce même thème, vous verrez que dans quelques semaines, quelques mois, la répression fiscale sera utilisée comme arme politique pour faire taire ou écarter certaines entreprises qui ne consentent pas à agir dans le sens de la doxa. Nous pensons spécialement à la société X d’Elon Musk qui s’est lancée dans un bras de fer avec le commissaire européen Thierry Breton.

« Israël-Palestine : entre Elon Musk et Thierry Breton, un différend public sur la modération de Twitter ».Ce titre est intéressant car les mots ont leur importance, surtout quand il s’agit d’identifier les maux d’une société en perte de repère.Quand le réel ne colle plus avec leur réalité, quand les espaces de libertés gênent les gendarmes de la pensée, reste la seule et vraie solution : la censure, la mise en place d’un « Ministère européen de la Vérité ». En écrivant 1984, George Orwell avait déjà compris où allait notre civilisation « occidentale ».

Ce gros mot que personne ne veut prononcer en Europe « démocratique » est bien celui qui se cache derrière la « modération » souhaitée.

Cette censure intervient a posteriori en supprimant des comptes et des contenus. N’oubliez pas que X (ex-Twitter), avant son rachat, a massivement censuré la parole de scientifiques et médecins durant la pandémie, ceci sur ordre du FBI et d’autres agences. La censure 2024 qui a déjà commencé se place « a priori ». Comme expliqué par les différents ministres de la Macronie, les manifestations pour la paix, en soutien à la Palestine, ont été interdites afin d’éviter de possibles troubles à l’ordre public, ou tout simplement pour ne pas qu’un soutien nécessaire et trans-parti, trans-ethnique, puisse se matérialiser en plein Paris. « Cacher à mes yeux ce que je ne pourrais voir » doit sûrement se dire une frange de l’« élite » européenne.

Que vont-ils dire quand ce seront des juifs qui manifestent leur désapprobation quant à la politique de terreur en cours à Gaza ? Ils les rendront certainement invisibles, tout comme ils tentent de rendre invisible tous les médias citoyens. L’Arcom veillera au grain et convoquera les grands médias afin de s’assurer du bon traitement du conflit après certains dérapages signalés cette semaine : « Guerre Israël-Hamas : l’Arcom convoque télés et radios après de nombreux dérapages ». La liberté d’expression, oui, mais ! Vous avez bien compris que cette dernière est à géométrie variable et ne concerne que certaines parties de notre société. La satire, même quand elle vient du service public qui a pour habitude d’adouber plutôt que critiquer, n’est plus tolérée.

Pour résumer, vous devrez penser ce que l’on vous demande impose, sans questionnement, abreuvés par des médias traitant l’information conformément aux directives reçues de l’État.

Elle est belle, notre démocratie.

Ce qui ressort de ces semaines sanguinaires, c’est que les citoyens du monde ne sont pas pour un côté ou l’autre, ils demandent simplement la paix. Il n’y a aucune caution derrière ce message, mais une réalité intemporelle, car à toute guerre a toujours succédé la paix depuis la nuit des temps, alors autant œuvrer pour que cette dernière arrive le plutôt possible. Et pourtant, cette paix tant souhaitée n’est de toute évidence pas au centre des discussions des exécutifs au pouvoir en Europe, tant la majorité suit aveuglément la ligne directrice du pouvoir d’extrême droite israélien, lui-même soutenu totalement par les États-Unis ; ceci avec une nuance de taille, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou ailleurs dans le monde : il ne s’agit pas de la volonté de l’écrasante majorité des citoyens, mais bien de l’infime minorité de l’élite dirigeante.

Dans cet océan de mauvaise foi et de parti pris, d’anciennes figures politiques émergent avec un discours empreint d’expérience et de bon sens. Dominique de Villepin intervenant chez Apolline de Malherbe, nous dit ceci : « Nous voilà réduits avec Israël, sur ce socle occidental. Qui aujourd’hui est mis en cause par l’essentiel de la communauté internationale. L’occidentalisme, c’est l’idée que l’Occident, qui a pendant 5 siècles géré les affaires du monde, va pouvoir tranquillement continuer à le faire. Et l’on voit bien, y compris dans les débats de la classe politique française, que face à ce qui se passe au Moyen Orient, poursuivre encore davantage le combat de qui pourrait ressembler à une guerre de religion, de civilisation, c’est-à-dire nous isoler encore plus sur la scène internationale ».

Il continue en dénonçant le « deux poids, deux mesures » entre le traitement de la guerre en Ukraine et ce qui se passe dans la bande de Gaza. D. de Villepin affirme une forme de neutralité, prônant l’action dans le dialogue à la recherche de la paix. « Je suis, par formation, diplomate. La question de la faute, elle sera traitée par les historiens et par les philosophes ». Son expérience permet de donner des lignes forces réalistes : « La guerre contre le terrorisme n’a jamais été gagnée nulle part, la loi du talion est un engrenage sans issue ».

J’entends l’état-major israélien souhaiter éradiquer le Hamas. Tsahal pourrait tuer ou désarmer l’ensemble de la bande de Gaza que cela ne servirait à rien. Le Hamas est avant tout une idéologie politique et militaire qui existe et grandit sur fond de malheur et d’injustice depuis 70 ans, ce malgré les condamnations internationales et les résolutions multiples de l’ONU non suivies par Israël. Les combattants du Hamas de demain sont les proches des victimes récentes, l’ensemble des enfants du monde arabe, vivant heure par heure le massacre en cours. Une idéologie se combat avec les idées et non les armes. L’histoire récente nous l’a encore prouvé, l’exemple afghan en tête.« À genoux, torturés et numérotés : des milliers de travailleurs palestiniens renvoyés à Gaza sous les bombes ». Le titre se suffit à lui-même (voir le lien ci-dessous). Les suppliciés d’hier sont les parents des bourreaux d’aujourd’hui. Cette semaine, nous apprenons la nomination de l’Iranien Ali Barheini, à la tête du Forum social du Conseil des droits de l’homme. Des dizaines d’articles dans la presse occidentale se sont offusqués de cette dernière, arguant que c’était l’hôpital qui se foutait de la charité. Il est évident que ce monsieur défend un régime, connu pour ses exécutions et emprisonnements arbitraires. Les bases incontestables sont là, pourtant il n’y pas plus de légitimité d’y mettre à la tête un Américain qui pratique une politique similaire mais détournée. Les exemples sont légions et passent de Julian Assange aux prisons secrètes, aux soutiens inconditionnels et sans nuance à Israël.

Dézoomons un peu. L’ONU est devenu l’alibi des uns quand cela les sert, et l’institution à abattre des autres quand les résolutions ne vont pas dans leur sens. Attention à ne pas oublier l’histoire récente, où l’échec de la Société des Nations a poussé le monde à l’embrasement généralisé.

Changeons d’air et passons à l’industrie cinématographique, étant aussi réduite à sa fonction d’appui de la propagande. Verrais-je le mal partout ?

« Sound of Freedom: un thriller douteux sur la pédo-criminalité aux accents conspirationnistes, surprise du box-office

Nous retrouvons nos confrères de La Libre Belgique empreints de nuances, qui, plutôt que de souligner le travail et la mise en lumière d’un fléau, justifient un carton au box-office par des accents conspirationnistes. Ce film sera-t-il bientôt interdit ? Regardez-le et avant de vous faire une opinion imposée par les médias. 

Pour terminer, cette revue de presse, rien de tel que le bâton et la carotte. La carotte restera la petite jouissance d’achat de votre voiture électrique à 100.000€ où vous pourrez faire la file pour la recharger, un jour de canicule, tous les 300 km et vos vacances annuelles à Ténérife, dans un club « all in », permettant d’entretenir votre hyperglycémie, payables en trois fois sans frais bien sûr. Le bâton sera là pour vous ramener sur le droit chemin en cas d’égarement à une manifestation autorisée.

Vous serez accueillis par le Centaure, ce nouveau blindé de la gendarmerie français de 14,5 t et 300 CV. Je vous assure qu’il vous balayera tel un moustique sur le pare-brise de votre voiture. Le collègue vous achèvera au sol, à moins de 3 mètres avec un tir non létal mais mutilant à l’aide d’un LBD. « Le ministère de l’intérieur réduit la distance de tir des LBD, malgré leur dangerosité ». Afin de coller au récit et en bon antisémite que je ne suis pas, je termine cette revue de presse en visionnant Rabbi Jacob.

Vive 2023, où l’absurde devient raison. L’histoire n’étant qu’un éternel recommencement, regarder dans le rétro permet parfois de comprendre le monde de demain.

À méditer.

« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas ». Paul Valéry

J. D.

Sources :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/28/interdites-ou-autorisees-des-manifestations-pour-la-palestine-ont-eu-lieu-dans-plusieurs-villes-de-france_6197055_3224.html

https://www.i24news.tv/fr/actu/international/1698499539-nouveau-week-end-de-manifestations-pro-palestiniennes-a-travers-le-monde

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231029-manifestations-%C3%A0-londres-paris-ou-new-york-en-soutien-aux-palestiniens

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/22/entreprises-la-grande-evasion-fiscale-continue_6196011_3234.html

https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/2023/10/19/le-projet-est-tout-simplement-abandonne-la-wallonie-renonce-a-taxer-les-surprofits-eventuels-sur-le-renouvelable-5KE4P6XKOZGEBLEG7G4TUYLMBY/

https://www.sudinfo.be/id736986/article/2023–10-28/len-vie-un-bar-libertin-ouvert-ses-portes-floreffe-javais-besoin-de-combler-un

https://www.lesoir.be/545813/article/2023–10-26/les-defunts-wallons-pourront-etre-inhumes-avec-leurs-animaux-de-compagnie

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/10/11/israel-palestine-bras-de-fer-entre-elon-musk-et-thierry-breton-sur-la-moderation-de-twitter_6193845_4408996.html

https://www.youtube.com/watch?v=Mpq5IxdDeqA

https://www.youtube.com/watch?v=hx8HR63BAPk

https://www.telerama.fr/television/guerre-israel-hamas-l-arcom-convoque-teles-et-radios-apres-de-nombreux-derapages-7017911.php

https://www.7sur7.be/monde/a‑genoux-tortures-et-numerotes-des-milliers-de-travailleurs-palestiniens-renvoyes-a-gaza-sous-les-bombes~a078de4e/

https://www.lefigaro.fr/vox/monde/nomination-de-l-iranien-ali-barheini-l-onu-jouet-de-ses-ennemis-20231102

https://www.lalibre.be/culture/cinema/films/2023/11/01/sound-of-freedom-un-thriller-douteux-sur-la-pedocriminalite-aux-accents-conspirationnistes-surprise-du-box-office-HWJAU3NYPRBV3F5GMJEEQOFSXY/

https://www.youtube.com/watch?v=bScIXMy_wTc

https://www.mediapart.fr/journal/france/271023/le-ministere-de-l-interieur-reduit-la-distance-de-tir-des-lbd-malgre-leur-dangerosite#:~:text=Auparavant%2C%20pour%20tirer%2C%20un%20policier,gendarmerie%20nationale%20d%C3%A9conseille%20de%20suivre.

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Contributions extérieures

LE MINISTRE FRANK VANDENBROUCKE REFUSE DE RESPECTER LA LOI SUR LA TRANSPARENCE ET LA CONSTITUTION

Le journal ‘Het Laatste Nieuws’ essaie depuis deux ans d’avoir accès aux courriers que le ministre de la santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a envoyés à la présidente de GEMS, Erika Vlieghe, et au commissaire à la corona, Pedro Facon, pendant la crise de la corona. Ils formaient le triumvirat lors de la crise de la covida et avaient le pouvoir d’imposer des décisions de grande portée. Qu’il s’agisse de détourner la démocratie, d’ignorer la vie privée et de violer le principe d’égalité n’est pas remis en question. La fin justifiait les moyens. La question est de savoir si la fin était si sacrée. Le trafic de courrier entre ces trois ténors pourrait faire disparaître les critiques des « wappies » et autres théoriciens de la conspiration, noirs et blancs. Mais il y a apparemment un problème.

HLN a invoqué la loi sur l’accès public (WOB) pour obtenir l’accès. Mais le ministre Vandenbroucke n’est pas d’accord. Frank n’est pas connu pour son esprit d’équipe, mais comme un homme de la grande droite qui ne tolère pas la contradiction. Doch, il semble qu’il y ait beaucoup plus que cela dans cette affaire.

Selon M. Vandenbroucke, il faudrait trop d’efforts pour divulguer correctement des milliers de courriels. Le ministre — qui a été nommé à son poste non pas par le peuple mais par Conner Rousseau — a donc rejeté à deux reprises une demande de divulgation.

La Commission d’accès aux documents administratifs (CTB) lui a donné tort en octobre. La commission n’a pas trouvé les arguments du ministre suffisamment pertinents. Cet avis n’étant toutefois pas contraignant, M. Vandenbroucke a été autorisé à l’ignorer. C’est ce qu’il a fait en novembre.

Ce qui s’en est suivi défie toute imagination, ou plutôt nourrit l’imagination. Nous citons Het Laatste Nieuws : « HLN et l’éditeur DPG Media se sont adressés au Conseil d’État. Un auditeur s’est penché sur la question et a lui aussi estimé que les arguments du ministre ne tenaient pas la route. En mars, il a conseillé au Conseil d’État d’annuler la décision de Mme Vandenbroucke. Le ministre n’a toutefois pas attendu l’arrêt du Conseil d’État. Il a retiré son ancienne décision début juin et a immédiatement émis un nouveau refus. Cette fois-ci avec plus de justifications. De cette manière, HLN est obligé de faire appel. Cela pourrait prolonger la procédure d’un à deux ans ».

Et ce n’est pas tout. Car Vandenbroucke ne bloquerait pas seulement la demande de HLN sur le plan juridique, mais aussi sur le plan politique. En effet, une nouvelle loi est en préparation qui donnerait plus de pouvoir à la CTB, la commission d’appel qui a statué contre Vandenbroucke à l’automne. Un amendement à la loi garantirait que l’avis de la commission d’appel soit désormais contraignant. Je vous laisse deviner qui tente d’empêcher l’adoption de cette loi.

« Le renforcement des pouvoirs de la commission d’appel n’a pas rencontré beaucoup d’opposition, sauf de la part de Vandenbroucke », a déclaré Claude Archer, de l’ONG Transparencia, à HLN. « L’amendement pourrait encore lui jouer des tours lors de cette législature. Il pourrait permettre à HLN d’accéder plus rapidement à ses courriels. La commission d’appel s’est déjà prononcée contre le ministre, mais il pourrait l’ignorer. Si la commission se voit accorder plus de pouvoirs, cela ne sera plus possible. Le ministre bénéficie personnellement de son opposition à l’amendement et se trouve donc en situation de conflit d’intérêts ».

Pourtant, Frank ne pense pas qu’il y ait de conflit d’intérêts. En discutant du projet de loi, il a involontairement oublié de mentionner les procédures en cours. Un fait inhabituel pour quelqu’un de plus intelligent que les autres. En fait d’oubli, Frank estime qu’il n’a même pas eu à le faire. « Toute modification du mode de fonctionnement du comité d’appel n’aurait aucune incidence sur les procédures judiciaires en cours. Je ne vois donc pas de conflit d’intérêts ». Selon M. Archer, le ministre ne peut pas en juger par lui-même. « Il aurait dû donner à ses collègues du gouvernement la possibilité de juger, mais ils n’étaient pas au courant », a‑t-il déclaré.

Mercredi prochain, l’opposition et les autres partis de la majorité se réuniront pour donner leur approbation finale à la nouvelle loi — sans amendement sur le comité d’appel. La question est de savoir si, à la suite de l’article paru dans Het Laatste Nieuws, ils ne vont pas bientôt constater un conflit d’intérêts.[note]

Frank Vandenbroucke s’efforce de ne pas divulguer les courriels qu’il a échangés.[note]

Entre-temps, l’organisme gouvernemental Transparencia (le chien de garde belge qui veille à la transparence des administrations) a déposé une plainte contre Vandenbroucke auprès du Bureau central de lutte contre la corruption.[note]

1. La législation applicable :

Depuis le 11 avril 1994, la Belgique dispose de la loi sur la transparence gouvernementale. Cette loi s’applique, entre autres, à toutes les administrations fédérales.[note]

Selon l’article 4 de cette loi, tout citoyen a le droit de consulter tout document administratif d’une autorité administrative fédérale et d’en recevoir une copie dans les conditions prévues par cette loi. Il peut également consulter tout document administratif sur place, en recevoir une explication et en recevoir une copie. Cette disposition s’applique également aux documents déjà déposés. Pour les documents à caractère personnel, le demandeur est tenu de déclarer un intérêt.

L’article 6 prévoit des exceptions à ces règles de transparence. Une autorité administrative fédérale ou non fédérale peut refuser la demande de consultation, d’explication ou de communication d’un document administratif lorsqu’elle a constaté que l’intérêt à la publicité ne l’emporte pas sur la protection de la sécurité de la population, des droits et libertés fondamentaux des citoyens, des relations internationales fédérales de la Belgique, de l’ordre public, de la sécurité ou de la défense du pays, de la recherche ou de la poursuite d’infractions pénales, d’un intérêt économique ou financier fédéral, de la monnaie ou du crédit public ; le secret, par nature, des informations commerciales et industrielles communiquées à l’administration ; le secret de l’identité de la personne qui a communiqué confidentiellement le document ou l’information à l’autorité administrative dans le but de dénoncer une infraction pénale ou punissable et également, si le document demandé porte atteinte à la vie privée, à moins que la personne concernée n’accepte à une obligation de secret établie par la loi ; au secret des délibérations du gouvernement fédéral et aux intérêts concernant la classification des habilitations de sécurité, des certificats de sécurité et des avis de sécurité.

En outre, une autorité administrative fédérale peut rejeter une demande de consultation, d’explication ou de communication en copie d’un document administratif dans la mesure où la demande :

1° concerne un document administratif dont la divulgation, pour le motif que le document est inachevé ou incomplet, peut donner lieu à des malentendus ;

2° concerne une opinion ou un avis communiqué librement et confidentiellement à l’autorité ;

3° est manifestement déraisonnable ;

4° est formulé de manière manifestement trop vague.

L’autorité administrative fédérale qui ne peut répondre immédiatement à une demande de publicité ou qui la rejette notifie au demandeur les motifs de l’ajournement ou du rejet dans un délai de 30 jours à compter de la réception de la demande. En cas d’ajournement, le délai ne peut jamais être prolongé de plus de 15 jours. En l’absence de notification dans le délai prescrit, la demande est réputée rejetée.

Afin d’assurer le respect de la loi sur l’administration publique, l’article 8 a institué une Commission d’accès aux documents administratifs, à laquelle tout citoyen et toute agence peuvent s’adresser si l’administration fédérale refuse de coopérer volontairement. Cette Commission s’efforce de remplir sa mission en toute conscience mais se heurte dans la pratique aux mêmes refus que les citoyens. La Commission n’obtient pas non plus les documents qu’elle a demandés.

A l’heure actuelle, elle n’a pas de pouvoir de sanction. Ce point est en cours d’élaboration. Une nouvelle législation est en cours d’élaboration, qui permettra d’imposer des sanctions (législation que Vandenbroucke tente d’ailleurs de bloquer de toutes ses forces).

Vous trouverez sur ce lien tous les textes législatifs pertinents.[note]

Outre la loi sur le gouvernement ouvert, il y a la Constitution.

L’article 32 de la Constitution stipule que toute personne a le droit de consulter tout document administratif et d’en obtenir une copie, sauf dans les cas et aux conditions déterminés par la loi, le décret ou la règle visés à l’article 134 (qui concerne l’attribution de compétences à certains organes).

Le rôle du Roi n’est pas sans importance pour la bonne compréhension de l’ensemble de la problématique.

En vertu de l’article 36 de la Constitution, le pouvoir législatif fédéral est exercé conjointement par le Roi, la Chambre des représentants et le Sénat.

Conformément à l’article 96, le Roi nomme et révoque ses ministres.

Le gouvernement fédéral peut également présenter sa propre démission au Roi lorsque la Chambre des représentants adopte, à la majorité absolue de ses membres, une motion de défiance qui désigne un successeur au Premier ministre immédiatement, dans les trois jours suivant le rejet d’une motion de confiance.[note]

Le Roi a, en vertu de la Constitution, une fonction de gardien. Il doit contrôler les ministres qu’il nomme, les rappeler à l’ordre s’ils dépassent les bornes et, si nécessaire, les démettre de leurs fonctions s’ils ne respectent pas les lois ou s’ils jettent l’opprobre sur le roi. Or, dans la pratique, il n’en est rien, quelle que soit la gravité des fautes commises par ses ministres. La Belgique a déjà connu de nombreux scandales dans ce domaine, dans lesquels le Roi est resté totalement inerte.

Il n’y a de facto qu’une seule exception : la fois unique où le roi Baudouin a refusé de signer la loi sur l’avortement. La politique s’est mise en marche et a fait comprendre au Roi qu’il n’avait qu’une fonction symbolique et qu’il ne devait pas interférer avec la législation qu’il devait signer.

2. Que se passe-t-il ici ?

Tous les courriels que le ministre Vandenbroucke a échangés avec des tiers depuis son bureau tombent sous le coup de la loi sur la transparence du gouvernement, quelle que soit l’adresse électronique qu’il a utilisée à cette fin (Frank utilise également son adresse électronique privée et l’adresse électronique de l’université à laquelle il est — toujours — affilié).

Vandenbroucke viole donc la Constitution et la loi sur la transparence du gouvernement.

Alors que l’UE et ses États membres légifèrent de plus en plus pour obtenir un contrôle absolu sur les courriels, les messages instantanés et les publications sur les médias sociaux des citoyens, M. Vandenbroucke fait fi de toutes les lois.

Le fait qu’il refuse depuis deux ans de divulguer son trafic de courriels est un signe clair que ces courriels stipulent certaines choses qui ne peuvent pas demander la lumière du jour. Son refus persistant est d’autant plus remarquable que Vandenbroucke a sans aucun doute supprimé tous les courriels délicats de ses ordinateurs, serveurs, etc. depuis la première demande…

Ces courriels peuvent bien sûr être récupérés (‘ comme ce fut le cas pour Hillary Clinton qui correspondait également d’office à partir d’une adresse électronique privée) mais cela nécessite une enquête criminelle et au moins un soupçon concret de fraude et de corruption.

Le Premier ministre De Croo ne prendra pas son ministre à partie parce qu’il est malade dans le même lit. Et le roi ? Il est en vacances à l’étranger et savoure un cocktail en attendant que la tempête se calme. C’est toujours le cas. Au Royaume-Uni aussi, les citoyens n’entendent plus parler des dossiers de fermeture. Hanconck n’a pas été arrêté. Il est toujours en liberté et continue de répandre la peur.

En tant que citoyen, voulez-vous jouer un rôle actif pour démasquer Vandenbroucke ou tout autre ministre, député ou gouvernement fédéral ? Vous pouvez le faire.

Envoyez un e‑mail à Frank Vandenbroucke et exigez des informations sur son trafic d’e-mails ou tout autre document gouvernemental que vous jugez utile.

Dans ce lien, vous trouverez toutes ses coordonnées, y compris son adresse e‑mail :

https://vandenbroucke.belgium.be/nl/contact

S’il refuse, vous pouvez déposer une plainte auprès de la CTB :

Commission d’accès aux documents du Conseil

A l’attention du Président de la Commission

Service public régional de Bruxelles

Cellule Chancellerie

Place Saint Lazare 2, 1035 Bruxelles

Tél : +32 (0)2 800 35 73

Courriel : ctb@gob.brussels

Autres liens pertinents :

https://be.brussels/over-het-gewest/commissie-voor-toegang-tot-bestuursdocumenten-ctb

https://be.brussels/over-het-gewest/commissie-voor-toegang-tot-bestuursdocumenten-ctb/ctb#contact

https://www.vlaanderen.be/toegang-tot-bestuursdocumenten-via-openbaarheid-van-bestuur

https://www.vlaanderen.be/toegang-tot-bestuursdocumenten-via-openbaarheid-van-bestuur/toegang-tot-bestuursdocumenten-aanvragen

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Le « Progrès » comme mythe et comme instrument de pouvoir

Lara Perez Duenas

Le retour à la lampe à huile, voire le retour à l’âge des cavernes… Celles et ceux qui refusent la 5G et autres technologies sans fil se voient fréquemment attribuer de telles intentions[note]. L’ineptie de cette objection saute pourtant aux yeux. Faire autrement en matière de télécommunications n’implique pas nécessairement de renoncer à toute technologie. Il s’agit simplement d’assigner à la technologie des objectifs différents : contribuer au bien commun et à l’autonomie des collectivités ou des personnes, respecter la santé du vivant et les ressources de la planète. D’un point de vue logique, revenir en arrière, lorsqu’on estime s’être trompé, ne signifie pas automatiquement revenir à un point de départ vieux de plusieurs siècles mais peut simplement suggérer de revenir quelques années en arrière, au moment où la décision jugée malheureuse a été prise. 

Comment une telle erreur de logique peut-elle être commise par tant de gens supposés intelligents ? Certes, elle peut constituer une manœuvre consistant à caricaturer la position de l’adversaire pour pouvoir ensuite la critiquer. De la mauvaise foi en quelque sorte. Mais il y a autre chose. Il y a, présente implicitement dans bien des esprits, la notion de « Progrès » ; celui, justement, « qu’on n’arrête pas ». Alors, évidemment, si ce Progrès-là existe, le retour en arrière devient un non-sens, voire un sacrilège. Il fait oublier que, dans la vie courante, revenir en arrière sur ses erreurs est un moyen indispensable d’apprendre et d’explorer l’inconnu, de progresser dans ce que l’on cherche ou entreprend… Si ce Progrès-là existe, cela amène donc à distinguer, d’un côté, la vie courante, où cette loi basique de la vie s’applique, et de l’autre, un domaine où, comme dans une bulle, cette loi ne s’appliquerait pas. 

Ce texte se propose d’expliquer pourquoi, à nos yeux, ce « Progrès » est un mythe et, partant, un instrument de pouvoir dans notre monde contemporain. 

LES MYTHES 

Le terme de mythe possède plusieurs significations dans notre langage d’aujourd’hui. Les mythes peuvent être les grands récits, faisant appel à des divinités, êtres ou forces surnaturelles, expliquant comment le monde a été créé, comment il est régi, quels y sont la place et le rôle des humains. De ce que l’on sait aujourd’hui, la plupart des sociétés ont produit de tels récits. Ils ont deux caractéristiques qui vont nous importer ici. Ces mythes font intervenir une transcendance, une intention globale du cosmos qui dépasse les humains. Leur réalité ne peut être prouvée, ni infirmée, par un raisonnement logique et par l’observation scientifique[note] ; l’adhésion à un mythe est du ressort de la foi. 

Il existe aussi des formes de mythes laïques. Ce qui est appelé mythe de nos jours peut être aussi la représentation, largement partagée dans un groupe social, que l’on se fait d’un objet, d’un fait ou d’un personnage réels. Cette représentation est enrichie de fantasmes, de connotations qui rendent son objet prestigieux, valorisant, désirable, ou l’inverse. Elle est le reflet des valeurs et de la hiérarchie sociale en vigueur dans cette société en même temps qu’elle les renforce. « Le mythe est une parole », écrivait Roland Barthes, figure emblématique de l’exploration de cette acception du mythe. Ainsi décodait-il dans Mythologies[note] (Seuil, 1957) le mythe du Tour de France et de ses coureurs, celui de la nouvelle Citroën… Ces mythes-là ne décrivent pas non plus la réalité telle qu’une approche rationnelle permettrait de l’appréhender. Y adhérer demande, sinon un acte de foi, du moins une conformité à des croyances et à des valeurs. Ils semblent, eux aussi, être une production quasi-naturelle, et en tous cas fréquente, des groupes humains. Ces deux acceptions du mythe ne sont pas séparées par une cloison étanche. 

Le mythe comporte parfois une connotation péjorative. Ceci survient en particulier quand un mythe commence à poser problème à certains. D’une part, il peut advenir qu’un mythe soit présenté comme une Vérité absolue, s’imposant sans discussion à tous. Il devient alors un abus, en particulier au sein d’une société qui est supposée laïque, rationnelle et respectant la liberté de croyance de chacun. D’autre part, un mythe faisant autorité crée, au sein de la société, des ressources et des opportunités en termes de prestige, de capacité d’influence, d’acquisition de richesses matérielles qui vont être inégalement réparties entre les membres de la société. Autrement dit, elle donne du pouvoir à certains sur d’autres. On peut constater avec régularité que les personnes qui incarnent un grand mythe en vigueur dans une société, ses prêtres, ses zélateurs et ses héros, se trouvent facilement en haut de l’échelle sociale sur le plan matériel ou symbolique. En retour, ces personnes ont intérêt à ce qu’un maximum de membres de la société adhèrent à ce grand mythe et, de ce fait, vont avoir tendance à renforcer sa crédibilité. Ils ont à leur disposition, pour ce faire, la position de prestige, de pouvoir et/ou de richesse qu’ils ont acquise. 

LE « PROGRÈS » COMME MYTHE 

Le « Progrès » est un mythe contemporain, aux sens où ce mot a été défini ci-dessus. Cette affirmation se démontre au travers de l’analyse de trois glissements de sens du mot « progrès ». Ce dernier désigne au départ l’amélioration quantitative ou qualitative qu’une personne ou une société apporte à ce qu’elle fait. On ne peut donc normalement parler de progrès, tout court, on spécifie nécessairement dans quel domaine ce progrès se constate : courir le 100 mètres, jouer du violon, assurer sa fonction de parent… C’est par trois glissements de sens, non justifiables logiquement, trois impostures en quelque sorte, qu’en partant de là, on en arrive au « Progrès », tout court et souvent avec un P majuscule. 

DU PROGRÈS DANS TEL OU TEL DOMAINE AU PROGRÈS TOUT COURT 

Il est aisé de reconnaître que notre société a fait des progrès dans certains domaines. Est-ce que nos progrès dans certains domaines signifient que notre société a fait un progrès, tout court, ou, autrement dit, que notre société est meilleure ? Sur ce point les avis divergent. Il ne s’agit pas ici d’entrer dans ce débat mais de constater que, justement, il y a débat. La réponse dépend des critères que l’on se fixe. Autrement dit encore, on peut constater que des progrès ont été faits dans tel et tel domaines mais il n’existe pas de définition gravée dans le marbre de ce que serait le bien d’une société. En conséquence, il n’existe pas non plus de liste indiscutée des progrès qui comptent le plus pour s’approcher de la société idéale. C’est un sujet sur lequel la philosophie, depuis la Grèce ancienne, n’a jamais pu trouver de consensus. Pourtant, parler de « Progrès », tout court, légitimer une action ou un projet parce qu’il participe ou résulte de ce « Progrès », signifie bien que l’on s’approcherait alors d’une société idéale dont la définition ne souffrirait pas de discussion. 

DU PROGRÈS TECHNIQUE AU PROGRÈS TOUT COURT 

Un autre glissement, étroitement associé au précédent, est celui qui assimile le progrès technique au progrès tout court. Lorsqu’il est question de progrès tout court, il s’agit presque toujours de l’apparition d’objets techniques. Déjà, Boris Vian, dans les années 1950, dans sa Complainte du Progrès, faisait miroiter à sa belle les bienfaits du « frigidaire et de la tourniquette pour faire la vinaigrette ». Si Vian revenait aujourd’hui, sans doute parlerait-il du smartphone et de la montre connectée… Ici encore, aucune justification logique de ce glissement de sens. Les vainqueurs sont ceux qui écrivent l’histoire, dit-on. Ils façonnent également le langage. C’est bien d’une victoire, en effet, que résulte ce progrès tout court. Depuis le début de l’ère industrielle, des voix s’élèvent, comme aujourd’hui, pour protester contre l’envahissement sans limites de ce progrès technique, que ce soit au nom de l’écologie, des inégalités sociales qu’il entraîne ou, plus philosophiquement, du sens de la vie humaine[note]. Mais ces voix n’ont pas gagné, et le langage courant en prend acte. Ici encore, nulle vérité absolue dans tout cela, simplement le résultat d’une compétition entre façons de concevoir la vie et le monde, compétition que l’une a remportée sur les autres, du moins jusqu’à ce jour… 

Cette compétition est déjà ancienne : au siècle des Lumières, les penseurs de la modernité visaient à en finir avec l’influence et le pouvoir de la religion chrétienne. Il s’agissait de montrer que l’homme pouvait, par l’usage de la raison, connaître le monde et se rendre comme maître de la nature. Il n’est pas fortuit que L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, à la gloire de la technologie, soit parue à cette époque. Ce n’est pas non plus un hasard si le progrès, tout court, ait été assimilé à celui des sciences et des techniques : ces dernières étaient le moyen de damer le pion à l’idéologie, alors dominante, du surnaturel. Le doute est permis, jusqu’ici, quant au choix de la sorte de mythe que constitue ce Progrès, laïc ou surnaturel, car le discours de ses défenseurs peut faire penser tantôt à l’une, tantôt à l’autre. Le doute n’est plus permis si on considère un troisième glissement de sens. 

LE PROGRÈS TECHNIQUE COMME TRACÉ D’AVANCE ET INÉLUCTABLE 

De nos jours, toute innovation technique qui arrive sur le marché peut nous être présentée comme procédant du Progrès et donc, nécessairement à accepter. Les personnes qui objectent à son utilisation sont alors traitées de passéistes, rétrogrades. Tout se passe donc comme si, là aussi, une main invisible guidait l’humanité dans son inventivité pour avancer le long d’un chemin inéluctable et tracé d’avance. C’est ici que Dieu, ou quelque autre nom qu’on donne à la transcendance, exclu par la porte au nom de la Raison, fait son retour par la fenêtre. On raconte que Pierre-Simon de Laplace fut un jour interpellé par Napoléon Ier au motif que, dans ses travaux sur la mécanique céleste, il n’était jamais fait mention de Dieu. Laplace lui aurait répondu : « Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse ». Sans doute faut-il rappeler aux défenseurs par trop zélés du Progrès cette phrase de leur illustre prédécesseur. Pas plus que pour le mouvement des planètes, il n’est besoin de cette hypothèse, celle d’une intervention surnaturelle, pour rendre compte des diverses innovations techniques qui ont été adoptées dans notre société. Il suffit d’y voir le jeu des intérêts et des influences des acteurs en présence. 

Ce faisant, on découvre alors que rien n’était inéluctable, qu’une technologie a été adoptée à un moment donné parce qu’une constellation suffisante d’inventeurs, de financeurs et d’usagers a été assez persuasive et puissante pour faire en sorte qu’elle se diffuse. Ceci est assez criant en ce qui concerne la 5G du fait des énormes enjeux financiers qu’elle représente. Mais ce n’est pas un exemple isolé. On peut utilement consulter à cet égard une conférence d’un historien, Jean-Baptiste Fressoz[note]. Il y explicite la thèse selon laquelle le Progrès n’est pas une montée inexorable vers ce qui serait le meilleur, sans qu’il n’y ait jamais eu d’autres alternatives. Il donne plusieurs exemples historiques montrant que les choix technologiques ont été conditionnés par des jeux d’intérêts alors que, à certains moments, d’autres choix, plus écologiques, auraient été possibles. 

Ainsi, de glissement de sens en glissement de sens, se fabrique, à partir d’une activité humaine, un mythe, celui du « Progrès ». Comme nous l’avons vu plus haut, il signe la victoire, à ce jour, d’une façon de voir le monde. En façonnant le langage pour le décrire, en faisant oublier les distorsions qu’il lui a fait subir, il contribue à s’imposer comme une évidence, à dire la vérité qui doit nous guider. Il franchit ainsi la limite qui l’amène à usurper cette fonction, à se substituer au libre arbitre de chacun et au débat entre citoyens qui sont supposés être à la base d’une démocratie. Imaginez ce que seraient toutes les conversations où l’on invoque le Progrès si, au lieu de se contenter de ce simple mot, on prenait soin de préciser à chaque fois le domaine dans lequel le supposé progrès s’exerce, pourquoi il est considéré comme tel… Orwell, l’auteur de 1984, l’avait bien compris : Big Brother s’y employait à simplifier le langage de ses administrés, sûr moyen d’appauvrir leur capacité de réflexion[note]. 

LE MYTHE DU « PROGRÈS » COMME INSTRUMENT DE POUVOIR 

De nos jours, les technologies qui sont largement développées sont celles qui apportent à leurs promoteurs des profits financiers et/ou du pouvoir. Les technologies alternatives qui prennent davantage en compte le principe de précaution en matière de santé ou d’environnement, qui permettent une plus grande autonomie des utilisateurs sont le plus souvent reléguées dans quelques niches. Tout d’abord, il faut noter qu’existe une convergence, qui n’a rien de magique, entre le mythe du Progrès et la sacro-sainte croissance de nos économistes et des milieux d’affaires. À partir du moment où le Progrès est en fait de l’innovation technique, il appelle à une incessante production de nouvelles technologies. Cela tombe bien, si l’on peut dire… Sans ces innovations à jets continus, peu ou pas de croissance, peu ou pas de promesses aux investisseurs et actionnaires de multinationales de profits futurs. La fortune des puissants de ce monde, et leur pouvoir, reposent en partie sur la croyance du bon peuple dans le Progrès. C’est au moins une brique importante de leur édifice. Nul ne s’étonnera donc que les médias qu’ils possèdent, les recherches en économie qu’ils financent, renforcent cette croyance. 

Il n’est donc pas surprenant que l’évocation du Progrès soit largement répandue dans l’argumentaire des pouvoirs politiques ou économiques. Il leur permet de promouvoir des projets technologiques avec cet argument suprême qui disqualifie tout opposant ou toute solution alternative. Ceci est d’autant plus utile pour eux que nous vivons dans une société qui se veut démocratique et laïque, ou qui s’affiche comme telle. Elle doit donc admettre comme base le débat contradictoire entre opinions opposées. Il n’y règne en principe pas de vérité révélée, s’imposant à tous, la voie qu’elle emprunte devant être celle qui résulte de ce débat. 

Nous venons de le voir, cependant, le mythe du Progrès, sous sa forme laïque ou sa forme quasi-religieuse, tend à remplacer les grands récits plus anciens issus de la religion. Ce faisant, il se place au-dessus du débat entre citoyens. Il clôt ce débat, ou il le supprime dès lors que le Progrès est invoqué, impératif indiscutable. C’est en cela qu’il est un instrument de pouvoir efficace : il évite que des opinions dissidentes aient voix au chapitre dans l’esprit d’une majorité de gens adhérant à ce mythe. Balayées, les objections relatives à la santé des populations et du vivant. En d’autres termes, le mythe du Progrès crée de l’indiscutable. 

Il présente aussi un autre avantage en matière de pouvoir : il occulte les actions et enjeux des véritables acteurs. Prenons l’exemple du mythe du Père Noël, à l’usage des petits enfants. Ceux-ci imaginent que leurs cadeaux sont apportés par cet homme bienveillant, avec son manteau rouge, ses rennes et son traîneau chargé de paquets. Plus tard, ils s’apercevront que ce sont en fait leurs parents qui vont acheter les cadeaux et que ceux-ci ne passent pas par la cheminée. Plus tard encore, ils réaliseront peut-être que ce cadeau qu’ils désiraient tant a été l’objet d’une campagne de promotion de fin d’année à la TV par une multinationale du jouet. Il en va de même pour les nouveautés technologiques qui arrivent sur le marché, comme la 5G. Nul être divin siégeant sur un nuage, nulle fée voletant avec sa baguette magique, n’ont un jour décidé de faire ce présent aux humains. Pour comprendre pourquoi elle est arrivée là, il faut juste considérer que son développement a été décidé au cours de réunions stratégiques de quelques multinationales, d’entrevues de lobbyistes avec les autorités publiques et que figurent quelque part dans des ordinateurs, des projections financières, des estimations d’impact sur la valeur des actions, de parts de marché et de taux de croissance des bénéfices. En d’autres termes, si le mythe du Progrès crée de l’indiscutable, c’est aussi parce qu’il occulte les véritables acteurs et leurs intentions stratégiques. Il évite ainsi que le public ne se pose trop souvent la question : ce qui est bon pour eux est-il également bon pour nous ? 

EN GUISE DE CONCLUSION : REMPLACER UN MYTHE PAR UN AUTRE ? 

On pourra nous objecter qu’au fond notre propos serait de remplacer ce mythe du Progrès par un autre, une sorte d’écologie intégriste, qu’il ne serait pas plus légitime d’imposer à tous. 

Cette objection aurait au moins le mérite d’être plus pertinente que celles que nous avons évoquées au début de ce texte. Elle élève le débat et nous en avons un urgent besoin. 

Si nous pointons ici l’usage abusif d’un mythe, le raisonnement vaut aussi pour ce que nous pourrions être tentés d’imposer à tout le monde au nom de la Vérité. La tentation existe, bien évidemment, lorsqu’on est militant. Rester fidèle à ce qui est présenté ci-dessus implique cependant de ne pas chercher à instaurer une nouvelle guerre de religions. 

Il s’agit pour nous, certes, de promouvoir nos valeurs, de poursuivre la lutte, entamée il y a plus de deux siècles, pour un usage éclairé de la technologie, respectueux de la santé et du vivant. Il s’agit aussi, ce faisant, de contribuer à l’avènement d’une société où le débat sur la technologie est possible, sans artifices ni jeux de langage manipulatoires, avec un accès de tous à une information diversifiée, avec la conscience chez tous des dépendances ou de l’autonomie qu’elle crée, des jeux de pouvoir qu’elle permet ou pas, des valeurs qu’elle met en jeu. En d’autres termes, notre mission est donc aussi (surtout ?) de relever le niveau des conversations autour de la technologie et de ses usages. Remettre à sa place le mythe du Progrès est un petit pas dans ce sens, un entraînement en quelque sorte, à ce que pourrait être un débat digne des enjeux du XXIe siècle. 

Denis Bourgeois 

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L’empire américain face à l’essor de la Chine, ou le piège de Thucydide

Roland De Wind

SPARTE ET WASHINGTON CONTRE ATHÈNES ET PÉKIN 

L’homme politique et stratège athénien du Ve siècle avant notre ère est passé à la postérité pour son histoire de la guerre du Péloponnèse entre Sparte et Athènes. Selon Thucydide, « ce fut l’ascension d’Athènes et la peur que celle-ci instilla à Sparte qui rendirent la guerre inévitable. ». En 2017, Graham Allison, professeur à Harvard publie Vers la guerre : la Chine et l’Amérique dans le piège de Thucydide ?, un ouvrage dans lequel il estime que les mâchoires du piège de Thucydide se sont d’ores et déjà refermées sur les États-Unis, superpuissance sur le déclin, et sur la Chine, concentrée sur son objectif de retrouver la place prééminente qui fut la sienne avant son dépeçage par les pays européens et le siècle d’humiliation[note] qu’elle subit depuis les guerres de l’opium[note] jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Selon Allison, qu’ils le veuillent ou non, cet engrenage géopolitique a toutes les chances d’entraîner l’aigle américain et le dragon chinois dans une confrontation armée. 

De manière surprenante, loin d’en appeler à une prudence redoublée afin d’éviter un tel scénario, Allison en conclut qu’il est urgent d’affaiblir la Chine par tous les moyens. Il écrit ainsi noir sur blanc que « l’armée américaine pourrait former secrètement et soutenir les insurgés séparatistes […]. Un effort subtil mais concentré destiné à accentuer les contradictions qui sont au cœur de l’idéologie communiste chinoise pourrait, avec le temps, compromettre le régime et encourager des mouvements d’indépendance à Taïwan, au Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong. En divisant la Chine et en laissant Pékin s’enliser dans le maintien de la stabilité intérieure, les États-Unis pourraient éviter, ou du moins retarder, la menace chinoise contre la domination américaine[note] ». 

Pour être schématique, ne serait-ce que parce que l’histoire ne se répète jamais telle quelle, la grille d’analyse thucydidienne proposée par Allison est pertinente. Saluées à sa sortie par des sommités telles que Joe Biden et Henry Kissinger[note], toutes pétries de l’exceptionnalisme américain, les conclusions bellicistes qu’il en tire permettent de mieux comprendre l’agressivité des États-Unis à l’encontre de la Chine, qui n’a fait que croître depuis quelques années, plus encore sous la présidence de Biden qu’à l’époque des tweets de Donald Trump. 

LE MOMENT UNIPOLAIRE AMÉRICAIN N’EST PAS LA FIN DE L’HISTOIRE 

Les bases du conflit en devenir sont posées avec la chute du mur de Berlin lorsque l’effondrement de l’Union soviétique inaugure le moment unipolaire des États-Unis. C’est le moment d’une supposée fin de l’histoire théorisée par le politologue américain Francis Fukuyama[note] et l’avènement d’un monde marqué par la suprématie mondiale incontestée des États-Unis et le triomphe de son système capitaliste dit libéral, c’est-à-dire marqué par l’ouverture de nouveaux marchés à la faveur du libre-échange. Moins connu que Fukuyama mais tout aussi influent au tournant des années 1990, John Ikenberry, politologue à Princeton, s’oppose à ceux qui au sein des cercles dirigeants de Washington estimaient alors que, les États-Unis ayant gagné la guerre froide, ils pouvaient se comporter ouvertement comme un empire. Non pas par opposition au principe de l’impérialisme, mais au contraire parce qu’il estime plus efficace de mettre à profit ce moment unipolaire pour établir sur l’ensemble de la planète un ordre libéral international fondé sur des règles, lesquelles sécuriseraient à long terme la domination des États-Unis et de ses alliés. Précision importante du politologue : pour mener à bien un tel projet, il est indispensable d’éviter que d’autres pays émergents puissent construire leur propre système, lequel, sans même leur être concurrent, pourrait, de par sa simple existence, constituer un défi à la pax americana. Contrairement aux appels lyriques exprimés depuis la même époque par l’Union européenne (UE) en faveur d’un monde multipolaire dont elle constituerait l’un des pôles, la doctrine officielle des États-Unis, fondée depuis la présidence de Bill Clinton sur les analyses et les préceptes d’Ikenberry est tout autre : il s’agit d’empêcher l’émergence d’un monde véritablement multipolaire au profit d’un monde multipartite fondé sur un ensemble d’alliances et de partenariats dirigés par les États-Unis[note]. Selon une telle conception, après la décennie bénie des années 1990 et l’intégration brutale des anciens pays de l’Est au monde capitaliste, les efforts de restauration de la puissance russe entrepris par le régime de Vladimir Poutine, et l’affirmation longtemps discrète des ambitions chinoises, mais de plus en plus éclatante sous la férule de Xi Jinping, constituent un double défi thucydidien à l’empire américain. Si la confrontation avec la Russie est apparue au grand jour avec la guerre de Géorgie de 2008, puis le conflit en Ukraine depuis 2014, la menace représentée par la Chine est encore beaucoup plus sérieuse pour l’empire américain, et ce notamment d’un point de vue industriel et commercial. 

NÉO-LIBÉRALISME ANGLO-SAXON CONTRE CAPITALISME D’ ÉTAT CHINOIS 

En effet, lorsque l’idéologie néolibérale s’est imposée avec Margaret Thatcher au Royaume-Uni d’abord, Ronald Reagan aux États-Unis ensuite, ces deux pays ont sabordé la base industrielle qui avait fondé leur prospérité et leur puissance depuis la première révolution industrielle, au profit d’un capitalisme financier et spéculatif. La libéralisation accélérée des échanges au cours des années 1990 a entraîné le basculement d’une grande partie de l’appareil productif industriel à faible valeur ajoutée vers les pays de la périphérie du système-monde, le centre — c’est-à-dire les États-Unis et ses alliés les plus proches — concentrant leurs efforts sur les biens et services fondés sur l’innovation technologique et à haute valeur ajoutée. C’est ainsi qu’au cours des décennies suivantes, en raison du faible coût de sa main‑d’œuvre, mais aussi d’un productivisme aussi effréné qu’efficace et de sa capacité à incorporer de nouvelles technologies, le capitalisme d’État à la chinoise a permis de transformer le pays le plus peuplé de la planète[note] en nouvelle usine du monde. Vingt ans après son adhésion de 2001 à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’adoption de son cadre réglementaire voulu par l’ordre international libéral téléguidé par les États-Unis, la valeur ajoutée produite par l’économie chinoise est passée de 1.300 milliards à 14.300 milliards de dollars, alors qu’elle ne faisait « que » doubler aux États-Unis et en Europe. Avec 13% des échanges internationaux contre 9% en 2001, la Chine s’est imposée comme la première puissance exportatrice mondiale. Cette explosion de sa production et de ses exportations a eu des conséquences considérables en Europe et encore plus aux États-Unis : en vingt ans, son déficit commercial avec la Chine s’est creusé de 83 à 310 milliards de dollars. On estime que ce mouvement tectonique commercial aurait conduit à la destruction de plus de deux millions d’emplois industriels aux États-Unis entre 1999 et 2011[note]. De plus, le projet de Nouvelle Route de la Soie dévoilé en 2013 offre des perspectives d’expansion économique et commerciale le long de corridors maritimes et terrestres déployés non seulement en Asie, mais aussi en Europe, en Afrique et jusqu’en Amérique latine. Il vise ainsi à inscrire l’Empire du Milieu au cœur du commerce mondial. En un mot, les États-Unis sont en passe d’être battus par la Chine sur leur propre terrain de jeu de la mondialisation capitaliste. Pourtant, ce terrain de jeu était et reste à leur avantage en raison de l’atout maître dont ils disposent : le dollar. Depuis les accords de Bretton Woods conclus en 1944, ils avaient posé les fondements du commerce international d’après-guerre autour de la création du Gold-Exchange Standard. Celui-ci était fondé sur une seule monnaie, le dollar américain, toutes les autres monnaies étant définies en dollar et seul le dollar étant défini en or, avec la règle implicite selon laquelle les autres pays ne demanderaient pas la conversion en or des dollars qu’ils détiennent. Si le système favorise bien la reconstruction et la croissance économique des Trente Glorieuses, l’accroissement considérable de leurs dépenses, dues notamment à la guerre du Vietnam, ont conduit les États-Unis à faire tourner leur planche à billets à plein régime. Ils provoquent ainsi une inflation qui s’exporte mécaniquement vers les autres pays tributaires du dollar. En 1971, la crainte que de tels déséquilibres n’entraînent une fuite du dollar vers l’or va conduire le président Richard Nixon à suspendre la convertibilité du dollar. 

Pourtant, bien qu’il ne soit plus adossé à l’or ou au moindre bien tangible, le dollar est resté la devise de référence pour les échanges internationaux ainsi que pour les réserves des banques centrales. Aujourd’hui encore, 60% environ de ces réserves sont libellées en billets verts. Avec un coût de fabrication de quelques cents le billet de 100 dollars, il s’agit là d’un privilège exorbitant pour des ÉtatsUnis à même de financer quasi-gratuitement leur déficit budgétaire et leur dette publique par le simple jeu de la création monétaire. Et ils ne s’en sont pas privés : aujourd’hui, leur déficit annuel s’élève à 1.400 milliards et leur dette publique à plus de 30.000 milliards de dollars[note] ! Ce système foncièrement déséquilibré a pu fonctionner jusqu’à présent grâce au rachat de bons du Trésor américain par les banques centrales des pays disposant d’excédents commerciaux avec les États-Unis. C’était notamment le cas de la Chine, qui, durant des décennies, a recyclé une grande partie de ses excédents commerciaux en achetant des montagnes de bons du Trésor : en 2021, ils en avaient amassé pour plus de 1.000 milliards de dollars. Entre l’exportation massive de produits chinois vers les États-Unis et le rachat massif de bons du Trésor par la Chine, la superpuissance à vocation hégémonique et la superpuissance émergente sont devenues mutuellement dépendantes, tant d’un point de vue économique que financier. En bonne logique libérale, et selon la théorie du « doux commerce » cher à Montesquieu, une telle interdépendance aurait dû favoriser une coopération accrue entre les deux géants. 

WASHINGTON LANCE LA GUERRE COMMERCIALE ET TECHNOLOGIQUE 

Pourtant, c’est au contraire que l’on assiste. En 2016, l’élection de Trump sur le programme protectionniste America First ! visant explicitement les produits chinois a marqué un tournant. Accusant le yuan d’être sous-évalué, les États-Unis ont lancé à partir de 2018 une véritable guerre commerciale contre la Chine, en imposant de manière unilatérale, et au mépris des règles de l’OMC, une série de taxes douanières visant à freiner ses importations[note]. La Chine a rétorqué en adoptant des mesures similaires contre plusieurs produits américains. En parallèle, Washington a interdit aux entreprises américaines de transférer leurs technologies de pointe vers une Chine accusée de transferts forcés de technologie et de concurrence déloyale. Poursuivie sous la présidence de Biden, cette politique dénote la nervosité des États-Unis, lesquels sont en passe de se faire rattraper voire dépasser par la Chine dans le domaine des technologies du numérique et de la surveillance (5G, robotique, intelligence artificielle, aéronautique, conquête spatiale, etc.), ce qu’il est convenu d’appeler la quatrième révolution industrielle. 

VERS UNE DÉDOLLARISATION DU COMMERCE INTERNATIONAL ? 

Dans ce contexte tendu, la banque centrale chinoise a commencé à réduire lentement mais sûrement ses avoirs en bons du Trésor US, dont elle ne détient plus à présent « que » 870 milliards. Selon la même logique, elle a aussi engagé un processus de dédollarisation commerciale. Pour être encore limité, il s’agit d’un mouvement de fond qui tente une grande partie des pays du Sud global. Ceux-ci sont non seulement inquiets du niveau abyssal d’une dette que les États-Unis ne pourront bien sûr jamais rembourser, mais aussi de la manière dont Washington use et abuse de l’arme du dollar à des fins géopolitiques et impose des sanctions extraterritoriales au mépris du droit international[note]. À cet égard, la décision prise par Washington et ses alliés occidentaux de geler 330 milliards de dollars d’avoirs russes à la suite de l’invasion de l’Ukraine et l’intention proclamée de provoquer l’effondrement de l’économie russe a sans doute accéléré la prise de conscience de nombre d’États à travers la planète du risque de trop dépendre du système-dollar, et donc du bon vouloir — jamais garanti — des États-Unis. 

LE G7 CONTRE LA CHINE 

Lors du Sommet du G7[note] qui s’est tenu à Hiroshima en mai 2023, ses dirigeants ont multiplié les critiques à l’encontre de la Chine, tant pour sa politique vis-à-vis de Taiwan et de Hong Kong que pour ses violations des droits de l’homme, notamment au Xinjiang et au Tibet, ou encore pour ses manœuvres en mer de Chine. Après l’avoir accusée d’ingérence dans leurs affaires intérieures, les pays du G7 ont sommé la Chine d’exercer des pressions sur la Russie afin d’obtenir son retrait « immédiat, total et inconditionnel » de l’Ukraine. Enfin et peut-être surtout, la déclaration du G7 comprend un volet économique très offensif : « Nous réduirons les dépendances excessives dans nos chaînes d’approvisionnement essentielles. Afin de permettre des relations économiques durables avec la Chine et de renforcer le système commercial international, nous ferons pression pour des conditions de concurrence équitables pour nos travailleurs et nos entreprises. Nous chercherons à relever les défis posés par les politiques et pratiques non marchandes de la Chine, qui faussent l’économie mondiale. Nous lutterons contre les pratiques malveillantes, telles que le transfert de technologie illégitime ou la divulgation de données. Nous favoriserons la résilience à la coercition économique. Nous reconnaissons également la nécessité de protéger certaines technologies de pointe qui pourraient être utilisées pour menacer notre sécurité nationale sans limiter indûment le commerce et l’investissement[note] ». La plupart des médias occidentaux ont relayé sans guère de recul cette mise en accusation en règle, parfois même considérée comme une condamnation de la Chine par la « communauté internationale ». 

Il est exact qu’au service de ses ambitions, la Chine use et abuse de toutes les ressources conférées par sa puissance économique. Toutefois, lorsque… l’on songe à la manière dont les États-Unis ont abusé de l’arme du dollar et des sanctions extraterritoriales au cours des dernières décennies, que ce soit contre des États — de l’Iran à Cuba en passant bien sûr par la Russie et la Chine —, voire contre des entreprises occidentales — ainsi de BNP Paribas qui dût s’acquitter en 2014 d’une amende de 9 milliards de dollars pour avoir osé effectuer une transaction avec l’Iran, non pas sur le territoire américain, mais simplement parce qu’elle était libellée en… dollars ! —, la sainte indignation des dirigeants du G7 contre la « coercition économique » prête à sourire. 

Par ailleurs, le ton impérieux[note], et pour tout dire impérial, de la déclaration du G7 à l’encontre de la Chine semble paradoxal : à un moment où le conflit ukrainien tout à la fois s’enlise et comporte de sérieux risques d’escalade, jusque et y compris au niveau nucléaire, les dirigeants du G7 et de l’UE — UE qui y est étroitement associée via ses représentants — devraient sans doute juger utile ou en tout cas prudent de favoriser l’émergence d’un consensus international autour d’un plan de paix réaliste. Tenter de trouver un terrain d’entente à ce sujet avec la Chine, ne serait-ce qu’en sa qualité de puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies relève du bon sens diplomatique. Le fait que l’Union européenne et l’Otan n’en fassent rien démontre simplement leur statut de vassal des Américains. 

L’AFFIRMATION DU RÔLE DIPLOMATIQUE DE LA CHINE 

À cet égard, et contrairement à la rhétorique guerrière qui prévaut aux États-Unis et en Europe, selon laquelle le conflit ukrainien ne saurait être réglé que sur le champ de bataille[note], la Chine a présenté en février 2023 un plan en douze points. Pourtant fondé sur la Charte des Nations unies[note], le plan chinois a été balayé d’un revers de la main par le camp atlantiste. Sans doute parce qu’il préconisait, en même temps qu’un cessez-le feu et la tenue de pourparlers de paix, de mettre fin à toute sanction unilatérale non autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies, des sanctions qui figurent justement parmi les mesures phares des États-Unis et des Européens. Sans doute aussi parce que, face au déclin désormais manifeste de l’empire américain sur tous les plans autres que technologiques et militaires, la Chine affirme de plus en plus nettement son rôle sur la scène internationale. 

PÉKIN RÉCONCILIE LES FRÈRES ENNEMIS DU GOLFE 

En avril 2023, réalisé sous les auspices de Pékin — avec le soutien discret de Moscou —, le rapprochement entre l’Iran et l’Arabie saoudite, les deux voisins du Golfe dont l’hostilité réciproque, exacerbée depuis la révolution iranienne de 1979, était soigneusement entretenue par le parrain américain de Riyad, a manifesté de manière éclatante la force grandissante de la diplomatie chinoise. Ce succès suscite les espoirs de paix au Yémen, en proie à une guerre civile aggravée par l’intervention militaire, depuis 2015, de l’Arabie saoudite et des Émirats Arabes Unis. Qualifiée par l’ONU de pire crise humanitaire de la planète, avec 7 millions de personnes au bord de la famine, cette guerre se déroule depuis huit ans dans l’indifférence quasi générale des médias occidentaux. Le fait que lesdits pays occidentaux fournissent des armes, un soutien logistique et du renseignement militaire aux armées saoudiennes et émiraties n’est sans doute pas étranger à ce silence pudique[note]. 

PÉTRODOLLAR CONTRE PÉTROYUAN 

La percée diplomatique chinoise au Moyen-Orient doit aussi beaucoup à sa puissance économique. En effet, le rapprochement entre deux des principaux exportateurs de gaz et de pétrole coïncide avec une véritable révolution dans le commerce international des hydrocarbures : alors que le pétrodollar y régnait jusqu’alors en maître, les Émirats, l’Arabie saoudite et même l’Irak viennent d’annoncer leur intention de conclure, à l’instar de l’Iran, des contrats avec la Chine libellés en yuan[note]. 

Le fait que ces protégés historiques des États-Unis osent s’affranchir, au moins en partie, de l’hégémonie du dollar, est symptomatique du mouvement de fond enclenché en 2014, déjà à propos de la question ukrainienne. En effet, les sanctions qui lui avaient été imposées à la suite de son annexion de la Crimée avaient frappé durement l’économie russe, laquelle faisait alors partie intégrante d’un système financier international dominé par le dollar. Ce premier choc avait alors conduit Moscou à se rapprocher de Pékin qui, on l’a vu, dans le cadre de la guerre commerciale avec les États-Unis, cherchait aussi à minimiser l’avantage considérable conféré à Washington par sa détention du monopole de la devise de référence. Ainsi que le relève une note de l’École de guerre économique consacrée à la dédollarisation[note], les États-Unis ont aujourd’hui à subir les conséquences de la militarisation[note] du dollar au service de ses intérêts à laquelle ils se sont si souvent livrés[note]. 

En cette année 2023 de tous les dangers et de toutes les incertitudes géopolitiques suscités par la guerre en Ukraine, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont déclaré qu’ils souhaitaient une nouvelle forme de monnaie commune. À terme, celle-ci pourrait servir d’instrument de réserve et de moyen de paiement à l’intérieur de leur zone ainsi qu’avec les pays qui, tels que l’Argentine, l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Algérie et l’Égypte s’en rapprochent. Inutile de préciser que la création d’une telle monnaie qui servirait à renforcer la cohésion d’un bloc indépendant du dollar et des États-Unis a peu de chance de remporter les faveurs de ce dernier. 

CONTRE LE DÉCLIN, LA TENTATION DES ARMES 

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis jouissaient de tous les attributs de la superpuissance à vocation hégémonique. À partir des années 1980, du fait de sa politique néolibérale, sa puissance industrielle s’est érodée et ses déficits commerciaux ont atteint des niveaux records ; déjà écorné par ses interventions militaires tous azimuts, le prestige international du pays de la statue de la Liberté, phare auto-proclamé de la démocratie dans le monde, s’est effiloché. Les mensonges et les massacres de la guerre en Irak lui ont porté un coup fatal aux yeux de milliards de citoyens du monde entier. Son statut de superpuissance repose désormais essentiellement sur les trois piliers que sont l’innovation technologique, l’arme du dollar et, enfin, la puissance militaire. Cette dernière reste considérable car, avec un budget de la défense de plus de 700 milliards de dollars — soit 40% des dépenses militaires du monde entier —, 800 bases militaires et 200.000 hommes répartis tout autour du globe, les États-Unis sont déterminés à maintenir leur suprématie en ce domaine. À supposer que le processus de dédollarisation s’amplifie et que la Chine parvienne à faire jeu égal voire à dépasser les États-Unis en matière technologique, ne resterait guère à un pays au bord de la banqueroute que son pilier militaire pour tenter de conserver son statut hégémonique. Or, toute l’histoire des États-Unis démontre qu’ils hésitent rarement à employer la force, que ce soit directement ou par procuration. 

Alors que l’ascension de la Chine se poursuit, le piège de Thucydide est en train de se refermer sur ces deux géants engagés dans une concurrence féroce au sein du système capitaliste mondialisé. À défaut d’un abandon du paradigme de la croissance économique à tout crin et de la poursuite de la suprématie militaire, une collision frontale, à Taïwan ou ailleurs, semble inéluctable. 

S. Kimo 

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[INTERVIEW] Dr Jean-Philippe LABREZE: L’exécution officielle d’un médecin libre ou le déclin d’une société malade

Le Docteur Labreze, médecin, naturopathe, a été condamné par l’Ordre au terme d’une parodie de jugement. Alors que c’est l’inaction des médecins qui aurait dû et devrait être punie, ce sont ceux qui ont sauvé qui sont maintenant poursuivis et blâmés. Mais où sommes-nous arrivés? Au faîte d’une société où la maladie est lucrative; composée de médecins formés dans ce moule idéologique, persuadés que la chimie allait sauver le monde. Que reste-il? Désobéir. Nombreux. urgemment. Sortir du paradigme en en fondant un autre.

Le Docteur Labreze invite les lecteurs de Kairos à se procurer le livre d’Alexandra Henrion-Caude: Les apprentis sorciers, à écouter l’exposé de son confrère, le Dr Sabatier, ainsi que d’écouter l’interview du Pr Tritto

Pour signer la pétition de soutien au Docteur labreze: www.justicepourledocteurlabreze.info

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À VUE DE NEZ

Bien que Zelensky affirme chaque fois que toutes les vidéos officielles où il apparaît sont faites en direct, sans montage, cette nouvelle séquence a pourtant soulevé quelques doutes.

À côté du drone qui mesure 350 cm de long pour une envergure de 250 cm, Zelensky paraît étrangement grand, malgré son 1,70 m.

Photo et article « d’origine » : –> https://www.bbc.com/news/world-europe-63421603

D’ailleurs, comme en témoigne une autre séquence, l’équipe du Président ne cache pas qu’elle utilise la technique de l’incrustation pour réaliser des vidéos du chef d’État.

Source: https://www.youtube.com/watch?v=zckV1bYrGdQ

À l’instar d’un BHL, photographié sur la pointe des pieds pour les portraits officiels, ou s’invitant en costard sur tous les champs de bataille de la planète ; par la magie du fond d’écran vert ; à peine quelques heures après la parution de la vidéo, les réseaux sociaux voyaient surgir plusieurs collages se moquant de «la grandeur» du Président ukrainien.

Ci-dessous quelques exemples de ces mèmes comiques que l’on trouve déjà en ligne.

Autre héros célèbre pour ses mèmes en ligne:

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ÉLECTIONS ITALIENNES, JEU DE DUPES?

Lubo Durzo

Je m’excuse par avance auprès de mon lecteur de langue française, car un certain nombre de mes notes et références est en italien. Je n’ai encore à ce jour rien lu de concluant en français à propos des enjeux de ces élections. Nous sommes encore sous l’emprise de l’oscillation entre « l’hystérie fasciste » des uns qui oublient le rôle de la gauche dans les totalitarismes et les autres qui espèrent que G. Meloni incarne une antimondialiste oubliant le jeu pervers et bien rodé des institutions.

LES RÉSULTATS

Entrons dans le vif du sujet.

Après la démission de M. Draghi, le peuple s’est trouvé à devoir voter après seulement 2 mois de campagnes électorales. Rappelons que l’Italie étant une république parlementaire et proportionnelle, c’est le parti majoritaire qui conduit la politique pendant 5 années.

Un gros couac : l’équipe majoritaire est… abstentionniste. Le meilleur chiffre de l’histoire républicaine : 37% de participation à l’abstention ! L’Abstention avec un grand A ! Que faire devant une telle coalition ? Rien pour le moment. Tout le monde le sait, mais personne n’en parle. On l’évoque à bas mots dans les coulisses comme une étrangeté émergeant des ténèbres qui s’impose de plus en plus dans tous les pays. On y reviendra.

Le centre-droit rafle la majorité absolue (mais pas celle des deux tiers, nécessaire pour changer la Constitution en contournant le référendum populaire) avec 26,3% des voix, dont 8% pour Forza Italia et 9% pour Lega passé en quatre ans de 17,5% des voix à 9%, tandis que le centre gauche fait un record en marche arrière avec 27% dont 19% pour le PD, l’adhésion au fanatisme des impositions sanitaires et la subordination à la Commission européenne[note] ayant donné le coup de grâce d’une chute déjà bien amorcée.

Europa avec Emma Bonino et Luigi di Maio (ministre des Affaires étrangères) ne rentrent pas au Parlement. L’objectif de 3% a été atteint par les Verts-Gauche. Les voix perdues du centre gauche ont enrichi l’Action-Italie Viva (7,8%) et M5S (15%), deux des surprises de cette élection. Le parti dirigé par Giuseppe Conte a fait un meilleur résultat que les pronostics, surtout dans le Sud où les gens essayent de protéger leurs aides sociales. Les partis se déclarant « anti-système », sont loin du barrage fixé à 3% de la loi électorale : Italexit s’est arrêté à 2%, Italie Souveraine et Populaire a 1,5% et Vita, à 0,7%.

Georgia Meloni peut déclarer avec emphase : « Les Italiens donnent une indication claire pour un gouvernement de centre-droit dirigé par les Frères d’Italie ».

UNE STRATÉGIE

Soyons réalistes.De manière concrète et bien au-delà du visage de la nouvelle majorité, elle a comme héritage les mesures économiques introduites par le gouvernement Draghi pour faire face à la crise énergétique et au problème de l’inflation. Ainsi le bureau d’études de l’Association des artisans et des petites entreprises (CGIA), affirme que « le nouveau gouvernement qui sortira des urnes a déjà une hypothèque de 40 milliards d’euros et il sera presque impossible de tenir, au moins dans les 100 premiers jours, les promesses électorales annoncées ces deux derniers mois[note] ».

En substance, ce n’est pas seulement une question de dette. En effet, dans un contexte de mesures économiques déjà établies par l’exécutif précédent mandaté directement par Bruxelles, la marge de manœuvre du nouveau gouvernement est presque nulle. Par conséquent, la possibilité d’adopter des solutions promises dans la campagne électorale, telle que la réduction de la pression fiscale et des dépenses courantes est tout simplement impossible. Impossible au sein d’une zone économique gérée par Maastricht qui décide des opérations concernant la monnaie, la croissance et le pouvoir d’achat. Précisons : 1) la politique d’évaluation de l’euro détermine le flux des importations et des exportations de chaque pays ce qui a une incidence directe sur la fiscalité et la hausse des prix, 2) les traités déterminent les modalités de croissance en fonction du libre-échange régulé par le droit de la concurrence, 3) le pouvoir d’achat ainsi assujetti aux taux, aux taxes, aux impôts, à la dette, à l’inflation et à la spéculation ne peut que s’en trouver fortement amoindri.

Toute la gauche esquive soigneusement la question économique. France Culture peut titrer sans ambages « Pourquoi l’Europe dérive à l’extrême droite[note]», tandis que la Commission européenne ne perd pas son objectif de fer. Ursula von der Leyen, n’a pas manqué de rappeler avec sa douceur légendaire « avoir les moyens de sanctionner si les choses vont dans une direction difficile[note]» faisant référence à la Pologne et à la Hongrie. Ainsi le non-respect de la feuille de route des réformes imposées par Bruxelles entraînera la suspension des fonds. L’un d’eux est certainement le PNRR (Plan National de Reprise Résiliente), dont la deuxième tranche a été débloquée ces derniers jours. Il faut absolument garder en tête que les Recovery Funds (248 milliards)[note] ont été une manière de mettre sous tutelle l’Italie dont la dette appartient à 50% aux Italiens mêmes[note], contrairement à la France dont la dette dépend essentiellement des fonds de pension américains (Black Rock)[note].

La stratégie, déjà visible depuis la démission M. Draghi, est de rendre responsable le nouveau gouvernement de la stagflation (croissance égale à zéro ou négative s’accompagnant d’un haut niveau d’inflation) de manière à ce qu’un « technocrate » revienne avec les habits neufs du sauveur. Et si l’économie italienne partait en capilotade, il sera toujours temps de compatir auprès des citoyens éplorés : «  Je vous avais prévenu, je ne peux plus rien faire pour vous ».

Le spectre de la Grèce s’étend donc au sud. Souvenez-vous. La Grèce ce n’était pas à cause de la crise bancaire de 2008 et du sauvetage des banques « Too big to fail », de la spéculation sur les produits financiers et sur l’immobilier, de la délocalisation et de la déréglementation qu’Obama a sagement ignorée. Non pas du tout[note]. C’était parce que les Grecques ne payaient pas leurs taxes qu’il y avait trop de corruption, de fonctionnaires et d’endettement[note]. Bref : le pays était mal géré. Italiens, et bientôt français, attendez-vous à un déferlement de détournements et d’instrumentalisations — covid, Ukraine, dette et transitions — et à ce que les banquiers après nous avoir coulé, viennent nous tendre une main qui semblera secourable.

UN PROGRAMME ULTRA-LIBÉRAL

Et voici les hyènes de la gauche en émoi et de la bien-pensance lécher les bottes de la haute finance. Déclarer (faussement) ne pas souhaiter renouveler l’alliance avec les industries pharmaceutiques et les banques privées c’est devenir « fascistes ». On ne peut même plus faire semblant d’être populiste. Et pourtant en consultant le programme des Frères d’Italie, nous allons constater que G. Meloni a montré patte blanche ; c’est dire le degré de stress du régime. En effet le programme G. Mélonie est beaucoup plus proche du programme néo-libéral accéléré que d’un projet de grands travaux publics et d’une milice en chemises noires — à moins de considérer le libéralisme comme l’antichambre du fascisme, mais c’est une autre discussion. Voyons de près quelques point fondamentaux de son programme[note][note][note] ( en note : du plus court au plus complet).

Guerre et souverainetéLes velléités de liberté et de souveraineté s’accompagnent d’un soutien inconditionnel à l’OTAN et à l’Ukraine (Atlantismo, ferma adesione alla NATO e sostegno all’Ucraina), ce qui est en contradiction totale avec la constitution italienne basée sur la souveraineté et sur la paix.

Éducation et spécialisationUn programme de numerus clausus comprenant une « Valorisation des professions techniques et professionnalisantes et élimination du test d’entrée pour la faculté de médecine avec une sélection faite en fonction des performances après la première année d’études » (Valorizzazione delle professioni tecniche e professionalizzanti ed eliminazione del test d’ingresso per la facoltà di medicina con una selezione fatta in base al rendimento dopo il primo anno di studi), avec « Plus de soutien financier aux étudiants méritants (Maggiore sostegno economico agli studenti meritevoli), « une réforme du système d’accès aux facultés programmées et réforme de la loi sur la formation médicale spécialisée, par un système prévoyant la sélection à partir de la deuxième année de cours » (Riforma del sistema di accesso alle facoltà a numero programmato e riforma della legge sulla formazione specialistica medica, attraverso un sistema che preveda la selezione a partire dal secondo anno di corso), auquel s’ajoute une Réforme de l’enseignement : « étudiants diplômés d’abord et universités plus interactives » (Valorizzazione delle scuole tecniche professionali e riforma del PCTO. Riforma della didattica : “studenti laureati prima e università più interattiva).

Santé et surveillanceCela s’accompagne d’un mouvement réactionnaire ou progressiste — on ne sait plus comment le définir — qui conforte le capitalisme de surveillance plus subtil que celui imposé par l’E.U par « un mécanisme de récompense dans l’accès au système de santé avec la Création d’un permis de conduire à points de santé » (patente a punti della Salute con un meccanismo di premialità nell’accesso al sistema sanitario). Si G. Meloni a l’intelligence de refuser le greenpass[note](passe sanitaire), ce dernier sorti par la grande porte peut toujours revenir par la fenêtre sous un nouveau nom. Il n’est pas inutile de mentionner que G. Meloni a toujours dit « non » au passe sanitaire, tout en votant « oui » lors des assemblées parlementaires.

Taxation et privatisation« Réduire la pression fiscale sur les entreprises et les ménages grâce à une réforme équitable : la taxe sur les bénéfices » (Riduzione della pressione fiscale su imprese e famiglie attraverso una riforma all’insegna dell’equità: flat tax). « Réduction des impôts sur le travail grâce à la réduction structurelle du coin fiscal et contributif, au profit des travailleurs et des entreprises ». Mis à part les doutes que nous évoquions ci-dessus concernant la réduction des dépenses courantes et les avantages réels pour le travailleur, cela induit que d’une part, les entreprises reversent moins de bénéfices à l’état, que d’autre part, il y a plus d’investissements dans le secteur privé notamment dans les transports dans le sud, ce qui a pour effet non seulement la détérioration et la privatisation du service public, mais aussi de passer sous silence le rôle des multinationales et de la mafia dans le pillage des états.

Transition climatique et dégradationUne adhésion à la très controversée transition climatique (Aggiornamento del Piano nazionale di adattamento ai cambiamenti climatici), qui n’empêche pas une proposition d’exploitation du gaz de schiste[note] sur le territoire (« Oui aux regazéificateurs et aux forages des gisements de gaz italiens », Sì a rigassificatori e a trivellazioni dei giacimenti italiani di gas), l’importation du nucléaire et la transformation de l’Italie en un centre de tri énergétique entre l’Afrique et le reste de l’Europe (Trasformazione dell’Italia in un hub di smistamento energetico tra l’Africa e il resto dell’Europa).

Mais… les médias de masse préfèrent se concentrer sur les problèmes de mœurs. Il faut dire qu’elle a fait pour sienne le fameux slogan catholico-fasciste de Mussolini « Dieu, Patrie, Famille » (faut-il rappeler que tous les catholiques ne sont pas fascistes ou proches du Vatican, que tous les musulmans ne sont pas des tenants du salafisme, que tous les juifs ne sont pas des banquiers et des islamophobes…), qu’elle a su adoucir avec « l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes et l’adoption de la Pink tax » (Superamento del “tetto di cristallo”, quindi del divario retributivo tra uomini e donne nonché della pink tax). On observera avec attention qu’elle sera la mise en œuvre concrète de la liberté des femmes et du retour à la chrétienté dans un pays laïc par Constitution, sachant que sur ce thème en particulier les associations italiennes sont très influentes et que les regards des « gauches » européennes sont prêts à foudroyer l’écart qui, nous le souhaitons, tournera un œil également courroucé sur les effets secondaires désastreux des vaccins sur les menstruations[note].

Pourtant le message populaire à travers cette élection est clair : les gens se préoccupent d’abord de manger à leur faim, de se loger décemment, de se déplacer sans avoir Big Brother à tous les coins, de pouvoir compter sur les services publics, de chercher un autre mode politique pour se faire exister, avant de se poser les questions sur l’euthanasie, l’avortement, l’obligation d’enterrer des fœtus, le cannabis et le mariage gay. Est-ce qu’on peut leur en vouloir ? D’autant plus que les italiens, qui s’attendent à la protection bienveillante de la mama, n’auront bien entendu que la dure austérité de la mère fouettarde prêtant allégeance au Vatican, aux USA, à l’E.U (dont elle est la Présidente du Parti des conservateurs et des réformistes Européens) et qui rêve d’un régime présidentiel à la française. Bref une Draghi au féminin qui regardera de loin le peuple s’enfoncer dans la misère.

UNE ALTERNATIVE ?

Les 3 partis se déclarant « anti-système » proposent-ils une alternative à ce jeu de dupe ? Voyons de plus près leur programme : Vita avec S. Cunial[note], Italexit avec J. Paragone[note], Italie Souveraine et Populaire avec G. Colone[note].

Si les dissidents veulent constituer un contre-pouvoir politique solide, il faut être réaliste. Cette force ne viendra certainement pas des institutions elles-mêmes conçues pour agiter et utiliser le citoyen, mais émergera de la base — pour s’exprimer peut-être au travers d’institutions.

Les partis indépendants se rejoignent sur de nombreux points cruciaux dont :

La souveraineté nationale qui passe par une sortie de l’OTAN, l’OMS, l’E.U.La liberté qui passe par le refus de suivre la dictature digitale, sanitaire et surtout financière.Le respect de l’environnement qui passe par la préservation des corps et de la nature que les OGM et la 5G dégradent.

Malgré ces positions courageuses en commun, ils ne sont pas en accord en ce qui concerne la politique migratoire et les législations morales (couple, fin de vie, cannabis).

En effet, Vita et Italexit condamnent sans nuance l’immigration, tandis qu’Italie Souveraine et Populaire condamne une immigration bien précise : celle qui est utilisée comme « réserve capitaliste » à des fins de déréglementation. Il est toujours amusant de suivre ces débats, l’Italie étant plus un territoire de passage, avec des camps de réfugiés insalubres et inhumains, qui n’a rien à voir avec l’immigration de la France cosmopolite et colonial.

Si tous dénoncent la propagande des courants post-humanistes venus des États-Unis (LGBT, Wokisme, etc), Vita et Italixit souhaitent revenir à une tradition conservatrice chrétienne, tandis qu’Italie Souveraine et Populaire ne se prononce pas sur ces sujets, laissant à chacun le libre choix.

En ce qui concerne les propositions économiques, Vita se contente de rester vague tandis que Italexit fait rêver au plein emploi et voudrait limiter les aides sociales dans un pays où le chômage et l’inflation font date. Seule Italie Souveraine et Populaire a conscience qu’une politique de redistribution vers les couches populaires de la richesse accumulée par les profits des multinationales opérant sur le territoire national, est incontournable.

Face à cette situation, il est affligeant de voir que l’alternative a été incapable de se réunir pour obtenir les 3% minimum pour entrer au parlement. Cela fait remonter deux problèmes structurels au système des partis :

Propension à centraliser dans le style « tous derrière moi ».Déconnexion de la base populaire qui fait perdre le sens des priorités.

Il va de soi qu’une alliance, bien loin d’apparaître comme une trahison, aurait été accueillie comme une preuve de maturité et de conscience de l’époque qui a déjà quitté les rivages artificiels des clivages droite/gauche.

DIAGNOSTIC

Fin de la démocratie.Que dire de l’abstention notamment chez les jeunes ? Outre les graves obstacles au droit de vote — comme les sans-abris et les Italiens à l’étranger qui n’ont pas eu la possibilité d’accès de vote à tous les partis — qui ont favorisé l’abstention, c’est surtout une perte de confiance dans la démocratie représentative. Les gens non seulement ne se reconnaissent plus dans leurs représentants, mais plus préoccupant, ils ne croient plus que ce système des partis désormais lié à la corruption, à l’entre-soi et au mépris de classe puisse sortir d’un état d’urgence en passe de devenir constitutionnel. 3 causes (non exhaustives).1) Vous êtes un étudiant italien qui redoute les mesures sanitaires qui ont ruiné 2 ans de jeunesse, mais qui veut également pouvoir faire l’université sans avoir à s’endetter et qui souhaite aussi un bon service hospitalier pour ses parents. Pour cela, il faudrait pouvoir voter à la fois à gauche et à droite, et encore, on n’est sûr de rien entre les promesses et les actes.2) Lorsqu’un gouvernement chute, les Italiens ont l’habitude des gouvernements « techniques » non élus qui assure la période de transition qui peut durer des années.

3) En Italie la répression sanitaire avec son lot d’absurdités économiques et sociales pendant la crise du covid a tellement dépassé l’imagination en cruauté, que les italiens ont profondément compris que les intérêts de quelques-uns au pouvoir sont toujours au-dessus de ceux du peuple.

C’est face à cette situation qui dépasse la corruption systémique pour devenir un fait de civilisation décadente donc autoritaire, que Jessica Constanzo d’Alternativa[note], démissionne avec panache en partageant son dégoût de ce système qui protègent les élus planqués et payés par le contribuable.

Et pendant ce temps inutile de diversion routinière, les coupures électricité surviennent sans crier gare depuis le mois d’août ici même à Turin — et peut-être ailleurs. On entend les vieilles personnes, les tout jeunes et les commerçants hurler en pleine nuit leur surprise et leur désespoir. Pour le moment personne n’en parle. Il s’agit d’habituer progressivement à une ambiance de terreur ; seul terrain fertile de la dictature. Et l’OTAN continue son déploiement du hig tech militaire à Turin[note] et des biolab dans le sud[note] et je viens d’apprendre le sabotage sous-marin de Nord Stream 2[note].

Et bien sûr, la guerre comme grande lessiveuse — ou ce qu’on appelle aujourd’hui « réinitialisation » — reste le plus sûr moyen de terrifier les populations en amplifiant — voir en mystifiant — à souhait une menace asiatique (Chine/Russie) de manière à faire accepter toutes les impositions atlantistes contre les propres intérêts des peuples européens. Et Draghi met la barre haute :  « Il n’y aura de futur que lorsque la Russie décidera de revenir aux normes de 1945[note] ». 

Fin de l’État de droit. Le Comité national de Libération (CNL) initié par U. Mattei avec Générazione Futura[note] a proposé un referendum populaire autogéré (« Resistendum ») sur la sortie de l’OTAN, l’OMS et l’E.U, mais aussi concernant la monnaie et la digitalisation. Ce referendum a mis en place un vote parallèle sans conséquence directe autre que consultative. Mais il a un pouvoir symbolique certain à la manière du tribunal de Fullmich. Seulement l’intervention de la police et la séquestration des urnes dans les bureaux de vote rappellent que nul n’est censé ni penser ni agir hors du système. À vrai dire c’est une belle entrée dans la politique au sens noble et il faut espérer que les Comités se développeront par eux-mêmes sans entrer dans la logique pyramidale et électorale[note]. 

Avant toute chose, ne faudrait-il pas commencer par réunir les forces vives et populaires ? Retrouver le sens des alliances et des priorités ? Ébaucher une vision qui puisse parler au plus profond de l’humain ? Et plutôt qu’imaginer des programmes à qui mieux mieux et d’instaurer des cadres de pensées caducs pour se rassurer, ne vaut-il pas mieux accepter de faire le grand saut dans l’inconnu de l’avenir ?

LE TRAITÉ DE L’ASSEMBLÉE FRANCO-ITALIENNE

Dans la lignée populaire libre et active, nous avons avec le CNL italien et les participants français de l’Assemblée franco-italienne[note][note], censurée le jour même sur les médias, finalisé le Traité franco-italien qui répond au Traité fondamental dont on ne parle jamais fait par Macron et Draghi à Rome le 26 novembre 2021[note].

Je tiens à remercier particulièrement les participants de cette Assemblée qui ont presque tous mis leur plume et leurs idées à contribution pour élaborer ce texte. C’est une preuve que les différences ne nous éloignent pas. Au contraire. Il faut juste le temps de se connaître et de se rencontrer[note].

Tristan Edelman

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Réponse à l’enquête publique

à propos de l’augmentation des radiations électromagnétiques*

Le rapport sur les incidences environnementales du projet d’ordonnance de la Région bruxelloise visant à faire passer la limite de protection contre les radiations électromagnétiques de radiofréquence (CEM-RF[note]) de 6 à 14,5 V/m considère implicitement que le déploiement de la 5G est inévitable et n’envisage à aucun moment la possibilité d’en rester à la situation actuelle (2G, 3G et 4G). La saturation du réseau actuel tout comme le déploiement de la 5G sont considérés comme inéluctables, la possibilité de prendre des mesures adéquates pour limiter le trafic des données étant passée sous silence. Le rapport (ou son « résumé non technique ») présente là un premier biais de taille. 

Il est regrettable qu’une administration comme Bruxelles Environnement censée être indépendante du pouvoir exécutif publie un rapport aussi orienté, à l’image de la mise en place de la Commission délibérative citoyenne « 5G » par cet exécutif. Pour rappel, cette commission composée de 15 députés et de 45 citoyens tirés au sort parmi la population bruxelloise devait répondre à la question « Comment voulons-nous que la 5G soit implantée en Région de Bruxelles-Capitale, en tenant compte de l’environnement, de la santé, de l’économie, de l’emploi et des aspects technologiques ? ». D’emblée, aucune place dans cette commission n’avait été laissée aux citoyens opposés au déploiement de la 5G qui n’avaient d’autre choix que de refuser de participer[note]. Se réclamer des « recommandations » de cette Commission comme il est fait dans le rapport n’est donc pas recevable, que ce soit pour la recommandation « d’adopter une norme d’émission stricte (sic) de 14,5 V/m », les « dispositions environnementales » à prendre, etc. 

Sur la question vitale du bouleversement climatique d’origine anthropique sur laquelle il n’est pas nécessaire de revenir au vu de l’actualité[note], les conclusions de Bruxelles Environnement dans le résumé semblent d’une légèreté insoutenable : malgré le constat du « secteur de la télécommunication grand consommateur d’énergie et émetteur de gaz à effet de serre » et, comme tout le monde le sait, malgré les énormes efforts à faire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation de la consommation de l’énergie et de la production de gaz à effet de serre liée au déploiement de la 5G est envisagée en toute tranquillité, cet impact n’étant même pas mentionné dans les conclusions de ce résumé (la majorité des lecteurs de l’étude se contenteront de lire le résumé qui fait tout de même 18 pages, le rapport en faisant 90). 

L’ICNIRP, UN INSTRUMENT AU SERVICE DU LOBBY 

Avec ce rapport, Bruxelles Environnement poursuit l’enfumage démocratique amorcé par l’exécutif en même temps qu’il désinforme et contribue à la fabrique de l’ignorance chère au lobby des télécoms, en particulier sur les normes de protection internationales, notamment celles de l’ICNIRP (Commission internationale sur la protection des radiations non ionisantes), qui protégeraient du « seul effet biologique avéré », à savoir l’effet thermique4 ; il y aurait bien d’autres effets biologiques et même sanitaires « potentiels », mais aucune étude n’aurait montré de relation causale. 

Sur ce plan, le rapport se contente de citer des études favorables aux thèses de l’ICNIRP et du lobby des télécoms et ignore toutes les autres, en fait des milliers d’études publiées depuis plus de 50 ans. Par exemple, ce que dit le rapport sur les effets génétiques est particulièrement consternant et atteint des sommets dans l’art de la désinformation : « Rassurants, les résultats montrent que plus une étude est scientifiquement sérieuse, plus les observations de lésions génétiques sont faibles » (sur ces effets génotoxiques, voir ci-dessous). A fortiori, on ne peut compter sur les auteurs du rapport pour exposer les méta-analyses qui montrent que les conclusions des études sur les effets biologiques et sanitaires sont fonction du mode de financement : majoritairement, les études financées par l’industrie ne montrent pas d’effets biologiques ou sanitaires contrairement à celles financées par des fonds publics ou des organismes indépendants de l’industrie. Cette influence ne date pas d’aujourd’hui : pour 85 études sur la génotoxicité (atteinte de l’ADN) des CEM-RF publiées de 1990 à 2005, 43 études ont montré un effet, 42 n’en ont pas trouvé, une répartition plus ou moins égale. Par contre, ce qui est remarquable, c’est que 32 des 35 études financées par le lobby de l’industrie de la téléphonie mobile et de l’armée de l’air étasunienne ne montrent aucun effet (www.microwavenews. com/RR.html). 

La plupart des pays du monde s’appuient sur les recommandations de l’ICNIRP qui est une institution privée de droit allemand créée en 1992 par Michael Repacholi pour répondre au mieux aux volontés de l’industrie des télécoms. Elle fonctionne comme un club fermé : ses membres décident seuls de qui peut y entrer et seuls y sont admis ceux qui défendent l’idée que s’il n’y a pas d’effets thermiques, il ne peut y avoir de conséquences sanitaires. Elle n’applique aucune règle de transparence ou d’indépendance, puisqu’au contraire la plupart de ses membres passés ou présents sont connus pour leurs liens avec l’industrie des télécoms. 

Le lien étroit qu’entretient l’ICNIRP avec l’industrie est documenté de longue date comme le montrent les nombreuses enquêtes publiées sur le sujet parmi lesquelles celle des députés européens Klaus Buchner et Michèle Rivasi, ICNIRP : conflits d’intérêts, capture réglementaire et 5G dont la conclusion est « pour un avis scientifique réellement indépendant, nous ne pouvons pas et nous ne devons pas nous fier à l’ICNIRP ». 

DES LIMITES DE PROTECTION TOTALEMENT INADÉQUATES 

« Sur base de ce seuil [de l’effet thermique néfaste] et du principe de précaution, l’ICNIRP recommande de limiter l’exposition de la population à des rayonnements ne dépassant pas 41,2 V/m. La norme bruxelloise actuelle de 6 V/m est donc 50 fois inférieure à la recommandation de l’ICNIRP. La Région bruxelloise a une des normes les plus strictes du monde, plus stricte qu’en Flandre et en Wallonie » (résumé, page 8). En fait, cette différence est très limitée, du même ordre que celle entre la peste et le choléra comme expliqué ci-dessous. 

La limite recommandée par l’ICNIRP est de 41,2 V/m (volt/mètre) pour l’intensité du champ électrique d’un rayonnement dont la fréquence est de 900 MHz (mégahertz), ce qui, converti en densité de puissance, revient à 4,5 W/m2 (watt/mètre carré). 

Les limites recommandées par de nombreux experts indépendants pour les radiofréquences (RF) sont très largement inférieures à celles de l’ICNIRP, d’un facteur de 100 000 environ, et donc aussi à celles actuellement en vigueur à Bruxelles (d’un facteur de 2000), en termes de densité de puissance. Par exemple, les auteurs du rapport BioInitiative5 recommandent une limite de l’ordre de 5 μW/m2 (microwatt/m2 soit 0,04 V/m) pour l’exposition cumulée des ondes RF à l’extérieur des habitations. D’autres institutions indépendantes recommandent des valeurs similaires. Ces limites peuvent sembler basses, mais elles ne surprennent pas quand on sait que les valeurs retenues par l’ICNIRP représentent un milliard de milliards de fois le niveau du CEM naturel à ces fréquences. 

La Région bruxelloise suit les recommandations de l’ICNIRP pour le calcul ou la mesure des CEM-RF : le niveau d’intensité d’un CEM est moyenné sur 6 minutes (« valeur RMS ») et ne rend absolument pas compte des pics d’intensité instantanés, lesquels sont la règle pour la téléphonie mobile et auxquels correspond une « valeur pic ». Pour les effets biologiques des CEM, ce sont ces valeurs pic qui comptent ; pour illustrer cette différence fondamentale, disons simplement que, si vous deviez subir 100 piqûres d’aiguille de 1 mm de profondeur au niveau du cœur (valeur moyenne), vous ne garderiez aucune séquelle, tandis qu’une seule piqûre de 100 mm (valeur pic) pourrait être mortelle. 

Le rapport entre la valeur pic et la valeur RMS en termes de densité de puissance est de l’ordre de 25 pour une antenne 2G, 3G ou 4G, mais est beaucoup plus important, de l’ordre de 1.000, pour une antenne 5G. De ce point de vue, la 5G pourrait s’avérer encore beaucoup plus toxique que les générations précédentes. 

Pourquoi les auteurs du rapport ne font-ils pas mention de ce subterfuge pourtant bien connu ? 

DES AUTEURS DU RAPPORT DÉSINFORMÉS ? 

La section 3.6 du rapport se termine par cette conclusion (page 41) : « Pour les fréquences utilisées actuellement, les données disponibles sont issues de 20 à 30 ans de recherches… En conclusion, l’état actuel des connaissances ne permet pas de démontrer d’effet néfaste, mais ne permet pas non plus de conclure à une absence totale d’effet sur la santé ». 

Pour quiconque connaît un tant soit peu le domaine, cet extrait du rapport est choquant. D’une part, les premières données ont fait leur apparition dès après la fin de la 2e guerre mondiale, il y a près de 70 ans de cela, et d’autre part les « effets néfastes » sont largement démontrés, toutes choses faciles à vérifier. 

En ce qui concerne la date des premières études sur la toxicité des CEM de RF artificiels, un exemple de document atteste de leur ancienneté : le rapport d’un colloque sur les risques liés aux microondes tenu en 1957 à Washington, Proceedings of tri-service conference on biological hazards of microwave radiation, 15–16 july 1957. 

Parmi bien d’autres études produites il y a plus de 30 ans, il y a celles sur la barrière hématoencéphalique (BHE). La BHE est une couche spéciale de cellules qui protège le cerveau en empêchant les toxines présentes dans le système sanguin de l’atteindre. L’ouverture de cette barrière peut entraîner des maladies du développement du système nerveux, des maladies neurodégénératives (Alzheimer, etc.) ainsi que le développement de tumeurs dans le cerveau. 

En 1975, Allan Frey a publié le résultat de ses recherches dans les Annales de l’Académie des sciences de New York : l’exposition à des micro-ondes à 1,9 GHz de faible intensité ouvre la BHE chez les rats. Par la suite, d’autres études évaluées par des pairs ont confirmé les conclusions de Frey, en particulier celles publiées par l’équipe du professeur Leif G. Salford dans les années 1990 (Université de Lund). Leif G. Salford a exposé le résultat de ses recherches et ses inquiétudes devant le Parlement de l’UE en 2000. 

LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION DÉTOURNÉ 

Page 27 du rapport : « Le seuil d’apparition des effets biologiques a été identifié à 4W/kg, soit 292 V/m2, ce qui correspond à une exposition au-delà de laquelle l’effet thermique est néfaste, car le corps n’est plus capable d’évacuer convenablement la chaleur. L’ICNIRP a établi des recommandations d’exposition maximales sur base du principe de précaution et des seuls effets connus et prouvés [c’està-dire le seul effet thermique, tous les autres effets étant niés]. Le principe de précaution implique que lorsque des incertitudes subsistent quant à l’existence ou à la portée de risques pour la santé des personnes et l’environnement, des mesures de protection doivent être prises sans avoir à attendre que la réalité ou la gravité de ces risques soient pleinement démontrées. Dès lors, l’ICNIRP applique un facteur de sécurité de 50 et recommande de limiter l’exposition de la population à des rayonnements ne dépassant pas 41,2 V/m. La norme bruxelloise actuelle de 6 V/m est donc 50 fois inférieure à la recommandation de l’ICNIRP ». 

Les auteurs du rapport n’auraient pu mieux définir le principe de précaution, mais ils font preuve d’un aveuglement sidérant à propos de toute la littérature scientifique sur les effets biologiques et sanitaires des CEM-RF, ce qui leur permet de dire, sans honte peutêtre, que le principe de précaution est bien respecté. Ils refusent aussi d’entendre les appels des scientifiques et médecins de tous pays qui se multiplient depuis 20 ans. Par exemple, l’appel initié en 2015 et signé en avril 2020 par 253 spécialistes des CEM de 44 pays différents ; ces scientifiques, qui tous ont publié des travaux de recherche évalués par des pairs sur les effets biologiques et sanitaires des CEM, réclament des limites d’exposition plus strictes et demandent que les impacts biologiques potentiels des technologies de télécommunication 4G et 5G sur les plantes, les animaux et les humains soient réexaminés (emfscientist.org). 

Francis Leboutte 

* Version courte d’un article disponible sur le site de Kairos : « Consultation publique sur la 5G à Bruxelles : enfumage démocratique et fabrique de l’ignorance ». Kairos et le Collectif stop5G.be vous incitent à répondre à l’enquête (voir www.stop5G.be). 

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Liège — Les promoteurs au service de l’éco-destruction

Sur le site de la Chartreuse, à Liège, se passe ce qu’il se passe toujours dans nos démocraties frelatées: des individus, sous le seul prétexte d’avoir été élus, se font les serviteurs zélés du privé qui par cet intermédiaire politique s’accapare le bien commun. Cette fois-ci, cela concerne le « poumon » de Liège, site naturel de plus de 30 hectares appelé « La Chartreuse », véritable écosystème au cœur de la Cité ardente. Matexi veut y développer un projet de 74 logements… avec à terme, certainement l’idée de ne pas s’arrêter là. Kairos s’y est rendu, le premier jour où ceux qui s’opposaient à ce qu’on leur impose risquaient d’être expulsés.

*Musique: « Hermanas » 

Composition, chant, ukulélé: Florence Arnold, @flowsings

Didjeridoo : Fabian Vigne, @aboreprojects

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BIG-PHARMA: Une ex-employée de GSK témoigne

Hélène ZAGORAC a travaillé pour GSK (GlaxoSmithKline) jusqu’en 2021. Interviewée par Alexandre Penasse, elle nous raconte son expérience de travail au sein de Big-Pharma…(NB: le micro-cravate s’est montré défaillant durant l’interview, le son provient donc du micro général qui est plus sensible aux bruits et sons d’ambiance. Veuillez nous excuser pour cela.)

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Retour sur les inondations de juillet 2021

Le 14 juillet, des pluies incessantes battaient le sol de la Belgique, touchant particulièrement la région liégeoise. Kairos s’est rendu sur place pour rencontrer plus de trois mois après des sinistrés qui n’attendent plus depuis longtemps la bienveillance de l’État. Depuis le début, ce sont des citoyens qui sont venus de toute la Belgique pour les aider, dont de nombreux Flamands.

Reste que ces précipitations et les risques d’inondations graves avaient été annoncés 4 jours à l’avance par des organismes internationaux, et répété à plusieurs reprises. Les responsables belges n’en ont eu cure. Aujourd’hui, Les mêmes qui n’ont pas pris les décisions qu’il fallait prendre nous diront qu’ils n’ont rien à se reprocher. Ils feindront de mettre en place des commissions d’enquête qui n’enquêteront sur rien et ne mèneront nulle part.

Olivier Maroy, celui qui traitait Kairos de torchon en commission parlementaire, décidera peut-être d’aller chercher chez les belges cités dans les Pandora papers quelques centaines de millions d’euros, pour les distribuer à ceux qui n’ont plus rien ?

Après ces inondations, les morts ne reviendront pas, les pauvres seront plus pauvres, et les agents immobiliers et autres affairistes attendent le moment propice.

Pendant ce temps, les politiques véreux demeurent en place. Et les journalistes se taisent. Comme d’habitude.

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Kairos 55

Démettre ce qui a rendu possible «l’impossible»

Imaginez une communauté de quelques centaines d’âmes, circonscrite par des frontières relativement poreuses mais que tous se représentent. Celles-ci sont organisées démocratiquement, les décisions importantes, qui concernent toute la population, sont prises par l’ensemble des habitants, qui s’informent via des médias libres et non assujettis à quelques puissances politiques ou financières. La médiatisation ne passe pas que par des structures officielles dédiées à cela, mais des sujets qui s’informent, appréhendent leur milieu, cherchent à comprendre et débattent entre eux, faisant émerger les conditions de création de la vérité. Les décisions de moindre importance sont prises par des comités composés de citoyens tirés au sort et dont le mandat n’est pas renouvelable. D’autres, qui concernent un quartier, sont prises par un comité local qui soude entre eux les voisins qui se connaissent tous et participent concrètement à la vie de leur quartier. Ils ne sont pas tous amis, certains s’apprécient moins que d’autres, mais ils ont cette caractéristique commune de partager un même lieu, soit de vivre ensemble. 

Imaginez, si, par exemple, un agent commercial extérieur à la communauté, venait proposer d’installer des poubelles « intelligentes » dans le quartier. Comme à Liège, où la ville s’est offert 24 poubelles de ce type en 2020 : des smart récipients qui « optimisent les collectes », « amovibles », dotées d’un « système d’alerte lorsqu’il est temps de les vidanger », d’un « compartiment cendrier » et « d’un système de compresseur »[note]. 

Coût de l’opération : 152.000€, soit plus de 6.300€ la poubelle. D’un poids de 122 kg l’unité, elle est composée de métal, de plastic dur, de polyester ; en matière d’électronique, on y trouve un module PV à cellule en silicium polycristallin, une batterie 12V, une unité sans fil auto-alimentée, un système entièrement automatisé, contrôlé par processeur IC, radio de données sans fil GPRS pour la surveillance et la gestion en ligne, service de localisation assistée par GPS… 

Noir & Clair

Honnêtement, qui déciderait s’il avait le choix, tenant compte du prix, de la composition et de la dépendance énergétique de cette « poubelle intelligente », de les acheter pour garnir les rues de son quartier ? Qui accepterait de dépenser des dizaines de milliers d’euros dans des poubelles peu recyclables (c’est le comble !), fruit d’une technologie qui se nourrit des richesses des sous-sols d’Afrique et d’Asie? Qui opterait en toute conscience pour dépenser cet argent, plutôt que d’engager des frais pour recruter des enseignants ou des soignants, planter des arbres, construire ou aménager un lieu commun, dynamiser la vie collective… 

Le quidam qui passe devant une « smart poubelle » impassible, totalement indépendant des décisions politiques qui sont prises en amont, mais englobé physiquement dans l’espace public qui est dessiné en aval, n’est plus un citoyen, mais un atome diffus dans une société où l’autre se réduit à une présence physique. Il ne fait que traverser des lieux qui lui deviennent de plus en plus étrangers. Il ne participe plus à l’organisation politique de la cité dans laquelle il vit et, le plus souvent, n’en est même plus conscient: état suprême de l’aliénation. Poubelles, publicité commerciale en rue, réseaux 5G, aménagements publics… tout est à l’avenant : nous ne décidons de rien. Les élus, inféodés à une logique de parti, eux-mêmes soumis aux intérêts économiques dominants, suivent la ligne officielle, qui de l’extrême gauche à l’extrême droite est peu ou prou la même. 

Déracinés, constamment soumis à des choix qui ne sont plus les nôtres, isolés socialement, nous sommes dès lors préparés à nous soumettre à un discours extérieur, celui des médias. Jamais, dans les types de communautés que nous évoquions au début, une population entière n’aurait pu entendre et obéir au narratif du Covid ; jamais ils n’auraient accepté de se confiner, de laisser mourir leurs vieux, masquer leurs enfants, pour enfin s’inoculer un vaccin dans l’objectif pour la plupart non pas de se protéger mais de revenir à la vie « normale ». Le discours médiatico-politique serait tout de suite passé pour ce qu’il est vraiment : un délire. Baignés dans la communauté, les individus, pour autant que ce discours anxiogène leur parvienne[note], auraient directement confronté ce qu’ils entendaient à ce qu’ils percevaient. 

Ce que l’on a fait de nous a permis de mettre en place le spectacle du covid. Pour en sortir et s’assurer que cela ne se reproduise plus, il faudra démanteler ce qui l’a rendu possible. 

Alexandre Penasse 

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Live

Inauguration de la Maison des Lanceurs d’Alerte Belgique

Fondateurs:

Bradley BIRKENFELDA dénoncé l’évasion fiscale permise par des banques comme UBS notammentChristine SPRUMONTA dénoncé le salaire abusif du patron de la RTBFNicolas ULLENSA dénoncé la corruption généralisée au sein de l’État belgeKarel ANTHONISSENA dénoncé une fraude fiscale de 36 milliards d’eurosClaude ARCHERA dénoncé le non versement d’allocations loyers à 12 000 familles les plus pauvres de Bruxelles

Invités:

Juliette ALIBERT: avocate au Barreau de Paris spécialiste des droits humainsJacques TRENTESAUX: Rédacteur en chef de Médiacités

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« L’impact des émotions sur l’ADN »

Lors du colloque «L’épigénétique au service de la santé», organisé par «Au sein des Femmes» ( https://www.auseindesfemmes.be ), le Docteur ès Sciences Nathalie Zammatteo s’exprimait sur le thème: «L’impact des émotions sur l’ADN».

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DÉLIQUESCENCE GÉNÉRALISÉE: PRESSE, MÉDIAS, UNIVERSITÉS

Le CDJ a constaté que Kairos n’a pas respecté la déontologie journalistique en diffusant un mail privé non vérifié et non recoupé pour appuyer une accusation dont ce mail n’attestait pas
Le Conseil de déontologie journalistique a constaté ce 19 avril 2023 que l’interview par Kairos, en Facebook Live, d’un médecin qui commentait la gestion de la crise sanitaire, n’avait pas respecté les art. 1 (respect de la vérité / vérification), 4 (prudence) et 22 (droit de réplique) du Code de déontologie. Le CDJ a relevé que le média, qui avait préparé l’entretien et disposait préalablement à ce dernier de documents communiqués par son invité, n’avait ni vérifié ni recoupé, auprès de son signataire, la teneur d’un courrier privé dont il était prévisible, voire prévu, qu’il soit évoqué pendant le direct, qu’il n’avait à aucun moment cadré les propos de l’invité qui en exagérait et tronquait visiblement la teneur, et en avait de surcroît diffusé un extrait pour appuyer une accusation en diffamation dont il n’attestait pas, et à l’égard de laquelle il n’avait pas non plus mis en œuvre les dispositions applicables en matière de droitde réplique.La décision complète du CDJ peut être consultée ici.

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Un grand médecin nous a quittés

Alors que nous couvrions le colloque sur l’épigénétique ce mardi 31 mai, nous apprenions qu’Yves Gailliez, médecin de famille, est décédé la veille, le 30 mai. Yves, nous l’avions rencontré il y a un peu plus d’un an, dans son cabinet, chez lui.

A l’époque, lorsque je lui avais demandé ce que c’était pour lui qu’un médecin de famille, il m’avait répondu : « Un médecin de famille, ou un médecin généraliste, un vrai, c’est quelqu’un qui ne se contente pas de répéter le discours scientifique. Il se fait que la médecine, contrairement à l’idée répandue, n’est pas l’héritière d’Hippocrate. La médecine actuelle est l’héritière de Claude Bernard, celui qui a créé la médecine expérimentale, scientifique. La médecine générale, ce n’est pas la science, la médecine générale c’est d’abord soigner des gens, c’est d’abord soigner des gens et pas des maladies (…) La différence, c’est que quand vous soignez un malade, vous ne soignez pas seulement un organe, vous ne soignez pas seulement un organisme, vous soignez un organisme, comme dit Lacan, « doué de langage ». Ça change tout. »

Voilà le grand homme que nous avions rencontré, qui soutenait Kairos depuis longtemps, savait la nécessité de défendre la presse libre et s’opposer à tous les ordres. Il nous manque déjà, son humanisme, sa vision holistique, son écoute manquent aussi à ses patients, qui avaient vu en lui un vrai médecin, loin des bureaucrates apothicaires, courroies de transmission des oukases gouvernementales, qui n’ont pas hésité à envoyer leurs patients à l’abattoir « vaccinal ».

Les obsèques de Yves Gailliez auront lieu mardi 7 juin à 13h15 au crématorium d’Uccle.

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Les Urgences en période covid

Nabil El Takriti était médecin urgentiste dans un grand hôpital en Belgique. Contrairement aux soignants qui ne respectaient pas les règles arbitraires imposées d’en haut et qui ont été licenciés dès le début (cf. Pascal Sacré), Nabil a travaillé pendant les deux années de Covid dans le service des urgences. Il a ainsi pu constater le fossé entre ce qu’il vivait intra-muros et le discours médiatique. Ensuite, il a véritablement été confronté à l’horreur des effets de l’injection, mais aussi l’énorme détresse que les mesures politiques censées protéger la population ont créée.

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Boulet judiciaire belge — Partie 1

La justice, l’un des trois pouvoirs qui devrait assurer que l’exécutif applique les lois et les fasse respecter, est en bien mauvais état. Plus au service des politiques que du bien commun, elle laisse ses amis bien loin des conséquences fâcheuses dont leurs actes devraient être frappés.

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