Kairos n°3

Septembre 2012

Vivre dans une société au sein de laquelle la logique du profit prend toujours plus de place, cela crée nécessairement, pour celui qui essaye de faire autrement, quelques difficultés qui peuvent passer pour des contradictions. Kairos, qui prône le partage et la solidarité, n’en reste pas moins dépendant des entrées financières liées aux abonnements et à la vente de journaux. Ce n’est certes pas le but ultime du journal, c’est là une évidence pour Kairos, qui espère améliorer sa diffusion auprès d’un public le plus large possible, diffusion qui générera, nous l’espérons, de nouvelles solidarités, de nouvelles luttes et soutiendra certaines de celles qui existent. Cette volonté est toutefois subordonnée aux possibilités d’impression et donc à l’achat du journal.

Si l’on regarde la façon dont est produit Kairos, nous ne voyons toutefois pas dans cette dépendance financière une véritable contradiction. Tous les chroniqueurs, graphistes, illustrateurs, correcteurs, trésorière – notre irremplaçable Sandy -, tous ceux qui donnent des coups de main indispensables… contribuent à cette aventure parce qu’ils veulent participer à une expérience collective porteuse d’espoir. Ils n’en tirent aucun argent. Les lecteurs, vous, s’abonnent ou achètent le journal sans doute (c’est notre espoir) parce qu’il représente une étincelle appréciée dans un univers médiatique idéologiquement cloisonné. Les libraires, eux aussi, sont essentiels. Passant chez l’un d’eux, qui fut parmi les premiers à nous soutenir, afin de vérifier son stock de Kairos, il répondit : « Y’en a plus qu’un, celui qui était en vitrine, tout à fait décoloré par le soleil »… sur quoi sa femme reprend : « Non ! On l’a vendu »… Ces petites expériences donnent la pêche, c’est sûr.

Si nous devions rétribuer tous les contributeurs du journal, il deviendrait impayable pour la plupart. Cela donne une idée de la dépendance publicitaire des journaux vendus quotidiennement et réalisés par des contributeurs salariés et de la soumission éditoriale qu’elle implique (ils reçoivent en plus des aides d’état). Cela permet aussi et surtout d’appréhender les activités considérées comme « le travail » qui, dans cette société, rémunère la personne, et les autres qui doivent, pour exister, ne compter que sur la solidarité et l’esprit collectif.

Ce n’est là qu’un paradoxe apparent. Cette société privilégie tellement l’intérêt privé que proposer autre chose ne peut se faire qu’en recréant ce qu’elle a détruit, que ce soit dans le domaine de l’agriculture, de l’habitat, du travail ou de la presse…

« Ils » ne le feront pas, faisons-le donc nous-mêmes !

En vous abonnant, en achetant Kairos, vous participez de manière indispensable à la continuité de cette aventure.

Merci à vous tous !

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